• * 190914 - Fête de la Croix Glorieuse (1)

    Cérémonie d’Adoubement en la crypte de l’Abbaye de Brogne

    de nos Frères Écuyers Arnaud D., Joffroy Br., Philippe H. et Kevin R.,

    membres de la Commanderie Majeure ND du Temple ;

    Axel VDH, membre de la Commanderie de St Léger,

    et de notre Sœur Écuyère Dominique T.,

    membre de la Commanderie St Georges,

    le samedi 14 septembre 2019

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Fête de la Croix Glorieuse

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Introduction :

    Chaque 14 septembre, la fête de la « Croix Glorieuse » nous invite à remercier Dieu pour le don de Son Fils : il a donné sa Vie pour nous en acceptant de mourir, et de mourir sur une croix.

    Le supplice de la croix est un des supplices les plus cruels inventés par les hommes.

    Jésus l’a affronté et l’a vaincu. Pour nous.

    Cette fête exprime notre gratitude et nous pousse à méditer sur l’Amour de Dieu.

    Mieux comprendre le sens de la fête de la Croix glorieuse.

    Dans la symbolique chrétienne, la croix présente un double visage. Dans le contexte de la passion et de la mort violente de Jésus, les évangiles évoquent la croix en tant qu'instrument de torture et gibet d'infamie. A cet égard, la croix ne mérite évidemment pas de devenir un objet de vénération.

    Très tôt, les chrétiens ont vu dans la croix, plutôt qu'un accessoire meurtrier, l'image du sacrifice par lequel Jésus nous affranchit du péché et de la mort. L'apôtre Paul, déjà, écrit en conclusion de son épître aux Galates : « Pour moi, il n'y a pas d'autre titre de gloire que la croix de notre Seigneur Jésus Christ » (6.14). Dans l'hymne au Christ qui ouvre l'épître aux Colossiens, on peut lire : « II a plu à Dieu de faire habiter (en son Fils) toute la plénitude et de tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux, ayant établi la paix par le sang de sa croix » (1,20; cf. 2,13-15). En ce sens, la croix du Christ peut être dite « glorieuse » : telle est la signification de la fête d'aujourd'hui.

    L'Évangile de la fête joue sur le double sens du verbe « élever » : élever sur la croix et élever dans la gloire. La référence à Moïse et au serpent d'airain sert ici de parabole prophétique. Dans un autre passage du quatrième Évangile, Jésus déclare : « Quand j'aurai été élevé de terre, j'attirerai à moi tous les hommes », et l'Évangéliste d'ajouter : « Par ces paroles, il indiquait de quelle mort il allait mourir » (12,32-33). En même temps qu'elle donne la mort, la crucifixion symbolise la victoire sur la mort.

     * Fête de la Croix Glorieuse

    La « Croix glorieuse »

    Lorsque Jésus en fut chargé pour monter au calvaire, sa croix n'avait rien de glorieux, c'était l'instrument de supplice le plus avilissant. Paul, comme citoyen romain (Ac 22,25}, avait eu droit à la forme la plus élégante de mise à mort, l'épée. Mais Jésus n'était qu'un vulgaire condamné, livré à l'occupant romain. Ce fut la grande prouesse de Dieu, que de transformer cet odieux instrument de supplice en croix glorieuse, par la résurrection. Même la croix du bon larron devint glorieuse, car elle fut, elle aussi, porte d'entrée du paradis (Lc 23,43).

    Les croix des premières églises étaient glorieuses, comme celle que l'empereur Constantin aperçut dans sa vision. C'était une croix de lumière, signe de résurrection. Plus tard, lorsqu'on représenta le Christ en croix, c'était d'abord comme ressuscité, ou dans l'habit du grand prêtre (He 4,14-15).

    Au Moyen-Age, les misères des populations incitèrent à exprimer la solidarité de Jésus avec les souffrances humaines. De symbolique, l'image devint réaliste. Mais le temps est venu de représenter à nouveau le Christ ressuscité et glorieux sur les croix de nos églises.

    Article paru dans « Signes d'aujourd'hui »

    Analyse de la liturgie conduite par l’abbé Pierre N.

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Première lecture : « Celui qui regardait vers le serpent de bronze restait en vie ! »

    Lecture du Livre des Nombres (Nb 21, 4b-9)

    En ces jours-là, en chemin à travers le désert, le peuple perdit courage. Il récrimina contre Dieu et contre Moïse :

    « Pourquoi nous avoir fait monter d’Égypte ? Était-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n’y a ni pain ni eau ? Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable ! »

    Alors le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante, et beaucoup en moururent dans le peuple d’Israël.

    Le peuple vint vers Moïse et dit : « Nous avons péché, en récriminant contre le Seigneur et contre toi. Intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents ».

    Moïse intercéda pour le peuple, et le Seigneur dit à Moïse :

    « Fais-toi un serpent brûlant, et dresse-le au sommet d’un mât : tous ceux qui auront été mordus, qu’ils le regardent, alors ils vivront ! »

    Moïse fit un serpent de bronze et le dressa au sommet du mât.

    Quand un homme était mordu par un serpent, et qu’il regardait vers le serpent de bronze, il restait en vie !

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones et lu en Chapitre par le Frère André B.

