• * 11 - Les bénédictions

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    Rubrique « Regards sur la liturgie » – 11

     Les bénédictions 

     * Les bénédictions

     Introduction : qu’est-ce qu’une bénédiction ?  

    On peut définir une bénédiction en partant de sa racine latine : bene dicere, « dire du bien ». « C'est la manière dont Dieu voit le monde, dès le récit de la Création ».

     * Les bénédictions

    « Dans l'Écriture, la bénédiction est d'abord l'acte de Dieu qui dit, veut et réalise notre bien. Pour Dom Robert Le Gall, « le dire et le faire sont identiques : la bénédiction divine commence avec la création par le Verbe, qui est la Parole. Elle trouve son aboutissement dans le mystère du Verbe incarné, mort et ressuscité pour nous ». Ce qui se manifeste par les bénédictions de l'Église qui sont des actions liturgiques. En tant que telles, elles « amènent les chrétiens à louer Dieu et les mettent en état d'atteindre l'effet principal des sacrements et de bien sanctifier les diverses circonstances de la vie », développe le décret de la Congrégation pour le culte divin instituant, en 1984, le nouveau rituel des bénédictions. C'est tout le sens d'un sacramental, catégorie dont dépendent les bénédictions, et qui prépare à recevoir un sacrement.

     * Les bénédictions

    Toute bénédiction trouve son aboutissement dans le mystère du Verbe incarné, mort et ressuscité pour nous : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ » (Ep 1, 3). A la bénédiction qui ne cesse de nous venir de Dieu par le Christ et dans l’Esprit-Saint, doit correspondre notre propre bénédiction, c’est-à-dire notre action de grâces pour tous les « bienfaits » (ou « bien-dits ») divins.

    Le mystère de la liturgie est structuré par cet échange de bénédictions entre Dieu et nous, dans le Christ. Les bénédictions juives, spécialement celles du repas pascal, sont à l’origine de nos prières eucharistiques. Elles constituent, avec les psaumes, l’essentiel de la liturgie juive, l’acte où s’articulent l’Œuvre de Dieu et le merci du peuple.

     * Les bénédictions

    Dans le langage courant, le mot « bénédiction » a perdu la richesse de sens qui vient d’être évoquée, pour se réduire le plus souvent à la sacralisation d’objets divers. Pourtant, la liturgie catholique recommande fort les divers sacramentaux : ce ne sont pas des bénédictions, au sens juif d’action de grâces, mais des rites où l’on implore la bénédiction de Dieu. L’Église montre ainsi que toute l’existence peut et doit recevoir de Dieu la plénitude de son sens. La bénédiction que le prêtre donne à l’assemblée dans le rite du renvoi à la messe ou à l’office du matin et du soir, exprime et procure la protection de la Trinité. Le signe de croix manifeste que les dons d’en-haut proviennent toujours de la Croix du Christ. Pour certaines circonstances solennelles, le missel prévoit des bénédictions solennelles qui font précéder la formule habituelle de deux ou trois invocations, prononcées les mains étendues, auxquelles l’assemblée répond Amen en se tenant inclinée. Le prêtre peut aussi faire précéder sa bénédiction d’une prière sur le peuple qu’il prononce les mains étendues sur l’assemblée, après l’avoir invitée à s’incliner.

    La bénédiction représente à la fois le langage de toute prière – dire du bien de Dieu – et la forme première et essentielle des sacramentaux. Bénir consiste à se tourner vers Dieu, à le nommer, à le louer, à lui demander de manifester sa présence. Dans le Christ, Dieu nous bénit et nous le bénissons.

    Les bénédictions font partie des actes cultuels majeurs dans les Églises chrétiennes, et plus particulièrement, dans l’Église catholique. Elles sont parfois liées à la célébration des sacrements, constituant alors des étapes décisives ou opportunes dans le cheminement des personnes, selon l’itinéraire proposé par l’Église. Elles sont aussi, en tant que sacramentaux, liées à des activités.

    Que peut-on bénir ?

    « On peut bénir tout ce qui ne contredit pas Dieu ou l'Évangile », affirme le Père Loïc Belan, responsable de la pastorale sacramentelle du diocèse de Versailles. « Mais à part de rares cas, l'on peut tout bénir car tout sort de la main de Dieu ».

     * Les bénédictions

    Qui peut bénir ?

    Certaines bénédictions sont réservées à l'évêque, comme les saintes huiles, lors de la messe chrismale, la consécration d'un autel ou d'une église, ou la bénédiction de certains éléments du mobilier liturgique comme la cathèdre.

    Outre ces cas, les bénédictions sont données traditionnellement par des ministres ordonnés, prêtres ou diacres. Mais les laïcs, « en vertu du sacerdoce commun dont ils ont reçu la charge à leur baptême et leur confirmation, peuvent célébrer certaines bénédictions », souligne le Livre des bénédictions. La constitution de Vatican II sur la liturgie, Sacrosanctum Concilium, prévoyait déjà que « certains sacramentaux, au jugement de l'ordinaire et au moins dans des circonstances particulières, puissent être administrés par des laïcs dotés des qualités requises ».

     * Les bénédictions

    C'est ainsi le cas pour les parents, encouragés à bénir leurs enfants, mais aussi pour les titulaires de certaines fonctions, tels les aumôniers laïcs d'hôpital, qui peuvent bénir les malades.

