• * 06 - La lumière en liturgie

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    Rubrique « Regards sur la liturgie » – 06

     La Lumière en liturgie 

     * 14 - La lumière en liturgie

     La lumière 

    La lumière a toujours eu une signification très profonde et essentielle pour l’être humain. Il n’y a pas de religion qui n’en ait fait un élément clé de sa mythologie, il n’y a pas de civilisation qui ne l’ait célébrée comme un élément assimilable, sinon superposable, au concept même de la vie. Les raisons en sont évidentes et elles méritent certainement d’être traitées plus en profondeur.

    La lumière et l’obscurité, le jour et la nuit rythment notre vie.

    La lumière rend toute chose visible. C’est pourquoi, très tôt, elle a symbolisé la présence de Dieu. On la trouve déjà présente dans la liturgie juive du repas du sabbat.

     * 14 - La lumière en liturgie

     Liturgie et lumières 

    Que demande la liturgie à la lumière ?

    II existe trois types de lumières.

    • Mentionnons en premier la lumière naturelle du jour, qui disparaît lorsque la nuit tombe. La capacité d’éclairage qu’elle donne variera évidemment selon le style de l’édifice, sombre s’il est roman, clair, mais pouvant être atténué, s’il est gothique, lumineux s’il est gothique flamboyant, assez clair s’il est baroque ou du 19ème siècle, très clair, en principe, s’il est moderne. Le lecteur adaptera donc ce que vont dire ces lignes selon son église. Mais la nuit sera la même pour tous, et il y a, aujourd’hui, plus de célébrations, la nuit tombée, qu’autrefois : messes du soir, célébrations pénitentielles, veillées de prière, office du triduum pascal, sans parler de la messe de minuit. Or, si l’éclairage ne peut jouer avec le jour, il le peut avec la nuit.
    • Le deuxième type est celui de la lumière électrique qui a une double fonction, l’une utilitaire et l’autre symbolique. La fonction utilitaire a pour but qu’on puisse voir clair, pour se déplacer, pour voir ce qui se passe, notamment dans le chœur, pour lire … La fonction symbolique a pour but de rehausser, de mettre davantage en relief, un élément architectural (les voûtes, par exemple), une œuvre d’art (une statue, un tableau, une croix) ou un lieu important (autel, ambon, siège présidentiel, sur lesquels nous reviendrons). On pourrait parler ici d’une sorte de fonction d’illumination. Il ne s’agit pas seulement d’éclairer l’objet, l’élément ou le lieu pour qu’il soit vu, mais de l’éclairer plus qu’il est nécessaire afin de le mettre en relief pour qu’il soit admiré à sa juste valeur.
    • Le troisième type est celui de la lumière des cierges qui est devenu totalement symbolique depuis l’invention de l’électricité. En effet, cette lumière est parfaitement inutile à l’éclairage. Mais par son inutilité même, elle révèle qu’elle est entièrement consacrée à la « vénération et au caractère festif » de ce qu’elle accompagne. On n’a pas besoin d’elle pour voir clair, mais pour voir sa flamme briller, vibrer, « chanter » …

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     La lumière en liturgie : symbole de la nativité, signe de salut 

    Dans la liturgie catholique, la lumière est l’un des motifs principaux des textes et des rites. Elle évoque le salut sous ses deux principales manifestations : l’Incarnation et la Résurrection de Jésus. Symbole de la vie nouvelle dans le Christ, elle illumine toute la vie du chrétien – du baptême jusqu’aux obsèques.

    Que ce soit la faible lueur des bougies éclairant la voûte d’une chapelle lors des offices pendant le temps de l’Avent ou la flamme puissante du feu nouveau qui illumine la nuit de Pâques, aujourd’hui comme à l’origine du christianisme, la lumière est un symbole qui joue un rôle théologique primordial au cours des célébrations liturgiques.

    Et cela, non seulement durant les temps fort de l’Avent et de la Nativité. Tout le cycle du calendrier liturgique, notamment le temps pascal, déploie abondement le riche symbolisme de la lumière.

    Signe sensible du mystère du salut

    Le symbole de la lumière constitue en lui-même une image dont le contexte de la célébration permet de décrypter le sens qu’il faut lui donner.

    Dans le contexte liturgique, comme c’est le cas pour les textes bibliques, la lumière évoque et représente en effet le salut apporté par Dieu, au plus haut point, dans la mort et la résurrection du Christ. Ceci se révèle typiquement au cours de la veillée pascale, lors que le cierge allumé représente le Christ ressuscité, derrière lequel la communauté des fidèles rassemblés se met en marche. En évoquant le Christ ressuscité, la lumière du cierge pascal relie les participants à lui et entre eux.

    Si la lumière de la Nativité est plutôt en opposition avec le péché et les ténèbres du monde, celle de Pâques l’est vis-à-vis de la mort, vaincue dans la résurrection du Christ au matin de Pâques. Mais la nuance est faible par rapport à la signification salvifique commune ces temps liturgiques. Ils célèbrent bien tous les deux ce même mystère du salut.

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    De l’anthropologique au théologique

    La liturgie dévoile la signification théologique de la lumière sous plusieurs modalités. Mais cette puissance évocatrice de la lumière s’enracine tout d’abord dans une expérience anthropologique ancestrale qui remonte à la nuit des temps, comme aussi dans les rythmes cosmiques qui gouvernent la Création. En liturgie, elle s’enrichit et se déploie, en acquérant ses significations théologiques complémentaires, sa dimension mystagogique.

     * 14 - La lumière en liturgie

    Dans ce sens, l’acclamation du prêtre « Lumière du Christ », au début de la vigile pascale, à laquelle répond le peuple avec « Nous rendons grâces à Dieu », est emblématique. Elle indique en effet que le cierge pascal ne sert pas simplement à voir dans l’obscurité de la nuit pascale.

    Plus forte que les ténèbres du péché et de la mort

    Ce symbole se comprend donc à travers l’action liturgique, car c’est dans l’expérience rituelle que la lumière donne à voir le salut qu’apporte Dieu et l’espérance chrétienne qui s’enracine dans le Christ. Une espérance qui balise et accompagne toute la vie du chrétien, dès le baptême jusqu’à l’enterrement.

