• * 01 - L'évangile de Thomas

     Présentation de l'évangile de Thomas 

    Introduction

    Les récits de la vie de Jésus qui n'ont pas été retenus comme faisant partie du canon officiel ont été réunis sous le terme d'« évangiles apocryphes », étymologiquement : « évangiles cachés ». Longtemps délaissés, l'exégèse moderne s'y intéresse à nouveau.

    Que signifie « apocryphe » ?

    Pour Gérard Billon, ce mot vient d'un mot grec qui veut dire « caché ». Cela ne veut pas dire que ces écrits ont été cachés, mais que dans des communautés chrétiennes, les responsables ont considéré que ce n'était pas les livres à lire en priorité pour les nouveaux baptisés, même si certains de ces textes sont très beaux. Donc on les a mis de côté. Ces textes n'ont pas tous été diffusés. Ils sont apparus dans le sillage des écrits du Nouveau Testament, vers la fin du 1er siècle.

    Et l'Évangile de Thomas, est-ce celui de l'apôtre ?

    L'Évangile de Thomas est évidemment attribué à l'apôtre Thomas, celui qu'on appelle « Didyme », le jumeau. Il y a eu certainement un groupe chrétien qui a fantasmé sur ce nom et qui a fait de l'apôtre le jumeau de Jésus lui-même. A ce Thomas, Jésus aurait donné des paroles secrètes, qu'il n'aurait pas révélées aux autres. Et l'on voit poindre ici l'une des raisons pour lesquelles on a écarté cet évangile, qui était connu en Orient, mais vraisemblablement pas en Occident. C'est un évangile qui va du côté de la gnose, avec des « arcanes » et tout un côté mystique qui flatte notre imaginaire contemporain, et déjà celui de l'Antiquité.

    Le texte est ainsi assigné à un certain « Didyme Judas Thomas » ou, plus simplement, à « Judas, qui est aussi appelé Thomas ».

    Il est admissible que l’évangile dit « de Thomas » ait été composé par une série de rédacteurs variant dans le temps et dans l’espace. Il n'est donc pas nécessaire d'attacher trop d'importance historique à la mention de cet incipit très probablement pseudonyme. Si le nom de Judas est bien attesté comme tel, les noms « didyme » et « thoma » ne sont que des mots utilisés respectivement en grec et en araméen pour désigner un « jumeau » ! Ainsi, le document a été originalement attribué à « Judas le Jumeau » puis, ultérieurement, un rédacteur a ajouté le terme grec pour éclairer les lecteurs ne comprenant pas la racine sémitique « thoma ».

    Y aurait-il encore d’autres évangiles ?

    Depuis la découverte de Nag-Hammadi, à côté des Évangiles de Matthieu, de Marc, de Luc et de Jean, nous pourrions méditer aujourd’hui ceux de Philippe, de Pierre, de Barthélemy et, plus particulièrement, celui de Thomas. A côté de ces évangiles à présent un peu mieux connus, il en est un qui ne semble pas avoir retenu l’attention des spécialistes et qui demeure pratiquement ignoré du grand public : celui de Marie, attribué à Myriam de Magdala, écrit en copte sahidique.

    Qu’en est-il de l’évangile selon Thomas ?

    L’évangile selon Thomas est un écrit apocryphe chrétien qui figure dans la deuxième partie du codex II de Nag Hammadi. Au nombre de 114, les logia qui le composent sont le plus souvent précédés de la mention « Jésus a dit ». Bon nombre ont leur parallèle dans les Évangiles selon Matthieu et selon Luc ainsi que, dans une moindre mesure, dans l’Évangile selon Marc.

    La bibliothèque de Nag Hammadi est un ensemble de treize codex de papyrus reliés en cuir, datant du milieu du 4ème siècle.

    Les codex de Nag-Hammadi sont des traductions d’originaux grecs en langue copte.

    Retrouvés en 1945 dans la ville de Nag Hammadi au nord-ouest de Louxor en Haute-Égypte par des paysans égyptiens, ils sont désormais conservés au musée copte du Caire.

