• * Jésus historique et Jésus des théologiens

    Le Jésus historique

    et

    le Jésus des théologiens

     * Jésus historique et Jésus des théologiens

    Avant-propos

    Cette recherche date de janvier 2015 !

    Je tiens à rassurer nos lecteurs : j’ai toujours la foi mais je garde ma liberté de chercher la vérité historique et je laisse à chacun la liberté de croire mais aussi de chercher !

    Mes choix et prises de position personnelle n’engagent en rien la responsabilité du Grand Prieuré de Belgique !

    Introduction

    Les religions existent pour donner un cadre et permettre d’exprimer la spiritualité du mieux qu’elles le peuvent, mais comme toutes les institutions humaines, elles ont malheureusement leurs limites.

    C’est l’une des raisons pour lesquelles nous devons éviter de penser qu’une religion vaut  mieux que les autres : elle représente un moyen, bien imparfait, d’exprimer sa spiritualité, toile de fond indispensable à toute existence. Mais quand la religion se mêle de politique, on peut se retrouver dans le pire des mondes.

    La figure de Jésus est commune aux trois religions qui vénèrent la descendance du patriarche Abraham, mais la figure de Jésus que les théologiens ont créée par la suite constitue un facteur de division potentiel. Cependant, la spiritualité que chacun est libre de cultiver, résumée dans la métaphore du « royaume des cieux » attribuée à Jésus, ne peut qu’enrichir notre relation avec l’Éternel, une des finalités de ces trois religions.

    Naissance, enfance et formation de Jésus

    Le mystère a toujours entouré l’histoire de Joseph et Marie qui auraient fui Bethléem pour l’Egypte afin d’échapper à Hérode, ainsi que le raconte l’Évangéliste Matthieu. L’Évangéliste Luc explique que l’enfant Jésus est né à Bethléem, sa mère ayant dû se rendre dans cette ville pour le recensement en tant qu’héritière de la maison de David. Mais le seul recensement connu est celui de Quirinius qui eut lieu en l’an 6 de notre ère, après la conquête de la Judée par les Romains.

    On a toujours estimé cette date trop tardive pour correspondre à la naissance de Jésus, puisque, d’après les Évangiles, il aurait eu une trentaine d’années au moment de sa crucifixion. 

    Mais les Juifs n’avaient pas abandonné l’espoir de reconquérir leur indépendance grâce à leurs prouesses militaires ou à l’intervention divine, ou les deux. Près de soixante ans après la destruction du Temple, sous le règne d’Hadrien, ils tentèrent pour la seconde fois de se défaire du joug romain.

    Rares sont les évènements qui ont réussi à filtrer dans les Évangiles. A défaut d’Histoire, le Nouveau Testament nous présente une vision expurgée, censurée, déformée de l’époque. Mais même ceux qui nous ont apporté le Nouveau Testament ont été incapables de supprimer complètement le monde dans lequel leurs personnages évoluaient. La naissance et la jeunesse de Jésus correspondent à la naissance du mouvement zélote.

    Lorsque, âgé d’une trentaine d’années, Jésus commença son enseignement, certains de ses plus fidèles apôtres étaient des membres avérés du mouvement messianique, mouvement au sein duquel Jésus était destiné à jouer un rôle important.

    L’Eglise a toujours adoré la mère du Christ, la prétendue sainte Vierge parce qu’elle n’a jamais connu d’homme. Elle a donné naissance à Jésus grâce au pouvoir illimité de Dieu. Malheureusement, comme tant de caractéristiques attribuées au Jésus de la foi, cette histoire n’a absolument rien à voir avec celle du Jésus historique.

    Dans les écrits les plus anciens de l’Ancien Testament, les Épîtres de Paul, on ne trouve pas de trace de la naissance virginale de Jésus. Paul la réfute de façon tout à fait explicite dans son Épître aux Romains (I, 3) en déclarant que « Jésus est né de la postérité de David, selon la chair ». L’Évangile le plus ancien, celui de Marc, ne mentionne pas non plus ce miracle et fait la part belle au baptême de Jésus par Jean-Baptiste plutôt qu’à sa naissance.

    La notion de naissance virginale fit son apparition lorsque la Bible hébraïque, l’Ancien Testament des chrétiens, fut traduite en grec, au 3ème siècle après Jésus-Christ.

    Lorsque Matthieu mentionne la naissance de Jésus pour la première fois, il rappelle l’annonce faite par le « prophète » Isaïe (VII, 14) avant de parler d’une vierge (parthenos, en grec) qui tombe enceinte et donne naissance à un fils.

    L’histoire de Matthieu (I, 22-23) est clairement métaphorique mais riche en implications. L’Eglise s’en empara pour créer le culte de  la virginité. A partir de là, on a dit de Paul qu’il était célibataire ; les hommes vierges se sont emparés de la foi ; les femmes en ont été exclues. Pourtant, l’apôtre Pierre, fondateur supposé de l’Eglise catholique et désigné rétrospectivement comme le premier pape, était marié et voyageait en compagnie de son épouse.

    Il est impossible de comprendre Jésus, son enseignement ou l’histoire de la Judée au 1er siècle sans comprendre l’expérience juive en Egypte.

    Où vécut Jésus de son adolescence au moment où il réapparut en Galilée pour être baptisé dans les eaux du Jourdain ? Le mystère reste entier. Si Jésus avait vécu en Judée, en Galilée ou en Samarie, les Évangiles en auraient rendu compte. Mais il est vrai que les Évangiles se sont principalement intéressés à la mission de Jésus après son baptême. Ils nous livrent également des détails sur sa naissance, les voyages de sa famille et les débats qui l’opposèrent aux prêtres du Temple à l’âge de douze ans (Luc, II, 41-47).

    Matthieu et Marc s’accordent à dire que Jésus vivait à Nazareth, en Galilée. Selon Luc, qui est plus précis, c’est là que Jésus atteint l’âge adulte. Malheureusement il n’existe aucune preuve que Nazareth existait au temps de Jésus puisque aucune mention de cette ville n’est faite avant le 3ème siècle de notre ère.

    Il était important pour Jésus de se conformer aux prophéties de l’Ancien Testament décrivant l’avènement du Messie.

    Il est fort probable que Jésus et sa famille évoluaient dans un environnement zélote où l’on appelait de tous ses vœux le rétablissement d’un clergé zadokite au sein du Temple de Jérusalem. C’est dans le Temple d’Onias que Jésus commença son éducation. Il s’y familiarisa peut-être avec l’activisme politique des zélotes.

    Jusqu’à ce jour, l’emplacement du temple d’Onias n’a pas encore été localisé de manière formelle par les archéologues. Et si de nombreuses sources à la fois talmudiques et historiques confirment à l’unisson l’existence d’un tel édifice, les détails de cet épisode donnèrent cependant jour à de nombreuses versions. Et comme d’ordinaire, les historiens préférèrent accorder davantage de crédit à des textes se flattant d’être à caractère dit « historique », davantage qu’aux authentiques sources talmudiques, prétendument trop « religieuses » à leur goût…

    On peut considérer le temple comme une succursale de la Galilée à l’étranger (en Egypte !) où les zélotes grecs pouvaient faire leur apprentissage. Pour Jésus, c’était sans doute aussi l’endroit idéal pour apprendre vraiment ce que représentait le statut de Messie d’Israël, car il disposait là de tous les textes et commentaires existant à ce sujet. Tout ceci justifie amplement la « fuite en Egypte » de la Sainte Famille, mentionnée dans l’Évangile de Matthieu, sous couvert de soustraire Jésus à l’infanticide décrété par Hérode. En réalité, il semblerait qu’elle n’ait pas fui du tout mais décidé sciemment de permettre à Jésus de s’épanouir, d’étudier et de prêcher loin des problèmes de la Judée et de la Galilée.

    Cependant, malgré une sensibilisation à la cause zélote, Jésus décida en secret d’emprunter une autre voie, révélée seulement après sa consécration, quand plus personne ne pouvait le défier. C’était une voie plus mystique.

    A quel endroit de l’Egypte juive aurait-on pu la lui inculquer si ce n’est au sein de la communauté des Thérapeutes, très différente des Esséniens.

    Les Thérapeutes formaient une communauté élitiste composée d’Alexandrins cultivés et fortunés, membres de la classe des patriciens, mais qui avaient néanmoins choisi de renoncer à leurs biens pour se consacrer à une existence simple faite de partage et de prière.

    Philon explique que les thérapeutes représentent la version juive d’une tradition mystique largement répandue et dont on trouve des émanations aux quatre coins du monde.

