• * La fête de la Saint-Jean d'hiver

    Quelques réflexions à propos de la célébration de la Saint-Jean d'hiver

    Nous venons de célébrer le Solstice de la Saint-Jean d’hiver.

    Nous, Chevaliers Templiers, ne fêtons pas le « solstice d’hiver » qui est une fête païenne mais nous célébrons les fêtes de Jean.

    Logiquement, la fête de Jean l’Évangéliste aurait dû être fixée au 25 décembre, mais cette date avait déjà été attribuée à la naissance du Christ. C’est pourquoi, les théologiens ont imposé deux jours de décalage. La concordance de la fête de la Nativité et celle de Jean l’Évangéliste qui annonce une ère nouvelle, celle de la naissance d’une nouvelle humanité, est symboliquement explicite.

    Selon la coutume, normalement entre le 20 et le 27 décembre, l’ordre du jour de nos Travaux prévoit la célébration de la fête de Jean l’Évangéliste, celui qui a rendu témoignage de la Vérité, le disciple du Maître qui a été choisi pour nous transmettre l’Évangile de l’Amour. Initié parfait, il nous incite à méditer sur l’origine et le mystère des choses et à conduire notre esprit vers le Juste et le Vrai.

    Le rituel que nous avons utilisé comme chaque année devrait nous faire prendre conscience des Ténèbres et nous inviter à construire notre vie pour devenir des Fils de la Lumière et suivre ainsi les pas de saint Jean l’Évangéliste. Au seuil de l’univers des Ténèbres, notre rituel devrait nous inviter à regarder plus profondément en nous-mêmes, à écarter l’hypocrisie, la lâcheté et l’indifférence.

    Il m’a paru bon de rappeler le but de ce rituel car chercher sans relâche et sans trêve, tel est bien le destin assumé par le Chevalier Templier. Chacun d’entre nous a besoin de retrouver la sagesse pour guider ses pas car l’intolérance, la vanité, l’intérêt, l’égoïsme et la lâcheté sont autant de pièges et de tentations fortes qui nous guettent dans la pénombre.

    Qui fut Jean l’Évangéliste ?

    Jean fut l'un des douze apôtres du Christ et l'un des quatre évangélistes.

    Différentes scènes du Nouveau Testament témoignent de la présence de Jean auprès du Christ.

    Jean l'Évangéliste apparaît en effet dans plusieurs épisodes du Nouveau Testament. Il assiste à la pêche miraculeuse, à la transfiguration du mont Thabor. Jean est auprès de Jésus au mont des Oliviers et lors de la Cène. Au pied de la croix, il soutient Marie que le Christ lui a confiée.

    La Tradition raconte qu'après la mort de Jésus et la dispersion des apôtres, Jean aurait quitté la Palestine et se serait rendu en Asie et fixé à Éphèse, où Marie l’aurait rejoint. Il y aurait été arrêté alors qu'il était déjà très âgé et aurait été jeté dans l'huile bouillante dont il serait sorti indemne.

    Nous savons aussi que l’Apôtre Jean l’Évangéliste est souvent désigné par l’expression « l’Aigle de Patmos » qui rappelle cette petite île grecque où il vécut en exil en 95 – 97  après J. - C. C'est là, dans l'une des nombreuses grottes de l'île des Sporades, que Jean aurait eu la révélation de l'Apocalypse et qu’il aurait rédigé l'Apocalypse qui porte son nom. Amnistié, il serait ensuite retourné à Éphèse où il aurait rédigé son Évangile.

    Dans l'Évangile tout comme au sein du collège apostolique, Jean occupe une place de choix. Représentant l'amour, il marche à côté de Pierre, qui symbolise la doctrine.

    Jésus semble avoir réservé à cet apôtre les plus tendres effusions de son cœur. Plus que tout autre, en effet, Jean pouvait rendre amour pour amour au divin maître.  C’est dans cet amour du Christ qu’il semble avoir puisé cette charité et cette science des choses de Dieu, qu'il répandit dans ses écrits et au sein des peuples auxquels il porta le flambeau de l'Évangile.

