• * 02 - Fête de saint Bernard de Clairvaux

    Le 20 août, selon le calendrier général romain, l'Eglise catholique romaine célèbre saint Bernard de Clairvaux, père spirituel de l’Ordre des Chevaliers du Temple. - Parchemin 02

     * Fête de saint Bernard de Clairvaux

    Fête de saint Bernard de Clairvaux

    Biographie

    Saint Bernard (1090 – 1153), abbé de Clairvaux, docteur de l’Église, naquit au château de Fontaines, près de Dijon, d'une famille distinguée par sa noblesse et par sa piété, et fut, dès sa naissance, consacré au Seigneur par sa mère, qui avait eu en songe le pressentiment de sa sainteté future. Une nuit de Noël, Bernard, tout jeune encore, assistait à la Messe de Noël. Il s'endormit, et, pendant son sommeil, il vit clairement sous ses yeux la scène ineffable de Bethléem, et contempla Jésus entre les bras de Marie.

    Bernard de Fontaine, troisième enfant de Tesselin et de la Bienheureuse Aleth eut, tout enfant, « sa grâce de Noël ». Il en garda un grand amour pour le Christ et pour Notre-Dame.

    A dix-neuf ans, malgré les instances de sa famille, il obéit à l'appel de Dieu, qui le voulait dans l'Ordre de Cîteaux. Mais il n'y entra pas seul : il décida six de ses frères et vingt-quatre autres gentilshommes à le suivre. L'exemple de cette illustre jeunesse et l'accroissement de ferveur qui en résulta pour le couvent suscitèrent tant d'autres vocations, qu'on se vit obligé de faire de nouveaux établissements. Trois ans après, saint Etienne Harding l‘envoie fonder l’abbaye de Clairvaux. Bernard fut le chef de ce monastère qui devint célèbre et fut la source de cent soixante fondations, du vivant même du Saint. 

    Très vite, ce contemplatif dénonce partout l’injustice, prêche la seconde croisade et joue un rôle de prophète auprès des papes et des princes. Abbé de 700 moines, créateur de 68 monastères, il laisse une œuvre écrite considérable notamment le commentaire sur le « Cantique des cantiques », où se révèlent son expérience mystique et sa science théologique. Ce « chantre de Marie » est, au dire de Mabillon « le dernier des Pères de l’Église et l’égal des plus grands ».

    Chaque jour, pour animer sa ferveur, il avait sur les lèvres ces mots : « Bernard, qu'es-tu venu faire ici ? » Il y répondait à chaque fois par des élans nouveaux. Il réprimait ses sens au point qu'il semblait n'être plus de la terre. Voyant, il ne regardait point, entendant, il n'écoutait point, goûtant, il ne savourait point. C'est ainsi qu'après avoir passé un an dans la chambre des novices, il ne savait si le plafond était lambrissé ou non ; côtoyant un lac, il ne s'en aperçut même pas. Un jour, il but de l'huile pour de l'eau, sans se douter de rien.

    Bernard avait laissé Nivard, le plus jeune de ses frères au château de sa famille. Plus tard, Nivard vint avec son vieux père rejoindre Bernard au monastère de Clairvaux.

    Le Saint n'avait point étudié dans le monde mais l'école de l'oraison suffit à faire de lui un grand Docteur, admirable par son éloquence, par la science et la suavité de ses écrits. Il fut le conseiller des évêques, l'ami des Papes, l'oracle de son temps. Mais sa principale gloire, entre tant d'autres, semble être sa dévotion incomparable envers la Très Sainte Vierge.

     * Fête de saint Bernard de Clairvaux

    Saint Bernard, pourtant si engagé dans son monastère, sillonnera les routes d'Europe pour défendre l'Église et porter témoignage à la Vérité dans toute son orthodoxie. En 1129 par exemple, il participe au Concile de Troyes, convoqué par Sa Sainteté le Pape Honorius II, mais aussi, quelques années plus tard au Concile de Sens en 1140 où il fait condamner les 19 hérésies de Pierre Abélard. Il ne cessera de combattre les hérésies cathares mais aussi l'antisémitisme de son époque : « ne sommes-nous pas spirituellement des sémites ? » écrira-t-il.

    Il prêchera ensuite à Vézelay la deuxième croisade par un discours historique, le 31 mars 1146. Épuisé, il meurt le 20 août 1153 à 63 ans dans son Abbaye de Clairvaux, laissant derrière lui plus de 500 abbayes cisterciennes ! Il sera par la suite canonisé le 18 juin 1174 par Alexandre III, et déclaré Docteur de l'Église par Pie VIII en 1830.

    Commission francophone cistercienne

    Lien vers le parchemin relatif à la vie de saint Bernard de Clairvaux

    Lien vers le parchemin relatif à la fête de saint Bernard de Clairvaux

     

    Analyse de la liturgie de ce jour

    20ème dimanche du temps ordinaire

    Aie pitié de moi

    Une première fois Jésus s’était retiré « dans un endroit désert » (c’était le 18ème dimanche). Aujourd’hui, deuxième retraite « vers la région (païenne) de Tyr et de Sydon » et rencontre d’une Cananéenne à la foi explosive.

    Les Cahiers – Prions en Eglise

    Le Seigneur n’oublie aucun de ses enfants. Avec confiance, tournons-nous vers lui et prenons dans notre prière tous nos sœurs et frères humains.