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Commentaire :

    Le Livre de l’Exode et celui des Nombres racontent plusieurs épisodes assez semblables : le peuple arraché à l’Égypte et à l’esclavage par Moïse est en marche vers la Terre Promise. Mais une fois passée l’exaltation de la libération et du miracle de la Mer Rouge, il faut bien affronter le quotidien dans le désert (nos voyages modernes en autocars touristiques dans le Sinaï n’ont qu’un très lointain rapport avec cette laborieuse traversée, il faut bien le dire !). Le désert, par définition, est un lieu totalement inhospitalier et il faudrait une foi bien accrochée dans son guide pour le suivre sans états d’âme ! Tout le problème est là. Ils étaient esclaves en Égypte, ce qui veut dire qu’ils étaient sédentaires, donc probablement pas du tout entraînés à la longue marche à pied pour la plupart. Et puis, un maître d’esclaves, les nourrit au moins un minimum, pour qu’ils aient assez de forces pour travailler. Les Hébreux ne mouraient donc pas de faim là-bas. De loin, les oignons d’Égypte apparaissent comme un luxe ! Dans le désert, c’est fini ! Il va falloir se débrouiller avec les moyens du bord. Et ceux-ci ont dû se montrer plus d’une fois terriblement décevants !

    Les mauvais jours, inévitablement, on s’est demandé pourquoi on était là. On imagine sans peine les crises de découragement chaque fois qu’on a eu faim, soif, ou simplement peur : peur de ne jamais arriver, peur des affrontements avec d’autres tribus nomades, peur aussi d’affronter des animaux du désert pas tous inoffensifs. Ce Moïse, pensait-on, n’avait pas bien calculé les risques… Il y avait la manne, pourtant, mais à la longue, on finissait par s’en lasser.

    L’épisode du serpent de bronze se situe l’un de ces mauvais jours : on pourrait raconter le drame en quatre actes.

    Acte 1, le texte nous dit « Le peuple était à bout de courage et se mit à récriminer contre Dieu et Moïse : pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte ? Etait-ce pour nous faire mourir dans le désert, où il n’y a ni pain ni eau ? Nous sommes dégoûtés de cette nourriture misérable ! ».

    Acte 2, « Alors le Seigneur envoya contre le peuple des serpents à la morsure brûlante (autrement dit venimeux) et beaucoup moururent ».

    Acte 3, le peuple se repent : « Nous avons péché contre le Seigneur et contre toi. S’il te plaît, intercède pour nous, que le Seigneur éloigne ces serpents ».

    Acte 4, Dieu donne à Moïse cette consigne qui nous étonne un peu : « fabrique un serpent (la tradition dit qu’il était de bronze), fixe-le au sommet d’une perche ; tous ceux qui auront été mordus n’auront qu’à le regarder, ils seront guéris ».

    Évidemment, aujourd’hui, nous ne dirions pas que les serpents sont une punition. Cette séquence : le peuple se conduit mal, donc Dieu punit, alors le peuple se repent, et Dieu passe l’éponge, nous paraît un peu surprenante. Nous avons eu plus de trois mille ans pour découvrir que les choses sont moins simples. Mais, à l’époque, c’est tout spontanément qu’on a dit « Dieu nous punit ». Justement, il est très intéressant de voir comment Moïse s’y prend. Il n’entre pas dans la discussion « est-ce que, oui ou non, les serpents sont une punition de Dieu ? ». Et d’ailleurs, quand on rencontre quelqu’un qui est dans la maladie ou le deuil, s’il est convaincu que tout cela vient de Dieu, la première urgence n’est peut-être pas de le dissuader.

    L’objectif de Moïse, c’est de convertir ce peuple toujours soupçonneux, toujours méfiant à une attitude de foi, c’est-à-dire de confiance, quelles que soient les difficultés rencontrées. Plus que tous les serpents du monde, c’est le manque de foi qui ralentit ce peuple dans sa marche vers la liberté. Car Moïse a bien entendu : il ne s’agit pas d’une simple crise de découragement. La phrase « Pourquoi nous as-tu fait monter d’Égypte ? Etait-ce pour nous faire mourir dans le désert ? » est une véritable mise en cause de Dieu et de Moïse, le même soupçon qui revient toujours (comme à Massa et Meriba) : quelque chose comme « au fond, Dieu et toi, Moïse, vous dites que vous voulez nous sauver, mais en réalité, vous voulez notre mort ».

    Or Moïse sait déjà que la vraie vie, c’est de connaître Dieu, c’est-à-dire de lui faire confiance à tout moment. Alors il va prouver à ce peuple encore et toujours soupçonneux que Dieu ne demande qu’à le sauver. Pour éduquer son peuple à cette attitude de foi, Moïse s’appuie sur une pratique qui existait déjà. La coutume d’adorer un dieu guérisseur existait bien avant lui : ce dieu était représenté par un serpent de bronze enroulé autour d’une perche. Nos caducées en sont peut-être la trace. C’était ni plus ni moins une pratique magique : il suffit de regarder un objet magique, un fétiche et tout s’arrange. Ce que va faire Moïse consiste à transformer ce qui était jusqu’ici un acte magique en acte de foi. Une fois de plus, comme il l’a fait pour des quantités de rites, il ne brusque pas le peuple, il ne part pas en guerre contre leurs coutumes. Il leur dit « faites bien tout comme vous avez l’habitude de faire, mais moi je vais vous dire ce que cela signifie. Faites-vous un serpent, et regardez-le. (En langage biblique, « regarder » veut dire « adorer »). Mais sachez que celui qui vous guérit, c’est le Seigneur, ce n’est pas le serpent. Ne vous trompez pas de dieu, il n’existe qu’un seul Dieu, celui qui vous a libérés d’Égypte. Quand vous regardez le serpent, que votre adoration s’adresse au Dieu de l’Alliance et à personne d’autre, surtout pas à un objet sorti de vos mains ».

    Quand le Livre de la Sagesse, des siècles plus tard, médite cet événement, c’est comme cela qu’il l’interprète : « Quiconque se retournait était sauvé, non par l’objet regardé, mais par toi, le Sauveur de tous ». (Sg 16, 7).