    Jean l’Évangéliste fut, parmi les apôtres, le seul à être resté fidèle à Jésus dans ses souffrances. Il le suivit dans l'agonie du calvaire et accompagna la Mère de Jésus dans ces douloureux instants.

    Il était juste que Jean, ayant participé aux souffrances de la Passion, goûtât l'un des premiers les joies pures de la Résurrection. Le jour où le Sauveur apparut sur le rivage du lac de Génésareth, pendant que les disciples étaient à la pêche,  Jean fut le seul à le reconnaître. « C'est le Seigneur », dit-il à Pierre. Jean était donc bien, tout l'Évangile le prouve, le disciple que Jésus aimait le plus.

    Les noms de Janus, Johan, Juan(a), Jehan, Jean ont la même racine hébraïque Yôhânân qui signifie « Yahweh fait grâce », ou « la grâce de Yahweh », latinisée puis francisée.

    Les deux Jean et Jésus sont des « dieux » solaires : le Baptiste annonce le lever du soleil : il est donc représenté par un coq. C'est celui qui figure sur les clochers des églises. Quant à l'Évangéliste, disciple préféré de Jésus, lui qui posa sa tête sur le cœur du maître, il est logiquement symbolisé par un aigle, seul animal à pouvoir fixer le soleil dans tout son éclat. D’où sans doute l’expression « L’Aigle de Patmos » pour le désigner.

    L’objectif de ce parchemin était de tenter de vous donner une modeste explication quant à l’importance que les Chevaliers Templiers accordent aux deux Jean et aujourd’hui plus particulièrement à Jean l’Évangéliste.

    Les deux Jean sont riches d’enseignements spirituels pour nous, Chevaliers Templiers :

    • Jean le Baptiste annonce la venue du Christ qu'il baptisera ; il a prêché le repentir ; il est celui qui nous invite à nous préparer à la venue de la Lumière, à nous mettre en état de la recevoir. Il nous enseigne l’humilité, le renoncement à soi, sans lesquels il n’y a ni initiation ni progrès spirituel.
    • Quant à Jean l’Évangéliste, il est le type de l’homme qui l’a reçue et qui a donc atteint une certaine connaissance.

    La voie que nous révèlent les deux Jean est une voie alchimique : il s’agit du passage de l’Eau au Feu, ou plutôt de l’union de l’Eau et du Feu dans le centre de transmutation qu’est notre salle capitulaire.

    Jean le Baptiste a baptisé le Christ dans les eaux du Jourdain pour le faire naître à sa vocation rédemptrice qu’il achèvera sur la Croix et qu’il poursuivra dans le feu de l’Amour que l’Évangéliste devra transmettre. Il y a transfert du Baptiste à l’Évangéliste sur la Croix. C’est par la Croix que l’initié passera du baptême dans l’Eau au baptême dans l’Esprit, l’Esprit d’Amour qui est eau d’éternité. Le Baptiste rencontre le Christ dont l’Esprit animera l’Évangéliste.

    Puis-je encore ajouter que l’Évangile de Jean est par excellence l’Évangile de l’Amour. Le commandement d’Amour y est proclamé d’une manière particulièrement solennelle :

    « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».

    Le commandement d’amour fraternel est mis dans la perspective de la Révélation trinitaire : l’amour des Frères entre eux est à l’image de celui que le Fils a pour eux et dans lequel ils demeurent, et celui-ci est lui-même à l’image de l’amour que le Père a pour le Fils et dans lequel le Fils demeure, cet amour étant ce dont procède l’Esprit.

    Les deux Jean symbolisent ces deux phases de cette Révélation, phases que chaque Chevalier de l’Ordre du Temple doit revivre dans sa progression initiatique, passant par l’attente, dans l’effort et dans les œuvres qui sont déjà amour, de la venue de la Grâce et de la Lumière qui feront éclore en lui, en même temps que la connaissance, l’amour dans sa perfection.

    Frère André B., Grand Chancelier prieural


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