• * Exaltation de la Sainte Croix 09 14

    Exaltation de la Sainte Croix

    Introduction

    Le 14 septembre, la liturgie de l'Église catholique nous invite à fêter avec joie l'objet de notre Salut : la Croix. La Croix du Christ est un lieu de salut, elle est source de tout salut possible : tous ceux auxquels le salut est offert, même non-chrétiens, s’ils sont sauvés, ils le seront uniquement par la Croix du Christ, et non sans la participation à la médiation ecclésiale.

    Exaltation de la sainte Croix

    Célébration de la Croix comme instrument de la Rédemption et de l’exaltation du Christ : « Quand je serai élevé de terre, j’atti­rerai tous les hommes à moi » (Jn 12, 32). Tandis que le Vendredi saint célèbre la Passion et la mort du Christ en Croix, la Fête du 14 septembre célèbre la Croix sur laquelle le Christ a souffert et où il est mort pour nous.

    Historiquement, cette fête est liée à la dédicace de la basilique du Saint-Sépulcre, que l’empereur Constantin fit construire à Jérusalem en 335. Elle recouvre à la fois le Calvaire et le tombeau du Christ. Elle honore donc à la fois la mort et la Résurrection du Seigneur. La Fête rappelle aussi qu’en 630 l’empereur Héraclius reconquit la sainte Croix, prise à Jérusalem comme butin de guerre par les Perses : elle fut solennellement ramenée au Saint-Sépulcre par l’empereur lui-même. A l’issue des Vêpres de ce jour, la coutume prévoit une adoration de la relique de la Croix et une bénédiction avec cette relique.

    Dom Robert Le Gall – Dictionnaire de Liturgie

    Sens de la fête

    Nous célébrons la fête de la Croix, de cette Croix qui a chassé les ténèbres et ramené la lumière. Nous célébrons la fête de la Croix et, avec le Crucifié, nous sommes portés vers les hauteurs, nous laissons sous nos pieds la terre et le péché pour obtenir les biens du ciel. Quelle grande chose que de posséder la Croix : celui qui la possède, possède un trésor. Je viens d'employer le mot de trésor pour désigner ce qu'on appelle et qui est réellement le meilleur et le plus magnifique de tous les biens; car c'est en lui, par lui et pour lui que tout l'essentiel de notre Salut consiste et a été restauré pour nous. En effet, s'il n'y avait pas eu la Croix, le Christ n'aurait pas été crucifié, la vie n'aurait pas été clouée au gibet et les sources de l'immortalité, le sang et l'eau qui purifient le monde, n'auraient pas jailli de son côté, le document reconnaissant le péché n'aurait pas été déchiré, nous n'aurions pas reçu la liberté, nous n'aurions pas profité de l'arbre de vie, le Paradis ne se serait pas ouvert ! S'il n’y avait pas eu la Croix, la mort n'aurait pas été terrassée, l'Enfer n'aurait pas été dépouillé de ses armes. La Croix est donc une chose grande et précieuse. Grande, parce qu'elle a produit de nombreux biens, et d'autant plus nombreux que les miracles et les souffrances du Christ ont triomphé davantage. C'est une chose précieuse, parce que la Croix est à la fois la souffrance et le trophée de Dieu. Elle est sa souffrance, parce que c'est sur elle qu’il est mort volontairement; elle est son trophée, parce le diable y a été blessé et vaincu, et que la mort y a été vaincue avec lui ; les verrous de l'Enfer y ont été brisés, et la Croix est devenue le Salut du monde entier. La Croix est appelée la gloire du Christ, et Son Exaltation. On voit en elle la coupe désirée, la récapitulation de tous les supplices que le Christ a endurés pour nous.

    St André de Crète (660-740)

    La croix, élévation du Seigneur

    Dans l'Évangile de Jean, Jésus y fait allusion prophétiquement : « Pour moi, quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12, 33-34}. Pour l'évangéliste, qui écrit environ soixante ans après les événements de Pâques, le supplice de la croix prend son véritable sens à la lumière de la Résurrection. L'élévation du Christ sur le bois d'ignominie est en réalité une élévation en gloire.