    Commentaire de Marie Noëlle Thabut

    Complément :

    Soit dit en passant, la lutte contre l’idolâtrie, la magie et toutes les pratiques de divination remplit toute l’histoire biblique. Et d’ailleurs, on peut parfois se demander si nous en sommes complètement sortis ? Car chassez le naturel, il revient au galop ! Ce serpent de bronze qui devait conduire le peuple à la vraie foi est redevenu un objet magique. C’est pour cette raison que, plus tard, le roi Ezéchias le supprimera définitivement : « Ezéchias fit disparaître les hauts lieux, brisa les stèles, coupa le poteau sacré, et mit en pièces le serpent de bronze que Moïse avait fait, car les fils d’Israël avaient brûlé de l’encens devant lui jusqu’à cette époque ». (2 R 18, 4).

    Commentaire de Marie Noëlle Thabut

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Deuxième lecture : « Il s’est abaissé : c’est pourquoi Dieu l’a exalté ».

    Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Philippiens (Ph 2, 6-11)

    Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.

    Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes.

    Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.

    C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus-Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones et lu en Chapitre par le Frère Jean-Paul VS

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Commentaire :

    Nous lisons ce passage de saint Paul chaque année pour la fête des Rameaux, cette fois-ci c’est pour la fête de la Croix Glorieuse : ce qui veut bien dire que ces deux célébrations ont un point commun : qui est le lien très étroit entre la souffrance du Christ et sa gloire, ou si vous préférez entre l’abaissement de la croix et l’exaltation de la résurrection.

    Paul fait très clairement ce rapprochement : « le Christ s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir et à mourir sur une croix… C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ». « C’est pourquoi » dit bien qu’il y a un lien très fort ; le problème est de savoir comment. Une chose est sûre : il ne faut à aucun prix lire ces phrases de Paul en termes de récompense : comme si le schéma était : Jésus s’est admirablement comporté et donc il a reçu une récompense admirable ! Or, presque inévitablement, nous faisons cette lecture-là, c’est notre tendance immédiate, spontanée. J’ai dit « tendance », je devrais dire tentation, parce que c’est complètement contraire à toute la Révélation. Dieu est amour, nous le disons très facilement, mais nous n’en tirons pas toujours les conséquences ! L’amour ne connaît pas les calculs, le donnant-donnant, ou alors ce n’est pas de l’amour. Même nous, humains qui ne savons pas très bien aimer, nous savons cela, que l’amour est gratuit !

    Et donc, toute présentation du plan de Dieu en termes de calcul, de récompense, de mérite, est contraire à la « grâce » de Dieu… Curieusement, nous avons beaucoup de mal à raisonner en termes de gratuité. A la fois nous parlons sur tous les tons de la « grâce » de Dieu, et en même temps, nous en parlons en termes que j’appellerais « arithmétiques », nous sommes toujours tentés de parler de mérites. La merveille de l’amour de Dieu c’est qu’il n’attend pas nos mérites pour nous combler. C’est en tout cas ce que les hommes de la Bible ont peu à peu découvert. La grâce, comme son nom l’indique, est gratuite ! Chaque fois que nous parlons en termes de donnant-donnant, nous défigurons Dieu. Et donc, si comme nous dit Paul, Jésus a beaucoup souffert puis a été glorifié, ce n’est pas parce qu’en souffrant il aurait accumulé suffisamment de mérites pour acquérir le droit d’être récompensé.

    Donc, je crois que, pour être fidèle à ce texte, il faut le lire en termes de gratuité. Pour Paul, c’est une évidence que le don de Dieu est gratuit. Une évidence qui est sous-jacente à toutes ses lettres, parce qu’il l’a expérimentée lui-même. C’est une évidence telle qu’il ne la reprécise pas.

    Je reprends le texte : « Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ». Il est clair que Paul fait ici allusion à quelqu’un d’autre qui a revendiqué d’être traité à l’égal de Dieu. Evidemment c’est à Adam et Ève qu’il pense.

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Très certainement, Paul nous offre ici un commentaire du récit de l’épisode du Paradis terrestre : le tentateur avait dit « vous serez comme des dieux », et il avait expliqué que pour le devenir, il suffit de désobéir à Dieu. Ce qu’ils ont fait. Ève a tendu la main vers le fruit défendu, elle l’a saisi, le grec dit « elle l’a revendiqué ». Mais, parce qu’elle traite les dons de Dieu comme des proies à saisir, elle s’en exclut elle-même. Le récit de la Genèse dit de manière imagée que l’arbre de la vie lui devient désormais inaccessible. Jésus, au contraire, ne considère pas les dons de Dieu comme des proies à saisir, il fait confiance à son Père pour les lui donner, en temps voulu. Jésus-Christ n’a été qu’accueil (ce que saint Paul appelle « obéissance »), et parce qu’il n’a été qu’accueil du don de Dieu et non revendication, il a pu se laisser combler par son Père, parce qu’il était complètement offert, disponible au don de Dieu.

    Revenons à cette phrase : « lui qui était de condition divine n’a pas jugé bon de revendiquer » : ne lisons surtout pas « bien qu’il soit de condition divine… ». C’est justement parce qu’il est de condition divine, il sait ce que c’est que l’amour gratuit : il sait bien que ce n’est pas bon de revendiquer, il ne juge pas bon de « revendiquer » le droit d’être traité à l’égal de Dieu… Et pourtant c’est bien cela que Dieu veut nous donner ! Donner comme un cadeau : parce que le projet de Dieu (son « dessein bienveillant ») c’est vraiment cela, nous faire entrer dans son intimité, son bonheur, son amour parfait, en un mot nous traiter comme des dieux : ce projet est absolument gratuit, ce qui évidemment n’a rien d’étonnant, puisque c’est un projet d’amour. Ce don de Dieu, cette entrée dans sa vie divine, il nous suffit de l’accueillir avec émerveillement, tout simplement. Pas question de le mériter, c’est « cadeau » si j’ose dire.

