• Examen de conscience

    Foi – Espérance – Charité

    Puisque nous ne nous confessons plus …

    Interrogeons-nous sur la qualité de notre Foi.

    Jésus a souvent reproché à ses auditeurs leur manque de Foi.

    Croire, c’est donner sa foi, sa confiance à Dieu. Non pas seulement quand tout va bien !

    Nous appelons Dieu : notre Père. Est-ce vrai ?

    Notre manque de confiance en Dieu nous amène aussi, peut-être, à manquer de confiance envers les autres…

    Ne sommes-nous pas trop méfiants et soupçonneux ? Toujours prêts à souligner chez les autres des intentions mauvaises, qu’ils n’ont sans doute pas ?

    Manque de confiance en Dieu, manque de confiance  aux autres : et voilà que la vie quotidienne devient un enfer !

    Pitié Seigneur, car nous avons péché !

    Interrogeons-nous sur la qualité de notre Espérance.

    L’Espérance, c’est la couleur que prend notre foi dans les moments plus sombres, plus difficiles, de notre existence.

    Sommes-nous capables de courage dans les épreuves ? Ou au contraire, sommes-nous découragés à la moindre difficulté ?

    Les gens sombres et grincheux rendent aussi la vie impossible autour d’eux.

    Sommes-nous capables de voir toujours chez les autres le bien, plutôt que le mal ? le positif plutôt que le négatif ?

    Sommes-nous des gens d’Espérance, qui croient à la Vie et à l’Amour possibles : parce qu’ils participent déjà à la Vie et à l’Amour de Dieu ?

    Pitié Seigneur, car nous avons péché.

    Interrogeons-nous sur la qualité de notre Charité.

    Demandons-nous ce qui fait obstacle sur la route entre le prochain et nous :

    • Notre égoïsme, notre intérêt personnel et immédiat…
    • Notre avarice peut-être !
    • Le plaisir que nous prenons parfois à ravaler les autres, à dire médisances et calomnies à leur sujet…
    • Le besoin de nous mêler de ce qui ne nous regarde pas, de juger durement autrui…
    • La façon de fermer les yeux, oreilles et mains, devant les besoins des autres.
    • Et les services que nous pouvons leur rendre…
    • En prenant ce qui ne nous appartient pas…
    • En détruisant, en salissant, en gaspillant le bien public ou notre environnement…

    Pitié Seigneur, car nous avons péché.

    Interrogeons-nous aussi sur le respect que nous nous devons à nous-mêmes.

    Car nous sommes fils et filles de Dieu, et nous devons en tenir compte dans la vie de chaque jour. Nous pouvons manquer à ce respect par des excès en tout genre : gourmandise, excès de boisson, paresse, sensualité, indifférence, jalousie, orgueil, vanité.

    Pitié Seigneur, car nous avons péché.

    Interrogeons-nous encore sur la qualité de notre prière.

    Car notre Amour de Dieu et du prochain, ainsi que le respect de soi-même, doivent trouver leur source et leur force dans la prière.

    La prière commune : la messe du dimanche, n’est-elle pas trop facilement oubliée ?

    La messe à la TV est une heureuse réalisation pour ceux qui ne peuvent se déplacer. Pour les autres, elle ne remplace pas vraiment la messe à l’église.

    Si nous sommes malades, ou handicapés, nous pourrions peut-être plus facilement recevoir la sainte communion à domicile : pour cela, acceptons-nous qu’Elle ne soit plus nécessairement apportée par des prêtres, mais aussi par des laïcs, voisins, membres de la famille, visiteurs de malades…

    Y a-t-il place dans notre prière pour la Louange de Dieu ? Ne demandons-nous pas trop facilement des choses toujours immédiatement profitables ?

    Demandons-nous parfois de vivre en fils et filles de Dieu ? De vivre dans l’Amour de Dieu et du prochain ?

    Pitié Seigneur, car nous avons péché.

    Et que chacun complète cet examen de conscience par ce qui lui est plus personnel…

     

    Feuillet recueilli dans une église, retranscrit à votre bienveillante attention

    par le Frère André B., Moine-Chevalier de Notre-Dame


    votre commentaire
  • Les vertus théologales

    Les vertus théologales sont la Foi, l'Espérance et la Charité

     * 19 - Les vertus théologales

    Vitrail du 19ème siècle représentant les trois vertus théologales : Foi, Charité et Espérance

    (Eglise Saint-Martin de Venette, Oise)

    Ce groupe tire son origine d'un passage de la Première Épître de saint Paul aux Corinthiens (I Co 13, 13). Ces vertus sont infusées par Dieu dans l’âme des fidèles pour les rendre capables d’agir comme ses enfants et de mériter la vie éternelle.

     * 19 - Les vertus théologales

    Avant toute chose, il faut se garder de les confondre avec trois qualités humaines, que sont la confiance, l'espoir et le partage.

    La confiance, l'espoir et le partage sont des attitudes humaines, qui partent de l'homme et qui lui retournent, tandis que la Foi, l'Espérance et la Charité sont des vertus qui trouvent leur source en Dieu et Lui reviennent :

    • la Foi est donnée par Dieu et est croyance en Lui, alors que la confiance est une attitude, une discipline humaine ;
    • l'Espérance est la certitude en Dieu de la vie éternelle, alors que l'espoir est la confiance en l'avenir ;
    • la Charité est l'amour que Dieu nous donne et que nous Lui rendons ainsi qu'à tous les hommes, à l'image de Son Amour pour nous et de la Passion du Christ, tandis que le partage est une expression de cet amour.

     * 19 - Les vertus théologales

    La croix symbolise la Foi - L'encre symbolise l'Espérance - Le cœur symbolise la Charité

    En ce sens, les vertus théologales ne sont pas des vertus morales : elles ne sont pas une attitude que l'homme peut apprendre à pratiquer ni une morale que l'on peut inculquer, elles sont une triple grâce donnée par Dieu. Toutefois, cette grâce finit par s'exprimer dans une attitude humaine : simplement, elle ne s'y réduit pas.

     * 19 - Les vertus théologales

    Trois statues représentant les vertus théologales

    Eglise des Chartreux à Marseille

    Dans la religion chrétienne, les vertus théologales sont donc les vertus ayant Dieu pour objet.

    • Elles adaptent les facultés de l’homme à la participation de la nature divine.
    • Elles sont les conséquences de la grâce.
    • Elles disposent l'homme à vivre en relation avec Dieu. Au Ciel, seule la charité subsistera, sous la forme de la vision directe de Dieu.

     * 19 - Les vertus théologales

    Tentons de préciser davantage ce qu’il convient d’entendre par Foi, Espérance et Charité. Ce n’est pas aussi simple qu’on le pense généralement !

    La FOI

    1. Avoir la Foi, c'est tenir pour vrai une chose dont nous n'avons pas l'évidence, la perception directe, comme nous pouvons les avoir par une perception sensorielle.

    2. Grâce à la vertu de Foi, nous croyons plus aisément ce que Dieu nous a révélé et à quoi Il nous propose d'adhérer.

    3. On s'exposerait à perdre la Foi : si on négligeait les moyens d'entretenir en nous les connaissances religieuses. La Foi est un don de Dieu qui a besoin d'être entretenu et protégé, surtout dans le  monde athée dans lequel beaucoup de gens sont fréquemment plongés de nos jours.

    L’ESPÉRANCE

    4. L'Espérance, c'est l'attente confiante d'une chose qui arrivera certainement et nécessairement, parce que c'est Dieu qui l'a promis  ainsi. Tandis qu'avoir l'espoir, c'est espérer une chose qui se produira peut-être, mais sans certitude.

    5. La vertu d'Espérance est donc la vertu surnaturelle par laquelle nous attendons sereinement la Grâce de Dieu – si nous sommes fidèles – puis, dans les mêmes conditions, la Vie Éternelle que Dieu a promise à ses fidèles serviteurs. Cette vertu nous fait espérer aussi tous les secours surnaturels nécessaires à l'acquisition de la Grâce et de la Vie Éternelle.

    6. Les conditions logiquement nécessaires pour obtenir ces biens spirituels sont principalement : l'intention droite, l'exercice de la bienfaisance, des bonnes œuvres et du devoir d'état, l'usage des sacrements et de la prière, ainsi que celui des autres vertus. Et on s'exposerait à diminuer les effets de la vertu d'Espérance, voire à sa perte, si on agissait avec présomption ou désespoir.

    La CHARITÉ

    7. La Charité, c'est la vertu qui nous aide à préférer Dieu et Ses volontés à toute autre chose. Cette vertu nous aide à aimer Dieu pour Lui-même, c'est-à-dire en raison de ce qu'Il est. Et, par conséquence logique, notre prochain quel qu'il soit. La raison en est que, malgré les défauts que nous pourrions lui connaître, ce prochain a été créé lui aussi « à la ressemblance de Dieu ».

    8. L'amour que nous devons porter à Dieu, n'est pas nécessairement un effet ou une manifestation de la sensibilité. C'est un amour que l'on pourrait appeler « amour rationnel », parce que produit par la raison qui considère Dieu comme étant l'être le plus parfait par rapport à tous les autres êtres que nous connaissons, ou que nous pouvons imaginer.

    9. Notre amour de Dieu pourra s'exprimer de diverses manières : tout d’abord dans l'adoration. Adorer, c'est rendre hommage, honneur et culte à Dieu en tant qu'Il est l'Être par excellence, Créateur et Maître de tous et de tout ; également par la prière, et en faisant effort pour vivre en conformité avec Ses Commandements. Enfin, en Le recevant dignement dans l'Eucharistie, sans négliger les Grâces que mettent à notre disposition les autres Sacrements.

    10. L' « amour du prochain comme soi-même », en expression de l'amour que nous portons à Dieu, sera aussi un moyen que l'on pourrait dire « indirect », mais tout aussi sincère cependant que l'amour que nous devons porter à Dieu. Et là aussi, il ne s'agit pas nécessairement d'un amour de la sensibilité, mais d'abord de la raison.

    11. On s'exposerait à perdre la Charité envers Dieu par l'acceptation habituelle du péché dans notre vie. De même qu'on s'exposerait à porter atteinte à notre amour du prochain, dans la mesure où nous délaisserions plus ou moins la charité fraternelle en des domaines où nous devrions être attentifs à ce même prochain.

    12. Aimer notre prochain, c'est d'abord  le respecter comme créature faite à l'image de Dieu ; c'est ne pas le gêner sans motif ; c'est lui souhaiter du bien et, selon les circonstances, lui être utile et agréable, tout en veillant à une certaine discrétion et, parfois, à la nécessaire prudence.

    Deux de ces vertus théologales sont destinées à disparaître : en effet, à la fin des temps, la Foi n’aura plus de raison d’être puisqu’il n’y aura plus lieu de douter de l’existence de Dieu qui se manifeste à tous ; pas plus que l’Espérance, puisque tout ce qu’il y avait lieu d’espérer est déjà là et que les damnés, il est vrai, n’ont pour leur part plus à espérer quoi que ce soit. Seul subsistera donc l’amour.

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.


    votre commentaire
  • Les valeurs et vertus chrétiennes

    Voici un survol rapide des valeurs fondamentales qui devraient être partagées par tous ceux qui se disent chrétiens. Tout d'abord, la magnifique beauté et l'organisation de la création qui est si richement exposée devant l'Humanité ainsi que le sens de la vie humaine, courte, fragile mais si riche. Tout cela témoigne de la main du Créateur.

    Ensuite, la relation entre un individu et son Créateur détermine son avenir spirituel ainsi que ses relations avec les autres personnes. C'est pour cela que les valeurs fondamentales citées ici ont plusieurs sens et implications : entre l'Homme et Dieu mais aussi entre les Hommes eux-mêmes.

    Avant tout, les Chrétiens doivent admettre leurs faiblesses et reconnaître, avec humilité, qu'en tant qu'être humains, ils ne sont pas toujours à la hauteur de leurs valeurs...

    Lien vers le sommaire de notre dossier consacré à l'humilité00 - L'humilité

    S’il me fallait résumer ce qu’est la foi chrétienne je l’évoquerais en huit points qui me paraissent essentiels :

    1. Il y a un Etre suprême, Dieu, qui a créé l'univers, ceci comprenant toute l'humanité.
    2. Dieu a donné une Loi parfaite, montrant Sa gloire, Sa sainteté et Sa justice, afin qu'elle soit gardée.
    3. Nul n'a obéi, ainsi tous sont pécheurs et méritent Sa juste colère.
    4. Mais, par amour, Dieu a envoyé Son Fils, Jésus-Christ, afin qu'Il vive et accomplisse Sa Loi et qu'Il donne Sa vie comme le parfait sacrifice expiatoire pour le péché.
    5. Dieu appelle chacun à la repentance.
    6. À ceux qui se repentent et croient en Jésus-Christ, Dieu pardonne leurs péchés et les fait héritiers de Son royaume.
    7. Par gratitude, ils vivent leur vie pour le Christ, cherchant à Lui plaire afin de montrer l'amour qu'ils ont maintenant pour Lui.
    8. La joie, la paix et toutes bénédictions spirituelles leur sont données en Jésus-Christ !

    Quant aux valeurs chrétiennes, elles s'articulent, selon moi, essentiellement autour :

    • du don de soi au service du bien commun ;
    • de la constance et de la fidélité dans l'engagement personnel et social ;
    • du sens de sa responsabilité personnelle à l'égard des autres et à l'égard du monde ;
    • de la confiance dans l'idée que, par son engagement, on peut changer le monde, le conduire à plus de justice ;
    • de la confiance aussi dans le fait que si la justice ne triomphe pas en ce monde, elle triomphe au moins dans l'autre.

    Que pouvons-nous faire pour mettre ces valeurs chrétiennes en pratique ?

    1. Nous devrions être emplis de révérence, d'amour et de respect vis à vis de Dieu.

    Les chrétiens doivent toujours avoir la plus haute opinion de Dieu. Leur adoration doit être centrée sur Lui, Le connaitre et l'aimer de tout leur cœur. Ils doivent exalter la gloire du Dieu tout-puissant, Créateur de l'univers, donc de chacun. Parce que Dieu est si grand, si infini en sagesse, amour, droiture, puissance, gloire et sainteté, tous devraient chercher à se rapprocher de Lui, mais sans jamais chercher à vouloir l’égaler !

    2. Nous devrions avoir soif de connaître Dieu par Sa Parole.

    Grâce à la Bible, Dieu a donné à l'humanité Sa Parole. Les chrétiens doivent la tenir en haute estime et brûler du désir de la lire afin de mieux Le connaître. Ils doivent avoir soif de Sa présence dans leurs vies comme de Sa Parole et Le chercher en vérité afin de connaître plus intimement Sa volonté telle que révélée dans la Bible.

    3. Nous devrions nous soumettre aux commandements de Dieu et les tenir en haute estime.

    Les chrétiens qui estiment la Parole de Dieu doivent se soumettre à l'autorité de Ses commandements dans leur vie quotidienne. Ils reconnaissent que Sa Parole est parfaite, éternelle, qu'Elle restaure l'âme et révèle la gloire et la justice de Dieu. La lumière de Sa Loi leur permet de discerner le bien du mal, montrant ce que Dieu attend d'eux et devient une bénédiction pour ceux qui recherchent la droiture et la justice.

    4. Nous devrions reconnaître que nous sommes pécheurs.

    Les chrétiens reconnaissent que tous sont pécheurs, ayant désobéi aux commandements de Dieu. Ainsi, tous méritent la colère divine et devront affronter Sa justice. Tous doivent admettre qu'ils ont une nature pécheresse qui sans cesse insulte Dieu par leurs péchés et qu'ils sont coupables en pensées, mots et actes. Leur conscience leur rappelle cette triste réalité de pécheurs et ils ne doivent pas l'ignorer mais plutôt se repentir devant Dieu et implorer Sa grâce.

    5. Nous devrions reconnaître le Christ comme le Fils de Dieu, le Sauveur et le Seigneur.

    En reconnaissant leurs péchés, les chrétiens reconnaissent en Jésus-Christ le messie annoncé par l'Ancien Testament, le Fils de Dieu, Dieu Lui-même, venant dans la chair comme le sacrifice expiatoire parfait pour le péché. Ils comprennent qu'il n'y a pas d'autre façon de satisfaire la parfaite justice divine excepté en Jésus-Christ, qui a payé le prix pour leur péché. Par la foi, ils croient qu'Il a triomphé sur la mort en ressuscitant au troisième jour après son sacrifice. Par gratitude pour ce que Christ a accompli, les Chrétiens Lui soumettent leur vie.

    6. Nous devrions être conformes au Christ.

    Dieu façonne les chrétiens à l'image de Son Fils, Jésus, par le renouvellement de leurs cœurs. Porter les fruits du Saint Esprit dans leur vie quotidienne doit être leur humble désir. Ces fruits sont l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance. Ils doivent aussi donner témoignage du ministère du Christ en aimant même leurs ennemis (comme le Christ a aimé les pécheurs qui le rejetaient), en étant au service les uns des autres (comme Il est venu pour servir et donner Sa vie), en étant humbles (comme le Fils de Dieu naissant dans une mangeoire) et en pratiquant le pardon et la compassion (comme le Christ a de la compassion pour les pécheurs).

    Evidemment, les chrétiens traversent des temps d'épreuve et de faiblesse au cours de leur vie ainsi que des moments où ils ne parviennent pas à vivre selon leurs valeurs. Mais s'ils recherchent Dieu avec sincérité en se repentant et en se tournant vers le Christ, Il les redresse et leur donne force et maturité dans leur foi.

    Frère André B., très noble et bienfaisant Chevalier du Christ


    votre commentaire
  • Le Chemin de Croix

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    Dans la tradition catholique, le Chemin de Croix (via crucis) est un acte dévotionnel privé ou communautaire. Tout en commémorant la Passion du Christ en évoquant 14 moments particuliers de celle-ci (certains issus de la tradition et non rapportés dans les écrits bibliques), le fidèle souhaite recevoir la grâce de communier intensément aux souffrances du Christ, Sauveur des hommes.

    Il est recommandé de participer à la célébration le Vendredi saint et les vendredis de Carême. Beaucoup de paroisses font la cérémonie tous les vendredis de Carême. Pendant le Carême, qui est un temps de pénitence et de prière, il faut méditer la passion du Christ pour se préparer à fêter sa résurrection.

    Elle comporte parfois une procession, interrompue par des prédications, des méditations et des prières, effectuée en s'arrêtant devant quatorze tableaux, crucifix ou autres symboles disposés soit autour de l'église ou d'un lieu attenant (généralement une voie reproduisant la montée au calvaire), soit dans l'église.

    Par extension, le Chemin de Croix désigne l'ensemble des symboles matériels (tableaux, statues, plaques, crucifix, etc.) marquant les différentes « stations » de la cérémonie.

    Pendant des siècles, Jésus fut représenté portant sa croix tout entière sur l'épaule, aidé de Simon de Cyrène, sur la route du Calvaire. Au 20ème siècle, s'est répandue l'idée qu'il devait ne porter, comme tous les condamnés, que la partie supérieure de la Croix, de Jérusalem au Golgotha, le patibulum, attaché aux deux bras et portée sur les deux épaules, l'autre partie de la croix étant fichée en terre au lieu du supplice.

    D'un point de vue artistique, beaucoup d'intérêt a été montré au cours des siècles pour l'analyse, la conservation et la restauration des images iconographiques associées à cette pratique : les quatorze stations ont été représentées dans les églises et en d'autres lieux de culte, parfois même à l'extérieur, par des peintures, des pièces en terre-cuite, des bas-reliefs ou par de réelles sculptures. Artistiquement, elles sont considérées comme faisant partie de la production thématique inspirée par la crucifixion.

    Le Chemin de Croix n’est pas un acte de sadomasochisme, il est l’unique qui vainc le péché, le mal et la mort, parce qu’il débouche sur la lumière radieuse de la résurrection du Christ, en ouvrant les horizons de la vie nouvelle et pleine. C’est le Chemin de l’espérance et de l’avenir. Celui qui le parcourt avec générosité et avec foi, donne espérance et avenir à l’humanité. Il sème l’espoir.

    Nous allons méditer le chemin de la croix du Christ. Ce chemin est parcouru par le Christ pour expier nos fautes. Saint Paul dit: « Heureuse faute qui nous a valu un tel sauveur ». Nous allons faire ce chemin de croix avec Marie notre Mère. Demandons à Marie de nous aider, à ne pas rester insensible en présence de tant de souffrances et d’ignominies endurées pour chacun d’entre nous. Changez mon cœur ou plutôt donnez-moi le vôtre, afin que, avec vous et par vous, je compatisse dignement aux douleurs de Jésus, que je pleure mes infidélités et que son Amour grandisse en moi. Au début de ce chemin de croix, prenons quelques minutes de silence pour contempler cette Croix du Christ, cette Croix qui est pour nous source de notre salut.

    Les 14 stations du Chemin de Croix

    1ère station : Jésus est condamné à mort

    De l’Évangile selon saint Marc (15, 12 - 15) :

    • 12 Et comme Pilate reprenait : « Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs ? »,
    • 13 de nouveau ils crièrent : « Crucifie-le ! »
    • 14 Pilate leur disait : « Qu’a-t-il donc fait de mal ? » Mais ils crièrent encore plus fort : « Crucifie-le ! »
    • 15 Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas et, après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu’il soit crucifié.

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    Qu'a donc fait Jésus pour se retrouver face à un tribunal ? Quel crime, quel délit a-t-il donc commis ? Son seul tort : il a touché le lépreux, il a relevé le boiteux, il a rendu la dignité à l'humilié, il a ouvert les yeux de l'aveugle, il a redonné la parole au muet. Des hommes, des femmes, des foules entières se sont mis à le suivre. Il a aimé, trop aimé, surtout les pauvres, les petits, les mal-aimés. Un gêneur, voilà ce qu'il était.

    - Nous vous adorons, ô Christ, et nous vous bénissons.
    - Parce que vous avez racheté le monde par votre sainte Croix, Ô doux Jésus, vous avez accepté d’être jugé par des hommes et condamné, vous l’Agneau sans tâche, le Fils du Père, et votre bouche n’a proféré aucun jugement, aucun reproche. Vous n’aviez pour vos bourreaux que pitié et miséricorde. Donnez-nous, Seigneur, de pleurer nos péchés, de demander pardon et de pardonner.

    Dites les prières qui suivent :

    • Notre Père…
    • Je vous salue Marie…
    • Gloire au Père…

    - Ayez pitié de nous, Seigneur.
    - Ayez pitié de nous.
    - Que, par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix.
    - Amen.

    2ème station : Jésus est chargé de sa croix

    De l’Évangile selon saint Marc (15, 16 - 20) :

    • 16 Les soldats l’emmenèrent à l’intérieur du palais, c’est-à-dire dans le Prétoire. Alors ils rassemblent toute la garde,
    • 17 ils le revêtent de pourpre, et lui posent sur la tête une couronne d’épines qu’ils ont tressée.
    • 18 Puis ils se mirent à lui faire des salutations, en disant : « Salut, roi des Juifs ! »
    • 19 Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et s’agenouillaient pour lui rendre hommage.
    • 20 Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau de pourpre, et lui remirent ses vêtements. Puis, de là, ils l’emmènent pour le crucifier.

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    Voici que Jésus est chargé de sa croix. Il n'y a rien de plus pesant qu'une croix. Jésus la prend à bras-le-corps. En portant sa croix, ce sont toutes nos croix que Jésus prend avec lui. Nos souffrances et nos douleurs, nos faux pas et nos péchés, il les porte sur lui.

    - Nous vous adorons, ô Christ, et nous vous bénissons.

    - Parce que vous avez racheté le monde par votre sainte Croix, Ô Jésus, vous avez porté sur vos épaules tous nos péchés. Ce poids est tel qu’aucune parole ne peut l’exprimer. Donnez-nous, Seigneur, de porter cette croix avec vous, de ne jamais la rejeter, mais d’en faire notre bien le plus précieux.