    En le crucifiant, les hommes révèlent sans le vouloir qui est vraiment Jésus, « Quand vous aurez élevé le Fils de l'Homme, vous connaîtrez que Je Suis ». Ce qui veut dire que la Croix révèle le Christ comme Fils de Dieu. Quel fantastique retournement ! Ce Jésus qui s'était abaissé pour rejoindre les pécheurs, comme l'exprime Paul, est glorifié suret par la Croix, et il nous glorifie avec lui.

    La croix : don de vie éternelle

    A Nicodème, un notable juif venu le rencontrer, Jésus affirme : « De même que Moïse a élevé le serpent dans le désert, il faut que le Fils de l'Homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle ».

    Ce rapprochement fait avec le signe sauveur dressé par Moïse souligne que la Croix est signe de Salut et de vie pour ceux qui portent sur elle le regard de la foi.

    La Croix, Instrument de mort, devient source vivifiante. Par elle. Jésus élevé en gloire, « Premier-né d'entre les morts » (Col 1,18), fait participer l'humanité à sa plénitude de vie.

    La croix : révélation de l'amour du Père

    L'Amour de Dieu est rendu visible, tangible, par le Signe de la Croix. « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime » (Jn 15,13). La Croix où Jésus a été suspendu n'est pas, en lui, signe de jugement et de réprobation ; elle manifeste la tendresse infinie de Dieu pour l'homme.

    En se mettant au rang des malfaiteurs, en « se faisant péché pour nous », Jésus témoigne que personne n'est exclu de l'Amour de Dieu. La Croix est l'ostensoir de la miséricorde divine. Tout homme, si pécheur soit-il, aussi bas qu'il soit tombé, peut être relevé par le pardon, élevé dans la dignité de sa vocation divine.

    C'est ainsi que la Croix est glorieuse et porteuse d'espérance. Elle signe nos vies depuis notre baptême.

    La Croix – Questions de vie – Questions de foi

    Liturgie de ce jour

    Première lecture : Nb 21, 4-9

    4 Au cours de sa marche à travers le désert, le peuple d’Israël, à bout de courage,
    5 récrimina contre Dieu et contre Moïse : « Pourquoi nous avoir fait monter d’Égypte ? Etait-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n’y a ni pain ni eau ? Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable ! »

    6 Alors le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante, et beaucoup en moururent dans le peuple d’Israël.

    7 Le peuple vint vers Moïse et lui dit : « Nous avons péché, en récriminant contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents ».

    8 Moïse intercéda pour le peuple, et le Seigneur dit à Moïse : « Fais-toi un serpent, et dresse-le au sommet d’un mât : tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent et ils vivront ! »

    9 Moïse fit un serpent de bronze et le dressa au sommet d’un mât. Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il conservait la vie !

    Texte fourni par Marie Noëlle Thabut

    Commentaire 1 :

    Le Livre de l’Exode et celui des Nombres racontent plusieurs épisodes assez semblables : le peuple arraché à l’Égypte et à l’esclavage par Moïse est en marche vers la Terre Promise ; mais une fois passée l’exaltation de la libération et du miracle de la Mer Rouge, il faut bien affronter le quotidien dans le désert ; (nos voyages modernes en autocars touristiques dans le Sinaï n’ont qu’un très lointain rapport avec cette laborieuse traversée, il faut bien le dire !) Le désert, par définition, est un lieu totalement inhospitalier et il faudrait une foi bien accrochée dans son guide pour le suivre sans états d’âme ! Tout le problème est là ; ils étaient esclaves en Égypte, ce qui veut dire qu’ils étaient sédentaires, donc probablement pas du tout entraînés à la longue marche à pied pour la plupart ; et puis, un maître d’esclaves, les nourrit au moins un minimum, pour qu’ils aient assez de forces pour travailler ; les Hébreux ne mouraient donc pas de faim là-bas ; de loin, les oignons d’Égypte apparaissent comme un luxe ! Dans le désert, c’est fini ! Il va falloir se débrouiller avec les moyens du bord ; et ceux-ci ont dû se montrer plus d’une fois terriblement décevants !