    Associé dans le même codex à d’autres textes également rédigés en copte, le manuscrit qui nous intéresse ici date du 4ème siècle. Mais il a probablement été rédigé sur base d'un original grec dont on a retrouvé des traces dans un ensemble de papyrus grecs anciens sur le site d'Oxyrhynque en Égypte. Ils seraient datés du 3ème siècle.

    Rappelons que :

    • Nag Hammadi est une ville de la Haute-Égypte. À l'origine, dans l'Égypte hellénistique, elle était située sur la rive gauche du Nil à 80 km au nord-ouest de Louxor, et comptait environ 40 000 habitants, dont 75 % étaient probablement coptes.
    • Un codex est un cahier formé de pages manuscrites reliées ensemble. Cet ancêtre du livre moderne a été inventé à Rome durant le 2ème siècle avant J.-C. et s'est répandu à partir du 1er siècle, pour progressivement remplacer le rouleau de papyrus grâce à son faible encombrement, son faible coût, sa maniabilité et la possibilité qu'il offre d'accéder directement à n'importe quelle partie du texte.

      * L'évangile de Thomas   * L'évangile de Thomas

    Précisions encore que :

    • En décembre 1945, des bergers ont découvert fortuitement une jarre, enfouie dans le sol, contenant treize codex en langue copte datant du 4ème siècle. Ils proviennent probablement d'un monastère pacômien, peut-être même de celui de Chenoboskion (où saint Pacôme commença sa vie érémitique) ou de celui de Pabau, située à 8 kilomètres du lieu de la découverte. Ces écrits ont un fort relent gnostique. L'ensemble, représentant environ 1 200 pages (voire même de simples fragments de page) est aujourd'hui connu comme la « bibliothèque de Nag Hammadi ».
    • Ces manuscrits anciens ont une grande importance pour la recherche biblique autour des textes du Nouveau Testament. Parmi eux, l'exemplaire le plus complet que l'on connaisse de l'Évangile selon Thomas a eu également un grand retentissement.
    • Ces codex (les plus anciens connus), contiennent une cinquantaine de traités en copte, traductions de textes écrits initialement en grec ancien. Ils datent vraisemblablement du 2ème siècle au 3ème siècle. La majorité sont des écrits dits « gnostiques », mais on trouve également trois textes de la tradition hermétique, dans la lignée du Corpus Hermeticum, et une traduction partielle de « La République» de Platon. La plupart de ces textes n'étaient pas connus par ailleurs, ou seulement de façon fragmentaire.
    • Le plus célèbre est sans doute « l'Évangile selon Thomas», dont la bibliothèque de Nag Hammadi contient le seul exemplaire complet.

    Ce « cinquième évangile » pourrait provenir d'un milieu syriaque ou palestinien, rédigé par une série de rédacteurs entre le 1er et le 2ème siècle. Certains chercheurs y ont détecté des éléments présynoptiques. Toutefois, ce point de vue ne fait pas l’unanimité. Il s'agit d'un recueil de sentences que l’on nomme « des logia » et qui, selon l’incipit du texte, auraient été prononcées par Jésus et transcrites par « Didyme Jude Thomas ».

    Précisons que le mot « incipit » désigne les premiers mots d'un texte, religieux ou non, chanté ou non. Selon la tradition des Hébreux reprise dans le christianisme, l'incipit donne son titre au document.

    Quelles sont les caractéristiques de l’évangile de Thomas ?

    1. Les historiens considèrent en général que « l'évangile selon Thomas » contient des éléments qui précédent l'écriture des évangiles synoptiques, même s'il a continué à être modifié par la suite, au moins autant que les autres textes chrétiens. La littérature ésotérisante insiste donc naturellement pour y voir un texte antérieur aux écrits néotestamentaires.

    Dans les premières années après sa découverte, l’évangile de Thomas a été classé dans les écrits gnostiques — à l’instar des autres traités de la collection de Nag Hammadi — caractérisés alors par le refus gnostique du monde.