    Plus largement, tous les laïcs, seuls ou en famille, peuvent réciter une prière de bénédiction avant un repas.

    Le Livre des bénédictions prévoit enfin que certaines autres bénédictions puissent être données par des laïcs, comme la bénédiction des animaux, des instruments de travail…

    Quels sont les paroles et les gestes de la bénédiction?

    La célébration d'une bénédiction comprend deux parties principales, détaillées par le rituel : « la proclamation de la Parole de Dieu, puis la louange de la bonté de Dieu et la demande de son secours ».

    Clémence Houdaille - La Croix du 21/09/2013, Religion et spiritualité / Comprendre n°39689

     * Les bénédictions

    Les bénédictions au cours d’une célébration

    Pendant une célébration chrétienne qui est dans le Christ, structurée par un échange de bénédictions entre Dieu et les hommes, l’Église est appelée à recevoir ou à prononcer diverses bénédictions. Mais qu’est-ce que cela produit en elle ? Sûrement que du bien ! A notre époque où l’on entend dire parfois du mal de l’Église ou de tel ou tel chrétien, ou, à l’inverse, quand tel ou tel chrétien est tenté de ne dire que du mal du monde dans lequel il vit, les bénédictions liturgiques ne pourraient-elles pas nous apparaître comme des trésors à redécouvrir ?

    Sans pouvoir tout analyser, regardons les choses de plus près. Prenons l’exemple de la messe qui est la célébration chrétienne typique. En effet, non seulement toutes les paroles de la messe font mémoire des bénédictions de Dieu ou ne disent que du bien de Dieu, mais encore, « dans le mystère eucharistique, l’Église puise la grâce et la force qui la rendent elle-même bénédiction dans le monde ».

    (Livre des bénédictions, Préliminaires généraux, n°8).

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    Dieu est Père et il souhaite notre bonheur

    Les salutations bien connues au début de la messe nous enseignent le désir de Dieu de nous partager son bonheur : « Que Dieu notre Père et Jésus-Christ notre Seigneur vous donnent la grâce et la paix ! ». « Béni soit Dieu maintenant et toujours », répond l’assemblée. « La grâce de Jésus notre Seigneur, l’amour de Dieu le Père et la communion de l’Esprit-Saint soient toujours avec vous ! ». « Et avec votre esprit ! » s’entend répondre avec bonheur le ministre ordonné.

    Dès le début de la célébration, tout commence bien : en même temps que nous nous mettons en présence de Dieu, c’est comme si on s’envoyait déjà des fleurs, on se dit de belles choses, on dit en fait surtout beaucoup de bien de la part de Dieu les uns pour les autres. Dans une célébration, commencer par dire des paroles positives permet de donner le « ton » de la célébration. Tout est déjà bien dit et annoncé dans ces quelques mots. C’est une bénédiction doxologique (= qui glorifie).

    Après la prière pour le pardon que le prêtre prononce sur l’assemblée, le chant de « Gloire à Dieu » peut alors faire éclater la joie des fidèles, en dehors bien sûr des temps de l’Avent et du Carême. Ce chant nous fait bénir Dieu (« nous te bénissons ») pour son « immense gloire ». Il s’agit ici d’une grande doxologie, d’une bénédiction doxologique et trinitaire. C’est dire que les rites d’entrée forment un ensemble très riche de bénédictions. Les fidèles baignent en tout cas dans une ambiance de bénédictions dès le commencement de la célébration eucharistique. Ils peuvent entrer dans la liturgie de la Parole, déjà comblés d’une joie profonde qui ne demande qu’à grandir.

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    Bénir le diacre

    Après les lectures, le Missel romain prévoit la bénédiction du diacre si celui-ci est préposé à proclamer l’Évangile. Dans le jeu de la liturgie, cette bénédiction permet, par exemple, de mettre en valeur le ministère du diacre et à travers lui, le service que tout chrétien doit rendre à l’Évangile. La Bonne Nouvelle a besoin d’être bien et amplement servie à nos frères les hommes. Ensuite l’Évangile nous apparaît – peut-être ici de manière inconsciente – comme fondamentalement Parole de bénédiction. Même si l’Évangile est exigeant, il est en effet une Bonne Nouvelle, une bénédiction pour le monde.

    Le Dieu des chrétiens, selon sa pédagogie, n’est pas prêt à tout bénir les yeux fermés. Même si le Christ a supplanté la malédiction, même s’il voudrait pouvoir étendre sa bénédiction à tout le cosmos, son action doit malheureusement se limiter, dans la mesure où il respecte infiniment notre liberté humaine et l’autonomie naturelle. Malgré lui, mais consciemment, le Christ apporte la division (Cf. Luc 12, 51). Au ministre ordonné qui prononce l’homélie de faire ressortir ces nuances en suscitant la responsabilité humaine, tout en mettant la priorité sur la bénédiction divine. A noter enfin que, selon saint Ambroise, « le psaume est bénédiction » : ne négligeons pas ce magnifique chant de louange.