    Dites les prières qui suivent :

    • Notre Père…
    • Je vous salue Marie…
    • Gloire au Père…

    - Ayez pitié de nous, Seigneur.
    - Ayez pitié de nous.
    - Que, par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix.
    - Amen.

    3ème station : Jésus tombe sous le bois de la croix

    De la lettre aux Philippiens (2, 6 - 8) :

    • 06 [Le Christ Jésus] ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.
    • 07 Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect,
    • 08 il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    Le corps de Jésus est épuisé. Tout est lourd, si lourd que Jésus, à bout de souffle, tombe sous le poids de la croix. Première chute et premier relèvement. Jésus est tombé, mais il se relève. Il lui faut aller jusqu'au bout de sa Passion, jusqu'au bout de son amour pour les hommes.

    - Nous vous adorons, ô Christ, et nous vous bénissons.

    - Parce que vous avez racheté le monde par votre sainte Croix, Ô Seigneur, comment ne pas pleurer en vous voyant passer, vous le plus humble, le plus petit des petits, sur le chemin du Calvaire et tomber sous le poids de nos fautes ? Que nos chutes, Seigneur, ne nous conduisent pas au désespoir, mais que, confiants en votre amour, nous nous relevions et continuions à avancer sur le chemin de la sainteté !

    Dites les prières qui suivent :

    • Notre Père…
    • Je vous salue Marie…
    • Gloire au Père…

    - Ayez pitié de nous, Seigneur.
    - Ayez pitié de nous.
    - Que, par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix.
    - Amen.

    4ème station : Jésus rencontre sa très sainte Mère

    Du Livre des Lamentations de Jérémie (1, 12a ; 20a) :

    • 12 Vous tous qui passez sur le chemin, regardez et voyez s’il est une douleur pareille à la douleur que j’endure.
    • 20 Vois, Seigneur, quelle est ma détresse : mes entrailles frémissent ; mon cœur en moi se retourne.

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    Que de souffrances ! Que de révoltes silencieuses dans le cœur de Marie !  Mais elle ne fait aucun reproche à son fils qu'elle n'a jamais cessé d'aimer. Elle penche sur lui son visage débordant de tendresse. Jésus ne dit rien. face à une telle souffrance, quelle parole pourrait la consoler ? Il pose juste son regard sur sa mère. Et cet échange de regard vaut plus que tous les discours du monde.

    - Nous vous adorons, ô Christ, et nous vous bénissons.

    - Parce que vous avez racheté le monde par votre sainte Croix, cette rencontre de deux cœurs douloureux, unit dans l’offrande totale pour la rédemption du monde, nous invite à tout donner, à aimer le Christ comme sa Mère l’a aimé et à aimer Marie comme le Christ l’a aimée. Purifiez, ô Marie, nos relations affectives, afin que nous puissions aimer en toute liberté notre Seigneur Jésus-Christ et notre prochain comme nous-mêmes.

    Dites les prières qui suivent :

    • Notre Père…
    • Je vous salue Marie…
    • Gloire au Père…

    - Ayez pitié de nous, Seigneur.
    - Ayez pitié de nous.
    - Que, par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix.
    - Amen.

    5ème station : Simon le Cyrénéen aide Jésus à porter sa croix

    De l’Évangile selon saint Marc (15, 21 - 22) :

    • 21 [Les soldats] réquisitionnent, pour porter sa croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs.
    • 22 Et ils amènent Jésus à l'endroit appelé Golgotha, c'est-à-dire : « Lieu-du-Crâne » (ou Calvaire).

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    Sa journée aurait pu se passer comme toutes les autres. mais voici qu'une rencontre a changé sa vie. réquisitionné par les soldats, Simon porte la croix avec Jésus. Il fait l'expérience d'un Dieu qui appelle l'homme à son secours, un Dieu qui a besoin de l'homme pour réaliser sa mission, un Dieu qui donne à l'homme de pouvoir construire du sens à sa vie en répondant à cet appel.

    - Nous vous adorons, ô Christ, et nous vous bénissons.

    - Parce que vous avez racheté le monde par votre sainte Croix, Ô Seigneur, que sans hésiter nous acceptions de prendre part à votre Passion, que nous portions, dans la joie, notre croix et celles des autres, pour la gloire de Dieu !

    Dites les prières qui suivent :

    • Notre Père…
    • Je vous salue Marie…
    • Gloire au Père…

    - Ayez pitié de nous, Seigneur.
    - Ayez pitié de nous.
    - Que, par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix.
    - Amen.

    6ème station : Véronique essuie la face de Jésus

    Du Livre d'Isaïe (50, 5 - 6) :

    • 05 Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé.
    • 06 J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats.

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    Pourquoi tant de barbarie alors que Jésus a seulement voulu leur montrer qu'il les aimait ? Le geste de Véronique dit combien il est toujours possible de redonner toute sa dignité à un visage bafoué. Partout où le visage de Dieu est défiguré dans l'homme, il nous faut croire que la main de l'homme peut encore quelque chose.

    - Nous vous adorons, ô Christ, et nous vous bénissons.

    - Parce que vous avez racheté le monde par votre sainte Croix, Seigneur, imprimez en nos âmes votre Visage, afin qu’en nous voyant, le monde vous voie et que les cœurs durs se brisent.

    Dites les prières qui suivent :

    • Notre Père…
    • Je vous salue Marie…
    • Gloire au Père…

    - Ayez pitié de nous, Seigneur.
    - Ayez pitié de nous.
    - Que, par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix.
    - Amen.

    7ème station : Jésus tombe une seconde fois

    Du Livre d'Isaïe (53, 3 - 4a) :

    • 03 [Il était] méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, il était pareil à celui devant qui on se voile la face ; et nous l’avons méprisé, compté pour rien.
    • 04 En fait, c’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs dont il était chargé.

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    Accablé, prostré, à bout de forces, Jésus tombe et retombe. il épouse, sous le poids de la croix, toute la condition humaine dans ce qu'elle a de plus fragile. Brisé, écrasé, à bout de forces, Jésus tome, mais il se relève. Et en se relevant, il nous relève avec lui, ramassant avec sa croix nos propres croix. Il a pris sur lui notre péché et le péché du monde. Il a porté nos douleurs et nos souffrances, nos lâchetés et nos petitesses, nos solitudes et nos désespérances, nos fragilités et notre incapacité à aimer.

    - Nous vous adorons, ô Christ, et nous vous bénissons.

    - Parce que vous avez racheté le monde par votre sainte Croix, Ô Seigneur, écrasé par le poids de nos péchés, vous tombez une deuxième fois. Pardon, Seigneur, pour nos fautes, pour les offenses qui vous sont faites et les blessures que nous nous infligeons les uns les autres. Que par votre grâce, nous nous convertissions tous les jours et guérissions de tout mal !

    Dites les prières qui suivent :

    • Notre Père…
    • Je vous salue Marie…
    • Gloire au Père…

    - Ayez pitié de nous, Seigneur.
    - Ayez pitié de nous.
    - Que, par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix.
    - Amen.

    8ème station : Jésus console les filles de Jérusalem

    De l’Évangile selon saint Luc (23, 27-28) :

    • 27 Le peuple, en grande foule, le suivait, ainsi que des femmes qui se frappaient la poitrine et se lamentaient sur Jésus.
    • 28 Il se retourna et leur dit : « Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants !

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    Les femmes de Jérusalem sont là, sur le bord du chemin qui monte au Golgotha. jésus va jusqu'au terme de sa mission, jusqu'au sommet de l'amour et du don. L'amour de Dieu se manifeste jusque dans la folie de la croix. Si l'heure est à pleurer, elle n'est pas à verser des larmes jusqu'à nous briser le cœur. L'heure est à se décider. Et il y a urgence à se décider pour le Christ. Changer de vie, se convertir, accepter d'être aimé par Dieu est toujours d'actualité.

    - Nous vous adorons, ô Christ, et nous vous bénissons.

    - Parce que vous avez racheté le monde par votre sainte Croix, Jésus, qui avez dit aux femmes de Jérusalem : « Ne pleurez pas sur Moi, mais sur vous et sur vos enfants », donnez-nous la grâce de la vraie contrition qui transforme le cœur et l’esprit et de contribuer ainsi à la transformation du monde.

    Dites les prières qui suivent :

    • Notre Père…
    • Je vous salue Marie…
    • Gloire au Père…

    - Ayez pitié de nous, Seigneur.
    - Ayez pitié de nous.
    - Que, par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix.
    - Amen.

    9ème station : Jésus tombe pour la 3ème fois

    Psaume 142, 4 - 7 :

    • 04 Le souffle en moi s'épuise, mon cœur au fond de moi s'épouvante.
    • 05 Je me souviens des jours d'autrefois, je me redis toutes tes actions, * sur l'oeuvre de tes mains je médite.
    • 06 Je tends les mains vers toi, me voici devant toi comme une terre assoiffée.
    • 07 Vite, réponds-moi, Seigneur : je suis à bout de souffle ! Ne me cache pas ton visage : je serais de ceux qui tombent dans la fosse.

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    Jésus tombe à terre. Une fois encore. une fois de plus. Une fois de trop ! Comme si la croix se faisait plus lourde à chaque pas, à chaque instant. Jésus tombe et il se relève. Son chemin de croix, sa Passion nous révèlent tout l'amour qu'il nous porte. A mesure qu'il se rapproche du Calvaire, Jésus perd pied, il s'enfonce sous le poids de la croix, il s'enfonce dans la mort, il s'enfonce dans l'amour.

    - Nous vous adorons, ô Christ, et nous vous bénissons.

    - Parce que vous avez racheté le monde par votre sainte Croix, une dernière fois, Seigneur, tu tombes. Comment demeurer insensible devant tant de douleurs ? Comment ne pas vouloir tout donner pour soulager, ne serait-ce qu’un instant, le Cœur souffrant du Christ ? Seigneur, que nous consolions ton pauvre Cœur, en faisant de votre vie un chant d’amour et de louange et qu’en toi nous trouvions le repos !

    Dites les prières qui suivent :

    • Notre Père…
    • Je vous salue Marie…
    • Gloire au Père…

    - Ayez pitié de nous, Seigneur.
    - Ayez pitié de nous.
    - Que, par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix.
    - Amen.

    10ème station : Jésus est dépouillé de ses vêtements

    De l’Évangile selon saint Marc (15, 24 - 27) :

    • 24 Alors les soldats crucifient Jésus, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun.
    • 25 C’était la troisième heure (c’est-à-dire : neuf heures du matin) lorsqu’on le crucifia.
    • 26 L’inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots : « Le roi des Juifs ».
    • 27 Avec lui ils crucifient deux bandits, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche.

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    Drôle de justice qui consiste encore et toujours plus le petit, le pauvre, le marginal, l'étranger, le rejeté ! A l'ombre du Calvaire, avant même de le clouer sur la croix, avant même de lui arracher ce qui lui reste de vie, ce sont ses vêtements qui lui sont arrachés. Quand on lui arrache ses vêtements, c'est tout ce qui lui restait de sa dignité d'homme qui lui est définitivement enlevé. Il ne reste rien, plus rien à donner si ce n'est sa vie.

    - Nous vous adorons, ô Christ, et nous vous bénissons.

    - Parce que vous avez racheté le monde par votre sainte Croix, Jésus, pardon pour l’impureté qui habite nos cœurs, pour les offenses contre la pudeur. Apprends-nous le respect de la dignité humaine et aide-nous à grandir dans l’amour authentique du prochain.

    Dites les prières qui suivent :

    • Notre Père…
    • Je vous salue Marie…
    • Gloire au Père…

    - Ayez pitié de nous, Seigneur.
    - Ayez pitié de nous.
    - Que, par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix.
    - Amen.

    11ème station : Jésus est cloué sur la croix

    De l’Évangile selon saint Luc (23, 32 - 34) :

    • 32 Ils emmenaient aussi avec Jésus deux autres, des malfaiteurs, pour les exécuter.
    • 33 Lorsqu’ils furent arrivés au lieu dit : Le Crâne (ou Calvaire), là ils crucifièrent Jésus, avec les deux malfaiteurs, l’un à droite et l’autre à gauche.
    • 34 Jésus disait : « Père, pardonne-leur : ils ne savent pas ce qu’ils font ».

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    Le sommet est maintenant atteint. Sommet du Golgotha, mais aussi sommet de l'horreur de tout ce qu'un homme peut faire à un autre homme. Après avoir porté et traîné sa croix, jésus est jeté sur la croix, comme on jette une semence dans la terre. Façonnée de mains d'homme, plantée dans la terre des hommes, la croix soudain n'écrase plus Jésus de son poids : elle le porte, elle l'élève, elle l'offre, elle le présente au Père. Pour nous sauver, Jésus se donne, simplement.

    - Nous vous adorons, ô Christ, et nous vous bénissons.

    - Parce que vous avez racheté le monde par votre sainte Croix, Seigneur, tu n’étais ni beau, ni brillant, tu n’avais rien pour attirer les regards, mais c’est toi et toi seul qui nous sauves. Tu es l’unique Médiateur, le seul Sauveur, le Chemin et la Vie. Que jamais nous n’oubliions que sans la Croix, sans le don entier de notre vie, il n’y a pas de bonheur possible !

    Dites les prières qui suivent :

    • Notre Père…
    • Je vous salue Marie…
    • Gloire au Père…

    - Ayez pitié de nous, Seigneur.
    - Ayez pitié de nous.
    - Que, par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix.
    - Amen.

    12ème station : Jésus meurt sur la Croix

     De l’Évangile selon saint Jean (9, 25 - 30) :

    • 25 Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine.
    • 26 Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils ».
    • 27 Puis il dit au disciple : « Voici ta mère ». Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui.
    • 28 Après cela, sachant que tout, désormais, était achevé pour que l’Écriture s’accomplisse jusqu’au bout, Jésus dit : « J’ai soif ».
    • 29 Il y avait là un récipient plein d’une boisson vinaigrée. On fixa donc une éponge remplie de ce vinaigre à une branche d’hysope, et on l’approcha de sa bouche.
    • 30 Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli ». Puis, inclinant la tête, il remit l’esprit.

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    Silencieuse, discrète, fidèle, Marie est là, debout, au pied de la croix. Elle n'est pas seule. Avec les autres femmes et le disciple bien-aimé, ils sont quelques-uns à  honorer de leur fidélité et de leur présence celui dont ils ont tout reçu. Mais déjà le Crucifié ouvre une brèche à l'avenir et à l'espérance : au pied de la croix, Marie et Jean se voient confiés l'un à l'autre. Quand son Fils meurt en croix, Marie devient mère de l'Eglise. Désormais tout est accompli.

    - Nous vous adorons, ô Christ, et nous vous bénissons.

    - Parce que vous avez racheté le monde par votre sainte Croix, Seigneur, vous avez vaincu le mal, à jamais nous sommes réconciliés avec le Père. Vous avez accompli la volonté du Père jusqu’au bout. Accordez-nous, Seigneur, une vie telle qu’au moment de la mort, consumés d’amour, nous puissions contempler votre Visage. Merci de nous avoir donné, avant de mourir, une Mère, votre Mère, pour nous guider vers vous.

    Dites les prières qui suivent :

    • Notre Père…
    • Je vous salue Marie…
    • Gloire au Père…

    - Ayez pitié de nous, Seigneur.
    - Ayez pitié de nous.
    - Que, par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix.
    - Amen.

    13ème station : Jésus est descendu de la croix et remis à sa mère

    De l’Évangile selon saint Marc (15, 42 - 43 ; 45b - 46a) :

    • 42 Déjà il se faisait tard ; or, comme c’était le jour de la Préparation, qui précède le sabbat,
    • 43 Joseph d’Arimathie intervint. C’était un homme influent, membre du Conseil, et il attendait lui aussi le règne de Dieu. Il eut l’audace d’aller chez Pilate pour demander le corps de Jésus.
    • 45 Sur le rapport du centurion, il permit à Joseph de prendre le corps.
    • 46 Alors Joseph acheta un linceul, il descendit Jésus de la croix, l’enveloppa dans le linceul. 

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    Le corps de Jésus a été détaché de la croix. Le voici remis à Marie. celle qui l'avait porté, nu, au moment de sa naissance, le reprend nu, dans ses bras au moment de la mort. La croix reste dressée pour toujours sur le monde. La croix est désormais ce qui relie les hommes à Dieu, la croix est ce qui relie les hommes entre eux. Pour toujours, la croix est devenue le signe de l'Amour de Dieu pour les hommes. Elle nous rappelle "qu'il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu'on aime".

    - Nous vous adorons, ô Christ, et nous vous bénissons.

    - Parce que vous avez racheté le monde par votre sainte Croix. Ô Notre-Dame, c’est par notre faute que votre Fils a été crucifié; mais dans votre Cœur, aucune haine, aucun ressentiment, seulement l’infinie douleur d’une Mère pour son Fils et la soumission d’une fille à la volonté du Père. Merci, Marie, de nous aimer, au pied de la Croix, d’un amour que nous ne pouvons comprendre.

    Dites les prières qui suivent :

    • Notre Père…
    • Je vous salue Marie…
    • Gloire au Père…

    - Ayez pitié de nous, Seigneur.
    - Ayez pitié de nous.
    - Que, par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix.
    - Amen.

    14ème station : Jésus est mis au tombeau

    De l’Évangile selon saint Luc (23, 53 - 56) :

    • 53 Puis Joseph d'Arimathie descendit de la croix le corps de Jésus, l’enveloppa dans un linceul et le mit dans un tombeau taillé dans le roc, où personne encore n’avait été déposé.
    • 54 C’était vendredi, le jour de la Préparation de la fête, et déjà brillaient les lumières du sabbat.
    • 55 Les femmes qui avaient accompagné Jésus depuis la Galilée suivirent Joseph. Elles regardèrent le tombeau pour voir comment le corps avait été placé.
    • 56 Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Et, durant le sabbat, elles observèrent le repos prescrit.

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    Le corps de Jésus est déposé au tombeau. tout est fini ! Une page se tourne. L'homme que tant de foules avaient suivi est mort. Mais sa mort sur la croix est le signe de toute sa vie donnée. Tout au long de sa vie, il a touché les gens avec amour, il a posé des gestes simples, il a guéri les malades. Sa mort nous rend encore plus libres. Il se donne pour que nous ayons la vie. Sa mort tourne nos regards vers le Père.

    - Nous vous adorons, ô Christ, et nous vous bénissons.

    - Parce que vous avez racheté le monde par votre sainte Croix. Les apôtres, effrayés, se sont cachés, croyant que tout est perdu. Pardon, Seigneur, pour le doute, le manque de confiance en ta Parole. Donne-nous de demeurer toujours dans l’espérance et rends-nous la joie d’être sauvés aux jours de désert.

    Dites les prières qui suivent :

    • Notre Père…
    • Je vous salue Marie…
    • Gloire au Père…

    - Ayez pitié de nous, Seigneur.
    - Ayez pitié de nous.
    - Que, par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix.
    - Amen.

    Père éternel, nous vous offrons le Corps et le Sang de votre Fils, pour l’expiation de nos péchés, les âmes du Purgatoire et les besoins de la Sainte Église.

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    Traditionnellement les Chemins de croix comptent 14 stations, aujourd’hui, on ajoute parfois une 15ème station, celle du tombeau vide qui relie ainsi, en finale, toutes les stations à la résurrection. En 1958, à l'occasion du centenaire des apparitions de la Vierge Marie à Lourdes, un chemin de croix a été construit et une quinzième station a été ajoutée : « Avec Marie dans l'espérance de la résurrection ». Cette initiative s'est propagée : c'est le cas du Chemin de croix moderne de la cathédrale d'Évry ou de celui de Caggiano. Le Chemin de croix des jardins de l'Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal, à Montréal, comporte aussi une quinzième station : celle de la résurrection.

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    15ème station : avec Marie, dans l’espérance de la Résurrection

    Apocalypse - ch. 16 à 22 :

    « Voici le temps du salut, du Règne de Dieu et de l'autorité de son Christ. Et le dragon se vit précipité sur la terre... et la terre s'ouvrit pour engloutir le fleuve de sa fureur... Il persécuta ceux qui gardent le témoignage de Jésus jusqu'au temps fixé. Alors l'ange du Seigneur s'empara du dragon et l'enchaîna pour l'éternité. Alors je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle... »

    Le livre de l'Apocalypse est éducateur de foi en ce qu'il fait comprendre que Dieu ne paie pas de dette à l'ennemi, ni qu'il rachète son bien, mais qu'il va enchaîner l'auteur du mal et libérer ses enfants. C'est ce que nous disons dans le Notre Père « délivre-nous du Mal ». Appel à la liberté et entrée dans l'Alliance nouvelle sont les maîtres-mot du passage du Christ parmi nous.

    Les premières affirmations des chrétiens concernant Jésus affirment : « Christ est mort, Christ est ressuscité ». Ces deux affirmations sont indissociables, dans la bouche des premiers chrétiens.  Paul l'écrit de manière solennelle dans sa lettre aux chrétiens de Corinthe, écrite dans les années 50 : « Je vous rappelle, frères, l'Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, auquel vous restés attachés... Je vous ai transmis en premier lieu ce que j'avais moi-même reçu : « Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures. Il a été enseveli, il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures »...» ou encore Pierre : « Ce Jésus que vous avez crucifié, Dieu l'a ressuscité, nous en sommes témoins ! » (Pentecôte, Actes 2).

    Prière

    Nous t'adorons, toi Jésus le Vivant. Tu t'es abaissé et tu nous as élevés, tu t'es humilié et tu nous as honorés, tu t'es fait pauvre et tu nous as enrichis. Tu as été souffleté comme un esclave et tu nous as affranchis.

    Tu t'es dépouillé de tes vêtements et tu nous as revêtus. Tu as été couronné d'épines et tu nous as fait rois, tu es mort et tu nous as fait vivre; tu as été mis au tombeau et tu nous as réveillés.

    Tu es ressuscité dans la gloire et tu nous as donné la joie. Tu t'es élevé au ciel et tu nous y as emportés, tu nous as envoyé l'Esprit et tu nous as sanctifiés.

    Béni sois-tu, toi qui es venu, qui viens et qui reviendras. Amen, Alléluia, Viens, Seigneur Jésus !

    Dites les prières qui suivent :

    • Notre Père…
    • Je vous salue Marie…
    • Gloire au Père…

    - Ayez pitié de nous, Seigneur.
    - Ayez pitié de nous.
    - Que, par la miséricorde de Dieu, les âmes des fidèles défunts reposent en paix.
    - Amen. Prière Finale.

    Quel est le sens du Chemin de Croix ?

    Depuis vingt siècles, la mémoire des dernières heures de la vie de Jésus a retenu l’attention de l’Église et la piété des fidèles a trouvé dans le chemin de croix un moyen d’exprimer sa dévotion en dehors de la liturgie proprement dite. Le Vendredi Saint, l’Eglise nous fait suivre le Christ pas à pas dans le combat qu’il a accepté de vivre pour nous racheter de nos péchés.

    Le Chemin de Croix qui accompagne Jésus vers sa mort est une contemplation active qui veut aider chacun à entrer dans le mystère de l’amour de Dieu, manifesté en son Fils. D’autre part, dans l’intercession pour le monde tel que Jésus l’a vécu en s’offrant sur la croix, une telle démarche ne peut se faire que dans la perspective de sa Résurrection à Pâques. Le chemin de croix apparaît donc comme un pèlerinage « en esprit », c’est pourquoi il touche celui qui l’entreprend sous trois aspects, tant physiques que spirituels : la marche, la méditation et l’intercession.

