• * Jésus-Christ

    Une approche de la personne de Jésus-Christ

    Introduction

    Le présent travail a été rédigé entre la célébration du Solstice de la Saint-Jean d’hiver et la fête de Noël avec le désir de rafraîchir mes connaissances religieuses, de les restructurer et de les compléter. J’ai pensé qu’il était aussi utile pour moi – et peut-être pour quelques-uns de mes Frères – de rechercher des réponses aux questions suivantes :

    • Qui est Jésus ?
    • Que signifie « Jésus » ?
    • Que sait-on de sa famille ?
    • Qui est le Christ ?
    • Quel est son message ?
    • Jésus-Christ est-il le fils de Dieu ?
    • Jésus est-il notre Seigneur ?
    • Que sait-on de son arrestation et de sa passion, de son procès et de son exécution ?
    • Que penser de la résurrection de Jésus-Christ ?
    • Le Christ est-il toujours vivant ? Si oui, le Christ règne-t-il ?
    • Comment les chrétiens perçoivent-ils Jésus ? S’agit-il du personnage nommé Jésus ou de Jésus-Christ ?
    • Que penser des trois personnes divines ?
    • Que sait-on de l’enseignement de Jésus-Christ, de son enseignement moral ?
    • Que signifie l’existence de Jésus-Christ pour un chrétien aujourd’hui ?
    • Quel lien peut-on faire entre Jésus et les religions ?
    • De quelles sources dispose-t-on actuellement pour avoir une idée de la vie de Jésus ?
    • Quelles sont les sources chrétiennes concernant la vie de Jésus ?
    • Disposons-nous d’autres sources chrétiennes que les textes canoniques ?
    • Quelles sont les sources non chrétiennes concernant la vie de Jésus ?
    • Comment Jésus est-il perçu dans les religions monothéistes et en particulier le judaïsme et l’islam mais aussi dans l’hindouisme ?
    • Quelles sont les positions religieuses à l’égard de Jésus-Christ, et plus spécifiquement les positions chrétiennes ?
    • Comment comprendre la notion de « sacrifice » et de « salut » ?
    • Qu’est-ce que la transsubstantiation enseignée par l’Eglise catholique ?
    • Qu’est-ce que la consubstantiation selon les luthériens ?

    Puisse ce parchemin aider mes Frères et Sœurs en recherche et leur apporter quelques réponses !

    Une présentation succincte de Jésus

    De l'hébreu Yeshua qui peut se traduire par « Dieu sauve » ou le « Sauveur », Jésus représente, pour le christianisme, le Fils de Dieu et le Messie annoncé par les prophètes de l'Ancien Testament. Il aurait été envoyé sur Terre par son Père pour sauver l'humanité. Il est aussi la deuxième personne de la Trinité chrétienne.

    N.B. : Le christianisme est une religion monothéiste qui a émergé du judaïsme à partir de la figure de Jésus de Nazareth et des premiers apôtres, au 1er siècle, à l'issue de la prédication de Jean-Baptiste et de Jésus lui-même. Le nom « christianisme » provient de l'assimilation de Jésus, connu à l'époque sous le nom de Jeshua, à la figure du Messie, en grec Khristos, soit le Christ. Pour les chrétiens, le Christ est le Messie annoncé par la Bible juive. Les chrétiens sont ceux qui reconnaissent en Jésus de Nazareth, le Christ annoncé par la Loi et les prophètes. Le christianisme présente aujourd'hui plusieurs visages en raison de divergences théologiques et de traditions liturgiques différentes. Avec ses 2,2 milliards de fidèles, le Christianisme est la religion la plus répandue du globe, devant l'Islam, qui compte pour sa part 1,5 milliards de croyants.

    N.B. : Le Messie (de l'hébreu : מָשִׁיחַ - mashia'h, araméen meshi'ha משיחא, arabe Masih المسيح) désignait initialement dans le judaïsme l'oint, c'est-à-dire la personne consacrée par le rituel de l'onction, réalisée par un prophète de Dieu. Un roi, comme Saül ou David par exemple, peut recevoir l'onction. En grec, le mot Christ, dont la racine Χριστός signifie « oint », traduit le terme hébraïque de mashia'h. Le Messie représente le sauveur attendu à la fin des temps par l'ensemble des religions du Livre. Le christianisme et l'islam reconnaissent en Jésus de Nazareth le Messie attendu. Cependant pour l'islam, il est plus courant de dire que Jésus est un prophète et messager parmi les cinq plus grands – Ouli al 'Azm – et n'est pas le fils de Dieu.

    N.B. : On appelle Ancien Testament l'ensemble des écrits de la Bible antérieurs à la vie de Jésus (laquelle est relatée dans le Nouveau Testament. Les chrétiens considèrent que la Bible se compose dès lors de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament. L'Ancien Testament comprend principalement le Pentateuque (ou Torah), les Livres des Prophètes, d'Autres Écrits, et, pour le catholicisme, les livres deutérocanoniques.

    N.B. : Le mot « Trinité » (Cf. page 12) n’appartient pas au vocabulaire du Nouveau Testament. Il est un résumé, de nature théologique, pour signifier le dogme central de la foi chrétienne.

    Jésus serait né à Bethléem en l'an 749 de Rome, soit en l'an 4 ou 5 avant l'ère chrétienne. Comme beaucoup de divinités de l'Antiquité, il serait né d'une vierge, Marie, juive et épouse du charpentier Joseph et élevé dans la religion juive.

    La vie de Jésus est racontée dans les quatre Évangiles (selon Luc, selon Marc, selon Matthieu, selon Jean). Après sa jeunesse passée à Nazareth, il entreprend sa prédication à l'âge de 30 ans. Elle durera trois ans. Le prédicateur Jean-Baptiste, qui le baptise dans le Jourdain, le reconnaît comme le Messie attendu par les Juifs.

    Jésus prêche la bonne parole en Galilée, mais en butte à l'hostilité des pharisiens de Jérusalem, il poursuit sa prédication, en Judée, en Samarie, puis à nouveau en Galilée, autour du lac de Tibériade.

    Entouré de 12 apôtres choisis parmi ses disciples, il prône une éthique qui se veut universelle, basée sur la pauvreté, la justice, la paix et l'amour de son prochain.

    Les Évangiles lui prêtent de nombreux miracles.

    N.B. : Les Douze ont été institués par Jésus pour être un signe particulier pour Israël : ils représentent le peuple nouveau tel qu'il sera rassemblé par Dieu à la fin des temps (Mt 19,28) ; le nombre douze évoque les douze tribus d'Israël mais aussi la totalité et l'intégrité du peuple. Il renvoie donc au fait que Jésus a reçu pour mission de rassembler la totalité du peuple et de le mener à son accomplissement.

    Les Évangiles de Matthieu, Marc, Jean et Luc racontent la vocation de ces douze disciples de Jésus de Nazareth choisis. Voici, d’après Mt 10:1-4 par exemple, les noms des douze apôtres : le premier, Simon, appelé Pierre, et André, son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean, son frère ; Philippe, et Barthélemy ; Thomas, et Matthieu, le publicain ; Jacques, fils d'Alphée, et Thaddée ; Simon le Zélote (ou le Cananite), et Judas l'Iscariote, celui qui livra Jésus.

    De retour à Jérusalem, après le triomphe des Rameaux, il est trahi par Judas, l'un de ses apôtres. Livré aux juifs qui le considèrent comme un blasphémateur et un usurpateur, Jésus est condamné à mort, le procurateur romain Ponce Pilate l'abandonnant à son sort. Il meurt crucifié (la Passion) sur le mont Golgotha (Calvaire). Il ressuscite le troisième jour après sa mort (Pâques) et monte au ciel quarante jours plus tard (Ascension).

    Jésus de Nazareth

    Jésus de Nazareth est un Juif de Galilée (Palestine), né vraisemblablement entre -7 et -5, qui apparaît dans le cercle de Jean le Baptiste avant de s'engager, entouré de quelques disciples, dans une courte carrière de prédication itinérante d'un à deux ans et demi, essentiellement en Galilée, en pratiquant guérisons et exorcismes. Il suscite engouement et ferveur, s'attirant la méfiance des autorités politiques et religieuses, avant d'être arrêté, condamné et crucifié vers l'an 30 à Jérusalem pendant la fête juive de la Pâque, sous l'administration du gouverneur romain Ponce Pilate.

    L'annonce de sa résurrection par ses disciples, qui le reconnaissent comme le Messie (en grec Χριστός, Christ) et transmettent son histoire et ses enseignements, donne naissance au christianisme. Pour les chrétiens, Jésus-Christ est le fils de Dieu, le Messie envoyé aux hommes pour les sauver. Dans l’islam, Jésus est appelé Îsâ et est un prophète majeur.

    L'impact de son message transmis par les différentes Églises chrétiennes et les interprétations auxquelles il a donné lieu ont influencé différentes cultures et civilisations au cours de l'histoire. Il a inspiré une importante production théologique, littéraire et artistique. Sa naissance est prise comme origine conventionnelle des calendriers julien — depuis le 6ème siècle — et grégorien, et le dimanche, qui est le jour de repos hebdomadaire en célébration de sa résurrection, l'est devenu au-delà de la chrétienté. Cette importance contraste avec la brièveté de sa prédication et le peu de traces historiques conservées à son sujet.

    Signification du nom de Jésus

    Jésus, en grec ησος, Iēsoûs, vient de Yehoshua (hébreu : יהושע), dont Yeshoua (ישע) est une forme abrégée. Yehoshua signifie : « Dieu sauve ». La Septante utilise également le nom de « Iesoûs » pour désigner Josué, lieutenant de Moïse.

    N.B. : On appelle Septante la version grecque ancienne de la totalité des Écritures bibliques (l'Ancien Testament chrétien). Le judaïsme n'a pas adopté la Septante, restant fidèle au texte hébreu et à des traductions grecques ou araméennes (Targum) plus proches dudit texte.

    Jésus est un prénom courant dans la Palestine de l'époque. Il est par exemple attesté pour Jésus Ben Sira, l'auteur du Siracide, pour un fils d'Éliézer dans l'Évangile selon Luc ou encore pour Barabbas, le chef de guerre libéré par Ponce Pilate selon certaines versions de l'Évangile selon Matthieu.

    Dans le Nouveau Testament Jésus est qualifié plusieurs fois en grec de Ναζωραος, Nazōraîos, « Nazôréen ». Ce terme est discuté et peut venir de l'hébreu nsr qui signifie « celui qui observe [la Loi] » ou de nzr, « celui qui se consacre [à Dieu] ». Le nom de nazôréen servira par la suite à désigner un courant juif en Palestine qui croit en la messianité de Jésus.

    On trouve également parfois Ναζαρηνός, Nazarēnós, « Nazarénien » qui est « l'homme du village de Nazareth », et qui, selon certains historiens, pourrait faire référence à une naissance dans ce village.

    D'autres théories existent encore, comme celle faisant référence à son rattachement à une hypothétique communauté de nazir. Quoi qu'il en soit aucune de ces dénominations n'est jamais utilisée ni par Jésus, ni par ses disciples.

    Jésus est nommé de multiples façons dans la littérature néotestamentaire, chaque qualificatif suggérant une façon dont ont pu l'appréhender ou le considérer ses différents interlocuteurs : « Rabbi », ou le terme proche en araméen « Rabbouni », qui signifie au 1er siècle le maître pharisien, au sens maître et philosophe d'un groupe pharisien ; on trouve également « Maître » au sens d'enseignant, prophète, serviteur, juste, saint, fils de David, déjà employés pour des personnages de l'Ancien Testament, grand prêtre, juge, pasteur, rédempteur ou encore sauveur. L'Evangile selon Jean rapporte que la croix de son exécution était surmontée d'un titulus portant l'inscription « Jésus le Nazôréen, Roi des Juifs ».

    N.B. : C'est bien sous le vocable de Nazôréen (en grec : « Nazoraios ») que Jésus fut crucifié : « Et Pilate avait fait faire un écriteau que l'on plaça au-dessus de la croix ; il y était écrit : « Jésus le Nazôréen, roi des Juifs » » (Jean, 19 : 19). Bien que certains traducteurs « rectifient » d'office ce qu'ils considèrent comme une erreur scripturaire, ce Nazôréen ne peut ni ne doit absolument pas être confondu avec les adjectifs Nazaréen ou Nazarénien qui désignent un habitant de la bourgade de Nazareth… dont on n'est pas absolument sûr qu'elle existait déjà au 1er siècle de notre ère.

    Un autre indice que ce mot « Nazôréen » servait à désigner les premiers chrétiens.

    Dans les Actes des Apôtres (24 : 5), on voit l'avocat Tertullus, mandaté par les autorités juives de Jérusalem auprès du procurateur Félix, dénoncer saint Paul en ces termes : « Nous avons trouvé cet homme, une peste, un individu qui fomente des discordes parmi les Juifs dans le monde entier, une des têtes de file de la secte des Nazôréens ». Le gros problème, c'est que l'on ne sait pas très bien ce que signifiait exactement ce mot Nazôréen. Les spécialistes se disputent : certains considèrent que ce mot désignerait un saint homme consacré (de l'hébreu nazîr) ; pour d'autres, il s'agirait plutôt d'un « rejeton » d'une race illustre (hébreu neser) ; pour d'autres, ces Nazôréens seraient des « survivants », des « rescapés » d'Israël (hébreu nasur)…

    On trouve également plusieurs fois l'expression « Fils de l’homme » qui est attribuée à Jésus lui-même par les rédacteurs des Évangiles. Elle se trouve précédemment dans la littérature hébraïque pour signifier de manière emphatique « homme ». Dans les Évangiles, cette appellation peut aussi être comprise en référence à la vision du livre de Daniel où elle s’applique à celui à qui est donné le Royaume.