    Les mauvais jours, inévitablement, on s’est demandé pourquoi on était là ; on imagine sans peine les crises de découragement chaque fois qu’on a eu faim, soif, ou simplement peur : peur de ne jamais arriver, peur des affrontements avec d’autres tribus nomades, peur aussi d’affronter des animaux du désert pas tous inoffensifs. Ce Moïse, pensait-on, n’avait pas bien calculé les risques… Il y avait la manne, pourtant, mais à la longue, on finissait par s’en lasser.

    L’épisode du serpent de bronze se situe l’un de ces mauvais jours : on pourrait raconter le drame en quatre actes. Acte 1, le texte nous dit « Le peuple était à bout de courage et se mit à récriminer contre Dieu et Moïse : pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte ? Etait-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n’y a ni pain ni eau ? Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable ! ». Acte 2, « Alors le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante (autrement dit venimeux) et beaucoup moururent ». Acte 3, le peuple se repent : « Nous avons péché contre le Seigneur et contre toi. S’il te plaît, intercède pour nous, que le Seigneur éloigne ces serpents ». Acte 4, Dieu donne à Moïse cette consigne qui nous étonne un peu : « fabrique un serpent (la tradition dit qu’il était de bronze), fixe-le au sommet d’une perche ; tous ceux qui auront été mordus n’auront qu’à le regarder, ils seront guéris. »

    Évidemment, aujourd’hui, nous ne dirions pas que les serpents sont une punition ; cette séquence : le peuple se conduit mal, donc Dieu punit, alors le peuple se repent, et Dieu passe l’éponge, nous paraît un peu surprenante ; nous avons eu plus de trois mille ans pour découvrir que les choses sont moins simples ; mais, à l’époque, c’est tout spontanément qu’on a dit « Dieu nous punit » ; justement, il est très intéressant de voir comment Moïse s’y prend ; il n’entre pas dans la discussion « est-ce que, oui ou non, les serpents sont une punition de Dieu ? » Et d’ailleurs, quand on rencontre quelqu’un qui est dans la maladie ou le deuil, s’il est convaincu que tout cela vient de Dieu, la première urgence n’est peut-être pas de le dissuader.

    L’objectif de Moïse, c’est de convertir ce peuple toujours soupçonneux, toujours méfiant à une attitude de foi, c’est-à-dire de confiance, quelles que soient les difficultés rencontrées. Plus que tous les serpents du monde, c’est le manque de foi qui ralentit ce peuple dans sa marche vers la liberté ; car Moïse a bien entendu : il ne s’agit pas d’une simple crise de découragement ; la phrase « pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte ? Etait-ce pour nous faire mourir dans le désert ? » est une véritable mise en cause de Dieu et de Moïse, le même soupçon qui revient toujours (comme à Massa et Meriba) : quelque chose comme « au fond, Dieu et toi, Moïse, vous dites que vous voulez nous sauver, mais en réalité, vous voulez notre mort ».

    Or Moïse sait déjà que la vraie vie, c’est de connaître Dieu, c’est-à-dire de lui faire confiance à tout moment. Alors il va prouver à ce peuple encore et toujours soupçonneux que Dieu ne demande qu’à le sauver. Pour éduquer son peuple à cette attitude de foi, Moïse s’appuie sur une pratique qui existait déjà ; la coutume d’adorer un dieu guérisseur existait bien avant lui : ce dieu était représenté par un serpent de bronze enroulé autour d’une perche ; nos caducées en sont peut-être la trace. C’était ni plus ni moins une pratique magique : il suffit de regarder un objet magique, un fétiche et tout s’arrange ; ce que va faire Moïse consiste à transformer ce qui était jusqu’ici un acte magique en acte de foi ; une fois de plus, comme il l’a fait pour des quantités de rites, il ne brusque pas le peuple, il ne part pas en guerre contre leurs coutumes ; il leur dit « faites bien tout comme vous avez l’habitude de faire, mais moi je vais vous dire ce que cela signifie. Faites-vous un serpent, et regardez-le : (en langage biblique, « regarder » veut dire « adorer ») ; mais sachez que celui qui vous guérit, c’est le Seigneur, ce n’est pas le serpent ; ne vous trompez pas de dieu, il n’existe qu’un seul Dieu, celui qui vous a libérés d’Égypte. Quand vous regardez le serpent, que votre adoration s’adresse au Dieu de l’Alliance et à personne d’autre, surtout pas à un objet sorti de vos mains ».

