• * 10 - L'hébreu

    Dossier « Approche du judaïsme »

    Parchemin 10 : 

      L’hébreu  

    Introduction

    L'hébreu est une langue sémitique, au même titre que l'arabe ou l'araméen. Son écriture se base uniquement sur les consonnes. Il s'agit donc d’un abjad. Pour des raisons de commodité, il est cependant possible de noter les voyelles. Ce procédé se généralise dès le 8ème siècle avant J.-C., sous l'impulsion des Massorètes. Ils ont élaboré plusieurs systèmes : les systèmes de Babylone et de Tibériade. Le système qui est actuellement utilisé quasi uniformément est le système de Tibériade : c’est celui que nous verrons dans la suite.

    L'alphabet utilisé en hébreu biblique (et dans les textes en hébreu moderne) est dit carré. Il s'agit en fait de l'alphabet araméen, emprunté lors de l'exil à Babylone. L'alphabet utilisé auparavant est parfois nommé « alphabet triangulaire ».

    L’hébreu

    L’hébreu (עִבְרִית / ivrit) est une langue appartenant à la branche centre-nord de la famille des langues sémitiques du groupe cananéen. Elle est étroitement apparentée au phénicien et aux langues araméennes ainsi qu'à l'arabe. Elle compte plus de 8 millions de locuteurs en Israël et en diaspora. L’hébreu est l’une des deux langues officielles de l’État d’Israël, avec l’arabe.

    Histoire de la langue hébraïque

    L’hébreu ancien

    De l’écriture égyptienne en hiéroglyphes dériva l’écriture protosinaïtique, suivie de l’écriture protocananéenne. Cette écriture évolua ensuite en écriture phénicienne considérée comme la mère des écritures grecque, paléohébraïque, samaritaine et araméenne.

    L’alphabet paléohébraïque

    L'alphabet paléohébraïque est une ramification de l'alphabet phénicien utilisé pour écrire l'hébreu à partir du 9ème siècle av. J.-C. L'écriture paléohébraïque sera utilisée jusqu'au 1er siècle de notre ère, alors définitivement supplantée par l'écriture araméenne également en usage depuis le retour d'Exil de Babylone au 5ème siècle av. J.- C.

    La plus ancienne inscription connue utilisant l'alphabet paléohébraïque est peut-être l'Ostraca de Khirbet Qeiyafa entre – 1050 et – 970. D'après certains spécialistes, on y retrouve les mots d'un texte en hébreu ; d'autres y voient un texte écrit en phénicien.

    Ensuite vient peut-être le calendrier de Gezer datant de la fin du 10ème siècle av. J. –C., que certains spécialistes identifient à un texte utilisant l'alphabet paléohébraïque, alors que d'autres y voient, tout comme l'ostraca précité, l'utilisation d'un alphabet phénicien. D'ailleurs, les inscriptions sur ce calendrier affichent de fortes ressemblances avec des inscriptions phéniciennes contemporaines à Byblos. L'Abécédaire de Zayit est daté par l'épigraphie de la même période.

    Des éléments en hébreu sont visibles parmi les inscriptions moabites de la stèle de Mesha. Des inscriptions en hébreu du 8ème siècle av. J. - C. montrent plusieurs caractères spécifiques et exclusifs faisant penser à certains chercheurs modernes que l'alphabet paléohébraïque était largement répandu chez les scribes. Bien que très peu d'inscriptions du 9ème siècle av. J. - C. aient été trouvées, la quantité de matériels épigraphiques du 8ème siècle démontre la diffusion progressive de l'instruction chez les peuples d'Israël et de Juda.

    Les manuscrits hébreux ont évolué en développant de nombreux éléments cursifs, les éléments lapidaires de l'alphabet phénicien étant progressivement mis de côté avec le temps. Ce rejet de l'écriture lapidaire peut expliquer pourquoi la coutume de l'érection de stèles par les rois portant des inscriptions votives pour leur divinité n'était pas largement diffusée en Israël. Même les inscriptions gravées du 7ème siècle av. J. - C. montrent des éléments de style cursif comme l'ombrage, qui est produit naturellement par l'utilisation d'un stylet et de l'encre. L'inscription de Siloé, de nombreuses inscriptions dans des tombes de Jérusalem et des centaines de sceaux hébreux du 6ème siècle av. J. - C. sont des exemples de ces éléments cursifs dans des gravures. Le manuscrit cursif le plus développé figure sur les 18 ostraca de Lakish, des lettres envoyées par un officier au gouverneur de Lakish peu avant la destruction de Jérusalem en 586.