    La marche

    Pour épouser les sentiments du Christ, il est nécessaire d’avancer pas à pas. Pour entrer dans les profondeurs de l’amour du Père, il faut qu’un chemin se creuse, de station en station. Le déplacement physique invite à un déplacement intérieur. Il s’agit de se laisser façonner par la marche, de suivre le Christ pas à pas, de nous laisser conduire sur le chemin qu’il emprunte, et non de le précéder. Il s’agit d’entrer plus profondément dans notre condition de disciple.

    La méditation

    Le pas à pas s’accompagne du mouvement progressif de la méditation qui nous invite à faire mémoire du chemin accompli par Jésus lui-même. L’Évangile est le fondement de cette méditation qui appelle le pèlerin à une découverte progressive de la miséricorde du Père, en même temps qu’il est invité en contemplant Jésus anéanti sous les coups de la Passion, à reconnaître en lui le Christ, Serviteur de l’amour du Père pour notre humanité.

    L’intercession

    Tout pèlerinage s’accompagne de prière. Dans le cadre du Chemin de Croix, la prière voudrait prendre en charge toutes les situations de souffrance, d’épreuve, de détresse, de mort que nous rencontrons autour de nous dans la vie quotidienne ; toutes les vies des hommes de ce monde que le Christ, dans son mystère pascal, a offertes au Père.

    La pratique du Chemin de Croix peut se faire de manière solennelle, communautaire et processionnelle ou de manière privée, au sein d’une église ou même en pleine ville.

    Le Chemin de Croix est la méditation de la Passion du Christ.

    Faire le Chemin de Croix est une cérémonie qui nous fait revivre les évènements de la Passion de Jésus et nous fait réfléchir à la signification de ces évènements. On pense aux souffrances du Christ et on fait l’expérience de l’amour que révèle son attitude. Cette méditation éveille en nous un sentiment de compassion et de gratitude envers le Seigneur qui nous a aimé jusqu’au bout.

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    Cette cérémonie nous fait vivre avec amour notre propre croix. « Celui qui veut marcher derrière moi, qu’il se renonce lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive », nous a dit Jésus. Nous trouvons dans l’exemple du Christ l’attitude que nous sommes invités à vivre à notre tour. C’est ainsi que nous participons à la Croix du Christ.

    Le Chemin de Croix est une dévotion catholique. Il ne fait pas partie de la liturgie de l’Église, mais c’est une dévotion très recommandée par les papes.

    La célébration est un moyen de méditation.

    La méditation de la Passion pendant la célébration se fait d’une manière concrète en parcourant un trajet de stations. Le corps est associé à la méditation. Celle-ci est aidée aussi par les représentations (peintures ou monuments) des différentes stations. La marche et les récitations de formules soutiennent la pensée. C’est une forme de prière plus facile et plus populaire que l’oraison.

    Quelle est l’origine de la célébration du Chemin de Croix ?

    Les Franciscains, au 14ème et 15ème siècle, prirent l’initiative d’inviter les fidèles qui venaient en pèlerinage à Jérusalem, à participer à la passion de Jésus en allant du tribunal de Pilate au Calvaire. Puis à partir du 15ème siècle, pour ceux qui ne pouvaient aller à Jérusalem, ils firent des représentations des épisodes de la passion du Christ pour que l’on puisse méditer les souffrances de Jésus. Les Franciscains diffusèrent cette dévotion, comme ils le firent pour la crèche de la nativité.

    Comment ont été choisies les 14 stations du Chemin de Croix ?

    Les stations du Chemin de Croix sont les étapes du chemin parcourues par Jésus lors de sa montée au Calvaire. Le nombre des stations varia jusqu’à la fin du 17ème siècle où il fut fixé à quatorze. Ce sont les papes Clément XII et Benoît XIV qui fixèrent la forme de cette dévotion. Benoît XIV en 1792 a demandé qu’on la développe. Cependant l’Église n’en a jamais fait une liturgie proprement dite.

    Depuis la construction en 1958 d’un chemin de croix à Lourdes, on termine la cérémonie par une quinzième station « Avec Marie dans l’espérance de la Résurrection du Christ ». Le pape Jean Paul II a terminé ainsi la cérémonie du Vendredi saint au Colisée. En 1991 lorsqu’il a fait la cérémonie sur le mont Palatin, Jean-Paul II a supprimé les stations sans référence biblique (les 3 chutes de Jésus, sa rencontre avec sa mère et celle avec Véronique) et il les a remplacé par d’autres stations inspirées de l’Évangile : Jésus au jardin des oliviers, le reniement de Pierre et la promesse du paradis au bon larron.

    Où peut-on faire les 14 stations du Chemin de Croix ?

    Les stations dans les églises

    Dans la plus part des églises et des chapelles, on trouve un chemin de croix. Mais ce n’est pas obligatoire pour une église d’avoir un chemin de croix. Il consiste en 14 croix en bois, fixées sur les murs de l’église, accompagnées habituellement d’une peinture ou d’une sculpture représentant le sujet de la station. Les croix sont disposées à des intervalles tels qu’elles jalonnent un chemin et pour qu’en les parcourant les fidèles fassent le tour complet de l’église. Le tour va habituellement en sens inverse des aiguilles d’une montre, mais ce n’est pas une règle générale.

    Les stations à l’extérieur des églises

    Il y a aussi des chemins de croix à l’extérieur des églises, souvent dans la nature. Ainsi à Lourdes, il y a deux circuits à l’extérieur.

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    La Croix

    La Croix fait signe de manière universelle. On la retrouve d'ailleurs dans plusieurs civilisations en dehors du christianisme. Mais elle a dans la religion chrétienne un sens absolument singulier. Elle est liée à la personne de Jésus-Christ que les croyants reconnaissent comme le Fils de Dieu et le Sauveur des hommes. Elle nous dit le chemin que Dieu a pris pour nous sauver de la mort : un chemin d'abaissement et d'humilité, un chemin de don de soi par amour. Jésus en effet est mort pour nos péchés. Et pourquoi est-il mort pour nos péchés ? Parce qu'il nous aime. Saint Paul témoignera : « Le Christ nous a aimés et s'est livré pour nous » (Eph 5,2). Et Saint Jean : « Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique » (Jn 3,16). C'est le message bouleversant, c'est la nouvelle toujours neuve que le christianisme aujourd'hui encore apporte à notre monde.

    Cette bonne nouvelle, nous ne pouvons pas la taire. Nous avons à la relayer au cœur d'un monde qui a besoin d'espérance. La Croix est signe d'espérance qui nous dit que le mal, la souffrance, la mort n'auront pas le dernier mot. C'est tellement important à redire. Car la Croix est plantée au cœur de la vie de tout être humain, qu'il le sache ou non. Aucun être humain en effet ne touche la vie sans passer par la vulnérabilité, par la souffrance et, ultimement, par la mort. C'est mystérieusement ce chemin-là que le Fils de Dieu a consenti à prendre en mourant sur la Croix. Le philosophe Paul Ricœur écrivait : « Dieu ne veut pas notre souffrance, mais il n'a pas pouvoir de l'empêcher. Le seul pouvoir de Dieu, c'est l'amour désarmé ».

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    La Croix nous fait signe en nous révélant le vrai visage de Dieu : non pas un Dieu indifférent qui contemplerait, d'en haut, nos malheurs ; mais un Dieu qui a plongé le premier dans l'abîme de la souffrance pour que, au cœur de notre mort, jaillisse à nouveau la Vie.

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    Le Chemin de Croix, cette démarche de foi, nous voulons l'accomplir en communion avec tous nos frères et sœurs souffrants de par le monde, avec tous ceux qui ploient sous le fardeau d'épreuves trop lourdes à porter, tous ceux aussi qui n'ont plus d'espérance. Nous voulons l'accomplir également avec tous les chrétiens persécutés, spécialement ceux du Proche-Orient, qui vivent en ces temps une situation très difficile.

     * 10 - Le Chemin de la Croix

    En accompagnant Jésus sur la route du Calvaire, nous voulons faire l'expérience de l'amour que la Croix du Christ cache en elle. Nous voulons ainsi puiser la grâce d'une générosité plus active au service de nos frères et sœurs en humanité. Nous voulons retrouver la ferveur de notre consécration baptismale. En ce sens, la croix nous fait signe comme un appel à nous ressaisir, à nous reprendre, à nous arracher à la médiocrité d'une existence encore trop repliée sur nos égoïsmes pour entrer à la suite de Jésus sur un chemin de don de soi.

    Mgr Thierry Scherrer, Evêque de Laval

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    Source :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Chemin_de_croix

    http://eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/les-grandes-fetes-chretiennes/careme-et-paques/semaine-sainte-paques/370606-quelles-sont-les-stations-du-chemin-de-croix/

    https://qe.catholique.org/le-careme/45630-qu-est-ce-qu-un-chemin-de-croix-tout-sur-le

    http://www.prieres-catholiques.net/chemin-de-croix/

    http://www.saintemarie972.com/2012/04/httpwwweglisecatholiquefrfoi-et-vie.html

    http://www.jardinierdedieu.com/les-chemins-de-croix-a-lourdes.html

    http://arras.catholique.fr/page-11559-dans-experance-resurrection.html


    2 commentaires
  • La croix et la foi

    La Croix est le signe de l'implication chrétienne au cœur de la réalité humaine.

    La Croix n'est pas seulement un exemple et un modèle mais la source et le pouvoir de la foi. C'est l'élément qui distingue radicalement la foi chrétienne et le Seigneur qui est l'objet de cette foi des autres religions et de leurs dieux. C'est l'élément qui distingue la foi de l'incroyance et de la superstition. Le chemin de la vie et de la liberté nouvelle passe par la croix. La Croix du Christ en tant que croix de Jésus de Nazareth n'a jamais été un mythe anhistorique ou un symbole profond. Ce fut un fait impitoyable, cruel et historique. Personne, juif ou païen, au temps de Jésus et dans le monde où le christianisme est apparu, n'aurait osé mettre en relation l'exécution honteuse réservée aux révoltés politiques et aux esclaves avec un idéal religieux.

    « Nous, nous prêchons un Messie crucifié, scandale pour les juifs, folies pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés... il est puissance de Dieu et sagesse de Dieu » (I Cor. 1, 23 ss.).

    La foi rencontre toujours ici le défi de vivre à la « suite du Christ », de reconnaître la Croix non comme un signe d'humiliation gênée de soi mais comme le signe d'une espérance libérante. La foi reçoit le défi d'apercevoir la Croix comme un signe de la présence de Dieu dans son absence même, comme un signe de vie à travers la mort. La suite du Christ n'implique pas son imitation, mais une manière de vivre analogue, cohérente avec la manière d'agir du Christ. Nous ne vivons plus à l'époque de Jésus mais à l'époque qui est la nôtre, en relation avec notre milieu et en face de nos problèmes. Ainsi, le message de Jésus-Christ doit toujours être retraduit. Lorsque le chrétien dans le monde d'aujourd'hui prend sur lui-même sa propre croix dans la foi et la confiance au Christ crucifié, il est capable, en vertu de l'espérance inspirée par le Christ crucifié, non seulement d'agir, mais également de souffrir, non seulement de vivre, mais également de mourir.

    Même là où la raison seule n'arrive plus à comprendre, lorsque quelqu'un est englouti par une souffrance ou une culpabilité dépourvues de sens, le croyant ou la croyante est capable de discerner un sens parce qu'il ou elle se sait, même en cette circonstance, totalement appuyé(e) sur Dieu. Le message de la Croix prend au sérieux l'insécurité, l'anxiété, l'aliénation et la culpabilité humaines. Il n'est pas nécessaire pour l'être humain de jouer au héros. Le message de la Croix dit simplement : Dieu est présent dans cette insécurité, dans cette anxiété, cette obscurité, cet isolement, cette aliénation et cette culpabilité. L'être humain ne sait pas comment s'aider lui-même, mais Dieu est toujours là pour l'aider. Dieu est en faveur de l'être humain et il fera en sorte de le faire triompher de toute situation qui le menace de son délaissement et de sa culpabilité. Le message de la Croix n'invite pas à la répression mais à la libération : la libération de l'être humain par le pardon, la réconciliation et le salut reçus de Dieu. La Croix le rend libre pour la vie, le sens, l'amour, l'action de grâce et l'espérance.

    La foi au Christ crucifié apporte à l'être humain la Paix avec Dieu et avec lui-même sans toutefois écarter les problèmes d'une existence dans le monde. Cette foi ne rend pas superflue la justice et inutile le rôle du pouvoir dans la société humaine, mais elle assume en elle-même à la fois le pouvoir et la justice, rejette l'absolu de leurs prétentions, et ce faisant rend l'être humain vraiment humain parce que réellement engagé envers le prochain. Elle amène l'homme à être intégralement engagé envers les autres êtres humains qui ont besoin de lui ; à être totalement engagé envers son prochain.

    La foi au Christ crucifié lui permet d'être à ce point libre dans le domaine de la justice qu'il est capable, à cause de son prochain, de ne pas insister sur la récupération de tout son dû. Il peut faire deux kilomètres avec celui qui le force à en marcher un. La foi au Christ crucifié rend capable celui qui est impliqué dans la lutte pour le pouvoir de se servir du pouvoir qui est le sien non pour lui-même mais pour son prochain, de donner non seulement son habit mais son manteau en plus.

     

    Qu’est-ce qui est au cœur de la foi chrétienne ?

    Qu'est-ce que la foi, d'une manière générale ?

    On pourrait dire que la foi c'est tout ce qui constitue notre moi profond, le socle de notre personnalité, ce que nous croyons réellement au fond de nous. Consciemment ou non.

    C'est ce dont nous sommes convaincus, ce qui constitue d'une certaine façon le cœur de notre personnalité, et qui pilote nos choix, notre manière de vivre, notre comportement, la direction de notre vie.

    La foi n'est pas quelque chose de religieux.

    La foi, c'est l'ensemble de nos convictions, de ce que nous croyons, de ce dont nous sommes convaincus. C'est ce que nous considérons comme vrai, comme important, comme réel.

     * 18 - La croix et la foi

    La foi chrétienne est basée principalement sur la Bible. Cela signifie que ceux qui sont devenus sciemment chrétiens, ont réalisé que l'ensemble des affirmations exposées dans ce livre « tenaient la route ». Ils en sont arrivés à la « conviction » que ce n'était pas un ensemble de légendes, de conseils religieux hors du réel, ou d'idées bizarres – mais que la Bible parlait bien du monde tel qu'il est, de la réalité que nous expérimentons très concrètement, des lois profondes qui le régissent – et qu'on pouvait s'appuyer sur ces informations. Comment ? Par l'expérience !

    Et puis dans « foi chrétienne », il y a le mot « chrétien ». C'est-à-dire en rapport avec l'enseignement de Jésus.

    Cet enseignement est absolument unique dans toute l'histoire de l'humanité et totalement révolutionnaire.

    La plupart des gens considèrent que Jésus est venu apporter 2 ou 3 conseils de morale, du type « Si on te frappe sur une joue, tends l'autre » ou encore « il faut s'occuper des pauvres, des veuves et des orphelins ».

    Cette sorte de raccourci n'a pas grand-chose à voir avec le message réellement unique de Jésus.

    Jésus n'est pas venu apporter un vague message humaniste. Il n'était pas non plus une sorte de prophète anticonformiste, le premier hippie, le premier communiste, ou un meneur de foules. Rien à voir.

    Son message est tellement révolutionnaire et dérangeant que très peu acceptent de l'entendre. Il dit simplement que l'homme, l'être humain, est complètement déchu, séparé irrémédiablement de Dieu, privé de lumière et dans la plus grande corruption. Mais il ajoute que si l'homme veut bien le reconnaître, accepter le verdict, alors, Dieu lui offre un pardon total, complet et absolument gratuit. Il n'y va pas « par quatre chemins » : Dieu ne ment pas et il appelle les choses par leur nom. Aujourd'hui c'est tellement peu courant que cela surprend et que l'on a tendance à rejeter, nier ou à discutailler. Le constat est sans appel – mais le cadeau est également radical : un pardon réparateur – avec des conséquences intérieures gigantesques et éternelles ! Le pardon offert gratuitement, c'est le message incomparable et inégalable de l’Évangile.

    Jésus a accepté de passer par le sacrifice total (et très peu de gens ont idée de ce que ça signifie, bien au-delà de la souffrance et de la mort physique...). Il l'a fait parce qu'il aime l'homme, la femme, l'enfant, que nous sommes, chacun individuellement. 

    Il nous offre de faire demi-tour sur nous-mêmes, de réviser nos jugements, et de commencer à rechercher ses directives à lui, à rechercher sa présence, réelle, chaleureuse, surnaturelle. Il nous offre une profonde réconciliation avec lui, alors que nous nous sommes tenus si loin de lui pendant de longues années. Bref, un véritable appel d'amour, un amour que nous n’avons jamais imaginé, un amour vrai, pas du cinéma ou de la bigoterie hypocrite.

    On est aux antipodes d'un discours moralisateur, ou de pratiques superstitieuses. On est ici exactement au cœur du problème et de la solution. Rétablir une relation personnelle, réelle, avec le Créateur.

    La foi chrétienne accepte une réalité – invisible à nos yeux – mais très puissante :
    c'est que Dieu a réellement la volonté et le pouvoir de nous pardonner, et de rétablir une relation réelle avec Lui.

    Et cette offre de réconciliation concrète avec Dieu est pour tout le monde, sans aucune exception, ni distinction, de race, de culture ou de religion.

    Là encore, pas d'autosuggestion, de manipulation individuelle ou collective - mais bien une réelle conviction, totalement personnelle, basée sur du vécu, et alimentée tout au long de la vie par d'innombrables expériences et prises de conscience.

    Le résultat - contrairement à tout endoctrinement religieux, philosophique, politique ou autre - est un profond changement « à l'intérieur », une vraie métamorphose (c'est le terme biblique) de la personnalité, allant généralement de pair avec de véritables libérations intérieures de carcans, de préjugés, de souffrances, de blessures, de traits de caractères néfastes - et un épanouissement depuis l'intérieur vers l'extérieur. Tout un programme !

    Quand on y réfléchit sous cet angle, les « témoignages » de tous ceux qui ont découvert telle ou telle vérité biblique par leur vécu personnel prend alors toute sa valeur. Ces convictions auxquelles ils sont parvenus sont pour nous comme autant de petits cailloux blancs sur le chemin de la vie. Ils nous indiquent que c'est la bonne direction.

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    Références :

    http://www.abeditions.be/_partafoi/04theolo/01qu0001.htm

    http://www.zebuzztv.com/?buzz=croire&foi=foi-chretienne

    https://www.lejardindesecritures.com/la-foi-chretienne

    https://learn.tearfund.org/fr-FR/resources/publications/footsteps/footsteps_61-70/footsteps_68/bible_studynbspforgive_as_the_lord_forgave_you_nbsp/


    votre commentaire
  • Le Décalogue ou commandements de Dieu

    * 12 - Le Décalogue

    « La loi a été communiquée par Moïse, la grâce et la vérité sont venus par Jésus-Christ » (Jn 1, 17). Voir Exode 20, 1 à 17 c :

    1. Tu adoreras Dieu seul et tu l’aimeras plus que tout.
    2. Tu ne prononceras le nom de Dieu qu’avec respect.
    3. Tu sanctifieras le jour du Seigneur.
    4. Tu honoreras ton père et ta mère.
    5. Tu ne tueras pas.
    6. Tu ne feras pas d’impureté.
    7. Tu ne voleras pas.
    8. Tu ne mentiras pas.
    9. Tu n’auras pas de désir impur volontaire.
    10. Tu ne désireras pas injustement le bien d’autrui.

    Commentaires

    Il n'y a pas une version du Décalogue mais deux : Ex 20,1-21 et Dt 5,1-22. La différence principale, c'est la justification du jour du sabbat.

    En Ex 20, c'est « en six jours Dieu a fait les cieux et la terre, la mer et tout ce qui est en eux, et il s'est reposé le septième jour. C'est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l'a sanctifié ».

    Ex 20 insiste sur la mémoire de la création du monde et du Dieu créateur.

    En Dt 5, c'est la libération d'Égypte qui justifie le sabbat.

    Nous avons ici les deux grandes images de Dieu qui traversent le Pentateuque : Dieu créateur et Dieu libérateur.

    Négatif / Positif

    Le Décalogue est composé de phrases plus ou moins courtes dont la plupart sont sur le mode négatif : « Tu ne (feras) pas ». Pourquoi une telle importance accordée au mode négatif ? Peut-être parce que c'est plus libérateur. Dire « Ne prends pas ce chemin », c'est laisser ouverts tous les autres ! Le commandement positif est beaucoup plus contraignant, il oblige à prendre un seul chemin ! Cependant, dans le Décalogue, il y a deux commandements positifs, contraignants, celui sur le Sabbat et celui sur les parents.

    Deux « tables » et une jointure

    On peut séparer le Décalogue en 3 parties :

    • les commandements 1 et 2 portent sur Dieu (table sur Dieu)
    • les commandements 3 et 4 portent sur la terre (« jointure » des deux tables)
    • les commandements 5 à 10 portent sur les rapports sociaux (table sur le frère)

    Le commandement 1 : Tu n'auras pas d'autres Dieux devant ma face. En style négatif, c'est une manière de dire « Tu n'auras qu'un seul Dieu » mais ça prend un chemin détourné, c'est à dire que pour aller au vrai Dieu, il faut passer par une espèce de négation d'une expérience commune (l'existence des idoles, de la soif du religieux, des désirs de transcendance…). Le commandement 2, sur le respect du Nom (Tu ne prononceras pas à tort – ou « en vain » – le Nom du Seigneur ton Dieu…), attire l'attention sur l'identité du Dieu sauveur : on ne peut l'invoquer comme d'autres peuples invoquent leurs (faux) dieux, les idoles vaines. Il faut garder sa transcendance !

    Les commandements 3 et 4 sont directs, contraignants. Ils sont à la jointure des deux « tables » : Souviens toi du jour du sabbat pour le sanctifier… et Honore ton père et ta mère…Ce sont les plus concrets, les plus historiques, car ils ont un rapport au temps et à l'espace :

    • le temps, c'est le jour du sabbat. Quand je respecte le jour du sabbat, je reconnais que je ne suis pas le maître du temps, il y a le Dieu créateur et/ou libérateur.
    • l'espace : le respect des parents est garant de la longévité sur le sol de la Terre promise. Le patrimoine, l'héritage qui fait de moi un être libre, me vient de mes parents. Il ne s'agit pas simplement ici du respect filial mais du respect de son identité d'être libre vivant sur un sol reçu.

    Les commandements 5 à 10 sont brefs, précis, et se répondent (le 5 avec le 8, le 6 avec le 9 et le 7 avec le 10), allant des actes eux-mêmes aux profondeurs de ce qui commande les actes : le désir. C'est l'être humain, social, psychologique, économique, que Dieu investit :

    5) Tu ne tueras pas et 8) Tu ne porteras pas de mensonge contre ton prochain

    6) Tu ne commettras pas d'adultère et 9) Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain etc.

    7) Tu ne voleras pas et 10) Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain etc.

    Ne manquez pas de lire également notre synthèse des dix commandements divins : lien vers « synthèse et conclusion »

    Rubrique en construction "Formation au christianisme"

    Le pouvoir de Dieu

    Les dix paroles ne se discutent pas, elles s'imposent. Le peuple d'Israël accepte le pouvoir du Seigneur sur lui. Cette relation est d'ailleurs fondée sur l'exode où le peuple a expérimenté la bonté et la puissance créatrice de Dieu : « C'est moi le Seigneur, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude… » (Ex 20,1).