    Certains chercheurs y ont vu une relecture gnostique des évangiles canoniques. On a ainsi affirmé que le deuxième logion de cet évangile, réputé comme résumant la démarche gnostique et invitant à la recherche et au doute, se trouvait aussi dans « l’évangile des Hébreux », totalement perdu, ou un évangile appelé « Traditions de Matthias », d'après les citations qu'en donnent les Pères de l’Église comme par exemple Clément d'Alexandrie (2ème siècle).

    Mais plusieurs chercheurs envisagent le texte comme issu d'une tradition indépendante, et la tendance actuelle de la recherche est d'envisager le document indépendamment du problème de ses sources.

    Suivant Claudio Gianotto, la rédaction de l’évangile de Thomas prend place dans un groupe judéo-chrétien qui, s'il reconnaît l’autorité de Jacques le Juste, est porteur d'un certain radicalisme propre au mouvement de Jésus de Nazareth de son vivant. À la différence des communautés judéo-chrétiennes perpétuant les pratiques juives dont il dénie la valeur salvifique (celle qui a trait au salut), l’auteur de l’évangile de Thomas propose une « ascèse abstentionniste radicale » qui affirme puiser ses origines dans un enseignement ésotérique de Jésus.

    Quoi qu'il en soit, le caractère gnostique du texte est désormais à relativiser : la définition du gnosticisme ne fait pas consensus et des critères de qualification dans ce sens font débat.

    Ainsi, April De Conick explique que le gnosticisme et l’évangile de Thomas partagent un riche héritage judaïco-hermétique dont ce dernier adopte certains schémas sotériologiques. Mais la chercheuse considère pour sa part qu'au-delà de ses influences judéo-chrétiennes, hermétiques, et encratites, le texte est marqué par le mysticisme juif qui explique son aspect ésotérique bien mieux qu'une influence gnostique. Elle argue également qu'un « usage » gnostique n'implique pas une « origine » gnostique : l’étude de l’influence de l’évangile de Thomas sur les systèmes gnostiques du 2ème siècle reste à faire.

    Précisons que l'encratisme est l'une des nombreuses appellations par lesquelles les hérésiologues de la « Grande Église » désignaient ce qui, selon eux, constituait une « déviance » de certains chrétiens, par rapport à l'attitude orthodoxe en cours de formation dans les premiers siècles de l'ère commune.

    Les chrétiens qui étaient désignés du nom péjoratif d'Encratites — du grec enkratis  signifiant continents — s’astreignaient ou prônaient un style de vie très ascétique.

    Une attitude présente dès la création du mouvement, aussi bien dans sa branche juive appelée mouvement nazôréen (notsrim en hébreu) avec comme tête de file le chef du mouvement, l'évêque de Jérusalem et « frère de Jésus », Jacques le Juste, mais aussi dans sa branche romaine, comme le montre tant les épîtres des apôtres, que les nombreux Actes des martyrs décrivant les chrétiens romains du  1er siècle.

    Cette attitude et ce positionnement, qui a joué un rôle important dans l'édification du mouvement, a été vivement combattue par les Pères de l'Église à partir de la moitié ou de la fin du 2ème siècle, qui associa souvent cette lutte à ce qu'ils appellent le docétisme puis à partir du 3ème siècle au gnosticisme et à l'ébionisme, trois autres « raisons sociales hérésiologique ».

    Précisons aussi que la sotériologie est un domaine de la théologie chrétienne qui étudie les différentes doctrines du salut.

    Le terme « sotériologie » provient des deux mots grecs (sôtêria, salut) et (logos, discours, science). Cette « théologie du salut » est indissociable du mystère de la rédemption, et par conséquent a partie liée avec les notions de péché et de grâce. De nombreux débats opposent les doctrines catholique et protestante, en particulier sur les concepts de justification et de prédestination.