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    Bénir Dieu pour le pain et le vin

    Les merveilleuses prières de la préparation des dons, placées ici après la profession de foi et la prière universelle, dans le missel restauré selon les décrets du concile Vatican II, ne sont pas forcément à dire à haute voix. On le comprend car la préparation des dons ne constitue pas l’offrande parfaite. Mais, de temps en temps, prononcer les paroles de bénédiction sur le pain et le vin permet de nous remettre en mémoire le genre de bénédictions juives, les « berakoth » priées par Jésus lui-même. Cela permet en même temps à l’Église de garder une certaine place aux bénédictions pour la création, ce qui peut constituer un enseignement très actuel.

     Le sommet et la source de toute bénédiction 

     * Les bénédictions

    Dans la prière eucharistique

    L’Église fait mémoire du sacrement pascal institué à la dernière Cène par le Christ dont l’un des moments essentiels, selon deux Évangélistes, a été de prononcer une bénédiction sur le pain et une action de grâce sur le vin (Cf. Matthieu 26,26 et Marc 14, 22). Au cours de la liturgie eucharistique, la prière eucharistique correspond à cette bénédiction / action de grâce.

    Il faut d’abord noter que les bénédictions « anamnestiques » (qui font mémoire des merveilles de Dieu) et doxologiques (qui rendent gloire à Dieu) sont largement développées dans les prières eucharistiques, notamment dans les préfaces, le Sanctus et la doxologie qui est trinitaire (« Par lui, avec Lui … »).

    Ces bénédictions ascendantes correspondent à l’action de grâce du Christ, ce qui est la forme fondamentale de la prière en régime chrétien. Mais l’action de grâce (eucharistie) suppose nécessairement la bénédiction du pain et du vin. Ainsi, en même temps que l’action de grâce, la bénédiction sanctifiante de Dieu culmine dans les prières eucharistiques, surtout dans l’épiclèse sur les offrandes, quand, par le ministère du prêtre et la force de l’Esprit-Saint, le pain et le vin reçoivent une bénédiction consécratoire pour qu’ils deviennent le corps et le sang de son Fils.

    A noter que dans le canon romain, le thème de la bénédiction sanctifiante ressort de manière très explicite et ne se limite pas à l’épiclèse sur les offrandes, mais s’étend à ceux qui communient « à l’autel » au corps et au sang du Christ.

    En ce dernier sens, cette bénédiction correspond aux épiclèses sur le peuple dans les autres prières eucharistiques.

    En résumé, c’est dans la prière eucharistique que la bénédiction descendante se mue, grâce au Christ et de manière décisive, en bénédiction ascendante oui eucharistie de toute la vie des hommes.

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    La bénédiction du Notre Père

    Le mot de « bénédiction » ne se trouve pas dans le Notre Père, mais il est évident que sa première parole, « Notre Père », est une « bénédiction d’adoration ». Les demandes sur le règne et la volonté de Dieu consistent ensuite en des bénédictions pour la plus grande gloire du Père, comme pour préparer la seconde partie qui est davantage une prière de demande tournée vers les hommes.

    La première partie, qui est donc du genre « bénédiction », permet ainsi d’introduire la prière de demande sans paraître vouloir forcer la volonté de Dieu. C’est une leçon bien connue dans la vie relationnelle : il faut toujours savoir dire du bien à son interlocuteur avant de se risquer à lui demander une faveur importante.

    La bénédiction des ministres extraordinaires de la communion

    Le Missel romain, après l’invocation « Agneau de Dieu », prévoit la possibilité d’une bénédiction des ministres extraordinaires de la communion : « Que le Seigneur vous bénisse, car vous allez distribuer à vos frères le pain qu’il a partagé pour eux ». Cette bénédiction met non seulement en valeur le temps de la communion, mais en plus elle manifeste la reconnaissance des ministres. Elle relie ces ministres avec le célébrant et, au-delà, avec le Christ qui préside mystérieusement la célébration.

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    La bénédiction finale

    Si, à la fin de la célébration chrétienne, les paroles d’envoi nous accompagnent dans notre « mission » de tous les jours, la bénédiction, elle, nous dit encore autre chose.

    Dans les Écritures bibliques, la bénédiction est d’abord l’acte de Dieu qui dit, veut et réalise notre bien. Car pour Lui, le dire et le faire ne font qu’un, comme le signifie le verbe hébreu « dâbar ».

     * Les bénédictions

    La bénédiction divine commence avec la création par la Parole, comme nous le rappelle le premier chapitre de la Genèse et celui de l’Évangile selon Jean. Elle est présente pour Abraham à qui Dieu promet : « Je te bénirai. ». Elle sort de la bouche d’Elisabeth qui s’adresse à Marie avec ces mots : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et Jésus, ton enfant, est béni. ». Elle trouve son aboutissement dans le mystère de la Parole faite chair, le Christ, mort et ressuscité pour nous, comme l’écrit Paul dans sa Lettre aux Ephésiens : « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis par toutes sortes de bénédictions spirituelles, aux cieux, dans le Christ ».

    Dans la finale de l’Évangile selon Luc, Jésus, levant les mains, bénit ses disciples et le voilà comme « emporté au ciel ». En tant que ressuscité, c’est le dernier geste qu’il accomplit et les dernières paroles qu’il prononce. Il rejoint Dieu, son Père, ses apparitions de Ressuscité cessent, et c’est lors de cette séparation qu’il bénit ses plus proches. 