    Etre traité à l’égal de Dieu, c’est donc bien ce que Dieu compte faire ! Et c’est bien cela qui est donné à Jésus en définitive. Paul nous dit qu’il reçoit le Nom qui est au-dessus de tout nom : le nom de « Seigneur » : c’est le nom de Dieu ! Dire de Jésus qu’il est Seigneur, c’est dire qu’il est Dieu. Dans l’Ancien Testament, le titre de « Seigneur » était réservé à Dieu. La génuflexion aussi, d’ailleurs. Quand Paul dit : « afin qu’au Nom de Jésus, tout genou fléchisse »… il fait allusion à une phrase du prophète Isaïe : « Devant moi tout genou fléchira et toute langue prêtera serment » (Is 45, 23).

    L’hymne se termine par « toute langue proclame Jésus-Christ est Seigneur pour la gloire de Dieu le Père » : en voyant le Christ porter l’amour à son paroxysme, en acceptant de mourir pour révéler jusqu’où va l’amour de Dieu, nous pouvons dire comme le centurion « Oui, vraiment, celui-là est le Fils de Dieu »… puisque Dieu, c’est l’amour.

    Commentaire de Marie Noëlle Thabut

    Psaume : (Ps 77 (78), 3-4a.c, 34-35, 36-37, 38ab.39)

    R/ N’oubliez pas les exploits du Seigneur ! (cf. Ps 77, 7b)

    Nous avons entendu et nous savons ce que nos pères nous ont raconté ; nous le redirons à l’âge qui vient, les titres de gloire du Seigneur.

    Quand Dieu les frappait, ils le cherchaient, ils revenaient et se tournaient vers lui : ils se souvenaient que Dieu est leur rocher, et le Dieu Très-Haut, leur rédempteur.

    Mais de leur bouche ils le trompaient, de leur langue ils lui mentaient.

    Leur cœur n’était pas constant envers lui ; ils n’étaient pas fidèles à son alliance.

    Et lui, miséricordieux, au lieu de détruire, il pardonnait. Il se rappelait : ils ne sont que chair, un souffle qui s’en va sans retour.

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones et lu en Chapitre par le Frère Jean-Paul VS

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Commentaire :

    Le psaume 77 / 78 est bien plus long que ce que nous venons d’entendre, mais nous en avons ici un bon résumé : c’est toute l’histoire d’Israël qui est là, une histoire qui s’écrit entre deux acteurs, au long des siècles, dans la succession des générations. Le Dieu fidèle face à un peuple qui se reconnaît inconstant.

    Inconstant parce qu’oublieux : Israël est très conscient de l’importance du souvenir.

    « Nous avons entendu ce que nos pères nous ont raconté, nous le redirons à l’âge qui vient ». Pour que la foi se transmette, hier comme aujourd’hui, il faut trois conditions :

    1°) quelqu’un a vécu, un événement de salut, une expérience de salut, et peut dire « Dieu m’a sauvé ».

    2°) il partage son expérience, il témoigne.

    3°) sa communauté se souvient, garde ce témoignage.

    On pourrait dire que la foi est une expérience de salut partagée en communauté. Cela suppose donc une vie de communauté… (Et c’est là peut-être que le bât nous blesse ?)

    Le peuple juif sait depuis toujours que la foi n’est pas un bagage intellectuel, mais une expérience commune : l’expérience des dons et des pardons de Dieu. Ce psaume exprime tout cela : il rappelle en soixante-douze versets son expérience de salut ; la grande expérience qui a fondé la foi d’Israël c’est celle de la libération d’Égypte, c’est pour cela que ce psaume est émaillé d’allusions à l’Exode dans le Sinaï. Et les pères ont raconté cette expérience à leurs fils qui l’ont à leur tour racontée à leurs fils et ainsi de suite. Encore faut-il que les fils veuillent bien écouter et adhérer : notre traduction « nous avons entendu » est trop faible, elle ne rend pas la force de l’expression biblique. « Ecouter », « entendre », dans la Bible, c’est adhérer de tout son cœur à la Parole de Dieu. Évidemment, si une génération néglige son devoir de transmission, la chaîne est rompue.

    Les pères ont bien été obligés également d’avouer à leurs fils qu’ils avaient souvent récriminé contre Dieu. Malgré toutes ses actions répétées de salut à l’égard de son peuple, Dieu n’avait bien souvent rencontré que de l’ingratitude. Après chaque intervention de Dieu, on commence, bien sûr, par chanter, danser, s’extasier. Et puis les jours passent et on oublie. Et si une nouvelle difficulté survient, on trouve que ce Dieu est bien absent ou inactif. Et à ce moment-là, on est tenté d’aller chercher du secours auprès d’autres dieux, comme par exemple le veau d’or.

    C’est de cela que parle le psaume quand il accuse le peuple d’infidélités, d’inconstance. « De leur bouche, ils le trompaient, de leur langue ils lui mentaient, leur cœur n’était pas constant envers lui, ils n’étaient pas fidèles à son Alliance ». Ce qui est visé, ici, c’est l’idolâtrie qui a été la cible de tous les prophètes.