    En résumé, les commandements 1 à 3 affirment le droit de Dieu à un service exclusif de la part d'Israël. Les commandements 4 à 10 décrivent les domaines de la vie de chacun des membres du peuple : ces domaines deviennent sacrés dans la mesure où ils façonnent l'existence donnée par Le Seigneur. Mais ce n'est pas une liturgie grandiose qui effectue cette sacralisation (elle la précède en Ex 19,9-24 et la signe en 20,18-21), c'est la parole même de Dieu qui, peu à peu, recouvre de sa force l'agir et l'être de chaque membre du peuple.

    © Service Biblique catholique Évangile et Vie

    Recherches mises en page par le Frère André B.

    Le décalogue – les dix Paroles – les dix commandements (Exode 20,2-17)

    Mon propos porte sur la finalité du décalogue dans le judaïsme, le christianisme et l’humanisme.

    1. Israël, par son serviteur Moïse, décide d’établir une règle qui régit la relation entre Dieu et son peuple. Les dix paroles sont donc une véritable pédagogie divine pour son peuple afin que celui-ci vive dans la crainte de Dieu qui est le début de la sagesse d’une part, et d’autre part le respect mutuel entre les membres du peuple. Le décalogue est le moyen de vivre en communion avec Dieu et en paix avec ces semblables.
    2. Le Christianisme va approfondir ou accomplir les dix commandements en la personne de Jésus-Christ. En effet, en Mt 19, 16-19, quelqu’un vient demander à Jésus «  Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle». Il lui répond en invoquant la nécessité de reconnaître Dieu comme «  le seul bon », c’est-à-dire comme bien par excellence la source de tout bien. Puis Jésus cite à son interlocuteur les préceptes qui concernent l’amour du prochain ; ne pas commettre d’adultère, ne pas voler, ne pas porter de faux témoignage, honorer son père et sa mère. Enfin, il résume cela par «  Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Autrement dit, dans le christianisme, le décalogue est le devoir accompli pour connaître une vie indestructible dans la mesure où il y a cette communion avec Dieu et l’amour du prochain.
    3. Mais le décalogue peut aussi être perçu comme une véritable leçon de philanthropie. En effet, comme la plupart des personnes ont naturellement tendance à se considérer, à tort ou à raison, comme supérieures aux autres, Dieu propose une règle de vie qui reconnaît l’égale dignité de tous les humains et la paix avec lui, créateur et bienfaiteur de l’univers visible et invisible.

    Deux des trois grandes religions, le judaïsme et christianisme, s’accordent avec nombre de sages appartenant aux mouvements spirituels et philosophiques les plus divers pour reconnaître que le décalogue est une règle de vie adaptée à tous les temps, à tous les peuples et à toutes les formes de civilisation.

    Frère Jean-Paul V.S., Chapelain - Commanderie majeure ND du Temple

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain JP VS

    Je suis le Seigneur Dieu

    Le Décalogue [les « (dix commandements) »] nous frappe par l’importance qu’il accorde à des commandements négatifs. Il n’est pas rare que des lecteurs de Bible en soient indisposés. Plus de place laissée au positif les aurait moins déconcertés.

    Mais tout change si l’on comprend que « dire ce qu’il faut faire » emprisonne plus que « dire ce qu’il ne faut pas faire ». En lisant le Décalogue, on entend ce que Dieu interdit. Mais l’autre face, corrélative de la première, c’est le fait que Dieu n’oblige pas. Que ne pas faire ? Ces violences qui s’appellent meurtre, adultère, vol, faux témoignage. Par elle, tu prives autrui et te prives prive toi-même de liberté. Ce qui empêche d’être libre,  c’est cela qui est interdit. Que faire ? Ce que tu veux. 

    Les interdits du Décalogue font le vide devant un espace où Dieu ne demande rien. Il ne demande même pas d’être adoré. Et pourtant, l’espace qui s’ouvre ainsi est un espace d’adoration, un appel silencieux vers le don de soi à Dieu.

    Paul Beauchamp, S.J. (+ 2001), bibliste jésuite qui a enseigné l’exégèse à Lyon puis à Paris

    Source : Magnificat vendredi 28 juillet 2017 – page 374


    votre commentaire
  • Le Carême

    * 09 - Le Carême

    Introduction : qu’est-ce que le Carême ?

    Le Carême est la période de 40 jours qui précède le jour de Pâques, évènement central du christianisme. C’est une période de jeûne et d'abstinence que le christianisme a instituée au 4ème siècle en référence notamment aux quarante jours de jeûne que Jésus-Christ a passés dans le désert.

    * 09 - Le Carême

    Le Carême commence le Mercredi des Cendres...

    * 09 - Le Carême * 09 - Le Carême

    Imposition des cendres sur le front des chrétiens

    et s’achève le Jeudi Saint, avant la célébration de la Cène du Seigneur.

    * 09 - Le Carême

    La dernière Cène

    Ce temps de jeûne est allégé les dimanches et le jour de l'Annonciation mais il n'est pas interrompu.

    La Semaine Sainte, qui commence avec le dimanche des Rameaux, commémore la Cène, la Passion et la mort du Christ sur la Croix.

    Le Samedi Saint au soir et le dimanche de Pâques, les chrétiens célèbrent la Résurrection du Christ.

    * 09 - Le Carême

    La Résurrection

    La durée du Carême – quarante jours sans compter les dimanches – fait en particulier référence aux quarante années passées au désert par le peuple d’Israël entre sa sortie d’Égypte et son entrée en terre promise mais elle renvoie aussi aux quarante jours passés par le Christ au désert entre son baptême et le début de sa vie publique. Ce nombre de quarante symbolise les temps de préparation à de nouveaux commencements.

    Un temps de conversion

    * 09 - Le Carême

    Au désert, le Christ a mené un combat spirituel dont il est sorti victorieux. À sa suite, il ne s’agit pas de faire des efforts par nos propres forces humaines mais de laisser le Christ nous habiter pour faire sa volonté et nous laisser guider par l’Esprit.

    Durant le temps du Carême, nous sommes invités à nous donner des moyens concrets, dans la prière, la pénitence et l’aumône pour nous aider à discerner les priorités de notre vie. Le temps du Carême est un temps autre qui incite à une mise à l’écart pour faire silence et être ainsi réceptif à la Parole de Dieu.

    Comment vivre le Carême concrètement ?

    Durant le temps du Carême, pour nous préparer à la fête de Pâques, nous sommes invités à entrer dans le combat spirituel à la suite de Jésus : prier avec lui, jeûner avec lui, partager avec nos frères avec lui. Comme Jésus au désert a résisté à Satan par trois fois, nous aussi nous pouvons être vainqueurs des trois tentations de l’oralité, du pouvoir et de nier nos limites humaines, en écoutant et méditant la Parole de Dieu de chaque jour, qui est très riche en ce temps liturgique du Carême.

    * 09 - Le Carême

    La prière

    Nous devons prendre le temps, dans une vie agitée, de nous recueillir. Prier à l’image de Jésus qui savait prendre du temps, échappant à la foule pour mieux la retrouver après son dialogue avec le Père.

    * 09 - Le Carême

    En méditant la Parole dans le silence, en éteignant la télévision ou la radio, en évitant d’être trop dépendant des smartphones, nous acceptons chaque jour de nous mettre quelques minutes devant le Seigneur pour nous laisser saisir par Lui. Essayons donc de faire silence en nos vies, de sortir de la superficialité de certains emplois du temps pour donner priorité à l’Essentiel.

    Le jeûne

    * 09 - Le Carême

    L’ascèse est une réalité qui nous fait peur. Nous n’avons pas l’habitude de nous priver même si, aujourd’hui chez nous, beaucoup de nos concitoyens vivent dans des conditions précaires et connaissent l’inquiétude du lendemain. Certes, l’Eglise nous rappelle certains actes pénitentiels significatifs : manger moins chaque vendredi ; jeûner (au moins pour un repas) le mercredi des Cendres et le Vendredi Saint ; maîtriser nos instincts.

    Mais surtout, elle attire notre attention sur l’importance de notre style de vie. S’inspire-t-il du Christ et des encouragements de l’Eglise ou bien, sous prétexte de modernité, s’inspire-t-il des complicités subtiles avec la mode, les mondanités et le péché ? Avec tous nos frères chrétiens, mais aussi avec tous ceux qui souffrent de la faim, d’un manque de liberté ou de dignité, avec tous ceux pour qui la vie quotidienne est une ascèse imposée, entrons dans ce jeûne du Carême comme dans le bain d’une nouvelle naissance.

    Le partage

    Le but du jeûne n’est pas seulement la privation, mais le partage, l’aumône : ce que nous avons économisé, nous sommes invités à le donner à ceux qui jeûnent tous les jours, car ils n’ont pas de quoi s’acheter à manger. Ils sont des millions dans le monde et des milliers dans nos régions !

    Arrachons de nos vies l’individualisme et l’inertie pour nous engager au service des plus déshérités que soi. Développons la solidarité à l’intérieur de nos communautés ou à travers des associations ou des mouvements qui s’emploient à rejoindre et à servir les personnes diversement fragilisées. N’oublions pas tous ceux et celles qui, dans le Tiers-monde, vivent dans des situations encore plus tragiques que chez nous, marqués par la malnutrition, le manque de soins médicaux, l’extrême pauvreté, quand ce n’est pas la violence aveugle ou le regroupement dans des camps de réfugiés où règnent misère et promiscuité.

    La pénitence et la réconciliation

    Ce temps du Carême ne sera véritablement conversion que si nous allons jusqu’à l’accueil du pardon du Seigneur dans le sacrement de réconciliation. Ce sacrement reçu personnellement témoigne, pour la communauté chrétienne et pour tous les hommes marqués par l’échec et le péché, que le Dieu de Jésus-Christ ouvre largement Son pardon à tout homme de bonne volonté, qu’il n’y a pas d’échec définitif et que Dieu est plus grand que notre cœur.

    Engageons-nous sur la longue route du Carême, résolument et avec foi. Après avoir accompagné Jésus dans son entrée à Jérusalem aux Rameaux, participé à la Cène le Jeudi Saint, monté avec Lui au Golgotha le Vendredi Saint, dans la nuit de Pâques, avec tous les nouveaux baptisés, nous renouvellerons les engagements de notre baptême.

    * 09 - Le Carême

    Ce sacrement de pénitence et de réconciliation est le signe de l’amour infini de Dieu. Le pardon de Dieu est toujours possible, si nous faisons une démarche vraiment sincère. En se reconnaissant pécheur, nous croyons que l’amour infini de Dieu est toujours le plus fort. Le dialogue avec un prêtre est le signe efficace de la réconciliation avec Dieu et avec nos frères.

    Quel est le sens du Carême ?

    Le mot « carême » vient du latin quadragesima, qui signifie quarantième (sous-entendu : jour), le quarantième jour étant le jour de Pâques. Ce temps nous rappelle les quarante jours du Christ au désert mais aussi les quarante années que le peuple juif passa en exil avant d’entrer sur la Terre promise.

    * 09 - Le Carême

    Durant ce temps l’Église nous invite à nous préparer à la grande fête de Pâques qui commémore la Résurrection du Christ, venu libérer tous les hommes du poids de leurs entraves et proposer l’amour à tous.

    Le Carême n’est pas seulement un temps de sacrifice ou de pénitence, c’est avant tout une invitation à nous concentrer sur l’essentiel : Jésus-Christ. Mais garder ses yeux sur Lui, le suivre et l’imiter, est exigeant. Cela demande de choisir entre la vie d’amour que propose le Christ et nos petits égoïsmes... Le Carême est un temps pour revenir à l’essentiel et considérer le superflu et l’accessoire à leur juste place. Faire pénitence, c’est se détacher de ce qui nous retient, s’ouvrir aux autres et se convertir au Christ pour accéder à la vraie liberté d’aimer comme Lui nous a aimé jusqu’à donner sa vie.

    Du mercredi des Cendres, qui nous rappelle que notre vie sur terre n’est qu’un passage, à la nuit de Pâques qui nous montre que l’Éternité nous attend, il y a quarante jours de préparation.

    Pour atteindre ce nombre symbolique, il faut enlever les cinq dimanches du Carême ainsi que le dimanche des Rameaux, qui ne sont pas des jours de pénitence. En effet, même pendant le Carême, nous sommes invités, le dimanche, à célébrer la Résurrection du Seigneur. À travers la messe de chacun de ces jours de Carême, l’Église nous donne un nouvel élan pour profiter pleinement de ce temps de Carême.

    Un coup d’œil sur le but du Carême

    Le principal but du Carême est par-dessus tout de préparer les gens à la célébration de la mort et de la résurrection du Christ…

    Meilleure est la préparation, meilleure sera la célébration. On ne peut réellement revivre le mystère qu’avec un esprit et un cœur purifié.

    Le but du Carême est de fournir cette purification en détachant l’homme du péché et de l’égoïsme par l’abnégation et la prière tout en suscitant en lui le désir d’accomplir la volonté de Dieu et de faire en sorte que Son royaume vienne d’abord dans le cœur de chacun.

    Encyclopédie Catholique

    À première vue, cette croyance a l’air sincère. Toutefois, elle n’est pas en accord avec ce que dit la Bible, la Parole sacrée de Dieu, l’unique et véritable source de connaissance spirituelle (Jn 17:17). Dieu, par l’apôtre Paul dit : « toi, demeure dans les choses que tu as apprises, et reconnues certaines, sachant de qui tu les as apprises; dès ton enfance, tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage à salut par la foi en Jésus-Christ. Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne œuvre » (II Tim 3:14-17).

    Il faut d’abord comprendre que cette « célébration de la mort et de la résurrection du Christ » dont la citation précédente parle se réfère au « Vendredi saint » et à «Pâques», des célébrations qui sont profondément ancrées dans le paganisme ancien. Elles ont été instituées par le christianisme traditionnel pour remplacer la saison de la Pâque. Les fêtes de la Pâque et des Pains sans Levain étaient observées par Christ, les apôtres originaux et l’Église du Nouveau Testament, y compris les païens qui en faisaient partie. Dieu ordonne à Son peuple d’observer ces fêtes aujourd’hui (I Cor 5:7-8).

    Ensuite, la Bible nous dit que nous sommes purifiés, lavés et sanctifiés aux yeux de Dieu par le sang versé par Jésus-Christ (Héb 9:11-14, 22; 13:12). C’est cela, avec la foi (Ac 15:9), en nous soumettant humblement et en obéissant à Dieu (Jc 4:7-10) selon Sa vérité et en priant (Jn 17:17; I Tim 4:5) qui nous purifie devant Dieu. Aucun jeûne ou aucune abstention de plaisirs charnels ou autre forme de privation ne peut nous purifier.

    En troisième lieu, il vous est impossible de créer en vous le « désir d’accomplir la volonté de Dieu ». Il est vrai que Dieu a accordé à l’homme le libre arbitre. Mais l’esprit charnel ne peut, ni ne veut se soumettre à Dieu. « Ceux, en effet, qui vivent selon la chair, s’affectionnent aux choses de la chair, tandis que ceux qui vivent selon l’Esprit s’affectionnent aux choses de l’Esprit… car l’affection de la chair est inimitié [hostile] contre Dieu, parce qu’elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, et qu’elle ne le peut même pas » (Rom 8:5, 7).

    Ce n’est que par un esprit converti, qui est activement conduit par l’Esprit-Saint, que Dieu « produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir » (Phil 2:13).

    Quatrièmement, vouloir que « Son royaume vienne d’abord dans le cœur de chacun » est une mauvaise tradition enseignée par le christianisme de ce monde. La Bible n’enseigne pas une telle chose. Dieu n’établit pas Son royaume dans le cœur des hommes.

    Alors, quelle est l’origine du Carême? Comment en est-il venu à être observé si largement par le christianisme, entériné par la religion d’État ?

    Le Christ et ses apôtres n’ont jamais observé le Carême. Jésus-Christ avait envoyé Ses apôtres en leur disant : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Matth 28:19-20). Jésus ne leur a jamais ordonné d’observer le Carême ou Pâques. Par contre, Il leur a bien ordonné d’observer la Pâque et les Pains sans Levain. En fait, lors de Sa dernière Pâque sur la terre, Il leur donna des instructions détaillées sur la façon d’observer la cérémonie de la Pâque. Il institua également les nouveaux symboles de la Pâque (Jn 13:1-17).

    Notez ce qu’Alexander Hislop a écrit dans son livre Les Deux Babylone : « La fête dont l’histoire de l’Église nous parle et qui, au 3ème et 4ème siècle se nomme Pâques, était très différente de celle qui se célèbre aujourd’hui dans les Églises romaines et n’était pas connue sous le nom de Pâques… Cette fête [la Pâque] n’était pas une fête idolâtre et elle n’était pas précédée d’un carême. « Tous devraient savoir », écrivait Cassianus, moine de Marseille au 5ème siècle, en faisant le contraste entre l’Église primitive [du Nouveau Testament] avec celle de son temps, que l’observance de 40 jours n’a pas existé et cela aussi longtemps que la perfection de l’Église primitive est demeurée inviolée ».

    Le Carême n’a pas été observé par l’Église du premier siècle ! L’Église de Rome en a parlé pour la première fois lors du concile de Nicée en 325 apr. J. - C. lorsque l’empereur Constantin a reconnu la religion de cette église en tant que religion officielle de l’empire. Toute autre forme de christianisme qui avait des doctrines différentes que celles de l’Église romaine était considérée comme ennemie de l’État.

    Au début, les gens n’observaient pas le Carême plus d’une semaine. Certains l’observaient pour un ou deux jours. D’autres l’observaient pour 40 heures consécutives, croyant faussement qu’il n’y avait eu que 40 heures entre la mort et la résurrection du Christ.

    Finalement, la période fut étendue à quarante jours de jeûne ou de privation de certains aliments. « L’accent n’était pas mis sur le jeûne autant que sur le renouveau spirituel que la préparation pour Pâques exigeait. C’était une période de jeûne reconnue par les fidèles, mais ils ne jeûnaient pas nécessairement tous les jours. Toutefois, avec le temps, l’accent fut mis de plus en plus sur le jeûne… Pendant les premiers siècles (surtout à partir du cinquième), l’observance du jeûne était très stricte. Seulement un repas par jour vers la fin de la journée était autorisé. Les viandes et le poisson, et dans certains cas, les œufs et les produits laitiers étaient absolument défendus. La viande n’était même pas permise le dimanche ».

    Encyclopédie catholique

    À compter du neuvième siècle, les règles du Carême furent allégées. On mit davantage l’accent sur des « œuvres de pénitence » plutôt que sur le jeûne et l’abstinence. Selon la constitution apostolique Paenitemini du pape Paul VI (17 févr. 1966), « l’abstinence doit être faite le Mercredi des Cendres et chaque vendredi de l’année qui n’est pas une fête d’obligation, et le jeûne et l’abstinence doivent être observés le mercredi des cendres et le Vendredi saint ».

    Encyclopédie catholique

    De nos jours, le Carême est utilisé pour « jeûner du péché et des vices… pour abandonner le péché et les voies pécheresses ». C’est un temps de « pénitence, ce qui signifie regretter les péchés et se tourner vers Dieu ». La tradition enseigne que jeûner et utiliser la discipline personnelle pendant le carême « apportera au fidèle la maîtrise de lui-même et le convaincra du besoin de purifier son cœur et de renouveler sa vie ».

    Toutefois, la Bible nous montre clairement que la maîtrise de soi, la tempérance, vient de l’Esprit-Saint qui est à l’œuvre dans l’esprit converti (Gal 5:16, 17, 22). Le jeûne par lui-même ne procure pas la maîtrise à la façon de Dieu.

    Saint Paul nous avertit de ne pas utiliser l’abnégation comme outil et de ne pas nous en remettre à notre propre volonté. Il a appelé cela un culte volontaire. « Si vous êtes morts avec Christ aux rudiments du monde, pourquoi, comme si vous viviez dans le monde, vous impose-t-on ces préceptes: Ne prends pas ! Ne goûte pas ! Ne touche pas ! Préceptes qui tous deviennent pernicieux par l’abus, et qui ne sont fondés que sur les ordonnances et les doctrines des hommes ? Ils ont, à la vérité, une apparence de sagesse, en ce qu’ils indiquent un culte volontaire, de l’humilité, et le mépris du corps, mais ils sont sans aucun mérite et contribuent à la satisfaction de la chair » (Col 2:20-23).

    Dieu n’a pas conçu le jeûne comme outil de pénitence, pour se « flageller » ou pour développer la volonté : « Est-ce là le jeûne auquel je prends plaisir, un jour où l’homme humilie son âme ? Courber la tête comme un jonc, et se coucher sur le sac et la cendre, est-ce là ce que tu appelleras un jeûne, un jour agréable à l’Éternel ? Voici le jeûne auquel je prends plaisir: détache les chaînes de la méchanceté, dénoue les liens de la servitude, renvoie libres les opprimés, et que l’on rompe toute espèce de joug; partage ton pain avec celui qui a faim, et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile ; si tu vois un homme nu, couvre-le, et ne te détourne pas de ton semblable » (És 58:5-7).

    Le peuple de Dieu s’humilie par le jeûne afin de se rapprocher de Lui afin d’apprendre à penser et à agir comme Lui, afin de vivre selon Ses voies en toutes choses. Notez ce que le prophète Jérémie a écrit : « Ainsi parle l’Éternel : que le sage ne se glorifie pas de sa sagesse, que le fort ne se glorifie pas de sa force, que le riche ne se glorifie pas de sa richesse. Mais que celui qui veut se glorifier se glorifie d’avoir de l’intelligence et de me connaître, de savoir que je suis l’Éternel, qui exerce la bonté, le droit et la justice sur la terre; car c’est à cela que je prends plaisir, dit l’Éternel » (Jér 9:23-24). Jeûner (et prier) aide les chrétiens à se rapprocher de Dieu.

    Les racines anciennes du Carême

    « Lent », qui est le mot carême en anglais, est tiré du mot anglo-saxon Lencten, qui signifie « printemps ». Le Carême a son origine dans l’ancienne religion à mystères babylonienne. Les « quarante jours d’abstinence du Carême ont été empruntés directement aux adorateurs de la déesse babylonienne… Parmi les païens, ce carême semblait être un préalable indispensable à la grande fête annuelle célébrée en commémoration de la mort et de la résurrection de Thammuz ».

    Les Deux Babylone

    En français, le mot Carême vient du latin quadragésima ou quanrantaine qui représente les quarante jours de jeûne et de pénitence jusqu’à la fin de la semaine sainte.

    Thammuz était le faux messie des Babyloniens, une contrefaçon satanique de Jésus-Christ ! La fête de Thammuz était généralement célébrée au mois de juin (aussi appelé le « mois de Thammuz »). Le Carême se tenait quarante jours avant la fête et était célébré par « l’alternance entre les pleurs et les réjouissances ». C’est la raison pour laquelle carême signifie «printemps», la fête se tenait tôt au début de l’été.

    La Bible parle de Juda qui adorait autrefois ce faux messie : « Et il me conduisit à l’entrée de la porte de la maison de l’Éternel, du côté du septentrion. Et voici, il y avait là des femmes assises, qui pleuraient Thammuz » (Éz 8:14-15). Cela constituait une grande abomination aux yeux de Dieu.

    Mais pourquoi l’Église de Rome a-t-elle institué une telle fête païenne ?

    « Afin de ramener les païens vers le « christianisme », vers Rome qui poursuivit ses politiques habituelles et prit les mesures pour amalgamer les fêtes chrétiennes et païennes en manipulant et en ajustant habilement le calendrier. En général, il ne fut pas difficile de faire en sorte que le paganisme et le christianisme, maintenant plongés profondément dans l’idolâtrie et dans bien d’autres choses, se serrent la main ».

    Les Deux Babylone

    L’Église romaine remplaça la Pâque par Pâques déplaçant la fête païenne de Thammuz tôt au printemps tout en la «christianisant». Le carême la suivit. « Ce changement de calendrier pour Pâques eut d’énormes conséquences. Cela entraîna dans l’Église une corruption des plus grossière ainsi qu’une superstition flagrante concernant l’abstinence du Carême ».