    Vie liturgique, revue de pastorale liturgique publiée par Novalis (Bayard Presse Canada inc), Montréal Canada

    1ère lecture : « Les étrangers, je les conduirai à ma montagne sainte »

    Lecture du livre d’Isaïe (56, 1. 6-7)

    Ainsi parle le Seigneur :

    Observez le droit, pratiquez la justice, car mon salut approche, il vient, et ma justice va se révéler. Les étrangers qui se sont attachés au Seigneur pour l’honorer, pour aimer son nom, pour devenir ses serviteurs, tous ceux qui observent le sabbat sans le profaner et tiennent ferme à mon alliance, je les conduirai à ma montagne sainte, je les comblerai de joie dans ma maison de prière, leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel, car ma maison s’appellera « Maison de prière pour tous les peuples. »

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    Commentaire 1 a :

    Au retour de l’Exil à Babylone, la question se pose de l’admission des étrangers au sein de la communauté israélite. Le prophète donne une réponse très ouverte en faveur de tous les hommes sans distinction : n’importe quel membre du genre humain peut accéder à la foi au Dieu d’Israël et entrer dans son Alliance à condition d’en observer les prescriptions religieuses et morales.

    Commentaire du Père François Brossier, exégète, professeur honoraire de l'Institut Catholique de Paris

    Commentaire 1 b :

    Il est intéressant de voir à quel point les lectures de ce dimanche se rejoignent : la question, au fond, est toujours la même : jusqu’où nos communautés doivent-elles accepter de s’ouvrir aux étrangers ? Ce qui revient à nous demander si Dieu a des préférences ou s’il aime tous les hommes ?

    Évidemment, entre la prédication d’Isaïe (notre première lecture), la lettre de Paul aux chrétiens de Rome et l’évangile de Matthieu, le contexte historique et les circonstances concrètes sont bien différents, mais l’annonce de la miséricorde de Dieu résonne avec la même intensité.

    Commençons par Isaïe : il s’agit ici de celui que l’on appelle habituellement le « Troisième Isaïe » ; l’auteur écrit dans les premières décennies qui ont suivi l’Exil, donc à la fin du sixième siècle vraisemblablement, ou au début du cinquième. Nous avons eu souvent l’occasion de voir que la réadaptation n’a pas été simple ; au bout de cinquante ans d’absence, on ne retrouve pas tout comme on l’a laissé ; et comment faire pour cohabiter avec les étrangers qui ont occupé la place entre temps? Réciproquement, ceux-ci s’inquiètent du retour des exilés ; ils se disent entre eux : « le Seigneur va certainement me séparer de son peuple. » Les eunuques, eux aussi, se posent des questions : « Voici que je suis un arbre sec » (sous-entendu, on va m’exclure). Toutes ces craintes sont fondées car jusqu’ici, la doctrine de l’élection marquait une nette séparation entre le peuple élu et les autres. Les plus scrupuleux parmi ceux qui rentrent pourraient bien avoir une tendance à l’élitisme ou à l’exclusive, dans un souci de fidélité.

    Des deux côtés, probablement, on est venu trouver le prophète ; et celui-ci édicte donc ici de la part de Dieu une règle pratique ; elle n’est probablement pas du goût de tout le monde, puisqu’il prend bien soin de faire précéder son texte de la mention « Parole du Seigneur » et il va jusqu’à la répéter trois fois dans la formulation de la décision, dont nous ne lisons qu’un extrait ici ; effectivement, la décision qu’il prône est celle de l’ouverture : si des étrangers veulent entrer dans la communauté juive, acceptez-les ; « Qu’il n’aille pas dire, le fils de l’étranger qui s’est attaché au Seigneur, qu’il n’aille pas dire : Le Seigneur va certainement me séparer de son peuple ! Et que l’eunuque n’aille pas dire : Voici que je suis un arbre sec ! Car ainsi parle le Seigneur : Aux eunuques qui gardent mes sabbats, qui choisissent de faire ce qui me plaît et qui se tiennent dans mon alliance, à ceux-là je réserverai dans ma Maison, dans mes murs, une stèle porteuse du nom ; ce sera mieux que des fils et des filles ; j’y mettrai un nom perpétuel, qui ne sera jamais retranché » (v. 3-5).

    Au passage, le prophète a quand même clairement indiqué les conditions de l’ouverture : garder les sabbats, pratiquer l’alliance, faire ce qui plaît au Seigneur. Mais l’ouverture est bel et bien là et marque une étape très importante dans la découverte de l’universalisme du projet de Dieu. Même ouverture et mêmes conditions pour les étrangers : « Les étrangers qui se sont attachés au service du Seigneur pour l’amour de son nom et sont devenus ses serviteurs, tous ceux qui observent le sabbat sans le profaner et s’attachent fermement à mon alliance, je les conduirai à ma montagne sainte. Je les rendrai heureux dans ma maison de prière, je ferai bon accueil, sur mon autel, à leurs holocaustes et à leurs sacrifices » (6-7).

    L’insistance sur la pratique du sabbat « sans le profaner » est très révélatrice : pendant l’exil, la pratique du sabbat a été un élément très important de la sauvegarde de la vie communautaire et de l’identité juive. Il ne faudrait pas qu’une trop grande ouverture entraîne une perte d’identité ; toutes les religions se heurtent à la difficulté de conjuguer ouverture et maintien des traditions, tolérance et fidélité.

