• * 14 - Les Noces de Cana

    Un miracle aux noces de Cana

     * Les Noces de Cana

    A l’aide de ce parchemin, j’aimerais aborder un passage de l’Évangile selon saint Jean, parmi les plus connus, et mettre en avant différentes interprétations auxquelles nous ne pensons pas souvent, au moins pour beaucoup de personnes... Bienheureux ceux qui savent décrypter les sens spirituels les plus élevés de chaque Parole de Jésus !

    Je vous propose d’examiner un épisode dans la vie de Jésus qui a eu lieu au début de son ministère, après son baptême et sa tentation au désert. Ce passage de la Bible est, bien sûr, important. Mais, en même temps, il est souvent mal compris parce qu’il y a une tendance dangereuse à voir dans le texte ce qui ne s’y trouve pas. Il s’agit du récit du miracle que Jésus a fait aux noces de Cana, en Galilée, qui nous est conservé dans l’Évangile de Jean.

     * Les Noces de Cana

    Écoutons d’abord la parole de Dieu ou relisons cet extrait :

    ÉVANGILE SELON SAINT JEAN - Chapitre 2.1-11

    En ce temps-là, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là.

    Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. Or, on manqua de vin.

    La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin ».

    Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue ».

    Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ».

    Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres).

    Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres ».

    Et ils les remplirent jusqu’au bord.

    Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas ».

    Ils lui en portèrent. Et celui-ci goûta l’eau changée en vin.

    Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau.

    Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant ».

    Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée.

    Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

     * Les Noces de Cana

    Quelles leçons pouvons-nous tirer de cet extrait de l’Évangile de Jean ?

    Plusieurs leçons ont été tirées de cette histoire.

    1. Par exemple, le fait que Jésus a accepté une invitation à un festin de mariage suggère que le Seigneur approuvait le mariage. Il ne voyait rien de condamnable dans le fait de se marier. Rester célibataire n’est pas forcément plus saint que se marier.
    2. Dans cette histoire on voit aussi la compassion de Jésus. Le couple qui se mariait tenait sûrement beaucoup à la réussite du festin. C’était la sorte de célébration qu’on faisait une seule fois dans la vie. Manquer de provisions avant la fin aurait été pour ce couple un sujet de grande honte devant tous ses amis. Leur joie aurait été changée en désolation. Jésus a eu pitié de leur sort. En leur fournissant du vin, il les a sauvés du mépris de tout le village et ses alentours.
    3. On peut aussi souligner que lorsque Jésus faisait quelque chose, il le faisait bien. Le vin qu’il a fait par ce miracle était le meilleur vin qu’on avait bu. Comme la foule a témoigné au sujet de Jésus lors d’un autre miracle : « Il fait tout à merveille » (Marc 7.37).

     * Les Noces de Cana

    Il y aurait aussi deux leçons qu’on ne peut pas en tirer.

    1. Une leçon qu’on ne doit pas tirer de cette histoire est que Jésus approuvait la consommation des boissons alcoolisées. Le passage n’enseigne pas cela.

    1.1. Quand nous employons le mot « vin » en français aujourd’hui, nous pensons à une boisson qui contient de l’alcool. Mais dans notre Nouveau Testament, qui a été écrit en grec, le mot « vin » est employé pour traduire un mot grec (oinos) qui avait un sens plus large. Il signifiait le jus du raisin, quelle que soit sa forme. C’est-à-dire, le mot était employé pour parler du jus quand il était encore dans le fruit, quand on venait le presser, quand il était fermenté, ou quand il était bouilli pour qu’il ne devienne pas fermenté.

    1.2. On pense souvent que dans l’ancien temps on n’avait pas les moyens techniques pour conserver le jus sans qu’il se mette à fermenter. Donc on n’aurait pas eu la possibilité de boire du jus de raisin non-fermenté, sauf au temps de la vendange. En réalité, la littérature du temps de Jésus montre clairement qu’on avait des méthodes pour conserver le jus non-fermenté, une boisson bien sucrée. Ceci est vrai pour les Juifs aussi bien que pour les non-juifs. Pour parler de ces boissons sucrées, on employait le même mot, « oinos », ou vin.

    1.3. Ces vins non-fermentés, sans alcool, étaient très appréciés à l’époque. On considérait que leur goût et leur qualité dépassaient ceux des vins fermentés.

