• * La Commanderie de Vaillampont

     Histoire de la Commanderie de Vaillampont 

    Introduction

    La Commanderie de Vaillampont est une ancienne commanderie templière fondée au 12ème siècle dévolue par la suite en commanderie hospitalière. Elle était située à Thines sur l'actuelle commune belge de Nivelles en Province du Brabant-Wallon.

    Préliminaires

    Selon Hervé Baptiste, architecte en chef des Monuments historiques, une commanderie templière est « un ensemble de bâtiments tenant à la fois du monastère et de la ferme de rapport, et destinés à se procurer des fonds pour soutenir leur action en Terre sainte. Contrairement aux commanderies au contact avec les « infidèles » au Moyen-Orient, en Espagne ou au Portugal, il n'y a donc rien ici de militaire. »

    Selon Alain Demurger, il ne s'agit pas d'un lieu unique, mais plutôt d'un ensemble s'apparentant à une circonscription avec une maison mère correspondant à la description donnée par Hervé Baptiste. Il y avait donc des maisons et autres domaines dépendants de la maison chef-lieu et qui n'étaient pas des commanderies au sens propre. L'appellation « maison du Temple » que l'on retrouve souvent dans les ouvrages sur le sujet ne suffit donc pas pour désigner une commanderie et il y avait de surcroit des commanderies subordonnées. Cependant, il y avait toujours une chapelle à l'intérieur de l'enceinte.

    L'ensemble des bâtiments du chef-lieu de la commanderie comprenait :

    • une chapelle (destinée aux Templiers et ouverte à eux seuls) ;
    • un logis comprenant cuisine, réfectoire et dortoir ;
    • une salle du chapitre (ou salle capitulaire) ;
    • des communs : ateliers, granges, charreteries, écuries, étables, colombiers, porcheries…

    Dans certaines commanderies, d'autres bâtiments spécialisés pouvaient être adjoints comme une hôtellerie pour accueillir les pèlerins de passage, un hôpital pour soigner les Templiers blessés au combat ou une prison pénitentielle.

    La commanderie était généralement entourée d'un mur de clôture qui garantissait la tranquillité des moines, protégeait le jardin, le verger et le cimetière.

    Attenant à la chapelle, le cimetière était destiné aux frères, membres de la commanderie, mais certains donateurs laïcs de l'ordre y étaient parfois inhumés. Les sépultures templières étaient très simples, à l'image d'une vie d'humilité, sans aucune marque en surface. Les commandeurs étaient autorisés à se faire enterrer à l'intérieur de la chapelle ; dans ce cas, leurs pierres tombales étaient installées sur le sol.

    Certaines commanderies ou chapelles templières ont contribué à la fondation de villages et de nouvelles paroisses. 

    La commanderie était généralement construite en pleine campagne à proximité d'un axe de circulation, une voie romaine par exemple, et non loin d'un bourg. Elle possédait au moins un étang afin de fournir le poisson consommé par les frères lors des repas de jeûne. Un pré servait de terrain d'entraînement militaire plus ou moins aménagé.

    La commanderie se devait d'assurer l'entretien de la communauté des moines, le règlement des salaires de ses ouvriers permanents ou saisonniers, et de dégager des excédents, prélevés chaque année par un administrateur de l'ordre. Les commanderies constituaient aussi une source de financement pour l'entretien d'une armée templière en Terre sainte. C'est pourquoi dans chaque région, les Templiers étaient tenus de développer l'activité la plus rentable possible.

    Entrons à présent dans le vif du sujet !

    Histoire de la Commanderie de Vaillampont

    La date de fondation de la Commanderie de Vaillampont n'est pas connue mais une charte de Nivelles datée de 1174 mentionne la donation d'un domaine situé près la porte de Namur (à l'Est de Nivelles) aux Templiers.

    Ce domaine prend alors le nom de « Temple » et les échevins du « Temple » se qualifient d’ « échevins dou Temple dou Tremeit en la Noeve rue à Nivelles ».