    Après la capture babylonienne de Juda en 586 av. J. - C., la plupart des élites sont envoyées en exil. Les paysans, restés à Juda, continuent d'utiliser l'alphabet paléohébraïque tandis que les exilés adoptent la langue diplomatique de l'époque c'est-à-dire l'araméen, à la fois comme langue vernaculaire et comme alphabet1. Des anses de jarres du 6ème siècle av. J. - C., sur lesquelles figurent les noms de quelques viticulteurs, sont des exemples de cette survivance du paléohébraïque. Cependant, avec le retour des exilés après – 521, l'araméen, dont ils sont imprégnés, s'impose peu à peu. À partir du début du 5ème siècle av. J. - C., alors que l'araméen est devenu un moyen de communication officiel, l'alphabet paléohébraïque continue cependant d'être utilisé par des scribes érudits, pour la plupart sadducéens, pour écrire le Tanakh. Des fragments paléohébraïques ont été trouvés dans les rouleaux de la Mer Morte, notamment pour écrire le tétragramme Y H V H. La grande majorité des pièces de monnaie hasmonéennes, ainsi que celles de la première guerre judéo-romaine et de la révolte de Bar Kokhba, portent des légendes en paléohébraïque.

    L'utilisation de cet alphabet disparaît totalement après 135 apr. J. - C., du moins chez les Juifs. Les Samaritains continuent aujourd'hui à en utiliser une variante, l'alphabet samaritain.

    L'usage d'écrire Y H V H en caractères archaïques s'est prolongé jusqu'au 5ème siècle comme en témoigne Jérôme de Stridon.

    Le proto-hébreu

    Les lettres d’Amarna, ou de Tel-Amarna, sont une correspondance diplomatique égyptienne du 14ème siècle avant notre ère. Certaines lettres viennent de Canaan. Elles sont rédigées en akkadien, la langue diplomatique de l’époque. Mais elles comprennent beaucoup de mots et expressions de la ou des langues ouest-sémitiques parlées en Canaan. On y retrouve des parallèles linguistiques frappants avec l’hébreu de la torah, ce qui indique que des formes dialectales de proto-hébreu étaient parlées en Canaan avant l’installation des Hébreux eux-mêmes (Les lettres ne font pas mention des Hébreux, sauf peut-être sous la forme des Apirou, population mal identifiée dont le nom a un rapport possible avec « Hébreux »).

    Mais au-delà de ces indices linguistiques, la forme de ce ou de ces proto-hébreu(x) reste imprécise. On peut cependant remarquer que les anciens dialectes phéniciens (Liban actuel) connus sont très similaires à l’hébreu ancien, à tel point qu’on peut parler de formes géographiques d’une même langue, qui semble donc avoir été parlée (avec des variantes régionales) sur la côte syro-palestinienne. L’hébreu biblique provient donc d’une (voire plusieurs) de ces variantes géographiques dialectales.

    En juillet 2008 est découvert dans une strate datée entre - 1050 et - 970 l’Ostracon de Khirbet Qeiyafa qui pourrait être la plus ancienne trace écrite de l’hébreu sur le site de Khirbet Qeiyafa, une petite localité de l’Âge du Fer II A.

    L’hébreu biblique

    L’hébreu est la langue de la Bible hébraïque (תַּנַ"ךְ / tanakh) et de la Mishnah, alors que celle de la plupart des livres apocryphes (ספרים חיצוניים / sefarim hitsoniyim) est l'araméen. Les manuscrits de Qumran (ספרים גנוזות / sefarim guenouzot) découverts dans des grottes situées au Nord de la mer morte entre 1947 et 1956, sont eux aussi principalement écrits en hébreu. En dehors des copies de livres bibliques, seulement un manuscrit sur six était rédigé en araméen (un petit nombre de manuscrits étant aussi composé en grec).

    Dans la Bible, notamment dans le premier livre, la Genèse (בְּרֵאשִׁית / Bereshit), au chapitre 14, verset 13, on trouve אברם העברי / Avram ha-’ivri, il s’agit « d’Abram l’Hébreu » avant qu’il ne devienne Abraham (אַבְרָהָם / Avraham), mais le texte ne fait aucune mention de la langue parlée par celui-ci et ses descendants. Il est généralement admis que le terme « hébreu » viendrait de l’expression « מעבר לנהר / me-’ever la-nahar » (de l’autre côté du fleuve) qui désigne l’origine d’Abraham.