    Philon d’Alexandrie est un philosophe juif hellénisé, contemporain des débuts de l’ère chrétienne. Son œuvre abondante est principalement apologétique, entendant démontrer la parfaite adéquation entre la foi juive et la philosophie hellène. Elle aura peu d’influence sur le judaïsme mais sera une source d’inspiration féconde pour les Pères de l’Église. Eusèbe de Césarée le cite aussi dans son Histoire ecclésiastique lorsqu’il décrit la vie des  Thérapeutes d'Alexandrie.

    Les Therapeutae sont les membres d’une secte juive hellénisée, décrite par le philosophe juif Philon d’Alexandrie dans son « De Vita Contemplativa ». Ce livre en demeure le seul témoignage, aucun écrit de ce courant, apparemment disparu avant le 1er siècle de notre ère, n’ayant subsisté. Eusèbe de Césarée, apologète chrétien du 4ème siècle, en fait des précurseurs du christianisme, voire des chrétiens.

    Les Thérapeutes étaient mystiques et visionnaires. Il est donc normal, explique Philon, que ces personnes habituées dès leur plus jeune âge à exercer leur vision s’efforcent de voir « l’Etre » et s’élèvent au-dessus du soleil des sens.

    Les membres de cette communauté souhaitaient avoir une vision directe de la Réalité ou de « l’Etre » afin de comprendre ce que cache vraiment notre passage sur terre, si bref et chaotique.

    Sur foi de l’Évangile de Marie, de l’Évangile de Thomas ou de l’extrait de  l’Évangile secret de Marc découvert par le professeur Smith, mais aussi sur la foi de ce qu’on lit dans le Nouveau Testament lui-même, nous sommes à présent certains que Jésus enseignait certaines doctrines secrètes concernant l’accès au royaume des cieux, métaphore du concept décrit par les anciens Égyptiens comme l’au-delà, ou par les Grecs comme le royaume des bienheureux ou le néant. Tous ces concepts décrivent le monde divin. Le disciple de Jésus qui comprit le mieux son enseignement est Marie Madeleine, celle qu’il préférait et embrassait souvent, d’après l’Évangile de Philippe.

    Nous comprenons alors mieux pourquoi, lorsque Jésus fut consacré à Béthanie, c’est-à-dire qu’l y fut proclamé Messie, la cérémonie fut conduite par une femme, Marie de Béthanie, sœur de Lazare, jeune homme ressuscité d’entre les morts » (Jean, XI, 2), épisode qui ressemble confusément au compte-rendu d’une initiation aux secrets de l’au-delà.

    Nous devrions accepter les traditions anciennes et reconnaître que Marie de Béthanie et Marie-Madeleine ne sont qu’une seule et même personne : la confidente et sans doute la compagne de Jésus. Nous devrions aussi accepter le fait que, pour Jésus, l’accès au royaume des cieux n’était pas réservé aux hommes.

    Marie comprenait mieux que personne le secret du royaume des cieux. C’est Marie qui devait consacrer Jésus dans son rôle de Messie, c’est évident, puisque l’un des aspects essentiels de ce rituel, c’est qu’il doit être conduit par quelqu’un qui sait ce qu’il fait tout en se montrant capable de reconnaître le Messie, car le sacre n’est que le point final d’un long processus don t les Évangiles n’ont pas gardé trace.

    On comprend mieux aujourd’hui que les hommes fort de Rome aient voulu nous empêcher de prendre connaissance de cette voie sacrée et de ces Évangiles apocryphes.

    Certains chercheurs et exégètes ont toujours vu clair dans le tissu de mensonges sur lesquels se base aujourd’hui la foi catholique. Pourquoi avons-nous donc cru tout cela si longtemps ? La manipulation et l’erreur n’ont été révélées au grand public que récemment. Mais jusqu’ici rien n’a changé. Pour les puissants du Vatican, le mensonge est préférable à la vérité. 

    Le célibat ou le mariage de Jésus ?

    Si l’on analyse de façon objective les fragments témoignant de la vie de Jésus et de son époque qui nous sont parvenus, il semble hautement probable que Jésus ait été marié lui aussi. Dans « L’Énigme sacrée », les auteurs, Michael Baigent , Richard Leigh et Henry Lincoln, ont émis l’hypothèse que Jésus et Marie Madeleine étaient mariés,et que les « noces de Cana », auxquelles le Nouveau Testament nous apprend que Jésus prit une part active, étaient en fait les leurs. A l’époque, les Pharisiens, l’un des principaux courants du judaïsme au 1er siècle, estimaient : « Se marier constitue l’un des devoirs incontournables de l’homme ».

    Si Jésus n’était pas marié, comme l’Eglise catholique voudrait nous le faire croire, pourquoi ses adversaires, dont le Nouveau Testament nous apprend qu’ils étaient nombreux, ne se servirent-ils pas de son statut de célibataire pour décrédibiliser son enseignement et lui-même ? Pourquoi les disciples, qui étaient mariés, ne demandèrent-ils pas à Jésus de justifier le choix de son célibat ?

    Avant de se convertir, Paul était pharisien. Si Jésus n’était pas marié, s’il était célibataire, pourquoi n’en a-t-il pas parlé ?

    Lorsque Paul s’exprimait au sujet du célibat, en disant qu’à sa connaissance Jésus n’avait fait aucune recommandation à ce propos et qu’il ne pouvait donner que son opinion personnelle, il n’aurait pu éviter de mentionner l’exemple inhabituel donné par Jésus dans sa vie personnelle si tel était bien le cas.

    Le professeur Elaine Pagels fait remarquer qu’il est vrai que la plupart des hommes juifs se mariaient, et les rabbins en particulier. Il est tout à fait possible que Jésus ait été marié.

    Ceux qui parvenaient à imposer l’orthodoxie de l’Eglise et avaient contribué à faire proclamer la déification de Jésus souhaitaient également imposer la virginité perpétuelle pour les dirigeants de l’Eglise tout en interdisant les fonctions importantes aux femmes. C’était oublier que Paul lui-même avait fait référence, de façon très positive et admirative, à l’enseignement des femmes dans l’Eglise.

    Pour Michaël Baigent, on a de bonnes raisons d’avancer l’idée que Jésus et Marie-Madeleine étaient mari et femme. Nous manquons de preuves ; nous ne disposons que de preuves indirectes.

    En revanche, lorsqu’il s’agit de relever les différences entre l’attitude de Rome et celle de Jésus à l’égard des femmes, la tâche est un peu plus facile. Comme le rapportent les Évangiles avec force exemples, Jésus entretenait des rapports simples et étroits avec ses disciples du sexe féminin, à tel point que ses disciples masculins se plaignaient parfois.

    Depuis la publication des textes de Nag Hammadi en 1977, la relation privilégiée de Jésus et Marie Madeleine a fait couler beaucoup d’encre, dans les milieux scientifiques comme ailleurs. Il apparaît clairement dans l’Évangile de Philippe qu’ils entretenaient une relation tout à fait privilégiée. Si nous analysons de plus près cet Évangile et les autres, qui datent eux aussi du 2ème siècle de notre ère, nous découvrons que Marie Madeleine avait une connaissance très particulière de l’enseignement de Jésus, une perspicacité, une intelligence que ne possédaient pas forcément les autres disciples. Jésus sous-entendait que Marie Madeleine était capable de « voir la lumière » contrairement aux disciples. Elle comprenait vraiment l’enseignement de Jésus, contrairement aux autres. Ce point apparaît aussi dans l’Évangile de Marie, texte très ancien découvert en Egypte.

    La relation entre Jésus et Marie Madeleine est intimement liée à certains secrets concernant Jésus que l’Eglise peine et s’échine néanmoins à protéger, des secrets que, d’après l’Évangile de Marie, les disciples choisissent délibérément d’ignorer ou refusent d’admettre.

    La consécration de Jésus

    D’après l’Évangéliste Matthieu, une femme consacra simplement Jésus dans la maison qu’elle partageait avec sa sœur et son frère Lazare qui venait d’être « ressuscité d’entre les morts ». L’Évangile de Jean (XII, 3) identifie cette femme comme étant Marie de Béthanie.

    C’est un évènement sans précédent dans l’historie d’une organisation dominée par des hommes : une femme aurait présidé à la cérémonie de consécration, une femme aurait confirmé Jésus dans son rôle, une femme l’aurait proclamé « meschikhâ » (Messie). Cette cérémonie n’a laissé qu’une trace confuse, très fugace, dans les Évangiles canoniques. Cet évènement reste inexpliqué, mais on ne peut pourtant pas l’ignorer. Son importance et sa notoriété étaient telles au sein du mouvement chrétien que l’on ne pu le faire disparaître des textes. Il continua à être transmis par la tradition orale qui devait ensuite constituer les Évangiles que nous connaissons aujourd’hui. Son importance fut minimisée ; il fut déformé ; mi au moins il survécut, même s’il reste inexpliqué et mystérieux.