    La biographie de Jésus de Nazareth

    La biographie de Jésus de Nazareth est très mal connue. La principale source d'information vient des textes rédigés vraisemblablement entre 65 et 110 qui seront appelés « Évangiles » vers 150, textes dont le but n'est pas historique mais d'enseignement religieux, et dont l'interprétation en termes de biographie historique est souvent hasardeuse.

    Sur cette base, les éléments biographiques se résument à peu de choses. Le croisement des différentes traditions néotestamentaires permet de présenter des éléments épars qui, mis ensemble, proposent une approche biographique plus étoffée, dont cependant l'historicité peut à bon droit être questionnée.

    Il n'y a quasiment aucun élément entre les récits de la naissance de Jésus et sa vie publique. Ce manque de détails sur l'enfance a conduit à la composition d'un certain nombre de textes apocryphes notamment des « évangiles de l'enfance » qui ont beaucoup brodé sur le canevas originel. Ces textes, non canoniques, participent pourtant de la mythologie chrétienne, et ont inspiré une importante production littéraire et artistique. Ce sont ces écrits qui, par exemple, précisent le nom et le nombre des rois mages, ou décrivent les parents et la naissance de Marie.

    N.B. : Les Rois mages s'appellent respectivement : Gaspard, Melchior et Balthazar.

    Quoi qu'il en soit, ce qui est relaté par les Évangiles à propos de la vie de Jésus avant le début de sa vie publique ne consiste qu'en très peu de choses, disséminées dans différents textes canoniques.

    S'il est communément admis que Jésus est un juif Galiléen dont la famille est originaire de Nazareth, le lieu de sa naissance n'est pas connu avec certitude et les historiens hésitent entre la ville de Bethléem en Judée, ville du roi David de la lignée duquel le Messie attendu par les juifs doit descendre, et le berceau familial de Nazareth où il passera toute sa jeunesse.

    L'année de sa naissance n'est pas non plus connue précisément. Les dates retenues peuvent osciller entre -9 et -2. Les Évangiles selon Matthieu et selon Luc la situent sous le règne d'Hérode 1er le Grand dont le long règne s'achève en 4 avant notre ère. L'estimation généralement retenue par les historiens actuels va de 7 à 5 avant notre ère.

    Il est évidemment paradoxal que Jésus de Nazareth puisse être né « avant Jésus Christ » : l'origine de l'ère commune est en effet censée être la naissance du Christ. Mais ce début de l'ère chrétienne, qui ne s'est imposé progressivement en Europe qu'à partir du 1er millénaire, a été fixé d'après les travaux du moine Denys le Petit réalisés au 6ème siècle et que l'on sait à présent être erronés ! Et si le calendrier historique a été précisé depuis, son origine conventionnelle n'a pas été modifiée.

    La Noël

    Si les historiens actuels estiment que la naissance de Jésus se situe entre l’an 7 et l’an 5 avant notre ère, que faut-il dès lors penser de la Noël puisque la naissance de Jésus est traditionnellement fêtée le 25 décembre ?

    Noël est devenue une fête chrétienne, appelée Nativité, célébrant chaque année la naissance de Jésus de Nazareth. Cette célébration à la date du 25 décembre, le jour de la saint Emmanuel, a été fixée tardivement dans l'empire romain d'Occident, vers le milieu du 4ème siècle. Cette date est donc entièrement conventionnelle et n'a rien d'un « anniversaire ». Elle a été choisie en 354 pour coïncider avec la fête romaine du « Sol Invictus », célébrée à cette date. Le choix de cette fête a permis de joindre la symbolique du soleil renaissant avec celle du Christ ressuscité.

    N.B. : Sol Invictus (en latin, Soleil Invaincu) est une divinité solaire apparue dans l'Empire romain au 3ème siècle. Elle reprenait des aspects de la mythologie d'Apollon et du culte de Mithra et connaissait une grande popularité dans l'armée romaine. L'empereur Aurélien (270 – 275) avait assuré au « Soleil invaincu » une place officielle à Rome. Il l’avait proclamé patron principal de l’Empire romain et avait fait du 25 décembre – jour suivant le solstice d'hiver – une fête officielle (dies natalis solis invicti).

    Avant de la placer à la date d'une célébration solaire liée au solstice d'hiver plusieurs dates avaient été proposées : le 18 novembre, le 6 janvier... Le 25 décembre marquait depuis l’empereur Aurélien l'anniversaire du « Sol Invictus » et de la renaissance annuelle de Mithra.

    Pour des raisons symboliques, et dans un souci de christianiser les anciennes fêtes païennes, cette date fut progressivement étendue à tout l'occident latin. En réalité, si l'on en croit l'Évangile selon Luc, « il y avait des bergers qui passaient dans les champs les veilles de la nuit pour garder leurs troupeaux ». Ce détail rend invraisemblable l'idée d'une naissance historique située pendant les hivers rigoureux de cette région !

    Avant la date du 25 décembre, la Nativité était fêtée le 6 janvier et l'est encore par l’église arménienne apostolique, alors que l’église catholique romaine y fête aujourd’hui l’Épiphanie ou Théophanie (baptême du Christ dans le Jourdain, évènement que les plus anciennes églises préromaines utilisaient comme acte de « naissance » du Christ sauveur). Les Églises orthodoxes, qui suivent le calendrier julien, célèbrent toujours Noël le 6 janvier.

    N.B. : L'Épiphanie est une fête chrétienne qui célèbre la manifestation de Jésus, le Messie dans le monde. Elle a lieu le 6 janvier. Épiphanie est un mot d'origine grecque, Ἐπιφάνεια Epiphaneia qui signifie « manifestation » ou « apparition » (du verbe φάινω phainô, « se manifester, apparaître, être évident »). La fête s'appelle aussi Théophanie qui signifie « manifestation de Dieu ». La fête était à l'origine et jusqu'à la fin du 4ème siècle, l’unique et grande fête chrétienne de la manifestation du Christ dans le monde : incarnation, Nativité, manifestation par la venue des mages, manifestation par la voix du Père et la colombe sur le Jourdain, manifestation par le miracle de Cana. Depuis l'introduction d'une fête de la Nativité (Noël) le 25 décembre, l'Épiphanie s'est spécialisée de façons diverses selon les confessions et a adopté des sens variés. Dans son sens chrétien, cette fête célèbre la visite de l'enfant Jésus par les mages.

    La famille de Jésus

    Jésus est connu comme « le fils de Joseph le charpentier » et « le fils de Marie ». Les Évangiles selon Matthieu et selon Luc professent une conception par la vertu du Saint-Esprit qui ouvrira plus tard sur des débats théologiques très disputés au sein des communautés chrétiennes concernant la virginité de Marie.

    N.B. : La bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel.

    Jésus est le premier-né de cette famille appartenant à un milieu artisanal relativement aisé, liée à un clan de Nazôréens qui attendent l'apparition d'un fils de David en son sein.

    Les Évangiles mentionnent l'existence de « frères et sœurs » qui « apparaissent pour montrer que Jésus n'a rien d'extraordinaire puisque sa famille est bien connue ». Parmi les « frères du seigneur », Jacques le Juste prendra une place prééminente dans la communauté de Jérusalem après la disparition de Jésus.

    La question des liens de parenté de Jésus avec ces « frères » et « sœurs » a été disputée, et reste discutée. La lecture traditionnelle catholique a été que ces « frères et sœurs » sont en fait des cousins, l'idée d'une fratrie de Jésus allant à l'encontre de l'idée de la virginité perpétuelle de Marie. La plupart des spécialistes laïques, protestants et juifs, avec quelques chercheurs catholiques considèrent que Jacques peut être un fils de Marie et de Joseph, tandis que nombre d'exégètes catholiques y voient un « cousin », suivant la lecture traditionnelle. Si l’on s'en réfère aux Évangiles, Jésus a lui-même tenu à relativiser le rôle de cette famille naturelle qui ne joue un rôle positif qu'après la résurrection.

    L'Evangile selon Luc raconte comment, huit jours après sa naissance, il a été nommé Jésus et circoncis conformément à la loi juive lors d'un épisode connu sous le nom de la « présentation au temple ».

    L'Evangile selon Matthieu expose un épisode connu comme le « Massacre des Innocents » au cours duquel Hérode, prenant peur pour son pouvoir, décide de faire tuer tous les premiers-nés de son peuple. Les parents de Jésus fuient alors avec lui enfant dans une séquence appelée la « Fuite en Égypte » qui inspirera une importante production apocryphe et influencera la tradition copte.

    L'Evangile selon Luc rapporte encore un incident au cours duquel, quand il a douze ans, à l'époque de sa Bar Mitzvah, ses parents cherchent Jésus qu'ils retrouvent en conversation avec les docteurs du Temple de Jérusalem.

    L'hypothèse d'une enfance dans une communauté religieuse, peut-être proche des Esséniens, a souvent été évoquée mais est amplement discutée.

    À l'époque de Jésus, deux grandes langues véhiculaires se partageaient le monde gréco-romain, se superposant aux parlers locaux : le grec sur les pourtours de la Méditerranée, jusqu'à Rome, et l'araméen en Syrie et en Orient.

    Ces deux langues se retrouvaient en Palestine : l'araméen était parlé en Galilée et vraisemblablement dans les campagnes de Judée. Mais le grec avait également pénétré la Judée depuis la côte et ses villes hellénistiques comme Césarée et les juifs hellénistes de la Diaspora avaient des synagogues à Jérusalem. Ainsi le degré d'hellénisation de la Galilée, terre de passage où se croisaient marchands phéniciens et grecs, est diversement envisagé selon le degré d'urbanisation qu'y voient les chercheurs. Si on s'accorde pour dire que le grec était la langue de l'administration et de l'élite économique ou culturelle, certains pensent néanmoins que la majorité des Galiléens ne le parlaient pas, voire ne le comprenaient pas.

    N.B. : Au 6ème siècle av. J.-C., l'araméen était la langue administrative de l'Empire perse. Du 3ème siècle av. J.-C. jusqu'à 650 apr. J.-C., c'était la principale langue écrite du Proche-Orient.

    L'hébreu était quant à lui la langue sacrée des juifs, dans laquelle on lisait les Écritures et chantait les psaumes. Il était peut-être encore vivace dans les familles liées au sacerdoce et les milieux cultivés. Pour ceux qui ne comprenaient plus l'hébreu, un targoum en araméen pouvait accompagner la lecture des Écritures.

    N.B. : Un targoum est une traduction de la Bible hébraïque en araméen.

    Ainsi, pour sa part, Jésus s'exprimait-il vraisemblablement dans un dialecte araméen parlé par les paysans de Galilée mais pouvait se servir de l'hébreu liturgique dans les discussions avec les scribes. Par contre, rien n'indique qu'il parlait grec et certains de ses disciples semblent même avoir dû jouer le rôle d'interprètes.

    Il est traditionnellement dit que la vie publique de Jésus s'est déroulée entre l'âge de 30 et 33 ans. Cet âge de trente ans est probablement conventionnel, il correspond à la majorité légale de l'époque pour les juifs. Dire que « Jésus avait environ trente ans » quand il commença sa vie publique signifie simplement qu'il était reconnu comme majeur, mais n'interdit pas qu'il ait pu commencer son enseignement à un âge en réalité plus avancé. De même, la durée de cette vie publique n'est pas connue avec certitude, la durée de trois ans généralement retenue n'étant qu'une estimation, fondée sur le nombre de fois où sont citées les principales fêtes juives qu'il observe pendant cette période. En tout cas, sa vie publique se déroule avant qu'il n'ait atteint l'autre âge canonique de cinquante ans, puisqu'il n'entre pas dans cette catégorie des « anciens ».

    Les lieux cités dans les Évangiles situent son action de part et d'autre de la mer de Galilée, principalement en Galilée (dont il est ressortissant) et dans la Décapole, avec quelques passages en Phénicie (Tyr et Sidon) et en Trachonite (Césarée de Philippe).

    Il semble qu'il soit à cette époque considéré comme un habitant de Capharnaüm. Il se rend également en Judée, généralement pour aller à Jérusalem à l'occasion de fêtes juives. Mais on peut noter un séjour plus prolongé en Judée au début de sa vie publique, alors qu'il était considéré comme un disciple de Jean le Baptiste.

    Les pays à population juive de l'époque étaient la Galilée et la Judée, séparées par la Samarie dont les habitants étaient considérés comme non-juifs. Jésus est perçu comme un étranger en Judée : l'accent des galiléens les fait reconnaître, et il y suscite une franche hostilité de la part des judéens (parfois désignés par le terme juifs alors que les galiléens sont également des pratiquants de la loi de Moïse).

    La chronologie de cette période de vie publique de Jésus est extrêmement confuse : les Évangiles synoptiques présentent les épisodes parallèles dans des ordres différents, ce qui interdit évidemment d'interpréter le déroulement de l'un ou l'autre des récits comme celui d'une logique temporelle. On considère néanmoins que c'est le baptême de Jésus par Jean le Baptiste qui marque l'ouverture de son activité publique.

    Jésus-Christ

    Jésus-Christ est assimilé à Jésus de Nazareth par les chrétiens, qui le considèrent comme le Messie (ou Christ de χριστός, Christos en grec ancien), et « l'oint du Seigneur ». Dans les milieux chrétiens, il est parfois simplement désigné comme le Christ, ce qualificatif étant alors pris dans un sens absolu. L'annonce de la personne de Jésus-Christ constitue le message central du christianisme, qui tire son nom du même terme Christos. Pour un chrétien, utiliser le terme de « Jésus-Christ » est à la fois un témoignage et une annonce élémentaire et substantielle de sa foi.