    Le texte de la Bible hébraïque en usage dans les éditions imprimées ou dans les rouleaux de la Torah à la synagogue est appelé texte « massorétique » (מסורת / massoret, signifiant « transmission »). Sa rédaction est le fruit d’un travail de plusieurs siècles, depuis l’époque des rois (8ème siècle av. J.-C.) jusqu’à celle des Maccabées (Livre de Daniel, 167 avant l’ère chrétienne), dont il est difficile d’établir les différentes étapes.

    L’hébreu biblique est une langue religieuse, sans doute différente de la langue parlée par la population. On y retrouve en effet essentiellement des termes pouvant être utilisés dans un contexte religieux. On a ainsi remarqué une certaine pauvreté de la langue biblique : la Bible ne comporte pas plus de 8 000 mots, dont 2 000 seraient des hapax (des termes n’apparaissant qu’une seule fois), et ces mots sont construits sur seulement 500 racines hébraïques. A titre de comparaison, à la même époque, le lexique grec comporte 120 000 mots. Un vocabulaire populaire plus diversifié, aujourd’hui disparu, a dû exister à côté de la langue formaliste et spécialisée de la Bible.

    L’hébreu mishnique

    Cette forme de l’hébreu correspond à une période de l’histoire de la langue hébraïque (Du 1er au 6ème siècle) qui correspond à peu près à la période du Talmud (Du 2ème au 5ème siècle), et celui-ci en est donc un témoignage. Elle est appelée aussi hébreu rabbinique ou langue des Sages.

    C’était une langue vivante utilisée dans la vie courante autant que dans la littérature comme l’attestent des documents épigraphiques et des manuscrits retrouvés par les archéologues en Israël, et réunis dans une banque de données israélienne. Elle a commencé à être étudiée linguistiquement par Abraham Geiger en 1845.

    L’hébreu mishnique contient certaines innovations par rapport à l’hébreu de la Bible, auquel il est postérieur de plusieurs siècles. Ces innovations portent en particulier sur les domaines de la syntaxe et du vocabulaire. Dans ce dernier domaine, on constate des emprunts aux langues politiquement et/ou culturellement dominantes de l’époque : araméen, grec, latin et persan.

    L’hébreu médiéval

    À partir du 10ème siècle, c’est en dehors de la Palestine, au milieu des diverses communautés juives de la diaspora (גלות / galout) que l’hébreu survit, jusqu’à sa remarquable renaissance en Israël au 20ème siècle à la suite des efforts d'Éliézer Ben-Yehoudah.

    Dans la vie quotidienne les juifs parlaient la langue du pays dans lequel ils vivaient, réservant la langue hébraïque au domaine cultuel. C’est en effet dans cette langue que les juifs de la diaspora priaient trois fois par jour, qu’ils lisaient la Torah et en étudiaient les commentaires ; c’est également en hébreu que des sages (חכמים / hakhamim) des différents pays correspondaient. La production hébraïque dans des domaines cultuels, culturels et professionnels montre la dynamique de la langue hébraïque sur la longue durée historique.

    L’hébreu moderne : ou la renaissance de la langue

    L’hébreu a connu au 20ème siècle une renaissance moderne sous l’impulsion d'Eliézer Ben Yehoudah (1858 – 1922).

    Le travail de Ben Yehoudah trouve son origine dans la période dite de la Haskalah (השכלה).

    La Haskalah

    La Haskalah est un mouvement philosophique influencé par le siècle des Lumières, lancé à la fin du 18ème siècle en Allemagne par Moses Mendelssohn (1729-1786), et qui entend mieux intégrer les Juifs dans leur environnement non juif, par la pratique d’une éducation « moderne », l’implication dans les débats philosophiques ou scientifiques, et l’intégration aux circuits économiques de l’époque.

    Une partie du mouvement s’est aussi attachée à une renaissance de l’usage de la langue hébraïque. Celle-ci était devenue exclusivement une langue religieuse utilisée pour le culte. Les partisans de la Haskalah, les maskilim (משכילים), du moins ceux intéressés par cette question, souhaitaient développer un usage laïc de la langue, et en répandre l’usage dans les populations juives.