    D’une part, dans la liturgie du baptême d’un enfant, le petit cierge, allumé au cierge pascal et remis aux parrains et marraines, est le signe de la foi au Christ à laquelle ils sont invités à veiller. D’autre part, dans les funérailles, les cierges allumés au cierge pascal et posés autour du cercueil, symbolisent la foi en la résurrection du défunt, qui découle de la foi en la résurrection du Christ.

    Présence du Ressuscité au milieu de son Peuple

    Au-delà de vie nouvelle offerte par le Christ, le signe de la lumière renvoie aussi à la dimension cosmique. Intrinsèque à la liturgie, celle-ci fournit en effet d’autres caractéristiques au riche symbolisme qu’abrite la lumière.

    La célébration de la Nativité du Christ au cœur de l’hiver, c’est-à-dire au moment où la lumière est la moins présente dans l’hémisphère nord, n’est évidemment pas un hasard. Dans cette perspective astronomique, elle symbolise la puissance de vie salutaire que la venue du Christ a apportée à l’humanité qui s’égare.

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    Marque d’honneur

    Mais l’emploi de la lumière en liturgie est aussi un signe de respect envers Dieu. La Présentation générale du missel romain précise à cet égard, toute l’importance d’allumer au moins deux cierges pendant chaque célébration, ceci afin d’exprimer notre vénération et le caractère festif de la célébration.

    Car les cierges allumés désignent ce que les fidèles désirent honorer. Ils accompagnent la croix lors de la procession d’entrée, le Saint-Sacrement lorsqu’on le déplace dans l’église, l’évangéliaire avant la lecture de l’Évangile…, toutes des représentations symboliques spécifiques du Christ ressuscité au milieu de son Peuple.

    La lumière des cierges est une marque d’honneur venant de l’ancienne liturgie impériale romaine, une cérémonie qui accompagnait les déplacements de l’empereur. Et on trouvait ce même usage de la lumière pour le pape dans l’ancienne liturgie romaine.

    Dès le début de la chrétienté

    Les multiples usages de la lumière en liturgie ramènent donc à un seul et unique même mystère du salut. Le symbolisme de la lumière peut être repéré dès le début du christianisme et il est assez constant. Et c’est ce que montrent les Évangiles et les autres écrits du Nouveau Testament qu’on lit aujourd’hui pendant les liturgies des temps forts de l’année liturgique.

    Et les Pères de l’Église n’ont pas non plus hésité à déployer ce thème. Leurs sermons s’y réfèrent régulièrement, comme en témoignent, par exemple, les textes patristiques de l’Office des lectures.

    Une prise en compte de la lumière et de sa symbolique qui se reflétait clairement dans les liturgies de l’époque. Dans l’antiquité, les catéchumènes, juste avant leur baptême, renonçaient à Satan tournés vers l’Occident – le côté où le soleil se couche, donc le coté de l’obscurité et des ténèbres – et prononçaient leur adhésion au Christ en se retournant vers l’Orient – le côté où le soleil se lève, qui évoque donc la résurrection.

    Nouveau rapport à la lumière

    Si la lumière joue aujourd’hui encore un rôle principal dans la liturgie, à partir de l’époque contemporaine, l’introduction de l’illumination artificielle a eu un impact non négligeable sur ce symbole.

    À notre époque, sans doute, nous sommes moins sensibles à ce thème que dans les siècles passés. Cela parce que nous ne faisons pas l’expérience que la lumière nous « manque », du fait que nous pouvons nous éclairer artificiellement quand nous le voulons. Toutefois, son symbolisme reste bel et bien accessible parce que les rythmes cosmique et naturel entre été-hiver ou entre jour-nuit nous marquent toujours encore, physiquement et culturellement. De ce point de vue, la signification symbolique de la lumière demeure bel et bien efficace.

     * 14 - La lumière en liturgie

     La lumière dans la liturgie 

    Jésus nous dit : « Je suis la lumière du monde » (Jean 9,5). Il éclaire tout homme et dévoile le sens de toute chose.

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    Signe de l’être en prière

    Lors de la veillée pascale, la liturgie de la lumière est tout entière symbolique du passage de la mort à la vie, de la résurrection du Christ. L’annonce solennelle de la Pâque s’en fait l’écho : « La lumière éclaire l’Église, la lumière éclaire la terre… Ô nuit qui rend la lumière… ».

    Les fidèles reçoivent ensuite la lumière pour leur petit cierge, et s’avancent en procession derrière le cierge pascal, signifiant la marche du peuple de Dieu à la suite du Christ, accomplissant au passage la figure du peuple hébreu derrière la colonne de feu à travers la Mer rouge.

    Mais au-delà de la célébration communautaire, pendant une prière dans une église ou lors d’une liturgie domestique, allumer une bougie ou un cierge signifie l’attitude, la disposition à prier, voire la vigilance dans la prière, et continue à être signe du priant lorsqu’il a quitté le lieu de prière.

    Davide Pesenti – Site « Cath.ch »

    La veillée pascale

    C’est la célébration où le passage de la nuit à la lumière est le plus marqué. Elle commence avec la bénédiction du feu nouveau. Ce grand feu à l’extérieur de l’église nous rappelle que la présence de Dieu nous éclaire et nous réchauffe.

    « Lumen Christi – Lumière du Christ » : c’est par ce cri de naissance que commence la Veillée pascale. Il dit assez à quel niveau de valeur nous devons élever la lumière qui en est le symbole.

     * 14 - La lumière en liturgie

    Le cierge pascal

    Au grand feu extérieur on allume le cierge pascal qui représente le Christ ressuscité qui brille pour toute l’assemblée. Alors on acclame le Christ : « Joyeuse lumière, splendeur éternelle du Père, saint et bienheureux Jésus-Christ ». Nous nous transmettons la lumière du Christ et marchons derrière le cierge pascal en procession dans l’église qui reste dans l’obscurité. Maintenant des centaines de bougies brillent dans la nuit.