    Il est curieux que Marie de Béthanie occupe ce rôle, et non celle qui jouissait d’une position importante dans le cercle des disciples, c’est-à-dire Marie Madeleine. A moins , bien entendu, qu’elles aient été qu’une seule et même personne.

    Le Nouveau Testament semble opérer une distinction entre les deux personnages, mais une certaine tradition chrétienne faisait l’amalgame, tradition imposée au cœur de la foi par le pape Grégoire 1er au 6ème siècle. Cependant, les preuves accréditant cette thèse font défaut et elle n’est plus soutenue par le Vatican. Le débat n’est pourtant pas clos.

    Marie Madeleine est liée à la prophétie messianique de l’Ancien Testament annonçant le rétablissement de la royauté en Israël, tout comme l’arrivée de Jésus à Jérusalem fut mise en scène pour corroborer les paroles des prophètes de l’Ancien Testament annonçant l’avènement du Messie. Ceci suggère évidemment que Jésus aurait été consacré par son épouse ! Elle disposait de ce pouvoir et de cette autorité. Cela devrait faire réfléchir les tenants de la primauté apostolique de l’homme dans l’Eglise. De toute évidence, dans le mouvement dirigé par Jésus, l’autrité n’était pas exclusivement réservée aux disciples masculins.

    Quelles sont les implications de cette théorie ?

    Jésus, Messie des enfants d’Israël

    On a dit que cette cérémonie symbolisait une union sacrée mais c’est peu probable : le rituel de l’onction ne faisait pas partie de la tradition des mystères classiques ni des religions de Mésopotamie. Dans la région, outre le judaïsme, la seule religion dans laquelle ce rituel avait cours est celle de l’Egypte ancienne : les prêtres étaient consacrés par l’onction d’une huile sacrée.

    Jésus ne fut consacré qu’après son arrivée à Jérusalem, deux jours plus tard pour être précis. Lors d’une cérémonie dans la maison de Béthanie, Marie, sœur de Lazare, répandit du nard sur son front. Lorsque Jésus entra pour la Pâque à Jérusalem à dos d’âne, il n’avait donc pas encore été consacré et n’était pas encore Messie à proprement parler.

    Seul l’Évangéliste Jean porte un regard différent sur ces évènements. Jésus est consacré six jours avant la Pâque, avant de se rendre à Jérusalem. Dans le récit de Jean, lorsque Jésus fait son entrée à Jérusalem pour être acclamé, c’est en toute légitimité puisqu’il a déjà reçu le sacrement. La version de Jean est plus plausible que celle des trois autres Évangélistes. Il est d’ailleurs le seul à identifier la femme qui prodigue le sacrement !

    Élevé dans le but de remplir le rôle de Messie, Jésus entre effectivement à Jérusalem en Messie. Ses actes confirment toutes les prophéties. Il fait tout ce qu’on attend de lui, jusqu’au moment crucial où, à propos du tribut dû à César, Jésus dit qu’il faut « rendre à César ce qui est à césar et à Dieu ce qui est à Dieu ».

    Ainsi, de manière imprévisible,  le Messie change brusquement de trajectoire, alors que jusque là les Zélotes devaient avoir été très satisfaits puisque tous les évènements allaient tout à fait dans leur sens. Le Messie venait de trahir les Zélotes.

    Furieux, ils allaient à leur tour lui tourner le dos.

    Où que Jésus ait passé la nuit à Béthanie, soit chez Simon le Lépreux (Matthieu, XXVI, 6), soit dans la maison de Marie, Marthe et Lazare (Jean, XI, 1 ; XII, 3), un évènement extraordinaire se produisit ce soir-là : il fut consacré, reconnu et ainsi confirmé dans son rôle de Messie d’Israël.

    L’Évangile de Matthieu (XXVI, 7) rapporte qu’une femme répandit sur la tête de Jésus un parfum de grand prix que renfermait un pot d’albâtre, objet fort coûteux à l’époque. Cet incident suggère que dans l’entourage de Jésus se trouvait un mystérieux bienfaiteur. Marc (XIV, 3)rapporte lui aussi l’incident, en précisant que le parfum en question est le nard, l’un des composants de l’encens utilisé au Temple. Jean (XI, 2) dévoile le nom de la femme en question : il s’agit, selon lui, de Marie de Bathanie, sœur de Lazare.

    Ce geste ressemble à un témoignage de respect ou à un cérémonial réservé aux hôtes de marque. Mais pour les contemporains de Jésus, les implications de ce geste étaient claires : il était consacré roi.

    Matthieu rapporte qu’à la suite de cette consécration, Judas va immédiatement parler aux principaux « sacrificateurs » afin de préparer la trahison de Jésus. Le geste d’une femme appartenant à l’entourage de Jésus alarme apparemment les autorités. Ce que Matthieu essaie de nous dire, avec force précautions, c’est que ce soir-là jésus fut reconnu et consacré dans son rôle de Messie.

    La logique voudrait qu’un groupe de hauts dignitaires ait présidé à une cérémonie d’une telle importance : soit des « officiels », c’est-à-dire des prêtres, des représentants du Sanhédrin, soit des membres appartenant  à « l’alternative zélote », pour autant que les Zélotes adressaient encore la parole à Jésus après l’incident du dernier ! Mais aucun d’eux n’y prit part.

    Qui est le Christ ?

    Pour les chrétiens

    Le Christ n'est autre que Jésus de Nazareth, personnage de l'histoire. Ni prêtre ni meneur d'une révolution politique, ni moine ascétique ni moraliste dévot, il défie tous les camps à la fois.

    Pour les Sadducéens

    Les Sadducéens étaient le clan des riches familles de la classe sacerdotale qui avaient peu à peu imposé un ordre politico-religieux dont le centre était Jérusalem. La racine de leur pouvoir remonte au roi Salomon, qui centralisa le culte à Jérusalem afin d'assurer l'unité du peuple hébreu. Les évangiles ne parlent que très peu des Sadducéens, d'une part parce que cette oligarchie sera détruite en même temps que le temple de Jérusalem, et d'autre part parce que le clan des Sadducéens influence très peu le peuple de par son enseignement; ce qui ne les empêche pas d'exercer un pouvoir concret sur le peuple, puisqu'ils sont la classe dirigeante. Le Sanhédrin, composé de 70 « anciens » et du Grand Prêtre, jouera un rôle capital dans la condamnation de Jésus. On pourrait les assimiler à la bourgeoisie discrète de l'histoire plus récente qui s'est souvent servie de Dieu ou de l'Église pour assurer un certain pouvoir sur le peuple.

    Jésus ne fait pas partie de cette classe. Il n'est pas un prêtre, mais un « laïc ». Probablement célibataire, ce qui est surprenant à cette époque, il guide également un mouvement laïc. Il n'est pas davantage un de ces théologiens qualifiés qui construisent systèmes et théories sur Dieu et sur le sens de l'existence. Il se « limite » à l'annonce de la venue imminente du royaume de Dieu, et cela de façon simple, accessible aux gens du peuple, à l'aide d'images, de récits et de paraboles.

    Pour les Zélotes

    Les Zélotes sont un parti révolutionnaire armé qui luttait contre le pouvoir romain à l'époque de Jésus.

    Les Zélotes appartenaient à un mouvement sociopolitique en Palestine au temps de Jésus. Ce parti voulait tenter de libérer Israël de l’occupation romaine. La cause zélote échoua lamentablement. Elle n’aurait jamais pu parvenir à ses fins vu la supériorité numérique des Romains par rapport aux Juifs.

    Les Zélotes, obsédés par le fait de débarrasser la Judée de l’emprise romaine, avaient organisé un mariage dynastique entre Joseph, héritier de la lignée royale de David, et Marie, descendante de la lignée sacerdotale d’Aaron, afin qu’ils aient un enfant, Jésus, le sauveur d’Israël, pouvant à la fois prétendre au titre de roi et à celui de grand prêtre.

    Peu de temps après la mort de Jésus, les Zélotes seront au cœur du soulèvement populaire qui forcera Rome à envoyer son armée et à détruire le Temple et Jérusalem. Les Évangiles parlent peu des Zélotes, sinon pour mentionner que Simon, dit « le Zélote », faisait partie des douze (Lc 6,15) et pour évoquer la possibilité que Barabbas ait été un Zélote ou encore un brigand à leur solde. En choisissant Barabbas plutôt que Jésus, le peuple rassemblé fera le choix du sang et de la révolution armée. 