    Le prophète n’en reste pas là ; au-delà de la règle pratique, il ouvre sur une annonce prophétique du projet de Dieu, ou plutôt, il replace la règle pratique dans la perspective du projet de Dieu : « Parole du Seigneur. Observez le droit, pratiquez la justice. Car mon salut approche, il vient, et ma justice va se révéler. » L’annonce de la venue prochaine du salut de Dieu remplissait les chapitres précédents (du Deuxième Isaïe), ainsi que la condition de l’accueil du salut de Dieu : « Observez le droit, pratiquez la justice. » Déjà aussi, on mentionnait les peuples étrangers, les nations, mais il semble bien qu’ils n’étaient encore que témoins de l’œuvre de Dieu en faveur du peuple élu. « Alors la gloire du Seigneur sera dévoilée et tous les êtres de chair ensemble verront que la bouche du Seigneur a parlé » (Is 40, 5) ; « Ma justice, je la rends proche, elle n’est plus éloignée et mon salut ne sera plus retardé ; je donnerai en Sion le salut, à Israël je donnerai ma splendeur » (Is 46, 13) ; « Elle est proche ma justice ; il sort mon salut, et mes bras vont juger les peuples ; les îles mettront leur espérance en moi et seront dans l’attente de mon bras » (Is 51, 5-8).

    Avec le texte d’aujourd’hui, semble-t-il, un pas est franchi : quiconque observe le droit et pratique la justice (v. 1) est désormais admis dans la Maison de Dieu. Voici le texte du verset 2 que la liturgie ne nous fait pas lire ce dimanche : « Heureux l’homme qui fait cela, le fils d’Adam qui s’y tient, gardant le sabbat sans le déshonorer, gardant sa main de faire aucun mal. » Et le prophète conclut « Car ma maison s’appellera Maison de prière pour tous les peuples. »

    Commentaire de Marie Noëlle Thabut

    Psaume : Ps 66, 2b-3, 5abd, 7b-8

    R/ Dieu, que les peuples t'acclament ! Qu'ils t'acclament, tous ensemble !

    Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que ton visage s’illumine pour nous ;

    et ton chemin sera connu sur la terre, ton salut, parmi toutes les nations.

    Que les nations chantent leur joie, car tu gouvernes le monde avec justice ;

    tu gouvernes les peuples avec droiture sur la terre, tu conduis les nations.

    La terre a donné son fruit ; Dieu, notre Dieu, nous bénit.

    Que Dieu nous bénisse, et que la terre tout entière l’adore !

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    Commentaire 2 :

    La première phrase de bénédiction des prêtres reprend exactement un texte très célèbre du livre des Nombres : « Le Seigneur dit à Moïse : Voici comment Aaron et ses descendants béniront les fils d’Israël : que le Seigneur te bénisse et te garde ! Que le Seigneur fasse 4 briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi ! Que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix !... C’est ainsi que mon nom sera prononcé sur les fils d’Israël et moi, je les bénirai » (Nb 6, 24-26). Vous avez reconnu ce texte : c’est la première lecture du 1er janvier de chaque année. Pour un 1er janvier, jour des vœux, c’est le texte idéal ! On ne peut pas formuler de plus beaux vœux de bonheur.

    Et au fond, une bénédiction, c’est cela, des vœux de bonheur ! (c’est d’ailleurs ce choix d’une formule de bénédiction pour la lecture du 1er janvier qui nous permet de comprendre le sens du mot « bénédiction »). Comme des « vœux de bonheur », effectivement, les bénédictions sont toujours des formules au subjonctif : « que Dieu vous bénisse, que Dieu vous garde ... ».

    […] Dieu ne sait que nous bénir, que nous aimer, que nous combler à chaque instant. Et quand le prêtre (que ce soit au temple de Jérusalem ou à l’hôpital, ou dans nos églises), quand le prêtre dit « Que Dieu vous bénisse », cela ne veut évidemment pas dire que Dieu pourrait ne pas nous bénir ! Le souhait est de notre côté : ce qui est souhaité c’est que nous entrions dans cette bénédiction de Dieu sans cesse offerte...

    Ou bien, quand le prêtre dit « Le Seigneur soit avec vous », c’est la même chose : le Seigneur est toujours avec nous... mais ce subjonctif soit dit notre liberté : c’est nous qui ne sommes pas toujours avec lui. On peut en dire autant de la phrase « Que Dieu vous pardonne » ; Dieu pardonne sans cesse : à nous d’accueillir le pardon, d’entrer dans la réconciliation qu’il nous propose.

    Nous savons bien que, du côté de Dieu, les vœux de bonheur à notre égard sont permanents. Vous connaissez la phrase de Jérémie : « Moi, je sais les projets que j’ai formés à votre sujet, dit le Seigneur, projets de prospérité et non de malheur » (Jr 29, 11). Nous savons bien que Dieu est Amour. Toutes les pensées qu’il a sur nous, si j’ose dire, ne sont que des vœux de bonheur.

    Autre piste pour comprendre ce qu’est une bénédiction au sens biblique : je reviens au texte du livre des Nombres que nous lisions tout à l’heure et qui ressemble si fort à notre psaume d’aujourd’hui : « Que le Seigneur te bénisse et te garde... » ; la première phrase du même texte disait : « Le Seigneur dit à Moïse : Voici comment Aaron et ses descendants béniront les fils d’Israël » et la dernière phrase : « C’est ainsi que mon nom sera prononcé sur les fils d’Israël et moi, je les bénirai. » Quand les prêtres bénissent Israël de la part de Dieu, la Bible dit : « ils prononcent le Nom de Dieu sur les fils d’Israël », et même pour être plus fidèle encore, au texte biblique, il faudrait dire « ils mettent le Nom de Dieu sur les fils d’Israël ». Cette expression « Mettre le Nom de Dieu sur les fils d’Israël » est aussi pour nous une définition du mot « bénédiction ». On sait bien que, dans la Bible, le nom, c’est la personne. Donc, être « mis sous le nom de Dieu », c’est être placé sous sa présence, sous sa protection, c’est entrer dans sa présence, sa lumière, son amour. Encore une fois, tout cela nous est offert à chaque instant. Mais encore faut-il que nous y consentions. C’est pour cela que toute formule de bénédiction prévoit toujours la réponse des fidèles. Quand le prêtre nous bénit à la fin de la Messe, par exemple, nous répondons « Amen », qui est l’expression de notre accord, notre consentement.