    Il est considéré par les chrétiens comme le Messie et le fils de Dieu. Il tient des rôles divers dans plusieurs courants chrétiens aux croyances diverses. Les catholiques, les orthodoxes des Églises des sept conciles le célèbrent comme étant à la fois vrai homme et vrai Dieu, deuxième personne d'une Trinité. Les Églises protestantes européennes le confessent de même, tout en reconnaissant la liberté de conscience à leurs fidèles ; elles présentent donc des conceptions diverses mais, même quand la formulation semble identique à celle des christianismes catholique et orthodoxe, il faut tenir compte du fait que le sens donné aux expressions n'est pas forcément le même.

    N.B. : Les Églises des sept conciles forment une branche de la grande famille des Églises orientales. Ce sont les Églises orthodoxes proprement dites constituant ensemble l' « Église orthodoxe » ou la « Communion orthodoxe ». Elles sont séparées de l'Église catholique romaine depuis le schisme de 1054 (point de vue catholique-romain). L'Église catholique romaine est devenue hérétique depuis 1054 en cessant d'être orthodoxe (point de vue orthodoxe), ce qui s'est traduit, avec le temps, par un schisme.

    Le besoin d'annoncer Jésus-Christ vient en réponse à l'aspiration de l'Homme vers Dieu : « tu nous as faits pour toi, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose en toi ».  Pour le chrétien qui ressent qu'il a rencontré Jésus-Christ, le partage de cette expérience est une nécessité. Il se fonde sur un passage néotestamentaire : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit. Et voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la fin du monde ».

    L'annonce de Jésus-Christ par les religions chrétiennes se fonde sur le témoignage des Évangiles, et comporte trois aspects essentiels : la transmission de l'enseignement que Jésus de Nazareth a laissé à ses disciples pendant sa vie publique ; le salut apporté par le sacrifice de la crucifixion et sa commémoration à travers l'institution de l'Eucharistie ; et enfin le témoignage de sa Résurrection et ses implications en termes de théologie.

    Le Christ

    Christ, du grec Χριστός, est la traduction grecque (retenue dans la traduction de la septante) du terme hébreu de משיח, machiakh, « Messie » et signifie « celui qui a reçu l’onction ». On consacrait les pierres des autels avec une onction d'huile, qui pénètre même la pierre. Versée sur une personne consacrée, l'huile symbolise l'esprit divin, qui pénètre même les cœurs de pierre. Ce qualificatif est un terme générique, qui s'applique à tous ceux qui sont consacrés, comme c’était le cas pour les rois, les prophètes, et les grands prêtres d’Israël. Le terme de Christ n'est même pas limité au peuple d'Israël. Ainsi, dans l'Ancien Testament, Cyrus est désigné par le terme Messie pour avoir aidé à la reconstruction du temple.

    Il désigne progressivement le sauveur attendu par les Juifs, qui est l'amplification d'une royauté idéale. Cette amplification se produit au 6ème siècle av. J.-C. sous le règne du roi Josias ou peu après. Dans le nouveau Testament, il aura tendance à être utilisé comme un nom propre dans les Épîtres catholiques et pauliniennes.

    Dans un sens figuré, désigner Jésus comme « Christ » signifie d'une part qu'il est considéré comme rempli de l'esprit de Dieu, et d'autre part, qu'il remplit le triple rôle de prêtre, de prophète et de roi.

    Pour les chrétiens, Jésus est « le Christ » par excellence, c'est-à-dire celui qui remplit cette mission de manière absolue et parfaite. « Jésus-Christ regroupe en lui ces trois fonctions, il est à la fois prêtre, prophète et roi.

    Ces trois fonctions, Il les a accomplies d'une manière parfaite dans l'Esprit Saint. Il n'y a qu'un seul cas dans l'histoire où l'Esprit a été accueilli totalement d'une manière unique, sans déformation ni en altération : c'est en Jésus-Christ » (Cardinal Walter Kasper).

    On peut relever dans les Évangiles deux passages où Jésus reçoit une onction. Au début de sa vie publique, il se trouve « rempli du Saint Esprit » à la suite de son baptême par Jean le Baptiste. Il reçoit par ailleurs une onction d'huile parfumée à Béthanie, ce qui est interprété par Jésus comme une consécration de sa mort à venir.

    À la suite du Christ, « tous les fidèles [...] ont été associés au Peuple de Dieu et rendus à leur manière participants de l'office sacerdotal, prophétique et royal du Christ, et qui exercent pour leur part la mission dévolue au peuple chrétien tout entier dans l'Eglise et dans le monde » (Lumen Gentium 31). Ainsi, les chrétiens sont aussi consacrés par leur baptême comme prêtres, prophètes et rois : ils ont vocation à devenir « Christ » dans le Monde.

    Jésus-Christ, fils de Dieu

    Fils de Dieu, parfois Fils seul, est d'abord à mettre en relation avec la façon dont Jésus s’adresse à Dieu, c’est-à-dire en l’appelant Abba, « Père ».

    Il s’agit d’un mot araméen du langage familier, que l'on pourrait traduire par « papa ». La filiation divine concerne initialement tous les hommes. Au temps de Jésus, le philosophe Philon d'Alexandrie désigne par « Fils de Dieu » tout juif accomplissant parfaitement les mitsvoth (sg : mitsvah, règle de loi).

    Le Sermon sur la Montagne indique de même : « Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. » C'est dans ce sens qu'il faut comprendre l'exclamation du centurion au pied de la Croix : cet homme était juste (d'après Luc) il était Fils de Dieu (d'après Marc et Matthieu).

    Dans la Bible hébraïque, « Fils de Dieu » évoque le roi quand il monte sur le trône (Voir Psaume 22 dit du Couronnement : « tu es mon fils, aujourd'hui je t'ai engendré »). Il s'agit donc aussi d'un titre messianique. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre l'exclamation de Pierre « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant », ou celle par Caïphe devant le Sanhedrin « tu es donc le Fils de Dieu ».

    Cette désignation a été comprise dans le sens particulier de Fils unique (1 Jn 4:9) dans les récits du Baptême (Mt 3:17) et de la Transfiguration (Mt 17:5) et aussi par Paul (Rm 1:3).

    De même que pour le qualificatif de « Christ », dans la vision chrétienne, l'appellation de « Fils de Dieu » désigne non seulement Jésus (de manière absolue), mais également tous les hommes : « C’est l’Esprit-Saint qui fait de vous des enfants de Dieu et qui nous permet de crier à Dieu : Abba, Père ! » (Rm 8:16).

    Tous les chrétiens doivent s’efforcer de ressembler au Christ, « jusqu’à ce que le Christ soit formé en eux », actualisant en eux la paternité du Père qui avait été en premier lieu réalisée par le Christ.

    Jésus, notre Seigneur

    Seigneur, Κύριος, Kúrios, est employé pour désigner Dieu, comme dans la Septante où il traduit le tétragramme יהוה, YHWH. Il a le sens de « maître », celui qui, dans l'Antiquité, disposait légalement d’un bien, que ce soit une chose, un animal ou un homme. L’araméen מרא, mara, a la même signification et se retrouve dans l’expression Marana tha, « Seigneur, viens ! ».

    Le Seigneur est celui dont on reconnaît l'autorité, et dont on implore la faveur ou le pardon. C'est cette désignation qui est à l'origine du Kyrie.

    Pour un chrétien, cette désignation est un engagement très fort. La désignation de Jésus comme « le Seigneur » signifie immédiatement qu'il le reconnaît comme maître et se place en position de disciple : c'est celui dont on suit les enseignements.

    Mais cette désignation s'inscrit également dans le contexte biblique : quand la Bible traduit יהוה par « le Seigneur », cela signifie également que le seul Seigneur est יהוה, et que le croyant ne doit soumettre sa liberté personnelle, de façon absolue, à aucun pouvoir terrestre, « car un seul est votre maître, et vous êtes tous frères ».

    Le Seigneur n'étant pas un pouvoir terrestre, cette désignation traduit implicitement que le chrétien reconnaît dans Jésus une nature divine, celle du Christ et du Fils de Dieu. L'affirmation publique de Jésus-Christ comme Seigneur est également une référence à 1Co 12:3 : « Nul ne peut dire « Jésus est le Seigneur ! » si ce n'est par le Saint Esprit. »

    De plus, aux premiers temps du christianisme, le terme Kyrios désignait l'empereur, qui se faisait respecter comme un dieu et qui était divinisé après sa mort. Déclarer que « Jésus est le seul Seigneur », en refusant cette divinisation du pouvoir, était compris comme un acte d'insoumission politique, qui pouvait conduire à la condamnation et au martyr.

    Le Christ, toujours vivant

    Pour le chrétien, le Christ reste aujourd'hui « le vivant » par excellence, celui qui peut dire « Je fus mort et me voici vivant pour les siècles des siècles » (Re 1:18). C'est au titre d'intercesseur que la prière l'évoque en tant que personne vivante qui est « notre avocat auprès du Père » (1Jn 2:1), « étant toujours vivant pour intercéder en notre faveur » (He 7:25).

    Dans le christianisme, l'annonce de Jésus-Christ est indissociable de celle de la Résurrection et de l'Ascension. La nature de ces phénomènes que les Évangiles rapportent est un Mystère, qui n'est pas accessible à l'observation, parce que ces évènements ont été uniques. Ils ont été compris par leurs témoins, à la fois comme une manifestation de la vie éternelle, et comme leur apportant la certitude que Jésus y avait accédé : « Si Christ n'est pas ressuscité, votre foi est vaine » (1Co 15:13-23).

    De plus, tout en étant « le Vivant » par excellence, le Christ est aussi considéré par les chrétiens comme le « premier-né d'entre les morts » (Col 1:12-18) : sa vie éternelle est l'accomplissement de la nature humaine, la prémisse de celle que Dieu promet aux hommes.

    Le règne du Christ

    Le règne du Christ n'est pas manifeste. Le règne du Christ porte sur ses fidèles, ceux qui le reconnaissent comme « Seigneur » : « Le Christ, afin d'accomplir la volonté du Père, a inauguré ici-bas le royaume des cieux, nous a révélé le mystère du Père et, par son obéissance, a opéré la rédemption. L'Église, qui est 1er royaume du Christ déjà présent sous une forme mystérieuse, croît visiblement dans le monde grâce à la puissance de Dieu. Ce commencement et cette croissance sont signifiés par le sang et l'eau qui sortent du côté de Jésus crucifié (cf. Jn 19, 34) et annoncés par les paroles du Seigneur concernant sa mort en croix : « Et Moi, quand je serai élevé de terre, j'attirerai tout à Moi » (Jn 12, 32 gr.).

    De manière secondaire, le Christ est considéré comme régnant sur la création, son autorité se manifestant par ses miracles.

    La sainte Trinité ou les trois personnes divines

    Les chrétiens adorent un seul Dieu. Dieu est lui-même transcendant, incompréhensible et inconnaissable. D'une essence unique, il se laisse comprendre par l'homme sous forme de trois personnes, qui constituent la Trinité chrétienne : le Père, le Fils (Jésus) et l'Esprit Saint. Cette communion de trois entités est appelée le mystère de la Sainte Trinité.

    « La vérité révélée de la Sainte Trinité a été dès les origines à la racine de la foi vivante de l’Église, principalement au moyen du baptême. Elle trouve son expression dans la règle de la foi baptismale, formulée dans la prédication, la catéchèse et la prière de l’Église ». De telles formulations se trouvent déjà dans les écrits apostoliques, ainsi cette salutation, reprise dans la liturgie eucharistique : « La grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous » (2 Co 13, 13 ; cf. 1 Co 12, 4-6 ; Ep 4, 4-6).

    Dans le christianisme, le mot Trinité désigne Dieu, unique, en trois personnes, Père, Fils et Esprit Saint, égales et participant à une même essence. C’est ce qu’on désigne sous le vocable « consubstantialité ».

    N.B. : La notion de consubstantialité est introduite par les pères du premier concile de Nicée, en 325. Par ce terme, les évêques présents au concile condamnaient les théories d'Arius d'après lequel, le Fils étant une créature, celui-ci ne pouvait être de la même substance que le Père.

    Pour préciser la doctrine, ce concile fit le choix du mot grec homoousios, que traduit le mot français consubstantiel, censé évoquer l'unité et l'identité de substance (s'opposant ainsi aux ariens, qui soutenaient qu'il était différent, anomoios, et à ceux qui soutenaient qu'il était de substance semblable, homoiousios, mais non identique) bien que le mot n'apparût pas dans la Septante. Ce terme fut appliqué par la suite dans l'édification du dogme trinitaire au Saint-Esprit.

    Le problème de la consubstantialité, au cœur des questions christologiques, ne doit pas être confondu avec le problème du filioque qui divise les Églises d'Orient et d'Occident

    L'énoncé du dogme de la Trinité se présente comme la conséquence de ce qui est dit du mystère de Dieu dans les Écritures : dans l'Ancien Testament, Dieu a révélé son existence et son unicité ; dans le Nouveau Testament ont été affirmés la divinité de Jésus-Christ et le caractère personnel de l'Esprit-Saint.

    Ø  Le Père. Il est « celui qui est éternel » (Elohim) (אלהים), ainsi que l'ont compris la Septante et la Bible de Jérusalem dans leurs traductions du passage du Livre de l'Exode où est révélé le nom divin. Le Nouveau Testament souligne la paternité de Dieu, déjà reconnue dans l'Ancien Testament.

    Ø  Le Fils, le Verbe ou la Parole de Dieu (YHVH), identifié comme celui qui était avec Dieu (Jn 11). Il est le créateur du ciel et de la terre ainsi que de toutes choses et s'est incarné en Jésus-Christ (Jn 114). En lui « habite corporellement toute la plénitude de la divinité » (Col 29). En outre il est aussi l'Alpha et Omega (Ap 2213) qui signifie « le premier et le dernier », expression que l'on trouve déjà dans Es 4812. Dans le livre de Jean, Jésus se déclare lui-même être « Je Suis » donnant une preuve formelle de son existence du temps où vivait Abraham (Jn 856s).