    Le cierge pascal est un grand cierge, orné d'une croix souvent de couleur rouge, béni et allumé au début de la célébration solennelle de la vigile pascale, la nuit de Pâques, durant laquelle les chrétiens célèbrent la résurrection de Jésus-Christ.

    Dans chacun des angles formés par les bras de cette croix, sont gravés les chiffres du millésime de l’année en cours. Au-dessus et au-dessous de la croix, la première lettre (Alpha) et la dernière lettre (Omega) de l’alphabet grec sont inscrites, manifestant que le Christ est « commencement et fin de toutes choses ».

    Pendant tout le temps pascal, ce grand cierge est allumé près de l’autel. Il est le symbole du Christ Ressuscité.

    En dehors de Pâques, le cierge pascal est conservé dans le baptistère et allumé pour chaque baptême. En effet, sa flamme sera utilisée pour allumer la bougie baptismale qui sera donnée aux parrains des nouveaux baptisés, comme souhait d’une vie dans la foi et la lumière du Christ.

    C’est pourquoi on rallume donc le cierge pascal à chaque baptême, dont la liturgie utilise toujours le cierge comme référence au mystère de Pâques, qui est au cœur du baptême. Par le baptême, en effet, le nouveau chrétien est plongé dans la mort et la résurrection du Christ. C’est à partir de sa flamme que le prêtre remet un petit cierge au parrain en disant que cette lumière doit accompagner l’enfant toute sa vie.

    On retrouve aussi le cierge pascal aux inhumations parce que le Christ accompagne la vie des hommes du début à leur fin. Il est le signe de foi et d’espérance en la Résurrection, symbole d’espoir, de résurrection et de vie éternelle.

    Le cierge pascal est placé dans le sanctuaire de l'église, près de l'autel et y reste jusqu'au jour de la Pentecôte. Le cierge signifie la présence du Christ ressuscité dans son Église.

    Le cierge pascal est utilisé lors des messes des dimanches du temps pascal jusqu'au dimanche de la Pentecôte. Par la suite, il est ensuite utilisé tout au long de l'année jusqu'au Carême de l'année suivante.

    Texte élaboré à partir de Wikipédia

     * 14 - La lumière en liturgie

    De tous les luminaires de la liturgie, le cierge pascal tient une place à part. La Vigile pascale, sommet de l’année liturgique, s’ouvre par la bénédiction de feu nouveau et du cierge pascal auquel il est allumé.

    Ce cierge pascal porte plusieurs symboles du Christ : la croix ; l’alpha et l’oméga, première et dernières lettres de l’alphabet grec, rappelant ainsi l’Apocalypse « Moi, je suis l’alpha et l’oméga, dit le Seigneur Dieu » (Ap 1, 8) ; les quatre chiffres de l’année en cours ; cinq grains d’encens fixés à la croix pour rappeler les 5 plaies du Christ crucifié. Et lorsqu’on entre en procession dans l’église, c’est en suivant le cierge pascal allumé dont la flamme allumera ensuite les cierges des fidèles.

    Nous faisons ainsi mémoire de la lumière reçue au baptême et de ce qui constitue le but de la vie chrétienne : marcher à la suite de Christ.

    Pendant les cinquante jours du temps pascal, il brillera au cœur de toutes les célébrations et, pendant toute l’année lors des célébrations de funérailles, signe de l’espérance du passage dans la lumière de Dieu.

    Serge Kerrien, Diacre du diocèse de St-Brieuc-Tréguier

    Le cierge pascal est allumé pendant la Veillée pascale, la messe solennelle célébrée après le coucher du soleil le samedi saint et avant l’aube le dimanche de Pâques, pour célébrer la résurrection de Jésus. Plus que dans toute autre circonstance, la bougie allumée symbolise Jésus comme la « Lumière du Monde », ressuscité de la mort pour illuminer le chemin de ses enfants et leur garantir le salut.

    Le cierge pascal est ensuite laissé tout près de l’autel pendant tout le temps de Pâques et est éteint à la Pentecôte, lorsque l’Ascension de Jésus à la gloire du ciel est célébrée.

    Extrait du site « Holyart »

     * 14 - La lumière en liturgie

    Le cierge pascal : la lumière qui nous libère des ténèbres

    Le postulat Christ-Lumière est un des plus récurrents dans la religion chrétienne-catholique. Depuis les origines de la liturgie, la lumière des lampes et des bougies a été utilisée comme symbole de la lumière du Christ ressuscité, cette lumière capable de dissiper les ténèbres de la nuit la plus sombre.

    La première chose que Dieu créa, c’est la lumière. Et tout au long de la Bible on souligne comment elle est le signe de la présence de Dieu, manifestation de sa grandeur.

    Mais c’est surtout à travers Jésus que la valeur symbolique de la lumière connait sa consécration.

    Jésus parle de lui-même comme de la vraie lumière et de ses disciples comme de la lumière du monde, qui « luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres et qu’ils glorifient votre Père qui est dans les cieux. » (Matthieu 5, 16).

    En particulier, le grand cierge pascal qui est allumé à l’occasion de la Veillée de Pâques, pour être placé dans le baptistère et porté en procession solennelle, possède en soi une valeur symbolique très forte.

    Dans l’obscurité qui caractérise la veillée de Pâques, le cierge pascal est allumé par le prêtre afin d’éclairer le sombre abîme dans lequel vaguent les hommes, privés de la lumière de l’espoir, de la nouvelle vie. Il suffit de cette faible petite flamme pour faire renaître l’espoir, pour rallumer chez chacun l’étincelle de la Foi.

    À la lueur bénite du cierge les fidèles se redécouvrent fils de la lumière, en communion avec Dieu et avec les autres frères. La lumière des bougies, et en particulier celle du cierge pascal, inspire tous les participants avec la splendeur du Christ qui ressuscite des ténèbres de la mort et vainc le mal.

    La nuit n’est plus sombre, mais éclairée par la présence du Christ et elle se remplit de chants de joie et d’espoir. Chaque faute est lavée, chaque péché pardonné dans une renaissance commune.