    A cette époque, la commanderie n'avait pas le pouvoir de haute justice sur ses terres, droit qui appartenait aux ducs de Brabant jusqu'en 1561. La seigneurie de Thines, possession de la commanderie, devint haute-justicière au 17ème siècle.

    En 1209, la commanderie s'agrandit à la suite de la cession de son fief de Thines par le chevalier Franco d'Arquennes en faveur des Templiers. Les Templiers achetèrent ensuite des terres faisant partie du fief de Rognon à Nivelles.

    En 1213, la commanderie bénéficia de la générosité du châtelain de Bruxelles, de Godefroid et Othon III de Trazegnies qui possédaient des intérêts considérables à Thines.

    En 1284, le Frère Georges, unique commandeur templier connu de Vaillampont, arbitra un litige qui opposait l'abbaye de Ninove au chanoine de Meerbeke. Puis en 1286, ce même commandeur se retrouva en conflit pour un prétendu commerce de vin avec l'abbesse de Nivelles et le chapitre de cette ville, nécessitant l'intervention du Bailli de Brabant. Il était encore commandeur de cette maison en 1293.

    En 1290, la commanderie acquit 112 bonniers de terres sises dans le bois de Nivelles.

    Au début du 14ème siècle la commanderie passa dans les mains de l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem à la suite de la dissolution de l'ordre du Temple en 1312. Les biens fonciers de l'ancien domaine templier cumulaient alors 490 bonniers de terres et 25 de prés qui faisaient partie de la commanderie et de sa ferme de Vieux-court ainsi que 3 étangs, 4 « bovelettes » et 2 moulins plus un certain nombre de dépendances à Nivelles. Il y avait également une ferme à Géraucourt (Buzet) avec 99 bonniers de terres cultivées, 3,5 de prés et 2 de bois.

    N. d. l. r. : bonnier : mesure agraire qui, dans la Flandre française, valait 1 hectare 40 ares.

    A partir de ce moment-là, l'ancienne commanderie templière dépendit de la commanderie de Chantraine (Jodoigne). Elle était alors formée d'un château et de 3 censes sur une étendue de +/- 540 hectares.

    N. d. l. r. : cense : redevance payée pour des terres, moulins, fours, etc.

    En 1331, le Frère Jean de Villers est commandeur de Vaillampont. Une empreinte de son sceau est conservée aux archives générales du Royaume.

    En 1373-74, l'enquête sur les possessions des hospitaliers demandée par le pape Grégoire XI mentionne que Vaillampont (Valiompont) possédait 220 bonniers de terres cultivées et 14 bonniers de prés, le tout baillé à un laïc (séculier).

    En 1773, la commanderie de Chantraine, dont les revenus paraissaient excessifs, fut divisée en trois parties : Vaillampont, Chantraine et Tirlemont. Vaillampont sera alors érigée en commanderie de l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. La même année, la commanderie possédait encore à Thines le bois de Sartiau (51 bonniers) et le bois de la Bruyère (65 bonniers).

    Le Frère Pons François de Rosset de Roccossel de Fleury décède à 46 ans le 16 octobre 1774. Il était chevalier de Malte au Grand Prieuré de Saint-Gilles en 1731, garde-marine, enseigne et lieutenant des vaisseaux du roi, général des Galères de l'Ordre en 1751, grand-croix de l'ordre de Saint Jean de Jérusalem en 1753, commandeur des commanderies de Vaillampont, Chantraine et Tirlemont, ambassadeur extraordinaire de la religion près du roi des deux Siciles en 1755.

    La commanderie fut confisquée, aliénée et revendue par l'État lors de la Révolution française. Son dernier commandeur était Charles-François de Preud'homme d’Hailly, vicomte de Nieuport, membre de l'Académie des sciences et belles lettres de Bruxelles.

    Description

    « Cette commanderie forme un ensemble de constructions qui occupe un coteau à l'est de la Thines et qui se divise en trois parties : au sud, le château ; au nord, la Basse-Cour, qui se compose de vieux bâtiments très vastes ; et entre les deux, un pavillon, avec l'ancienne chapelle ».