    Quand le Livre de la Sagesse, des siècles plus tard, médite cet événement, c’est comme cela qu’il l’interprète : « Quiconque se retournait était sauvé, non par l’objet regardé, mais par toi, le Sauveur de tous ». (Sg 16, 7).

    Compléments

    Soit dit en passant, la lutte contre l’idolâtrie, la magie et toutes les pratiques de divination remplit toute l’histoire biblique ; et d’ailleurs, on peut parfois se demander si nous en sommes complètement sortis ? Car chassez le naturel, il revient au galop ! Ce serpent de bronze qui devait conduire le peuple à la vraie foi est redevenu un objet magique ; c’est pour cette raison que, plus tard, le roi Ezéchias le supprimera définitivement : « Ezéchias fit disparaître les hauts lieux, brisa les stèles, coupa le poteau sacré, et mit en pièces le serpent de bronze que Moïse avait fait, car les fils d’Israël avaient brûlé de l’encens devant lui jusqu’à cette époque ». (2 R 18, 4).

    Commentaires de Marie Noëlle Thabut

    Psaume : Ps 77, 3...

    Je me souviens de Dieu, et je gémis ; je médite, et mon esprit est abattu.

    Commentaire 2 :

    Les Psaumes exercent un attrait particulier sur le lecteur de la Bible. En effet, nous y trouvons présentés, plus qu'ailleurs, les sentiments d'hommes pieux. Ceux-ci s'expriment aussi bien dans la prière, que dans la confession, la louange ou la souffrance. Connaissant nous-mêmes plusieurs de ces situations, nous nous sentons particulièrement interpellés par les psaumes.

    Mais la valeur des psaumes ne se limite pas à cela. Les psalmistes ne décrivaient pas seulement leurs sentiments personnels. En eux agissait l'Esprit de Christ, qui prenait part à leurs afflictions et à leurs joies, et s'identifiait à eux dans leurs circonstances (comp. Es. 63:9; 1 Pierre 1:11). Cela nous explique pourquoi nous trouvons Jésus-Christ partout dans ce livre, et non pas seulement dans les psaumes dits «messianiques» (par exemple, les psaumes 16; 22; 24; 40; 68; 69 et 118). Il est vrai que, dans ces derniers, Jésus-Christ apparaît d'une manière toute spéciale, mais, dans le Nouveau Testament, plusieurs psaumes sont appliqués à Christ bien qu'ils ne soient pas signalés comme étant messianiques.

    Extrait de « Vue d'ensemble de la Bible » de A. Remmers

    ÉpîtreLecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens (2, 6-11)

    Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout: il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père.

    Commentaire 3a :

    De toutes les lettres pauliniennes, par le genre de la conversation qu’elle établit avec les destinataires et par la diversité des thèmes, Philippiens est celle qui correspond le plus au genre littéraire « épistolaire ». Saint Paul s’y exprime avec un ton personnel, tantôt joyeux tantôt insistant, mais toujours sous forme de dialogue, un dialogue confiant qui découle de l’histoire des bonnes relations entre l’apôtre et les destinataires et, plus récemment de la participation des Philippiens à son œuvre d’apôtre, malgré l’éloignement et les conditions difficiles. On y trouve des informations concrètes, aussi bien de la situation de Paul que de certaines personnes qu’il mentionne avec leurs noms.