    Le cierge pascal sera au centre de toutes les célébrations pour les cinquante jours de Pâques. Il se consommera, comme Jésus s’est consommé devant Dieu, par amour des hommes, en s’immolant complètement. Son sacrifice se renouvèle chaque année par ce symbole de salut et de rédemption qui brûle, dont la fumée, en montant au ciel, rappelle l’ascension de Celui qui, revenu de la mort, apporte lumière et paix aux hommes jusqu’à la fin des temps.

    Extrait de « Holyblog »

     * 14 - La lumière en liturgie

     Les bougies liturgiques 

    Nous allons essayer de connaître et d’identifier les différentes bougies liturgiques, de découvrir leur signification et leur importance dans le contexte des rites sacrés.

    Depuis leur création, les bougies sont apparues dans les rites et les cérémonies de nombreuses religions. Pensez par exemple à la religion juive, l’allumage de bougies le vendredi soir pour célébrer le début du shabbat, ou la fête de Hanoukka, la fête des lumières, pendant laquelle chaque nuit pendant huit jours consécutifs une bougie est allumée qui commémore la consécration d’un nouvel autel dans le Temple de Jérusalem après la liberté acquise sur les envahisseurs helléniques. En outre, les juifs ont l’habitude d’allumer une bougie qui dure 24 heures pour commémorer l’anniversaire de la mort d’un être cher. Le christianisme a rendu les bougies et leur lumière encore plus importantes.

    « Et Dieu a dit : Que la lumière soit ! Et la lumière fut » (Gen 1.3). La création de la lumière par Dieu le Père est l’une des premières choses que nous lisons dans la Bible. C’est son premier don au monde, la première manifestation visible de Sa Volonté, de Son Essence, parce que là où il y a Dieu, il ne peut plus y avoir d’obscurité. Mais pas seulement. C’est la lumière qui nous permet de voir, de constater la magnificence du monde créé par Dieu. Sans la lumière, la Création elle-même n’aurait aucune raison d’exister et perdrait une grande partie de son immense grandeur. Un monde qui ne peut être admiré n’existe pas.

    À partir de ce moment, de cette première étincelle née d’un acte d’amour et de volonté, l’idée de Dieu est constamment reliée à celle de la lumière. Une lumière qui illumine, réchauffe, vivifie, nourrit et « contamine » les couleurs baignées, enveloppées et nourries par elle, les rendant plus belles.

    Les bougies liturgiques sont liées à cette idée de Dieu compris comme lumière, et surtout de Jésus comme Lumière de Dieu. Jésus est défini à plusieurs reprises dans les Saintes Écritures comme la « lumière qui illuminera le monde ».

    Il est donc normal qu’à l’intérieur des églises, des bougies soient placées sur l’autel, ou près du tabernacle, et qu’elles soient les protagonistes des rites et des célébrations. De plus, l’Église utilise des bougies dans presque tous les sacrements, du baptême à l’extrême-onction, comme éléments symboliques irremplaçables.

    Extrait du site « Pôle Missionnaire Catholique de Fontainebleau »

     * 14 - La lumière en liturgie

    La bougie de baptême

    Le baptême est le premier sacrement donné au nouveau chrétien. Habituellement, cela se produit lorsqu’il est encore nouveau-né s’il appartient à une famille religieuse, mais le baptême peut être célébré à tout âge. Il est fondamental et indispensable, parce que c’est avec lui que le péché originel est lavé de l’âme, nous rendant purs et prêts à accueillir Dieu dans notre vie.

    En plus de la présence d’un prêtre qui prononce les paroles du rite et fait les gestes nécessaires pour que le nouveau fidèle commence sa nouvelle vie de foi, le baptême implique l’utilisation de certains objets qui, dans ce contexte, assument un ensemble de significations profondes et symboliques.

    Il y a l’eau, bien sûr, qui lave le péché originel ; l’huile de catéchumènes, appliquée sur la poitrine comme un bouclier contre la tentation et le mal ; le chrême, qui consacre le nouveau baptisé à Dieu ; la robe blanche, symbole de pureté et de renaissance ; et enfin la bougie allumée, qui est donnée aux parrains qui accompagnent le nouveau chrétien et qui symbolise le Christ, lumière du monde.

     * 14 - La lumière en liturgie

    Le symbolisme de la bougie allumée à la fin du rite du baptême a des origines anciennes et exprime différents aspects de la vie spirituelle du nouveau baptisé.

    Tout d’abord, il y a le souhait de ceux qui l’aiment qu’il ou elle puisse trouver la lumière dans sa vie (Jn 8:12 – « Je suis la lumière du monde »). Le désir d’une vie avec le Christ et dans le Christ, donc, éclairé par sa présence et par son exemple. Le fait qu’aujourd’hui la bougie soit remise aux parrains est significatif de leur rôle. La bougie mise entre leurs mains symbolise le fait que le nouveau baptisé n’aura pas à effectuer sa recherche de lumière seul, mais que ces accompagnateurs forts et sages le guideront en tout temps pour l’aider, le conseiller et faire en sorte qu’il puisse devenir un vrai chrétien.

    Deuxièmement, la bougie du baptême indique que le nouveau baptisé lui-même doit devenir la lumière du monde (Mt 5:14 – «Vous êtes la lumière du monde ; une ville placée sur une montagne ne peut rester cachée») et pour ce faire doit mener une vie de témoignage laborieux (Mt 25:1-15 Parabole des vierges sages et des vierges folles).

    La bougie de baptême accompagne les fidèles tout au long de leur vie religieuse. En fait, elle doit être ramenée à l’Église à l’occasion des autres sacrements. C’est une sorte de « document d’identité » du fidèle, un laissez-passer qui lui permet d’avoir accès aux célébrations religieuses qui accompagneront les moments les plus importants de son existence.

     * 14 - La lumière en liturgie

     Les cierges de dévotion ou bougies votives 

    Les bougies votives allumées par les fidèles devant un autel ou une statue de Jésus, de Notre-Dame ou d’un Saint, ont une signification très précise.

    Ce n’est pas une simple offrande qu’un chrétien fait pour accompagner sa prière, pour la fortifier ou pour demander la grâce. La bougie allumée symbolise le chrétien lui-même, le fait d’être un enfant de lumière et donc un enfant de Dieu.