    1.4. Le rabbin S.M. Isaacs de New York, a dit ceci :

    « Dans la terre sainte on n’emploie pas communément les vins fermentés. Les meilleurs vins sont conservés sucrés et non-fermentés… Les Juifs n’emploient jamais, dans leurs festins sacrés, y compris dans le festin des noces, le mariage, des boissons alcoolisées quelconques. Dans leurs libations ils emploient le fruit de la vigne, c’est-à-dire des raisins frais – le jus de raisin non-fermenté, et des raisins, comme symbole de bénédiction… la fermentation est toujours pour eux un symbole de corruption, de décomposition ».

    Nous devons donc enlever de notre esprit dès le départ cette fausse idée que par ce miracle Jésus ait donné son approbation à la boisson alcoolisée. La Bible ne dit pas que Jésus a fait de l’alcool. Les hommes en son temps connaissaient le vin sans alcool. Ils le respectaient beaucoup, et c’est probablement ce qui aurait été utilisé à l’occasion d’un mariage – le jus de raisin non-fermenté.

    2. Une autre leçon qu’on ne peut pas tirer de cette histoire est que les hommes peuvent passer par Marie pour obtenir des faveurs de la part de Jésus. Certains font remarquer que dans cette histoire, le couple qui se mariait avait un problème et que c’est Marie qui a porté le problème devant son Fils, qui n’a pas pu lui refuser ce qu’elle demandait. Ils estiment que même aujourd’hui, Marie nous servira de médiatrice. Si nous disons à Marie ce dont nous avons besoin, elle le dira à son Fils Jésus. Puisqu’elle est sa mère, il est sûr de lui accorder la faveur.

    Mais avant de décider ce que le passage enseigne, nous avons besoin de l’étudier.

     * Les Noces de Cana

    Une première chose donc qui nous frappe dans ce texte est la manière dont Jésus s’adresse à Marie. Au lieu de l’appeler «ma mère», il dit : « Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi ? » En français ce serait certainement manquer de respect, surtout envers sa propre mère. L’expression en grec n’était pas impolie, et la littérature grecque en dehors de la Bible contient plusieurs exemples où elle fut employée par des personnes en s’adressant à des femmes qu’elles aimaient bien. Ce n’était quand même pas un terme employé habituellement en parlant à sa mère. Jésus l’utilisait généralement quand il parlait à d’autres femmes, aussi. En Matthieu 15.28, il dit à la femme cananéenne qui demandait la guérison de sa fille : « Femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu veux ». En Jean 4.21 Jésus parle avec une femme samaritaine : « Femme, lui dit Jésus, crois-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne ni à Jérusalem que vous adorerez le Père ». En Jean 8.10,11 nous le voyons en face de la femme qui avait été prise en flagrant délit d’adultère. Jésus lui dit : « Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Personne ne t’a-t-il condamnée ? » Elle répondit : « Non, Seigneur. Et Jésus lui dit : Je ne te condamne pas non plus. Va, et ne pèche plus ». En s’adressant ainsi à sa propre mère Jésus indique peut-être qu’il voulait éliminer l’aspect de mère et fils dans ses relations avec Marie du moment où il entrait dans son ministère public. En appelant sa propre mère «Femme», Jésus ne la traitait pas avec mépris, mais il n’accordait pas plus d’honneur à Marie qu’à d’autres femmes. On a la nette impression qu’au lieu d’accentuer la relation mère et fils, Jésus la minimisait.

    Notons aussi que la relation que tout croyant peut avoir avec Jésus en vertu de notre obéissance à la Parole de Dieu est plus importante que la relation que la mère et les frères physiques de Jésus pouvaient réclamer en vertu de leur lien charnel avec lui. Ils n’avaient pas de privilèges particuliers. Ils n’avaient pas de priorité en ce qui concerne l’attention de Jésus.