    Dans ce psaume d’aujourd’hui, la réponse des fidèles, c’est ce refrain « Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu’ils te rendent grâce tous ensemble ! » Il y a là une superbe leçon d’universalisme ! Aussitôt qu’il entre dans la bénédiction de Dieu, le peuple élu répercute en quelque sorte sur les autres la bénédiction qu’il accueille pour lui-même. Et le dernier verset est une synthèse de ces deux aspects : « Que Dieu nous bénisse (sous-entendu, nous son peuple choisi) et que la terre tout entière l’adore ». C’est dire que le peuple d’Israël n’oublie pas un instant sa vocation, sa mission au service de l’humanité tout entière. Il sait que de sa fidélité à la bénédiction reçue gratuitement, par choix de Dieu, dépend la découverte de l’amour et de la bénédiction de Dieu par l’humanité tout entière.

    Commentaire de Marie Noëlle Thabut

    Épître : Le rôle des Juifs dans la nouvelle Alliance   

    Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains (Rm 11, 13-15.29-32)

    Frères,
    je vous le dis à vous, qui venez des nations païennes : dans la mesure où je suis moi-même apôtre des nations, j’honore mon ministère,  mais dans l’espoir de rendre jaloux mes frères selon la chair, et d’en sauver quelques-uns.

    Si en effet le monde a été réconcilié avec Dieu quand ils ont été mis à l’écart,
    qu’arrivera-t-il quand ils seront réintégrés ? Ce sera la vie pour ceux qui étaient morts !

    Les dons gratuits de Dieu et son appel sont sans repentance.

    Jadis, en effet, vous avez refusé de croire en Dieu, et maintenant, par suite de leur refus de croire, vous avez obtenu miséricorde ; de même, maintenant, ce sont eux qui ont refusé de croire, par suite de la miséricorde que vous avez obtenue, mais c’est pour qu’ils obtiennent miséricorde, eux aussi. Dieu, en effet, a enfermé tous les hommes dans le refus de croire pour faire à tous miséricorde.

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    – Parole du Seigneur –

    Commentaire 3 a :

    C’est la fin du développement de Paul concernant les juifs. Dans une formule audacieuse, Paul montre que juifs et païens se retrouvent dans la désobéissance à Dieu. Si la désobéissance des païens a conduit à la miséricorde, la désobéissance des juifs les conduira également à la miséricorde. Tout s’ordonne au salut des hommes, juifs et païens.

    Commentaire du Père François Brossier, exégète, professeur honoraire de l'Institut Catholique de Paris

    Commentaire 3 b :

    Aux yeux de Paul, avant sa vision sur le chemin de Damas, l’humanité comprenait deux groupes bien distincts : les Juifs et les non-Juifs, qu’on appelait les « nations » ou les « païens ». Les Juifs avaient une mission et une responsabilité auprès des païens : leur faire connaître le Dieu unique.

    Lorsque Jésus ressuscité apparut à Paul, et se fit reconnaître par lui comme le Messie que le peuple d’Israël attendait, Paul comprit que la mission du peuple juif consistait désormais à faire connaître le Christ aux missions païennes. La première tâche de Paul était donc de faire connaître Jésus-Christ à ses frères juifs, et, dans un deuxième temps, les Juifs tous ensembles pourraient en témoigner auprès des non-Juifs.

    Cela, c’était le rêve, mais la réalité fut tout-autre : on sait que les Juifs, dans leur grande majorité, ont refusé l’Évangile. D’après les Actes des Apôtres, c’est à Antioche de Pisidie que le problème éclata violemment pour la première fois. Très logiquement, dans un premier temps, Paul a commencé à prêcher au nom de Jésus de Nazareth au cours d’une réunion du shabbat, un samedi matin, à la synagogue. Ce jour-là, on les écouta avec intérêt (lui et Barnabé) et on leur demanda de revenir le samedi suivant. Mais, pendant la semaine, on a eu le temps de réfléchir et des clans se sont formés. Le samedi suivant, il y avait une 6 foule nombreuse, paraît-il, mais bigarrée : des Juifs de souche dont certains étaient prêts à croire Paul et d’autres tout à fait hostiles ; mais aussi des non-Juifs, sympathisants de la religion juive, mais non circoncis ; c’étaient donc des païens (on les appelait généralement les « craignant Dieu »).

    L’opposition est venue des Juifs de souche : « Le sabbat venu, presque toute la ville s’était rassemblée pour écouter la parole du Seigneur. À la vue de cette foule, les Juifs furent pris de fureur et c’étaient des injures qu’ils opposaient aux paroles de Paul » (Ac 13, 44).

    Paul pouvait parfaitement les comprendre, puisqu’il avait connu lui aussi une période de violente opposition à la communauté chrétienne récente, mais il avait à cœur désormais d’annoncer l’évangile de toute urgence. Il a donc décidé de passer outre l’opposition de ses frères juifs et de s’adresser désormais à toutes les bonnes volontés, qu’il s’agisse de Juifs ou de païens.

    Voici les paroles qu’il a adressées aux membres de la synagogue d’Antioche : « C’est à vous d’abord que devait être adressée la parole de Dieu. Puisque vous la repoussez, et que vous vous jugez indignes de la vie éternelle, nous nous tournons vers les païens » (Ac 13, 46).

