• * La gnose et le christianisme

    Activité à la Commanderie Majeure Notre-Dame du Temple

    Abbaye Saint-Gérard-de-Brogne, le 22 mai 2019

    Très chers Frères et Soeurs,

    Il y a quelques mois déjà, notre Frère Grand Chancelier m’avait sollicité pour vous présenter la gnose...

    Grâce au parchemin du mois de février, je vous avais proposé une définition de la gnose ainsi que ses origines.

    Je vous avais également présenté Simon le magicien, à l’origine de ce courant ésotérique et quelle avait été son influence au sein de celui-ci.

    Dans mon troisième parchemin, je vous ai exposé les croyances des gnostiques entre le 1er et le 4ème siècle.

    Dans le présent parchemin, je vais évoquer pour vous les liens qu’entretenaient les gnostiques avec le christianisme.

    Les relations entre les gnostiques et le christianisme

    Nous sommes au 1er siècle de notre ère. Jésus-Christ : les gnostiques en ont entendu parler ainsi que de ses apôtres. Les évangiles, ils savent que cela existe.

    Comme depuis le début, il y aura deux écoles.

    Certains diront que le christianisme n’est pas si mauvais en fin de compte : il y a des choses intéressantes, « bonnes à prendre ». Mais, d’autre part, il y a des choses inconcevables ! Inconcevables parce qu’ils sont plus dans la logique païenne, ésotérique que dans les origines chrétiennes.

    Comment voyaient-ils YHVH de l’Ancien Testament ?

    Pour eux, YHVH n’est pas un Dieu.

    Comme argument, ils avancent que YHVH n’est pas un nom mais un sigle au même titre que SNCB par exemple.

    YHVH se lit comme on l’épelle : YŌD HĒ WĀW HĒ.

     * La gnose et le christianisme

    On l’appelle Yahvé car ça sonne bien phonétiquement mais son nom est ineffable.

    Et ça va encore plus loin, il est totalement interdit de le prononcer.

    Dans le temple de Salomon, seuls les grands prêtres pouvaient prononcer avec la pure intonation le nom exact de Dieu.

    C’est très curieux, pourquoi Yahvé n’a-t-il pas un nom comme les autres ?

    Tous les autres Dieux tels que Osiris, Jupiter, Zeus… ont un nom, mais pourquoi pas lui ?

    Ils ont commencé à chercher ce que Yahvé avait fait dans la Bible et ils n’ont trouvé que des horreursque je ne citerai pas ici !

    En lisant tout cela, les gnostiques se sont posé la question, qu’est-ce que c’est que cela pour un Dieu ?

    Ce Dieu bon qui a créé le monde dans le chapitre 1 de la Genèse est mauvais en fait.

    Il passe un pacte avec Noé et ses fils. Il tue les hommes à Jéricho. Il maudit la terre qu’il a créée, etc….

    Alors, les gnostiques ont inversé les choses.

    Lucifer en forme de serpent qui voulait, dans l’arbre, instruire Adam et Êve en leur révélant la connaissance (la Gnose) devenait le Dieu bon et Yahvé devenait le Démiurge voulant anéantir le monde des hommes. Imaginez, quand les théologiens chrétiens ont appris cela, c’était terrible de penser ainsi.

     * La gnose et le christianisme

    Il y avait aussi, dans la Bible hébraïque, les Elohim. Dans la tradition juive, le choix du nom « Elohim » insiste sur l'idée de puissance de Dieu. Elohim est le pluriel du mot hébreux Eloah, ou Elie, qui est un des noms de Dieu ou des dieux. Le pluriel désignerait plutôt un clan ou un peuple, et pas un seul individu. C’est bien ce qui cloche. Pourquoi le pluriel pour un dieu unique ? Et aussi, pourquoi ce pluriel étrange dans la langue hébraïque, ce pluriel d’exception qui ressemble à un barbarisme ?