    Pourquoi ? On peut être sûr que si les prophètes s’attaquent si violemment à l’idolâtrie, c’est parce que celle-ci fait le malheur de l’humanité. Parce que tant que l’humanité n’aura pas découvert Dieu, non pas tel que nous l’imaginons, je devrais dire tel que nous le caricaturons, mais tel qu’Il est, elle ne pourra pas progresser dans sa marche vers le bonheur.

    Toute idole nous fait reculer sur le chemin de la liberté. C’est même cela la définition d’une idole : ce qui nous empêche d’être libres. Quand Marx disait « La religion est l’opium du peuple », il disait crûment quel pouvoir, je devrais dire quelle dictature, quelle manipulation, une religion quelle qu’elle soit, peut exercer sur l’humanité. La superstition, le fétichisme, la sorcellerie nous empêchent d’être libres et d’apprendre à exercer librement nos responsabilités, parce qu’ils nous font vivre dans un régime de peur. Tout culte d’idole, qu’elle soit de bois ou de plâtre (on voit encore au vingt-et-unième siècle des processions de ce genre !), nous détourne du Dieu vivant et vrai : or seule la vérité peut faire de nous des hommes libres. Le culte excessif d’une personne ou d’une idéologie, fait aussi de nous des esclaves : il suffit de penser à tous les intégrismes, les fanatismes qui nous défigurent. L’argent, lui aussi peut fort bien devenir une idole…

    Dans d’autres versets qui ne font pas partie de la liturgie de ce jour, le psaume a une image très parlante, celle d’un arc faussé : le cœur d’Israël devrait être comme un arc tendu vers son Dieu, mais il est faussé. Je prends un exemple : un adolescent (ou une adolescente) oublie parfois toute l’affection dont il a été l’objet, les sourires que ses parents lui ont prodigués, la patience, les veilles, les soins de toute sorte, les fatigues… et de la meilleure foi du monde, il (ou elle) peut dire « moi, mes parents ne m’ont jamais aimé »… de toute évidence, son regard est faussé et son discours aussi !

    Mais c’est au sein de cette ingratitude même qu’Israël a fait la plus belle expérience, celle du pardon de Dieu. Le psaume le dit bien : « Leur cœur n’était pas constant envers lui ; ils n’étaient pas fidèles à son alliance. Et lui, miséricordieux, au lieu de détruire, il pardonnait. Il se rappelait : ils ne sont que chair, un souffle qui s’en va sans retour ». Cette description de ce qu’on pourrait appeler la douce pitié de Dieu prouve que ce psaume a été écrit à une époque où la Révélation du Dieu d’amour avait déjà profondément pénétré la foi d’Israël.

    En revanche, vous avez peut-être été choqués par la mention des châtiments attribués à Dieu : « Quand Dieu les frappait, ils le cherchaient, ils revenaient et se tournaient vers lui ». A l’époque où ce psaume a été composé, on attribuait encore généralement à Dieu la responsabilité de tous les événements heureux ou malheureux. Nous savons aujourd’hui que nos malheurs ne sont jamais des châtiments de Dieu (même si cette explication nous tente encore parfois parce que nous n’en avons pas d’autre). Mais il nous reste encore du chemin à faire pour être définitivement en paix avec lui. Quand la guerre à l’idolâtrie et à tous les esclavages de toute sorte sera définitivement gagnée, nous serons enfin des êtres libres et responsables et nous pourrons marcher main dans la main avec notre Dieu.

    Commentaire de Marie Noëlle Thabut

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Alléluia. Alléluia.

    Nous t’adorons, ô Christ, et nous te bénissons : par ta Croix, tu as racheté le monde.

    Alléluia.

    Évangile : « Il faut que le Fils de l’homme soit élevé ».

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Jean (Jn 3, 13-17)

    En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème :

    « Nul n’est monté au ciel sinon celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme.

    De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle.

    Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.

    Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé ».

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones et lu par l'Abbé Pierre N.

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Commentaire :

    Première surprise de ce texte : visiblement, il est question de la Croix du Christ, et Jésus emploie pour en parler un langage extrêmement positif, on pourrait dire « glorieux » : d’une part, il emploie le mot « élevé ». « Il faut que le Fils de l’Homme soit élevé ». Et, d’autre part, cette croix qui est d’abord à nos yeux un instrument de supplice, de douleur, doit nous est présentée comme une preuve de l’amour de Dieu : « Dieu a tant aimé le monde ». Comment l’instrument de torture d’un innocent peut-il être glorieux ?

    Deuxième surprise, c’est le rapprochement avec le serpent de bronze. Si Jésus emploie cette image du serpent de bronze, c’est qu’elle était très connue de ses interlocuteurs. Mais l’ennui, c’est que cet épisode nous est à peu près inconnu, et de toute façon pas très compréhensible, parce que très loin de notre culture actuelle.

    Je vous rappelle donc très rapidement l’épisode du serpent de bronze. Cela se passe dans le désert du Sinaï pendant l’Exode à la suite de Moïse. Les Hébreux sont assaillis par des serpents venimeux, et comme ils n’ont pas la conscience très tranquille, (parce qu’une fois de plus ils ont « récriminé », comme dit souvent le livre de l’Exode) ils sont convaincus que c’est une punition du Dieu de Moïse. Ils vont donc supplier Moïse d’intercéder pour eux : « Le peuple vint trouver Moïse en disant : Nous avons péché en critiquant le Seigneur et en te critiquant ; intercède auprès du Seigneur pour qu’il éloigne de nous les serpents ! ».

    Le texte raconte que Moïse intercéda pour le peuple et le Seigneur lui dit : « Fais faire un serpent brûlant (c’est-à-dire venimeux) et fixe-le à une hampe : quiconque aura été mordu et le regardera aura la vie sauve. Moïse fit un serpent d’airain et le fixa à une hampe. Et lorsqu’un serpent mordait un homme, celui-ci regardait le serpent d’airain et il avait la vie sauve » (Nb 21, 7 – 9).