    Ø  Le Saint-Esprit, en grec Πνευμα, Pneuma, est aussi appelé Παρακλητος, Paraclet, d'un mot qui signifie « avocat, intercesseur » (Jn 1426), et se distingue du Père et du Fils (Jn 14 ; Jn 1526 ; Jn 165s). Dans la doctrine chrétienne, il est l'« Esprit de Dieu » ou le « Souffle de Dieu » de l'Ancien Testament, hébreu רוח, Rûah, celui qui a inspiré les prophètes, s'est manifesté à la Pentecôte, et continue d'inspirer l'Église chrétienne. Il est surtout représenté par des symboles : la colombe, la tempête, le feu.

    Si le mystère de la Trinité échappe à l'intelligence, il reste perceptible pour la mystique chrétienne : l'unité de substance des trois personnes divines se manifeste en ce que la méditation sur l'une des personnes conduit immédiatement à la contemplation des deux autres.

    Le lien reste mystérieux, mais son existence montre que ces trois personnes se fondent en un seul Dieu transcendant. Le Messie est la deuxième personne de la Trinité dans le christianisme. Pour les chrétiens orthodoxes, catholiques et pour la plupart des protestants, Jésus est à la fois un être humain, le Messie, et le « Fils de Dieu ».

    Pour les chrétiens issus des sept conciles, rattacher Jésus-Christ à la trinité signifie donc qu'après avoir reconnu dans Jésus de Nazareth son caractère de Messie (Christ), de Fils de Dieu, et de premier-né parmi les vivants, ils reconnaissent dans ces mêmes caractères une nature essentiellement divine.

    L'articulation de cette nature divine avec la nature humaine a été le sujet principal des premiers débats, dans l'histoire de l'Église, et a conduit à de nombreuses discussions christologiques et différences d'interprétation.

    Différentes attitudes possibles vis-à-vis de Jésus

    Jésus-Trinitaire : membre de la Sainte Trinité (Dieu-le Père, Jésus-Christ et le Saint-Esprit), Jésus est le Fils engendré par le Père de toute éternité ; il en est le Verbe. Quintessence de la théologie chrétienne, la Trinité est un mystère qui n'est pas à la portée du premier croyant venu.

    Jésus-Fils-de-Dieu : dieu, demi-dieu, homme engendré par le Très-Haut, mais pas Dieu lui-même. C'était en particulier la doctrine de l'arianisme.

    N.B. : L’arianisme est un courant de pensée des débuts du christianisme, dû au théologien Arius (256 - 336) dont le point central est la nature de la trinité chrétienne et des positions respectives des concepts de « Dieu le père et de son fils Jésus ». L'arianisme défend la position que la divinité du Très-Haut est supérieure à celle de son fils fait homme.

    Jésus-adopté : Jésus est le fils de Dieu, mais un fils adoptif. Opinion assez peu répandue qui a eu son heure de gloire avec l'adoptianisme.

    N.B. : L'adoptianisme est une doctrine religieuse selon laquelle Jésus ne serait devenu le fils de Dieu que par adoption à la suite de son baptême dans le Jourdain par Jean-Baptiste. Elle est apparue dès le 2ème siècle.

    Jésus-Prophète : c'est, en particulier, ce que prétend le Coran qui voit dans Jésus un prophète au même titre que Noé, Abraham ou Moïse..., mais tout de même pas aussi grand que Mahomet.

    N.B. : Le Coran (arabe : القرآن ; al qur'ān, lecture) est le livre le plus sacré de la religion musulmane. C'est aussi le premier livre à avoir été écrit en arabe, langue qu'il a contribué à fixer.

    Le Coran regroupe les paroles qui ont été récitées par le prophète Mahomet (محمد, Muhammad) à son auditoire, afin d'être utilisées lors des prières musulmanes (en arabe « salat ») et transmises par révélation, initialement par l'archange Gabriel. Cette « révélation » s'étend sur une période de vingt-trois ans. Le Coran est parfois appelé simplement kitâb (livre) ou dhikr (rappel). Il constitue la part la plus connue de la révélation au prophète, l'autre part étant constituée des hadiths dits « prophétiques ». Les musulmans le considèrent comme une manifestation d'un attribut divin, le Kalam, qui représente la capacité d’Allah à transmettre aux prophètes certaines informations relatives au bien et au mal, à la vie et à la mort, au Paradis et à l'Enfer, ainsi que des lois fixant les limites entre le licite et l'illicite. En ce sens, il est l'expression incréée de cet attribut de Dieu (Allah) adressée à l'intention de toute l'humanité : l'islam a ainsi une vocation universelle.

    Le Christ-philosophe : Jésus serait tout simplement un philosophe juif, un sage. C'est la thèse de Frédéric Lenoir

    Jésus historique et rationaliste : le personnage a réellement existé, mais c'était un homme comme les autres, un prêcheur juif, beau parleur, vaguement hippie avant l'heure, et qui pourrait avoir été condamné à mort pour trouble de l'ordre public. Il n'est pas le fils de Dieu, n'est pas né d'une vierge, n'a pas accompli de miracles, n'est pas ressuscité. L'influence de cet homme, de son vivant, a dû être très limitée puisqu'il n'a pas laissé de traces dans l'histoire. Sa prédication a été amplifiée par une poignée de disciples à des fins politiques (hostilité à l'occupation romaine), dans une période propice aux prophéties millénaristes

    Jésus-mythe : le personnage a été inventé. C'est une fable, une légende. Aucune preuve historique n'est venue accréditer son existence. Il est étonnant que Jésus soit le seul prophète à n'avoir laissé aucun écrit. Paul-Louis Couchoud (« Le Mystère de Jésus » / Rieder, 1927), John M. Allegro (« Le Champignon sacré et la Croix » / Albin Michel, 1971), Bernard Dubourg (« L'invention de Jésus » / Gallimard, 1989), Patrick Dupuis (« L'énigme Jésus ») sont quelques défenseurs de cette thèse. A cette brève liste d’auteur, il faut ajouter cette parole mémorable du Pape Léon X en 1520 : « On sait de temps immémorial combien cette fable de Jésus-Christ nous a été profitable ». 

    Jésus d'agnostique : pour ceux qui considèrent qu'en l'absence de preuves dans un sens ou dans l'autre, on ne peut trancher entre le mythe ou l'historicité de Jésus. Qu'il ait existé ou non est, de toute façon, sans importance.

    Ces trois dernières attitudes, vis-à-vis de Jésus, peuvent se retrouver chez les athées, les agnostiques ou les déistes.

    Le message de Jésus

    Le message de Jésus semble prolonger celui de Jean-Baptiste en s'inscrivant dans la fièvre apocalyptique du monde juif au 1er siècle tandis que certains exégètes préfèrent voir Jésus comme un maître de sagesse populaire, la dimension apocalyptique relevant d'une lecture postérieure, sous l'éclairage de la foi chrétienne.

    Ce message, original et varié, entre néanmoins difficilement dans les catégories socioreligieuses préalablement établies. On peut cependant souligner plusieurs points de rupture avec Jean le Baptiste : Jésus n'est pas un ascète ; il présente un Dieu de grâce, de jugement et de l'amour sans limite qui inverse l'exhortation de Jean à la conversion sur fond de colère divine. Enfin, Jésus est celui par qui le jour vient quand Jean annonçait l'aube.

    Jésus se fait connaître localement, dans un premier temps comme guérisseur thaumaturge, puis par son enseignement. Pour ce qui est de ses talents de guérisseurs, on peut noter une nette progression quand on compare la guérison très hésitante de l'aveugle de Bethsaïde, où il doit s'y reprendre à deux fois, et celle – à distance et d'une seule parole – de Bar Timée à Jéricho. Les Évangiles insistent souvent plus sur la confiance des bénéficiaires de miracles qu'ils ne s'attardent sur le détail des manipulations. Jésus présente les miracles comme une anticipation de l'accès au bonheur éternel auquel a droit chaque humain, y compris les plus pauvres.

    Les textes révèlent à cet égard un comportement général de Jésus fait de bienveillance, tourné vers les gens, particulièrement ceux plongés dans une situation personnelle ou sociale méprisée et difficile : les femmes, particulièrement les veuves, les malades, les lépreux, les étrangers, les pécheurs publics ou les collecteurs de l'impôt romains.

    Cette façon d'être, associée à une dénonciation de l'hypocrisie et de toute forme de mensonge, lui attirera inévitablement nombre d'admirateurs en provoquant simultanément de l'hostilité.

    C'est l'annonce du « Royaume de Dieu » qui constitue le cœur de sa prédication en des termes qui, s'ils reprennent l’attente des Juifs qui espèrent la venue d’un Messie qui restaurera l’indépendance d’Israël, déplacent cet espoir : le Royaume de Dieu selon Jésus inaugure le nouveau rapport avec Dieu qui se prépare à intervenir dans le monde pour le gouverner directement.

    Sa doctrine paraît d'emblée sûre et originale. Son enseignement est essentiellement connu à travers les Évangiles, qui en font le récit, et les commentaires qui en seront faits dans le reste du nouveau testament. Son enseignement et son action montrent une très bonne connaissance des textes religieux et de la loi juive.

    Il utilise deux méthodes typiques des docteurs de la Loi, ses contemporains : le commentaire des textes canoniques et l'usage de Paraboles dont il fait le ressort privilégié de sa pédagogie. Par cet usage de la parabole, Jésus laisse souvent l'auditeur libre de ses réactions, en ne le prenant pas de front.

    Mais il n'en pratique pas moins un enseignement d'autorité qui tranche avec les enseignements des scribes se réclamant eux toujours de l'autorité d'une source. Jésus est néanmoins respectueux de la Loi de Moïse et, si la proximité de Jésus avec les pêcheurs ou des épisodes comme son affirmation que les besoins de l'homme préemptent sur la prescription du sabbat ont pu choquer les pieux de son temps, on ne peut pas dire que Jésus ait violé les lois de pureté chère aux pharisiens, au contraire de ses disciples qu'il ne condamne pourtant pas.

    Son action suscite des réactions fortes et contrastées. On trouve à la fois des témoignages sur de grandes foules qui le suivent et le cherchent, montrant un indéniable succès populaire, et d'autres le montrant vivant dans une quasi clandestinité au milieu de populations hostiles.

    L’enseignement de Jésus-Christ

    On peut distinguer plusieurs types de public dans l'enseignement de Jésus de Nazareth.

    L'essentiel du message que Jésus « adresse à chacun, car il voit en chacun devant Dieu, une personne ayant une destinée et une valeur absolues » est un enseignement moral, à caractère universel, et pour lequel on trouve des rapprochements dans de nombreuses autres religions. Il se trouve résumé dans le Sermon sur la montagne (Mt 5:3-11) et dans les deux commandements :

    « Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », fût-il un ennemi (Mt 22:36-40).

    Prolongeant les nombreux passages de l'ancien testament, où Dieu est présenté avec des sentiments d'amour (maternel ou paternel), Jésus enseigne de s'adresser à lui comme « notre Père », et d'aimer pour faire sa volonté et vivre à sa ressemblance. Pour Jésus, vivre en conscience selon cette morale est suffisant pour assurer son salut, sans difficulté.

    Certaines parties de son enseignement s'adressent plus spécifiquement à des « chercheurs de Dieu », qui veulent aller plus loin : au chef qui lui répond « j'ai observé toutes ces choses depuis ma jeunesse, que me manque-t-il encore ? », Jésus propose un idéal de dépouillement radical : « Vends tout ce que tu possèdes, distribue-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel. Puis viens, et suis-moi. » Jésus enseigne à ces disciples de se détacher des biens matériels, de renoncer à toute gloire personnelle, de ne pas s'attacher aux relations familiales, de ne pas se soucier même de leur propre vie (Mt 6:25-34).

    Enfin, Jésus enseigne à ses disciples proches les premiers éléments de ce qui deviendra la christologie : il est la porte, le chemin vers le Père, le cep sur lequel ceux qui se greffent porteront du fruit. En même temps, il prépare ses disciples au sacrifice du martyr pour ceux qui voudront poursuivre son œuvre.

    L’enseignement moral de Jésus

    Sur le plan de la morale, l'enseignement de Jésus est centré sur les notions d'amour et de sollicitude que l'Homme doit observer pour être à l'image de Dieu. Cet enseignement est exprimé de manière synthétique dans les béatitudes, et plus développée dans le Sermon sur la montagne d'où elles sont tirées. Ces principes sont déjà présents dans la religion juive, mais Jésus les place dans une perspective centrale, et privilégie une interprétation spirituelle de la loi mosaïque au détriment d'une interprétation littérale et formaliste qu'il dénonce.

    N.B. : La loi mosaïque désigne l'ensemble des préceptes donnés par Moïse au peuple juif.

    Les notions de « sacrifice » et de « salut »

    Pour comprendre le lien entre la Passion du Christ et le salut spirituel, il est nécessaire de revenir sur le contexte biblique où il trouve sa racine : c'est ce qui permet de comprendre quel sens – symbolique et liturgique – cette mort peut avoir pour les chrétiens aujourd'hui.

    Le mécanisme du sacrifice expiatoire apparaît dans le Lévitique 16, avec l'histoire du bouc émissaire devenue proverbiale. C'est le sens biblique dans lequel s'insère la Passion : un sacrifice permet de « racheter » le péché des hommes, c'est-à-dire leur permet de se rapprocher de Dieu malgré les fautes qui tendent à les en éloigner.

    L'idée sous-jacente à cette démarche est qu'un acte symbolique et liturgique a une certaine efficacité, dans la mesure où il est en cohérence avec un sens et une intention. Le point symbolique important de ce sacrifice est d'une part qu'il faut une rupture (l'un des boucs est chassé au désert), et d'autre part que cette rupture est nécessairement douloureuse (et même mortelle pour l'autre bouc).