    Dans la Genèse chapitre 1 verset 1, nous rencontrons Dieu, le Créateur.

     * La gnose et le christianisme

    Dans le texte Hébreux, pour Dieu, nous trouvons le mot Elohim « Au commencement Elohim créa…… ».

    Il y a dans le contenu de ce mot un pluriel dans le singulier, car Dieu-Elohim n’est pas seulement créateur. Il est bien davantage. Il est aussi le conservateur, le sauveur, le roi, le berger, le rédempteur, le juge. Il est tout en tous (1 Corinthien chapitre 15 versets 28 dans les épitres de Paul).

    Ces Elohim auraient créé ces modèles géométriques de départ parce que quand la Bible commence, ce sont des Elohim dans une grande partie de la Genèse puis on parle de Yahvé et Elohim.

    Alors, certains se sont posé la question :

    Elohim et Yahvé sont-ils la même personne, la même divinité ?

    Eh bien, pas du tout. Dans l’exégèse, en kabbale, on dit que ce sont 2 personnes différentes.

    Il y aurait une tradition Elohim et une tradition Yahviste.

    Dans la Bible, on aurait plus ou moins mélangé les deux mais ce sont bien deux divinités et deux doctrines différentes.

    De là, il y a tellement de questions à se poser.

    Qui sont ces Elohim ? Qui, en fin de compte, est Yahvé ?

    Comment voient-ils Jésus-Christ ?

    Ils ne le voient pas comme un Dieu. Ils ne le voient pas comme le fils de Dieu car l’entité très haute, le Divin, ne peut pas avoir de fils. Est-il humain ? Non, il est trop bon, trop grand, trop fort pour être un simple homme. De plus, cela voudrait dire que l’on serait à son niveau et cela, on en est très loin. Alors, ils ont dit que Jésus-Christ était une entité cosmique.

    Ni Dieu, Ni humain, c’était un éonD’où la théorie des éons. Le terme éon, ou eôn, signifie d'abord « vie », ou « être », et a progressivement évolué vers celui de « éternité ».

     * La gnose et le christianisme

    Les gnostiques nomment Éons les diverses émanations de Dieu, rencontrées au cours de leur périple initiatique, jusqu'au Plérôme. Ces émanations divines fonctionnent comme une double unité, c'est-à-dire comme des principes mâles-femelles. Les éons sont des éternels, bons et supérieurs. Les éons sont des morceaux d’espace/temps qui auraient une divinité pour les gérer.

    Le problème dans cette théorie, c’est que Jésus-Christ n’est pas unique. À un moment, il a été mandaté pour venir chez les humains.

    Alors, quand est-ce que Jésus de Nazareth est devenu le Christ ?

    Il n'y a quasiment aucun élément entre les récits de la naissance de Jésus et sa vie publique, encore moins entre l'âge de douze ans et celui de trente ans, début de son ministère. Cette période lacunaire, appelée la « vie cachée de Jésus », a conduit à la composition d'un certain nombre de textes apocryphes qui ont beaucoup brodé sur le canevas originel. Ces textes, non canoniques, participent pourtant de la mythologie chrétienne, et ont inspiré une importante production littéraire et artistique.

    Cette vie cachée est présentée comme un apprentissage de Jésus auprès de son père Joseph : apprentissage spirituel, c'est-à-dire une formation religieuse mais aussi apprentissage manuel dans l'atelier de son père « charpentier » (tektôn).

    Le terme grec qui désigne ce métier est ambivalent  pouvant également signifier « menuisier », « maçon », « artisan » ou encore « constructeur »  aussi est-il difficile de déterminer la profession de Jésus présenté comme « le charpentier fils de Marie ».

    Cette période peut également avoir représenté pour Jésus plusieurs années où il a joué un éventuel rôle de chef de la famille après le décès de Joseph.