    La dotation de la commanderie dont le produit s'élevait à 13 490 florins se composait comme suit à la révolution française :

    • Biens sis à Nivelles, Genappe, Chastre, Thines ;
    • Château de la commanderie ;
    • Ferme de la Basse-Cour : 465 bonniers de terre et 40 bonniers de prairie ;
    • Ferme de la Brassine : 80 bonniers de terre et 11 bonniers de prairie ;
    • Ferme de Vieux-Cour : 493 bonniers de terre et 28 bonniers de prairie ;
    • Un bois de 416 bonniers ;
    • 4 bonniers d'étangs ;
    • Une brasserie ;
    • Une forge ;
    • Droits de haute et moyenne justice ;
    • Nomination du maire, échevins & greffier ;
    • Droits de chasse, pêche, de congé, cens et rentes.

    À l'époque des Templiers, il y avait également deux moulins à Vaillampont dont un à eau équipé de trois meules (le neufmolin de Valionpont, cité en 1271).

     * Histoire de la Commanderie de Vaillampont

    La résurgence templière de Genappe

     * Histoire de la Commanderie de Vaillampont

    A la fin du 20ème siècle, une résurgence templière a vu le jour et a repris le nom de « Commanderie de Vaillampont » pour se consacrer à des activités essentiellement spirituelles mais orientées vers la philosophie, l’ésotérisme, le symbolisme, l’histoire, les mythes…

    Sous la présidence du Frère Commandeur Jacques A., la commanderie a pris une nouvelle appellation : elle est devenue temporairement la « Commanderie Geoffroy de Saint-Omer », en mémoire d’un des neuf fondateurs de l’Ordre du Temple.

    Mais après le décès du Frère Jacques A., les plus anciens membres, regroupés autour du nouveau Frère Commandeur mandaté par le Grand Prieuré de Belgique, ont vivement souhaité reprendre l’ancien nom de la commanderie dans un souci d'authenticité et de respect de l'histoire locale.

    De 2011 à 2016, la Commanderie (mixte) de Vaillampont avait été administrativement rattachée au Grand Prieuré Traditionnel et Régulier de Belgique. Cette commanderie, dont les effectifs sont très réduits, a décidé de reprendre son indépendance. Elle n'est donc plus reconnue par le Grand Prieuré Traditionnel et Régulier de Belgique. Elle ne bénéficie donc plus de la protection du Patriarche de Jérusalem.

    Frère André B. - Grand Chancelier Prieural

    Sitographie

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Commanderie_de_Vaillampont

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Commanderie_templi%C3%A8re

    Bibliographie

    Alain Demurger - Les Templiers, une chevalerie chrétienne au Moyen Âge Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », 2008 (1ère éd. 2005), 664 p., poche.

    B. Lefevre- Une visite priorale de la Commanderie des Chevaliers de Malte à Vaillampont en 1682, in Annales de la Société Archéologique et Folklorique de Nivelles et du Brabant Wallon A. S. B. L., tome XII, 1951, pp. 13-83.

    Philippe Farcy - 100 Châteaux de Belgique, connus et méconnus - volume 2, Éditions Aparté, 2003.

    Laurent Dailliez - Les templiers : En Flandre, Hainaut, Brabant, Liège et Luxembourg: avec édition et facsimilé des « Chartes du Temple en Flandre » Nice, Alpes – Méditerranée, 1978, 428 p. 

    Le patrimoine monumental de la Belgique, Wallonie - tome 2, Brabant - arrondissement de Nivelles, Mardaga, 1974, pp. 514-515.

    Le Folklore brabançon -  no 136, décembre 1957.

    Association Chirel BW, « Les Templiers et les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, dits de Malte, en Brabant wallon. Actes du colloque de 1986 », Cahiers du comité d'histoire religieuse du Brabant wallon, Villers-la-Ville, no 7,‎ 1988.

    Eugène MannierOrdre de Malte : Les commanderies du grand-prieuré de France d'après les documents inédits conservés aux Archives nationales à Paris - Aubry & Dumoulin, 1872, 808 pp. 757-761.


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