    Cependant, l'épitre aux Hébreux souligne justement qu'« il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés », car le fond du problème est la conversion intérieure. L'idée que ce sacrifice puisse être porté par un juste condamné qui ne proteste pas, apparaît en pleine lumière dans Isaïe 53 et sa description du serviteur souffrant : « Mais il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. »

    Dans ce contexte liturgique, le sens du sacrifice du Christ (ce à quoi ses souffrances ont été effectivement consacrées, sont rendues sacrées) est donné par le chapitre 17 de l'Évangile de Jean. Jésus demande que sa gloire soit révélée (v. 5) à ses apôtres et aux hommes qui lui ont été donnés (v. 6), qu'ils soient préservés du mal (v. 15) et qu'ils soient sanctifiés (17) dans leur mission (18). Il demande ensuite que tous ceux qui croiront en sa parole (v. 20) soient unifiés (v. 21) afin que le monde entier soit éclairé (v. 23) et qu'il vive dans l'amour (v. 26).

    Par cette consécration, pour un chrétien, le sacrifice du Christ devient quelque chose de doublement absolu : d'une part, parce que le Christ était absolument juste (il ne pouvait pas y avoir de victime plus pure), et d'autre part parce que l'objet de la consécration a été universel : l'offrande est donnée pour le monde entier ; on ne peut pas aller plus loin.

    C'est donc quelque chose d'unique et d'indépassable dans la logique sacrificielle, il ne peut y avoir qu'un avant et un après ce point central de l'histoire du sacrifice. « Il abolit ainsi la première chose pour établir la seconde. C’est en vertu de cette volonté que nous sommes sanctifiés, par l’offrande du corps de Jésus-Christ, une fois pour toutes ».

    Sur le plan liturgique, l'institution de l'Eucharistie par Jésus lui-même donne donc une nouvelle forme aux sacrifices de l'Ancien Testament : la nécessité d'un sacrifice demeure, mais dans la logique chrétienne, cette nécessité renvoie à présent au sacrifice central qui a été celui de Jésus-Christ : il n'y a plus de nouveau sacrifice, mais une représentation (ou réactualisation) de l'unique sacrifice parfait, où Jésus était à la fois prêtre et victime.

    Par ailleurs, l'Église catholique en enseigne la transsubstantiation depuis le Concile de Trente et croit en la présence réelle de Jésus dans les espèces du Saint-Sacrement (les hosties). Cette doctrine conduit vers l'adoration eucharistique.

    N.B. : La transsubstantiation est, littéralement, la transformation d'une substance en une autre. Le terme désigne, pour certains chrétiens (en particulier les catholiques), la transformation du pain et du vin en chair et sang du Christ lors de l'Eucharistie.

    Sur le plan religieux, les chrétiens catholiques latins, arméniens et maronites emploient le terme de « transsubstantiation » pour expliquer que, dans l'Eucharistie, le pain et le vin, par la consécration de la messe, sont « réellement, vraiment et substantiellement » transformés ou convertis en corps et sang du Christ, tout en conservant leurs caractéristiques physiques.

    N.B. : L'hostie, dans les rites liturgiques chrétiens de l'occident latin, est une petite rondelle mince de pain non fermenté (pain azyme) que le prêtre chrétien consacre pendant la célébration de l'Eucharistie en vue de la communion. Dans la théologie catholique, après les paroles de consécration prononcées à la place du Christ, l'hostie n'est plus du pain mais le Christ ressuscité tout entier (à la fois humain et divin) présent « en substance » (dogme de la transsubstantiation). On distingue donc l'hostie non consacrée, simple fragment de pain, et l'hostie consacrée, vrai corps du Christ sous la seule apparence (espèce) du pain, selon la croyance catholique.

    Les autres Églises chrétiennes ont développé des théologies eucharistiques diverses. Les luthériens, en particulier, ont longuement enseigné la consubstantiation. Chez Ulrich Zwingli, la communauté revêt la présence réelle et incarne l'Eucharistie.

    N.B. : La consubstantiation est la doctrine protestante luthérienne par laquelle, lors de la Cène, le pain et le vin conservent leurs substances propres avec lesquelles coexistent les substances du corps et du sang du Christ. Cette notion fut définie par Luther.

    N.B. : Ulrich Zwingli contestera tant la position de Luther que la position catholique issue de l'Aquinate. Pour lui, la Cène commémore, dans la communauté rassemblée, le dernier repas de Jésus avec ses disciples qui nous rappelle tous les biens et grâces que Dieu nous a donnés par son fils Jésus-Christ. Il affirme que le Christ n'est pas corporellement présent dans le pain et le vin au moment de la communion, présent dans le cœur, l'esprit et la vie de ceux, rassemblés, qui les partagent. Cette présence réelle se déplace des espèces à l'assemblée.

    L’arrestation et la Passion de Jésus

    Bien que ce soit là le cœur de chacun des quatre Évangiles, il est assez difficile de mettre ceux-ci d'accord sur le récit de la Passion. Leur récit est bâti dans une optique d'accomplissement des Écritures plutôt que de reportage objectif sur les évènements.

    Jésus est arrêté alors qu'il séjournait à Jérusalem pour célébrer la fête de la Pessa'h (Pâque juive). Ce dernier séjour à Jérusalem se déroule dans une ambiance très clandestine où les disciples échangent des mots de passe et des signes de reconnaissance pour préparer le repas dans un endroit caché. Le contraste avec l'ambiance enthousiaste de l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem – célébrée le dimanche des Rameaux – est flagrant, ce qui suggère que ces deux montées à Jérusalem n'ont pas eu lieu la même année.

    L'étude des Évangiles ne permet pas une lecture très claire des causes et de l'historique de ce retournement d'opinion. On trouve la trace dans les Évangiles de l'attente messianique d'une partie de la population, qui attendait un messie politique, libérateur du joug des Romains. Cette attente se retrouve dans le qualificatif donné à Simon le zélote et à Judas l'Iscariote. Jésus a pu décevoir cette attente en refusant explicitement l'action sur le terrain politique.

    Néanmoins, si Jésus ne conteste pas radicalement le pouvoir romain, refusant de s'enfermer dans un cadre nationaliste, il ne manifeste pas davantage d'inclination envers les grandes familles sacerdotales proches de celui-ci.

    Le retournement d'opinion s'est d'abord manifesté en Judée, puis dans son pays en Galilée. Il semble que le signal de la répression soit venu des milieux sacerdotaux conservateurs de Jérusalem, souvent assimilés aux Sadducéens, inquiets de l'impact de son enseignement ouvert sur la Torah et des effets de l'enthousiasme populaire qu'il suscitait sur le fragile modus vivendi avec l'occupant romain. Il apparaît également vraisemblable que c'est le scandale que cet homme, réputé doux, provoque au Temple de Jérusalem un peu avant la Pâque de 30 dans l'épisode dit des marchands du temple, qui a pu précipiter son arrestation.

    N.B. : On désigne généralement par Sadducéens les membres d'un des quatre grands courants du judaïsme antique de l'ancienne Judée (avec les pharisiens, les esséniens et les zélotes), entre le 2ème siècle av. J.-C. et le 1er siècle, mais cette définition n'est nullement exclusive. Le terme Sadducéen vient de la translittération française du latin Sadducae, lui-même issu de l'hébreu talmudique Tsadoukim.

    Jésus prend un dernier repas avec ses disciples pour fêter la Pessa'h dans un épisode, la Cène, dont les chrétiens de toutes tendances considèrent qu'il institue le sacrement de l'Eucharistie. À la suite de cet ultime repas, Jésus est arrêté au jardin de Gethsémani, par la dénonciation de son disciple Judas, sans que le motif soit vraiment clair.

    Jésus va alors se trouver confronté aux trois pouvoirs superposés de la Palestine : le pouvoir romain, le pouvoir du tétrarque de Galilée et Pérée et le pouvoir des grands-prêtres du temple-État de Jérusalem.

    Le procès et l’exécution de Jésus

    Qu'on rapproche ces récits du droit romain en vigueur en Syrie-Palestine à l'époque ou qu'on le rapproche du droit hébraïque tel qu'il se pratiquait alors, les narrations du procès faites par les Évangiles ne correspondent à rien qui soit cohérent avec la tradition juridique retenue. La question du procès de Jésus – question historique ouverte – est d'autant plus difficile à résoudre que le temps et l'antisémitisme chrétien au cours des siècles écoulés l'ont recouverte de multiples enjeux politiques et religieux.

    Quoi qu'il en soit, Jésus est arrêté par la police du Temple, aux ordres des autorités religieuses. Il est tout d'abord conduit chez l'ex-grand prêtre Anân, puis devant une cour de justice, que les Évangiles appellent Sanhédrin, devant le souverain sacrificateur Caïphe, avant de comparaître devant le gouverneur romain Ponce Pilate qui l'envoie chez Hérode Antipas avant de l'interroger à son tour. Cela donne lieu a des confrontations où Jésus soit se tait, soit paraît souligner le caractère relatif du pouvoir de ses interlocuteurs par sa liberté de parole dans des scènes très chargées symboliquement.

    Jésus est finalement condamné par Ponce Pilate à être crucifié après s'être lavé les mains de sa mort en la portant uniquement sur la conscience des juifs. Son exécution a lieu un vendredi, veille du Chabbat, sur une croix surmontée d'un titulus portant l'inscription « Jésus le Nazôréen, Roi des Juifs ». Pour les trois Évangiles synoptiques, ce vendredi est le jour même de la fête de Pessa'h, le 15 Nissan, ce qui peut être (compte tenu du calendrier hébreu usuel) un vendredi 7 avril 30 ou un vendredi 3 avril 33 (cette dernière date est celle justifiant le choix de l'an 1 dans le calcul de Denys le Petit).

    La chronologie donnée par l'Évangile selon Jean est différente et conduit à un vendredi 14 Nisan, mais il est possible encore une fois qu'il y ait des ruptures dans la chronologie de ce récit, voire que les rédacteurs de l'Évangile selon Jean aient utilisé une autre version du calendrier. En tout cas, sa mort a eu lieu pendant que Pilate était préfet de Judée, donc après 26 et avant 36, où Pilate a été rappelé à Rome.

    N.B. : Nisan (en hébreu : נִיסָן) est le 1er mois de l'année juive « civile » ou « biblique », et le septième mois de l'année ecclésiastique (huitième dans les années embolismiques). Ce nom est babylonien, dérivant de l'Akkadien nisānu et/ou du Sumérien nissag « Premiers fruits »). La Bible désigne ce mois du nom d' « Aviv », signifiant printemps. C'est un mois printanier de 30 jours. C'est aussi le nom turc et arabe du mois d'avril.

    Dans certaines traditions chrétiennes, dites « quartodécimanistes », Jésus serait décédé à 3h (la neuvième heure canonique) de l'après-midi du 13 Nisan, en préparation du jour de Pessah, et son dernier souper aurait été un Seder avant la Pâque. Selon d'autres, il serait mort le 14 Nisan, et il s'agissait du Seder de la Pâque lui-même, le jour commençant au soir chez les Israélites (voir premiers versets de la Genèse).

    Le 14 Nisan on célèbre la commémoration du Christ (pour se rappeler le sacrifice de sa vie pour le rachat de l'humanité).

    La résurrection de Jésus

    La mort de Jésus est suivie d'un épisode qui relève de la foi mais qui n'en appartient pas moins à l'histoire par les effets incalculables qu'il a produits : l'épisode de la Résurrection.

    Il faut considérer l'annonce de la résurrection de Jésus comme l'élément majeur de la fondation de ce qui va devenir une nouvelle religion. Cet épisode fondamental n'est décrit dans aucun évangile. La peinture suppléa aux textes pour fixer l'interprétation. Quelques scènes présentent une forte diversité selon les Évangiles. Les textes présentent l'après-coup : l'étonnement des femmes qui découvrent le tombeau vide, puis l'apparition du Ressuscité parfois en Galilée, parfois dans les environs de Jérusalem ou encore ici et là, envoyant tantôt en mission, tantôt accordant l'Esprit aux disciples ou encore partageant leur repas.

    Néanmoins, on peut constater trois constantes des récits canoniques : la résurrection est inattendue, elle n'est pas décrite en tant que telle et elle n'est accessible qu'aux seuls croyants.

    L'événement ne nie toutefois pas la mort car Jésus ne ressuscite que le troisième jour après sa crucifixion ; il s'agit davantage du passage à une vie qui ne finit pas, qui se place dans l'éternité et sur laquelle le temps n'a pas de prise. L'évènement, dans un récit qui ne connait pas de terme résurrection, est raconté dans un langage forgé par la foi juive dans l'apocalyptique de laquelle il ne répond pas à une angoisse de la survie des corps : le tombeau ouvert répond à la promesse de Dieu de relever les morts à la fin des temps qui se concrétise déjà pour Jésus.

    L'annonce des Évangiles ne porte plus simplement sur l'homme historique, mais sur un personnage divin, Messie et Christ par excellence, fils de Dieu, et qui est de ce fait désigné sous le terme de : Jésus-Christ.

    Au-delà du double impératif d'amour de Dieu et du prochain, bien explicité par la première épître de Jean, les premiers disciples ont attesté la Résurrection de Jésus (qui n'est pas le rétablissement des fonctions vitales du corps), sa montée au ciel, et y ont vu la réalisation de l'attente messianique des Écritures de l'Ancien Testament.

    Les liens entre Jésus et les religions

    Sur le plan de la religion, Jésus n'a jamais cherché à se séparer du judaïsme, et ses disciples ont, dans un premier temps, été considérés comme une secte juive parmi d'autres.