    Allumer une bougie et l’offrir est une façon d’affirmer sa volonté de suivre l’exemple de Jésus, d’être la « lumière du monde ». Allumer une bougie votive exprime aussi la volonté de confier ses paroles et ses pensées au Seigneur, à Notre-Dame, aux saints. C’est une demande d’aide, d’une lumière qui illumine nos vies d’en haut, peut-être à un moment où nous luttons dans les ténèbres. Enfin, l’offrande que nous laissons pour allumer la bougie est un sacrifice qui accompagne notre prière par des actes et rend tangible notre intention de Foi.

    Les statues et images

    Qu’il s’agisse de cierges ou de votives, nous les faisons brûler devant les représentations de la Vierge Marie ou des Saints. Ils sont le signe d’une piété populaire encore forte et qu’il ne faudrait pas mépriser. Pour demander une grâce ou remercier pour une grâce obtenue, beaucoup n’ont pas les mots de la prière.

    La flamme qui brûle dit leur amour de Dieu, de Marie, d’un Saint. Elle devient un langage et une façon de s’unir à Dieu et à l’Église du ciel.

    Les processions

    Ces cierges accompagnent aussi les processions de nuit dans les sanctuaires dédiés à la Vierge. Comme autant d’étoiles dans la nuit, ils honorent la Vierge Marie et disent, en même temps, le désir de celles et ceux qui les portent de témoigner au monde du Christ, lumière de leur vie.

    Dans la liturgie

    Lumières vives dans la liturgie, dans la pénombre de plus humbles chapelles, les cierges et les flambeaux nous rappellent la présence vivante du Christ ressuscité. Flammes portant à Dieu nos prières, ils nous invitent à vivre en disciples comme Jésus l’a déclaré : « Vous êtes la lumière du monde » (Matthieu 5, 14).

    Serge Kerrien, Diacre du diocèse de St-Brieuc-Tréguier

    Site « Liturgie et sacrements » édité par le Service National de la Pastorale Liturgique et Sacramentelle – Conférence des Evêques de France

     * 14 - La lumière en liturgie

    Bougie de tabernacle

    La lumière qui illumine le Tabernacle, indiquant la présence du Christ en son sein, mériterait un discours à part. C’est généralement une lampe, pas une bougie. Cependant, il faut se rappeler que de toutes les lumières qui illuminent nos églises, c’est l’une des plus importantes et des plus précieuses, avec sa flamme ardente qui symbolise Jésus et la foi de ceux qui l’aiment, sa lumière inépuisable qui reste allumée pour nous, même lorsque nous avons quitté l’église, comme la promesse d’un endroit sûr où nous pouvons revenir à tout moment.

     * 14 - La lumière en liturgie

    La couronne et les bougies de l’Avent

    La couronne de l’Avent est une coutume développée en Europe, depuis le milieu des années 1800, pour marquer les quatre semaines précédant la Noël. Elle est composée d’une couronne de branches à feuillage persistant tissées ensemble, qui supportent quatre bougies. Tous les dimanches de l’Avent, une bougie est allumée.

    À l’origine, la couronne de l’Avent comprenait une bougie pour chaque jour de l’Avent, et souvent, même dans les couronnes modernes, une cinquième bougie est insérée, qui est allumée à Noël. Les couronnes sont gardées dans la maison et la tâche d’allumer les bougies est généralement confiée au plus petit de la famille.

    Chacune des quatre bougies de l’Avent a son propre nom et sa propre signification.

    1. Le premier dimanche de l’Avent, on allume la « Bougie du Prophète » ou « Bougie de l’Espoir ». Elle rappelle les prophéties sur la venue du Messie.
    2. Le deuxième dimanche de l’Avent, la « Bougie de Bethléem » ou « Bougie de l’appel universel au salut » est allumée. Il rappelle la ville où le Messie est né.
    3. Le troisième dimanche de l’Avent, la « Bougie des bergers » ou « Bougie de la joie » est allumée. Elle rappelle les bergers qui furent les premiers à adorer Jésus. Habituellement, elle a une couleur différente des autres, parce que le troisième dimanche de l’Avent, la liturgie prévoit que le prêtre porte des vêtements roses au lieu de violets.
    4. Le quatrième et dernier dimanche de l’Avent, on allume la « Bougie des Anges ». Rappelez-vous que les anges ont été les premiers à annoncer la naissance du Sauveur au monde.

     * 14 - La lumière en liturgie

    Les bougies de la Chandeleur

    La présentation de Jésus au Temple est célébrée quarante jours après Noël. Cette fête est connue de tous sous le nom de « Chandeleur » et doit son nom à l’ancien proverbe populaire : « À la sainte Chandeleur, s’il neige ou s’il pleut, nous sommes sortis de l’hiver ». Elle est liée aux fêtes de la fin de l’hiver, qui sont célébrées en même temps, et aux nombreuses bougies qui sont bénies et allumées pendant la célébration. Une fois de plus, le rite repose sur Jésus, la Lumière du Monde. Dans l’Évangile de Luc, Jésus est conduit au temple par ses parents et Siméon déclare avec émotion : « Maintenant, Seigneur, que ton serviteur aille en paix, selon ta Parole, parce que mes yeux ont vu ton salut, préparé par toi devant tous les peuples : lumière pour éclairer les païens et la gloire de ton peuple, Israël » (Luc 2:25-35). L’allumage des bougies de la Chandeleur est donc un hommage à Jésus, porteur de lumière, et un geste qui exprime la volonté de chasser les ténèbres.

    Extrait du site « Holyart »

     * 14 - La lumière en liturgie

     Lumière et flambeaux dans la liturgie 

    Qu’en est-il de la lumière vive de nos liturgies ?

    Un peu d’histoire

    Depuis les plus anciennes civilisations, l’opposition de la lumière aux ténèbres a existé ; les religions ont intégré ce symbolisme, donnant à la lumière de porter la joie, la fête, la vie, et à l’obscurité de représenter les forces des ténèbres, le mal et la mort.