    Les Deux Babylone

    Avant d’abandonner leurs péchés et leurs vices, les païens s’adonnaient à une célébration extravagante où tout était permis afin de s’assurer qu’ils avaient leur plein de débauche et de perversités, célébration que le monde observe aujourd’hui par le Mardi gras.

    Des abominations sous le masque du christianisme

    Dieu n’est pas l’auteur du désordre (I Cor 14:33). Il n’a jamais institué le Carême qui est une observance païenne qui lie la débauche à la soi-disant résurrection d’un faux messie.

    Dieu ordonne à Son peuple de Le suivre et non pas suivre les traditions des hommes. Les voies de Dieu sont plus élevées et meilleures que les voies des hommes (És 55:8-9). Les hommes ne peuvent déterminer par eux-mêmes ce qui est bien et ce qui est mal ni la façon dont Dieu doit être adoré. Pourquoi ? Parce que «le cœur est tortueux par-dessus tout, et il est méchant» (Jér 17:9), et que « la voie de l’homme n’est pas en son pouvoir; ce n’est pas à l’homme, quand il marche, à diriger ses pas » (10:23). Dieu nous a conçus et nous a donné la vie. Il sait de quelle façon nous devons L’adorer.

    Pour être chrétien et servir Dieu comme il se doit, nous devons vivre « de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matth 4:4) en reconnaissant que les Écritures « ne peuvent être anéanties » (Jn 10:35).

    Dieu ordonne aux chrétiens de fuir les traditions et les coutumes païennes de ce monde (Apoc 18:2-4), qui est dirigé et séduit par Satan le diable (II Cor 4:4; Apoc 12:9).

    Le Carême peut avoir l’air d’une célébration sincère, mais ses racines sont plongées profondément dans les idées païennes qui vont à l’encontre du plan de Dieu.

    Dieu hait toutes ces observances païennes (Jér 10: 2-3; Lév 18:3, 30; Deut 7;1-5,16). Aucune ne peut être « christianisée » ou « blanchie » par les hommes. Et cela inclut le Carême.

    Vous connaissez maintenant la véritable origine du Carême !

    * 09 - Le Carême

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    Suggestion :

    Engageons-nous sur la longue route du Carême, résolument et avec foi. Après avoir accompagné Jésus dans son entrée à Jérusalem aux Rameaux, participé à la Cène le Jeudi Saint, monté avec Lui au Golgotha le Vendredi Saint, dans la nuit de Pâques, avec tous les nouveaux baptisés, nous renouvellerons les engagements de notre baptême et nous chanterons l’Alleluia pascal, en tenant nos cierges allumés par lesquels Jésus ressuscité illuminera nos visages.

    Méditation pour le temps du Carême :

    Que la bienveillance nous accompagne, Seigneur, durant ces jours de privation, pour que la discipline imposée à notre corps soit vraiment pratiquée avec amour. Par Jésus-Christ, ton Fils notre Seigneur.

     Frère Chapelain J.- P. V S

    Sources :

    http://croire.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/Careme

    https://www.google.be/search?source=hp&ei=9SwVWpvMB6KcgAaFmZ_wBA&q=car%C3%AAme+d%C3%A9finition&oq=car%C3%AAme&gs_l=psy-ab.1.2.0l10.10381.12161.0.14475.6.4.0.2.2.0.133.409.3j1.4.0....0...1c.1.64.psy-ab..0.6.460...0i131k1.0.fZT4Or515h4

    http://eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/les-grandes-fetes-chretiennes/careme-et-paques/careme/369562-quest-ce-que-le-careme/

    http://eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/les-grandes-fetes-chretiennes/careme-et-paques/careme/434546-comment-vivre-le-careme-concretement/

    http://eglise.catholique.fr/approfondir-sa-foi/la-celebration-de-la-foi/les-sacrements/la-penitence-et-la-reconciliation/

    https://qe.catholique.org/le-careme/895-quel-est-le-sens-du-careme


    votre commentaire
  • Analyse de l’AVE MARIA

    Je vous salue, Marie pleine de grâce ;
    Le Seigneur est avec vous.
    Vous êtes bénie entre toutes les femmes
    Et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni.
    Sainte Marie, Mère de Dieu,
    Priez pour nous pauvres pécheurs,
    Maintenant et à l’heure de notre mort.

    Ainsi soit-il.

    La première strophe est tirée de la Bible :

    • « Je te salue Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi » : ce sont les paroles de l’ange Gabriel annonçant à Marie que l’Âme de Créateur (l’Esprit Saint) habite en elle et va la rendre enceinte de Jésus (Luc 1,28). Le terme de Seigneur renvoie à Dieu. « Pleine de grâce » signifie : « celle que Dieu a préférée » ou encore « celle qui a la faveur de Dieu ».
    • « Tu es bénie entre toutes les femmes, et Jésus le fruit de tes entrailles est béni » : ce sont les paroles d’Élisabeth, la mère de Jean le Baptiste et la cousine de Marie, lorsque Marie vint la visiter (Luc 1,42). L’expression « fruit de tes entrailles » désigne le bébé que Marie porte, la « chair de sa chair ».

      * 08 - Analyse de "l'Ave Maria"   * 08 - Analyse de "l'Ave Maria"

                                                                                           Annonciation         -              Visitation 

    La deuxième strophe vient du Moyen-Âge.

    • « Sainte marie, Mère de Dieu » : le nom de Mère de Dieu vient d’un concile au 5ème siècle. Dire que Marie est la mère de Dieu, ce n’est pas dire que Marie est une déesse qui a mis au monde un fils Dieu. C’est dire qu’il y a un seul Créateur, mais que Marie a donné un corps à sa parole. Parce que la parole de Dieu, c’est Dieu lui-même, on dit que Marie est la mère de Dieu.
    • « Priez pour nous pauvres pécheurs maintenant et à l’heure de notre mort » : ce seraient les dernières paroles de saint Simon Stock, moine supérieur de l’Ordre du Carmel, en 1265.
    • « Amen » signifie « Je crois » ou « Ainsi soit-il ».

      * 08 - Analyse de "l'Ave Maria"    * 08 - Analyse de "l'Ave Maria"

                                                                             Sainte marie, Mère de Dieu           Priez pour nous

    Je vous salue, Marie : une longue histoire !

    Comparée à l’histoire du « Notre Père », celle du « Je vous salue, Marie » est beaucoup plus complexe. Pour le Pater, il n’y a pas de problème, même si les Évangiles de Luc et de Matthieu nous en donnent deux expressions un peu différentes, reflets probables des diverses façons dont les communautés chrétiennes primitives l’ont récité.

    L’histoire de l’Ave Maria dure quinze siècles environ, et nous ne pouvons la suivre pas à pas car nous la connaissons mal. Mais nous avons assez de points de repère pour nous en faire une idée exacte, même si elle reste incomplète.

    Il nous faut d’abord distinguer nettement les deux parties de la prière : la première sous forme de louange et la deuxième sous forme de supplication. La première a existé longtemps toute seule. C’est d’elle qu’il va d’abord être question.

     * 08 - Analyse de "l'Ave Maria"

    La première partie de l’Ave Maria : sa genèse.

    À première vue, elle se compose de deux petits extraits de l’Évangile de Luc : la salutation de l’ange (1, 28) et la réponse d’Élisabeth à Marie (1, 42). Seuls les noms de Marie et de Jésus ont été ajoutés. À y regarder de plus près, les références semblent plus complexes !

     * 08 - Analyse de "l'Ave Maria"                                                * 08 - Analyse de "l'Ave Maria"

    « Vous êtes bénie entre toutes les femmes » : qui parle ?

    Ces mots sont-ils à mettre dans la bouche d’Élisabeth ou dans celle de l’ange, ou dans l’une et l’autre ?

    La plupart des éditions actuelles de l’Évangile les attribuent à Élisabeth. Mais l’édition du Nouveau Testament du Père Merk les introduit en Lc 1, 28, en les mettant toutefois entre parenthèses.

    Quelles sont les autorités qui mettent la bénédiction dans la bouche de l’ange ? Dès le milieu du 2ème siècle, le «Protévangile» de Jacques (11,1) et le « Diatessaron » de Tatien. Au tournant des 2ème et 3ème siècles, Tertullien dans « Le Voile des vierges », puis, au 4ème siècle, Eusèbe de Césarée. Au 4ème siècle, en commentant Tatien, Ephrem le Syrien souligne la double bénédiction de l’ange et d’Élisabeth : « Et Élisabeth confirma cette parole, disant une nouvelle fois : Tu es bénie parmi les femmes ». Saint Ambroise connaît lui aussi l’attribution à l’ange. Cette leçon (= version) se trouve aussi dans le « Codex Ephraemi » du 5ème siècle, dans le « Codex Bezae » des 5ème – 6ème siècles, ainsi que dans le « Syriaque » et la « Vulgate ». On la retrouve plus tard dans la liturgie en usage à Sainte-Marie Antique à Rome (en 650), ainsi que dans la liturgie byzantine.

    Que conclure ? Il est certain que, même si cette leçon n’est pas originale, elle est « très ancienne ». On a souligné que « ce mécanisme de mémoire traduit l’ancienneté plus grande encore du rapprochement de versets évangéliques pour la construction d’une formule de prière ».

    Le nom de Marie : des usages variables.

    Dans le salut de l’ange, le nom de Marie n’est pas mentionné. C’est « pleine de grâce » qui est le nom de Marie sur les lèvres de Dieu. Il est bien difficile de saisir à quel moment de l’histoire ce nom a été introduit. Il est probable que, dès l’instant où l’on a utilisé le salut de l’ange comme prière, l’on a ajouté « Marie ».

    Le premier témoignage semble être le graffito « Salut, Marie », écrit en grec sur un mur auprès de la grotte de l’Annonciation à Nazareth et datant du 3ème – 4ème siècle. Le nom de Marie se trouve aussi sur deux ostraca égyptiens des 6ème – 7ème siècles, chez Ildefonse de Tolède au 7ème siècle et chez Pierre Damien au 11ème siècle. En revanche, au 8ème siècle, Jean Damascène prêche longuement sur l’Annonciation en répétant sans cesse : « Salut, pleine de grâce », mais sans jamais y ajouter « Marie ». De même, l’Hymne acathiste (= à chanter sans s’asseoir), si important dans la liturgie byzantine à partir du 8ème siècle au moins, qui chante plus de cent cinquante fois « Salut », suivi d’un titre marial – une véritable litanie –,ne dit jamais : « Salut, Marie », ni d’ailleurs : « Salut, pleine de grâce », même si toute la prière est un développement de la salutation de Gabriel. Le nom de Marie apparaît une seule fois dans une antienne d’introduction.

    L’usage liturgique précoce.

    C’est dans la liturgie que l’on décèle les premières formules annonciatrices de la première partie de l’Ave Maria.

    En Orient, la Liturgie de saint Jacques des 4ème – 5ème siècles chante « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi, tu es bénie parmi les femmes et béni le fruit de ton sein, car tu as engendré le sauveur de nos âmes » (Même texte dans la Liturgie de saint Marc).

    Les deux ostraca égyptiens sont les humbles témoins de ce qui devait être entendu dans les liturgies. L’un d’eux commence par « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi » et porte, dans les dernières lignes, « Salut, Marie ». Le second commence par « Salut, Marie, pleine de grâce » et porte au verso « Salut, pleine de grâce, Marie; le Seigneur avec toi ; tu es bénie parmi les femmes et béni est le fruit de ton sein, car tu as conçu le Christ, le Fils de Dieu, le rédempteur de nos âmes ».

    La fête byzantine de l’Annonciation (aux 6ème – 7ème siècles), « qui nous fait sans aucun doute entrer le plus avant dans la grande mariologie byzantine », contient plusieurs textes qui expriment la foi de l’Église dans le rôle de Marie :

    « Salut, toute bénie et remplie de la grâce de Dieu. Béni soit le fruit divin et immortel de vos entrailles, Lui qui par vous accorde au monde entier sa grande pitié ».

    « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous ; vous enfanterez le Fils qui procède du Père avant les siècles et qui sauvera son peuple de ses offenses ».

    « Salut, toute pleine de grâce, le Seigneur est avec vous; salut, pure Vierge ; salut, épouse non épousée ; salut, Mère de vie ; béni est le fruit de vos entrailles ! »

    Au 8ème siècle, Jean Damascène a la formule liturgique : « Salut, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. Tu es béni entre les femmes et le fruit de tes entrailles est béni ». Il ne manque plus que les noms de Marie et de Jésus.

    En Occident, la première partie de l’Ave Maria est introduite dans la liturgie latine aux 6ème – 7ème siècles, par le pape saint Grégoire le Grand, ou par quelque autre personnage moins célèbre. On la trouve en effet au chant d’offertoire du 4ème  dimanche de l’Avent : Ave Maria, gratia plena : Dominus tecum : benedicta tu in mulieribus, et benedictus fructus ventris tui. Il peut s’agir d’un remploi de l’antienne d’offertoire du mercredi des Quatre-Temps d’hiver, le jour où l’on lisait l’Évangile de l’Annonciation (les Messes des Quatre-Temps sont parmi les plus anciennes de la liturgie romaine). Quelle qu’en soit l’origine, il convient de remarquer que cette antienne ne s’est jamais terminée par « Jésus ».

    La première partie de l’Ave Maria devient une prière usuelle au Moyen-Âge.

    Malgré son introduction précoce dans la liturgie, l’Ave Maria met du temps à se populariser. Certes, au 7ème siècle, Ildefonse, évêque de Tolède, récite plusieurs fois l’Ave Maria lors d’une vision, en se mettant à genoux. Mais il s’agit d’un témoignage exceptionnel. En fait, il faut attendre le 11ème siècle pour être assuré, avec le témoignage de saint Pierre Damien († 1072), que l’Ave Maria devient une prière populaire en faveur. Il rapporte d’un clerc qu’il récitait chaque jour l’Ave Maria jusqu’à benedicta tu in mulieribus.

    Au 12ème siècle, qui connaît un grand essor de la piété mariale, Amédée de Lausanne, abbé de l’abbaye cistercienne de Hautecombe († vers 1159), est, semble-t-il, le premier à ajouter le nom de « Jésus ». Cette addition est peut-être due à l’intention d’introduire la doxologie finale de l’homélie qui s’achève ainsi : « Je te salue, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi, tu es bénie entre toutes les femmes, et béni le fruit de ton sein, Jésus-Christ, qui est par-dessus toutes choses le Dieu béni dans les siècles des siècles ». À la même époque, un ermite du Hainaut, saint Albert, disait l’Ave Maria en faisant cent fois par jour des génuflexions.

    C’est à Paris que la Salutation angélique est prescrite pour la première fois : en 1198, l’évêque exhorte à la récitation de l’Ave Maria avec le Pater et le Credo. Vers 1210, les statuts synodaux de Paris – qui préparent les décisions du grand concile de Latran IV de 1215 – invitent tous les chrétiens à apprendre et à réciter l’Ave Maria.

    Désormais, à partir du 13ème siècle donc, les points de repère se multiplient. En voici quelques exemples. Vers 1230, un chapitre général des Chartreux demande aux prieurs d’apprendre aux novices convers l’Ave Maria, en plus du Pater et du Credo. En 1261, un chartreux du diocèse de Nevers « avait résolu au fond de son cœur d’offrir à la Vierge, le jour comme la nuit, cent fois l’Ave angélique suivi de la béatification du fruit de son sein ». C’est dans un bréviaire des Chartreux de la première moitié du 14ème siècle qu’on aura la première apparition de la récitation de l’Ave Maria avant les Heures.

    Un compagnon de saint Dominique était mort en tenant en main une cordelette de nœuds qui lui servait à compter ses Ave. Il en récitait des milliers par jour. En 1266, le chapitre général des Dominicains demande aux frères convers de dire chaque jour l’Ave Maria en nombre égal à celui du Pater dans leur office.

    Saint Thomas d’Aquin († 1274) compose un court commentaire de l’Ave Maria jusqu’à benedictus fructus ventris tui. Il n’est donc pas étonnant que, dès 1277, les béguines de Gand, dirigées par les Dominicains, récitent chaque jour trois fois cinquante Ave Maria.

    Sainte Mechtilde de Magdebourg († 1280), profondément attachée à l’Ordre dominicain, récite chaque jour trois Ave Maria en l’honneur du Père, du Fils et du Saint Esprit. Au même moment, entre 1200 et 1250, dans les pays du nord de l’Europe, certaines cloches portaient des inscriptions comme celle-ci : « Maître Jacques m’a faite. Il m’a donnée à … pour l’âme de sa chère épouse… Que Dieu bénisse celui qui m’a érigée. Je te salue, Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec toi. Tu es bénie entre toutes les femmes ».

    Le témoignage de sainte Gertrude d’Helfta (1256–1302/3) est particulièrement intéressant, car on voit comment la dévotion à la Vierge Marie prépare l’usage du Rosaire et inclut déjà la supplication de la seconde partie de l’Ave Maria.

    À la fête de l’Annonciation, au cours de la récitation de l’Invitatoire Ave Maria, « Gertrude vit trois ruisseaux impétueux jaillir de leur source du Père, du Fils et du Saint Esprit, et couler dans le cœur de la Vierge-Mère pour remonter avec la même rapidité à leur source divine (…) À chaque Ave Maria récité dévotement par les fidèles, ces trois ruisseaux venaient cerner de toutes parts la bienheureuse Vierge, traverser son cœur très saint et remonter vers leur source première en produisant d’admirables effets (…) Les fidèles, en répétant cette salutation, sentent se renouveler en eux tout le bien qui leur est venu par le mystère de l’Incarnation ». Gertrude apprend de Marie à réciter chaque jour de l’octave de l’Annonciation quarante-cinq Ave Maria, « en mémoire des jours que le Seigneur mit à croître dans son sein ».

    Déjà, en récitant cette première partie de l’Ave Maria, Gertrude comprend qu’il faut prier pour les souffrants, pour la persévérance des pénitents, pour le pardon des pécheurs. À chaque Ave Maria, il fallait ajouter ces mots, tirés de la Lettre aux Hébreux (1, 3) : « Jésus splendeur de la clarté paternelle et figure de sa substance ».

    À la fête de l’Assomption, Gertrude, malade, « ne pouvait malgré son désir réciter autant d’Ave Maria que la bienheureuse Vierge avait passé d’années sur la terre ». Pour la Nativité de Marie, elle récite autant d’Ave Maria que de jours de la présence de Marie dans le sein de sa Mère. À Complies, « elle offrit à la bienheureuse Vierge 150 Ave Maria (…) lui demandant de daigner l’assister à l’heure de la mort avec toute sa tendresse maternelle ». Pour une jeune fille défunte, toutes les Sœurs récitent le Psautier en ajoutant après chaque psaume un Ave Maria.

    La récitation de la première partie de l’Ave Maria s’est donc généralisée en Occident à partir du 11ème siècle. Au 14ème siècle, plusieurs synodes des pays nordiques prennent la même mesure que le synode parisien de 1210. Il s’agit peut-être de contraindre des récalcitrants ; il s’agit plus sûrement d’entériner une pratique bien enracinée. On avait l’habitude d’entendre les prédicateurs la réciter avant le sermon, on la gravait sur les pierres et sur les cloches des églises, surtout celle destinée à sonner le glas, tout particulièrement dans les pays nordiques.

    Sauf exception (on a vu celle d’Amédée de Lausanne), la prière s’arrête à ventris tui. Le nom de Jésus est omis. Selon de vieux documents, c’est le pape Urbain IV (1261–1264) qui a accordé une indulgence pour l’addition du nom de Jésus-Christ. Ensuite cette clausule se répandra assez vite, à la fin du 14ème et au 15ème siècle.

    La seconde partie de l’Ave Maria : le cri de la supplication

    Dom Capelle écrit : « Incoerciblement, vers la toute-puissance suppliante le peuple chrétien pousse son cri lorsqu’il s’adresse à Marie. Il ne saurait se contenter de la louer. C’est lui qui a fait de l’Ave Maria l’appel des pécheurs ».

    Dès le 3ème siècle, le Sub tuum, découvert en grec sur un papyrus, est une prière de supplication à Marie, Mère de Dieu. Au 4ème siècle, saint Augustin achève un sermon en priant Marie pour les différentes catégories de chrétiens.

    Dans la liturgie byzantine de l’Annonciation, louange et supplication se mêlent : « Salut, pleine de grâce ! C’est de vous que nous vient le salut, le Christ notre Dieu qui, ayant assumé notre nature, l’a élevée à la hauteur de la sienne. Priez-le de sauver nos âmes ». Au 8ème siècle, saint André de Crète parle de Marie « par laquelle, pécheurs, nous recevons la faveur de la divinité ».

    Dans la Divine Comédie, Dante († 1321) écrit : « … et le fruit de vos entrailles que je prie de nous garder du mal, Jésus-Christ (…) Priez Dieu pour nous de nous pardonner et de nous donner la grâce de vivre de telle sorte ici-bas qu’il nous donne le paradis à notre mort ». Un peu plus tard, un bréviaire cartusien de 1350 porte : Sancta Maria, ora pro nobis peccatoribus, nunc et in hora mortis, Amen et, au siècle suivant, saint Bernardin de Sienne, dans un sermon sur la Passion, est le témoin de la formule : « Sainte Marie, priez pour nous pécheurs ».

    Vers la fin du 14ème siècle on récite donc l’Ave Maria dans sa version longue, au moins dans certaines régions de l’Europe. Ce sont les bréviaires du 16ème siècle (celui des Trinitaires de 1514, des Franciscains de 1525, des Chartreux de 1562) qui donnent la formule complète encore en usage aujourd’hui. Elle est introduite dans le bréviaire romain révisé, édité par le pape saint Pie V en 1568.

    Entre la salutation de l’ange Gabriel et la consécration officielle de l’Ave Maria, il y a donc une longue histoire de plus de 1500 ans. C’est le lent développement de la prière mariale que nous exprimons lorsque, à longueur de vie, nous égrenons nos « Je vous salue, Marie ».

    Un mot de saint Grégoire de Nysse (4ème siècle) peut servir de conclusion. Dans une homélie de Noël, il définit la salutation de l’ange comme « les paroles de la mystagogie », c’est-à-dire de l’initiation au mystère de Dieu. C’est dire combien la prière de l’Ave Maria n’est pas simplement un acte de piété mais un acte de foi dans le mystère de Dieu avec les hommes, inauguré au jour de l’Annonciation.

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    Source :

    http://www.revue-kephas.org/02/2/Guillaume127-133.html


    votre commentaire
  • Les Évangélistes et le Tétramorphe

    Introduction

    Lors de la visite d’un édifice chrétien, il nous est arrivé de découvrir la multitude des symboles à travers l’art. Afin de mieux comprendre cet art (soit sous la forme de sculptures, soit de tableaux…) je vous propose, dans le présent parchemin, de découvrir les représentations symboliques des quatre Évangélistes souvent exprimées dans la culture chrétienne. Dans les églises catholiques, on représente en effet souvent les quatre Évangélistes par des symboles imagés. Les quatre Évangélistes sont représentés sous les formes allégoriques du Tétramorphe. Je tenterai d’analyser ces formes et d’expliquer ce qu’est le Tétramorphe. Je terminerai ce parchemin par les symboles qui nous permettent de reconnaître les Apôtres du Christ.

     * Les Evangélistes et le Tétramorphe

    Ceux que l’on qualifie souvent de « Quatre Vivants » du livre de l’Apocalypse (Ap 4,7) rappellent les animaux présents dans une vision du prophète Ezéchiel (Ez 1,10). Depuis saint Irénée de Lyon, au deuxième siècle, la tradition a voulu y voir les symboles des quatre Évangélistes. C’est l’ange pour Matthieu, le lion pour Marc, le taureau pour Luc et l’aigle pour Jean. Certains commentateurs ont expliqué cette attribution par la référence au début de chacun des Évangiles.