     * Fête de la Croix Glorieuse

    A première vue, nous sommes en pleine magie, en fait, c’est juste le contraire. Je m’explique : la coutume d’adorer un dieu guérisseur existait bien avant Moïse. Ce dieu était représenté par un serpent de bronze enroulé autour d’une perche. Une fois de plus, comme il l’a fait pour des quantités de rites, Moïse ne brusque pas le peuple, il ne part pas en guerre contre leurs coutumes. Il leur dit « faites bien tout comme vous avez l’habitude de faire, mais ne vous trompez pas de dieu : il n’existe qu’un seul Dieu, celui qui vous a libérés d’Égypte. Faites-vous un serpent, et regardez-le : (en langage biblique, « regarder » veut dire « adorer »). Mais sachez que celui qui vous guérit, c’est le Seigneur, ce n’est pas le serpent. Quand vous regardez le serpent, que votre adoration s’adresse au Dieu de l’Alliance et à personne d’autre, surtout pas à un objet sorti de vos mains ». Moïse a donc transformé ce qui était jusqu’ici un acte magique en acte de foi.

    Jésus reprend cet exemple à son propre compte : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’Homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle ».

    De la même manière que, dans le désert, il suffisait de lever les yeux avec foi vers le Dieu de l’Alliance pour être guéri physiquement, désormais, il suffit de lever les yeux avec foi vers le Christ en croix pour obtenir la guérison intérieure.

    Comme souvent dans l’Évangile de Jean revient le thème de la foi : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle ».

    Mais en même temps que Jésus fait un rapprochement entre le serpent de bronze élevé dans le désert et sa propre élévation sur la croix, il manifeste le saut formidable entre l’Ancien Testament et le Nouveau Testament. Jésus accomplit, certes, mais tout en lui prend une nouvelle dimension.

    D’abord, dans le désert, seul le peuple de l’Alliance était concerné ; désormais, en lui, c’est tout homme, c’est le monde entier, qui est invité à croire pour vivre. Deux fois Jésus répète « Tout homme qui croit en lui obtiendra la vie éternelle ».

    Ensuite, il ne s’agit plus de guérison extérieure, il s’agit désormais de la conversion de l’homme en profondeur ; au moment de la crucifixion du Christ, Jean écrit : « Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé » (Jn 19, 37), c’est une phrase du prophète Zacharie. Je vous la rappelle, parce qu’elle nous dit bien en quoi consiste cette transformation de l’homme, ce salut que Jésus nous apporte : « Ce jour-là, je répandrai sur la maison de David et sur l’habitant de Jérusalem, un esprit de bonne volonté et de supplication. Alors ils regarderont vers moi, celui qu’ils ont transpercé » (Za 12, 10). L’esprit de bonne volonté et de supplication, c’est tout le contraire des récriminations du désert, c’est l’homme enfin convaincu de l’amour de Dieu pour lui.

    Il y a donc deux manières de regarder la croix du Christ : elle est, c’est vrai, la preuve de la haine et de la cruauté de l’homme, mais elle est bien plus encore l’emblème de la douceur et du pardon du Christ : il accepte de la subir pour nous montrer jusqu’où va l’amour de Dieu pour l’humanité. La croix, c’est le lieu même de la manifestation de l’amour de Dieu : « Qui m’a vu a vu le Père » avait dit Jésus à l’apôtre Philippe. Sur le Christ en croix, nous lisons la tendresse de Dieu, quelle que soit la haine des hommes. C’est pour cela qu’on peut dire que la croix est glorieuse : parce qu’elle est le lieu où se manifeste l’amour parfait, c’est-à-dire Dieu lui-même.

    Que voyons-nous en effet quand nous nous tournons vers la croix ? Un Dieu assez grand pour accepter de se faire tout petit, assez grand pour continuer sa vie parmi les hommes malgré les incompréhensions et la haine, assez grand pour ne pas fuir devant ses bourreaux, assez grand pour pardonner du haut de la Croix, justement. Ceux qui acceptent de plier le genou devant cette grandeur-là sont pour toujours transformés.

    « Ceux qui croient en son nom, il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12).

    Commentaire de Marie Noëlle Thabut

    Homélie :

    La brève homélie prononcée ce jour par notre ami l’abbé Pierre N., a mis l’accent sur l’origine et la signification de la Croix.

     * Fête de la Croix Glorieuse

    La Vraie Croix, dite également Sainte Croix, serait la croix sur laquelle Jésus-Christ a été crucifié.

    Selon la tradition chrétienne, c'est sainte Hélène, la mère de l'empereur Constantin Ier, qui aurait découvert la Croix de Jésus ainsi que celles des deux larrons, lors d’un pélerinage en Palestine entrepris en 326. Cet événement central de la légende constantinienne lance le culte de la « Vraie Croix » qui est devenue dès lors une des principales reliques de la chrétienté, faisant l'objet d'une vénération particulière. Des reliquaires portant le nom de staurothèques sont spécialement fabriqués pour abriter les fragments.

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Pour le christianisme, la Croix du Christ est en effet considérée comme l'instrument du salut de l'humanité puisque, selon cette religion, le Christ, par sa mort, a racheté les hommes de leurs péchés, et particulièrement du péché originel. Deux fêtes marquent, dans le calendrier liturgique catholique, l'importance de cette relique : le Recouvrement de la Croix (3 mai) et l'Exaltation de la Sainte-Croix (14 septembre).