    Dans la religion juive

    La lumière y tient une place importante. Au temple de Jérusalem, une lampe était perpétuellement allumée. On faisait aussi brûler des lampes sur les tombes des prophètes et la fête d’Hanoukka, appelée aussi fête des lumières, rappelait la nouvelle dédicace du temple après sa profanation. Le repas du sabbat ou le Seder, pendant la Pâque, comportent un rite de la lumière.

    A Rome

    Les rites païens romains utilisaient aussi la lumière. Les Romains allumaient des lampes dans les temples et aux portes de leurs maisons, à l’occasion des fêtes religieuses. Ils faisaient brûler des lumières devant les idoles, les statues de l’empereur et les tombes de leurs défunts.

    Dans l’Église antique

    L’usage des flambeaux et des lumières nous vient donc de traditions très anciennes que les premières communautés chrétiennes vont reprendre.

    Dès le 2ème siècle, on allume des lampes à huile lors du lucernaire (prière qui avait lieu vers 18 h dans les maisons ou les églises-maisons).

    Cet office est à l’origine des Vêpres ainsi que de la bénédiction du feu et du cierge à la vigile pascale.

    Au 3ème siècle, on portait des luminaires dans les processions de funérailles et on en plaçait sur les tombes. Au 4ème siècle, l’usage se développa d’en placer devant les reliques et les images des saints.

    Désormais, les luminaires seront un élément habituel du culte et, progressivement, ils trouveront leur place dans la procession d’entrée, la procession de l’Évangile, autour, puis sur l’autel.

     Quel en est le sens ? 

    Si on se rapporte aux pratiques de l’empire romain, on sait que les dignitaires étaient accompagnés, dans leurs déplacements, de porteurs de torches. Cette pratique s’étant étendue aux évêques, il est vite apparu que les luminaires devaient en premier lieu honorer le Christ, particulièrement l’autel qui en symbolisait la présence. Les luminaires qui accompagnent la procession de l’Évangile, comme la lampe à la réserve eucharistique tiennent du même symbolisme. Et si les lampes à huile qui brûlaient dans la liturgie du début de l’Église avaient un aspect utilitaire, elles ont rapidement pris une dimension symbolique, comme les cierges que nous utilisons maintenant. La lumière est indissociable du Christ dont saint Jean rapporte les paroles : « Je suis la lumière du monde » (Jn 8, 12). Indissociable aussi de l’identité chrétienne puisque le baptisé reçoit, à la fin des rites du baptême, un cierge allumé accompagné de ces mots : « Recevez la lumière du Christ ». Le signe est fort : le baptisé doit vivre en « enfant de lumière » (Ep 5, 8).

    Serge Kerrien, Diacre du diocèse de St-Brieuc-Tréguier

     * 14 - La lumière en liturgie

     Les cierges dans l’eucharistie 

    Quand nous célébrons l’eucharistie, la procession est normalement constituée de deux porte-flambeaux. Cette lumière accompagne la croix du Christ.

    Puis nous la trouvons sur l’autel, deux ou plusieurs cierges allumés. Ils nous rappellent tout le mystère du Christ présent réellement au milieu de nous.

    Les deux cierges apportés auprès de l’ambon lors de la proclamation de l’Évangile signifient que le Christ est présent quand l’Évangile est annoncé dans l’assemblée. Il est lumière pour la route.

    Tout ce qui est fait dans la liturgie a toujours un sens et que la beauté de notre geste exprime ce sens. Plus le geste du servant d’autel sera beau, moins on aura besoin de l’expliquer. Il parlera au plus profond de son cœur, et lui permettra rencontrer Dieu.

    Un symbole biblique

    La lumière est l’une des réalités que l’homme de la Bible connaît le mieux. Elle l’éveille chaque matin à une vie nouvelle qui resurgit afin de quitter le royaume de la mort de la nuit. La lumière est associée à la pensée de Dieu, à la vie, au salut : pas de vie sans eau, mais aussi, pas de vie sans lumière.

    C’est ce que nous apprend le récit de la création dans la Genèse où le premier acte de Dieu consiste à séparer la lumière des ténèbres : « Dieu dit : ‘’Que la lumière soit.’’ Et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière des ténèbres. Dieu appela la lumière ‘’jour’’, il appela les ténèbres ‘’nuit’’. Il y eut un soir, il y eut un matin : ce fut le premier jour. » (Genèse 1, 3 – 5). La séparation de la lumière et des ténèbres laisse supposer que l’obscurité et la lumière étaient à l’origine confondues.

    La lumière est liée à l’image de la vie et donc de Dieu.

    • Déjà dans la première Alliance, Dieu lui-même est Lumière pour son peuple : par exemple, pour la sortie d’Égypte : « Le Seigneur lui-même marchait à leur tête : colonne de nuée le jour pour leur ouvrir la route, colonne de feu la nuit pour les éclairer » (Exode 13, 21). La loi est considérée comme une lumière éclairant la route de l’homme « Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route » (Psaume 118, 105).
    • Dans l’Évangile, Jésus se présente lui-même clairement : « Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres. il aura la lumière de la vie » (Jean 8,12). Les chrétiens, appelés des ténèbres à la lumière, deviennent eux-mêmes « Lumière du monde » et eux qui sont « des enfants de Dieu sans tache » doivent « briller come les astres dans l’univers ». (Philippiens 2, 15).

     * 14 - La lumière en liturgie

    Des signes dans la liturgie

    La Présentation Générale du Missel Romain prévoit que des cierges soient allumés sur l’autel ou à proximité pour toute célébration de l’eucharistie. Ce doit être une flamme vive comme symbole du Christ vivant. En conséquence le Rituel de l’eucharistie en dehors de la messe précise :

    « Dans l’exposition du Saint-Sacrement faite avec l’ostensoir, on allume autant de cierges que pour la Messe » (n° 85).

    N’oublions pas que nous trouvons aussi la lumière comme signal de la présence eucharistique près du tabernacle.

    Dominique Lacroix - Article paru dans la revue « Servir » n° 250

    Jeux de lumière

    Bien que la liturgie comporte une certaine mise en scène et ait un aspect spectaculaire, elle n’est pas du théâtre. Une utilisation scénique des jeux de lumière n’y est pas interdite, mais elle sera sévèrement contrôlée pour ne pas dériver vers le « show ».