    Ainsi l’Évangile de Matthieu commence par un récit d’annonciation, d’où l’ange. Celui de Marc par la prédication de Jean-Baptiste dans le désert, un désert symbolisé par le lion. Le récit de Luc débute dans le temple de Jérusalem, d’où le taureau qui est l’animal des sacrifices. Enfin, le grandiose Prologue du quatrième Évangile voit tellement les choses de haut, que l’aigle semble le plus indiqué pour évoquer Jean.

    LIENLe Prologue de l'Evangile de Jean 

    Je me propose d’analyser tout ceci en détails.

    Les quatre Évangélistes

    Notre foi repose sur le témoignage des Apôtres. Parmi ceux qui ont relaté les épisodes marquants de la vie de Jésus, quatre ont été retenus par l'Église : Marc, Matthieu, Luc et Jean.

    Les Évangiles de Matthieu, Marc et Luc présentent de nombreux points communs. On les qualifie de « synoptiques », parce qu'on peut les présenter en colonnes pour mieux les comparer. Le quatrième Évangile, celui de Jean, apparaît bien spécifique, dans son plan comme dans les thèmes qu'il aborde.

    L’Évangile de Matthieu

    Cet évangile était destiné aux nouveaux chrétiens d'origine juive. Il semble dater des années 80. Il aurait été rédigé en Jordanie ou en Syrie. L'auteur est manifestement un juif pétri de culture biblique devenu chrétien. Il écrit, avec de nombreuses références à l'Ancien Testament, pour des juifs qui ont choisi de suivre le chemin de Jésus. Dans son texte apparaissent les tensions entre juifs, notamment à l'égard de ceux qui ont quitté leur univers d'origine pour se réclamer du Christ.

    Matthieu, soucieux de marquer la continuité entre ces communautés, débute son témoignage par une généalogie qui présente Jésus comme le descendant de David. Au fil de nombreux renvois à l'Écriture, Jésus est présenté comme un nouveau Moïse, qui interprète et radicalise la Loi. L'auteur laisse entendre que Jésus sera reconnu par des étrangers à son peuple. Il explique que la Loi juive devient une loi intérieure, qui consiste essentiellement à aimer son prochain.

    L’Évangile de Marc

    Son évangile, le plus court des quatre, est le plus ancien, rédigé vers 65-70, probablement à Rome. Selon certaines traditions, Marc aurait été un disciple de Pierre. Ce livre est destiné à un public, peut-être romain, ébranlé par les persécutions de Néron, qui connaît mal le judaïsme palestinien. Marc cite peu la Bible, et il explique les mots et les usages juifs.

    Son écriture grecque est populaire, facile d'accès, pleine de vie. Il présente Jésus comme libre, refusant d'être le Messie politique et royal que les Juifs attendaient. Il est ouvert aux non-juifs. Dans son texte, c'est le centurion romain, donc étranger au monde juif, qui donne la clé finale, au pied de la croix : « Vraiment, cet homme était le Fils de Dieu ». Au centre de cet évangile : la croix. Chaque lecteur comprend ainsi que lui aussi doit prendre ce risque-là.

    L’Évangile de Luc

    La tradition fait de Luc un compagnon de Paul. Son évangile aurait été rédigé vers l'an 85, à Antioche, après la ruine de Jérusalem et la destruction du Temple en l'an 70. L'écriture semble être celle d'un homme de culture grecque, qui s'adresse à des communautés grecques autrefois païennes, loin du judaïsme. Son « second tome » s'intitule « les Actes des Apôtres », et fait partie également du Nouveau Testament.

    Ces deux livres constituent la première « histoire du christianisme », débutant à la naissance de Jésus jusqu'à l'arrivée de Paul à Rome, soixante ans plus tard. Luc introduit des épisodes absents des autres évangiles, comme par exemple celui du Bon Samaritain. Il insiste sur le fait que la Bonne Nouvelle n'est pas réservée aux Juifs.

    L’Évangile de Jean

    Ce texte, fort différent des trois autres évangiles, semble être le résultat d'une longue élaboration littéraire, aboutie vers l'an 90, probablement dans la région d'Éphèse, dans la Turquie d'aujourd'hui. Il s'adresse à un public féru de philosophie grecque. C'est une œuvre méditative, qui relate peu d'événements. Jean insiste sur la relation étroite qui lie Jésus à Dieu. Était-il Jean, fils de Zébédée, l'un des douze compagnons de Jésus, celui « que Jésus aimait » ? Ou bien Jean dit l'Ancien, l'un des disciples de Jérusalem ?

    Son texte est le seul à mettre en scène les « Noces de Cana », la rencontre avec la Samaritaine, le lavement des pieds. Jésus y est présenté comme le Verbe, la Parole de Dieu. Jean insiste sur la dimension symbolique des événements, des « signes » qu'il relate, qu'il appartient à chacun de reconnaître.

    La Croix – Questions de vie – Questions de foi

    LIEN : Présentation générale de l’Evangile selon saint Jean

    LIEN Organisation de l’Evangile de Jean

    Les Évangélistes et leur forme allégorique

    Au nombre de quatre, les Évangélistes sont donc les auteurs respectifs des Évangiles : Matthieu, dit le publicain, Marc, Luc et Jean, dit l'Apôtre ou l'Évangéliste. Les Évangélistes ne se présentent pas par leur nom dans leurs œuvres et il n'existe aucune preuve que les anciens titres sont bien les originaux. La plupart des chercheurs modernes estiment donc plus sûr d'affirmer que les auteurs furent anonymes, et que leurs noms furent attribués aux récits par les générations suivantes de chrétiens.

    Même si le Nouveau Testament semble avoir été rédigé par des auteurs anonymes, les quatre Évangélistes ont été canonisés et sont devenus saint Marc, saint Jean, saint Luc et saint Matthieu.  Nous retrouvons souvent ces quatre Évangélistes sous la forme d’animaux dans les églises ou diverses réalisations artistiques : un lion, un taureau, un homme ailé ou un ange, et un aigle.

      * Les Evangélistes et le Tétramorphe  * Les Evangélistes et le Tétramorphe  * Les Evangélistes et le Tétramorphe  * Les Evangélistes et le Tétramorphe

    L'homme ailé ou l'ange représente saint Matthieu, l'aigle désigne saint Jean, le taureau représente saint Luc et le lion (souvent ailé) saint Marc. Cette représentation est inspirée par une vision du prophète de l'Ancien Testament, Ezéchiel, et par la description des Quatre Vivants de l'Apocalypse selon saint Jean.

    Le lion symbolisant saint Marc est généralement ailé, ce qui le distingue d’un autre lion qui, lui, représente saint Jérôme.

    Les quatre Évangélistes et leurs symboles

    Dès 200, saint Irénée de Lyon a attribué aux quatre Évangélistes un des symboles du livre d'Ezéchiel et de l'Apocalypse. Puis, à partir du 5ème siècle, ces symboles, ailés, sont apparus dans l'iconographie chrétienne. Les quatre Évangélistes sont parfois représentés assis, écrivant les Évangiles, leurs symboles à leurs pieds.

    Observons deux illustrations reprenant chacune deux Évangélistes.

     * Les Evangélistes et le Tétramorphe

    Saint Marc et saint Jean

    Saint Marc, saint Jean 

    Saint Marc : apôtre fêté le 25 avril, est un disciple de Pierre. Il n'a pas connu le Christ. Il a rédigé le second évangile, le plus court des quatre, dans la seconde moitié du 1er siècle. Évêque d'Alexandrie, il y a été martyrisé en 67. Ici, il est figuré le regard fixé sur un cartel, écrivant les pages de l'évangile qui montrent la puissance, le triomphe et la gloire du Christ. Il a pour emblème un lion.

    Saint Jean : apôtre et évangéliste fêté les 27 décembre et 6 mai. Après la dispersion des apôtres, il s’est fixé à Ephèse en Asie mineure, où il composa l'Evangile. Exilé à l'île de Padmos (Sporades) sous le règne de Domitien, il y rédigea l'Apocalypse. Ici, il lève les yeux au ciel pour en être inspiré et obtenir des révélations. Son emblème est un aigle.

     * Les Evangélistes et le Tétramorphe

    Saint Matthieu et saint Luc

    Saint Matthieu, saint Luc 

    Saint Matthieu : apôtre et évangéliste fêté le 21 septembre. Il est l'auteur du premier évangile. Après la dispersion des apôtres, il prêche en Ethiopie où il est martyrisé. Ici, il réfléchit et se dispose à écrire la naissance de Jésus et sa vie. Son emblème est un homme sous la figure d'un ange.

    Saint Luc : apôtre (fête le 18 octobre). Compagnon de Paul, il n'a pas connu le Christ. Il a rédigé le troisième évangile dans la seconde moitié du 1er siècle. Ici, il se livre à une profonde méditation sur la vie, les souffrances et le sacrifice du Christ. Le bœuf, animal victime des sacrifices traditionnels, est son emblème.

    Observons aussi ces miniatures extraites des « Grandes Heures d'Anne de Bretagne » (1503 – 1508).

      * Les Evangélistes et le Tétramorphe        * Les Evangélistes et le Tétramorphe        * Les Evangélistes et le Tétramorphe        * Les Evangélistes et le Tétramorphe

    Matthieu                 Marc                   Luc                   Jean

    Observons également les symboles des quatre Évangélistes à la façade de la Cathédrale de Chartres.

     * Les Evangélistes et le Tétramorphe

    Au centre se trouve le Christ en majesté entouré des symboles des quatre évangélistes :

    Matthieu est représenté par la figure de l'ange. Saint Jérôme explique que Matthieu a pour attribut l'homme parce qu'il insiste surtout, dans son évangile, sur l'humanité du Christ.

    Jean est représenté par l'aigle. Volant plus haut que les autres, il nous parle surtout de la divinité du Christ. Au Moyen-Age, on considérait également que seul l'aigle pouvait regarder directement le soleil sans être ébloui ; le soleil étant évidemment une personnification divine.

    Luc est personnifié par le bœuf. Cet attribut le bœuf s'explique par le fait qu'il traite surtout du sacerdoce de Jésus (le sacrifice).

    Marc a pour attribut le lion parce que son évangile nous témoigne surtout de la résurrection. Car la légende veut que les lionceaux, quand ils naissent, gisent pendant trois jours comme des cadavres. Puis ils sont réveillés par le rugissement de leur mère.

    Ces représentations ont pour sources la vision d'Ezéchiel (Ez 1, 1-28) et l'Apocalypse (Ap 4, 1-11).

    Ces attributs, on les retrouve, combinés, dans la figure mythologique du Sphinx : à la croupe et à l'abdomen de bovin, aux membres de lion, aux ailes d'aigle, au visage humain.

    Les quatre Évangélistes doivent leur place éminente dans la religion chrétienne à une double circonstance. Ils sont tous, d'une part, les auteurs des Évangiles canoniques. D'autre part, deux d'entre eux (Matthieu et Jean) ont compté au nombre des douze apôtres et ont connu personnellement Jésus. Les autres (Marc et Luc) n'ont pas connu le Christ et ont rédigé leur Évangile dans la seconde moitié du 1er siècle. Une immense vénération les a entourés tous les quatre dans l'Eglise.

    Le Tétramorphe

    LIEN vers un parchemin précédent, traitant du même sujetLe Tétramorphe

     * Les Evangélistes et le Tétramorphe

    Les Évangélistes peuvent aussi être représentés sous leur forme humaine en train d’écrire leurs Évangiles. Pour être reconnus, ils sont toujours accompagnés de leur image symbolique. Celle-ci peut paraître sous une forme figurative seule – le Tétramorphe (du grec tetra : 4 et morphe : forme) : l’homme, le lion, le taureau et l’aigle. Ces 4 figures sont toujours ailées.

    Le Tétramorphe se trouve déjà dans le livre d’Ezéchiel, décrivant la gloire de Dieu ainsi que dans l’Apocalypse de Jean.

    Chaque symbole est une référence à un passage de l’Evangile :

    Saint Jean – l’aigle

    Le Prologue de Jean dans l’Apocalypse est d’une telle élévation, que seul l’aigle peut voler aussi haut.

     * Les Evangélistes et le Tétramorphe

    LIEN : Le Prologue de l’Evangile de Jean

    Saint Marc – le lion

    Il cite Isaïe : Je suis la voix qui crie dans le désert. A l’époque, les lions étaient encore fréquents dans les régions désertiques.

     * Les Evangélistes et le Tétramorphe

    Saint Matthieu – l’homme

    Il commence son évangile par la généalogie humaine de Jésus.

    Il s’agit bien d’un homme et non d’un ange.

     * Les Evangélistes et le Tétramorphe

    Saint Luc – le taureau

    L’annonce de la naissance de saint Jean Baptiste est faite au prêtre Zacharie. Celui-ci pratiquait les sacrifices imposés par sa fonction sacerdotale et le sacrifice d’expiation est un taureau sans défaut.

     * Les Evangélistes et le Tétramorphe 

    Pour Irénée de Lyon – 120 – 202 après J.- C. le tétramorphe est une représentation symbolique du Christ.

    Le lion : la puissance et la royauté

    Le taureau : son rôle de sacrificateur et de prêtre

    L’homme : sa venue humaine

    L’aigle : esprit volant au-dessus de l’Église.

    Note concernant les 4 illustrations ci-dessus :

    Chapelle des Pazzi de la basilique Santa Croce de Florence.

    La construction de la chapelle par la famille Pazzi commença en 1441 sur des plans de Brunelleschi mais ne fut terminée qu’en 1470. La décoration intérieure fut confiée à Luca della Robbia. Les écoinçons de la coupole hémisphérique se terminent par les tondis des 4 Évangélistes. Ils furent exécutés par l’atelier della Robbia en céramique polychrome d’après les dessins de Filippo Brunelleschi.

    Des animaux et des Évangélistes

    Trois des quatre Évangélistes ont un animal pour symbole. Il s’agit de créatures impressionnantes et fortes : le lion, le taureau et l’aigle. Ces références leur ont été associées bien après la rédaction des plus importants textes bibliques du christianisme. Mais le choix de ces symboles animaliers forts permet d’accéder aux récits d’une manière particulière, explique l’auteur et théologien Josef Imbach.

    Note : Josef Imbach, né le 3 décembre 1945 à Zofingue (Suisse), est un théologien franciscain allemand.

    Après ses études de philosophie et de théologie à la faculté pontificale de théologie de saint Bonaventure à Rome entre 1967 et 1973, il devient vicaire à Therwil et professeur de théologie fondamentale à la faculté de théologie de Lucerne. De 1975 à 2002, Josef Imbach est professeur de théologie fondamentale à la faculté de théologie de saint Bonaventure (Seraphicum). De 2005 à 2010, il a donné un cours de théologie catholique à la Faculté de théologie de l'Université de Bâle. Il était également connu pour ses conférences polyvalentes, ainsi que l'auteur de nombreux livres sur les questions actuelles de la vie et de la foi. 

    En 2002, Josef Imbach reçoit une interdiction mondiale sur l'enseignement de toutes les facultés de théologie catholiques de la Congrégation - à l'époque dirigée par le cardinal Joseph Ratzinger, futur pape Benoît XVI. En effet, il a trahi sa promesse et le Magistère de l'Église en considérant les évangiles comme des histoires de catéchèse et en niant la possibilité de faire des miracles. En conséquence, Josef Imbach a publiquement protesté contre les « procédures non transparentes » et « opinion sans réserve » de la Congrégation de la Foi.

    Aujourd’hui, il est devenu difficile de rencontrer l’aigle ou le lion. Ce sont des animaux protégés. Qui veut les voir dans la nature doit s’armer de patience. Et même les taureaux possédant encore des cornes sont de plus en plus difficiles à voir dans nos campagnes. Il en allait sûrement autrement en Palestine, du temps de Jésus, et à l’époque où les Évangiles ont été écrits, des décennies plus tard. Le taureau faisait partie du paysage, comme le bœuf et l’âne, que l’on retrouve dans le récit de Noël. Il n’est donc pas surprenant que les animaux jouent un rôle si important dans les paraboles de Jésus ou les autres histoires bibliques. Le taureau, qui symbolise l’Évangéliste Luc, représente ainsi, par exemple, le lien de l’auteur avec le peuple.

    Chaque animal représente une vertu

    « Les symboles n’ont été attribués de façon définitive aux Évangélistes que par le théologien Irénée de Lyon, mort en 202 », note Josef Imbach. « Ces animaux représentaient dans la Bible des vertus particulières ». On les retrouve notamment, dans l’Ancien Testament, dans le Livre d’Ezéchiel.

    Il n’est pas surprenant que le taureau y symbolise la force. L’aigle et le lion étaient, eux, des animaux sauvages. Les vertus qui leur sont associées sont aussi significatives. Le lion, avec son courage, représente le plus ancien des Évangiles, celui de Marc, probablement écrit dans les années 70 de notre ère. Les chrétiens, alors persécutés, avaient bien besoin de ce courage, souligne Josef Imbach.

    Prendre de la hauteur avec Jean

    L’aigle et sa majesté correspondent très bien à l’Evangile de Jean, celui qui est linguistiquement le plus varié : le vol de l’aigle, si haut dans le ciel, est aussi fascinant qu’il est difficile à appréhender. Le Prologue de cet Évangile se situe, sur le plan linguistique, « à hauteur d’aigle », relève Josef Imbach. Il y est dit entre autres : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu » (Jean,1,1) Avec une telle phrase, on ne peut que regarder vers le ciel…

    Plus tard, on a tenté d’attribuer les symboles des Évangiles selon leur début. « Il ne faut pas surinterpréter cette démarche », note le théologien avec un sourire. Si cela convient bien dans le cas de Jean, avec Dieu et le Verbe associés à l’aigle, cela ne marche pas partout. Dans l’Évangile de Marc, qui commence avec Jean-Baptiste, « la voix qui crie dans le désert », le lion semble au premier abord bien convenir. Or, aujourd’hui, nous savons que le « roi des animaux » vit plutôt dans la savane et pas du tout dans le désert. De même, le taureau de Luc est décrit, selon cette théorie, comme un animal destiné au sacrifice. Mais Luc parle d’une offrande d’encens et pas d’un sacrifice animalier – « Toute la multitude du peuple était en prière au-dehors à l’heure de l’offrande de l’encens » (Luc, 1 ,10).

    Martin Spilker, kath.ch/traduction et adaptation : Raphaël Zbinden - 08.08.201

    Enjeux de propagande

    Le fait d’affecter des animaux aux grands témoins de la foi se retrouve en outre dans toute l’histoire de l’Eglise. On peut citer saint Gall et son ours ou encore saint François et ses oiseaux.

    Alors qu’avec les Évangélistes, ce sont les vertus des animaux qui sont mises en avant, on trouve très souvent aux côtés des saints des animaux destinés à clarifier le rôle joué par ces personnes à leur époque. L’imagerie élaborée dans ces cas-là relève aussi d’enjeux de pouvoir et de propagande, note Josef Imbach.

    Dans le monde actuel, notre relation avec les animaux est complètement différente. La forte présence des animaux dans les écrits sacrés s’explique par le mode de vie nomadique et plus tard agricole de nombreuses figures bibliques. L’image de l’animal est encore utilisée dans le langage courant, mais plutôt avec des connotations négatives, comme quand on parle d’âne ou de cochon. Il y a aussi cependant toute une imagerie positive, que l’on retrouve dans des expressions telles que « travailler comme une abeille » ou « être fort comme un cheval ».

    Quoiqu’il en soit, Josef Imbach est persuadé que les animaux, avec leurs vertus et leurs forces, ont constitué jusqu’à aujourd’hui une bonne voie d’accès à la Bible et aux autre textes sacrés.

    (cath.ch/kath/ms/rz)

    Le symbolisme des quatre animaux

    Le Tétramorphe, c’est-à-dire le symbolisme des quatre animaux (appelés aussi « les quatre vivants ») ou des quatre Évangélistes, fut l’un des thèmes favoris de l’art religieux et l’un des plus commentés. 

    La symbolique des quatre Évangélistes ne s’est pas imposée d’emblée aux chrétiens. Aux premiers siècles du christianisme, les quatre Évangélistes ont été rapprochés des quatre grands prophètes (Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, Daniel), des quatre Pères de l’Eglise (Saint Augustin, saint Ambroise, saint Jérôme, saint Grégoire-le-Grand), des quatre fleuves du Paradis et enfin des quatre chérubins entourant le trône de Dieu.

    Les quatre Évangélistes ne furent identifiés avec le Tétramorphe et fixés qu’à partir du 5ème siècle. Ceci se vérifie dans les textes et dans l’iconographie.

    Diverses thèses ont été proposées par les Pères de l’Eglise.

    Pour n’en citer que deux :

    ·    Irénée de Lyon (vers 180) a vu dans les quatre figures animales autant d’images de l’activité du Fils de Dieu : « Le premier de ces vivants, est semblable à un lion, ce qui caractérise la puissance, la prééminence et la royauté du Fils de Dieu ; le second est semblable à un jeune taureau, ce qui manifeste sa fonction de sacrificateur et de prêtre ; le troisième a un visage pareil à celui d’un homme, ce qui évoque clairement sa venue humaine ; le quatrième est semblable à un aigle qui vole, ce qui indique le don de l’Esprit volant sur l’Eglise. » (Contre les hérésies, Livre III, 11,8).

    ·   Quant à l’interprétation de saint Jérôme (347 - 420), s’inspirant de la vision d’Ezéchiel et de la citation de l’Apocalypse, est celle que la Tradition a retenue.

    Le plus ancien Tétramorphe connu en France provient du sarcophage mérovingien de l'abbaye Notre-Dame-de-Jouarre.

     * Les Evangélistes et le Tétramorphe

                               La figure humaine représente Matthieu                                                                  L'aigle représente Jean

                            Le lion représente Marc                                                                                            Le taureau représente Luc

    Les attributs des quatre évangélistes peuvent être mis en référence avec le début de chacun de leur Livre

    Matthieu est représenté par l'homme ou l'ange parce qu’il commence son Évangile par la généalogie du Christ.

    Luc est représenté par le bœuf ou le veau, animal du sacrifice pour l’allusion que l’Évangéliste fait au sacrifice offert par Zacharie (Luc 1, 5). Mais ce pourrait aussi être une allusion à sa profession de médecin…

    Marc est désigné par le lion car dès les premières lignes de son récit, il nous parle de la voix qui crie dans le désert (Marc 1, 3). Considéré comme l’évangélisateur de l’Egypte, Marc est parfois coiffé d’un turban.

    Jean enfin, est figuré par l'aigle, car son texte nous place, dès le début, en face du Verbe, « Vraie Lumière » (Jean 1, 1-4). De plus, l’aigle est le seul animal  à  pouvoir regarder le soleil en face.

    Précisons encore que le Tétramorphe rappelle les étapes de la vie du Christ : l’Incarnation (homme), le Sacrifice (bœuf), la Résurrection (lion) et l’Ascension (aigle).

    Origine de ces symboles

    Vu le rôle central joué par ces symboles, ils semblent avoir une origine plus lointaine. Dans l’Ancien Orient, le nombre 4 évoque les quatre saisons, les quatre points cardinaux, les quatre gardiens du monde, ou les quatre porteurs du ciel disposés aux quatre coins du firmament.

    Ces images reposent sur les symboles stellaires du zodiaque, de la « croix fixe » qui sont le taureau, le lion, le scorpion et le verseau. Ce découpage quaternaire tirerait son origine des quatre éléments, du dualisme entre les forces amies et ennemies de l’homme : le feu (le taureau) et l’eau (l’homme) d’un côté, contre la terre (le lion) et l’air (l’aigle) de l’autre côté.