    En 1793, le premier périodique en langue hébraïque est publié par des maskilim de la ville prussienne de Königsberg : המאסף / Hameasef (« le Collectionneur »). Une part importante du journal est consacrée aux traductions, à la philologie, à la création littéraire de type moderne et aux actualités.

    Dès 1853, Avraham Mapou, le père du roman hébreu, publie un « roman biblique » qui connaîtra un grand succès auprès des lecteurs : L’Amour de Sion.

    Shalom Abramovitch, plus connu sous le nom de Mendele Moich Sforim (Mendele le vendeur de livres), inventa après un détour via le yiddish une nouvelle prose hébraïque, mélange d’hébreu biblique et rabbinique.

    La Haskalah se développe progressivement dans l’Empire austro-hongrois puis dans l’Empire russe, où elle se heurte à l’hostilité de milieux plus traditionalistes, moins exposés à l’assimilation qu’en Allemagne.

    C’est en Europe centrale et orientale que se développe la presse hébraïque : plusieurs journaux naissent à Vienne, en Galicie (חלוץ / haloutsהשחר / hashahar) ou dans l’Empire russe (המגיד / hamagidהמליץ / hamelits). Ces derniers jouèrent un rôle clé dans la diffusion des idées « modernisatrices », des œuvres littéraires et de l’usage laïque de l’hébreu propre aux maskilim.

    Ces derniers furent très tôt confrontés à la relative pauvreté (8 000 mots et 500 racines) de la langue hébraïque, en particulier pour évoquer le monde moderne. Le problème avait deux origines : d’une part, l’hébreu était une langue datant de l’Antiquité, d’autre part il s’agissait d’une langue formaliste spécialisée dans le domaine religieux et qui n’était quasiment plus usitée en dehors du domaine religieux.

    Certains auteurs, comme Mendele Moich Sforim, commencèrent donc un travail de création lexicale, inventant de nouveaux mots sur la base de racines hébraïques et arabes.

    Les maskilim parvinrent ainsi à faire éclore l’usage littéraire de la langue hébraïque, partiellement modernisée.

    Ben Yehouda

    C’est en 1858 que naquit dans une bourgade lituanienne Eliézer Perlman. De son maître à la yeshiva (école talmudique), il apprit la grammaire hébraïque et lut en cachette, comme d’autres étudiants, le roman d’Avraham Mapou, L’Amour de Sion. Il poursuivit des études de médecine à Paris où il eut l’occasion de parler hébreu, et conçut le projet de faire revivre l’usage de cette langue. En 1878, il écrivit un article dans ha-shahar où il appelle les Juifs à parler l’hébreu.

    Sympathisant du premier groupe sioniste, les Amants de Sion, Eliézer Perlman choisit en 1881 le patronyme d’Eliézer Ben Yehouda et partit s’installer dans la ville de Jérusalem, en Palestine ottomane. Marié la même année, il décida de ne s’adresser à sa femme Deborah qu’en hébreu. Il interdit que l’on communique avec son fils, Ben Tsion (qui portera plus tard le nom d’Itamar Ben Avi), dans une autre langue. Les maskilim avaient développé une langue littéraire, mais c’est à l’initiative de Ben Yehouda que commença le renouveau de l’hébreu parlé.

    En 1894, Eliézer Ben Yehouda entreprit la rédaction d’un dictionnaire réunissant tous les termes hébreux utilisables en hébreu moderne. Pour ce faire, il se fonda sur l’hébreu religieux (biblique ou mishnaïque), ainsi que sur le travail de création lexical des premiers maskilim.

    Ce travail restant insuffisant, Eliézer Ben Yehouda fut à l’origine de nombreux néologismes comme « restaurant » (מסעדה / mis'adah), « journal » (עיתון / iton) ou encore « montre » (שעון / sha'on). Il est aussi à la base de l’usage de la prononciation séfarade (qu’il considérait être plus fidèle à la prononciation antique) de l’hébreu religieux comme base de la prononciation de l’hébreu moderne.

    Au bout de quinze ans, le premier volume du Thésaurus de la langue hébraïque ancienne et moderne était publié. Les sixième et septième volumes furent publiés peu avant sa mort, en 1922. Ce n’est qu’en 1959 que la série complète de seize volumes fut achevée.

    Oppositions et adhésions

     * L'hébreu

    Signalisation routière multilingue en hébreu, arabe et anglais.