    Origine de la Fête de la Croix Glorieuse

    Quand, à Jérusalem, la reine sainte Hélène, mère de l'empereur Constantin, fut convaincue d'avoir retrouvé sur le Mont Calvaire la vraie Croix du Christ, elle fit édifier en ce lieu, avec l'aide de son fils, une Basilique englobant le Calvaire et le Saint Sépulcre.

    Cette Basilique qui eut pour nom « Résurrection » fut consacrée un 14 septembre. Par la suite, ce jour fut choisi pour célébrer une fête qu'on appela « Exaltation de la précieuse et vivifiante Croix » parce que son rite principal consistait en une ostension solennelle d'une relique de la vraie Croix.

    Ce geste manifestait devant tous que la Croix est glorieuse parce qu'en elle la mort est vaincue par la vie.

    La fête se répandit à Constantinople où elle connut un éclat nouveau à partir du 7ème siècle parce que les Perses infidèles s'étaient emparés de Jérusalem et avaient emporté dans leur pays la vraie Croix comme trophée de victoire.

    L'empereur Heraclius alla la reprendre et ramena triomphalement à Constantinople le symbole de la victoire du Christ sur la mort.

    Progressivement la fête fut célébrée dans toute l'Église et des parcelles de cette relique furent distribuées à travers le monde chrétien.

    Que nous apprend le langage de la Croix ?

    Le bois de la Croix rappelle le supplice du Seigneur et apparaît comme un symbole par excellence du Salut en marche. La Croix est le signe éminent de l’amour sauveur de Dieu qui donne sa vie, mais en même temps signe de victoire sur le péché, le mal et la mort, car ce don débouche sur la Résurrection et la gloire. Ainsi, les quarante jours qui conduisent de la Transfiguration à la fête de la Croix, nous incitent à changer notre regard sur la Croix pour y voir le désir de Dieu que « la vie surgisse à nouveau d’un arbre qui donnait la mort ».

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Conclusion : L'essentiel nous est confié !

    Si l'essentiel est vraiment là où Jésus meurt : en Croix... suis-je prêt à vivre cet essentiel, à témoigner de cet essentiel : donner ma vie, m'en dessaisir pour les autres ? Car l'essentiel, nous sommes tous d'accord : c'est de vivre... et l'essentiel de la vie, c'est aimer, être aimé. Mais vivre jusqu'à ce point... aimer jusqu'à cet extrême, et puis être aimé de cette façon...

    Jésus en croix nous dit d'abord ce que n'est pas l'essentiel, il nous montre où il n'est pas :

    • l'essentiel n'est pas de réussir, de s'épanouir, de faire carrière (professionnellement, religieusement), Jésus meurt abandonné, condamné, humilié.
    • l'essentiel n'est pas dans l'argent ni dans cette apparence qu'il nous permet d'acheter : Jésus meurt nu, dépouillé, dévêtu de toute apparence, homme ordinaire, en tout semblable aux hommes et reconnu comme un homme : le Nazaréen ! Ecce Homo.
    • l'essentiel n'est pas dans le manger, ni dans le boire. « J'ai soif », dit le supplicié (Jn 19,28).

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Frères et Sœurs, qui va nous dire l'essentiel ? Jésus et tout pauvre qui lui ressemble.

    Et puis, qui va nous donner accès à cet essentiel de la Croix ?

    Voyant sa mère et près d'elle, le disciple qu'il aimait, Jésus dit à sa mère : « Femme, voici ton fils » .Il dit ensuite au disciple : « Voici ta mère » (Jn 19,26-27).

    Et à partir de cette heure-là, le disciple l’accueillit dans son intimité...

    La Femme bénie entre toutes les femmes, c'est Elle qui va nous donner le fruit de l'arbre : c'est Elle, Marie, et c'est l'Église, où l'essentiel nous est donné, la vie éternelle... l'eau et le sang, la Parole et les sacrements.

    L'essentiel, ce « Je t'aime » de Jésus, ce « Je t'aime » de la part de Dieu, jaillit de son Cœur, éternellement dit, jamais repris, offert à tous, cet essentiel, Frères et Sœurs, nous est livré dans un geste, dans un Souffle. Inclinant la tête, Jésus remit l'Esprit. La croix vivante, la croix glorieuse du Fils bien-aimé nous fait signe et nous attire, comme pour un baiser :

    • venez, approchez : vous êtes des dieux, des fils du Très Haut (Ps 81,6)
    • venez : ceci est mon corps pour vous (Lc 22,19)
    • venez mes bien-aimés : ceci est mon sang (Mt 26,28).

    L'essentiel nous est confié : aimez-vous comme je vous ai aimés. Vous êtes mes amis.

    Notre joie, c'est d'être là : témoins que quelque chose se passe : on dirait sur la croix un mariage.

    Frère Christophe

     * Fête de la Croix Glorieuse

    Prière : Merci Seigneur, pour Ta Sainte Croix

    Vive Jésus, Fils de Marie,

    Venu sauver le monde

    En revêtant le corps de chair

    Que Dieu a donné à chaque âme avec amour.

    Il est mort sur la croix,

    Pour nous donner la vie.

    Il reviendra dans sa gloire

    Et son règne n’aura pas de fin.

     

    O mon Jésus,

    Tu as donné la vie à tous tes enfants,

    Par ta mort sur la croix.

    Tu nous as sauvés par ton amour infini.

    Ne nous abandonne pas, dans ce monde de ténèbres.

    Viens nous sauver à nouveau,

    Je t’en supplie. Amen.

