02 - Un Frère Novice de la Commanderie de Saint-Léger nous présente :

Jean Baptiste, dernier prophète d’Israël

Jean Baptiste est-il le dernier prophète d’Israël ?

Mais qu’est-ce qu’un prophète ? Une personne inspirée de la divinité qui prédit l’avenir et révèle des vérités cachées ?

Sur une définition aussi synthétique que celle-ci, nous pouvons dire qu’en effet, saint Jean Baptiste était un prophète et il était aussi prédicateur mais pas que…

En effet, Jean Baptiste n’était pas seulement un prédicateur pour les temps qui allaient venir. Il était aussi un censeur des mœurs de son époque. Intrépide, il n’hésita pas à reprendre le roi Hérode Agrippa qui avait suborné la femme de son frère Philippe. Hérodiade ne pardonnera pas cette censure publique et obtiendra la décollation du Baptiste grâce aux charmes de sa fille Salomé. Cette précision d’emblée est une façon de démontrer que le personnage dans toute sa dimension bouscule cette société devenue rétrograde et génère par cette action odieuse une mort en martyre qui marquera l’histoire avant celle de Jésus tout en liant intimement leurs deux parcours. 

Le christianisme hérita de la notion de prophétie du judaïsme et les chrétiens interprétèrent les textes hébreux à la lumière de l’enseignement du Christ qui est considéré comme Le Prophète par excellence.

Certains prophètes envoyés furent chargés de transmettre aux hommes les livres révélés : les feuilles d’Abraham, la Torah de Moise, les Psaumes de David, l'Évangile de Jésus et le Coran de Mahomet.

Jean Baptiste est en effet le dernier prophète d’Israël. Par sa prédication et le baptême qu’il proposait aux foules, il annonçait et préparait la venue de Jésus. La rencontre de Jésus et de Jean Baptiste marque la fin de la prédication de Jean et le début de celle de Jésus. C'est en ce sens que nous pouvons dire que Jean était le dernier prophète d’Israël. Le Christ, durant cette même période, légitime la vie entière de Jean, en amont de son rôle capital en tant que Messie.

La concomitance de l’action de Jean Baptiste et de celle de Jésus opère de façon prégnante auprès de toute une population en quête de Dieu.   

Que nous dit Jésus ? « Oui, vous dis-je, Jean est plus qu’un prophète ». Jean Baptiste est le seul prophète annoncé par les prophètes eux-mêmes, mais ce n’est pas en cela que consiste proprement la grandeur spéciale qui le met au-dessus des prophètes. Il annonce au milieu d’Israël, non plus des gloires futures introduites par la venue du Messie, mais il est le messager du Seigneur lui-même, envoyé pour préparer son chemin devant Lui. Le Messie qu’il annonce est un Messie qui vient, déjà présent au milieu de son peuple. Message unique ! Le royaume des cieux était là, non pas proche, mais s’étant approché dans la personne de Christ. Le Seigneur allait, s’il était reçu, prendre immédiatement en main les rênes du gouvernement de la terre. Jean ne faillit pas à sa mission. Il prépara le chemin devant le Seigneur.

Le saint prophète Jean était lié à l'Éternel du côté de sa mère. Il était le fils du Prêtre Zacharie et de la Juste Elizabeth.

À l'âge de trente ans, il est venu prêcher la repentance. Il est apparu sur les rives du Jourdain, pour préparer le peuple par sa prédication à accepter le Sauveur du monde.

A l’issue de ce bref mais indispensable rappel, on mesure à quel point le sens du personnage de saint Jean Baptiste nous échappe encore. Des questions demeurent sans réponse : pourquoi le Messie a-t-il eu besoin d’un Précurseur ? Pourquoi Jean a-t-il eu un destin si bref ? Quel est le sens de son action ? Saint Jean est comme absorbé dans le rayonnement grandiose du destin de Jésus : pourquoi ? Présence très prégnante au début de l’Évangile de Luc, il devient vite une absence mal comprise du simple fidèle. A y regarder de plus près, les récits évangéliques nous fournissent eux-mêmes des éléments pour progresser dans la connaissance du Précurseur.

L’effacement presque immédiat de saint Jean correspond évidemment à la nature christocentrique. Nous avons là une réponse claire à notre questionnement portant sur l’humilité reflétée par Jean. Le destin du Baptiste évoque déjà celui de Jésus, mais la logique divine de l’histoire de la Rédemption exige de ne pas persévérer dans le parallèle. Dans l’Évangile de Jean, c’est le Précurseur lui-même qui insiste sur ce point : « Il faut qu’il croisse et que je diminue. Celui qui vient d’en haut est au-dessus de tous, celui qui est de la terre est de la terre... ».

Jean reproduit le destin du juge à un niveau d’excellence. Il n’affranchit pas les Hébreux du joug des Philistins, il les appelle à se libérer eux-mêmes du Mal.

Il n’écrase pas les ennemis d’Israël sous les décombres d’un palais, il baptise le peuple et l’entretient dans l’attente du Christ. La force du Baptiste n’a rien de physique, elle est spirituelle.

S’agissant du baptême, Jean ne voulait pas d’une ablution purement formelle : il fallait que la personne s’implique dans son baptême. Ainsi, il y avait une confession des péchés et les gens devaient avouer publiquement leurs fautes avant d’être baptisés. Et après le baptême, les gens devaient montrer concrètement qu’ils avaient changé de vie et qu’ils portaient du « fruit ».

Humilité oui ! Perfectionniste surement !

 Frère Novice B. L. de la Commanderie de St-Léger