    Il n’est donc pas anodin que la célébration chrétienne se termine aussi par une bénédiction de l’assemblée. Comme dans la finale de l’Évangile selon Luc, les gens vont se disperser, rentrer chez eux et vivre « séparément » leur quotidien. Le célébrant bénit alors les fidèles, il demande sur eux, sur elles, « le bien de Dieu », ce bien qui est présence, regard, accompagnement, soutien, amour…

    Timothée Reymond, pasteur de l'Église évangélique réformée du canton de Vaud

    La bénédiction finale est assez brève, mais elle peut être précédée par une formule plus solennelle ou par une prière sur l’assemblée. En fin de célébration, terminer par une bénédiction – surtout développée – vient rappeler son importance pour les disciples du Christ. La bénédiction de Dieu reçue à travers la célébration eucharistique a en effet transformé les fidèles en «bénis du Père» (Matthieu 25, 34). Elle les a humanisés en les rendant conformes au Christ, lui la « bénédiction suprême du Père ». En même temps, la bénédiction céleste a divinisé les fidèles pour que toute leur vie soit sanctifiée. Elle entraîne les chrétiens à bénir (1ère  Lettre de Pierre 3, 9), à bien agir, à ne pas maudire (Lettre aux Romains 12, 14), mais plutôt à pardonner (Lettre au Romains 12,14 ; 1ère Lettre aux Corinthiens 4, 12).

    La bénédiction nous incite à notre tour à bénir plus qu’à maudire, à dire plus de bien de notre prochain que de mal ! Finalement, la bénédiction finale récapitule toutes les bénédictions de la messe comme pour nous inviter à les prolonger chez nous, pour la paix entre le monde de Dieu et celui des hommes.

    Les bénédictions, solidement ancrées dans les traditions

    Beaucoup de chrétiens restent attachés aux bénédictions, surtout à celles qui sont fortement ancrées dans les traditions populaires ou les pardons.

     Comment comprendre les rites de bénédiction ? 

     * Les bénédictions

    Dieu, source de tout bien

    Dans l’Ancien Testament, Dieu bénit l’homme (Gn 1, 22 et 28) en signe d’alliance. Dans d’autres passages (Lv 9, 22 – 23 ; Nb 6, 24 – 26) le roi, puis les prêtres bénissent le peuple au nom du Seigneur en invoquant son nom. Ces bénédictions témoignent de la présence bienfaisante et agissante de Dieu, source de toute bonté.

    D’autres passages de l’Écriture montrent l’homme bénissant Dieu. Cette bénédiction-là est tout autre : c’est un mouvement d’émerveillement et de reconnaissance pour l’action de Dieu. Et les motifs de bénédiction sont souvent évoqués (Gn 24, 27 ; Ex 18, 10 ; et dans de nombreux psaumes).

    Le Nouveau Testament nous montre Jésus pratiquant la bénédiction (Mt 14, 19 ; Mc 14, 22). Ces bénédictions sont d’abord une louange à Dieu. Bénir devient alors un geste qui nous tourne vers Dieu pour lui dire toute notre reconnaissance, pour proclamer qu’Il est la source de tout don. Jésus bénit aussi des personnes (Mc 10, 16 ; Lc 24, 50 – 51) pour signifier que le salut leur est donné.

    Le début de la Lettre aux Ephésiens nous fait découvrir que le Christ est au cœur de la bénédiction offerte par le Père aux hommes (Ep 1,3). Désormais, proclamer les merveilles de Dieu, c’est faire mémoire du Salut dans le Christ. Le chrétien annonce la Bonne Nouvelle et il en rend grâce en bénissant Dieu en toute chose (1 Co 10,31). C’est le sens même du sacrifice spirituel que Paul demande aux chrétiens. C’est le sens des bénédictions.

    Sacrements, sacramentaux et bénédictions

    Tous les sacrements comportent des bénédictions dont la liturgie eucharistique est la forme la plus aboutie. Cette dimension de louange adressée à Dieu se trouve normalement dans les oraisons, le psaume, la préface, la présentation des dons. Il en est ainsi pour tous les sacramentaux (funérailles, consécration religieuse, dédicace d’une église, liturgie des heures, etc.). Dans toute liturgie, le chrétien est invité à entrer en Alliance avec Dieu. La bénédiction est le moment privilégié de cette invitation.

    Le Livre des bénédictions

    Il débute par la bénédiction des personnes, invitées à bénir Dieu dans leurs différentes situations : familles, enfants, associations d’entraide missionnaires et catéchistes. On trouve ensuite tout ce qui concerne l’activité humaine. Il s’agit ici de discerner la présence de Dieu dans tous les événements de la vie pour mieux vivre selon l’Évangile. La bénédiction du travail des champs, des fruits de la terre, de l’eau… invite l’homme à prendre sa responsabilité envers la nature et à exprimer la bienveillance de Dieu s’exprimant à travers l’initiative des hommes. Quant à la bénédiction des animaux, pour ne pas paraître folklorique, elle vise à rendre grâce pour la création tout entière et toutes les créatures qui la peuplent. Viennent ensuite les objets de culte, les objets de dévotion et des bénédictions diverses.