    On lit volontiers Philippiens pour la double présentation, émouvante tout en restant sobre, des destinées du Christ et de Paul, rédigées en parallèle, les différences de situation étant nettement respectées. C’est ce qui donne la force définitive aux exhortations que Paul adresse, notamment à rechercher l’intérêt de l’Évangile et du frère avec humilité et obéissance.

    Publié sur Biblissimo le 16 avril 2015

    Commentaire 3b :

    Cette hymne célèbre l'itinéraire paradoxal de la vie du Christ. Elle nous fait ainsi entrer dans le mouvement de sa vie. « Lui, qui étant en condition de Dieu » a pris la condition de serviteur, s'est abaissé (anéanti, vidé, pour d'autres traducteurs), a communié à la volonté de Dieu jusqu'à la mort. Alors qu'il faisait l'expérience que tout était fini, il espérait, dans la foi et l'abandon, son salut de Dieu seul.

    Voilà donc, dans la première section de l'hymne (vv. 6-8), le caractère concret, existentiel, de la vie de Jésus avec, d'une part, sa relation d'obéissance et de fidélité au Père, et, d'autre part, sa solidarité extrême avec les humains, qu'il rejoint au plus creux de leur misère, en parcourant le chemin infâme de la crucifixion.

    Puis, dans la seconde partie (vv. 9-11), jaillit l'action souveraine et gracieuse de Dieu vis-à-vis de Jésus. Observons le fait que Dieu est le sujet de tous les verbes. Oui, Dieu exalte Celui qui s'est tenu dans la logique de l'amour et du don, qui a poussé à l'extrême le service, tout au long de sa vie et à l'heure de la mort. On assiste à la proclamation de la seigneurie du Christ par Dieu.

    Cette proclamation a l'accent de la louange. Elle s'adresse au Christ, mais en finale, qui atteint-elle? La gloire qui enveloppe le Christ Jésus et scelle sa victoire va-t-elle au-delà de sa personne? Oui, effectivement cette gloire du Christ Jésus s'inscrit à l'intérieur de la gloire divine qu'elle dévoile. Et la louange atteint Dieu le Père auquel le Christ est soumis. Elle chante la paternité de Dieu qui instaure non pas un rapport de force, mais une relation de confiance et d'amour.

    Julienne Côté, CND, Collège Regina Assumpta, Montréal

    Évangile :  Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (3, 13-17)

    En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme. De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle.

    Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique: ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ».

    Prions en Église Belgique

    Commentaire 4a :

    « Nul n'est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel » Quelle est donc la bonne nouvelle à nous réservée en cette fête où nous faisons mémoire de la découverte par Hélène de la Croix du Christ ? Cette fête sonne comme un petit rappel en septembre de la fête de Pâques qui se vit au Printemps. Nous fêtons non seulement la Croix, mais la Croix glorieuse. Hors la Croix en elle-même n’est pas glorieuse, c’est un horrible supplice… Alors, ce que nous avons peut-être à considérer surtout et avant tout : c’est que Celui qui s’est fait pour nous « chemin, vérité et vie », c’est de la vie qu’il est venu, du ciel, que cette vie en plénitude à rencontrer ce qui s’opposait à elle. Et là, elle a manifesté sa vérité, sur la Croix. Et la manière qu’elle a eu de manifester sa vérité, de donner sa vie, nous ouvre, là où nous sommes, un chemin. Ce chemin nous conduit à la vie en nous rendant capable de faire la vérité sur notre existence, sur notre manière d’être, en mesurant ce que Lui a vécu… Lui-même, ce Fils de l’Homme, il prend ce chemin parce qu’il sait, de tout son être de Fils, l’appel au bonheur qu’il y a au fond de ce chemin. Il a connu le Ciel et il y retourne par ce chemin, entrainant chacun des siens… Un peu comme les saumons qui remontent frayer là où ils sont nés, capables pour cela d’aller jusqu’à mourir d‘épuisement…

    « Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique »  Nous retrouvons dans ce passage d’Evangile ce qui a inspiré Ignace. C’est bien le mouvement du Christ qu’Ignace propose pour entrer en Colloque avec Lui, le Christ en Croix, durant la première semaine des Exercices Spirituels : « Imaginant le Christ notre Seigneur devant moi et mis en croix, faire un colloque : comment, de Créateur, il en est venu à se faire homme, à passer de la vie éternelle à la mort temporelle, et ainsi à mourir pour mes péchés ». C’est de ce foyer d’amour entre le Père et le Fils dans l’Esprit qu’émane cette force du salut pour nous, ce don que nous recevons. Et ce don peut nous transformer, nous donner de croire, d’aimer à notre tour, d’œuvrer à notre tour pour, non plus seulement, notre propre salut mais le salut du monde. Faisant nôtre ce que le Christ Jésus dit…

    « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ». Cela est pour nous, promesse de vie véritable en ce monde. Si nous recevons de Lui la vie, alors sachons que se posera à nous d’une manière ou d’une autre la question du témoignage, et sachons que, par le témoignage, la vérité pourra se manifester et que de cette manifestation pourra surgir des chemins pour ceux qui seront touchés et que nous ne suspecterions pas… Et ainsi le monde, peu à peu, sera sauvé en pouvant contribuer à son propre salut… Offrons-nous humblement à témoigner de notre foi…

    Père Jean-Luc Fabre

    Commentaire 4b :

    La fête de la croix glorieuse que nous célébrons en ce dimanche nous invite à entrer dans un des paradoxes de la foi chrétienne. En effet, nous sommes conviés aujourd’hui à contempler la croix et la mort de Jésus, non comme un lieu de souffrance comme le vendredi saint, mais comme une source de vie, une source de guérison pour chacun de nous. Comme nous le dit la première lecture : « Tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent, et ils vivront ! » Ce paradoxe, difficilement compréhensible pour ceux qui ne partagent pas notre foi, l’est aussi pour beaucoup de chrétiens. La foi chrétienne nous donne à contempler l’horreur du supplice de la croix pour y découvrir l’étonnante « une vie qui surgit de cet arbre qui donnait la mort » comme nous le chanterons dans la préface eucharistique.

    Comment exalter la croix, dire qu’elle est glorieuse ? Comment peut se faire cette transformation d’un outil qui donne mort en un lieu où surgit une source de vie ? L’apôtre Paul nous le dit dans la 2ème lecture : « Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms ».

    Saint Paul nous révèle donc que l’exaltation de Jésus crucifié est la conséquence de son abaissement. Le verbe de Dieu qui partageait la gloire du Père a préféré abandonner cette plénitude pour s’enfermer, se cacher dans notre humanité pour la relever dans la résurrection après avoir souffert la mort. Dans l’incarnation du verbe se manifeste ainsi l’amour de Jésus pour nous, et l’amour de son Père qui nous le donne. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. »

    Donc, la transformation de la mort en vie, de la croix comme supplice à la croix comme source de vie, s’opère par l’acte d’amour qui animait Jésus et son Père alors qu’il traversait les épreuves de sa passion. La fête de l’Exaltation de la Sainte Croix prend une signification particulière, elle nous invite à méditer sur le lien profond et indissoluble qui unit la célébration Eucharistique et le mystère de la Croix. Chaque messe en effet rend actuel le sacrifice rédempteur du Christ. L’Eucharistie nous rappelle quotidiennement que notre salut jaillit de ce mystérieux échange, dans lequel le Fils de Dieu épouse la mort pour nous donner gratuitement part à sa vie divine.

    Car l’Eucharistie, c’est la célébration sacramentelle du mystère pascal de Jésus où Jésus rend grâce pour sa propre exaltation à venir qui se réalisera dans le mystère de la croix et de la résurrection. « Faisant du pain son corps et du vin son sang, nous dit Benoît XVI dans l’homélie finale des journées mondiales de la jeunesse à Cologne, Jésus anticipe sa mort, il l’accepte au plus profond de lui-même et la transforme en un acte d’amour. Ce qui de l’extérieur est une violence brutale devient de l’intérieur un acte d’amour qui se donne totalement. » Au-delà du processus de transformation du pain et du vin dans le corps et le sang de Jésus-Christ, la pâque réalise la transformation de la violence inhumaine en don d’amour, puis la résurrection réalisera à la transformation de la mort en vie. Ce processus de transformation n’a été possible que parce que la personne de Jésus a voulu entrer dans le mystère d’amour de son Père et répondre par son amour à la violence qui lui a été faite.