    Ces symboles peuvent illustrer aussi la majesté, la force, le savoir et la souplesse selon des traditions très anciennes rappelant peut-être même certains dieux païens.

    L'ensemble iconographique s’inspire directement de la vision de Saint Jean : «  Un trône était dressé dans le ciel, et quelqu’un était assis sur ce trône… Et autour de lui, se tiennent quatre vivants constellés d’yeux…. Le premier vivant est comme un lion ; le deuxième vivant est comme un jeune taureau ; le troisième vivant a comme un visage d’homme ; le quatrième vivant est comme un aigle en plein vol ».

    Apocalypse IV, 2, 7

    Cependant, bien avant la fin du 1er siècle chrétien, les quatre animaux étaient déjà apparus à Ezéchiel au bord du fleuve Kobar.  Le récit d’Ezéchiel est probablement la première source du Tétramorphe : « Au centre je discernai quelque chose qui ressemblait à quatre animaux dont voici l’aspect : ils avaient une forme humaine. Quant à la forme de leurs faces, ils avaient une face d’homme, et tous les quatre avaient une face de lion à droite, et tous les quatre avaient une face de taureau à gauche, et tous les quatre avaient une face d’aigle » (Ezéchiel I, 5, 10).

    La représentation artistique (peinture, mosaïque, sculpture, vitraux) qui en est faite se confirme également au cours des siècles. On la trouve, pour la décoration, dans les lectionnaires manuscrits qui nous sont conservés, notamment celui de Raban Maur (v.780-856) qui restera classique en passant dans l'enseignement au 12ème siècle. L’art roman, qui a multiplié largement l’image du Tétramorphe, lui prêtait bien d’autres sens encore…

    L'origine biblique du Tétramorphe

    La vision d'Ézéchiel

    Dès les premières lignes de sa prophétie, Ézéchiel (Ez 1, 1-14) décrit une vision : « le ciel s'ouvrit et je fus témoin de visions divines » (Ez 1, 1). « Au centre, je discernais quelque chose qui ressemblait à quatre êtres vivants » (Ez 1, 5).

    « Ils avaient chacun quatre faces et chacun quatre ailes (...) leurs sabots étaient comme des sabots de bœuf » (Ez 1, 6-7). « Quant à la forme de leurs faces, ils avaient une face d'homme, et tous les quatre avaient une face de lion à droite, et tous les quatre avaient une face de taureau à gauche, et tous les quatre avaient une face d'aigle. » (Ez 1, 10).

    Il s'agit de quatre créatures célestes identiques dotées chacune de quatre pattes de taureau, de quatre ailes d'aigle, de quatre mains humaines et de quatre faces différentes d'homme, de lion, de taureau et d'aigle. Ces quatre créatures ont leur place au pied du trône de la gloire de Dieu.

    L'Apocalypse

    L'apôtre Jean a une vision qu'il relate dans le livre de l'Apocalypse (4, 7-8). La parenté avec celle d'Ézéchiel est évidente. Les Vivants sont au milieu du trône et autour de lui. Mais ils ne sont plus identiques et ils sont beaucoup moins hybrides : ce sont, dans l'ordre, un lion, un taureau, un homme et un aigle. Ils ont chacun six ailes et ils sont recouverts d'une multitude d'yeux.

    Ils ne cessent de répéter jour et nuit :

    « Saint, Saint, Saint, Seigneur, Dieu Maître de Tout, qui était, qui est et qui vient ! ».

    Le Tétramorphe dans l'antiquité

    Avant la Bible, on trouve ces quatre figures des quatre vivants en Égypte et à Babylone en Mésopotamie. Ce sont sans doute les légendes babyloniennes qui ont influencé les visions d'Ezéchiel dont s'est vraisemblablement inspiré l'auteur de l'Apocalypse. C'est saint Irénée de Lyon, au 2ème siècle, soit de nombreux siècles après leurs premières apparitions, qui le premier a identifié ces quatre vivants aux quatre évangélistes.

    Égypte

    En Égypte, il existait à Edfou quatre hypostases du créateur, elles-mêmes démultipliées en quatre compagnies préposées à sa garde,  à l'apparence, et à la mission bien différentes –– en particulier, elles ne sont pas dotées d'ailes.

    Voici ce qu'en dit Nadine Guilhou, égyptologue à l'université de Montpellier :

    « De son côté, pressentant lui aussi des combats, le créateur résolut de créer à partir de lui-même quatre gardiens. L'un avait les apparences d'un rapace. Le visage encadré d'ailes, il portait un harpon. On le nomma Seigneur du harpon. Le deuxième était un lion puissant ; il portait un couteau. C'était le Seigneur du couteau. Le troisième, un serpent, brandissait un poignard. On le dénomma « celui dont la terreur est grande ». Le quatrième, enfin, portait aussi un couteau, c'était un taureau et son nom fut : celui dont le mugissement est puissant. Ces quatre gardiens se subdivisèrent en quatre compagnies, les lions au nord, les serpents à l'est, les faucons au sud, les taureaux à l'ouest. Munis de leurs armes, ces génies gardiens constituaient à Edfou, le rempart vivant du créateur. Ils se figèrent autour de lui, constituant la mer d'enceinte de son temple. Et c'est ainsi que fut créée la demeure de Rê, semblable à l'horizon du ciel, immense, où il pouvait séjourner pendant des millions de millions d'années ».

    Il ne s'agit pas là du Tétramorphe mais de quatre hypostases du créateur qui vont constituer autour de lui un rempart vivant. On a pu évoquer aussi le Tétramorphe à propos des représentations des vents dans l'Egypte ancienne, tels qu'ils apparaissent par exemple au temple de Komombo (illustration), mais il s'agit là uniquement de rapprochements iconographiques, les quatre animaux gardiens à Edfou et la personnification des vents étant sensiblement différents du Tétramorphe - les quatre hypostases du créateur ne sont pas ailées, à la différence des quatre vents -, même s'il existe indéniablement certains traits communs.

    Babylone

    À Babylone, ils représentaient quatre divinités secondaires. Ils figuraient les quatre points cardinaux et en astrologie, science inventée par les civilisations mésopotamiennes, ils symbolisent les quatre signes fixes du zodiaque.

    Le Tétramorphe et les quatre évangiles

    1.    Les premières paroles de chaque Évangile

    Saint Jérôme de Stridon nous donne la clé de l'attribution de l'un des quatre Vivants à chacun des quatre Évangélistes. C'est la première page de leur texte qui est déterminante et il présente au 4ème siècle cette attribution comme une tradition acquise de longue date.

    ·        Matthieu ouvre son évangile par la généalogie légale de Jésus, celle qui comprend Joseph, mais en précisant la filiation biologique par Marie : « Livre de la genèse de Jésus-Christ, fils de David, fils d'Abraham : Abraham engendra Isaac... » (Mt 1, 1-2). L'homme (et non pas l'ange puisque les ailes qu'il porte sont l'attribut des Quatre Vivants et non pas les ailes d'un ange) représente l'Évangile selon Matthieu.

    ·      Marc commence ainsi son évangile : « Commencement de l'Évangile de Jésus Christ, fils de Dieu. Selon qu'il est écrit dans Isaïe le prophète : « Voici que j'envoie mon messager en avant de toi pour préparer ta route. Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur... » (Mc 1, 1-3). La voix qui crie dans le désert est celle d'un lion, symbole de l'Évangile selon Marc.

    ·       Luc, après une dédicace à Théophile (Lc 1, 1-4), commence ainsi le corps de son évangile : « Il y eut aux jours d'Hérode, roi de Judée, un prêtre du nom de Zacharie, de la classe d'Abia... » (Lc 1, 5). Le prêtre sacrifie au Temple et le taureau, ou le veau, est l'animal emblématique du sacrifice. Il est devenu le symbole de l'évangile selon Luc.

    ·      Jean ouvre son évangile par un Prologue (Jn 1, 1-18) sur le Verbe, la voix venue du ciel. Le symbole attribué à l'Évangile selon Jean est l'aigle. L’aigle qui s’envole aurait été choisi parce que son regard, plus que celui de n’importe quel autre homme, a su percer les mystères du ciel.

    2.    Le résumé de la mission du Christ

    Saint Jérôme de Stridon nous apprend aussi que les quatre Vivants rassemblés ont une autre signification que de représenter les quatre Évangiles : ils résument à eux quatre les quatre moments essentiels de la vie du Christ.

    Le Verbe de Dieu s'est incarné (l'homme), il a été tenté au désert (le lion), il a été immolé (le taureau) et il est monté au ciel (l'aigle).

    Lorsqu'ils symbolisent l'histoire du salut, les quatre Vivants se trouvent précisément placés dans l'ordre qui a été retenu pour le canon des Écritures. Cette coïncidence doit nous amener à nous demander s'il n'y a pas un lien entre l'attribution des symboles à chacun des évangélistes et les choix opérés par l'Église naissante d'écarter certains textes comme apocryphes et d'en retenir d'autres comme canoniques.

    3.    La fixation du canon des Évangiles

    On ignore tout de la fixation de ce canon : la date, les modalités, les auteurs. Les Actes des Apôtres n'en parlent pas, mais la première épitre de Paul à Timothée cite (ch.5 v. 18) déjà l'évangile de Luc avec la même autorité que le Deutéronome.

    Se fit-elle par un concile ou par un groupe restreint de personnes ayant été disciples du Christ ou des apôtres ? Quelle qu'elle soit, cette instance devait faire autorité car l'histoire n'a pas gardé trace d'une controverse. Le choix de quatre textes canoniques semble bien inspiré des quatre Vivants d'Ézéchiel et de l'Apocalypse, ainsi que de la symbolique du chiffre 4 dans la tradition hébraïque et biblique.

    Les pages qui ouvrent chacun des quatre textes ont dû guider ceux qui avaient à décider. La difficulté éventuelle de rattacher un texte à l'un des quatre Vivants de l'Apocalypse a pu être une raison de l'écarter. Visiblement en tout cas, il est fort probable que l'ordre canonique des livres retenus s'est inspiré de la symbolique rapportée par saint Jérôme. Dans ce cas précis en tout cas, la Tradition ne s'oppose pas à l'Écriture. Elle est à la source de la fixation du canon scripturaire, l'Écriture en est tributaire.

    4.    Interprétation symbolique

    Le Tétramorphe, outre les quatre signes qu'il emprunte au zodiaque (taureau, lion, scorpion & verseau) est également un symbole de l'humain, sous ses 4 composantes, telles qu'indiquées chez Luc (10, 27). Les correspondances sont les suivantes :

    -       le taureau est le symbole du corps et des forces de l'homme,

    -       le lion est le symbole du cœur et des passions,

    -       l'homme est le symbole de l'esprit, et des pensées,

    -       l'aigle est le symbole de l'âme.

    Le célèbre sphinx égyptien de la pyramide de Giseh qui remonte à la nuit des temps représente ces 4 éléments : corps de taureau, ailes d'aigle repliées sur ses flancs, griffes de lion, tête d'homme (Sont-ce aussi les symboles des 4 éléments : la terre, le feu, l'eau, l'air ?).

    « Les Grands initiés » d'E. Schuré. Edition de 1929. Editions Perrin. pp. 116-117  

    5.    Textes liturgiques

    Les quatre Vivants, issus d'une vision symbolique, se prêtent mal à une utilisation par l'hymnographie liturgique, qui privilégie habituellement les faits et les images matériels. La liturgie byzantine, dans ses célébrations eucharistiques, mentionne cependant les quatre Vivants en s'inspirant du texte de l'Apocalypse (4, 8). Une des formules introduisant le Sanctus est la suivante : « Les anges célestes chantent, mugissent, rugissent et crient l'hymne triomphal en disant : Saint, Saint, Saint est le Seigneur Sabaoth... »

    D’où viennent les animaux symboliques des Évangélistes?

    Les Évangélistes n’ont aucun animal symbolique dans la Bible. Il s’agit là d’une interprétation chrétienne extrabiblique. Ce qu’il y a dans les apocalypses bibliques, ce sont des visions dans lesquelles Dieu est servi par quatre vivants, ou animaux : un bœuf, un aigle, un lion et un homme (Éz 1,5-10 ; Ap 4,6-8).

    Dans le texte d’Ézéchiel, le parallèle avec les serviteurs des divinités mésopotamiennes qu’on pourrait rapprocher des « chérubins » de la Bible, paraît évident. En effet, on a retrouvé plusieurs représentations de ces êtres étranges à tête humaine, corps de lion, pattes de taureau et ailes d’aigle. Ces êtres représentent ce qu’on considérait de plus noble dans la création, de plus fort, de plus sage et de plus agile. Il semble que ces êtres fantastiques gardaient les seuils des palais et des temples. Ezéchiel en fait des serviteurs du seul Dieu, attelés à son char divin.

    Dans le livre de l’Apocalypse, ces quatre vivants, qui reprennent ceux d’Ezéchiel, semblent les quatre anges qui président au gouvernement du monde physique. Leurs yeux symbolisent la science divine et sa providence. Voilà ce qu’il y a dans la Bible. Quant au taureau, c’est évidemment la meilleure traduction puisque c’est l’animal qui évoque le mieux la force, voire la virilité (voir le « veau » d’or dans Ex 32).

    Puisque ces êtres fantastiques sont quatre, comme les Évangélistes, ils sont associés depuis saint Irénée de Lyon (mort vers 202). Il y a peut-être un caractère personnel à chaque Évangéliste qui a joué (Matthieu = homme ; Marc = lion ; Luc = bœuf ; Jean = aigle), mais il faudrait voir jusqu’où cela est vrai. Dans les églises, on a aimé les représenter sculptés dans la chaire de vérité, où l’on annonçait autrefois l’Évangile.

    En conclusion, il faut bien distinguer le niveau biblique (vision d’Ézéchiel reprise dans l’Apocalypse) du niveau de la tradition chrétienne. Maintenant, l’origine de ces vivants est peut-être mésopotamienne, mais ça ne change absolument rien à la question de l’interprétation chrétienne qui l’ignorait. Ce qui importe, ce n’est pas l’origine d’un concept, mais l’usage qu’on en fait ou le sens qu’on lui donne.

    A présent que nous savons comment reconnaître les quatre Évangélistes, pour terminer ce parchemin,  je vous propose d’examiner la manière dont nous pouvons également reconnaître les Apôtres du Christ.

    Les douze Apôtres : comment les reconnaître ?

    A l'entrée de la chapelle Kermaria-An-Iskuit, à Plouha (Côtes d’Armor)

     * Les Evangélistes et le Tétramorphe

    Les Apôtres, statuaire de la chapelle Kermaria-An-Iskuit, à Plouha (Côtes d’Armor) - photo BS pour Patrimoine en blog

    Voici les attributs les plus fréquemment associés aux Apôtres, dans l’iconographie chrétienne :

    Pierre : le plus souvent la clé (portier du paradis), mais aussi la barque (symbole de l’Eglise dont il a eu la charge), le coq (son reniement), les chaînes (son emprisonnement), la croix renversée (son martyr) ou la croix à triple croisillon (dignité papale).

    André : habituellement la croix (sur laquelle il aurait été écartelé), et souvent représenté les pieds et les poings liés par des cordes.

    Jacques le Majeur : outre la coquille du pèlerin née avec le pèlerinage de Compostelle, et l’armure de chevalier en Espagne (le saint de la « Reconquista »), l’apôtre est aussi représenté portant un rouleau (La nouvelle Loi) et parfois une épée (l’arme de sa décapitation)

    Jean l’Évangéliste : souvent représenté jeune et imberbe (le plus jeune des 12), parfois accompagné d’un chaudron d’eau bouillante (son supplice) et d’une palme (le martyre), très fréquemment aussi sous forme d’aigle (L’évangéliste théologien et auteur de l’Apocalypse). Il est aussi représenté portant un calice d’où sort une tête de serpent, en référence à un miracle selon lequel à Ephèse Aristodème l’aurait sommé de boire une coupe empoisonnée (Cf. La légende dorée de Jacques de Voragine, écrite au 13ème siècle). Jean n’aurait été nullement incommodé, alors que les testeurs auraient succombé au poison. L’Apôtre aurait ensuite ramené à la vie les testeurs malheureux.

     * Les Evangélistes et le Tétramorphe

    Les Apôtres, statuaire de la chapelle Kermaria-An-Iskuit, à Plouha (Côtes d’Armor) - photo BS pour Patrimoine en blog

    Philippe : la croix à double ou triple traverse (son martyre), ou une croix renversée, car comme Pierre il fut crucifié la tête en bas ; une pierre (sa lapidation). Il est souvent associé à Jacques le mineur fêté le même jour.

    Matthieu : bourse ou balance de pesage de l’or (le publicain), la lance ou l’épée (instrument de son supplice), l’ange (figure de l’Évangéliste). Il est aussi parfois représenté avec une hache.

    Barthélemy, dit aussi Nathanaël : Représenté parfois dépouillé de sa peau ou portant sa dépouille sur son bras (son supplice), parfois doté d’un grand couteau (instrument du supplice).

    Thomas : son doigt dans la plaie du Christ est souvent représenté, l’équerre d’architecte (Évangélisateur de l’Inde, il y aurait bâti un palais pour le roi), la lance (instrument de son martyre).

    Jacques le Juste : coiffé d’une mitre (premier évêque de Jérusalem), avec une crosse en forme de massue (son crane fut fracassé), fréquemment confondu avec l’autre Jacques, y compris dans l’imagerie populaire.

    Simon le Zélote : représenté renversant les idoles des Perses puis égorgé par ces derniers, ou selon une autre tradition, coupé en deux d’où l’attribut d’une scie. Il accompagne fréquemment Jude Thaddée, son demi-frère.

    Jude Thaddée : la massue (instrument de son supplice).

    Judas Iscariote : représenté pendu (son suicide), ou une bourse à la main et donnant un baiser à Jésus (la trahison).

    Matthias : tiré au sort pour remplacer Judas, ce 13ème apôtre est rarement représenté au profit de saint Paul, préféré par de nombreux artistes. L’épée (faisant allusion à sa décapitation) ou la hache, peuvent lui être attribués car ce sont les instruments de son supplice. Saint Paul est aussi souvent représenté par sa chute de cheval (lors de sa conversion sur le chemin de Damas). On lui fait également porter le livre ou le rouleau (La nouvelle loi ou ses épîtres).

    BS pour Patrimoine en Blog

    Sur la façade occidentale de Notre-Dame de Paris

    Comme rien n’est simple, voici les 12 Apôtres sur le porche du Jugement dernier à la façade occidentale de Notre-Dame de Paris :

     * Les Evangélistes et le Tétramorphe

    De gauche à droite : Barthélémy, Simon, Jacques le Mineur (ou le juste), André, Jean et Pierre.

     * Les Evangélistes et le Tétramorphe

    De droite à gauche : Paul, Jacques le Majeur, Thomas, Philippe, Jude et Matthieu.

    En guise de conclusion provisoire, voici quelques réflexions rosicruciennes !

    Réflexions rosicruciennes

    Dans un de ses écrits, Max Heindel indiquait que, originellement,  les Évangiles ont un symbole : un visage d’homme pour Matthieu, un lion pour Marc, un taureau pour Luc, un aigle pour Jean. Quelle est la signification de chacun ?

    Avec les enseignements dans Matthieu nous « commençons » en tant qu’humanité, mais alors qu’en déduisent les autres ?

    Dans Jean, comme un aigle astrologique, nous nous élevons au-dessus des problèmes ; nous voyons ou percevons une dimension d’ensemble. Il y a sûrement des enseignements supplémentaires plus profonds impliqués. Lesquels ?

    Les quatre icônes zodiacales associées aux quatre Évangiles chrétiens canoniaux constituent collectivement un des plus anciens et plus compacts symboles en occultisme. Ils prennent naissance dans les époques primitives du développement humain et trouvent leur forme la plus puissante dans le Sphinx égyptien, un composé d’aspects de taureau, lion, aigle et humain. Et c’est l’Homme générique qui est la réponse à l’énigme posée à Œdipe  par le Sphinx. Car c’est l’Homme spirituel, l’Homme fait à l’image de son Créateur, qui est la réponse à toutes les énigmes de la Terre.

    Des « quatre créatures vivantes » qui apparaissent à Ezéchiel (Chapitre 1), chacune a la « ressemblance avec un homme », bien que chacune ait quatre faces, seulement une d’elles était une « face humaine ». Les autres étaient un lion, un bœuf, et un aigle. Nous devons conclure, et la science spirituelle le confirme, que  l’être humain composite porte à l’intérieur de lui des forces dont la manifestation physique ou condensation peut être identifiée dans ces formes animales.

    Les « quatre bêtes »  vues par Jean dans son Apocalypse (4 : 6-8) sont un écho de la vision d’Ezéchiel. Les voyants ont vu à la fois les quatre Esprits, Groupes créatifs de l’humanité primitive. Dans les temps  pré-lémuriens, l’humain physique errait comme une forme vague et ténue à la périphérie de la terre.

    Durant l’âge lémurien ce qui œuvrait sur la structure humaine, comme de la partie intérieure de la terre vers la surface, est rattaché à ce qui travailla ultérieurement de façon constructive sur nos animaux ruminants, et est compris ésotériquement dans le symbole du Taureau.

    Plus tard, ces forces qui sont ésotériquement résumées sous le nom de Lion commencèrent à influencer le développement humain. Un troisième courant créatif se déversa dans l’homme de l’espace cosmique et se caractérise sous le nom de l’Aigle.

    La forme externe physique de l’homme est une synthèse harmonieuse des déversements de l’Aigle, du Taureau, et du Lion, courants des hiérarchies angéliques irradiant la substance de leur être spirituel. L’Homme véritable, l’Homme Archétypal, est le produit des évolutions de Saturne (Aigle), du Soleil (Lion), de la Lune (Taureau), et de la Terre (Homme). Ainsi le Sphinx représente l’énigme du développement de l’homme. Contemplant cet être quadruple la conscience clairvoyante est menée intérieurement à la reconnaissance, « Que je sois moi-même ».

    Les quatre Évangiles ont gardé les traces des origines formatrices du développement humain, comme on le voit à travers les expériences initiatiques variées de leurs auteurs respectifs.

    Matthieu connaissait particulièrement l’initiation du « Mystère de l’Homme », telle qu’elle est illustrée dans la vie de Jésus de Nazareth, qui tenait de très près à la sagesse de l’Egypte. Ainsi il mentionne seulement le voyage de Jésus vers l’Egypte en tant qu’enfant.

    Luc aussi a accompli dans des incarnations précédentes des initiations menant à l’Esprit du taureau à travers les Mystères Egyptiens, bien que son Evangile ne fasse pas mention de la Fuite en Egypte. Sa « Connaissance Taureau » est plus intérieure.

    L’auteur de l’Evangile de saint Marc décrit seulement ce qui arriva après le Baptême par Jean. L’initiation que cet Evangéliste a suivie fut celle qui le mena à la connaissance des mondes supérieurs telle qu’elle est donnée à travers l’Esprit du Lion. Par conséquent la tradition ancienne le relie au symbole du Lion.

    Celui qui écrivit l’Évangile de Jean fut initié par Jésus-Christ Lui-même, ainsi il était capable de faire des prévisions sur l’efficacité de l’Impulsion christique pour un très long temps à venir.

    Cet Évangéliste fut un des initiés de l’Aigle qui a avancé à un stade évolutionnaire plus tard. L’initiation contemporaine a été notée par l’auteur de l’Évangile de Marc. L’activité du Christ se rapportant aux temps futurs, transcendant activement les problèmes limités à la terre, est décrite dans Saint-Jean, qui explique pourquoi la tradition le relie avec le symbole de l’Aigle.

    Lorsque le scientiste de l’esprit recherche plus tôt l’évolution humaine, il voit comment les quatre âmes-groupes, les quatre archétypes, se sont développés en dehors de l’homme-dieu macrocosmique suivant l’involution commune. A travers la lumière du saint Esprit cette quadruple sagesse est exprimée dans les quatre Évangiles.