     * Les Noces de Cana

    Gérard David - Cana

    Dans ce passage nous sommes aussi frappés par la phrase que Jésus adresse à Marie : « Qu’y a-t-il entre moi et toi ? Mon heure n’est pas venue ». En fait, la phrase « qu’y a-t-il entre moi et toi ? » servait généralement à repousser une intervention non-voulue. Nous voyons par la suite de l’histoire que Marie ne l’a pas interprétée comme un refus catégorique d’aider dans cette situation, mais on peut considérer que Jésus dit à Marie qu’elle n’a pas à lui dicter quand et comment il exercera son ministère ou emploiera son pouvoir miraculeux. Loin de justifier l’idée de certains qui pensent qu’en s’adressant à Marie on peut obtenir de Jésus ce que l’on veut, nous voyons que Jésus met une certaine distance entre lui et celle qui l’a mis au monde physiquement. Jésus est intervenu pour résoudre le problème comme Marie l’avait apparemment espéré, mais il semble qu’elle a aussi compris le doux reproche que Jésus lui avait adressé. En effet, elle n’a plus cherché à guider Jésus ou lui proposer des œuvres à accomplir jusqu’à la fin de son temps sur la terre. D’autres femmes seront avec lui et l’assisteront de leurs biens (Luc 8.2-3), mais nous ne verrons plus Marie, sauf au pied de la croix. Ayant dit que son heure n’était pas venue de manifester son identité, Jésus fait le miracle de telle manière que seuls les disciples et les serviteurs l’ont su.

    Rappelons-nous que d’autres personnes aussi ont obtenu des miracles par leur prière. Qu’on se souvienne, par exemple de la prière de la femme païenne, syrophénicienne de naissance, qui obtint la miraculeuse guérison de sa petite fille, quoique Jésus lui ait dit qu’il était envoyé seulement pour les « enfants d’Israël » (Marc 7.27). Pourtant, ces personnes ne deviennent pas médiatrices de grâces pour nous. Ce qu’elles ont obtenu une fois ne peut pas constituer une règle pour tout le monde et tous les temps. Ce qu’ils ont personnellement accompli pendant qu’ils étaient en vie n’est pas une démonstration qu’ils puissent le faire aussi après leur mort. Au contraire, la Bible nous avertit clairement que Dieu ne veut pas que les hommes s’adressent à ceux qui sont déjà morts, comme Marie est morte. « Si quelqu’un s’adresse aux morts et aux esprits, pour se prostituer après eux, je tournerai ma face contre cet homme, je le retrancherai du milieu de son peuple » (Lévitique 20.6). « Un peuple ne consultera-t-il pas son Dieu ? S’adressera-t-il aux morts en faveur des vivants ? À la loi et au témoignage ! Si l’on ne parle pas ainsi, il n’y aura point d’aurore pour le peuple » (Ésaïe 8.19,20).

    La Bible n’enseigne nulle part que les chrétiens peuvent (ou ont besoin de) passer par Marie pour obtenir des faveurs de Jésus. Il est lui-même prêt à nous assister.

    Jésus est bien compatissant, et il se tient toujours prêt à secourir ses disciples. Au lieu de fixer notre attention sur Marie, nous ferions mieux de suivre la parole que Marie à dite aux serviteurs ce jour-là à Cana au sujet de Jésus : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le ».

    D’après une publication sur le blog « Descendu Vers Nous »

     * Les Noces de Cana

    Maarten De Vos - Cana

    Les Noces de Cana : le sens du texte

    Que signifie cette noce de Cana où Jésus semble se plier à la demande de sa mère, d’autant que l’obéissance à ce geste, dans un autre contexte, est loin d’être digne, puisqu’elle risque de conduire les invités à l’ivresse ?

    A travers une action chargée de symbolisme, la manifestation divine qui se déploie, va emporter l’adhésion des derniers récalcitrants campés derrière leurs doutes : le miracle de Cana s’achève par l’adhésion des disciples qui « crurent en lui ».

    Ici à Cana, Jésus n’enseigne pas par des paroles, il agit. Il manifeste la puissance divine. Toute la force de cet épisode réside dans le geste, accompagné de peu de mots.

    L’épisode de Cana est un moment festif au cours duquel Jésus transforme beaucoup d’eau en vin. Il s’agit bien d’une noce, au cours de laquelle se déploie un événement important de manifestation divine, comme au Baptême ou à la Transfiguration.

    Derrière l’aspect matériel du vin et de l’eau, c’est tout un essentiel qui est présenté. Tout d’abord, nous observons la réaction de Jésus face à la demande de sa mère qui, humainement parlant, en fait un peu trop. En effet, elle le pousse à se montrer là où il semble qu’il ne voulait pas aller, en tout cas pas si tôt.

    Moïse, afin de convaincre Pharaon de laisser partir le peuple d’Israël, avait changé l’eau du Nil en sang (Ex 7,14-25). Jésus est présenté ici comme un nouveau Moïse.

