• * La courtoisie

    La courtoisie

    Généralement, la courtoisie est regardée comme l’expression d’une civilité de bon aloi souvent héritée d’un milieu où les valeurs traditionnelles sont encore respectées et enseignées. Mais ce terme signifie bien davantage de ce que le langage moderne se contente de lui faire signifier.

    La courtoisie n’est pas que la simple expression d’un savoir-vivre raffiné. La courtoisie demeure parfaitement étrangère à tout comportement « maniéré » où l’artifice le dispute à l’hypocrisie, voire au ridicule. La courtoisie véritable se manifeste à la fois de façon rituelle et spontanée dont les fruits s’appellent élégance et authenticité. C’est parce qu’elle traduit ainsi une vérité d’être que la courtoisie est une vertu et plus encore, une vertu chevaleresque.

    La courtoisie s’affirme en vivant témoignage d’une éducation qui, elle-même, loin de se réduire à une sorte d’instruction plus ou moins bien transmise, comprise et acceptée, apparaît en réalité comme le signe, le sceau de l’édification intérieure d’un être, de son maintien physique et moral et de son amplitude spirituelle.

    La courtoisie est à la fois l’ossature et la circulation vitale et dynamique de ces vérités spirituelles qui se projettent ainsi dans les rapports entre les hommes.

    La courtoisie forme le symbole de la délicatesse d’amitié, d’Amour au sens chrétien, qu’une âme élevée, affinée dans son dialogue avec Dieu, éprouve et témoigne aux êtres qu’elle rencontre sur son chemin.

    Cette rencontre regarde l’autre comme l’image de Dieu qu’il est. Le regard du saint, lumineux, porteur de Lumière divine, éclaire celui sur lequel il se pose et agit comme un miroir qui redonne à cet être de se revoir tel que le Seigneur l’a créé et le veut, c’est-à-dire à Son image et à Sa ressemblance.

    Accueillir l’inconnu en découvrant l’Ami, le Seigneur caché sous ses traits, tel est le miroir tendu aux yeux des hommes par toutes les âmes spirituellement accomplies : l’origine et la vertu de la courtoisie.

    Les Ordres chevaleresques ont toujours privilégié la courtoisie pour ce motif spirituel. Leurs Règles en imposaient le respect explicitement. La Règle du Temple, notamment, exigeait que les chevaliers s’appellent entre eux « beau frère » et qu’ils s’adressent avec douceur et civilité à leurs sergents et valets d’armes.

    De nos jours, nous nous appelons tous « mon Frère, ma Sœur ».

    La courtoisie est le symbole de l’Amour en Jésus-Christ de toute créature et plus particulièrement de l’homme créé à la ressemblance de Dieu. Mais il ne faut pas se méprendre sur ce terme. La courtoisie demeure, en soi, le témoignage vivant de principes spirituels et pour nous, chrétiens, de la Foi en la Sainte Trinité, qui situe l’homme en sa vraie nature et à la lumière de ses véritables obligations : sa noblesse originelle. Son caractère théologique alors évident permet d’affirmer qu’elle signe ainsi visiblement la vérité invisible et intérieure de la Foi. C’est bien en ce sens et sous cet aspect qu’elle est symbole ; symbole qui, en tant que tel, incarne et emporte vraiment la présence de ce qu’il signifie.

    Il ne s’agit pas d’assimiler la courtoisie à un sacrement au sens théologique précis du terme. Il est néanmoins évident que la courtoisie se présente comme le signe de l’Amour qui, lui, est le cœur même de Dieu et la source de toutes grâces.

    Elle incarne la considération de l’autre comme le prochain, c’est-à-dire un Frère en Jésus-Christ. Elle induit donc le postulat d’accueil et de respect, de délicatesse et d’attention, d’égards qu’on lui doit, que l’on se doit entre fils du même Père céleste, entre soi que l’unique Rédempteur a appelé Ses amis.

    Par cette reconnaissance spirituelle et invariable du prochain qui la fonde et parce qu’elle s’enracine dans la vertu théologale de Charité, la courtoisie mérite qu’on souligne sa nature intrinsèque de qualité chrétienne et plus particulièrement de qualité chevaleresque.

    Il faut certes du courage et de la force d’âme pour demeurer courtois en toutes circonstances !

    La courtoisie ouvre ainsi l’être à autrui, sur autrui dans un regard qui converge vers le haut pour réunir et lier cet échange de regards humains en Dieu, Père de chacun d’entre nous. Ce regard vers l’autre en Dieu donne aux êtres leur pleine réalité. Il en révèle et en souligne la dignité essentielle comme il révèle et souligne le rapport fraternel de chacun avec tous.

    L’une des forces et des raisons de la courtoisie est de rappeler aux êtres créés à la ressemblance et à l’image de Dieu, les devoirs que leur dignité ontologique engendre ; de les leur placer devant les yeux ou en plein cœur afin qu’ils se souviennent de leur Père des Cieux qui est Un pour tous et pour chacun en particulier et qui commande que nous nous aimions les uns les autres, comme Lui nous aime et nous le révèle à travers l’Incarnation et la Passion de Son Fils, Notre Seigneur et Rédempteur.

    Un des rôles du chevalier en ce monde est d’y maintenir la Paix et la Vérité. Par son attitude courtoise, il en assume donc le premier combat.

    La courtoisie, expression physique, mentale et spirituelle du chevalier dans sa relation au monde, aux êtres et à lui-même, diffuse ce parfum délicat et discret que certains appellent le charme et d’autres l’élégance. Une sorte de distinction, paradoxalement naturelle et mystérieuse qui élève les cœurs et grandit les âmes, qui donne à tout échange sa part d’éternité.

    Synthèse d’une lecture mise en page par le Frère André B.

    Lien vers le sujet suivant : l’honneur


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