    La pratique « vulgaire » et quotidienne de la « langue sacrée » (לשון הקודש / Lĕshôn Ha-Qôdesh) suscitera la très ferme hostilité des Juifs les plus religieux. Au cours du 20ème siècle, la plupart des haredim (ultra-orthodoxes) se rallieront cependant progressivement à la pratique quotidienne de cette langue « modernisée », tout en conservant l’hébreu religieux pour le culte.

    Certains groupes haredim actuels, comme l’Edah Haredit continuent de refuser l’usage laïc de l’hébreu, le réservant à un usage sacré. Les membres israéliens actuels de l’Edah utilisent ainsi toujours le yiddish comme langue parlée.

    À l’inverse, le mouvement sioniste défendit rapidement l’usage de l’hébreu modernisé des maskilim, plus particulièrement dans la version de Ben Yehouda.

    Si dans Der JudenstaatThéodore Herzl ne croit pas à l’hébreu comme langue uniforme de l’État juif, les organisations sionistes qui apparurent entre la fin du 19ème siècle et le début du 20ème siècle s’y rallièrent très rapidement. L’hébreu devint ainsi une des langues officielles de la Palestine mandataire (1922-1948), puis d’Israël après 1948.

    L’Académie de la langue hébraïque

    La langue est officiellement régie par l’Académie de la langue hébraïque (האקדמיה ללשון העברית / HaAkademia LaLashon Haivrit). Cependant, les Israéliens ont tendance à ne pas suivre les conseils que donne l'Académie hébraïque.

    Par exemple les recommandations en matière de prononciation de l'hébreu moderne n'ont pas été toujours suivies, alors qu'on retient par exemple la prononciation des consonnes gutturales, qui donnent à l'hébreu son caractère plus oriental. Aujourd'hui, les Israéliens se sont bien éloignés du modèle oriental initialement proposé.

    Une des décisions de l'Académie de la langue hébraïque qui a été appliquée fut la prononciation du « sadi » comme le « z » allemand, en raison de la difficulté supposée des populations germanophones de le prononcer autrement, le « sadi » devient alors « tsadi ».

    Synthèse

    Ben Yehouda n’est pas le seul créateur de l’hébreu moderne. Les maskilim qui l’ont précédé y ont contribué. Les locuteurs de l’hébreu qui lui ont succédé ont continué de créer des mots, processus propre à toute langue vivante. Mais par l’ampleur de son œuvre de création et de recensement des termes, il apparaît comme un fondateur incontournable.

    La grammaire de l'hébreu

    On le sait maintenant, tous les alphabets ont une origine commune : l'alphabet du pays de Canaan (Nommé abusivement « alphabet phénicien » par les grecs, ce sont en effet les marchands phéniciens qui le leur ont fait connaître). Les Phéniciens et les Hébreux étaient en relations étroites sous le règne de Salomon au 10ème siècle avant Jésus-Christ. C'est un alphabet consonantique de 22 lettres. La langue sémitique (ancêtre de l'hébreu, du moabite, de l'arabe...) est pauvre en voyelles et celles-ci ne sont pas codées dans cet alphabet.

    Écriture des consonnes

    L’alphabet hébreu « simple » comporte 22 lettres auxquelles s’ajoutent les 5 lettres qui changent de forme quand elles sont en fin de mot et l’aleph final, qui est considéré comme une autre lettre, même s’il ne change pas de forme : au total, il comporte donc 28 lettres.

    L’écriture actuelle de l’hébreu est l’écriture dite carrée (כתב מרובע / ktav merouba’), que les sages du Talmud appelaient « écriture assyrienne » (כתב אשורי / ktav ashouri).

    Les sages du Talmud connaissaient deux écritures de l’hébreu : l’écriture dite hébraïque (כתב עברי / ktav 'ivri — aujourd’hui appelée alphabet paléohébraïque) et l’écriture assyrienne.

    D’après un traité talmudique, le peuple d’Israël aurait abandonné aux Samaritains l’écriture hébraïque à l’époque du Talmud et conservé la seule écriture assyrienne :

    « Israël a choisi l’écriture assyrienne et la langue sacrée et a laissé aux hediotot l’écriture hébraïque et la langue araméenne ».

    Ainsi les caractères paléohébraïques de l’hébreu samaritain aujourd’hui encore utilisés par les Samaritains de la petite communauté de Holon et Naplouse sont les antiques caractères, légèrement modifiés au cours des siècles, abandonnés par les Juifs à l’époque talmudique.