    Et puis, il  a le baptême. Jésus avance dans l’eau du Jourdain et reçoit le baptême de Jean Baptiste. Au même moment, la colombe du Saint-Esprit est présente et on entend une voix dire : « Celui-ci est mon fils ». C’est à ce moment-là que l’entité christique prit possession du corps matériel de Jésus. C’est une entité qui est venu sur terre pour remplir une mission comme Vishnou. Vishnou chez les Indous fait des descentes et non des réincarnations quand tout va de travers pour effectuer des missions particulières.

    On peut voir, dans les dessins du baptême de Jésus-Christ, la colonne de lumière, l’entité christique prendre possession du corps. 

     * La gnose et le christianisme

    Qu’en est-il de la mort de Jésus-Christ ?

    On a toujours les mêmes versions. Vu que Jésus-Christ n’est pas un homme, il n’aurait pas souffert sur la croix. 

    D’autres disent qu’il avait un corps qui a été martyrisé.

    Oui, mais l’entité christique est sortie du corps au moment de la crucifixion et puis, ce n’est que de la chair, un corps vide.

    Bien sûr, ce n’est pas compatible avec la religion catholique mais ils pensaient ainsi.

    Concernant la résurrection, les gnostiques n’y croient pas du tout. Les hommes ressuscitant corps et âme, c’est impensable. Pourquoi ressusciter avec un corps, une prison pour l’âme ?

    Et c’est à ce moment-là que les gnostiques sont devenus les plus grands hérétiques dans l’histoire du christianisme.

    Les gnostiques sont devenus pire que les païens, pire que les cathares à la fois pour la rivalité pour la même population mais surtout c’était tellement élaboré et parfois un peu vrai que l’Église avait peur que les personnes perdent la foi.

    Comment les gnostiques ont-ils disparu ?

    Le Concile de Nicée ordonné en 325 par l’Empereur Constantin a réuni les grands évêques chrétiens de tout l’empire romain.

    Lui, était en passe de devenir chrétien car pratiquement tout l’empire s’était converti au christianisme et il avait plutôt intérêt à le faire s’il voulait avoir de l’autorité sur son peuple. Lorsqu’il a essayé de lire la doctrine chrétienne, il n’a pas compris grand-chose. Il y avait tellement de textes, tellement d’évangiles qu’il ne savait plus qui était qui et surtout, qui était Jésus-Christ. Alors, il a clarifié tout cela.

    Et c’est au Concile de Nicée que l’on a choisi 4 Évangiles, que l’on a défini que Jésus était le fils de Dieu, que la Vierge Marie était sa mère, etc….

    Il a aussi défini le « Credo catholique ».

    Après Constantin, il y eut plusieurs empereurs. Puis en 391 vint Théodose qui déclara que le christianisme devenait la religion officielle de l’empire romain.

    Tous les cultes païens ont été supprimés.

    Il a fait brûler les temples, les livres et les personnes qui s’opposaient à cette religion.

    Tout a disparu dont les écrits gnostiques.

    Il y a peut-être des écrits gnostiques qui ont été volés ou conservés par l’Église, dans la bibliothèque interdite du Vatican.

    D’autres groupes ont peut-être conservé et caché les écrits comme dans la bibliothèque de Nag Hammadi. 

    On dit aussi que les Templiers, lors des croisades, ont rencontré un grand nombre de grands maîtres et ont pu emporter de nombreux écrits gnostiques.

    Je dirais que la vision gnostique a influencé notre manière de penser, de comprendre les choses.

    Si les gnostiques existaient encore, en tant que tels, à l’heure d’aujourd’hui, il n’y aurait plus aucune religion.

    Dans mon dernier parchemin, j'évoquerai l’influence gnostique aujourd’hui, des courants influencés par la gnose et l’adaptation de la pensée gnostique au 21ème siècle.

    Frère Novice Joffroy B.

    Lien vers le parchemin suivant : La pensée gnostique au 21ème siècle


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