    Un autre aspect du vin qui mérite d’être abordé est celui de la fête. En effet il ne peut y avoir de réjouissances sans le vin…

    Dans l’Ancien Testament, particulièrement chez les prophètes, on trouve le vin lors du festin messianique (« Yahvé Sabaot prépare pour tous les peuples, sur cette montagne, un festin de viandes grasses, un festin de bons vins, de viandes moelleuses, de vin dépouillés ») ou dans des descriptions eschatologiques (« Ce jour-là, les montagnes dégoutteront de vin nouveau » ; « Les montagnes suinteront de jus de raisin, toutes les collines deviendront liquides ».

    Quelle est donc la portée de ce vin qui coule à flot pour marquer la fête, la joie et que l’on sert autant pour les mariages que pour des retrouvailles longuement attendues ?

    L’abondance dans les textes bibliques rappelle le don de Dieu. Toute abondance trouve sa source dans le don que Dieu fait aux hommes.

    A travers un geste qui semble bien banal, c’est le Christ qui se manifeste en tant que Fils de Dieu. Ce premier signe de Jésus réunit deux substances distinctes en une seule pour donner lieu à un miracle : l’eau transformée en vin. Ce signe placé au début de la vie du Christ évoque déjà l’ultime mystère de Jésus-Christ au cours du dernier repas avant sa crucifixion où il transforme le vin en sang.

    Miracle parallèle à celui de la multiplication des pains, il préfigure l’Eucharistie et toute une série d’évènements qui conduisent vers la reconnaissance de Jésus Christ comme Fils de Dieu.

     * Les Noces de Cana

    Véronèse - Les noces de Cana

    Les personnages principaux

    Jésus-Christ

    Au cours de son périple à travers la Galilée et la Judée, Jésus est invité à des noces à Cana de Galilée, le troisième jour après la promesse qu’il a faite à Nathanaël, disciple originaire de Cana, de voir de grandes choses s’il se met à sa suite…

    Cette fête à Cana inaugure ce que l’on appelle « la vie publique de Jésus ». Au-delà de l’histoire d’un jour, Jean invite à comprendre la vie de chaque jour comme les épousailles entre Dieu et l’humanité.

    Marie, la mère de Jésus

    Invitée, elle agit comme si elle se sentait concernée par la désorganisation du repas de noces. Pour cela, elle incite son fils à agir, sachant au fond d’elle-même qu’il peut intervenir, mais à un moment qui n’est pas encore celui que Dieu a choisi pour manifester le Christ comme Dieu sauveur.

    Jésus exprime la différence qui existe entre lui, le Fils de Dieu et Marie. Certes, elle est sa mère, mais elle n’a pas d’ordres à donner au Seigneur ni à s’immiscer dans son ministère. Il ne lui manque pas de respect, mais lui donne à comprendre qu’il agit indépendamment, en vertu de sa seule autorité, et que dans l’exercice de sa mission, il n’est tributaire d’aucun lien naturel.

     * Les Noces de Cana

    Le marié et l’épouse

    En donnant lui-même du vin destiné aux invités, Jésus prend la place de l’époux, bien silencieux par ailleurs. La remarque du maître du festin au marié, à qui il attribue le mérite d’avoir gardé le meilleur vin pour la fin, semble indiquer que c’était au marié que revenait une certaine responsabilité quant au vin !

    Par ailleurs rien n’est dit quant à l’épouse. Quand on demande où est la mariée dans cette scène champêtre au village de Cana, on est bien en peine de répondre… Jean ne la décrit pas, ne signale pas sa présence. Cet indice invite à rechercher la dimension spirituelle que Jean a voulu donner à son récit.

    Le maître du repas, l’intendant

    Il rappelle la coutume d’organisation du repas en positionnant le vin moins bon après que les papilles des invités soient quelque peu diminuées par les premières coupes. D’ailleurs il se trompe en croyant le marié responsable de la qualité du vin servi jusqu’alors.

    Les serviteurs

    Les plus humbles de la scène, témoins directs de l’eau changée en vin, acteurs impliqués dans le travail de remplir les 6 jarres jusqu’au bord, ils obéissent à l’injonction d’une invitée leur demandant de faire ce qu’un autre invité leur ordonnera. Malgré le côté insolite de la situation, ils restent discrets après le signe manifesté. Rien n’est dit quant à leur foi éventuelle en Jésus-Christ.

    Les disciples

    Chez l’Évangéliste Jean, le signe manifesté est souvent le point de départ de la foi des disciples du Christ. Jésus vient de leur révéler son identité. Les disciples commencent à entrer dans la foi.

    La situation géographique

    Cana, de l’hébreu qaneh, « roseau ». Petite localité de Galilée, sa localisation reste incertaine, certains la plaçant à Kafr Kanna à 8 kms au nord de Nazareth, mais il semble plus cohérent de la placer à 14 km au nord de Nazareth, à Khirbet Qana dont l’environnement marécageux pourrait justifier la racine de son nom.

     * Les Noces de Cana

    Giotto - Les noces de Cana

    Autres réflexions

    En finale de ce récit, saint Jean caractérisera les Noces de Cana comme le commencement des signes de Jésus, la manifestation de sa gloire et le premier accès des disciples à la foi. Ces expressions si fortes suggèrent donc que ce simple épisode recèle en fait de très riches symboles, spécialement celui des noces *.

    * Les noces. Les prophètes ont comparé à un mariage l’Alliance entre Dieu et son peuple. Mais souvent l’expérience du péché les ont conduits à considérer Israël comme une épouse infidèle (voir Ézéchiel 16). C’est pourquoi ces noces devinrent objet d’espérance. Un jour, la tendresse divine restaurerait l’union bafouée : « Crie de joie, femme stérile, toi qui n’as pas enfanté ; jubile, éclate en cris de joie, toi qui n’as pas connu les douleurs ! Car les fils de la délaissée seront plus nombreux que les fils de l’épouse » – dit le Seigneur (Isaïe 54, 1-8).

    Un terme finalement, difficile à traduire. Le lectionnaire introduit l’épisode en ces termes : Il y eut un mariage à Cana. Mais, autre traduction équivalente : « Il y eut une noce à Cana ». Notre tradition parle des Noces de Cana, au pluriel.

    Aurions-nous, dans notre langage d’aujourd’hui, quelque difficulté à distinguer entre «célébrer des noces» et «faire la noce» ?

     * Les Noces de Cana

    La mère de Jésus

    La mère de Jésus (Jean ne l’appelle jamais autrement) est interpellée en tant que Femme (comme au pied de la croix, Jean 19, 26). Elle représente Israël, figure féminine dans la Bible, mais cet Israël qui accueille Jésus et qui, au calvaire, sera confié au Disciple bien-aimé pour devenir l’Église (voir Jean 19, 25-27). Que me veux-tu ? Cette question marque une certaine distance. La mère de Jésus, l’Église, doit comprendre que l’Heure n’est pas encore venue, l’heure de la croix où se révélera le don total de l’amour de Dieu (Jn 19, 30.34) à travers l’effusion de l’eau, du sang et de l’esprit (ou l’Esprit). Mais la Femme anticipe cette heure par sa prière discrète qui nous vaut un premier signe. Tout ce qu’il vous dira, faites-le, demande-t-elle aux serviteurs. Elle relance ainsi l’engagement prononcé par Israël au pied du Sinaï : Tout ce que le Seigneur a dit, nous le ferons (Exode 19, 8).

     * Les Noces de Cana

    Le vin

    Le vin, élément nécessaire à la fête, annonçait aussi dans la Bible la venue de Dieu ou de son Messie, une ère prospère où le vin coulerait à flots (voir Osée 2, 21-24 ; Isaïe 62, 9). Or, ce temps heureux est venu, signifié, dans le miracle, par l’équivalent de quelque 700 ou 800 bouteilles. Jean insiste sur le support de la merveille : six jarres de pierre destinées aux rites de purification, le chiffre six symbolisant l’imperfection (signe de l’époque de la pierre, c’est-à-dire des « cœurs de pierre », Ézéchiel 36, 26). Ainsi Jésus comble de sa présence (jusqu’au bord !) l’histoire d’Israël parvenue à épuisement.

    Dans l’Antiquité, le vin était un produit de luxe. En effet, les pressoirs n’étaient pas alors ce qu’ils sont devenus avec la mécanisation. Les fouleurs s’affairaient nuit et jour pour extraire le jus de raisins écrasés Après le temps de la fermentation, le jus, tannique à souhait, était conditionné dans des jarres, tel quel : on peut comprendre pourquoi, à la Cène Jésus ajouta de l’eau à son vin. Ce n’est pas juste un symbole. Il y a aussi l’aspect pratique : le vin était imbuvable sans l’ajout d’eau. Le vin que produisaient les vignerons de l’Antiquité était extrêmement fort en alcool, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui !

    Qui est le marié ?

    Au marié et au maître du repas revenait le soin de fournir la noce en vin. Les deux personnages sont de pâles anonymes dans cet épisode et l’interpellation finale adressée au marié explique cet anonymat : le vrai maître du festin et le véritable Époux, encore ignoré des convives, est Jésus lui-même, comme le disent aussi les autres Évangiles (voir Marc 2, 18-20). L’histoire sainte d’Israël avait déjà du vin à offrir, mais du moins bon. Dieu a gardé le bon vin jusqu’à maintenant, c’est-à-dire jusqu’à la manifestation de son Envoyé.

     * Les Noces de Cana

    Le commencement des signes

    Ses disciples crurent en lui, à commencer par la mère de Jésus qui s’affirme ici comme l’avant-garde des croyants. Cette foi, Jean ne la fonde pas sur un stock inespéré de bon vin, mais sur la capacité des lecteurs que nous sommes à saisir sous le récit les signes bibliques, inscrits dans les symboles de l’Ancien Testament, de la venue de Jésus. De la page de l’évangile, le lecteur d’aujourd’hui doit passer aux signes que le Seigneur continue d’opérer quand nous lui avouons nos manques de fête, de vie et de bonheur.

    Le Nouveau Testament voit dans l’œuvre de Jésus, surtout dans son triomphe pascal, la réalisation des noces espérées (l’Apocalypse de Jean parle des noces de l’Agneau, Apocalypse 19, 7; cf. 21, 2.9). Les Évangélistes voient en Jésus lui-même l’Époux qui ouvre sur terre une ère de joie (Matthieu 9, 15), un époux qu’il faut encore attendre dans la vigilance (ibid., 25, 1-6), mais qui entretient déjà avec son Église des liens d’amour nuptial (Éphésiens 5, 25-32). Le mariage chrétien, quand il tient bon, veut témoigner de cette union de Dieu avec son peuple.

    Commentaires du Père Claude Tassin - Congrégation du Saint-Esprit en France

     * Les Noces de Cana

    Une noce

    Nous voici dans le cadre des sept jours de la Création. L’épisode des noces de Cana, un septième jour, lui fait donc un lointain écho : car, en réalité, à Cana, Jésus ne se contente pas de multiplier le vin, il le crée. Comme au commencement de toutes choses, le Verbe était tourné vers Dieu pour créer le monde, une nouvelle étape s’inaugure à Cana : la création nouvelle a commencé.

    Et il s’agit d’une noce ! On pourrait continuer le parallèle : au sixième jour, Dieu avait achevé son œuvre par la création du couple humain à son image. Au septième jour de la nouvelle création, Jésus participe à un repas de noces. Manière de dire que le projet créateur de Dieu est en définitive un projet d’alliance, un projet de noce. Les Pères de l’Église ne se sont pas privés de voir dans le miracle de Cana la réalisation de la promesse de Dieu : la fête des noces de Dieu avec l’humanité débute là.

    C’est pour cela que le mot « Heure » chez Jean est si important : il s’agit de l’Heure où le projet de Dieu a été définitivement accompli en Jésus-Christ. C’est bien à cela que Jésus pense quand il dit à Marie : « Femme, que me veux-tu ? Mon Heure n’est pas encore venue ». Visiblement ses préoccupations sont au-delà du problème matériel du manque de vin : il ne perd pas de vue sa mission qui est d’accomplir les noces de Dieu avec l’humanité.

     * Les Noces de Cana

    Mais la première phrase (« Femme, que me veux-tu ? ») reste surprenante et on a beaucoup épilogué. En réalité, dans le texte grec, c’est « Qu’y a-t-il pour toi et pour moi ? » autrement dit : « Tu ne peux pas comprendre ». Jésus affronte là, seul, la grande question de sa mission : pour accomplir cette mission, concrètement, que doit-il faire ? Doit-il créer du vin ? Et ainsi manifester qu’il est le Fils de Dieu ?

    On a peut-être ici, dans l’Évangile de Jean, un écho du récit des Tentations dans les Évangiles synoptiques. Ce qui expliquerait, d’ailleurs, la sécheresse apparente de la phrase de Jésus à sa mère. Au désert, dans l’épisode des Tentations, la question qui s’est posée à Jésus était : « Qu’est-ce, au juste, être Fils de Dieu ? » et le Tentateur lui avait susurré : « Si tu es vraiment le Fils de Dieu, maintenant que tu as faim, ordonne que ces pierres deviennent du pain ». On remarquera une chose : quand il est seul au désert, Jésus refuse de faire les miracles que lui suggère le Tentateur, car il en serait le seul bénéficiaire. À Cana, au contraire, Jésus multiplie le vin de la fête pour la joie des convives. Ce qui revient à dire que le Fils de Dieu ne fait de miracles que pour le bonheur des hommes.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * Les Noces de Cana

    En guise de conclusion

    Cana, n’est-ce pas le signe de la Nouvelle Alliance que Jésus est venu nous apporter ?

    Jésus a choisi des Noces pour réaliser le premier signe de sa vie publique, preuve que le mariage est une grande vocation.

    C’est là le signe de l’alliance nouvelle et éternelle signifiée par Jésus-Christ, avec le signe du vin.

    Ce vin auquel nous goûtons tous les jours dans l’Eucharistie, c’est le vin de son Sang.

    Le vin de Cana était un bon vin :

    • signe de toutes les bonnes choses que le Seigneur veut faire dans nos vies,
    • signe de ce bonheur qu’Il veut nous donner,
    • signe déjà des fruits de l’Esprit que nous pouvons goûter dans notre vie spirituelle.

    Ce vin de la paix, de la joie, cette allégresse qui est donnée par la présence même du Fils de l’Homme.

    Jésus qui est l’artisan de cette transformation d’une eau triste en vin joyeux.

    C’est lui qui ordonne et dispose, c’est lui qui réalise.

    Mais il ne fait pas tout et il nous faut mesurer l’effort qu’a dû demander aux serviteurs, l’acte de remplir six cuves de 100 à 150 litres ! Ils ont remonté cette eau du puits dans des cuves de purification.

    Dieu ne transforme pas à partir de rien. Ce n’est pas de la magie.

    Ainsi, l’alliance que le Seigneur veut faire avec nous demande un certain nombre d’efforts.

    Il nous faut lui montrer notre bonne volonté en apportant notre eau… une eau pas toujours très claire mais peu importe.

    Apporter au Seigneur nos vies pas toujours très propres, apporter surtout le dépôt qui peut se former dans le fond et que l’on ne veut pas toujours remuer, pour nous donner ainsi l’illusion que notre eau est claire ! Jésus est venu faire alliance avec l’humanité, et une humanité pécheresse.

    Jésus demande aux serviteurs de remplir les jarres « jusqu’au bord ».

    Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus nous dit qu’il faut se présenter devant Dieu avec toute sa capacité. Il y a un point commun entre un dé à coudre et une jarre de 100 litres : c’est qu’ils peuvent être chacun plein à ras bords. L’effort dans notre vie spirituelle sera d’être toujours plein avec cette capacité que le Seigneur nous donne d’augmenter notre capacité d’aimer.

    Cela demande des « étirements » progressifs.

    Il faut du temps, et ça fait mal parfois.

    N’oublions pas cette présence fondamentale de la Vierge Marie, discrète :

    « Faites tout ce qu’il vous dira ».

    Le pouvoir de la Vierge Marie sur le cœur de Dieu, sur le cœur des hommes est manifesté dans cette toute petite phrase.

    Le but, ce n’est pas la Vierge Marie mais l’Alliance avec Dieu.

    Le but, c’est que nous connaissions le vin de la joie en participant à la Résurrection de Jésus.

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B., G.C.P.

    Lien vers un autre parchemin traitant du même sujet : Les Noces de Cana

    Références :

    http://www.chretiensaujourdhui.com/livres-et-textes-et-personnages/les-noces-de-cana/

    http://theopedie.com/Que-signifie-le-miracle-des-noces-de-Cana.html

    http://thierry.jallas.over-blog.com/article-commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-c-2e-dimanche-du-temps-ordinaire-20-janvier-114390347.html

    https://www.descenduversnous.com/la-vie-dissa-al-masih/7-le-miracle-aux-noces-de-cana/

    http://reflexionchretienne.e-monsite.com/pages/reflexions-personnelles-26-50/39-les-noces-de-cana-signe-de-l-eucharistie-1ere-partie/39-les-noces-de-cana-signe-de-l-eucharistie.html


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