    Si l’hébreu ancien distingue de manière très claire les différentes gutturales, l’hébreu contemporain ne le fait guère. De plus, sa phraséologie incline de plus en plus vers des structures indo-européennes.

    La prononciation de l’hébreu moderne ne distingue plus certains phonèmes notés par des lettres différenciées, telles que « ח » (het) et « כ » (khaf) par exemple, créant une tendance homophonique et des difficultés d’orthographe. D’autres couples homophoniques figurent dans l’hébreu moderne : « ב » / « ו » (vav / vet), « ת » / « ט » (tet / tav) et « כ » / « ק » (kouf / kaf).

    L’alphabet hébreu est l’alphabet de la Vie !

    La Bible commence par un verset : dans un commencement Dieu créa le Ciel et la Terre, qui comporte 28 lettres dans le texte hébreu… en deux hémistiches de 14 lettres. Il est donc temps de se rendre compte que 28 jours est le temps du cycle de la vie, du cycle de la femme dans sa fertilité (lié, on le sait, à la durée du mois lunaire) ; le 14ème jour étant la césure à l’hémistiche, le jour de la fécondité ! La 14ème lettre de l’alphabet est le noun, dont la forme rappelle celle du fœtus recroquevillé dans le ventre de sa mère.

    28 est aussi la gloire du 7, gloire de la perfection du cycle de vie (les 7 jours de la création)…

    28 est le nombre d’années au bout duquel les jours de la semaine se retrouvent exactement aux mêmes dates dans le calendrier…

    28 est égal à la somme de ses diviseurs (1, 2, 4, 7 et 14) : c’est ce que les mathématiciens appellent un nombre parfait !…

    L’alphabet hébreu est donc le symbole du cycle de la vie : il ne pouvait donc que commencer par la lettre aleph, qui est considérée comme la lettre divine, car Dieu est au commencement de tout ; et finir par la lettre aleph, car Dieu est à la fin de tout... Et il est inchangé de toujours à toujours...

    Comme la lettre aleph qui ne change pas de forme, contrairement aux cinq autres lettres finales.

    C’est pourquoi quand Jésus est censé dire : je suis l’alpha et l’oméga (première et dernière lettres de l’alphabet grec), il dit en fait : je suis l’aleph et l’aleph (première et dernière lettre de l’alphabet hébreu) ! (En Apocalypse 1,8 ; 21,6 ; 22,13).

    Lorsque dans le Livre de la Révélation, Yeshoua dit « Je suis l'alpha et l'oméga », en réalité dans la langue grecque, on ne peut comprendre cette expression que d'une seule manière : Il est le commencement et la fin.

    La réalité est toute autre. En utilisant sa langue sémitique, Yeshoua disait à l'apôtre Jean « Je suis le « Aleph » et le « Tav ». Cette première lettre de l'alphabet hébraïque « aleph » signifie « le Taureau », « le Puissant, « le Conseiller », « l'époux ». La dernière lettre de l'alphabet hébraïque « TAV » signifie « signature », « marque ». L'origine graphique protosinaïtique de cette lettre est la croix romaine.

    Alpha et oméga sont les noms de deux lettres de l’alphabet grec. L’alpha (Α) occupe la première place de cet alphabet, tandis que l’oméga (Ω) y occupe la vingt-quatrième et dernière place.

    Alpha et Omega sont utilisés à la fois pour Dieu et Jésus, cela prouve qu’ils ne forment en réalité qu’une seule et même entité. Cette expression fait référence au caractère éternel du Père et du Fils.

    Ésaïe 44:6 « Ainsi parle l'Éternel, le Roi d'Israël et son Rédempteur, le Seigneur des armées célestes : « Moi, je suis le premier et je suis le dernier, et en dehors de Moi, il n'y a pas de dieu ».

    Apocalypse 1:8 « Je suis l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin, dit le Seigneur, celui qui est, qui était et qui sera ».

    Apocalypse 22:12-13 : « Oui, dit Jésus (…), Je suis l'Alpha et l'Oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin ».

    La tradition chrétienne assimile souvent Jésus-Christ (Dieu, le Fils) à l'alpha et l'oméga, du nom de la première et de la dernière lettre de l'alphabet grec classique (ionique) (α et ω). Cela symbolise l'éternité du Christ, qui est au commencement de tout et est jusqu'à la fin du monde.

    Jésus est bien le Principe et la Fin, mais il est surtout Dieu, immuable !