    Quelques points d’attention

    Il convient, à propos des bénédictions, d’exercer un vrai discernement. On ne bénit pas n’importe quoi (par exemple de l’armement, un monument qui n’a rien à voir avec un agir chrétien). On se demandera toujours si la bénédiction a du sens pour le moment, le lieu, les personnes présentes et si elle peut être vécue dans la foi.

    De nombreuses bénédictions sont possibles. Ce n’est pas certain, non plus, qu’elles favoriseront la vie chrétienne et annonceront l’Évangile. Il importe de penser une préparation pastorale et catéchétique de la bénédiction. Elle doit être perçue comme le signe de la bienveillance de Dieu et porter vers Dieu l’action de grâce de ceux qui la reçoivent. Il faut donc l’évangéliser. Cela signifie qu’avant toute bénédiction, la Parole de Dieu sera proclamée et commentée et que tout rite comportera une prière de louange qui s’achève par le Notre Père. Ainsi, la bénédiction est-elle mise en lien avec le désir du règne de Dieu.

    Enfin la bénédiction est faite pour stimuler la foi, le témoignage de vie chrétienne, la communion fraternelle, l’action de grâce. Cette dimension missionnaire ne saurait être oubliée. Elle fait de toute bénédiction une invitation à suivre le Christ.

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    Célébrer le mariage : la bénédiction nuptiale

    Autrefois, la bénédiction nuptiale consistait essentiellement en une bénédiction de l’épouse. Le rituel, édité pour la francophonie en 2005, introduit, en plus des cinq bénédictions du rituel romain, une sixième bénédiction qui lui est propre. Comment cette bénédiction est-elle construite ? Quelle est sa dynamique ? Quelles en sont les spécificités ?

    La bénédiction nuptiale est le moment de la cérémonie nuptiale où le Ministre bénit les deux mariés. D’habitude, elle est prononcée après l’échange des alliances ou après la liturgie eucharistique, mais il est possible de se mettre d’accord avec le prêtre pour qu’elle soit prononcée à un autre moment. De la même manière, il est possible de choisir des formules pour la bénédiction des mariés qui diffèrent légèrement les unes des autres. En ligne de principe, le mariage catholique qui a lieu pendant une célébration eucharistique.

    L’usage de faire prononcer la bénédiction nuptiale par un prêtre ou par un évêque est ancienne. Certains documents attestent que déjà au 4ème siècle elle était répandue, mais pas obligatoire. En effet, à cette époque-là, le mariage était principalement un pacte privé stipulé entre les mariés et leurs familles, auquel un prêtre pouvait éventuellement prendre part pour bénir le couple. À partir du 11ème siècle, la présence d’un prêtre pour célébrer les noces commença à s’imposer de manière régulière et, avec le Concile de Vérone (1184), le mariage commença à être repris officiellement dans la liste des sacrements et, en tant que tel, règlementé par des lois ecclésiastiques. À partir de 1215, avec le Concile de Latran IV, l’Église définit la liturgie pour le mariage sous tous ses aspects religieux et juridiques. Les conciles suivants confirmèrent et approfondirent cette réglementation.

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    La bénédiction des animaux

    L’usage de bénir les animaux remonte au Moyen Âge et a des origines paysannes. À l’époque, on bénissait les vaches, les veaux, les moutons, les cochons et les animaux de basse-cour. À ce moment-là, le bien-être des animaux était strictement lié à celui des hommes, puisque les moyens de subsistance des familles dépendaient principalement du lait, des œufs, de la viande qu’on obtenait d’eux. Aujourd’hui les choses ont changé et ce sont des chiens, des chats et d’autres petits animaux de compagnie que l’on demande de bénir. Des animaux non pas nécessaires, comme autrefois, mais qui, avec leur compagnie et leur affection, rendent la vie des humains qui les accueillent dans leur maison plus agréable, et rappellent aux humains combien il est important de respecter et de prendre soin des petites créatures.

     * Les bénédictions

    La bénédiction des animaux doit être lue donc comme un remerciement à Dieu pour les avoir créés pour qu’ils puissent être d’aide, de réconfort et de subsistance pour l’homme. En les bénissant, nous rendons grâce pour toute la création, pour le don immense que Dieu nous a fait, en nous élevant au-dessus de tout, en nous offrant un monde merveilleux pour que nous en disposions de la manière qui nous convient le plus.

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    La bénédiction de la maison

    Les bénédictions des maisons aussi, comme celles des familles qui y habitent, sont une pratique très répandue en Italie. Ces bénédictions sont effectuées par un prêtre ou par ses collaborateurs, qui se rendent de maison en maison, d’habitude à l’occasion de récurrences solennelles, comme Pâques. En le faisant, les ministres religieux se réfèrent à l’exemple des disciples de Jésus qui, suite à Sa sollicitation, se rendaient dans les maisons pour amener le don de la paix (Mathieu 10,13). À cette occasion, les familles qui habitent dans les maisons et les locaux sont aspergés d’eau bénite.

    La visite prévoit la lecture de la Parole de Dieu et la prière de bénédiction, avec une attention particulière en présence d’enfants ou de personnes âgées. La formule de bénédiction présente différentes variantes.