    Comme le relate Flavius Josèphe, à cause de leur ambition mal placée, les Zélotes pensaient pouvoir reprendre le contrôle de leur nation mais leurs pertes furent telles que cet espoir s’évanouit pour près de deux mille ans.

    Si certains chrétiens et théologiens, notamment ceux de la théologie de la libération, en sont venus à relier Jésus avec la révolution politique et sociale, ce lien n'est certainement pas fondé sur l'adhésion de Jésus de Nazareth au mouvement zélote. Jésus n'est pas révolutionnaire armé ou encore un réformateur politique et social. Au contraire, il s'est « limité » à prêcher la non-violence et l'amour des ennemis.

    Pourquoi Jésus était-il si important aux yeux des Zélotes ?

    En tant que grand prêtre et roi – Messie des enfants d’Israël – il aurait incombé à Jésus de mener les Zélotes à la victoire. Il lui aurait incombé de lutter contre l’occupation romaine et de s’en tenir fermement aux principes de pureté rituelle si importants aux yeux des zélotes.

    En tant que chef de cette faction, il avait un rôle religieux et politique à jouer.

    Il y avait une façon incontestable d’y parvenir : Zacharie, prophète de l’Ancien Testament, avait annoncé que le roi entrerait à Jérusalem à dos d’âne (Zacharie, IX, 9-10). Jésus éprouva la nécessité d’accomplir cette prophétie, en particulier pour obtenir l’approbation publique.

    Dans le Nouveau Testament, Matthieu (XXI, 5) cite la prophétie de Zacharie. Et c’est effectivement à dos d’âne que Jésus fait son entrée à Jérusalem.Ce détail n’échappe pas à la foule qui l’accueille aux cris de « Hosanna au Fils de David ». Jésus choisit délibérément sa voie. Il est reconnu comme l’héritier de la maison de David par la foule de Jérusalem.

    Le professeur Hugh Schonfield a analysé cette volonté délibérée d’incarner la prophétie de l’Ancien testament et ses conséquences dans son ouvrage intitulé « Le mystère Jésus : nouvelle approche historique du Messie » (1965).

    Si les enseignements du professeur Schonfiled sont inlassablement transmis, de génération en génération, jusqu’à ce que, enfin, les preuves soient suffisamment solides et nombreuses, nous n’aurons d’autre choix que de porter un regard totalement différent sur notre histoire.

    Nombreux sont les facteurs qui auraient dû assurer à Jésus la postérité en tant que chef de la nation juive : révolte zélote, parents descendants respectivement de David et d’Aaron, membres de l’entourage direct appartenant au mouvement zélote, arrivée délibérée à Jérusalem en tant que roi. Mais ce ne fut pas le cas.

    Pour les Esséniens

    A l'époque de Jésus, la Palestine connaissait un mouvement monachique bien organisé dont Qumrâm est un vestige. Les Esséniens enseignaient la nécessité du retrait du monde, afin de constituer une élite pure aux yeux de Dieu. Ils sont totalement absents des évangiles, d'une part parce que leur mouvement était loin d'avoir l'impact de ceux des Pharisiens ou des Sadducéens sur le peuple et d'autre part parce qu'ils se mettent eux-même en position d'hors-jeu par rapport à l'Évangile de Jésus. 

    En effet, Jésus ne s'est d'aucune façon retiré du monde. Il n'a pas vécu à l'écart de la société et n'invite pas à le faire. Il n'a fondé aucun ordre monastique du type de Qumrâm. Au contraire, il vit dans le peuple, à la manière du peuple, entrant chez qui l'invite, même si cela doit choquer. Il fréquente les malades et les impurs. Ils se « limite » à enseigner et à vivre parmi les pauvres, à partager la vie dans le monde tel qu'il est.

    Pour les Pharisiens

    Le clan des Pharisiens est bien connu dans les évangiles qui montrent Jésus s'opposant radicalement à leur enseignement. Le mouvement des Pharisiens est né suite à la déportation du peuple en Babylonie lors de l'Exil. Privé de son Temple, de sa classe sacerdotale, de son pays et de son roi, Israël traverse une période de crise identitaire. Le recours à un ensemble de pratiques et de lois strictement observées lui permettra de sauver l'essentiel de sa foi en Dieu et de son identité nationale.

    Les Pharisiens ne sont donc pas « mauvais » en eux-mêmes; ils apparaissent même, sous bien des égards, comme les « sauveurs » d'Israël et du judaïsme. C'est à la lente dérive de leur mouvement que Jésus s'oppose. Ainsi, pour les Pharisiens, la nécessité de sauvegarder la foi a cédé peu à peu le pas au moralisme dévot qui emprisonne la foi dans un système complexe d'ordonnances et de prescriptions morales et rituelles où le simple citoyen se perd rapidement... causant ainsi sa perte aux yeux de Pharisiens. 

    Mais face aux Pharisiens, Jésus n'est pas le « nouveau législateur » que certains ont cru reconnaître. Il ne crée pas une nouvelle loi qui remplace l'ancienne. Il n'a pas organisé un nouveau culte ou de nouvelles techniques de dévotion. Il ne s'intéresse pas à la casuistique et aux problèmes d'interprétation de la Loi de Moïse. Il se « limite » à annoncer une nouvelle liberté à l'égard de la Loi, liberté qui est fondée sur l'amour sans limitation.

    Un Jésus « différent » et « sans limites »

    En somme, Jésus fait éclater tous les schémas religieux de son époque et aussi de la nôtre. Il n'est pas le partisan de l'ordre établi ni de la révolution; il n'est ni de la droite, ni de la gauche. Il n'est pas davantage en faveur de la fuite ou du compromis ; il n'est donc pas non plus « du centre » ou « hors-jeu ». Il est tout simplement « différent », radicalement différent. 

    Jésus pose ainsi un défi à tous et chacun : il est plus proche de Dieu que les prêtres, plus libre à l'égard du monde que les ascètes, plus moral que les moralistes, plus révolutionnaires que les révolutionnaires. Là où les uns et les autres doivent affronter les limites de leurs options, Jésus se révèle sans limites aucunes. Parce qu'il refuse de se laisser annexer par les mouvements religieux de son époque, ce qui apparaissait comme des « limites » dans son enseignement et son action devient absence de limites, liberté véritable.

    Ainsi, les moines pourront parler de l'ascèse que Jésus leur inspire, les révolutionnaires de la théologie de la libération pourront s'inspirer de Jésus, les législateurs, les théologiens, les moralistes, les sociologues, les philosophes et les politiciens de tous horizons pourront puiser à son enseignement à condition de ne pas perdre de vue la « différence » de Jésus... sous peine de perdre de vue l'essentiel de sa personne... 

    Mais alors qu'a-t-il voulu ce Jésus de Nazareth? 

    Jésus n'a pas prêché ni une théorie théologique, ni une loi nouvelle, ni même sa propre personne; il a annoncé le royaume de Dieu. Il annonce que la cause de Dieu, c'est-à-dire sa volonté, va triompher et qu'elle s'identifie à la cause de l'être humain, c'est-à-dire au bien de celui-ci. 

    La personne de Jésus s'efface devant la cause que Jésus défend. Cette cause est la cause de Dieu dans le monde: le royaume imminent de Dieu.

    Jésus et le « Royaume des cieux »

    Pas de message complexe et de théorie imposante provenant de Jésus; juste des images et des paraboles qui annoncent que la cause de Dieu va triompher, que l'avenir appartient à Dieu. Et cela pas de n'importe quelle façon.

    Jésus n'annonce pas seulement la permanente souveraineté de Dieu sur le monde depuis longtemps reconnue par Israël. Il se démarque des prêtres de Jérusalem (Sadducéens), qui réclament pour eux une certaine autorité reposant sur cette souveraineté de Dieu, en annonçant que ce Royaume est à venir et en ne réclamant pour lui aucune autorité.

    Jésus n'annonce pas une théocratie ou une révolution armée au nom de Dieu. Non. Il se démarque des Zélotes en annonçant le règne immédiat et illimité de Dieu sur le monde, un règne que l'on ne peut qu'attendre, sans recourir à la violence.

    Jésus n'annonce pas un jugement de vengeance au profit d'une élite de parfaits. Il se démarque ainsi des Esséniens en annonçant le joyeux message de la bonté infinie et de la grâce inconditionnelle de Dieu en faveur de tous, et en particulier des plus pauvres et des gens égarés.

    Jésus n'annonce pas un royaume édifié par l'être humain à l'aide d'une morale supérieure ou d'une stricte observance de la Loi. Non. Il se démarque des Pharisiens en annonçant et en vivant une liberté qui vise l'accomplissement de l'être humain, résultat de l'action libre et créatrice de Dieu. 