    Cela crée des divisions à l'intérieur même des confessions. En théologie catholique, la question du « salut universel » n'est pas tranchée définitivement et fait toujours débat. Les protestants, pour leur part, sont divisés en plusieurs courants, chacun interprétant l'Écriture avec sa propre sensibilité; la question du salut ne fait pas exception et aucun consensus n'a été trouvé ni cherché.

    Dans la théologie catholique, la sotériologie est liée à la doctrine du péché originel. La sotériologie est l'un des champs de recherche de la christologie.

    2. La particularité du témoignage que nous a laissé Thomas est que, d’une part, il propose un nombre considérable de paroles, présentes également dans les évangiles canoniques, mais qu’il il nous confronte d’autre part à une perception religieuse différente de celle proposée par la croyance chrétienne. Le nouveau dont témoigne Jésus est foncièrement différent de l’ancien. Il est le vin nouveau, qui ne peut se garder dans de vieilles outres, le vêtement neuf qui ne nécessite aucune retouche à l’aide d’un vieux tissu, une approche religieuse inédite, qui n’a que faire d’une circoncision juive…

    Par une prise de conscience du lien intérieur et spirituel qui l’unit à sa Source de vie absolue - lien qu’il précise par l’image de la relation qui dans sa culture unissait un fils à son père - chaque être humain peut avoir accès à une perception religieuse plus conforme à la réalité. Car de ce Père nous sommes toutes et tous, au même titre que Jésus, les enfants. Le but de son témoignage aurait donc été de rendre chacun de ses frères et sœurs conscient de cette réalité spirituelle.

    Le problème auquel cet évangile nous confronte concerne donc l’interprétation de l’enseignement de Jésus. Le fait que son témoignage eut lieu il y a vingt siècles n’en facilite guère une juste appréciation aujourd’hui. Le fossé culturel qui nous sépare du monde juif d’antan ressemble en effet davantage à un gouffre. Car les croyances n’appartiennent plus aujourd’hui à une minuscule minorité d’êtres divinement choisis ! L’histoire passée et actuelle de ces croyances nous contraint en plus à apprécier leurs vérités comme un savoir humain, imprégné de toutes les limitations inhérentes à la nature humaine.

    Il en découle que l’approche que nous pouvons en faire ne peut être que foncièrement différente de celle des habitants de la Palestine d’antan. Le temps ne pourrait constituer un obstacle à la recherche d’une compréhension plus judicieuse de son témoignage.  

    3. La conscience religieuse universelle nous offre aujourd’hui l’opportunité d’aborder l’enseignement de Jésus, vieux de deux mille ans, par le biais d’une conscience libre et disponible. Cette disposition nous permet de transcender les vérités, les commandements et interdits, que des institutions religieuses se sont imposées à elles-mêmes ainsi qu’à leurs fidèles.

    L’évangile selon Thomas est appelé gnostiqueGnosis est un mot grec qui signifie connaissance. Définir la conception religieuse que représente la gnose n’est pas chose simple ! Le caractère gnostique de la plupart des manuscrits découverts à Nag Hammadi est en outre foncièrement différent de celui dans cet évangile. La gnose n’est pas l’impossible connaissance du divin mais la connaissance, engendrée par une expérience personnelle, du lien qui unit chaque être à sa Source absolue. Jésus précise en effet qu’une telle perception est à la portée de chaque être humain. Mais, comme toute expérience est dépendante de l’état de la conscience individuelle, il s’en suit qu’une démarche gnostique sera toujours évolutive, en fonction de l’évolution de cette conscience. La gnose ne pourra donc jamais être enseignée comme une vérité établie. La gnose est le fruit d’une démarche personnelle, indépendante, libérée de toute conviction d’autrui. 

    La gnose, ou la connaissance engendrée par une démarche de recherche personnelle, conduit à la reconnaissance de l’être humain en tant qu’expression temporelle d’un Être intemporel, en lequel réside la source de toutes ses facultés vitales. Les facultés de penser, d’éprouver des émotions, de percevoir par nos sens et d’agir librement nous parviennent à chaque instant de ce qui, comme une source, est continuellement donatrice.

