• * 05 Réflexions

    Parchemin 5

    Réflexions

    Il y a bien des manières de croire !

    Au pied de la croix, se tiennent debout, ceux qui n’ont pas fui le lieu de la souffrance et de la mort. Ils n’étaient pas forcément plus courageux que les autres, mais ils se savaient aimés de Jésus au-delà de tout. Et parce qu’ils se savent aimés, ils sont là muets devant la croix.

    Parmi eux :

    - des femmes : Marie bien sûr, mais aussi Marie-Madeleine ;

    - un homme : sans doute Jean. Mais son nom n’est pas dit. Il est désigné comme le disciple que Jésus aimait. C’est tout disciple qui se reconnaît aimé.

    Les Saintes Femmes sont, dans la tradition chrétienne, les disciples de Jésus-Christ qui le suivirent dans son ministère et, se rendant de bon matin à son sépulcre pour embaumer le corps après sa crucifixion, découvrirent le tombeau vide et reçurent l'annonce de la Résurrection. Dans beaucoup de traditions, comme dans celle des Saintes Maries en Camargue, les Saintes Femmes sont au nombre de trois.

    L'iconographie les a abondamment représentées dans des scènes de mise au tombeau où l'éloquence des larmes exprime leur attachement à l'humanité du Fils de Dieu. Tous les Évangiles les mentionnent, mais avec des différences notables quant à leur nombre, leur nom et leurs liens de parenté.

    L'identité des Saintes Femmes n'est pas clairement assurée. Les Évangiles divergent entre eux. Les Saintes Femmes citées sont connues sous plusieurs noms. Les liens qui les unissent, en particulier leurs liens familiaux, sont obscurs. Marie Madeleine (Marie de Magdala) est la seule qui figure dans les quatre Évangiles. L'Église catholique retient la liste canonique de Marie Jacobé (épouse de Clophas), de Marie Salomé (femme de Zébédée) et de Marie Madeleine.

    Matthieu évoque Marie de Magdala et l'autre Marie (Cf. Mt 28, 1). Marc précise Marie, mère de Jacques, et mentionne Salomé (Cf. Mc 16, 1). Luc ajoute, pour l'annonce de la résurrection, Jeanne et les autres qui étaient avec elles (Cf. Lc 24, 10). Jean ne retient que Marie de Magdala pour la découverte du tombeau vide (Cf. Jn 20, 1). Ailleurs, Luc fait figurer, en outre Jeanne, femme de Kouza, intendant d'Hérode, et Suzanne (Cf. Lc 8, 2-3). De ces deux dernières, on ne sait pas grand-chose, sinon qu'elles étaient vraisemblablement veuves pour suivre Jésus de Nazareth.

    Devant le tombeau vide, comme Pierre ou Marie-Madeleine, l’autre disciple, celui que Jésus aimait, voit qu’il n’y a plus de corps. Il ne reste rien, seulement des bandelettes. C’est la dépossession la plus complète : il ne reste même plus le corps de celui qui est mort. Devant le signe du tombeau vide, le disciple bien aimé, parce qu’il se sait aimé, fait confiance et croit.

    Marie-Madeleine ne reconnaît Jésus qu’à l’appel de son nom : « Marie » … « Rabbouni ». Elle a besoin de cette relation affective pour croire. « Ne me touche pas… Va trouver mes frères et dis leur que je monte vers mon Père qui est votre Père ». Au-delà des certitudes sensibles, Marie-Madeleine est invitée à croire, même quand celui qu’elle aime, Jésus, sera absent ; invitation à entrer dans une relation filiale faite de confiance, et dans une relation fraternelle.

    Marie-Madeleine vient voir le corps du défunt, mais il n’est plus là. Elle croit que l’on a enlevé le corps. Il ne reste donc plus rien. Dans son désarroi, elle court, rejoint Simon Pierre et l’autre disciple. Marie-Madeleine est restée sur le passé. Elle vient pour un mort. Elle cherche un corps, elle pleure un mort. Elle ne peut donc pas reconnaître Jésus qu’elle prend pour le gardien. Elle se retourne, physiquement, mais aussi spirituellement. C’est au moment de l’appel de son nom « Marie », que se passe en elle une conversion. Elle répond « Rabbouni ». Il s’installe entre Jésus et Marie une relation personnelle, faite d’affection. C’est ainsi que Marie entre dans le mystère de la foi en la Résurrection. Marie qui a vu et entendu Jésus, aimerait bien le toucher, et avoir une relation de proximité comme avant. Mais Jésus refuse. Ne me retiens pas… je monte vers mon Père. Jésus authentifie ainsi sa Résurrection. Va trouver mes frères. Jésus, qui est le témoin du Père, fait de Marie-Madeleine un témoin de la Résurrection. Mon Père qui est votre Père... Mon Dieu qui est votre Dieu. Il n’y a pas de possession, de captation, on est dans l’ordre du don. A partir de là, la filiation est possible. Nous entrons dans la plénitude de la vie divine et alors, nous devenons frères.