    La séparation des christianismes d'avec le judaïsme a été progressive et peut être lue en partie comme une conséquence de la crise d'identité qui traverse le judaïsme aux 1er et 2ème siècles, qui se traduit entre autres par les révoltes contre Rome auxquelles ne prennent pas part la secte des Nazaréens, et qui entraîne la disparition de la plupart des courants du judaïsme suite à la destruction du Temple en 70.

    N.B. : Les Nazaréens (de l’hébreux נצרים Netzarim ou נוצרים Notzrim) constituaient un courant de fidèles de Jésus de Nazareth, croyant en sa messianité mais refusant, ainsi que les Ébionites, de rompre avec le judaïsme comme le fit l'Église primitive.

    La diversité des pratiques juives se réduisant au seul néo-pharisianisme, c'est alors qu'être juif devient vivre en conformité avec l'enseignement des sages pharisiens, ce qui devient incompatible avec l'observance de l'enseignement de Jésus, comme le souligne Ignace d'Antioche.

    Selon l'école traditionnelle et même dans l'apologétique récente, cette séparation serait esquissée dès les premières dissensions apparues au cours d'une réunion décrite dans les Actes des Apôtres, qui sera nommée rétrospectivement le premier concile de Jérusalem, réunion qui admet l'adhésion des non-juifs sans les circoncire, et écarte de fait l'application littérale des lois mosaïques au moins pour les prosélytes.

    N.B. : L'apologétique est une science visant à prouver les vérités fondamentales de la foi catholique, vérités que Dieu nous a enseignées dans la Révélation. L'apologétique démontre l'origine divine du christianisme et de l'Eglise catholique par une étude rationnelle. Elle démontre aussi les autres religions comme fausse, entièrement ou en partie... Elle aborde les prétendus conflits entre science et croyance, ainsi que le problème de l'athéisme.

    On peut ainsi prouver que :

    - nous devons avoir une religion parce que Dieu est notre créateur ;

    - nous devons être chrétiens, parce que Jésus-Christ, l'auteur du christianisme est l'envoyé de Dieu, et son Fils.

    L'histoire de la séparation se réunit autour de deux pôles selon que l'historiographie est issue de l'une ou l'autre école : l'école européenne considère qu'elle est chose faite avec la Birkat haMinim qui serait écrite en 135 ; l'école anglo-saxonne remarque que bien des cérémonies sont encore communes dans certaines régions (surtout en Orient, mais parfois en Occident) jusqu'au 5ème siècle, c'est-à-dire quand la période des conciles christologiques est engagée.

    Le christianisme connaîtra une croissance importante dans ses multiples branches, jusqu'à en faire la religion la plus importante en nombre de fidèles dans le monde au 21ème siècle.

    Les sources d’information au sujet de la vie de Jésus

    Les sources de la vie de Jésus ont longtemps reposé essentiellement sur des documents littéraires produits par le christianisme lui-même. Dessiner l'histoire de Jésus s'est ainsi longtemps fait suivant le canevas proposé par les textes canoniques du Nouveau testament, par la Tradition et par certains passages apocryphes qui ont noué la trame de la traditionnelle histoire sainte, laquelle sera la norme pendant des siècles, amplement et spectaculairement relayée et magnifiée par l'iconographie chrétienne. Or les auteurs des Évangiles canoniques n'avaient pas pour objet de livrer une documentation de caractère historique à la postérité mais bien un témoignage de foi à une époque où la notion d'exactitude historique n'existait pas.

    La nécessité d'une approche historique et rationnelle de Jésus est apparue au 18ème siècle avec Hermann Samuel Reimarus qui voulait « arracher Jésus au dogme chrétien » pour « retrouver le Juif de Palestine » et « le restituer à l'histoire ».

    Au 19ème siècle, il y eut de nombreux auteurs pour écrire une « vie de Jésus » à visée de reconstitution historique, comme celle, célèbre, d’Ernest Renan en France où l'imagination suppléait souvent au silence des sources. L'ouvrage d'Albert Schweitzer sur l'histoire des vies de Jésus a mis un terme à ce genre de projet.

    Certains mythologues ont pensé résoudre les difficultés rencontrées par l'historien en expliquant les Évangiles comme un mythe solaire ou un drame sacré purement symbolique dans une démarche qui ne résiste désormais plus à l'analyse. Si l'existence de Jésus n'est plus guère discutée que par quelques auteurs marginaux, la nature de cette existence reste, quant à elle, bel et bien débattue sous différents aspects.

    Les textes constituent évidemment des sources d'étude valables à condition de les soumettre à la critique. L’étude des premiers temps du christianisme, l'exégèse de la Bible et des autres textes comme les apocryphes, constituent aujourd’hui une discipline à laquelle contribuent en commun des chercheurs et des universitaires, religieux et laïcs, quelles que soient leurs convictions et leur appartenance religieuse.

    La plupart des publications actuelles traitant de la naissance du christianisme pointent, outre une meilleure interdisciplinarité, l'important enrichissement de la documentation que les découvertes archéologiques et les nouvelles sources documentaires ont permis depuis le milieu du 20ème siècle, particulièrement depuis les années 1990.

    Les sources chrétiennes relatives à la vie de Jésus

    1.    Le Nouveau Testament dans son entier est la source la plus complète dont on dispose concernant la vie et l'enseignement de Jésus.

    Les Évangiles selon Matthieu, Marc et Luc, qui racontent l'histoire de Jésus d'un point de vue relativement semblable, sont dits synoptiques.

    L'Évangile selon Jean relève lui d'une autre christologie, appelée johannique.

    Le premier des Évangiles à avoir été rédigé semble être celui selon Marc. Les parties communes à Matthieu et à Luc dépendent peut-être, selon certains chercheurs, d'un document plus ancien mais perdu appelé « source Q ».

    Dans leur état actuel, les Évangiles datent vraisemblablement d'entre 65 et 110. Ils sont le fruit d'un long processus de recueil de paroles et leur agencement est organisé à la manière d'une « vie à l'antique », qui n'est pas une biographie.

    2.    Les Actes des Apôtres, vraisemblablement rédigés par Luc autour de l'année 80, retracent les débuts des premières communautés chrétiennes à partir de la Pentecôte qui, pour Luc, préfigurent l'Église universelle. Ils racontent le début de la diffusion de ce qui est alors un obscur courant du judaïsme, dans certaines parties de l'Empire romain, dans une vision centrifuge à contre-courant de l'eschatologie juive centrée sur Jérusalem.

    3.    Les Épîtres de Paul, où se trouve le passage qui constitue la mention la plus ancienne du christianisme concernant la mort et la résurrection de Jésus, sept autres Épîtres, dites catholiques – c'est-à-dire, alors, adressées à toutes les communautés chrétiennes – et l'Apocalypse forment un corpus qui témoigne de la réflexion des premiers disciples sur Jésus. Leur rédaction prend place entre 50 et 65 mais elles ne fournissent que peu de renseignements sur la vie de Jésus.

    Il y a d’autres sources chrétiennes que les textes canoniques :

    1.    Les agrapha, mot signifiant « choses non écrites », sont des paroles de Jésus qui ne se trouvent pas dans les textes canoniques. Certaines d'entre elles pourraient être authentiques. Elles proviennent de variantes des Évangiles, des papyri d'Oxyrhynque, des textes apocryphes du Nouveau Testament comme l'Évangile selon Thomas, dont les fouilles de Nag Hammadi ont mis à jour une traduction complète en copte et dont l'attribution à l'apôtre Thomas est rejetée par les chercheurs. Le Papyrus Egerton 2 publié pour la première fois en 1935, composé de 4 fragments, retranscrit des faits et des paroles à rapprocher de l'Évangile de Jean.

    2.    Les apocryphes (du grec απόκρυφος / apókryphos, « caché ») sont très divers dans leur style et leur contenu : récits de l'enfance (Protévangile de Jacques), recueil de logia (Évangile selon Thomas), descente aux Enfers (Actes de Pilate), harangues, récits de miracles, etc. La critique textuelle laisse apparaître une fiabilité documentaire et/ou une ancienneté souvent bien supérieure des sources canoniques.

    3.    Les écrits des Pères apostoliques (Didachè, Épître de Clément de Rome, les Lettres d'Ignace d'Antioche, Lettres de Polycarpe de Smyrne, Lettre de Barnabé, Lettre à Diognète, Fragments de Papias d'Hiérapolis, Le Pasteur d'Hermas) dont les auteurs, bien que vivant à la fin du 1er siècle, n'ont pas de liens directs avec la génération apostolique. Il arrive à d'autres Pères de l'Église comme Eusèbe de Césarée ou Jérôme de Stridon de citer des fragments d'évangiles apocryphes, en général pour en contester la valeur (Évangiles des Hébreux, des Ébionites, des Égyptiens, des Nazôréens,...).

    N.B. : Les Ébionites étaient une secte religieuse chrétienne qui suivait la Loi juive mais en accord avec la doctrine de Jésus dans son sermon sur la montagne.

    Les sources non chrétiennes relatives à la vie de Jésus

    A. Il y a une source païenne :

    Thallus est un historien païen dont les écrits datent de 52 mais ont été perdus ; seuls quelques fragments cités par d'autres auteurs nous sont parvenus. Ainsi, Jules l'Africain, auteur chrétien des années 220 cite Thallus, à propos de l'obscurité qui a eu lieu lors de la crucifixion de Jésus : « Thallus, au troisième livre de son Histoire explique cette obscurité par une éclipse, ce qui me paraît inacceptable ! ».

    Il s'agit ici d'une preuve « indirecte » de l'existence de Jésus : le fait que cet auteur parle de « l'éclipse » qui a eu lieu lors de la crucifixion de Jésus, implique qu'il considère comme acquis l'existence de Jésus.

    B. Il y a des sources juives :

    1. Flavius Josèphe (37 - 97)

    Il n'existe aucun acte officiel des autorités romaines se rapportant à Jésus. Le premier chroniqueur qui évoque Jésus vers 94 est Flavius Josèphe, romain d'origine juive né en 39.

    Prêtre, pharisien, Flavius Josèphe était chef militaire juif pendant la guerre contre Rome. Il s'est rendu au général romain Vespasien, pendant le siège de Jotapa, alors que beaucoup de ses compagnons se sont suicidés plutôt que de se rendre. Sa collaboration avec les Romains l'a fait haïr par ses compatriotes juifs. Historien juif, il a écrit « Guerre des juifs » (75 – 79) et « Antiquités juives » (93).

    Son témoignage mentionne Jésus à deux reprises dans ses « Antiquités judaïques ». Il évoque la lapidation de Jacques de Jérusalem, décrit comme « le frère de Jésus appelé Christ » :

    « Anan le jeune, qui avait reçu le grand-pontificat, ... réunit un sanhédrin, traduisit devant lui Jacques, frère de Jésus appelé le Christ, et certains autres, en les accusant d'avoir transgressé la loi, et les fit lapider. » (Antiquités 20.8.1)

    Un passage beaucoup plus développé consacré à Jésus lui-même, connu sous son nom latin de « Testimonium flavianum », le décrit comme « un homme exceptionnel, [qui] accomplissait des choses prodigieuses (...) et se gagna beaucoup de monde parmi les juifs... » puis mentionne la résurrection, l'admiration et la foi de ses disciples évoquant une lignée de chrétiens qui se perpétue à l'époque de Flavius Josèphe :

    « ...Jésus, qui était un homme sage, si toutefois on doit le considérer comme un homme, tant ses œuvres étaient admirables... Des chefs de notre nation l'ayant accusé devant Pilate, celui-ci le fit crucifier... Il leur apparut vivant et ressuscité le troisième jour... » (Antiquités 18.3.3).

    Des critiques (qui ne remettaient cependant pas en cause que Flavius Josèphe ait parlé de Jésus) ont été émises quant à l'historicité totale du passage des Antiquités 18.3.3.

    L'authenticité de ce passage fait encore l'objet de débat ; la plupart des commentateurs envisagent aujourd'hui que ce passage, en son état actuel, a été retouché par des mains chrétiennes, ce qui n'exclut pas que Flavius Josèphe ait rédigé une notice sur Jésus, peut-être moins enthousiaste.

    A ce jour, l'authenticité globale de ce passage n'est plus mise en doute, même s'il contient peut-être quelques interpolations (« si on doit le considérer comme un homme », « il leur apparut vivant et ressuscité le troisième jour »).

    D'après la lecture qu'en fait Photios au 9ème siècle, aucune mention de Jésus ne figurait dans l’Histoire des juifs, texte disparu de Juste de Tibériade, gouverneur militaire de Galilée et historien juif rival de Flavius Josèphe qui le critique sévèrement dans son Autobiographie.

    2.    Le Talmud

    Le Talmud est composé :

         de la Mishna (recueil de lois et traditions juives mises par écrit vers le 2ème)

         et des Gemaras (commentaires de la Mishna).

    Le Talmud babylonien, dont l’écriture a été achevée vers la fin du 4ème siècle,

         ne met pas en doute la réalité historique de Jésus-Christ,

         dit que Jésus était transgresseur de la loi, pratiquant la magie, faisant fi des sentences des sages, ...

         dit que ses disciples guérissent les malades en son nom.

    Il est important de noter que le Talmud est à priori hostile à Jésus : on ne peut donc taxer ses textes de partisans. Ainsi, le Talmud atteste fortement l'historicité de Jésus, mais aussi le fait que Jésus accomplissait des miracles puisqu'il considère que Jésus pratiquait la magie ! Et il en est de même pour les miracles accomplis par les disciples puisqu'il reconnaît que ses disciples guérissaient des malades en son nom.