    S’il est exact que l’Être absolu ne peut faire l’objet d’une connaissance humaine, il est tout aussi évident que Son expression en une réalité relative peut être connue par l’homme. Cette connaissance du monde phénoménal, est appelée science. Tout savoir exact, dans quelque domaine que ce soit, ne pourrait être en désaccord avec un autre savoir exact ! Une appréciation correcte des lois naturelles ne pourrait s’opposer à une juste démarche religieuse. Il importe toutefois d’être toujours conscient des limitations propres à tout savoir humain.

    L’expression de l’Être non-manifesté en une création manifestée a sa loi. La physique nucléaire nous apprend qu’à chaque instant se manifestent des vibrations, des ondes énergétiques, dont l’origine se situe dans un vide, appelé vacuum physique. Ces vibrations sont créatrices de matière. Ainsi apparaissent d’abord des particules élémentaires, qui s’harmonisent et forment des atomes. Ceux-ci s’harmonisent à leur tour pour créer des molécules qui, en se combinant entre elles, forment des structures de plus en plus complexes. Ainsi naissent nos cellules et la vie… La science nous apprend donc que, en provenance d’un vide, la vie se manifeste de façon continue par une expression coordonnée d’énergie et de matière, de synthèse et de dissolution. La principale propriété de la loi à l’origine de cette manifestation s’appelle harmonie.

    Un vide est sans valeur, car absence de toute chose. Un vide qui porte en soi la totalité du potentiel de la création est une merveille, qui dépasse tout entendement humain ! Pourtant, à ce vide-là chaque être est uni, car chaque atome de son corps y est enraciné.

    Ceci implique que chaque atome ou chaque cellule de notre corps est continuellement et spontanément à l’écoute d’une loi d’harmonie. Dans la prise de conscience d’une intégration individuelle à cette loi, qui constitue la cause même de notre existence, réside la finalité de notre vie : à l’exemple de la nature tout entière, transformer en harmonie toutes les facultés qui, par une source créatrice, sont mises à notre disposition.

    L’expression de l’harmonie dans nos pensées, qui engendre la faculté de discerner et de connaître, est appelée intelligence. L’expression de l’harmonie dans nos sentiments et nos émotions, qui se manifeste par la bonté, est appelée amour. Toute connaissance n’a de valeur que quand elle sert. L’amour n’a de valeur que quand il se donne. L’harmonie des deux est nécessaire pour réaliser une action juste. Dans un repos, le silence du vide à l’intérieur de soi, chaque être peut recevoir une inspiration lui permettant d’exprimer harmonieusement intelligence et amour. C’est cette inspiration qui lui révèle son unité spirituelle dans l’Être absolu.

    La réalité de notre vie ne correspond hélas plus à cette situation idéale, car l’homme à dédaigné la source de ses facultés. Dans le récit du livre de la Genèse, Adam – l’homme – trompé par le serpent – son savoir prétentieux – a usurpé du fruit de l’arbre de la connaissance – l’autorité propre au Créateur – dont il s’est accaparé. Le juste fruit d’une connaissance est autorité. L’abus d’une connaissance engendre le pouvoir… L’homme a abusé de l’autorité du Créateur pour en faire son pouvoir. Par ce geste il a rompu son intégration dans une loi d’harmonie. Ce conte symbolise ce qui fut et est toujours sa faute originelle, qui est péché d’orgueil : ce qui était un et devait le rester, l’homme a séparé ; il a fait le deux. Des perturbations, qui sont la conséquence de son acte, l’homme seul est responsable. Sa tâche consiste dès lors à rétablir en sa conscience une unité originelle.