    « Seule l’explosion intime du bien qui est vainqueur du mal, nous dit Benoît XVI, peut alors engendrer la chaîne des transformations qui, peu à peu, changeront le monde. Tous les autres changements demeurent superficiels et ne sauvent pas. » L’Eucharistie comme nous le disions plus haut récapitule tout le mystère pascal, Jésus dans l’Eucharistie récapitule l’obéissance à son Père, il dit oui à la volonté de Dieu qui lui demande de donner sa vie pour ses frères et sœurs. De tout son être, Jésus désire vivre, de lui-même, il ne veut absolument pas mourir comme il le dit au jardin des oliviers. Mais cette obéissance qui lui coûte la vie n’est pas une simple résignation comme si, après de longues heures de lutte dans la prière pour tenter de faire changer d’avis le Père, il s’avouait vaincu. Non, c’est une obéissance amoureuse. C’est par amour du Père et des hommes qu’il dit ce oui crucifiant pour lui. C’est même une obéissance eucharistique c’est-à-dire que c’est par amour et dans l’action de grâces, qu’il dit oui au Père.

    Et bien ce oui d’obéissance amoureuse et eucharistique, Jésus me demande de le faire mien pour faire jaillir la vie. Quand Jésus nous dit de faire ceci en mémoire de lui, c’est moins la répétition d’un rite que l’entrée dans son obéissance confiante envers son Père. Car suivre le Christ pour accomplir notre vocation de baptisé peut être crucifiant, et cela ne doit pas nous rebuter. En effet, nous devons voir les épreuves, que nous traversons comme autant d’occasions d’entrer davantage dans la dynamique du don et de l’amour qui en fin de compte représente la dynamique propre à la vocation chrétienne. Dieu nous a créés pour l’amour, pour une communion d’amour avec lui. La souffrance et les épreuves contribuent à cela en nous poussant à nous donner jusqu’au bout sans rien attendre en retour, gratuitement, comme Dieu l’a fait pour nous.

    Ainsi la vie peut jaillir de nos croix aujourd’hui comme elle jaillit de la croix de Jésus que nous appelons désormais Croix glorieuse par cette manière de vivre d’Amour au sein de la souffrance.

    Fr. Antoine-Marie, o.c.d.

    Conclusion

    Tu as voulu, Seigneur, que tous les hommes soient sauvés par la croix de ton Fils ; permets qu'ayant connu dès ici-bas ce mystère, nous goûtions au ciel les bienfaits de la rédemption.

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    Références

    http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-3833036.html

    http://croire.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/Croix-glorieuse/Les-textes-de-la-fete-de-la-Croix-glorieuse

    http://liturgie.catholique.fr/lexique/exaltation-de-la-sainte-croix/

    https://www.universdelabible.net/index.php?option=com_bible&Itemid=207&ref=Nombres+21,4-9

    http://thierry.jallas.over-blog.com/2014/09/commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-a-la-croix-glorieuse-14-septembre-2014.html

    http://www.interbible.org/interBible/cithare/psaumes/2011/psa_110513.html

    http://www.bibleenligne.com/commentaire-simple/livre/ps.html

    http://www.prionseneglise.fr/Les-textes-du-jour/Lecture/Lecture-de-la-lettre-de-saint-Paul-Apotre-aux-Philippiens-2-6-11

    http://biblissimo.over-blog.com/2015/04/philippiens-commentaire-exegetique.html

    http://www.prionseneglise.fr/Les-textes-du-jour/Evangile/Evangile-de-Jesus-Christ-selon-saint-Jean-3-13-173

    https://www.aelf.org/2017-09-14/romain/lectures#office_conclusion


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