    Une vingtaine d'allusions possibles à Jésus existent dans le Talmud mais toujours de manière anecdotique et parfois sous un autre nom et ne sont pas antérieures au 3ème siècle. Il y est fait référence à un certain Yeshu. Depuis le moyen âge, on rencontre un Yeshu ou Yeshu Hanotsri (le Nazaré) dans les Toledoth Yeshu écrites au 11ème siècle et qui reflètent l'antagonisme entre les communautés chrétiennes et juives à cette époque. Dans le Talmud on rencontre un Yeshu (compris comme nom de Jésus en hébreu tardif) et les deux personnages ont été identifiés comme identiques. Cependant, des indices peuvent laisser penser que le Yeshu des Toledoth Yeshu et celui du Talmud n’ont pas de rapport ensemble. En revanche, Joseph Klausner trouve fiable le rapprochement du Yeshu du Talmud avec le personnage de Jésus.

    Le texte le plus intéressant [rapporte une tradition de la pendaison de Yeshu (ou Yeshu Hanotsri dans les éditions plus tardives) et lui attribue cinq disciples : Mattai, Naqi, Netser, Boni et Todah.

    Il est souvent fait allusion à Ben Stada, comme étant issu de l'union adultère de Myriam et d'un homme appelé Pandera (à rapprocher de Celse). Le texte de Tossafot Shabbath, datant du Moyen Âge, écarte cette légende : « Ce Ben Stada n'était pas Jésus de Nazareth, car nous disons ici que Ben Stada vivait à l'époque de Paphos ben Yehudah, lui-même vivant du temps de Rabbi Aqiba ».

    C. Il existe aussi des textes grecs et latins :

    Dans une lettre à l'empereur Trajan en 111 ou 112, Pline le jeune explique les résultats d'une enquête qu'il a menée sur les chrétiens de Bithynie à la suite d'accusations parvenues jusqu'à lui, et explique qu'il ne trouve pas grand chose à leur reprocher.

    Vers 116, dans ses Annales, l'historien romain Tacite relate comment l'empereur Néron, accusé d'avoir causé l'incendie qui ravage Rome en 64, s'ingénie à trouver des incendiaires, accuse les chrétiens de Rome, sectateurs de « Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Ponce Pilate », et en fait supplicier bon nombre.

    Les Vies des douze Césars de Suétone, écrites vers 120, comptent quelques mentions des activités des chrétiens et mentionnent explicitement le Christ dans la Vie de Claude qui, selon Suétone, incomplètement informé, lui attribuerait les troubles au sein de la communauté juive de Rome, à l'encontre de laquelle Claude promulgue un édit d'expulsion.

    L'écrivain satirique Lucien de Samosate, dans la deuxième partie du 2ème siècle, fait une allusion au supplice de Jésus, sans le nommer, dans La Mort de Pérégrinos.

    Les chrétiens et leur Messie constituent longtemps un courant du judaïsme relativement méconnu de ses contemporains. Pline l'Ancien (23 – 79) ne souffle mot de Jésus ni d'une communauté chrétienne de Jérusalem, alors qu'il visite la Palestine trente ans après les événements supposés et qu'il prend soin de noter la présence des Esséniens.

    Même silence chez Perse (34 – 62), chez Martial (40 – 104), chez Sénèque (-4 – 65) bien qu'on ait fabriqué de toutes pièces une correspondance entre ce philosophe et Saint-Paul.

    Aucune allusion dans Philon d'Alexandrie (-13 – 54), qui a écrit plus de cinquante traités, dont une « Ère de Pilate », et dont la philosophie du Logos ressemble à s'y méprendre à celle des anciens chrétiens.

    Perception de Jésus dans le judaïsme

    À la suite des guerres judéo-romaines et les autres catastrophes des 1er et 2ème siècles, le judaïsme a vu la disparition de presque tous ses courants, à l'exception du judaïsme rabbinique, proche du pharisianisme sans en reprendre l'apocalyptique, fondé sur le respect exclusif à la Loi. Le processus prendra plusieurs décennies, qui fixera les Écritures hébraïques – qui seront reprises des siècles plus tard par les protestants – et les prières synagogales dont une qui contient la condamnation des sectaires, les minims, dont les nazôréens.

    Si le christianisme des premiers temps a pu passer pour un nouveau courant acceptable du judaïsme, il s'est rapidement posé le problème de l'adhésion de plein droit de membres païens sans en faire d'abord des Juifs. La question se pose au moment de la création de la Torah rituelle, celle des 613 commandements, et, en ce qui concerne les membres non-juifs, le problème prend plus de poids quant aux aspects de règle de pureté rituelle et les moyens de réconciliation. La messianité, bien qu'elle ait joué un certain rôle lors de la condamnation de Jésus, n'est pas alors déterminante de l'autodétermination juive de cette époque puisque certains courants du judaïsme, tels les sadducéens, allaient jusqu'à renoncer à cette attente.

    Le judaïsme, la religion de Jésus lui-même, n'a pas désormais de point de vue spécifique ou particulier sur Jésus et très peu de textes dans le judaïsme se réfère directement ou parle de Jésus. En effet, un des principes les plus importants de la foi juive, est la croyance en un Dieu et seulement un Dieu, sans aucun intermédiaire. La croyance en Jésus en tant que Divinité, partie de Divinité ou fils de Dieu est donc incompatible avec le judaïsme et en rupture avec l'hébraïsme qui le précédait.

    Pour un Juif, toutefois, n'importe quelle forme de shituf (croyance en d'autres dieux en plus du Dieu d'Israël) équivaut à une idolâtrie dans le plein sens du terme. Il n'est pas possible pour un Juif d'accepter Jésus comme une divinité, un médiateur ou un sauveur (messie), ou même comme un prophète, sans trahir le judaïsme.

    .Les Juifs ont rejeté les revendications que Jésus répond aux prophéties messianiques de la Bible hébraïque, ainsi que les revendications dogmatiques le concernant émises par les pères de l'Église, c'est-à-dire qu'il est né d'une vierge, qu'il est le fils de Dieu, qu'il fait partie d'une Trinité divine et qu'il a ressuscité après sa mort. Pendant deux mille ans, un vœu central du christianisme a été d'être un objet de désir de la part des Juifs, dont la conversion aurait montré leur acceptation du fait que Jésus remplit leur propre prophétie biblique.

    Pour cette raison, les questions apparentées, telles que l'existence historique de Jésus et les autres sujets concernant sa vie sont de même considérés comme hors de propos dans le judaïsme.

    L'eschatologie juive considère que la venue du Messie sera associée avec une série d'évènements spécifiques qui ne se sont pas encore produits, y compris le retour des Juifs en Terre d'Israël, la reconstruction du Temple, une ère de paix.

    Perception de Jésus dans l’islam

    Le Coran parle de Jésus sous le nom d' `Îsâ, personnage indissociable dans les textes coraniques de sa mère Maryam (Marie). Il est ainsi souvent désigné sous le nom de al-Masïh `Îsâ ibn Maryam présenté avec celle-ci comme modèles à suivre.

    Jésus fait partie des prophètes dits famille de 'Îmran avec sa mère, son cousin Yahyâ (Jean le Baptiste) et le père de celui-ci Zacharie. La foi populaire musulmane accorde une grande importance à Jésus et Marie tandis que Jésus, tourné vers la beauté du monde, apparait par ailleurs souvent avec son cousin Jean, ascète radical, avec lequel il forme une façon de gémellité spirituelle permanente.

    L'insistance marquée sur la filiation à Marie est un clair rejet de la filiation divine de Jésus ; néanmoins, la tradition musulmane souligne le caractère miraculeux de sa naissance virginale sans père connu, Joseph étant considéré comme un cousin de Marie. Selon la tradition musulmane, Jésus est en effet créé par le kun, l'impératif divin, et conçu par un rûh de Dieu, souffle divin intemporel insufflé en Marie, le même souffle qui anime Adam et transmet la révélation à Mahomet.

    Dans le Coran, Jésus apparait comme un prophète, annonciateur de Mahomet, qui prêche le monothéisme pur, accomplit des miracles, opère des guérisons, ressuscite les morts et connait les secrets du cœur. Jésus confirme la Torah, dont il atténue les prescriptions légales, tandis que son Écriture, contenue dans l'Injil, est présentée comme une guidance et une lumière que les chrétiens auraient négligée. Ibn Arabi lui confère le titre de sceau de la sainteté, « le plus grand témoin par le cœur », tandis que Mahomet est le sceau des prophètes, « le plus grand témoin par la langue ». Sa prédication auprès des juifs aurait été un échec et il est suivi des seuls apôtres. Les juifs auraient alors voulu le punir en le crucifiant mais Dieu ne l'a pas permis et lui aurait alors substitué un sosie avant de le rappeler à lui. Néanmoins la fin terrestre de Jésus reste obscure, aucun passage ne signifiant clairement ce qu'il en est advenu.

    La représentation de Jésus dans Coran lui confère également une dimension eschatologique : son retour sur terre, en tant que musulman, est le signe de la fin du monde et du Jugement dernier tandis que beaucoup de hadiths le présentent comme le principal compagnon du Mahdi, Sauveur de la fin des temps.

    En définitive, on trouve dans le Coran quatre négations catégoriques concernant Jésus, par crainte d'associationnisme : il n'est ni Dieu, ni son fils, ni le troisième d'une triade pas plus qu'il n'a été crucifié car cela aurait été indigne d'un prophète de son importance.

    Enfin, une minorité musulmane résidant dans les montagnes du Pakistan, les Ahmadis vouent à Jésus un culte tout comme aux saints de l'Islam autour d'un tombeau qu'elle dit être celui de Jésus. Le lieu de culte est situé à Shrinagar. Ce courant développe une christologie particulière selon laquelle Jésus est un prophète de Dieu qui aurait été déposé de la croix en état de coma et non mort et, une fois soigné, serait venu finir sa vie au Pakistan jusqu'à 80 ans. Cette doctrine est celle de l'évanouissement. Jésus est le Messie et un prophète majeur de l’islam et qui reviendra à la fin des temps.

    Les musulmans ne reconnaissent quant à eux que l'aspect de Messie et pas celui de fils de Dieu. Contrairement aux chrétiens qui considèrent Jésus comme l'incarnation d'une personne divine, l'islam insiste sur son humanité, comme cette religion le fait pour tous les prophètes, Mahomet y compris. Il ne reviendra pas en tant que prophète, mais en tant que guide et juge de la communauté des croyants, musulmans ou non. Selon la croyance musulmane, Jésus reviendra peu avant ou après la venue du Mahdi.

    Perception de Jésus dans l’hindouisme

    Beaucoup d'Hindous, comme le Mahâtmâ Gândhî, considèrent Jésus comme un avatâr de Vishnou (qui est aussi appelé par ses dévots Eka, l’Un ou Naïka, le Multiple : Dieu chez les hindous étant Absolu), et beaucoup d'autres, comme un saint homme.

    La notion d'incarnation de Dieu, puisque Jésus s'affichait comme tel, condamné par les Pharisiens comme un blasphème intolérable et qui menèrent Jésus à être crucifié (mourant comme un païen, la lapidation étant la mort des Juifs), se traduit exactement par le terme d'avatar en sanskrit, de descente.

    Les Hindous considèrent que les chrétiens comprennent Jésus avec le point de vue judaïque (alors que la notion d'incarnation n'existe pas dans le judaïsme : le Messie des Juifs est un prophète, pas un Dieu incarné sur Terre), tandis que les Hindous considèrent qu'ils peuvent comprendre Jésus avec la lecture des Quatre Évangiles seuls ; le message de Jésus est considéré par les Hindous comme un hymne à l'ahimsa.

    Pour cette raison, le christianisme ne perce pas vraiment en Inde, ne pouvant se distinguer de l'islam très présent (Dieu monothéiste et totalement transcendant) et de l'hindouisme où la notion d'incarnation est déjà hautement vénérée. Les Hindous considèrent le plus souvent qu'étant Avatar (incarnation de Dieu), Jésus a été crucifié parce qu'il choquait la conscience religieuse des religions méditerranéennes de l'époque (n'admettant pas qu'on puisse se dire Dieu incarné), et que sa résurrection est la preuve que Dieu peut s'incarner sur Terre pour rétablir l'Ordre Cosmique (Dharma).

    Quelques positions religieuses vis-à-vis de Jésus

    Pour les christianismes anciens :

    Il y eut, dans les premiers siècles après la mort de Jésus de Nazareth, de multiples conceptions et interprétations de son message. De nombreuses discussions ont notamment porté sur l'articulation entre les natures divines et humaines de l'Homme (en général) et de Jésus-Christ (en particulier), un sauveur qui sera considéré progressivement comme l'unique accès à Dieu.

    Si la conscience de cette réalité unique s'affirme relativement rapidement, la formulation ne va pas sans tâtonnements. Les différents rédacteurs du dogme d'une lente orthodoxie qui se construira au fil de différents conciles fondent leurs réflexions sur les textes de l'ancien testament et de certains évangiles, présentés dans une articulation cohérente, dont les différentes parties se complètent.

    Ce sera durant plusieurs siècles l'émergence et l'alternance d'opinions diverses qui se confronteront à travers les différents conciles convoqués par les empereurs romains en vue de formuler avec une précision de plus en plus « chirurgicale » la foi de l'Église.

    Ø  Les gnosticismes chrétiens considèrent qu'il s'agit d'une nature bonne (divine ou créée par Dieu) et d'une mauvaise (terrestre, et/ou créée par un démiurge), non miscibles et en conflit. La réalité de l'existence de Jésus parait secondaire par rapport à la signification qu'on lui prête. Il y existe une réflexion profonde sur la personnalité de celui qu'ils nomment le Sauveur qui reste fondamentalement étranger au monde. On retrouve ainsi ce thème : le Sauveur descend sur terre pour le salut des hommes et à son tour, il assume, pour un temps leur destinée. Non dans le but de donner un sens au monde à la souffrance ici-bas, mais pour délivrer les parcelles lumineuses qui s'y sont dévoyées. Le christianisme majoritaire souligne de son côté que Dieu est l'unique créateur, et que tout ce qu'il a créé est d'une nature bonne ; il n'y a pas de distinction à faire entre une nature divine et une nature charnelle. Parmi ces courants gnostiques, on trouve le Docétisme qui considère que Jésus de Nazareth n'était pas un homme réel, mais un esprit envoyé par Dieu et ayant pris cette forme (impliquant notamment que le sacrifice de la Croix était une illusion). Le christianisme majoritaire affirme que Jésus est « vrai Homme », et que rien de ce qui est humain ne lui a été étranger, ce qui affirme la réalité du sacrifice de Jésus, et souligne que cette même nature divine peut se réaliser dans tout homme.