    Ce que ne dit absolument pas l’alphabet grec ; ce que dit admirablement, dans son génie, l’alphabet hébreu ! L’hébreu n’est peut-être pas une langue sacrée ; mais c’est à coup sûr une sacrée langue !

    Dans la numération grecque, la lettre α est le 1er chiffre de la 1ère ennéade (le nombre 1, donc le plus petit) et la lettre ω le 8ème chiffre de la 3ème ennéade (le nombre 800, donc presque le plus grand...). De l'α à l'ω veut donc dire aussi du plus petit au plus grand. D’où la représentation sur le Tableau : le signe ∞ bien agrandi, allant de – 1 à + 1, dans lequel Dieu se trouve au « centre » du « huit couché ».

    Cela veut dire qu'il n'a pas eu de début (Dieu n'est pas né comme nous) et n'aura pas de fin (il ne mourra pas comme nous). En d’autres termes, Dieu est éternel. Cela symbolise l'éternité de Dieu comme commencement et fin de tout. Aujourd'hui, même si la dimension religieuse a quelque peu disparu, l'idée de totalité pour parler de quelque chose est restée.

    L'Alpha et l'Oméga embrassent tout ce qui est nécessaire au discours. Il n'y a pas de discours possible, dans aucune langue, en-dehors de ce qui se trouve entre ces deux lettres. Tout ce qui peut être dit doit rester dans leur limite. En-dehors de leur limite, rien ne peut être dit. Dieu ne peut être connu en-dehors du Christ.

    La Parole de Dieu nous dit que le Christ est la plénitude de Dieu, et que Dieu veut rassembler toutes choses en Jésus-Christ. Elle nous montre, de plus, que Dieu ne parlera jamais, à personne, en-dehors de Son Fils, Jésus-Christ. Il a lié à Son Fils tout ce qu'Il a à dire à l'homme. Il a fait du Christ la limite de tout. Il n'a rien à dire et Il ne dira rien en-dehors de Son Fils.

    La toute première syllabe de la connaissance de Dieu est la connaissance de Jésus-Christ. La toute première syllabe de la vie chrétienne commence par « A » – «Père». Nous ne connaissons pas le Père avant de connaître Jésus-Christ ; c'est Lui qui nous a révélé le Père. En d’autres termes, le commencement de toute connaissance de Dieu comme Père nous est donnée par Jésus-Christ.

    Alpha et Oméga renferment non seulement tout le discours : ils répondent à toutes les nécessités. Nous n'avons pas besoin de créer de nouvelles lettres : tout ce dont nous avons besoin est là.

    Notation des voyelles

    À l’origine, la langue hébraïque, comme d’ailleurs les autres langues sémitiques utilisant l’alphabet, ne note pas les sons vocaliques.

    Trois systèmes vocaliques se sont développés : le babylonien, le palestinien et celui dit « de Tibériade ».

    Ce n’est qu’au 7ème siècle que les sages (חז"ל / hazal) du judaïsme réunis à Tibériade convinrent d’un système de voyelles basé sur des traits et des points qu’on appelle système vocalique, qui se nomme en hébreu « torat hanikoud » (« règles de ponctuation »).

    On hérite aussi de cette période les signes de cantillation (טעמים / te'amim — le mot טעם / ta’am signifie « goût » en hébreu), la Torah étant chantée depuis ses origines. Elle l’est encore de nos jours dans le culte juif grâce à ces signes de cantillation.

    Formation des mots

    En hébreu tout mot peut s’analyser en deux morphèmes : le schème et la racine.

    Les schèmes nominaux ou verbaux constituent des squelettes dans lesquels sont coulées les racines. Ils sont en nombre limité et associés à des sens ou des usages spécifiques.

    La racine de chaque mot se dégage naturellement pour le locuteur hébraïsant qui distingue l’ajout d’une consonne préfixale ou suffixale. Une racine est généralement trilitère mais l’hébreu connaît aussi des racines quadrilitères voire quinquilitères.

    C’est ainsi que l’on peut produire un adjectif, une conjugaison, une forme passive, un indicatif, etc. à partir de n’importe quelle racine, même si le mot est d’origine étrangère ou [lazim] לעזי"ם comme l’écrit RACH"I : prenons le mot « téléphone » (טלפון) se prononçant bien entendu « téléfone », le verbe « téléphoner » suivant la grammaire hébraïque, se dit «letalepène» (לטלפן) (certains prononcent « letalefène » par assimilation).