    Même discours à Corinthe quelques années plus tard : « Lorsque Silas et Timothée furent arrivés de Macédoine, Paul se consacra entièrement à la parole, attestant devant les Juifs que le Messie était Jésus. Devant leurs oppositions et leurs injures, Paul secoua ses vêtements et leur déclara : « Que votre sang vous retombe sur la tête ! J’en suis pur et, désormais, c’est aux païens que j’irai » » (Ac 18, 5 - 6).

    On retrouve le récit d’autres événements semblables à Éphèse (Ac 19, 9). On peut donc dire que si Paul a évangélisé les païens, c’est, en fait, parce que les Juifs, dans leur grande majorité, ont refusé l’Évangile. Et c’est pour cela qu’il écrit aux Romains, anciens païens : « Maintenant, à cause de la désobéissance (le refus) des fils d’Israël, vous avez obtenu miséricorde. » Désobéissance, ici, veut dire refus d’écouter ou même plutôt refus de croire. C’est grâce au refus des Juifs de reconnaître en Jésus le Messie que les apôtres ont commencé à évangéliser des non Juifs. Au passage, cela veut dire que les anciens païens n’ont aucun mérite à faire valoir, puisqu’ils sont en partie redevables de leur propre conversion à Israël lui-même et à son refus.

    Mais, dans le plan de Dieu, que devient le peuple juif désormais ? Est-il perdu et en quelque sorte remplacé par les païens ? Pour Paul, il est évident que l’Alliance offerte par Dieu au Sinaï ne peut pas être reniée : « Les dons de Dieu et son appel sont irrévocables. » C’est pour cela que Paul ne désespère pas de l’avenir d’Israël, bien au contraire : autrefois loin de Dieu, les païens ont maintenant obtenu miséricorde, et les Juifs, par la même occasion, se sont enfermés dans le refus. Mais, tôt ou tard, Israël, à son tour, découvrira avec émerveillement la miséricorde de Dieu. Et Paul a cette affirmation incroyablement audacieuse : « Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous les hommes. »

    Ne nous trompons pas sur le sens de cet « enfermement » : nous pourrions y voir une sorte de calcul machiavélique de la part de Dieu : comme s’il avait voulu conduire tous les hommes au péché pour pouvoir leur pardonner à tous. Une telle interprétation serait en contradiction absolue avec l’enseignement de Paul, tout au long de cette lettre : de même que Dieu donne toute sa grâce par amour, de même, dans son amour, il respecte notre liberté ; et lorsque notre liberté va jusqu’à refuser la grâce, il n’insiste pas. Mais, comme toujours, de tout mal, si nous le laissons faire, Dieu fait surgir du bien. La préposition « pour » ne veut pas dire que Dieu a dirigé tous les événements dans un but bien précis ; mais de nos erreurs même, Dieu fait surgir des conséquences bénéfiques : en définitive, Dieu a laissé les hommes s’enfermer dans leur refus et il en a tiré le salut de tous.

    Essayons de résumer le raisonnement de Paul : Grâce au refus des Juifs, les païens ont été évangélisés ; cet accueil des païens a exaspéré les juifs et donc ils se sont enfermés dans leur refus d’un Messie qui ouvrait les portes à n’importe qui. Mais Dieu n’oublie pas son Alliance : il leur suffira d’ouvrir leurs cœurs pour être eux aussi accueillis dans l’Église du Christ.

    Commentaire de Marie Noëlle Thabut

    Évangile : « Femme, grande est ta foi ! »

     * Fête de saint Bernard de Clairvaux

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (15, 21-28)

    Jésus s'était retiré vers la région de Tyr et de Sidon. Voici qu'une Cananéenne, venue de ces territoires, criait : « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. » Mais il ne lui répondit rien. Les disciples s'approchèrent pour lui demander : « Donne-lui satisfaction, car elle nous poursuit de ses cris ! » Jésus répondit : « Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues d'Israël. » Mais elle vint se prosterner devant lui : « Seigneur, viens à mon secours ! » Il répondit : « Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. — C'est vrai, Seigneur, reprit-elle ; mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » Jésus répondit : « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! » Et, à l'heure même, sa fille fut guérie.

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    Commentaire 4 a :

    Cet épisode a toujours surpris : comment comprendre que Jésus puisse traiter les païens de « chiens » même si le qualificatif de « petits chiens » vient atténuer la rudesse du terme ?

    En fait, il faut bien comprendre le contexte dans lequel Matthieu rapporte cet épisode. Le gros problème de l’Église, composée au début uniquement de juifs, est de savoir si l’on peut vraiment y intégrer les païens sans pour autant nier que Jésus comble l’espérance du peuple juif. La réponse est double : oui, Jésus est venu pour les brebis perdues d’Israël ; et en même temps, il accueille les païens. La seule condition pour s’asseoir à la table de l’Église et y recevoir le pain des enfants, c’est de croire en Jésus-Christ, le Seigneur. À ce point de vue, la Cananéenne est vraiment un modèle : elle reconnaît en Jésus le Seigneur et le Messie (fils de David) et ne se laisse pas démonter par la réponse première de Jésus. C’est pourquoi Jésus peut louer cette grande foi.

    Commentaire du Père François Brossier, exégète, professeur honoraire de l'Institut Catholique de Paris

    Commentaire 4 b :

    En ce 20 août, les textes nous rappellent que le Salut de Dieu est offert à tous les hommes.