    Par exemple, s’il est légitime que le chœur soit davantage éclairé que la nef, on n’ira pas jusqu’à laisser l’assemblée dans l’ombre, car ses membres sont intégralement acteurs de la célébration. Même dans le cas d’une adoration du Saint-Sacrement, on se gardera de n’éclairer que l’ostensoir, car, selon le rituel de l’Eucharistie en dehors de la messe, l’adoration du Saint-Sacrement est intimement liée à la messe, et, plus précisément, à la communion. Ce serait donc un contresens liturgique que de laisser les fidèles dans le noir puisque le but de leur adoration est de devenir ce qu’ils adorent, le corps du Christ, qu’ils ont reçu ou vont recevoir, selon la forte parole de saint Augustin « Devenez ce que vous recevez ».

    De même, il serait anormal d’éteindre presque toute l’église pour ne laisser qu’un spot sur le lecteur durant la lecture ou sur le président et l’autel durant la prière eucharistique. On peut renforcer l’éclairage du siège de présidence, de l’ambon et de l’autel au moment où ils servent, mais pas jusqu’à créer un effet « spot », comme s’il s’agissait de mettre en relief une vedette de la chanson ou de la danse. Il y a cependant au moins deux occasions où un tel jeu est possible durant la veillée qui précède la messe de minuit et à la fin de la célébration du Jeudi Saint, lorsque l’on passe de l’autel au reposoir : pour créer une atmosphère de recueillement, et servir de transition avec la fin de la messe, on éteint progressivement les lumières en lisant par exemple le début de la Passion selon Marc (Mc 14, 28. 32-38) : « Après le chant des psaumes, ils partirent pour le Mont des Oliviers. Ils parvinrent à un domaine appelé Gethsémani … ‘’Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation’’ ».

    Une autre occasion existe, mais hors célébration, dans la journée ou en fin d’après-midi. Un spot peut être dirigé vers le tabernacle ou vers une statue (de Notre-Dame, par exemple), pour inviter à la prière et favoriser le recueillement.

     * 14 - La lumière en liturgie

    Enfin, il y a une seule occasion liturgique où l’église doit être dans l’obscurité totale, étant sauf le minimum pour la sécurité, c’est lors de la procession d’entrée de la veillée pascale, ce qui suppose évidemment, comme l’Église le demande, qu’on attende qu’il fasse nuit pour allumer le feu pascal.

    Claude Duchesneau, Centre Nationale de Pastorale Liturgique (CNPL)

    Article publié dans la revue « Chroniques d’art sacré » n° 60, hiver 1999, p 12-14.

     * 14 - La lumière en liturgie

    La lumière des cierges

    Il s’agit donc d’une lumière symbolique, mais son symbole peut être extensible. L’autel étant pourvu, il peut y avoir plus au moins de cierges, selon le degré festif de la célébration (plus à Pâques qu’en Carême), selon l’Évangile (aveugle-né, Christ-Roi …) ou selon des circonstances ponctuelles (jubilé de l’an 2000, fête du saint patron de la paroisse…).

    Il y a alors deux moyens différents à utiliser : les cierges fixes (le cierge pascal, les cierges de l’ancien maître-autel, tel chandelier posé à côté de l’ambon…) et les cierges mobiles, portés par des enfants de chœur ou des fidèles jeunes ou adultes.

    Ce serait une erreur qu’il y ait une célébration autre que la veillée pascale où tous les fidèles tiendraient un petit cierge. En revanche, il peut exister des cas où un petit groupe porte de petits cierges de façon significative : la profession de foi en fait partie.

    Mais ce peut être aussi un petit groupe d’enfants, de jeunes et même d’adultes qui, pour une occasion exceptionnelle, se joignent à la procession d’entrée, entourent le prêtre ou le diacre qui proclame l’Évangile et qui, peut-être, formeront un demi-cercle dans le chœur lors de la prière eucharistique et partiront accompagner ceux qui donneront la communion. On pourrait le faire, aussi, avec les membres d’une équipe d’animation paroissiale (ou pastorale), lors de leur nomination et envoi en mission. Chacun dépose son cierge dans un bac à sable, ou sur un support métallique, formant un grand brasier de lumière. Enfin, l’architecture de certaines églises permet, pour les grandes fêtes, de mettre un cierge (ou un petit lumignon rouge) à l’entrée de l’édifice et à chaque pilier.

    Bien qu’elle ne soit pas directement liturgique, la pratique de faire brûler un cierge est belle et fructueuse, si elle est bien organisée. Certains la refusent ou la limitent sous prétexte qu’elle aurait des relents de superstition ou de dévotion déplacée (on met un cierge à sainte Thérèse, mais on ne va même pas s’agenouiller devant le Saint-Sacrement).

    Plusieurs points sont à considérer. D’abord, on ne peut pas juger les consciences ni les intentions. Ensuite, c’est une occasion, pour certaines personnes assez éloignées de l’Église, de faire une démarche religieuse. Enfin, beaucoup de ceux qui font cette démarche sont en situation de pauvreté, de peine, voire de détresse. Leur geste n’en est que plus respectable. La lumière de ces cierges dans l’obscurité des églises reste longtemps un témoignage de leur foi et un appel à la prière pour ceux qui entreront ensuite dans l’édifice. Quelques textes de l’Évangile ou du saint peuvent être laissés à côté des cierges. Ils serviront à christianiser davantage la prière de supplication ou de remerciement qui accompagne le geste.

    Claude Duchesneau, Centre Nationale de Pastorale Liturgique (CNPL)

    Article publié dans la revue « Chroniques d’art sacré » n° 60, hiver 1999, p 12-14.

     * 14 - La lumière en liturgie

     La théologie de la lumière 

    Il est urgent, alors que l’Église apparaît aujourd’hui aux yeux de nombreux observateurs comme étant au bord de l’effondrement, d’analyser les causes profondes qui nous ont amené à la débâcle liturgique, doctrinale, et pastorale actuelle. Il apparaît en effet de plus en plus évident, au fur et à mesure que la crise de l’Église déploie toute son étendue, que cette crise provient d’un très profond effondrement de la spiritualité dont les racines sont à rechercher dans le Moyen-âge finissant et aux débuts de l’ère dite moderne.