     * Fête de la Croix Glorieuse   * Fête de la Croix Glorieuse   * Fête de la Croix Glorieuse

    Allocution de notre Frère Chapelain

    Son Excellence, Inspecteur Général magistral,

    Son Excellence, Grand Prieur magistral de Belgique,

    Excellences, Prieur de Belgique et Prieur de Wallonie, nobles Frères Commandeurs, Frères et Sœurs, chers amis, chères familles.

    Nous venons de recevoir nos Frères Arnaud, Axel, Joffroy, Kevin, Philippe, au grade de Chevalier de notre Ordre et notre Sœur Dominique au grade de Dame du Temple.

    Permettez–moi, comme il est de tradition pour un modeste Frère Chapelain, de prononcer quelques mots à leur intention.

    Après avoir suivi votre parcours initiatique en tant que Novices et ensuite comme Écuyers, vous voilà maintenant devenus Chevalier du Temple et Dame du Temple dans notre Ordre,

    L’ORDRE SOUVERAIN ET MILITAIRE DU TEMPLE DE JERUSALEM.

    Vous venez de recevoir votre manteau blanc. Celui-ci peut évoquer la grâce du baptême. Mais il traduit aussi la lumière de la gloire de la résurrection de la chair et plus immédiatement la virginité du cœur, la pureté de l’âme, et la totale oblation de la volonté humaine à la volonté de Dieu.

    Sur ce manteau blanc a été apposée une croix pattée rouge. En héraldique le rouge se dit « de gueules ». Cette croix doit vous rappeler le sacrifice d’Amour de notre Seigneur mort sur la croix pour le salut du monde.

    Votre épée symbolise l’âme, l’esprit du chevalier. Elle vous est personnelle. Elle représente la force, la parole de Dieu, la bravoure et la puissance.

    Elle ordonne la création, détruit l’ignorance et le mal, la main tenant la justice et la paix, et permet au chevalier de capter les connaissances, et de se libérer de ses passions.

    Pour vous, Sœur Dominique, maintenant Dame du Temple, vous n’avez pas été adoubée par l’épée, mais par la rose. Elle désigne une perfection achevée, un accomplissement sans défaut. Elle symbolise la coupe de la vie, l’âme, le cœur, l’amour. On peut la considérer comme un centre mystique. Parmi les fleurs spécialement attribuées à la Vierge figurent notamment la rose, le lys et la violette. La Vierge est elle-même appelée « Rose mystique » dans les Litanies de Lorette. Au XIIème siècle, saint Bernard de Clairvaux s’adresse à elle sous le nom de « Rosa sine spina », « Rose sans épines ».

    Vous êtes maintenant tous au midi de votre vie, ce qui signifie que vous êtes au commencement de votre nouvelle vie.

    Vous avez dû apprendre de mémoire les dix points de la Règle de vie du Templier, que vous aurez maintenant à appliquer.

    Mais être Chevalier du Temple et Dame du Temple, c’est aussi respecter douze commandements :

    • Toujours vous souvenir de l’exemple des anciens chevaliers et des principes du code de la chevalerie.
    • Combattre sans relâche pour les droits de la personne humaine, pour la défense des plus faibles et des opprimés et ne jamais reculer devant l'ennemi.
    • Combattre aussi pour la sauvegarde des valeurs humaines universelles.
    • Commencer par vous améliorer vous-même avant de prétendre améliorer les autres et le monde qui vous entoure.
    • Conformer votre propre vie à vos convictions personnelles profondes sans hypocrisie, tout en respectant toujours les convictions d’autrui.
    • Etre toujours franc dans vos propos et loyal dans votre conduite.
    • Etre toujours fidèle à vos engagements et honorer la parole donnée.
    • Ne rien chérir autant que l’amitié et la fraternité.
    • Toujours préférer le dialogue et la concertation à l’affrontement et à la guerre.
    • Affronter avec courage toutes les difficultés, tout en sachant que c’est d’abord en vous-même que vous trouverez la force nécessaire pour les vaincre.
    • Ne jamais oublier que vos droits et vos libertés s’arrêtent là où commencent ceux d’autrui.
    • Ne jamais oublier que la valeur d’un être humain repose dans ce qu’il est vraiment et non dans ce qu’il possède ou paraît être.

    Votre chemin ne sera pas facile.

    Vous aurez à produire un travail profond sur vous-même.

    Mais n’ayez pas peur nous serons là pour vous aider !

    NON NOBIS DOMINE, NON NOBIS, SED NOMINI TUO DA GLORIAM.

    J’ai dit, Son Excellence.

    Frère Chapelain Jean-Paul VS

    Et pour conclure :

    Au lendemain de la Croix glorieuse, l’Eglise fête la compassion de Marie, Notre Dame des sept douleurs.

     Mise en page par le Frère André B., Grand Chancelier Prieural, Moine Chevalier de Notre-Dame

    Références :

    http://reflexionchretienne.e-monsite.com/pages/les-fetes-catholiques/septembre/la-croix-glorieuse-fete-le-14-septembre.html

    https://croire.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/Croix-glorieuse/14-septembre-pourquoi-feter-la-Croix-glorieuse

    https://www.aelf.org/2019-09-14/romain/messe

    http://thierry.jallas.over-blog.com/2014/09/commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-a-la-croix-glorieuse-14-septembre-2014.html

    http://reflexionchretienne.e-monsite.com/pages/les-fetes-catholiques/septembre/la-croix-glorieuse-fete-le-14-septembre.html

    https://www.moines-tibhirine.org/les-7-freres/au-fil-de-la-liturgie/113-fete-de-la-croix-glorieuse-14-septembre-l-essentiel-nous-est-confie.html

    https://www.etoilenotredame.org/actualites/14-septembre-2019-fete-de-la-croix-glorieuse


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