    Reconnaissante et pleine d’affection pour son « rabbouni » (son « cher petit rabbi », comme elle l’appelle familièrement en Jean 20, 16), Marie-Madeleine est une femme touchante, mais Jésus ressuscité ne se laisse pas toucher par elle. Exégètes et mystiques ont beaucoup glosé autour de cette phrase mystérieuse « Noli me tangere ». De la part de Jésus, il n’y a pas de rebuffade, mais une tendre plainte, une supplique selon Christine Pedotti. Comme s’il laissait entendre qu’il pouvait être retenu par la jeune femme et que l’acharnement de cette tendresse lui était une souffrance.

    Les écrits apocryphes des 2ème et 3ème siècles, imprégnés de gnosticisme, font de Myriam (Marie) de Magdala la disciple préférée de Jésus. Il lui aurait fait des révélations rien qu’à elle, suscitant l’hostilité d’autres disciples.

    Selon les écrits apocryphes

    Un texte du codex de Berlin, écrit en copte à la fin du 2ème siècle (selon Michel Tardieu), porte son nom : l’Évangile de Marie. Il s'agit d'un texte gnostique comprenant un dialogue entre le Christ et Marie de Magdala, celle-ci le restituant aux apôtres, suivi de dialogues entre Marie et eux.

    Dans la Pistis Sophia, texte gnostique en copte datant de 350 environ, Jésus dialogue avec Marie-Madeleine et les autres disciples. Il s’y reflète l’importance de Marie-Madeleine au sein du groupe des Apôtres. La Pistis Sophia est attribuée à Valentin, éminent et courageux chercheur de la Vérité, qui a eu le courage de se rebeller contre les dogmes pontificaux de l’Église catholique, qui avait déjà commencé à cette époque (1er et 2ème siècles de notre ère) à fabriquer son orthodoxie ecclésiastique avec l’intention de laisser hors-jeu les authentiques chrétiens primitifs qui choisissaient la Gnose qui leur avait été octroyée par Jésus.

    La gnose est un courant multiforme du christianisme des premiers siècles qui propose une voie de salut par la connaissance, à travers une initiation aux mystères célestes révélés par le Sauveur.

    Parmi l'abondante littérature gnostique aujourd'hui connue, sont cités ici les évangiles de Thomas, de Marie, et de Philippe, la Sagesse de Jésus-Christ, la Pistis Sophia, les Dialogues du Sauveur... des écrits en copte traduisant un original grec, et datés entre le 2ème et le 4ème siècle après J.-C., l'évangile de Thomas ayant vraisemblablement une longue préhistoire littéraire remontant au 1er siècle. Les références ci-dessous renvoient au corpus des textes gnostiques découverts, pour la plupart, à Nag Hammadi en Haute-Egypte à partir de l'année 1945. Ces textes sont disponibles en français dans la collection de la Pléiade, Ecrits apocryphes chrétiens I et II (Gallimard, 1997 et 2005) ; de larges extraits sont édités dans le supplément au Cahier Evangile n° 58 (Cerf 1987).

    Beaucoup de théologiens n’ont aucun doute en affirmant que « Durant la seconde moitié du 2ème siècle et au commencement du 3ème siècle, la doctrine de Valentin allait être la plus puissante et la plus sérieuse des dissidentes de l’Église, surpassant en volume par sa littérature celle de l’Église ».

    L’Épître des apôtres, l'Évangile de Pierre, l'Évangile de Thomas et l’Évangile de Philippe évoquent également Marie-Madeleine.

    Simon Pierre aurait cherché à écarter Marie-Madeleine du cercle des adeptes. L’évangile de Philippe la présente comme la compagne de Jésus, qui « l’embrassait souvent sur la bouche ». Beaucoup ont un peu vite déduit de ce geste que Jésus et Marie-Madeleine étaient amants ! Or, dans une perspective gnostique, le baiser sur la bouche est la transmission du souffle, de l’âme spirituelle

    Sources moins controversées, les Evangiles canoniques relèvent, eux, que Jésus invite Marie de Magdala à annoncer aux disciples qu’il est vivant. Raison pour laquelle elle a été qualifiée d’ »apôtre des apôtres » par Hippolyte de Rome, un père de l’Eglise du 3ème siècle. En clair, le premier missionnaire « chrétien » de l’histoire… est une femme !

    Lien vers le parchemin 6 : Marie-Madeleine dans les traditions chrétiennes


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