    Depuis les origines du christianisme et jusqu’à la fin de la période médiévale, la foi chrétienne était conçue, non pas comme un simple « sentiment religieux » subjectif, mais comme une adhésion à une réalité, à la Vérité, par nature immuable et objective.

    Pour les Anciens, Dieu était la réalité suprême, le Créateur des mondes visible et invisible, le grand ordonnateur de la course des astres dans l’Univers et de toute la Création. L’homme pouvait ainsi parvenir à la connaissance de Dieu par deux voies : la Foi dans les vérités révélées, d’abord. Mais aussi par la contemplation du réel, du Cosmos, de la nature, l’activité rationnelle étant ainsi intégrée dans la recherche du Logos divin.

    Cette contemplation, loin de se limiter, comme le fera plus tard le scientisme moderne, à une connaissance purement matérialiste et utilitariste de la matière, reconnaissait au réel une dimension symbolique et métaphysique, intégrant donc l’ensemble de l’Univers dans une vision sacrale du monde. L’une des manifestations de cette adhésion radicale au réel dans toutes ses dimensions (matérielles comme spirituelles) était la « théologie de la lumière », déjà portée par les Pères des premiers siècles, et qui a dominé toute la théologie médiévale occidentale (et orientale encore de nos jours), déterminant la forme et les dimensions des édifices sacrés.

    Pour cette sublime théologie, la lumière naturelle (lumen, en latin) ne se réduit pas à être un simple phénomène purement physique, mais est aussi et surtout un signe métaphysique qui exprime la Lumière divine (Lux) dont l’importance est absolument fondamentale dans la foi chrétienne, en particulier dans la théologie de l’apôtre Saint Jean : « Dieu est Lumière ; en Lui, il n’y a point de ténèbres » (1 Jn 5).

    Dans la théologie johannique, puis patristique et médiévale, la lumière naturelle, créée par Dieu, est une manifestation divine, une théophanie. En la contemplant, il y a quelque chose de la Lumière ineffable de Dieu que nous contemplons. En outre, en contemplant un phénomène réel et observable empiriquement, la foi ne peut pas dégénérer – comme elle le fera plus tard – en sentimentalisme subjectiviste, puisqu’elle s’appuie sur le réel objectif et tel qu’il nous est donné pour atteindre la plus haute mystique. De ce fait, comme le prouvent les témoignages les plus anciens, la liturgie chrétienne, tant en Occident qu’en Orient, était quasi-systématiquement orientée vers le Soleil Levant, symbolisant le Christ ressuscité, Lumière du Monde, revenant dans la gloire à la fin des temps. Non seulement tous les édifices sacrés ou presque étaient orientés, mais le mur absidial des églises romanes puis gothiques était souvent percée d’une fenêtre pour laisser rentrer à flots dans le sanctuaire la lumière du matin, pendant que se déroulait le sacrifice eucharistique.

    Il serait trop long de recenser, en outre, toutes les allusions à cette théologie de la lumière dans les textes liturgiques médiévaux. Prenons à titre d’exemple les paroles de la magnifique hymne grégorienne Lucis Creator optime, attribuée au pape S. Grégoire le Grand (6ème – 7ème siècle) et toujours chantée aujourd’hui lors de l’office des Vêpres : « Dieu bon, Créateur de la Lumière, qui avez produit le flambeau des jours / Vous avez préludé à l’origine de ce monde, au premier jour, cette lumière qui jusqu’alors n’avait pas brillé… ».

    Du « fiat lux » de la Création primordiale, par lequel Dieu, au commencement des siècles, fit passer l’univers du néant à l’existence, à la Lumière mystique et intérieure apportée par le Christ lors de la Révélation chrétienne, il y a une remarquable et évidente continuité. Le Christ, en effet, est le nouvel Adam d’une nouvelle Création, lui qui nous appelé des ténèbres à son admirable Lumière (1 Pierre, 2, 9), lumière de sa vie et de sa résurrection, lumière de sa Parole et de son enseignement, et, finalement, lumière de son Etre même. Cette correspondance intime entre la lumière cosmique et solaire, la lumière liturgique des cierges, et la lumière intérieure et spirituelle, est également soulignée par les Orientaux, qui chantent à la fin de la Divine Liturgie un chant d’action de grâces qui commence par ces paroles : « Nous avons vu la vraie Lumière, nous avons reçu l’Esprit céleste, nous avons trouvé la foi véritable…». On le voit, la théologie de la lumière est absolument centrale dans toute liturgie authentiquement chrétienne.

    On mesure alors la véritable catastrophe spirituelle qu’a été à partir de la soi-disant « Renaissance », la perte du sens de cette symbolique splendide, et plus encore la généralisation en Occident de la « messe face au peuple », qui, en tournant littéralement le dos à l’Orient d’où jaillit la lumière, est la négation même de toute théologie liturgique un tant soit peu sérieuse et profonde.

    Georges Alswiller, de Pro Liturgia - Extrait du site « Esprit de la liturgie »

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André, Chevalier de la Sainte-Croix de Jérusalem

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    Références :

    https://www.cath.ch/newsf/la-lumiere-en-liturgie-symbole-du-ressuscite-signe-de-salut-3-6/

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Cierge_pascal

    https://www.holyart.fr/blog/accessoires-pour-la-liturgie/cierge-pascal-lumiere-libere-tenebres/

    https://www.polefontainebleau.fr/actualites/la-lumiere-dans-la-liturgie/

    https://www.holyart.fr/blog/accessoires-pour-la-liturgie/bougies-liturgiques-importantes/

    https://liturgie.catholique.fr/accueil/espace-et-acteurs/art-de-celebrer/3912-lumiere-dans-la-liturgie/

    https://liturgie.catholique.fr/accueil/annee-liturgique/du-careme-au-temps-pascal/la-semaine-sainte/1516-liturgie-et-lumieres-que-demande/

    https://espritdelaliturgie.wordpress.com/2019/05/25/la-theologie-de-la-lumiere/


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