    L'annonce de Jésus est une Bonne Nouvelle. Cette bonne nouvelle est celle de la venue immédiate du Royaume de Dieu, d'une libération, non-violente, opérée en faveur de tous, et qui fonde l'autonomie de la personne humaine en face de Dieu. Cette bonne nouvelle concerne tout aussi bien l'avenir que le présent.

    Elle concerne l'avenir, bien évidemment, puisque le présent est trop sombre et trop ambivalent pour qu'on puisse l'identifier au Royaume de Dieu. L'existence du mal, l'inhumanité, l'imperfection de ce monde qui est le nôtre doivent nous ouvrir à l'avenir absolu de Dieu. Jésus a inauguré le Royaume ; ce qui a commencé avec lui doit aussi s'accomplir en lui. Le chrétien et la chrétienne sont donc en attente.

    Mais cette attente d'un « à-venir » ne signifie pas une stagnation, une résignation, une consolation ou une projection qui trouverait sa source ou son aboutissement dans ce royaume. L'annonce du Royaume à venir est, dans la bouche de Jésus, un appel à la transformation, à la conversion pour le présent dans la perspective de la fin.

    Le chrétien et la chrétienne ne sacrifient donc pas le présent pour cet avenir. Ils ne se consolent pas de leurs souffrances par l'attente de cet avenir, ils n'y projettent pas leurs angoisses et leurs désirs inassouvis et ils n'en attendent pas passivement toutes les réponses aux mystères de l'existence. Au contraire, ils s'engagent dans l'interprétation et dans la transformation de ce monde et de la société qui est la leur, aujourd'hui et maintenant, en fonction justement de cet avenir.

    L'interprétation? 

    Pour les chrétiens et les chrétiennes ce monde apparemment sans but prend un sens absolu, définitif et plénier. Ce sens est tourné vers l'avenir et non seulement sur la recherche des coupables et l'explication des causes. Le monde est d'abord à lire, à faire et à transformer en fonction de ce futur, de cet avenir où est attendu le Royaume de Dieu. 

    La transformation?

    Ce royaume de Dieu qui est attendu est donc la source de l'espérance chrétienne. La transformation du monde qui en découle n'est pas celle de l'atteinte de la perfection, de la disparition du mal, des souffrances, du péché et de la mort, mais bien celle d'une espérance qui refuse l'aliénation du mal, de la souffrance, du péché et de la mort comme une fin définitive pour l'être humain. 

    Cette espérance n'est pas sans fondement. Elle repose sur la volonté de Dieu, révélée en Jésus-Christ.

    La volonté de Dieu?

    Dans la perspective du Royaume qui vient, Jésus assigne une norme suprême à l'agir humain : la volonté de Dieu. Mais quelle est donc cette volonté ?

    La volonté de Dieu ne s'identifie pas purement et simplement à une loi déterminée, à un dogme ou à une règle. À la lumière de tout ce que Jésus dit et fait, il est manifeste que la volonté de Dieu n'est pas autre chose que le bien intégral de l'être humain. Il n'est pas seulement question du salut de l'âme, mais bien du salut de l'être humain tout entier, dans le présent comme dans l'avenir.

    Aucune définition ou système de lois ne peuvent déterminer exactement et dans toutes les circonstances quel est ce « bien intégral de l'être humain » qui semble correspondre à la volonté de Dieu selon Jésus de Nazareth. Nous n'avons que des exemples bien concrets, extrêmement parlant, qui foisonnent dans les évangiles. À les examiner attentivement, on pourrait tirer une règle générale temporaire : « Dans des situations sans cesse nouvelles, il s'agit du bien très réel de toute personne qui a besoin de moi et qui est, chaque fois, mon prochain ».

    Non, la volonté de Dieu n'est pas le mal, la souffrance et la mort, comme porteurs d'un bien futur. Non, la volonté de Dieu n'est pas la soumission de son peuple à son autorité et à celle des prêtres. Non, la volonté de Dieu n'est pas la révolution religieuse armée ou politique. Non, la volonté de Dieu n'est pas l'ascèse personnelle qui tend à l'exclusion du monde. Non, la volonté de Dieu ne se limite pas à l'observance d'une loi ou d'un code moral. Toutes et chacunes de ces voies se révèlent stériles ou fausses si, au centre de celles-ci, on ne retrouve pas, dès maintenant et pour l'avenir, le bien concret et immédiat de l'être humain. 

    La primauté de l'amour

    Parce qu'il annonce que la volonté de Dieu est le bien intégral de la personne. Jésus préconise l'amour comme loi fondamentale. L'amour de Dieu et du prochain inspire à la foi la piété et la raison. Cette norme se vérifie en ce qu'elle n'exclut personne, pas même l'ennemi, et que cet amour est prêt à aller jusqu'au service, sans souci de position hiérarchique, jusqu'au renoncement sans contrepartie, jusqu'au pardon sans limites. 

    La crucifixion

    Dans le Nouveau Testament filtrent certains griefs à l’encontre des Romains et l’on aperçoit vaguement la violence qui imprégnait l’époque ; elle apparaît d’ailleurs plus clairement à la fin de l’histoire lorsque Jésus est crucifié.

    Mais sous leur plume, le contexte politique de cette crucifixion a été expurgé, de façon tout à fait délibérée. C’est la preuve que, par la suite, les censeurs ont fait un effort concerté pour dissocier Jésus, sa naissance, sa vie, sa mort, quelle que soit la façon dont il mourut au final, de leur toile de fond historique. Ce faisant, ces censeurs ont commis un acte bien plus pernicieux : ils ont sorti Jésus de son contexte juif ! Et aujourd’hui, un grand nombre de chrétiens ignorent complètement que Jésus n’a jamais été chrétien, mais qu’il est né et a été juif toute sa vie !

    Une génération après la crucifixion de Jésus – ou, du moins, de son enlèvement des lieux de l’exécution – les Juifs avaient perdu Jérusalem et leur Temple. La foi s’était recentrée sur l’école rabbinique de Jabneh.

    Pour un puriste, n’est Juif que celui dont le père et la mère sont juifs. La tradition rabbinique, née au 2ème siècle de notre ère, est moins exigeante : seule compte l’origine de la mère pour déterminer l’appartenance ou la non-appartenance au peuple juif… Les rabbins de l’école de Jabneh étaient gens méfiants, voire sexistes, estimant que le véritable père d’un enfant n’est pas toujours celui qui est désigné par l’état-civil. 

    Au même moment, on assistait aux prémices de la manipulation de l’histoire de Jésus qui finit par créer une tradition centrée non sur la figure de Dieu mais sur celle de Jésus.

    Les origines juives de Jésus se fondirent dans un contexte païen de plus en plus influent introduit par les membres de la communauté grecque et romaine convertis au christianisme. Au fil des siècles suivants, cette influence païenne instaura une distance de plus en plus grande entre le christianisme et sa vision de Jésus d’une part et le judaïsme de l’autre.

    Le message chrétien avait nettement changé de public : il ne s’adressait plus aux Juifs mais plutôt aux païens, ceux qui croyaient aux dieux Mithra, Dionysos, isis ou Déméter.

    Le champ était libre pour une réinterprétation de l’histoire et pour jeter les bases du triomphe du « Jésus de la foi » créé de toutes pièces aux dépens de la véritable figure historique de Jésus, cet homme qui parlait de Dieu, qui faisait passer un message divin mais qui ne prétendait pas être Dieu.

    D’un point de vue pratique, comment s’arranger pour truquer la crucifixion ?

    Comment Jésus aurait-il pu survivre ?

    La survie était-elle-même envisageable ?

    La crucifixion s’apparentait davantage à de la torture qu’à une méthode d’exécution. Il aurait été difficile de survivre à une crucifixion, mais pas impossible.

    L’expression « Ils ne l’ont pas crucifié », qui pourrait correspondre à « Il n’est pas mort sur la croix » m’amène à me demander si Jésus aurait pu survivre à la crucifixion. Une première hypothèse serait que Simon de Cyrène aurait pris la place de Jésus sur le chemin du Golgotha et serait mort sur la croix à sa place. Mais dans le cas où Jésus n’aurait pu échapper à la crucifixion, qu’est-ce qui aurait pu se passer ?

    Dans « Le mystère Jésus : nouvelle approche historique du Messie », le professeur Hugh Schonfield suggère que Jésus aurait été drogué, anesthésié sur la Croix afin de passer pour mort et de pouvoir être ranimé une fois descendu de la Croix.

    En 2004, dans « Did Jesus die ? », documentaire de la B.B.C. consacré à la crucifixion, le professeur Elaine Pagels pense qu’il est possible que Jésus se soit vu administrer un sédatif avant d’être rapidement descendu de la croix et a donc pu survivre.