    Dans l’évangile selon Thomas l’idée fondamentale est unité. Parce que la nature du lien qui nous unit à l’Être absolu est d’un ordre spirituel, le témoignage en est plus que délicat. Pour témoigner de sa conscience d’unité, Jésus fit donc appel à des images. Une image est un moyen dont la finalité est de révéler une réalité. Jamais pourtant le moyen et son but ne peuvent être confondus. Jamais l’image ne peut se substituer à la réalité qu’elle tente de dévoiler. La relation intime qui unissait jadis un fils à son père, image par laquelle Jésus tenta de visualiser le lien intérieur l’unissant à l’Être absolu, ne fut toutefois pas perçue comme une image mais comme une réalité. Il se présenta donc comme un fils de Dieu, ainsi l’image fut-elle perçue… Cette confusion devint la principale cause de sa crucifixion. Pour chaque auditeur de ses paroles dans cet évangile le défi sera donc de discerner correctement la connaissance cachée dans l’image et d’accéder à une perception plus judicieuse de la notion d’unité.

    Dans certaines présentations de cet évangile chaque logion ou parole de Jésus est suivi d’un commentaire. Le but de celui-ci est de permettre à tous ceux ou celles qui le désirent, d’accéder plus aisément au contenu non-conventionnel de son enseignement. Toutefois, comme toute interprétation découle directement de la conscience individuelle, il s’en suit que jamais une interprétation ne pourra être proposée, voir imposée, comme une vérité.

    Dans le contexte religieux la vérité ne peut qu’appartenir au prétentieux savoir humain, au venin du serpent biblique… C’est ce venin-là qui empoisonne depuis bien longtemps toute tentative de dialogue entre croyances.

    Une liberté mentale est la condition essentielle à toute connaissance humaine. Cette liberté nous offre l’opportunité de considérer Jésus comme un homme qui, tel que le Bouddha et bien d’autres encore, a un jour rendu témoignage de sa conscience religieuse. Son avènement donna lieu à la genèse d’une croyance nouvelle. Nous imaginons bien qu’une remise en question de l’interprétation de l’enseignement, qui fut à l’origine de la croyance chrétienne, peut toucher la susceptibilité de nombreux croyants. Pour cette sensibilité nous avons de la compréhension et du respect. Mais il n’y a pas de liberté sans responsabilité, et une connaissance n’a de valeur que lorsqu’elle est mise à disposition. Aucune connaissance, ressentie ou non comme dérangeante, ne pourrait altérer ni la liberté, ni la responsabilité d’autrui.

    Une approche correcte de la réalité religieuse se doit d’être universelle. Elle ne  repose pas sur une tradition culturelle limitée, mais sur la liberté propre à la conscience individuelle. Car seule cette liberté est universelle. Dans la recherche de réponses à des questions existentielles, chaque être se retrouve face à soi-même dans une nudité solitaire. À ce point les convictions d’autrui ne lui sont plus d’aucun secours ! Le défi que pose l’enseignement de Jésus à chaque personne, croyante ou non-croyante, est donc de témoigner d’une humilité décente par rapport à ses propres idées ou convictions. Cette condition est nécessaire à une écoute sereine, sans parti pris, et permet de s’engager sur la voie de la recherche d’une connaissance, dont a témoigné un homme voici deux mille ans. La question existentielle, qui nous concerne tous dans cette vie, n’est pas de savoir qui ou quoi pourrait bien être Dieu, mais plutôt : qui suis-je, être humain sur cette Terre, quelle est la raison d’être de ma vie, quelle en est la finalité ?

    Tout au long des 114 logia de cet évangile, les mêmes thèmes se réitèrent. L’essentiel du message se résume à quelques idées radicales, qui souvent donnent lieu à des images diversifiées. Il est par conséquent difficile d’éviter de se répéter !

    Conclusion provisoire en forme de synthèse

    1. Qu’est-ce que l’évangile de Thomas ?

    « L’évangile de Thomas » est un ensemble d’enseignements que certains attribuent à Jésus de Nazareth. Des parties des versions grecques du texte ont été trouvées à Oxyrhynchos, en Egypte à la fin des années 1800. Une version complète en Copte (une langue égyptienne dérivée de l’alphabet grec) a été retrouvée à Nag Hammadi, en Egypte en 1945. Le texte complet a été daté d’environ 340 après J.-C., alors que certains fragments grecs sont datés d’au moins 140 après J.-C.