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    La bénédiction pascale

    La bénédiction pascale célèbre la Résurrection de Jésus et fait participer ceux qui la reçoivent à Sa force, à Sa Victoire sur la mort. Avec cette bénédiction, récitée par le chef de famille à l’occasion de Pâques, fête qui célèbre justement le triomphe de Jésus, l’accomplissement de sa mission d’amour et de salut, on bénit les fidèles en tant que fils de Dieu et donc, de manière indirecte, Dieu, dans un cercle de foi salvatrice et d’Amour réciproque.

    Pour la bénédiction pascale, on utilise l’eau bénite, qui rappelle le baptême et la renaissance de chaque chrétien, et l’olivier bénit, symbole de paix et de réconciliation. Il ne faut absolument pas considérer cette bénédiction pascale comme une sorte d’amulette de protection pour la maison ! Ce n’est pas un rite qui doit laisser la place aux superstitions : le mal reste loin des maisons non grâce aux bénédictions, mais parce que les personnes qui les reçoivent et qui habitent dans ces maisons vivent en harmonie, sérénité et dialogue avec Dieu. Aucune magie, donc, mais l’union d’une famille sanctifiée et bénie aux yeux de Dieu. Toute la famille devrait participer à la bénédiction pascale. Il est également possible d’ériger un petit autel, avec une image de Jésus et les photos des membres de la famille.

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    La bénédiction du corps du défunt, un dernier adieu

    Autant on a du mal à concevoir des funérailles sans la bénédiction du corps, autant on a parfois du mal à concevoir le sens de ce rite ! Nous nous proposons d’en développer ici deux aspects.

    Un dernier adieu …  Un dernier geste

    Les rites funéraires balisent un processus de séparation progressive et l’aspersion est généralement vécue par l’assemblée présente comme le dernier geste qui scelle cette séparation d’avec un ami ou un voisin. En effet, cette aspersion est souvent le moment de la dernière parole adressée au défunt, et le dernier geste posé, le dernier regard porté en direction de celui qui part.

    La médiation du corps

    Il y a là un rite que toute une tradition a forgé, car bénir un corps mort ne va pas de soi. Ce corps, même inerte, joue encore son rôle de médiation dans la relation avec celui ou celle qui, nous le croyons, fait le grand passage. On comprend bien que le corps ne peut jouer son rôle de médiation que s’il est présent. Bénir le corps c’est utiliser jusqu’au bout, les médiations salutaires que Dieu nous a données.

    Un acte prophétique

    La fragilité de notre condition humaine manifeste en chacun une unité précaire de la personne. Par l’intermédiaire du corps, l’aspersion nous permet de prendre soin de toute la personne sans oublier ses points de fragilité, en annonçant du même coup qu’elle est destinée à être restaurée dans son intégrité – plus solide encore – grâce à la résurrection.

    … de la communauté ecclésiale

    Un acte social

    Le sentiment d’avoir appartenu à l’assemblée endeuillée semble naître de cette participation à la bénédiction. On peut ne pas avoir chanté, ne pas avoir tout vu, mais on n’envisage pas de ne pas avoir béni.

    Une expérience de Corps ecclésial du Christ

    Il s’agit de solliciter tous les membres afin qu’ils ne partagent pas seulement des émotions mais qu’ils entrent activement en communion. Tous les membres sont concernés, donc invités à participer. Lors des obsèques, la bénédiction est orientée vers le défunt. Aussi, après l’officiant, tous sont invités à déployer ce geste.

     Quelques bénédictions que nous devons absolument connaître 

    Depuis toujours, les bénédictions parcourent la vie des fidèles avec des formules anciennes, des rituels faits de gestes que très souvent nous prenons pour acquis, mais qui, au contraire, expriment un héritage millénaire, dense de significations (et de signifiants) qui puisent leurs racines dans l’histoire même de la religion.

    Pour l’Église catholique, la bénédiction est une requête exercée par quelqu’un, d’habitude un ministre religieux, comme un évêque, un presbytre, ou un diacre, pour faire descendre la grâce de Dieu sur quelqu’un d’autre. Il s’agit d’une invocation de faveur et de bienveillance pour quelqu’un ou pour quelque chose. L’Église compte la bénédiction parmi les Sacramentaux.

    Pour la plupart, ce sont des formules orales, même si souvent elles impliquent aussi l’usage de gestes particuliers et d’accessoires pour bénédictions : un exemple parmi tous est le signe de la croix, avec un mouvement de la main, ou l’aspersion avec l’eau bénite avec un instrument spécifique appelé aspersoir ou goupillon.

    Dans l’Ancien Testament, les bénédictions étaient entendues surtout comme un moyen pour demander à Dieu d’influencer la vie terrestre, matérielle, de qui se confie à Lui, Lui demandant de garantir à qui était bénit une famille saine et nombreuse, une longue vie et prospérité. Mais dans certains livres, nous trouvons aussi la référence à des bénédictions bien plus spirituelles, comme la sagesse, la paix et la justice.

    Dans le Nouveau Testament, Jésus se reliera à cette vision-ci des bénédictions. Encore dans le contexte de la culture juive, la bénédiction reste toujours une prérogative divine, même quand c’est à un homme à la prononcer. Dans ce cas-ci, Dieu recourt à un intermédiaire pour envoyer ses bénédictions (ou ses malédictions aussi). Ces hommes deviennent en quelque sorte des bénédictions pour les autres hommes, élus par Dieu pour amener sa faveur ou sa condamnation parmi leurs semblables.