    Les Évangiles semblent accréditer cette thèse en relatant le fait que Jésus se soit plaint d’avoir soif alors qu’il était déjà sur la Croix. On lui aurait tendu une éponge trempée dans du vinaigre puis serait mort peu après. Mais cette réaction suggère que l’éponge n’était pas imprégnée de vinaigre qui aurait dû le ranimer, mais plutôt d’un liquide qui lui aurait fait perdre connaissance, une drogue par exemple. Ce type de drogue était disponible au Moyen Orient à cette époque : mélange d’opium, de bellade ou de haschich qui constituait un anesthésique efficace.

    L’Évangile de Jean rapporte que Jésus reçut un coup de lance au côté et que du sang jaillit de la plaie. Ce coup ne présentait dès lors aucun danger mortel, et le fait que du sang coule de la plaie semble indiquer que Jésus était toujours vivant. Il ne restait alors qu’à le descendre de la Croix, apparemment sans vie, mais en réalité inconscient,et à le transporter dans une sépulture privée où l’on pourrait le ranimer à l’aide de potions diverses avant de le faire rapidement disparaître des lieux. C’est exactement la façon dont les Évangiles nous présentent les faits :Luc (XXIII, 53) et marc (XV, 46) rapportent que Jésus fut placé dans un tombeau neuf non loin du lieu d’exécution. Matthieu (XXVII, 6) ajoute que le tombeau appartenait à Joseph d’Arimathie, homme riche et influent.

    Jésus a bien survécu à la crucifixion

    La treizième station du chemin de Croix ornant les murs de l’église de Rennes-le-Château représente la descente de la Croix, à n’en pas douter sur fond de soleil couchant.

    La quatorzième station suggère que c’est un Jésus vivant qui fut tiré de son tombeau par une nuit de pleine lune.

    L’écrivain français Jean-Luc Robin avance l’hypothèse selon laquelle ce serait l'abbé de Saunière qui aurait peint ces images lui-même, ce qui suppose qu’il avait connaissance d’un grand secret qu’il ne pouvait évoquer ouvertement : Jésus avait survécu à la crucifixion.

    Après la crucifixion de Jésus, qui se serait déroulée au moment de la Pâque en l’an 36 de notre ère, selon les estimations du professeur Hugh Schonfield, et les évènements décrits dans les Évangiles canoniques, Jésus aurait pu gagner clandestinement le port de Césarée et y embarquer pour l’Egypte. La logique voudrait qu’il ait été accompagné de son épouse Marie Madeleine. Mais elle disparaît de la circulation quelques jours après la crucifixion. Les Actes des Apôtres n’en font aucune mention.

    La lignée de David

    Dès le Moyen Age, pour désigner le Saint-Graal on a utilisé des jeux de mots : Sangraal, Sangreal, San Graal, San Greal… En jouant un peu avec l’orthographe on a pu découvrir que l’expression « Sang Real » signifiait « sang royal », celui de la lignée de David qui constituait, à cette époque, la lignée la plus sacrée de toutes. C’est un fait historique : la lignée de David était connue dans le sud de la France au Moyen Age.

    Au 12ème siècle, le voyageur juif Benjamin de Tudèle a révélé qu’à la tête de la noblesse dirigeante de Narbonne se trouvait un descendant de la maison de David, comme l’atteste son arbre généalogique.

    En analysant la généalogie des princes du sud de la France, on s’aperçoit qu’ils avaient les mêmes ancêtres que l’un des chefs de la première croisade et futur roi de Jérusalem : Godefroy de Bouillon.

    En se laissant offrir le trône de Jérusalem, Godefroy de Bouillon récupérait ainsi l’héritage qui lui revenait de droit en tant que descendant de David.

    Les auteurs de l’ouvrage « L’Énigme sacrée » avancent l’idée que c’est Jésus, lui-même, et le fruit de son mariage avec Marie Madeleine qui sont les origines de cette lignée.

    Dans le livre « L’énigme Jésus », l’objectif de son auteur, Michaël Baigent, est de découvrir comment on a pu s’y prendre pour que Jésus, ou celui qui se faisait passer pour lui, puisse survivre à la crucifixion.

    « Qui était le Messie ? » se demande Michaël Baigent.

    Cherchant à s’éclairer sur le contexte historique, les « Manuscrits de la mer Morte » lui ont permis de comprendre le rôle de Jésus et les machinations politiques qui servirent de toile de fond à sa naissance, à son mariage et à son implication dans le désir de victoire des zélotes.

    D’après les Évangiles, Jésus était issu de la lignée de David par son père, et de celle du grand prêtre Aaron par sa mère (Matthieu, I, 1, 16 ; Luc, I, 5, 36 ; II, 4).

    En tant qu’héritier de ces deux lignées, Jésus était extrêmement important pour la cause zélote. Il était Messie à double titre : héritier de la lignée royale et sacerdotale, un « Messie d’Aaron et d’Israël », personnage dont es « Manuscrits de la mer Morte » font une mention précise. Beaucoup l’ont vu ainsi. Preuve en est l’inscription que l’on suppose avoir été posée sur la croix sur ordre de Pilate : « Voici Jésus, roi des Juifs » (Matthieu, XXVII, 37).

    I.N.R.I. est l'acronyme, dit titulus crucis, de l'expression latine Iesvs Nazarenvs, Rex Ivdæorvm c’est-à-dire « Jésus le Nazaréen, roi des Juifs ». Cet écriteau ne représentait dès lors que le simple acte d'accusation ou motif de condamnation de Jésus, exécuté en tant que criminel politique, d'où sa présence sur la croix.

    Un curieux phénomène vit le jour au cours du 2ème siècle avant Jésus-Christ : on commença à désigner le véritable souverain d’Israël par le terme « Messie ». ce mot faisait plus spécifiquement référence au souverain issu de la lignée de David. Tous partageaient l’espoir de voir l’avènement d’un descendant de cette lignée et cet espoir trouvait son expression dans les Livres des Prophètes de l’Ancien Testament. L’emploi par les chrétiens du mot « khristos » ou « Christ » - aujourd’hui Messie – dérive d’un contexte judaïque et d’un usage déjà courant du temps de Jésus.

    Peut-on être certain que Jésus a bien existé ? Disposons-nous de preuves de son existence hors du Nouveau Testament ? Si ce n’est pas le cas, si le Nouveau testament a été rédigé bien après son temps, comment être sûr que le concept du Christ n’est pas simplement la version moderne d’un mythe plus ancien, la réécriture du mythe d’Adonis, d’Osiris ou de Mithra peut-être, tous trois enfantés par une vierge et ressuscités, concepts familiers pour les chrétiens ?

    Le nom « Jésus » dérive de l’araméen  Yeshua qui signifie à la fois Joshua et « le libérateur », « le sauveur ». Il pourrait donc s’agir d’un simple titre. Mais « Christ » signifie aussi « oint du Seigneur ». Nous avons donc deux titres : « le libérateur » et « oint du Seigneur ». Quel était donc le vrai nom de Jésus dans ce cas ? Nul ne le sait. Un certain « ben David », sans doute, mais il n’est pas possible d’être plus précis !

    Lucien et Celse, auteurs païens du 2ème siècle, parlent de Jésus comme d’un sorcier et d’un « fauteur de troubles », crimes passibles de la peine de mort d’près la loi romaine.

    Suétone, dans ses chroniques, rapporte que, sous le règne de Claude, les Juifs s’étaient soulevés à l’instigation de « Chrestus ».

    L’existence de Jésus-Christus – le Messie – fait peu de doute puisque des auteurs romains en parlent de manière plutôt terre à terre (Tertullien, Tacite et Pline le Jeune). En outre, ils s’accordent à dire que, d’après les rapports officiels, ce messie fut jugé et exécuté pour activisme politique.

    Mais que savaient ces auteurs au juste ? Même s’ils font référence à un certain « Christus » ou « Chrestos », le Messie, nous ne connaissons toujours pas son nom.

    Ce qui est certain, c’est que, pendant le règne de Tibère, Ponce Pilate a exécuté un messie juif, activiste politique s’opposant à Rome et donc passible de la crucifixion. Ce messie a donné naissance à un mouvement que l’on appelait « christianisme » à la fin du siècle en tout cas.

    A l’aube du 2ème siècle, deux puissants courants du christianisme s’opposaient : d’un côté, les chrétiens qui cherchaient à savoir et, de l’autre, ceux qui se contentaient de croire !

    Les groupes mystiques chrétiens souhaitant faire l’expérience de Dieu par eux-mêmes se sont appelés « gnostiques ».