    2. Qui l’a écrit l’évangile de Thomas ?

    Les érudits ne savent pas avec certitude qui a écrit l’évangile de Thomas. Les premières lignes du texte réfèrent à « Didymos Judas Thomas » en tant qu’auteur. Le mot « didymos » en grec signifie jumeau et le mot « thomas » en araméen aussi. Il apparaît que le nom de l’auteur était Judas et son surnom était « le jumeau » (utilisé en deux langages). Les Évangiles canoniques de la Sainte Bible mentionnent un homme nommé Thomas que Jean appelait « didymos thomas ». Remarquons que, dans le Nouveau Testament, plusieurs personnes autres que le bien connu Judas Iscariot s’appellent aussi Thomas, et qu’on n’y mentionne pas de Judas dont le surnom était Thomas, « le jumeau ».

    3. Que nous dit l’évangile de Thomas ?

    L’évangile de Thomas déclare que le Royaume de Dieu existe sur terre actuellement si les gens veulent bien ouvrir les yeux. La « lumière divine » en chacun de nous nous permet de voir le Royaume de Dieu dans notre environnement physique. L’Image de Dieu au début de la création (Genèse 1) existe toujours aujourd’hui. Nous pouvons imaginer toujours cette Image qui est différente de l’Image de l’homme déchu (Adam) en Genèse 2.

    L’évangile de Thomas révèle que l’humanité peut et devrait restaurer son identité selon l’image de Dieu sur terre aujourd’hui. Ce texte traite des deux premiers chapitres de « Genèse » d’une façon non traditionnelle. Il présume qu’il y avait deux créations d’humanité, la première était parfaite et la seconde était défaillante. Plutôt que d’attendre que dans le futur un Royaume des temps de la fin ne revienne, l’auteur de ce livre exhorte les gens à retourner, aujourd’hui, aux conditions parfaites du Royaume de Genèse 1.

    4. Pourquoi l’évangile de Thomas ne fait-il pas partie de la Bible ?

    L’évangile de Thomas est considéré comme « gnostique » à l’origine et par beaucoup de chrétiens fondamentaux et c’est peut-être la raison pour laquelle ce livre a été tenu à l’écart des canons de la Sainte Bible. Était-il seulement connu des premiers chrétiens ?

    Généralement les gnostiques considèrent que le salut de l’âme vient d’une connaissance quasi-intuitive des mystères de l’univers et de formules secrètes faisant référence à cette connaissance.

    Comme les chrétiens considèrent la Bible comme un ensemble inspiré de façon supra-naturelle des paroles de Dieu aux humains, complètement intégré en pensée et doctrine, il ne peut y avoir de « livre perdu » de la Bible avec des secrets spéciaux pour les sages. Même d’un point de vue non surnaturel, si la Bible que nous avons lue pendant les 2000 dernières années reflète les croyances des chrétiens à l’origine, alors tout texte qui fut rejeté au départ, supprimé ou « perdu » n’est pas un livre de la Bible chrétienne par définition.

    Une église qui ajoute l’évangile de Thomas aux Écritures sortirait des lignes du christianisme fondamentaliste, et nous ne connaissons aucune dénomination établie qui le fasse ou qui devrait le faire.

    Recherche effectuée par le Frère André B.

    Sitographie

    http://volte-espace.fr/levangile-de-thomas-le-royaume-interieur-francois-de-borman/

    http://www.universdelabible.net/la-bible/une-bibliotheque/pourquoi-quatre-evangiles

    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89vangile_selon_Thomas

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Nag_Hammadi

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Papyrus_d%27Oxyrhynque

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Biblioth%C3%A8que_de_Nag_Hammadi

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Encratisme

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Sot%C3%A9riologie

    http://www.evangilethomas-pmestdagh.be/Evangile%20selon%20Thomas.htm


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