    La Parole est une parole à découvrir… L’Amour de Dieu se découvre lui aussi…

    Pour comprendre cela, je ferai un parallèle simple avec un cadeau qui nous serait offert et que nous refuserions d’ouvrir…

    Comment le découvrir ? Comment apprendre à l’apprécier si nous n’ouvrons pas le paquet et si nous ne nous y intéressons pas un minimum ?

    Dieu est ainsi… Il nous offre le Salut, c'est-à-dire son Amour pour que nous le découvrions, que nous nous l’approprions, que nous le laissions nous imprégner et nous guider chaque jour. Alors c’est vrai, nous ne sommes pas toujours réceptifs…

    Il arrive qu’on nous fasse de très beaux cadeaux mais que nos cœurs ne soient pas en condition pour les recevoir…

    Bien souvent nos souffrances ou simplement nos occupations nous empêchent de les apprécier.

    Heureusement, Dieu est persévérant… Il ne se contente pas de nous offrir son cadeau une seule fois… Il ne se formalise pas si nous le refusons ou si à plusieurs reprises nous ne sommes pas prêts… Il revient vers nous encore et encore et encore… Ne se lassant jamais.

    Sans cesse il met sur notre route des témoins de l’Évangile, des parents, des amis, parfois des inconnus, qui par une parole placée au bon moment nous aideront enfin à apprécier ce cadeau qui nous est fait.

    Dieu continuera à nous offrir ce cadeau jusqu’à notre dernier souffle…

    Jusque-là, il nous sera donné d’ouvrir les yeux sur son Amour et toutes les conversions qu’Il peut opérer en nous.

    C’est ce que nous disent les textes de ce jour. Nul ne peut se dire exclu de l’Amour de Dieu quelle que soit sa vie.

    Et aucun d’entre nous ne doit oublier que même les plus grands criminels qui ont traversé et traversent encore les siècles ont en eu une graine de cet amour, une graine qui – comme pour saint Paul – peut éclore à n’importe quel moment et les transformer en témoins vivants et heureux de l’Évangile.

    Il vous arrive sans doute comme à moi, de maugréer sur untel ou une telle parce qu’il a fait ceci ou cela de mal, parce qu’il a mal agit en telle ou telle circonstance… Je suis certain que vous trouverez sans peine un exemple dans un coin de votre tête.

    C’est là un comportement bien humain c’est vrai… et pourtant nous sommes alors dans l’erreur.

    Nous râlons, nous crions même parfois… Mais quand ces cris retombent… essayons de nous souvenir que dans cette personne que nous montrons du doigt est aussi présent l’Amour de Dieu.

    Plutôt que de nous demander comment la punir, comment nous venger même parfois, redoublons d’efforts et prions pour que la graine dont j’ai parlé éclose… Soyons encore et encore les témoins de l’Amour qui se donne.

    Comme d’habitude, l’Évangile vient en point d’orgue de ces textes. C’est le texte de la Cananéenne qui nous est proposé aujourd’hui. Il faut savoir qu’un Cananéen est un non-juif et donc un Païen ! Il n’est considéré par personne… Rejeté bien souvent ou tout du moins ignoré. Elle a beau être païenne, elle a entendu parler de l’arrivée de Jésus et vient à sa rencontre… Elle a beau ne pas en savoir davantage sur l’écriture et sans doute même de l’amour de Dieu, elle place son espoir en cet homme dont elle a sans doute entendu parler pour tout ce qu’il a déjà fait de bien.

    Comme nous quand cela ne va pas, nous cherchons quelqu’un qui puisse répondre à nos attendre… Nous mettons le peu d’espoir qui nous reste en celui ou celle qui semble pouvoir nous aider.

    « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon »

    Et pourtant Jésus commence par ignorer cette supplique… Il insiste en disant qu’il n’a été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël… sous-entendant qu’elle n’en fait même pas partie… Il va jusqu’à la comparer à un chien dans cette phrase que nous connaissons : « Il n'est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. » Mais elle ne s’en offusque pas… Au contraire ; elle fait preuve d’encore d’avantage d’humilité… Elle se prosterne devant lui…   « C'est vrai, Seigneur » repend-elle « mais justement, les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. »

    Par ce court dialogue, elle reconnaît son ignorance. Elle sait que jusque-là elle n’a rien fait de « religieux » ; elle se reconnait indigne de participer au repas… Et elle précise simplement qu’elle est prête à se contenter des miettes de l’Amour de Dieu… Elle sous-entend ainsi que le peu que le Christ pourra lui donner suffira à libérer sa fille, elle reconnait en lui la grandeur de Dieu qui peut tout.

    Jésus voit alors qu’elle est inspirée par Dieu… La graine a germé et il lui offre ce qu’elle demande. Oui, la Bonne Nouvelle est offerte à tous et chacun a bien évidemment droit à bien plus que des miettes.

    Il y a deux semaines nous entendions l’Évangile de la multiplication des pains. Il resta 12 paniers pleins de ce repas !

    Chaque fois que nous venons à la Messe, chaque fois que nous rencontrons Dieu, nous repartons nous aussi avec un panier plein de l’Amour de Dieu… Aujourd’hui encore, nous venons refaire le plein. Qu’avons-nous fait de cet Amour entre temps ? L’avons-nous gardé pour nous ou alors sommes-nous allés en faire don à ceux qui nous entourent, les Cananéens de notre monde ?

    Trop souvent nos communautés restent centrées sur elles-mêmes, autour d’un clocher. Depuis la Pentecôte, nous sommes pourtant envoyés dans le monde pour lui transmettre l’amour de Dieu. Une foi authentique ne se cantonne pas à l’intérieur des murs de nos églises, elle est faite pour porter du fruit en dehors de ces murs. Elle se proclame dans le monde, elle ne craint pas de se montrer même là où elle n’a pas l’habitude d’être vue, voir même là où elle n’est pas forcément la bienvenue, là où elle bouscule les consciences également.