    Cette approche mystique fondée sur une profonde expérience personnelle avait cours depuis longtemps dans les religions païennes.

    Au cours du 2ème siècle, cette approche a vu le nombre de ses adeptes augmenter rapidement au sein de l’Eglise chrétienne.

    Le concile de Nicée créa de toutes pièces la figure fantastique de Jésus de la foi et feignit de croire qu’il s’agissait d’une représentation historique fidèle. Le concile décida également des critères grâce auxquels les livres du Nouveau Testament devaient être choisis par la suite. Il donna au monde chrétien un code de valeurs communes. Tout ce qui s’éloignait de ces valeurs était taxé d’hérésie, devait être rejeté et si possible éradiqué ! Nous pâtissons encore aujourd’hui de cet état de fait !

    Le Vatican a longtemps eu l’habitude de s’accaparer et de détruire les écrits qui allaient à l’encontre des mensonges qu’il répandait en les faisant passer pour des vérités historiques. Personne ne peut dire avec certitude le nombre d’œuvres détruites au fil des années ni combien d’autres ont peut-être échappé à sa traque impitoyable et obstinée des hérésies.

    Rien dans les déclarations du cardinal Ratzinger (le Pape Benoît XVI) ne nous laisse espérer que le Vatican modifie sa position : il continuera à penser qu’il représente l’unique voie menant  à la vérité, voie tracée dans le sang à cause d’une soif de pouvoir et de contrôle, voie centrée sur une figure mythique de Jésus-Christ n’ayant pratiquement rien en commun avec le personnage historique de Jésus, crucifié par Ponce Pilate à cause de ses positions politiques.

    La Congrégation pour la doctrine de la foi campe très intelligemment sur les positions qui ont été celles de l’Inquisition, son  ancêtre. Elle consolide les frontières de la foi en limitant l’accès à la vérité, ce qui en fit le centre névralgique du Vatican.

    La raison d’être de cette institution, c’est d’empêcher que la pire, la plus secrète crainte du Vatican ne se confirme : voir émerger des preuves qui feraient la part entre le Jésus historique et le Jésus de la foi et révèleraient que l’Eglise doit son existence même à un mensonge. Le Vatican craint de voir apparaître des preuves montrant que Jésus n’était pas Dieu, contrairement aux déclarations du concile de Nicée, pas Dieu, mais bel et bien un homme.

    Après la crucifixion de Jésus

    Dans quelle partie de l’Egypte Jésus aurait-il pu se rendre ?

    Le refuge le plus sûr pour Jésus et Marie Madeleine se trouvait dans le temple d’Onias. Jésus continua peut-être à y dispenser tranquillement ses enseignements. Peut-être réintégra-t-il le cercle où il avait étudié dans sa jeunesse ? C’est peut-être la raison pour laquelle les communautés initiatiques chrétiennes,qui ne partageaient pas les croyances de Paul apparurent en Egypte au 2ème siècle. Nombre d’entre elles s’étaient alliées au mouvement gnostique.

    Où Jésus aurait-il bien pu se rendre après la guerre de Judée lorsque le temple d’Onias ferma ses portes ? Sa famille et lui devaient avoir quitté la région depuis longtemps. A ce stade, il était évident qu’il valait mieux  se réfugier dans un endroit sûr, à bonne distance de l’Egypte et de la Judée. Quelque part aussi où la communauté juive était à l’abri de l’antipathie des Grecs.

    C’est à Narbonne, l’un des plus importants ports commerciaux romains situé à l’embouchure de l’Aude, que vivait la plus ancienne communauté juive de la région. Contrairement à Marseille, Lyon et la vallée du Rhône, la région de Narbonne mit très longtemps à se convertir au christianisme, preuve de l’absence ou de l’inefficacité des missionnaires chrétiens adeptes de la doctrine paulinienne.

    C’est aussi à Narbonne que furent découverts les plus anciens documents attestant l’existence et de le dynamisme de la communauté juive en France.  C’est à Narbonne et Marseille que circula par la suite la légende selon laquelle Marie Madeleine serait arrivée du Moyen-Orient par voie maritime.

    Les Cathares, communauté gnostique du sud de la France, ont dû être en possession d’un document, une espèce d’arbre généalogique conservé jalousement par les membres des familles revendiquant l’héritage de la lignée de David et dont on sait qu’elles étaient établies à Narbonne jusqu’à la fin du Moyen Age.Le célèbre voyageur et écrivain juif Benjamin de Tulède, qui visita Narbonne en 1166, rapporte que la communauté juive de la ville était dirigée par « un descendant de la maison de David, comme l’atteste son arbre généalogique ».

    Ce genre de document, constituant une espèce de « preuve » concernant Jésus, était dangereux pour le Vatican. Tout comme le sont aussi deux papyrus rédigés en araméen, datant d’environ l’an 34 de notre ère, deux lettres adressées au Sanhédrin, le tribunal juif, lettres dont l’auteur se faisait appeler le « bani meschikhâ », « Messie des enfants d’Israël ». Accusé de se faire appeler « Fils de Dieu », le messie y expliquait qu’il ne voulait pas dire qu’il était « Dieu » mais que « l’Esprit de Dieu » l’habitait, qu’il n’était pas physiquement le fils de Dieu mais,du point de vue spirituel, un fils adoptif de Dieu. Il ajoutait que celui qui, comme lui, se sentait habité par « l’Esprit » était lui aussi un « Fils de Dieu ».

    En d’autres termes, celui que nous appelons Jésus, le Messie affirme sans ambiguïté qu’il n’est pas de nature divine. Pas étonnant que le Vatican n’ait pas envie que cette information soit rendue publique. Ces lettres de Jésus ne sont pas encore passées de l’ombre à la lumière. Elles demeurent scandaleusement inaccessibles !

    Il est probable que certains textes extrêmement anciens, en rapport avec la vie et l’époque de Jésus seront un jour découverts dans un manuscrit mal inventorié au sein d’une des gigantesques collections d’archives du Vatican ou dans les énormes bibliothèques d’Istambul, du Caire, de Londres, de Paris, de Berlin ou d’ailleurs. On découvre régulièrement dans ces collections des documents inconnus ou que l’on croyait perdus depuis longtemps. Restent encore à découvrir des fragments ou des textes complets dans les bibliothèques du monde islamique. Nombre de ces textes s’inspirent de documents plus anciens, en syriaque (variante de l’araméen parlé par Jésus), peut-être rédigés par des communautés chrétiennes nestoriennes dont les monastères servirent si souvent de refuge à des groupes judéo-chrétiens survivants et à leurs manuscrits à partir du 5ème siècle.

    Une bible vieille de 1500 à 2000 ans

    Au grand dam du Vatican, une bible vieille de 1500 à 2000 ans a été trouvée en Turquie, dans le Musée d’Ethnographie d’Ankara. Découverte et tenue secret en l’an 2000, ce livre contient l’Évangile de Barnabé, un disciple du Christ, qui démontre que Jésus n’a pas été crucifié, et il n’était pas le fils de Dieu, mais un prophète. Le livre appelle également l’apôtre Paul « L’Imposteur ». Le livre affirme également que Jésus est monté vivant au ciel, et que Judas Iscariote a été crucifié à sa place.

    Selon les rapports, les experts et les autorités religieuses de Tehram insistent sur le fait que le livre est original. Le livre lui-même est écrit avec des lettres d’or, sur cuir faiblement liées en araméen, la langue de Jésus-Christ. Le texte maintient une vision similaire à l’islam, ce qui contredit les enseignements du Nouveau Testament du christianisme. Jésus prévoit également la venue du Prophète Mahomet, qui a fondé l’islam 700 ans plus tard.

    On croit que, pendant le Concile de Nicée, l’Église catholique a choisi de conserver les Évangiles qui forment la Bible que nous connaissons aujourd’hui, omettant volontairement l’Évangile de Barnabé parmi beaucoup d’autres, en faveur des quatre Évangiles canoniques de Matthieu, Marc, Luc et Jean. Beaucoup de textes bibliques ont commencé à faire surface au fil du temps, y compris les Manuscrits dit  « de la Mer Morte » et les évangiles gnostiques ; mais ce livre en particulier, semble inquiéter le Vatican.

    Qu’est-ce que cela signifie pour les religions dérivées du christianisme et leurs partisans ? Le Vatican a demandé aux autorités turques de faire examiner le contenu du livre au sein de l’Eglise. Maintenant que le livre a été trouvé, viendront-ils à accepter les preuves qu’il apporte ? Vont-ils nier tout cela ?

    Pour beaucoup, ce livre est une lueur d’espoir, que les croyants se rendent vite compte que l’objet de leur adoration est arbitraire et que tout le texte, en particulier des textes religieux, est sujette à l’interprétation.

    Qu’est-ce que cela signifie pour les athées, les agnostiques et les penseurs laïques? Le texte est-il réel ? Faux ? Est-ce important ? Espérons que ces nouvelles inspirent le religieux à poser des questions, au lieu de pointer du doigt ou de croire quoi que ce soit à l’aveuglette.

    Le plus grand danger de la foi, c’est quand les gens croient ce qu’ils veulent croire, et se défendent contre toutes preuves ; surtout quand cette preuve révolutionne leur fondation à partir de sa base. Et le plus grand coupable de ce danger est le piège de l’ego : rejeter, critiquer les autres. Pendant des siècles, la « défense » de la foi aveugle a conduit les nations à la guerre, à la violence, à la discrimination, à l’esclavage et de devenir la société d’automates que nous sommes aujourd’hui. Et depuis tout aussi longtemps, elle a été justifié par des mensonges.

    Judas et la signification du « Royaume des cieux »

    L'Évangile de Judas est un texte apocryphe (c’est-à-dire non reconnu par les Églises) du 2ème siècle. C’est un document du mouvement gnostique à l'intérieur du Christianisme primitif, qui fut découvert, en mauvais état et en partie démembré, dans sa version en langue copte (3ème siècle) en 1978. Le texte, tel qu’il fut publié en 2006, et complété par quelques lignes retrouvées en 2008, consiste essentiellement en une brève présentation par Jésus, à Judas, d’une variante du gnosticisme séthien.

    La phrase clef (et pour le moment isolée) adressée à Judas Tu sacrifieras l’homme qui me sert d’enveloppe charnelle permet de l’identifier sans grand risque à « l’Évangile de Judas » dont parle Irénée de Lyon, qui condamne précisément cette « justification » de Judas. Le débat s’ouvre ensuite, dans l’ambiance tendue entre spécialistes de la Gnose, sur l’interprétation à donner quant aux intentions de l’auteur du texte.

    Très logiquement, s’agissant d’un texte gnostique, les premiers éditeurs y ont vu une défense de Judas contre les autres apôtres et de la Gnose contre les courants chrétiens dominants. Le texte présenterait une interprétation originale de la trahison de Jésus par Judas, un de ses apôtres : Tu les surpasseras tous, car tu sacrifieras l’homme qui me sert d’enveloppe charnelle. En dénonçant Jésus, il aurait été le seul de ses disciples à avoir vraiment compris le message qu’il voulait véhiculer. Disciple bien aimé de Jésus, il aurait eu la plus difficile des missions à accomplir : le livrer aux Romains. En agissant ainsi, il aurait donc suivi une demande de ce dernier, qui lui permit de faire le sacrifice ultime pour la rédemption du monde. Cette « justification » de Judas, dénoncée dès son origine par Irénée de Lyon, serait donc bien d'origine gnostique.

    Sachant que les pensées de Judas étaient élevées, Jésus lui aurait dit : « Éloigne-toi des autres et je t’apprendrai les mystères du Royaume. Il t’est possible de l’atteindre ». Nous trouvons ici l’idée qu’il est possible de se rendre dans le monde divin, c’est-à-dire l’au-delà – par le biais d’une expérience personnelle.

    Vu la gravité avec laquelle la publication de l’Évangile de Judas a été accueillie, on ne peut s’empêcher de penser qu’une pression ambiante de plus ne plus importante pousse chacun d’entre nous à réévaluer les disparités entre Jésus historique et Jésus des théologiens.

    Pour conclure, du moins provisoirement

    Dans ce parchemin, j’ai cherché à en savoir davantage sur le contexte historique très spécifique à l’époque où Jésus a vécu : l’Egypte et la Judée du 1er siècle de notre ère moderne, période sur laquelle les historiens ne possèdent que peu d’informations fiables.

    Par mes recherches, j’ai tenté de montrer que le Jésus historique ne peut pas être celui que l’Eglise catholique romaine nous présente via le Nouveau testament et les Évangiles canoniques en particulier.

    J’ai ainsi découvert :

    ·         que Jésus rejetait l’activisme politique de ses partisans zélotes. C’est une information cruciale que personne n’avait révélée jusque-là ;

    ·   que rien ne prouve que Jésus soit bien mort sur la Croix et que les preuves qui subsistent suggèrent même le contraire.

    Et si Jésus n’est pas mort sur la Croix, que doit-on penser de la Résurrection ? De sa nature divine ? De son appartenance à la sainte Trinité ? Dès que le mensonge cesse, ces arguments ne tiennent plus !

    Ces arguments datent d’une époque bien postérieure et sont le résultat de l’embellissement d’évènements historiques délibérément déformés pour étayer une thèse religieuse stricte, thèse qui soutient encore à ce jour un  certain nombre de notions tout à fait étranges et excentriques. La plus étrange de toutes affirme que l’entourage de Jésus était exclusivement masculin ; c’est pourquoi les femmes ne peuvent pas devenir prêtre, évêque ou pape. Le concept d’une succession apostolique apanage des hommes s’effondre, tout comme celui de succession lui-même, imposé par le Vatican.

    J’ai également découvert qu’il n’existe aucune preuve suggérant que Jésus ait eu le désir d’être vénéré comme un Dieu. Au contraire, ses préceptes indiquent qu’à ses yeux, chacun devait avoir la possibilité de se rendre dans l’au-delà pour découvrir le divin par lui-même ou se rendre dans le royaume des cieux pour être illuminé par « l’esprit divin ».

    Où Jésus a-t-il appris tout cela ? Non pas en Galilée, mais plus vraisemblablement en Egypte où la communauté juive semble avoir fait preuve d’un plus grand pluralisme que celle de Palestine et avoir nourri une approche plus mystique de la religion.

    Rien ne suggère que Jésus ait eu l’intention d’établir une nouvelle religion et encore moins d’encourager des fidèles à consigner ses paroles par écrit et d’en faire un répertoire officiel de ses préceptes.C’était sans doute tout le contraire ! Il lui aurait sans doute été égal que les gens l’oublient, lui, car ce qui importait à ses yeux, c’était qu’ils n’oublient pas le chemin vers le royaume des cieux, notion qui n’est pas exclusive au christianisme et au judaïsme.

    L’histoire est malléable : nous disposons de faits, d’informations, mais il n’y en a jamais suffisamment pour pouvoir affirmer en toute sincérité que l’on sait exactement ce qu’il s’est passé. L’Histoire est un mythe créé pour trouver un sens aux quelques évènements dont nous sommes sûrs. Le passé est une hypothèse posée pour expliquer et justifier le présent. Les mythes existent pour transmettre du sens, pas la vérité historique.

    Mais dans notre ère du tout scientifique, ne voulons-nous pas être certains que les mythes qui nous guident sont au moins fondés sur une approximation de la vérité ?

    Nombreux sont les chemins menant au sommet de la montagne. Quelqu’un a-t-il le droit d’affirmer qu’il est préférable d’en emprunter un plutôt qu’un autre ? Affirmer qu’il n’existe qu’un seul et unique chemin, n’est-ce pas se méprendre sur le terme « spiritualité » et succomber aux dangers du sectarisme dont nous sommes témoins tous les jours ?

    En ce qui concerne le christianisme, c’est grâce au message d’amour, de pardon et de miséricorde transmis par Jésus que nous pourrions résoudre les différends d’ordre théologique et rétablir l’harmonie entre les fidèles. Mais il s’agit là sans doute d’un projet ambitieux, voire insensé, étant donné la violence et l’hostilité que suscite ce genre d’initiative.

    Frère André B.

    Bibliographie

    Michael Baigent , Richard LeighHenry Lincoln 

    L’énigme sacrée

    Editions Pygmalion, 2004

     

    Michael Baigent

    Traduction de Françoise Smith

    L’énigme Jésus

    Collection J’ai lu, 2008

     

    Sitographie

    L'Évangile de Judas

    http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89vangile_de_Judas

    Une veille bible

    Source article : lefigaro.fr

    http://www.camerpost.com/bombe-au-vatican-une-bible-de-1500-ans-confirme-que-jesus-christ-na-pas-ete-crucifie-29052014/

    Qui est le Christ ?

    http://www.abeditions.be/_partafoi/03etrech/06et0007.htm

    L’école rabbinique de Jabneh

    http://www.francephi.com/cgi-bin/ava_mail/mail.cgi?flavor=archive;list=fphi;id=20120922002811

    Ce que Jésus de Nazareth a voulu

    http://www.abeditions.be/_partafoi/03etrech/07et0008.htm

     

     


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