    Les membres de la famille Kimhi qui ont vécu vers le milieu du Moyen Âge ont passé de nombreuses années à dénombrer et comprendre les schèmes (משקל) et ont posé les bases de la première grammaire hébraïque.

    Pourquoi l'hébreu ?

    A cause du péché d'Adam et de ses descendants, à la tour de Babel, l'Eternel a séparé les peuples des nations en rendant à chacun leur langue incompréhensible pour leur voisin. Mais selon sa grande miséricorde, Il a permis que la langue terrestre (français, italien, polonais, etc.) permette la communication relationnelle entre les hommes. Cette même langue permet à notre âme de réfléchir, de penser et aussi de prier à Dieu tout en réalisant pleinement ce qu'on lui demande. Il est bien connu que lorsque nous pensons, nous pensons dans une certaine langue : celle que nous utilisons le plus couramment. Toujours à cause du péché, Dieu ne s'est plus laisser trouver facilement comme Il se rencontrait tous les jours avec Adam en Eden. Dieu ne se laisse pas trouver sans effort, sans tâtonnement. « Il a voulu qu'ils cherchassent le Seigneur, et qu'ils s'efforçassent de le trouver en tâtonnant, bien qu'il ne soit pas loin de chacun de nous » (Actes 17:27).

    A notre nouvelle naissance, si nous sommes immergés dans l'Esprit Saint, c'est le don des langues, une nouvelle langue qui nous a été donnée : la langue céleste de l'Esprit qui permet la communication avec Dieu en personne non plus pour lui demander quelque chose ou pour intercéder mais pour le glorifier et l'adorer. Pour quelqu'un qui est proche de Dieu, il n'y a pas de meilleur moyen pour adorer Dieu que le parler en langues. « En effet, celui qui parle en langue ne parle pas aux hommes, mais à Dieu, car personne ne le comprend, et c'est en esprit qu'il dit des mystères. Celui qui prophétise, au contraire, parle aux hommes, les édifie, les exhorte, les console. Celui qui parle en langue s'édifie lui-même ; celui qui prophétise édifie l'Église. » (1 Corinthiens 14:2-4)

    Cette langue nous sert à prier « par le Saint Esprit » « Pour vous, bien-aimés, vous édifiant vous-mêmes sur votre très sainte foi, et priant par le Saint Esprit » (Jude 20).

    La langue hébraïque ne surpasse pas la langue céleste. Son but est différent : elle permet, non plus de prier Dieu et de s'édifier soi-même mais de mieux apprendre à connaître le Fils de Dieu. Cette langue n'est pas seulement destinée aux juifs mais aussi aux nations. Les nations non juives devraient en faire leur priorité !

    Pourquoi connaître l'hébreu ?

    Dans l'étude de l'hébreu biblique, il est essentiel de se souvenir que l'hébreu est non seulement la langue de la Bible hébraïque, il en est aussi la parole et le Verbe.

    L'hébreu langue, c'est l'hébreu des manuels de grammaire.

    En soi, l'hébreu biblique peut être considéré comme un système formel, ordonné, défini par le maillage entre les lettres, les mots que celles-ci forment, et la grammaire qui les anime. Tout un réseau de symboles vient faire résonner autant les lettres que les mots ou les règles de grammaire.

    L'hébreu parole, c'est l'hébreu en usage dans la Bible.

    Dans le texte biblique s'inscrit l'hébreu biblique en tant que parole : en tant que système tel qu'il est réellement utilisé. Ainsi voit-on apparaître dans le texte des phénomènes singuliers, qui échappent au système  linguistique formel. Il peut s'agir de répétitions de mots, d'erreurs grammaticales ou orthographiques, par  exemple. Ces phénomènes interviennent comme des signaux qui nous demandent de nous arrêter et d'étudier ce qu'ils nous révèlent.

    L'hébreu Verbe, c'est l'hébreu performatif...

    L'hébreu Verbe est la parole de Dieu. Il s'ouvre à nous autant que nous nous ouvrons à lui : que la lumière soit!... Il nous invite sans cesse à l'émerveillement et nous guide dans notre chemin pour aller dans la direction qui est juste pour nous. Et au-delà...

    Toujours au-delà...

    L'étude de l'hébreu biblique nous mène sur des chemins inattendus au long desquels surgissent des niveaux de sens insoupçonnés ! Chaque chemin contient ses trésors ! C'est à chaque fois un si grand émerveillement !

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

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