    Pour terminer, je ne peux résister au besoin de vous parler ici de nos frères chrétiens d’Irak, de Syrie et de tous les endroits du monde où ils sont en dangers. C’est à nous chrétiens d’occident qu’il appartient de faire monter nos voix pour le faire savoir au monde qui nous entoure, un monde qui semble l’ignorer ou ne s’en soucie que parce que derrière leur intervention se trouve des intérêts économiques. Il nous appartient aussi de faire monter nos voix pour que ce monde bouge sauver nos frères. Et je ne parle pas de prendre les armes… Je parle de témoigner, d’alerter, de déranger les consciences comme je viens de le dire… Je parle de prier pour que les esprits de ceux qui les persécutent soient éclairés par l’amour de Dieu comme l’a été celui de Saint Paul.

    Nos témoignages, notre engagement, nos prières ne peuvent que porter du fruit… Nous sommes invités à sortir de nos murs. Nous ne pouvons pas, nous ne devons pas nous enfermer dans nos seules envies de bonheur. 

    Ne l’oubliez pas : Le Salut de Dieu est offert à tous les hommes !

    Pascal Demette

    Commentaire 4 c :

    Il est intéressant de voir que cette scène intervient tout de suite après un enseignement de Jésus à propos de la pureté ; on sait que dans le monde juif, la pureté n’est pas l’absence de péché, mais l’aptitude à s’approcher de Dieu. Les Pharisiens attachaient beaucoup d’importance aux règles de pureté, pour être dignes de prier et de se rendre au Temple. Jésus, lui, vient de dire que la pureté est d’abord affaire de cœur et d’intention. Au risque de scandaliser les Pharisiens, il a dit : « Ce qui sort de la bouche provient du cœur, et c’est cela qui rend l’homme impur. Du cœur, en effet, proviennent les intentions mauvaises... C’est là ce qui rend l’homme impur ; mais manger sans s’être lavé les mains ne rend pas l’homme impur » (Mt 15, 19-21).

    Or, c’est juste après cette controverse que Jésus décide de se rendre en territoire païen, là où justement, tout le monde est impur aux yeux des Juifs puisque personne ne respecte les règles de pureté de la loi juive. Cette Cananéenne, en particulier, qui vient à la rencontre de Jésus est une païenne ; pourtant, elle n’hésite pas à s’adresser à lui pour lui demander de guérir sa fille : « Aie pitié de moi, Seigneur, fils de David ! Ma fille est tourmentée par un démon. » Sans doute a-t-elle eu vent de la réputation de guérisseur de Jésus.

    Curieusement, celui-ci ne répond pas ; ce qui incite ses disciples à intervenir : « Donne-lui satisfaction car elle nous poursuit de ses cris ». Cela fait penser à la parabole de l’ami importun rapportée par saint Luc : « Si l’un de vous a un ami et qu’il aille le trouver au milieu de la nuit pour lui dire : Mon ami, prête-moi trois pains, parce qu’un de mes amis m’est arrivé de voyage et je n’ai rien à lui offrir, et si l’autre, de l’intérieur, lui répond : Ne m’ennuie pas ! Maintenant la porte est fermée ; mes enfants et moi nous sommes couchés ; je ne puis me lever pour te donner du pain, je vous le déclare : même s’il ne se lève pas pour lui en donner parce qu’il est son ami, eh bien, parce que l’autre est sans vergogne, il se lèvera pour lui donner tout ce qu’il lui faut » (Lc 11, 5-8).

    Il semble bien que par cette parabole Jésus recommande la persévérance dans la prière. La parabole de la veuve opiniâtre et du juge inique (au chapitre 18 de Luc) va dans le même sens et saint Luc précise que Jésus a raconté cette parabole pour dire à ses disciples « la nécessité de prier constamment et de ne pas se décourager ». C’est exactement ce que fait la Cananéenne et elle importune les disciples qui supplient Jésus d’intervenir. Ce à quoi il leur répond que cette femme est une étrangère, une Cananéenne : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël. »

    Pourquoi appelle-t-elle Jésus, fils de David, et quel sens ce titre a-t-il dans sa bouche ? Nous ne le saurons pas ; mais c’est bien en tant que berger d’Israël (messie, descendant de David) qu’il se place quand il dit à ses disciples : « Je n’ai été envoyé qu’aux brebis perdues d’Israël ».

    En disant cela, il se situe résolument dans la perspective du projet de Dieu dont la première étape concerne le peuple d’Israël. Il avait déjà pris position très clairement de la même manière lorsqu’il avait envoyé ses apôtres en mission.

    Matthieu raconte : « Ces apôtres, Jésus les envoya en mission avec les instructions suivantes : Ne prenez pas le chemin des païens et n’entrez pas dans une ville de Samaritains ; allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël » (Mt 10, 6).

    On sait qu’au début de son activité missionnaire, saint Paul s’était d’abord adressé prioritairement aux Juifs ; c’est ce que l’on pourrait appeler la « logique de l’élection » : Dieu a choisi le peuple d’Israël pour se révéler à lui, à charge pour le peuple élu de relayer cette révélation auprès des autres peuples. Saint Paul, résolument, respectait ce choix. Et seulement dans un deuxième temps, après son échec auprès de la majorité des Juifs, Paul s’est tourné vers les païens. C’était exactement le thème de notre deuxième lecture de ce dimanche.

    Il semble bien que Jésus, ici, se situe également dans cette logique de l’élection. C’est au peuple d’Israël et à lui seul qu’il est envoyé pour annoncer la venue du royaume de Dieu et en donner des signes par sa parole et par ses actes.

    Mais une autre question se pose ici : comment répondre aux étrangers, aux païens qui souhaitent rejoindre le peuple élu ? Peuvent-ils se frayer un chemin vers le salut ? Et, si oui, à quelles conditions ? Cette même question habitait déjà nos deux premières lectures. Vers 500 avant JC, Isaïe répondait : oui, des étrangers peuvent être admis dans la maison de Dieu et donc dans la communauté juive, à condition de respecter la loi juive.

    Jésus, lui, va encore plus loin. Il commence par justifier son refus d’intervenir : « Il n’est pas bien de prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens. » Mais il finit par agir en faveur de la Cananéenne ; et pourquoi change-t-il d’avis ? Parce qu’elle a la foi, dit-il : « Femme, ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ! »

    Je ferai trois remarques :

    1) Jésus dit que la Cananéenne a la foi simplement parce qu’elle s’obstine à lui faire confiance ; elle ne se laisse pas rebuter, au contraire, elle insiste : « les petits chiens mangent les miettes qui tombent de la table de leurs maîtres. » La foi n’est-ce pas cela : s’obstiner à faire confiance ?

    2) Jésus n’exige de la Cananéenne aucune des pratiques de la religion juive : seulement la foi. C’est très exactement la position que Paul prendra plus tard lorsqu’il évangélisera les païens.

    3) Il est évident que l’opiniâtreté de la maman était guidée par son amour pour sa fille. Peut-être aurons-nous l’opiniâtreté suffisante pour demander et obtenir le salut du monde... quand nous l’aimerons assez ?

    Commentaire de Marie Noëlle Thabut

    Conclusion :

    Le don de Dieu dépasse les frontières

    Le mal qui atteint sa fille est profond et la souffrance ne peut que faire crier cette maman. Elle a entendu parler de ce Jésus qui vient d’Israël ; elle sait sa renommée et engage toutes ses forces dans ses cris. Elle exaspère les disciples qui n’hésitent pas à se tourner vers Jésus pour demander son renvoi. Scène étonnante qui nous montre, semble-t-il, un Jésus en décalage entre son message et son attitude présente. Où donc est l’homme de l’accueil, de la miséricorde et des béatitudes ? Ne nous trompons pas sur cette attitude qui pourrait nous choquer. Reprenons la situation dans son déroulement originel : Jésus est venu pour le peuple d’Israël. Or il est en terre étrangère : l’appel de cette femme pourrait le laisser insensible…Mais le dialogue qui s’instaure change la donne. La proclamation de foi de cette femme, son à-propos, sa profondeur sont le chemin que prend Jésus pour ouvrir la porte de sa mission hors des frontières habituelles. L’humilité et la ténacité habitent la foi de la Cananéenne, qui n’hésite pas à se comparer aux petits chiens ramassant les miettes de la table… La porte est ouverte à tous ; enfin peut s’accomplir la prophétie d’Isaïe : « Ma maison s’appellera “Maison de prière pour tous les peuples”. » Paul n’hésitera pas à prendre la même voie en se disant « apôtre des nations ». Quelle chance, au cœur de ce temps de vacances, d’avoir une liturgie qui appelle à l’ouverture… Le don de Dieu dépasse l’imagination ! Jésus se laisse émerveiller par la foi et le cri d’une étrangère… Osons ce cri et cette foi et nous recevrons certainement au centuple !

    Père Pierre-Yves Pecqueux, eudiste

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS.

    La force de la prière

    Que penser quand on lit : « Toute chair viendra se prosterner devant ma face » (Is 66,23) ? Tout cela n’a-t-il pas été affirmé comme si personne n’était exclu de ce don que fait Dieu ?

    L’Apôtre affirme que Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité (1 Tm 2,4). Partout donc, l’Eglise adresse à Dieu des supplications, pas seulement pour les Saints et ceux qui sont déjà régénérés dans le Christ, mais pour tous les infidèles, pour les ennemis de la croix du Christ, pour tous les adorateurs des idoles, pour tous ceux qui persécutent le Christ dans ces membres.

    Le Seigneur miséricordieux et juste veut donc, qu’on le supplie pour tous les hommes, ainsi quand nous voyons tant de personnes délivrées de maux profondément ancrés en elles, nous sommes certains que Dieu a donné ce qu’il lui avait été demandé dans la prière ; nous rendons grâce pour ceux qui ont été sauvés.

    Saint Prosper d’Aquitaine

    Références :

    http://www.cfc-liturgie.fr/index.php?option=com_content&task=section&id=115&Itemid=269

    http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-11185479.html

    http://www.vieliturgique.ca/index.php?option=com_content&task=view&id=52

    http://www.aelf.org/2017-08-20/romain/messe

    https://www.vercalendario.info/fr/evenement/liturgie-catholique-20-aout-2017.html

    http://homeliepartage.blogspot.be/2014/08/2014-08-17-20-dimanche-du-temps.html

    http://www.paroissesaintmaxime.org/commentairesPourSite/14-08-2011.pdf

    http://thierry.jallas.over-blog.com/2014/08/commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-a-20e-dimanche-du-temps-ordinaire-17-aout-2014.html

    http://www.catholique-blois.net/actualite/commentaires-evangile/commentaires-devangile/20e-dimanche-a-20-aout-2017

    http://www.prionseneglise.fr/Dimanche-en-eglise/Dimanche-20-aout-2017

    Magnificat du dimanche 20 août 2017 – page 289


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