    Dans le Nouveau Testament, Jésus devient l’incarnation de la bénédiction de Dieu, Son instrument de bienveillance et de rédemption pour tous les hommes. Jésus ne bénit pas seulement ses disciples, les malades, les enfants, mais est lui-même bénédiction, source inépuisable de l’Amour de Dieu, de Son infinie générosité. Dieu « nous a bénis de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ. » (Éphésiens 1,3). Saint Paul parle d’une « pleine bénédiction de Christ » (Romains 15,29).

    L’Église a recueilli toutes les bénédictions dans un texte liturgique, le Bénédictionnaire. Il contient toutes les formules de bénédictions utiles pour chaque occasion et les rites des bénédictions que les presbytres et les diacres doivent connaître.

    Examinons ensemble certaines des bénédictions les plus importantes et les plus répandues.

     * Les bénédictions

    La Bénédiction papale (ou bénédiction apostolique)

    Les bénédictions apostoliques sont des bénédictions spéciales qui peuvent être administrées uniquement par le Pape, par un évêque ou par un ministre de niveau équivalent. Le Pape peut également envoyer la bénédiction apostolique par écrit, quand nécessaire et uniquement à des occasions spéciales. Afin d’obtenir une bénédiction papale il faut déposer une demande à l’Aumônerie apostolique, en envoyant une habilitation de l’autorité ecclésiastique. Les bénédictions papales, données par le Pape ou par un Évêque, ont souvent annexé l’indulgence plénière. Avant le Concile Vatican II, la bénédiction donnée par un prêtre à l’occasion des Derniers Sacrements était également considérée comme une bénédiction papale. La bénédiction papale est concédée à l’occasion de certains sacrements (Baptême, Première Communion, Confirmation, Mariage), quand un prêtre est ordonné ou prononce ses vœux ; quand un laïc prononce ses vœux (consécration séculière), quand un diacre est ordonné de manière permanente, pour un anniversaire de mariage significatif (noces d’argent, noces d’or, etc.) ou pour certains anniversaires particulièrement importants (18 ans, 50 ans, 100 ans, etc.).

     * Les bénédictions

    La bénédiction Urbi et Orbi

    La bénédiction Urbi et Orbi est probablement la plus célèbre parmi les bénédictions papales : le Pape la donne lors de certaines occasions spéciales, pendant les festivités majeures (Noël et Pâques) et au Nouvel An. Il s’agit également de la première bénédiction publique du Pape après son élection au Siège pontifical. C’est une bénédiction particulièrement puissante et importante, puisqu’avec elle on concède aussi une indulgence plénière pour tous ceux qui sont physiquement présents devant le Pape, mais aussi pour tous ceux qui y assistent via les médias. La locution latine « Urbi et Orbi » signifie « À la ville (Rome) et au monde ».

    Le Pape prononce la bénédiction en latin et les fidèles répondent « Amen ».

     * Les bénédictions

    La bénédiction du Saint-Sacrement

    Par bénédiction eucharistique on entend la bénédiction pratiquée en exposant le Corps du Seigneur dans l’Ostensoir sur l’autel, où tout le monde peut le voir et prier à genoux. Elle est donc strictement reliée à la pratique de l’adoration eucharistique. Avant le Concile Vatican II, la bénédiction eucharistique était la pratique liturgique de l’après-midi la plus répandue et solennelle, du moment que le pain consacréle Très Saint Sacrement – en était le centre.

    La bénédiction eucharistique peut être donnée par les évêques, les presbytres et les diacres.

     Bénir, à n’importe quel prix ? 

    Les bénédictions rituelles sont la manifestation de la bénédiction divine : Dieu nous bénit et en retour nous le bénissons. La bénédiction, par le double mouvement qui la caractérise ainsi et que le confirme l’Écriture, participe d’un mouvement que l’on pourrait qualifier de « sacramentel ». Cet « admirable échange » manifeste l’initiative de la magnanime libéralité de Dieu, toujours première, et la réponse d’alliance de l’homme, invité à répondre en action de grâce. C’est ce qui transparaît du cantique aux Ephésiens (Ep 1, 3-10) : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ ». On comprend dès lors pourquoi la bénédiction est essentielle en liturgie. Toute la liturgie est célébration de la bénédiction de Dieu.

    Pour aller un peu plus loin, on distingue à l’intérieur de la liturgie les sacrements, les signes efficaces qui donnent la grâce, et les sacramentaux, qui « selon une certaine imitation des sacrements « sont »  les signes sacrés institués par l’Église, dont le but est de préparer les hommes à recevoir le fruit des sacrements et de sanctifier les différents circonstances de la vie ». Parmi les sacramentaux, les bénédictions occupent une place particulièrement importante : « Elles comportent à la fois la louange de Dieu pour ses œuvres et ses dons, et intercession de l’Église afin que les hommes puissent faire usage des dons de Dieu selon l’esprit de l’Évangile ».

    Certaines de ces bénédictions font partie intégrante de la liturgie au cours de l’année : les cierges à la fête de la présentation du Seigneur, le 2 février, les cendres au mercredi éponyme au début du Carême les rameaux à l’entrée de la Semaine sainte, les huiles saintes à la messe chrismale ou encore le feu nouveau à la vigile… D’autres bénédictions constituent, quant à elles, un acte liturgique autonome dont le rituel est connu dans le « Livre des bénédictions », il ne s’agit pas d’exprimer ni d’assumer un sentiment religieux marqué par le fétichisme, non plus que de s’assurer la protection divine. Au contraire, quand l’Église célèbre une bénédiction, c’est avant tout pour louer l’initiative de Dieu au cœur de toute réalité humaine et inviter à l’action de grâce.

    Les bénédictions indissociables de la liturgie

    Les bénédictions sont ainsi ordonnées à l’année liturgique et aux situations humaines. Elles ne constituent jamais une revendication de la part des croyants, qui serait de l’ordre d’un dû, pas plus que leur accumulation ne constituerait une capitalisation de la grâce. Toute bénédiction est d’abord la célébration de l’initiative prévenante de Dieu qui dit sa proximité en toutes circonstances. Le Livre de l’Ecclésiaste énonce une vérité fondamentale pour un juste rapport au temps : Il y a un moment pour tout, et un temps pour chaque chose sous le ciel (Qo 3,1). Les bénédictions insérées dans la liturgie, pour en manifester avec plus d’acuité l’intelligence en tel ou tel jour donné, n’ont de sens qu’à ce moment-là et ne portent pas d’autres significations. Ainsi les rameaux ont-ils d’abord pour mission de permettre aux fidèle de communier, en vivant une expérience analogue, avec la foule qui acclamait Jésus comme roi au jour de son entrée triomphale à Jérusalem. Tenu en main, ils accompagnent la procession des fidèles dont le cortège marque aussi l’entrée dans la Sainte Semaine à la suite de la croix. Ils n’ont pas de valeur en eux-mêmes et ils sont emportés à la  maison pour orner les crucifix, c’est encore pour rappeler ce qui s’est vécu dans la liturgie et témoigner de la volonté de suivre le Christ jusqu’à la mort de la croix, cet arbre toujours vert de sève du salut. Les cendres, elles aussi marquent symboliquement l’entrée dans temps du Carême par un geste qui exprime publiquement le désir de conversion : qui penserait le vivre un autre jour ? Les bénédictions prévues au Livre des bénédictions, tant à destination des personnes que des situations ou des objets rejoignent, elles aussi, un moment précis, une situation humaine donnée. Les rubriques précisent d’ailleurs avec un beau soin pastoral l’opportunité de les célébrer à tel ou tel moment. A chaque fois, il s’agit ou de se mettre en chemin avec le Christ ou de se rappeler qu’il est toujours présent à nos côtés

    Les bénédictions agissent par capillarité de la grâce du sacrement. « La liturgie des sacrements et des sacramentaux fait que, chez les fidèles bien disposés, presque tous les événements de la vie sont sanctifiés par la grâce divine qui découle du mystère pascal de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ ». Dans l’édifice que constitue la liturgie de l’Église en prière, les bénédictions s’ajustent au but de celle-ci la sanctification de l’homme et la louange de Dieu. Agissant comme des résonateurs du mystère pascal, à la place qui est la leur, elles renforcent et augmentent la capacité à s’ouvrir à la grâce, elles dilatent le cœur et y enracinent la vie évangélique. Le temps passe, certes mais « l’année liturgique, qu’alimente et accompagne la piété de l’Église n’est pas une représentation froide et sans vie d’événement appartenant à des temps écoulés ; elle n’est pas un simple et pur rappel de choses d’une époque révolue. Elle est plutôt le Christ lui-même qui persévère dans son Église et qui continue à parcourir la carrière de son immense miséricorde ».

    Les bénédictions ne sont jamais une « recherche du temps perdu » au goût de Madeleine de Proust. Elles sont toujours l’anticipation du temps à venir, celui de Dieu et de sa grâce.

    Michel Steinmetz, curé à Strasbourg

    Responsable du service de pastorale liturgique et sacramentelle, et enseignant à la faculté de théologie de Strasbourg 

    Conclusion en forme de méditation

    La bénédiction suppose la foi et la réponse croyante. La liturgie catholique comprend de nombreuses bénédictions rituelles. Elles permettent d'implorer, dans l'action de grâce, l'aide et le secours de Dieu qui, très haut et tout-puissant, a décidé de se faire le Tout-Proche, Dieu-avec-nous.

    Synthèse de recherches menées par les Frères André et Jean-Paul, Chevaliers de la Sainte-Croix de Jérusalem

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    Références :

    https://croire.la-croix.com/Definitions/Lexique/Benediction/Les-benedictions

    https://liturgie.catholique.fr/lexique/benediction/

    https://www.celebrer.ch/culte/cest-quoi/benediction

    https://liturgie.catholique.fr/accueil/sacramentaux/benedictions/296408-benedictions-celebration-messe/

    https://liturgie.catholique.fr/accueil/sacramentaux/benedictions/292204-benedictions-solidement-ancrees-traditions/

    https://liturgie.catholique.fr/accueil/sacramentaux/benedictions/4353-benediction-corps-defunt-dernier-adieu/

    https://www.holyart.fr/blog/accessoires-pour-la-liturgie/les-10-benedictions-que-vous-devez-absolument-connaitre/

    Catéchisme de l’Église catholique, n° 1667

    Magnificat de février 2021 pages 4 à 6


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