    L’Évangile de Matthieu avec le symbole de l’Homme / Verseau ne devrait pas être vu comme la représentation la plus exaltée de l’archétype humain. Il y a plutôt une cinquième, non l’Homme mais le Fils de l’Homme, le nouvel Adam, l’essence des quatre, la quintessence, Celui Qui gouverne les sept étoiles planétaires (Révélation 1 : 12) lorsqu’ Il apparaît complètement à l’homme dans Sa véritable forme.

    Association rosicrucienne – Max Heindel – Groupe d’études de Saint-Quentin – Le message occulte de la Bible

    Frère André B., Grand Chancelier Prieural

    Bibliographie

    Michel Fromaget

    Le Symbolisme des quatre Vivants ; Ézéchiel, saint Jean et la tradition

    Editions du Félin, 1992

     

    Encyclopédie catholique Théo

    Editions Droguet-Ardant/Fayard, Paris, 1992

     

    Philippe Péneaud

    Les Quatre Vivants

    Editions de l'Harmattan, Paris, 2007

     

    Sitographie

    http://croire.la-croix.com/Definitions/Bible/Evangeliste/Les-quatre-evangelistes

    https://www.portstnicolas.org/eglise/reponses/liturgie/article/dans-les-eglises-on-represente-souvent-les-quatre-evangelistes-par-des-symboles-images-quels-sont-ils

    http://saintdujour.info/tag/evangeliste/

    http://www.histoire-voreppe.com/expos/2005-debelle/peintures_murales/evangelistes.html

    https://www.cath.ch/newsf/des-animaux-et-des-evangelistes/

    https://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9tramorphe

    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89vang%C3%A9listes 

    http://www.saintjeandemontmartre.com/art-culture-et-histoire/le-tetramorphe/

    http://www.jeunes-cathos.fr/questions-de-foi/catecheses-et-reflexions/dou-viennent-les-animaux-symboliques-des-evangelistes

    http://catreims.free.fr/ico011.htm

    http://michele-gabriel.chez-alice.fr/pge77-10.html

    http://www.1oeuvre-1histoire.com/tetramorphe-symbole-evangeliste.html

    http://www.pastourisme71.com/pages/tetramorphe.htm

    http://rue-des-9-templiers.eklablog.com/les-attributs-de-jean-l-evangeliste-a127850746

    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89vang%C3%A9listes

    http://www.interbible.org/interBible/decouverte/comprendre/2017/comprendre_20170210.html

    http://www.jeunes-cathos.fr/questions-de-foi/catecheses-et-reflexions/dou-viennent-les-animaux-symboliques-des-evangelistes

    http://arras.catholique.fr/page-15872.html

    http://jfbradu.free.fr/mosaiques/germigny/evangelistes.htm

    http://www.chretiensaujourdhui.com/eglise-oecumenisme/monuments-chretiens-a-decouvrir/symboles-4-evangelistes/

    http://patrimoine.blog.pelerin.info/2017/07/12/reconnaitre-apotre-art/

    http://www.kt42.fr/2016/05/les-4-evangelistes-bd-fiche-et-visuels.html

    http://rosae-crucis.pagesperso-orange.fr/chantal/bible/signification_des_quatre.htm


    votre commentaire
  •  Les Béatitudes

    L'Évangile du jour de la Toussaint nous permet de découvrir les huit Béatitudes.

     * Les Béatitudes

    Évangile selon Saint Matthieu (5, 3-12) 

    Le Sermon sur la montagne

    En ce temps-là, voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui. Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait : « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage. Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux. Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi. Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ! ».

    Commentaire :

    Ce « Sermon sur la montagne » s’adresse aux disciples de Jésus, c’est-à-dire à ceux qui, déjà, ont été séduits par la personne de Jésus et son annonce du Règne de Dieu. Seuls ceux qui ont mis leurs pas dans ceux du Christ peuvent entendre ses exigences. Jésus leur annonce que le chemin qu’il propose conduit au bonheur dès maintenant.

    Le pauvre de cœur est celui qui se conduit comme tel face à Dieu et lui fait totalement confiance.

    Le doux est celui qui, à l’exemple de Jésus, refuse de s’imposer par la force et se fait serviteur de ses frères.

    Les disciples qui pleurent dans leurs épreuves misent sur le réconfort promis par Dieu tel qu’il s’exprimait déjà en Is 61,2 où l’oint du Seigneur est venu consoler les affligés.

    Avoir faim et soif de justice, c’est aspirer à la victoire des droits de Dieu en eux-mêmes et dans le monde.

    Le miséricordieux est celui qui sait pardonner comme Dieu lui pardonne.

    Quand l’évangile parle de cœur pur, il ne vise pas la sexualité (du moins pas directement) mais bien la droiture, la franchise et l’absence de duplicité.

    Le pacifique est celui travaille à réconcilier les hommes entre eux et favorise les relations humaines dénuées d’agressivité.

    Les attitudes prônées par les premières béatitudes suscitent une vive opposition de la part des violents et des dominateurs. Jésus a montré par sa mort et sa résurrection que le mal n’aura pas le dernier mot.

    Commentaire du Père François Brossier, exégète, professeur émérite de l'Institut Catholique de Paris

    La Béatitude

    La Béatitude est une forme d’expression biblique félicitant celui qui met à profit les dons que Dieu lui fait. Et si elle inclut le futur, elle promet aussi une joie à venir. Ainsi le Christ avait promis le bonheur au pauvres : « Heureux, vous les pauvres, le règne de Dieu est pour vous », et Luc (6, 20-23), dans une version plus ancienne que celle de Matthieu, rapporte trois béatitudes sur ce thème : Dieu est lassé de vous voir pauvres ; il vient régner en votre faveur.

    Des Béatitudes de Luc à celles de Matthieu

    Or Jésus nous a quittés, et il y a toujours des pauvres. A-t-il donc échoué ? Matthieu ne le pense pas. Si un groupe de disciples, d’accord entre eux, s’éduquent mutuellement en frères à suivre l’exemple et l’enseignement de Jésus, alors ils feront l’expérience de la réalité du Royaume annoncé par le Christ. En d’autres termes, le message de bonheur proclamé par Jésus devient, chez Matthieu, un programme de vie. C’est en ce sens que l’évangéliste refaçonne entièrement, et avec un grand art, les béatitudes que lui lègue la tradition. sa construction en huit béatitudes est une forme littéraire déjà attestée dans la bibliothèque de Qoumrân.

    À cet égard, son arrangement des deux premières béatitudes est révélateur : « Heureux les pauvres de cœur (ou : par l’esprit) ». La sentence ne vise plus les pauvres de la société, mais une attitude intérieure d’humilité, déjà vantée par les prophètes (Sophonie 3, 11-12) et opposée à tout orgueil. Dans les conflits, le pauvre de cœur fait simplement confiance à Dieu pour juger de son bon droit (Psaume 69 [70], 6). Renforçant ce sens, Matthieu compose une seconde béatitude, inspirée du Psaume 36 [37], 11.22 : ceux à qui Dieu promet le Royaume, « la terre (promise) », ces pauvres de cœur, ce sont aussi « les doux », les non-violents qui refusent de s’imposer, de se rebiffer. Ainsi, pourra-t-on constituer une communauté qui fasse le bonheur des petits et des malheureux, si chaque membre prend sur lui-même et se situe dans une attitude d’humilité et de douceur vis-à-vis de Dieu et de ses frères. Bref, on incarnera le comportement de Jésus qui se présente lui-même comme « doux et humble de cœur » (Matthieu 11, 29).

    Huit Béatitudes…

    Huit Béatitudes sont encadrées par une même expression : « le Royaume des cieux est à eux » ; elle indique le but recherché. Elles se subdivisent en deux groupes de quatre béatitudes conclus chacun par le mot « justice ». Le premier groupe s’intéresse aux dispositions intérieures. Il chante le bonheur de ceux qui s’ouvrent à Dieu dans une humilité confiante et cultivent la non-violence (« les doux »), de ceux qui, « affligés », comptent sur la consolation de Dieu, de ceux qui n’ont faim que de voir Dieu faire triompher ses droits, selon le sens religieux juif du mot « justice ».

    Le second groupe s’oriente davantage vers un comportement : la miséricorde, la pureté de cœur, la paix, l’acceptation même de la persécution pour rester fidèle à la justice de Dieu, à ce que Dieu attend des croyants.

    Les cœurs purs. Aux « purs par le cœur », la 6ème béatitude promet qu’ils verront Dieu. Le texte s’inspire du Psaume 23 [24], 3-6 disant que peut seul entrer dans le Temple « l’innocent de mains et le pur de cœur » ; telle est bien, ajoute-t-on, « la race de ceux qui cherchent (à voir) la face de Dieu ». Sur cet arrière-fond, la pureté n’est pas mise en lien direct ici avec la sexualité ; elle prône plutôt la droiture, l’absence de duplicité, la cohérence entre l’agir (« les mains ») et les motivations profondes (« le cœur »). Matthieu (15, 18-19; 23, 26) reviendra sur ce motif.

    Dans l’Orient ancien, « voir la face » du roi, C’est avoir ses entrées auprès de lui. Par analogie, « voir la face de Dieu » signifiait être admis dans le Sanctuaire. À partir de là, l’expression devint facilement le symbole de l’admission des croyants auprès de Dieu à la fin des temps (cf. Apocalypse 22, 3-4). Bref, heureux celui qui garde la droiture intérieure en tous ses actes : celui-là goûtera un jour avec Dieu une intimité sans pareille.

    Notons que les « artisans de paix » ne sont ni les puissants qui veulent imposer la paix par la force, ni les « bénis-oui-oui », mais ceux qui s’efforcent de rétablir la concorde entre les humains. Dans la tradition juive, ils ont le prophète Élie pour saint patron (voir Malachie 3, 23-24). Ils sont « fils de Dieu », imitateurs de la conduite de Dieu (comparer, dans le même Sermon, Matthieu 5, 43-48).

    … plus une

    Une neuvième Béatitude, où l’on passe du « eux » en « vous », sert de transition avec la suite du Sermon sur la montagne. De quelque manière, être persécuté signifie que l’on est sur la bonne voie, car le Royaume de justice, dont tout le Sermon explicite les beautés et les exigences, est inacceptable pour les tenants du pouvoir et de la domination.

    Commentaires du Père Claude Tassin - Parole de vie - Congrégation du Saint-Esprit

    Une lecture possible des 8 Béatitudes en vue d’un examen de conscience

    ·         Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux.

    ·         Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.

    ·         Heureux les affligés, car ils seront consolés.

    ·         Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés.

    ·         Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.

    ·         Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.

    ·         Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.

    ·         Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume des Cieux est à eux.

    Heureux êtes-vous si l'on vous insulte, si l'on vous persécute et si l'on vous calomnie de toutes manières à cause de moi.
    Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux. 

     * Les Béatitudes

    Commentaire : La promesse du vrai bonheur ?

    « Les chrétiens ont reçu la promesse du vrai bonheur. Sans l’amour, les commandements sont ressentis comme une lourde obligation. Quand les baptisés sont animés par la foi, l’espérance et la charité, ils entrent joyeusement dans la vie nouvelle qui leur est proposée dès ici-bas comme un chemin de bonheur authentique ».

    Les évêques de France, Catéchisme pour adultes, n° 634

    L’Ancien Testament laissait déjà entrevoir, à maintes reprises et de multiples façons, cette vocation des hommes au bonheur : La création est offerte à l’homme pour son bonheur (cf. le refrain du 1er récit de la création : « Dieu vit que cela était bon » et, dans le second récit, Gn 2/9,18 et le cri enthousiaste de l’homme devant la femme en Gn 2/23 !).

    La Loi elle-même a pour but d’assurer le bonheur du croyant (Dt 5/33 ; Jr 7/23). Et en écho à la lecture publique de la Loi, Néhémie ose cette formule à l’adresse de tout le peuple d’Israël : « La joie du Seigneur est votre force ! » (Ne 8/10).

    Les écrits de sagesse – et notamment les psaumes – aiment à chanter la fidélité de Dieu, qui seul ne déçoit pas, et le paisible bonheur de celui qui met sa confiance dans le Seigneur, plutôt que dans les richesses ou les puissants de ce monde (Ps 40/5 ; Ps 84/6,13 ; Pr 16/20).

    Les prophètes, quant à eux, actualisent l’unique message de salut d’un Dieu qui a promis à Israël de l’accompagner dans toutes ses tribulations et qui veut lui rappeler son amour et son pardon toujours offert.

    Jésus fait sienne cette tradition au point de définir sa mission par celle décrite jadis par Isaïe : « Annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer les opprimés en liberté, proclamer une année d’accueil par le Seigneur » (Lc 4/18-19 citant Is 61/1-2). Cette promesse de bonheur dans le message de Jésus est si centrale que saint Marc intitulera son livret : « Évangile », c’est-à-dire « Bonne Nouvelle » ! (Mc 1/1).

    La joie, qui est semée sur le passage de Jésus (Lc 2/10 ; 10/17 ; 19/37) et que nul ne pourra ravir à ses disciples (Jn 16/22), est d’ailleurs souvent citée parmi les fruits de l’Esprit-Saint : Ac 13/52 ; Rm 14/17 ; 2 Co 13/11 ; Ga 5/22 ; Ph 1/25 ; 1 Th 1/6 etc...

    Autant dire que la qualité de notre enthousiasme est un indice de notre vie spirituelle et de notre familiarité avec le Seigneur et qu’elle peut, à contrario, servir à identifier notre péché... dont l’une des définitions pourraient être : ce qui, en nous, contribue à « contrister l’Esprit-Saint » (Ep 4/30), ou encore le fait de nous priver nous-mêmes (comme le jeune homme riche de l’Évangile en Lc 18/23) de la joie incommensurable (cf. le trésor de Mt 13/44) que procure le compagnonnage avec Jésus !

    Reprenons donc, une à une, chacune de ces béatitudes, telles que les rapporte Matthieu et voyons si elles ne peuvent pas faire naître en nous à la fois l’action de grâces pour le chemin déjà parcouru et l’envie d’entrer plus avant dans la joie promise par Jésus à qui suivra ses pas...

     * Les Béatitudes

    « Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre : le Royaume des cieux est à eux ! »

    Non pas : « Heureux les pauvres d’esprit » au sens de « simplets »... ni même, comme le traduit le lectionnaire : « Heureux les pauvres de cœur ». Certains, en effet, risquent de comprendre : « Heureux ceux qui n’arrivent pas à aimer » ! Mais heureux ceux qui ne sont pas blasés, ceux qui savent encore s’émerveiller et se réjouir comme un enfant qui reçoit un cadeau !

    Heureux ceux qui ont le cœur désencombré, ceux qui ne sont pas prisonniers de leur suffisance : eux seuls sont en mesure de faire place à Dieu dans leur vie !

    Heureux ceux qui ne se font pas une carapace de leurs vertus, ceux qui reconnaissent dans leur vie des blessures, des failles, des ouvertures par lesquelles la grâce de Dieu peut passer ! Heureux ceux qui, dans les paraboles de Jésus, se reconnaissent plus volontiers dans les ouvriers de la dernière heure que dans ceux de la première, dans le fils prodigue que dans son frère aîné : pour eux, et pour eux seuls, l’Évangile de Jésus est une aubaine !

    Seigneur, aide-moi à prendre conscience de mon orgueil...et viens m’en libérer !

    « Heureux les doux : ils obtiendront la terre promise ! »

    La terre jadis promise à Abraham et à ses descendants avait été conquise par la guerre et le feu, dans le sang et le pillage. Heureux désormais ceux qui ne cèdent pas à l’engrenage de la violence et qui osent aller jusqu’à l’amour des ennemis : ceux-là connaissent le chemin du Royaume !

    Heureux ceux qui combattent les idées fausses ou perverses sans blesser les personnes : ceux-là ne seront pas dépaysés dans le Royaume !

    Heureux ceux qui savent faire preuve de patience, rester maîtres d’eux-mêmes sans se laisser aveugler ou dominer par la colère !

    Seigneur, aide-moi à prendre conscience de mes impatiences et violences...
    Délivre-moi de mes paroles assassines et sauve-moi de mes désirs de vengeance !

    Apprends-moi ta patience et ta bienveillance envers tous !

    « Heureux ceux qui pleurent : ils seront consolés ! »

    Heureux ceux qui sont capables de vibrer à la peine des autres... et de suivre Jésus dans son combat contre toutes les formes de mal !

    Heureux ceux qui savent choisir autre chose que la voie de la facilité : de Jésus, ils connaissent déjà la croix !

    Heureux ceux qui acceptent sans honte de pleurer sur leurs propres péchés. Cette « tristesse selon Dieu » (2 Co 7/9-11) est la première étape d’une conversion !

    Esprit-Saint, Toi l’Esprit de vérité, éclaire-moi sur mes lâchetés et mes égoïsmes !

    Toi l’Esprit de force, donne-moi le courage de l’amour !

    Toi, le Consolateur, éclaire-moi surtout sur le pardon du Père plus fort que mes péchés !

    « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice : ils seront rassasiés ! »

    Heureux ceux pour qui la justice ne se réduit pas à la défense de leurs intérêts et de leur petit pouvoir d’achat, ceux dont la solidarité s’étend aux plus pauvres et aux plus démunis : ils ne seront pas dépaysés dans le Royaume de Dieu !

    Heureux plus encore ceux qui cherchent à « s’ajuster » à Dieu, ne désespérant jamais de progresser sur le chemin de la sainteté en cherchant d’abord le Royaume de Dieu et sa justice !

    Heureux ceux qui n’oublient pas la mise en garde de Jésus à propos des Pharisiens et de leur prétendue justice ou sainteté : « Si votre justice ne surpasse pas celle des scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume de Dieu ! » (Mt 5/20).

    Heureux ceux que passionnent la sainteté de Dieu et la justice des hommes ! Ceux-là seuls qui veulent que le monde soit plus fraternel et qui s’y emploient verront, par la grâce de Dieu, leur rêve un jour se réaliser.

    Seigneur, donne-moi le courage de la prière pour que se creusent en moi la faim et la soif de ta Parole !

    Suscite en moi le désir de Te rencontrer dans les sacrements de ton église et dans les frères que tu mettras sur mon chemin !

    « Heureux les miséricordieux : ils obtiendront miséricorde ! »

    Heureux ceux qui choisissent de ne pas se venger... ceux qui savent que le pardon n’est pas signe de lâcheté, mais signe de la vraie grandeur d’âme : ceux-là n’ont rien à craindre du Jugement !

    Seigneur, ne permets pas que je caricature ton évangile en oubliant ce qui en est le cœur, le pardon des offenses et l’amour des ennemis. Accorde-moi ainsi de rendre témoignage à Celui qui « fait lever son soleil sur les bons comme sur les méchants » (Mt 5/45)

    « Heureux les cœurs purs : ils verront Dieu ! »

    Heureux ceux dont le regard n’est pas troublé par l’envie, la jalousie ou la mesquinerie. Heureux ceux dont le cœur, en profondeur, n’est pollué ni par le mal qu’ils commettent, ni par le bien qu’ils font : devenus semblables à Dieu, ils Le verront ! (1 Jn 3/2)

    Seigneur pardonne-moi tous mes regards mesquins, mes stupides vanités et jalousies ! Guéris-moi de toutes mes cécités volontaires ! Ouvre-moi à la joie de l’action de grâces pour ce que tu fais de beau dans la vie de mes proches... et jusque dans la mienne !

    « Heureux les artisans de paix : ils seront appelés « fils de Dieu » ! »

    Heureux ceux qui savent faire cesser les vieilles rancunes, ceux qui ne prêtent ni leur langue ni leurs oreilles à toutes les médisances, ceux qui ne désespèrent pas de rendre le monde plus fraternel : ils font honneur au Créateur !

    Heureux ceux qui, dans les conflits, ne jugent pas déshonorant de chercher à comprendre le point de vue de l’autre et de prendre le risque de passer pour faible en esquissant un geste de réconciliation !

    Ceux-là seuls méritent en effet le nom de frères qui essaient de construire la paix !

    Seigneur, je fais mienne la prière de saint François d’Assise :

    "Là où il y a la discorde, que je mette l’entente ; là où il y a l’offense, que je mette le pardon !"

    « Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice : le Royaume des cieux est à eux ! »

    Heureux ceux qui, par amour, savent payer de leur personne et, s’il le faut, risquer jusqu’à leur vie même : c’est ainsi qu’ils la trouveront en plénitude !

    Heureux ceux qui se souviennent de leur baptême dans les choix qu’ils ont à faire, ceux dont la vie a la saveur de l’Évangile, ceux qui n’ont pas honte de se reconnaître disciples du Christ, ceux dont la foi est humble, l’espérance solide et la charité active : la Vie de Jésus est aussi la leur !

    « Heureux êtes-vous lorsque l’on vous insulte, que l’on vous persécute et que l’on dit faussement contre vous toute sorte de mal à cause de moi. Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux ; c’est ainsi en effet qu’on a persécuté les prophètes qui vous ont précédés. »

    Certes il ne suffit pas qu’on dise du mal de moi pour que j’aie motif à me réjouir : encore faut-il en effet que ce soit « faussement » ! Si les choses désagréables qu’on dit sur moi sont exactes, je n’ai aucune raison de me réjouir car ma vie donne alors un contre-témoignage de l’Evangile ! Mais si c’est à cause de ma fidélité au Christ qu’il m’arrive quelques ennuis, alors c’est que je suis sur la bonne voie, celle qui permet de distinguer les vrais prophètes – toujours considérés comme des gêneurs et donc toujours persécutés ! – des  faux-prophètes à qui personne ne veut de mal pour la simple raison que, eux, ne dérangent strictement personne !

    « Malheur à vous, dit Jésus, lorsque tout le monde dira du bien de vous : c’est de cette manière en effet que vos pères traitaient les faux-prophètes ! » (Lc 6/26).

    Seigneur, tu ne prends pas tes disciples en traître et, dans le « paquet-cadeau » que tu promets à ceux qui t’auront préféré à d’autres richesses et attachements, tu inclues, non sans humour, quelques persécutions (Mc 10/28-30)...

    Donne-moi l’intelligence de comprendre que le bonheur est à ce prix.

    Suscite en moi le courage de ne pas nécessairement modeler mon comportement sur ce qui se dit ou se fait autour de moi, quitte à susciter incompréhension ou raillerie ! Rends-moi vigilant pour dénoncer sans faiblesse les injustices d’où qu’elles viennent et défendre les plus petits de mes frères.

    Philippe Louveau - Association des Salésiens Coopérateurs de Don Bosco

    Conclusion

     * Les Béatitudes

    Les Béatitudes ne sont pas un ensemble de recettes pour être heureux. Elles sont le signe distinctif d’un certain Jésus qui a inscrit sur son visage les traits du vrai bonheur. Les saints sont ceux qui ont essayé de ressembler à Jésus, l’homme des Béatitudes. Leur bonheur fut à ce prix.

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    Sources :

    http://www.orleans.catholique.fr/evenements/toussaint/lectures-messe.html

    http://saintebible.com/lsg/psalms/23.htm

    http://www.bibliquest.net/PF/PF-at19-Psaume_du_sanctuaire_23_ME1950.htm

    http://www.portdusalut.com/1-Jean-3-1-3

    http://www.catholique-blois.net/rubriques/haut/prieres-et-spiritualite/evangile-du-dimanche/fete-de-tous-les-saints-1er-novembre-2016/fete-de-tous-les-saints-1er-novembre-2016/document_view

    https://www.portstnicolas.org/eglise/theologie-morale/article/une-lecture-possible-des-beatitudes-mt-5-1-12

    http://spiritains.org/parole/tassin/toussaint.html


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique