• * L'action hospitalière chevaleresque

    L’action hospitalière chevaleresque

    De nos jours, la souffrance morale, et en particulier celle qui résulte de la détresse affective ou morale, de l’isolement, de la perte d’emploi, l’exclusion et la précarisation, s’ajoutent aux souffrances physiques qui ont toujours marqué la chair de l’homme dans l’histoire.

    L’homme n’est plus seulement confronté au malheur, à la douleur, à la mort, mais sombre réellement dans l’inhumain parce que l’espoir, la vertu d’espérance, paraît avoir disparu, elle-même éteinte dans l’absence d’amour. Amour au sens évangélique, que l’on traduit traditionnellement par charité.

    La charité est un terme qui paraît de plus en plus incompris de nos jours, non seulement parce qu’on l’oublie mais surtout parce que certains courants de pensée refusent de reconnaître son sens plénier qui révèle et affirme l’amour total, vrai et gratuit en Dieu. La traduction active, éclairée et soutenue par la foi de cette charité évangélique qui, ainsi, fait briller l’espérance au cœur des hommes, se définit comme l’un des axes majeurs de l’orientation chevaleresque.

    Le don gratuit de sa personne aux déshérités – les exclus d’aujourd’hui – constitue proprement le service noble du chevalier et tout singulièrement du chevalier d’un Ordre hospitalier tel que l’O.S.M.T.H.

    Il ne s’agit pas là d’une action humanitaire au sens étroit du terme, si réelle et efficace soit-elle, mais bien de la traduction de l’amour, donc de la charité, porté envers chaque homme souffrant.

    A l’image et à la suite du Christ, le chevalier hospitalier s’attache à soulager la souffrance de ses frères. Tout le sens des miracles de guérison du Seigneur évoqués dans les Evangiles ont cette signification profonde et renvoient à la guérison de l’âme par l »amour de Dieu, par l’amour entre les hommes en Dieu.

    Dans son principe et à travers ses actes, la voie hospitalière s’affirme alors comme une authentique voie de caractère chevaleresque qui exige disponibilité et dépassement de soi, humilité, courage, force, fidélité. Elle trouve sa racine dans l’imitation de Jésus-Christ, médecin des âmes et des corps, y compris le corps social.

    Voilà pourquoi l’action des ordres chevaleresques hospitaliers présente une nature évangélique qui l’enracine au cœur même de la Parole de Dieu.

    L’appel du Seigneur (« Suis-moi »), inlassablement répété dans les Évangiles, devrait être entendu par chacun d’entre nous comme absolument irrévocable et premier, dans tous les sens du terme. Cet appel est ancré dans un maître mot de la religion chrétienne : l’Incarnation. Le Christ nous appelle en effet à incarner dans notre quotidien les vertus théologales et cardinales, dont la vertu de charité paraît être la vertu « culminante », se présentant comme un sacrement de la présence de Dieu, le mystère chrétien par excellence.

    C’est en elle que l’on découvre la réalité intime du témoignage de tout chrétien qui aspire à vivre et à partager les fruits de grâce de son baptême, mais plus encore de celui qui, ayant été reçu dans un Ordre de chevalerie hospitalier, ne peut qu’avoir ce désir et ressentir ce devoir.

    La vertu de charité, ainsi que les œuvres qu’elle inspire, apparaissent indissolublement unies dans le cœur du chrétien et du chevalier et au souvenir de Dieu, c’est-à-dire la certitude de foi en sa réelle Présence sanctifiante par l’Esprit Saint.

    Oser accepter la tâche délicate mais urgente du soin de son frère, n’est-ce pas là pour le chevalier avoir le courage de répondre à sa vocation ? Oui, car chacun d’entre nous est bien le gardien de son frère.

    Prière et silence contemplatif, veille et garde nourrissent par excellence la charité vécue et effusée dans le nom du Seigneur, charité sans laquelle il n’y aurait aucune vie chrétienne authentique.

    Dans son action combattante comme dans ses œuvres hospitalières, le chevalier a toujours pour nature et caractère d’être un témoin du Christ venu pour servir ; un témoin actif et volontaire, un témoin concerné. Ainsi, le chevalier situe et enracine toute son action dans la lumière de l’Évangile car c’est elle qui la génère, la nourrit, la parachève et la justifie au plein sens théologal.

    L’amour en Jésus-Christ, ainsi que la charité qui en est l’œuvre vive, sont les modes d’être du chevalier lié de serment et d’âme à un Ordre militaire et hospitalier.

    Le cœur du chevalier se donne totalement, généreusement, conjuguant largesse et noblesse. C’est la raison pour laquelle sa parole est sacrée, sa foi jurée pure et irréversible ; la raison aussi pour laquelle son service du prochain est fidèle et vrai.

    C’est en cet enracinement spirituel qu’il convient de comprendre l’investiture chevaleresque et son engagement hospitalier donc charitable.

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