    Ø  Le marcionisme, issu de la rupture de Marcion en 144 d'avec le presbyterium de Rome, verra des églises fleurir un peu partout en Orient pendant tout le 3ème siècle, prônant une forte exigence morale, l'ascèse et le mépris du corps. Ce sera contre lui que s'élabora la réflexion théologique des Pères de l'Église, le nombre considérable de traités antimarcionniques en témoigne. Pour Marcion, Jésus-Christ est la manifestation visible de Dieu avec un corps qui n'est pas fait de chair et de sang, un corps subtil, à travers lequel Dieu, pure transcendance, se manifeste à l'improviste sur le Jourdain. Marcion s'inscrit ainsi dans une radicalisation de la pensée paulinienne, en rupture totale avec le judaïsme, et ne dit mot de tout ce qui a trait à l'enfance de Jésus, de son baptême ou de ses racines juives.

    Ø  L'arianisme, issu des prêches d'Arius à partir de 312, dont le point central est la nature de la relation entre Jésus et son Père du ciel et des positions respectives des concepts de « Dieu le père et de son fils Jésus ».

    L'arianisme, tentant de résoudre le problème entre éternel et contingent, défend la position que la divinité du Très-Haut est supérieure à celle de son fils fait homme et les ariens adoptent le subordinationisme, selon lequel Jésus-Christ est créé mais n'est pas de la même substance que Dieu, lequel est incréé et intemporel. Les ariens professent donc une absence de consubstantialité : Si le Fils témoigne de Dieu, il n'est pas Dieu, si le Fils a une position divine, elle est de moindre importance que celle de Dieu Lui-même. Le christianisme majoritaire soulignera en réponse, dans le Symbole de Nicée, que « Jésus-Christ [est] de même nature que le Père », c'est à dire qu'en la personne de Jésus, c'est bien un nouvel aspect de la réalité divine qui a été révélé : que « Dieu se fait homme pour que l'homme se fasse dieu ».

    N.B. : La notion de consubstantialité est introduite par les pères du premier concile de Nicée, en 325. Par ce terme, les évêques présents au concile condamnaient les théories d'Arius d'après lequel, le Fils étant une créature, celui-ci ne pouvait être de la même substance que le Père.

    Pour préciser la doctrine, ce concile fit le choix du mot grec homoousios, que traduit le mot français consubstantiel, censé évoquer l'unité et l'identité de substance (s'opposant ainsi aux ariens, qui soutenaient qu'il était différent, anomoios, et à ceux qui soutenaient qu'il était de substance semblable, homoiousios, mais non identique) bien que le mot n'apparût pas dans la Septante. Ce terme fut appliqué par la suite dans l'édification du dogme trinitaire au Saint-Esprit.

    Le problème de la consubstantialité, au cœur des questions christologiques, ne doit pas être confondu avec le problème du filioque qui divise les Églises d'Orient et d'Occident.

    N.B. : Le Symbole de Nicée est une profession de foi commune aux trois grandes confessions chrétiennes, le catholicisme, l'orthodoxie et le protestantisme. C'est une des formes usuelles du Credo.

    Ø  Le nestorianisme, né au 5ème siècle de la controverse entre le patriarche de Constantinople, Nestorius, et celui d'Alexandrie, Cyrille, considère qu'il y a eu une superposition en Jésus de deux personnes distinctes, l'une divine et l'autre humaine. Le christianisme majoritaire souligne qu'il n'y a pas de distinction, que Jésus est à la fois « vrai homme et vrai Dieu », et donc que c'est bien dans le Jésus de Nazareth historique que le christianisme reconnaît le Fils de la Trinité. Le débat au Concile d'Éphèse a porté sur la désignation de Marie, qui n'a pas seulement donné naissance au Jésus historique, mais peut être qualifiée de « Mère de Dieu » ; au titre de cette maternité spirituelle elle est invoquée par les mystiques chrétiens qui veulent que le « Christ soit complètement formé en eux ». Le nestorianisme est représenté aujourd'hui au Moyen-Orient dans les Églises des deux conciles.

    Ø  Le monophysisme, apparu au 5ème siècle dans les écoles théologiques de l'empire byzantin, considère que la nature divine du Christ éclipse de fait sa nature humaine. Contre la reconnaissance de la consubstantialité du Père et du Fils, et de la nature humaine du Christ, les monophysites affirment que le Fils n'a qu'une seule nature et qu'elle est divine, cette dernière ayant absorbé sa nature humaine. Les monophysites s'opposent en cela également au nestorianisme. Le christianisme majoritaire souligne que l'union de ces natures n'a pas supprimé leur différence, et donc que Jésus est véritablement et pleinement un homme. Le monophysisme est encore professé aujourd'hui, dans sa variante miaphysite. Ce sont les Églises préchalcédoniennes (arménienne, syro-jacobite, copte, etc.).

    On peut résumer, de façon schématique, l'évolution dans la formulation des courants dogmatiques dominants de la manière suivante :

    • Étant ce Sauveur qui déifie, le Christ est lui-même Dieu, consubstantiel à Dieu : c'est la définition du Concile de Nicée (325), contre Arius.
    • Il est homme total, consubstantiel à chacun de nous, c'est la définition du Concile de Constantinople (381), contre Apollinaire.
    • Homme et Dieu, il est pourtant être un, et non pas divisé, c'est la définition du Concile d'Éphèse (431), contre Nestorius.
    • Il reste « deux » tout de même, homme et Dieu, sans confusion ou absorption, c'est la définition du Concile de Chalcédoine (451), contre Eutychès.

    Ces divergences doctrinales historiques conservent pour la plupart une certaine actualité. Ainsi, la vision que le spiritisme peut avoir de Jésus peut être rapprochée du docétisme, celle du New Age de l'arianisme, et celle de chrétiens fondamentalistes ou intégristes du monophysisme.

    Les positions chrétiennes actuelles à l’égard de Jésus-Christ

    Pour les christianismes orientaux, la christologie est parfois un peu différente et la situation est assez complexe selon le nombre de conciles que ces Églises reconnaissent :

    • les Églises orthodoxes d'origine byzantine ou Églises des sept conciles ;
    • les Églises des deux conciles, qui insistent, à la suite de Nestorius, sur la différence entre humanité et divinité dans le Christ, jusqu'à évoquer deux personnes, l'une divine, l'autre humaine, coexistant en lui ;
    • les Églises des trois conciles qui sont monophysites ou plutôt miaphysites, qui parle de Verbe incarné plutôt que de nature humaine du Christ.

    N.B. : La christologie est la discipline de la théologie dogmatique qui étudie la personne et les paroles de Jésus-Christ, réfléchit sur la confession de foi chrétienne relative à Jésus-Christ, à partir notamment de la signification et de l'évolution des titres donnés à Jésus tels que Christ, Seigneur, Fils de Dieu, et qui, par conséquent, réfléchit à l'identité et à la nature du Christ, et la signification doctrinale du titre de Christ.

    Toutes ces Églises orientales et l'Église catholique reconnaissent les conciles de Nicée et de Constantinople, et le Credo ou profession de foi trinitaire qui en est issue. Les Églises appartenant au Conseil œcuménique des Églises reconnaissent également la Trinité.

    En revanche, les unitariens n'acceptent pas le dogme de la Trinité. Ils se réclament d'un monothéisme strict, en ce sens qu'ils ne conçoivent pas de trinité.

    On trouve des unitariens dans diverses Églises protestantes ou issues du protestantisme : libéralisme théologique du Protestantisme libéral et Témoins de Jéhovah.

    Pour les courants majoritaires occidentaux, les Évangiles racontent et témoignent de la vie de Jésus, né de Marie par l'opération du Saint-Esprit. L'option entre « raconter » et « témoigner » dépend du degré d'inérrance qu'elles reconnaissent aux textes Bibliques.

    Le sens de l’existence de Jésus-Christ pour un chrétien aujourd’hui

    L'expression « pour les siècles des siècles » signifie l'éternité, non pas dans le sens de quelque chose qui dure indéfiniment au fil du temps, mais dans le sens d'une nature qui échappe au temps, et se place en dehors de toute chronologie. Dieu n'est pas soumis au temps, parce qu'il a tout créé, y compris le temps lui-même. C'est dans ce sens que lorsque Jésus dit « Avant qu'Abraham fût, je suis », son auditoire l'interprète comme une affirmation de sa nature divine.

    La dernière étape de la formule d'oraison affirme la conséquence logique des précédentes : si le chrétien voit dans Jésus de Nazareth le Christ Fils de Dieu, et dans ce dernier le Fils trinitaire, Dieu en essence, alors la personne de Jésus réalise simultanément ces deux natures, et est à la fois « vrai Homme et vrai Dieu ». Vrai homme, dans son historicité, et vrai Dieu dans l'éternité.

    Pour un chrétien, la bonne nouvelle n'est alors plus tellement ce qui s'est passé pour Jésus de Nazareth il y a deux mille ans, mais ce que signifie l'existence de Jésus-Christ, pour lui et aujourd'hui.

    Si Jésus est le premier-né des « vivants », le premier des Fils de Dieu, et le Christ par excellence, c'est son humanité qui a supporté ces différentes natures. En réalisant dans sa nature humaine ces natures divines, il ouvre une voie qui permet à chaque homme de réaliser en lui sa divinité.

    Ainsi, « le Verbe de Dieu s'est fait homme afin de nous faire dieu ». La bonne nouvelle pour un chrétien est qu'en suivant la voie ouverte par Jésus-Christ, il est possible d'atteindre Dieu. « Dieu s'est fait homme afin que, marchant à la suite d'un homme — ce que nous pouvons — nous arrivions jusqu'à Dieu — ce que nous ne pouvions pas. En revêtant l'humanité, le Verbe nous offre un court chemin pour participer à sa divinité ».

    Conclusion

    Où que nous allions dans le monde aujourd'hui, si nous discutons avec les croyants de n'importe quelle religion, et quel que soit leur engagement envers leur religion particulière, s'ils connaissent la vie de Jésus, ils sont obligés d'admettre qu'il n'y a jamais eu un homme comme lui. Il est le personnage le plus unique de tous les temps. Jésus a changé le cours de l'histoire. Même la date figurant sur notre journal témoigne du fait que Jésus de Nazareth a vécu sur la terre il y a un peu plus de 2000 ans.

    Des siècles avant la naissance de Jésus, la Bible cite les paroles des prophètes d'Israël qui parlent de sa venue. L'Ancien Testament, rédigé sur une période de 15 siècles par une quarantaine d'auteurs différents, contient plus de 300 prophéties sur la venue de Jésus. Chaque détail s'est réalisé, y compris sa naissance particulière, sa vie sans péché, ses nombreux miracles, sa mort et sa résurrection.

    La vie de Jésus, ses miracles, les paroles qu'il a prononcées, sa mort sur la croix, sa résurrection, son ascension au ciel tout indique que Jésus n'était pas qu'un simple homme, qu'il était bien plus qu'un homme. Jésus a proclamé : « Moi et le Père nous sommes un » (Jean 10:30), « Celui qui m'a vu a vu le Père » (Jean 14:9), et « Je suis le chemin, la vérité, et la vie. Nul ne vient au Père que par moi » (Jean 14:6).

    En regardant la vie et l'influence de Jésus de Nazareth, le Christ, au fil de l'histoire, nous voyons que son message produit toujours de grands changements dans la vie des hommes et des nations. Là où son enseignement et son influence ont été reconnus, les effets se sont fait sentir : l'importance du mariage, les droits de la femme et son importance dans la société ont été reconnus, des écoles et des établissements d'enseignement supérieurs ont été fondés, des lois pour la protection des enfants ont été adoptées, l'esclavage a été aboli, et une multitude d'autres changements en ont découlé pour le bien de l'humanité.

    Jésus de Nazareth a été crucifié sur une croix, inhumé dans le tombeau d'un autre, et trois jours plus tard il est ressuscité des morts ; le christianisme est unique à cet égard. Tout argument pour la validité du christianisme dépend des preuves de la résurrection de Jésus de Nazareth. Au fil des siècles, la plupart des savants qui ont examiné les preuves de la résurrection ont cru, et croient encore, que Jésus est vivant.

    Je n’ai certes pas la prétention d’avoir été exhaustif dans ce travail tant le sujet est vaste mais à l’issue de ce travail, je retiendrai surtout le message légué par Jésus-Christ, bienveillant et tourné vers les gens, dénonçant l'hypocrisie et toute forme de mensonge : Jésus nous a appris à nous détacher des biens matériels, à renoncer à toute gloire personnelle pour nous consacrer uniquement à l’amour fraternel, à l’amour de tous les hommes. Ainsi soit-il.

    Frère André B.

    Quelques sites consultés sur Internet

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Septante

    http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9sus_de_Nazareth

    http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9sus-Christ

    http://atheisme.free.fr/Themes/Jesus.htm

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Paulinisme

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Christianisme

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Parole_du_Coran

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Consubstantiation

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Transsubstantiation

    http://www.salve-regina.com/Catechisme/Apologetique.html

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_mosa%C3%AFque

    http://www.empereurs-romains.net/empret43a.htm


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter