• * A propos de l'épée de chevalier

    Commanderie de Saint-Léger - Travaux en Chapitre

    Le point de vue d'un Frère Novice

    A propos de l'épée de Chevalier

    Voici ma modeste réflexion quant à ma vision de l’épée du chevalier. Elle s’articule en quatre points :

    1. La rectitude : l’épée est droite, sa ligne fine monte vers le ciel ou se pointe vers le sol. Elle peut aussi se positionner en parallèle au sol et au ciel. Quelque part, elle est donc un juste milieu et un équilibre. Mais c’est surtout sa droiture qui, me semble-t-il est apparente : cette droiture, cette rectitude, coïncide avec la rectitude du chevalier.

    2. Le caractère : l’épée peut aussi être un symbole de caractère. Si elle a été mal forgée, si elle a été mal faite, s’il y a des mauvais métaux ou composants dans sa fabrication, que se passe-t-il ? Elle cassera. Ceci est un encouragement à se forger un bon caractère : si notre caractère et notre fond sont bons, il y a des chances pour que notre épée soit solide. Ce qui est intéressant, c’est que nous forgeons notre propre épée : on voit donc aussi le lien entre celui qui crée l’épée, et le chevalier qui la manipulera. Dans le cadre de cette réflexion « templière », comme je la perçois, le chevalier assume ces deux rôles : il est celui qui (se) forge, et qui agit. D’un bon caractère, dans le sens le plus profond du terme, vient un acte noble. Nous notons aussi une différence par rapport au Moyen-Age, car à cette époque, forgeron et chevalier étaient deux métiers bien distincts. Ceci m’amène à un troisième point.

    3. Le lâcher-prise : Au Moyen-Age, certains chevaliers n’avaient pas le sous. Ils faisaient partie d’une petite noblesse, ou encore étaient désargentés. Ainsi, certains pouvaient se faire de belles épées, mais d’autres devaient compter leurs deniers… Nous voyons ici les germes de notre société de consommation : l’offre et la demande, la variété de l’offre…

    Pour le chevalier pauvre se pose alors une question cruciale : aller se faire faire une épée, avec le risque que celle-ci soit de mauvaise qualité. Une épée de mauvaise qualité rend la mort omniprésente sur le champ de bataille, contrairement à une bonne épée qui, elle, me semble plutôt garante de survie. En effet, si l’épée se brise ou se fend au milieu d’un combat, le chevalier peut perdre sa vie. Cette situation apparemment dramatique peut être vue sous un tout autre angle, qui lui donne une puissance d’acte incomparable. Le chevalier pauvre, ou moins riche, qui va au combat, avec son épée mal forgée, place sa vie dans les mains de Dieu : si elle tient bon, tant mieux, si elle casse, sa vie est entre les mains de Dieu. Dans un certain sens, l’acte de peur est sublimé, dépassé, par le chevalier qui s’élance dans le combat en remettant sa vie dans les mains de Dieu.

    3. La croix : le pommeau de l’épée rappelle aussi la croix.

     * A propos de l'épée de chevalier

    Si nous nous basons sur la partie supérieure, nous voyons trois points. Ainsi, nous avons :

                                                                                                         .

                                                                                                      .     .

    Ceci me rappelle les 3 devoirs du chevalier, tels qu’édictés dans ce numéro de Géo Histoire d’avril-mai-juin 2009 en page 30. Ces trois devoirs étaient prier, faire preuve de charité, et combattre. Le combat des Chevaliers du Temple avait de multiples facettes, certaines tout à fait médiévales et fort heureusement incompatibles avec notre société moderne (les guerres de religion).

    L’homme moderne qui rejoint l’Ordre du Temple sait que c’est contre lui-même et vers l’intérieur que doit être dirigé le combat. Un bon caractère, et un acte noble. Finalement, c’est un peu ce que les Romains disaient avec mens sana in corpore sano. On ramène souvent le corpore sano à la santé, et l’activité physique, mais nous pouvons dépasser ce sens, peut-être parfois limité, et lui donner l’idée que le corps est mouvement, et donc action. La matérialisation d’un acte noble se fait par le corps. Ainsi, les deux interprétations de l’adage latin se complètent sans obliger qui que ce soit à choisir l’une par rapport à l’autre, mais soit les deux, soit celle qui nous convient le mieux au moment de notre cheminement spirituel sur notre Chemin de Vie.

    Tout aussi intéressant est la forme de l’épée. Certes, son pommeau peut nous rappeler les trois devoirs du chevalier. Mais derrière l’épée, nous retrouvons quatre points, qui me font penser à la croix du Christ :

                                                                             * A propos de l'épée de chevalier

                                                                                                                  *

                                                                                                            *          *

     

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    Est-ce un fruit de l’évolution « naturelle » de l’armement au Moyen Age, ou est-ce un pur voulu, ou peut-être les deux ? Quoi qu’il en soit, l’épée est un symbole extraordinaire : celui qui nous connecte au Ciel et à la Terre, celui qui nous appelle à l’équilibre, et à la droiture, et au plus dur des combats. Celui qu’il nous faut livrer avec nous-même.

    Frère Novice C.-H. D.


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