• * La gnose - Introduction générale

    La gnose : introduction générale

    Pour une meilleure compréhension de la gnose

    Le contenu du présent parchemin n’est pas un ensemble de réflexions personnelles mais la synthèse d’une recherche d’informations. Le but poursuivi est donc de tenter de mieux comprendre ce qu’est la gnose ainsi que le gnosticisme, une nébuleuse de systèmes mystico-philosophico-religieux, datant des 2ème et 3ème siècles de l'ère chrétienne, qui se ressemblent un peu, mais qui en même temps sont très divergents et changeants. Ce système est aussi appelé « gnosticisme » et ses partisans des « gnostiques ».

    Introduction

    Qu’est-ce que le gnosticisme ?

    Le gnosticisme est l'enseignement basé sur la gnose, qui est une connaissance intérieure issue de l'intuition. La gnose est donc une expérience personnelle qui s'exprime à travers le mythe, celui-ci étant l'expression symbolique de ce qui ne peut s'exprimer par le dogme.

    Le gnosticisme est un terme forgé par les Pères de l’Eglise pour désigner une frange hétéroclite d’hérésiarques (c’est ainsi que leurs adversaires les désignent !) qui est apparue dès les débuts de l'ère chrétienne. Néanmoins, il est possible que certains d'entre ces groupes aient revendiqué le terme.

    Qu’est-ce que la gnose ?

    Il est difficile de donner une définition de la gnose. Ce mot vient d'un mot grec qui signifie connaissance, mais connaissance de quoi ?

    Les mythes gnostiques peuvent être interprétés de différentes façons en fonction de l'expérience spirituelle de chacun. Ils portent toujours en eux une part de vérité profonde et font appel à « l'intelligence du cœur » plus qu'à l'usage de la raison.

    Les gnostiques décrivent la manière dont l’homme de Lumière, l’homme primordial est vaincu par les puissances du Mal et, finalement, divisé en mille fragments dispersés dans la matière comme étincelles de lumière. Sa rédemption prend consistance dans le rassemblement des parties dispersées du grand homme, dans leur réunification et dans leur retour à la plénitude (le plérôme) d’où il était tombé.

    Le cosmos

    De nombreuses religions s'entendent pour dire que le monde est imparfait. Mais elles diffèrent le plus souvent dans leurs propositions face à cette imperfection

    Les gnostiques, à l'image des bouddhistes, pensent que le monde est imparfait par nature parce que le principe même de sa création est générateur d'imperfection. Le monde est souffrance et l'une des premières prises de conscience de l'être humain est celle qui l'amène à constater qu'il vit dans un monde absurde lié à la mort.

    Si la Bible lie l'imperfection du monde à une faute originelle, une faute de l'homme, les gnostiques la lient à la nature aliénante de la création et donc du créateur, ce qui pour la religion judéo-chrétienne est un blasphème.

    Si l'on compare la gnose à la philosophie orientale, on constate que des notions telle que celle du karma sont assez proches de la conception gnostique. Cette roue du karma illustre l'enchaînement des causes et des effets qui entraînent la souffrance et l'imperfection. Le karma est le principe fondamental des religions indiennes qui repose sur la conception de la vie humaine comme maillon d’une chaîne de vies, chaque vie étant déterminée par les actes accomplis dans la vie précédente.

    Pour les gnostiques, il existe bien un Dieu transcendant mais ce Dieu n'est pas le Dieu créateur ou plutôt pas directement. Ce n'est pas de lui mais de ses émanations que découle la création.

    Ces émanations sont les « éons », intermédiaires entre le Dieu ultime et la création. Un de ses « éons », Sophia, la Sagesse, est d'une importance primordiale pour les gnostiques. Elle est la dernière émanation donc la plus proche de la manifestation et de son Créateur.

    L'être humain

    La Nature de l'Homme est double comme celle du Monde, à la fois être de chair et être de Lumière. Il participe à la Nature du monde et à celle du Vrai Dieu. Cette part de Lumière est l'essence divine ou l'atome divin.

    L'Homme est en général inconscient de la présence de cet atome divin en lui. Cette ignorance est entretenue par le Créateur et ses Archons qui maintiennent l'humanité dans l'illusion d'une réalité matérielle.

    La mort, en défaisant les liens, libère temporairement l'atome divin de sa prison de chair.

    Mais tous les êtres humains ne sont pas égaux vis-à-vis de la spiritualité.

    On distingue les pneumatiques (spirituels), les matérialistes (hylétiques) et les psychiques. L'évolution humaine part de l'esclavage du matérialisme, passe par le biais de la religiosité et de la morale et aboutit à la libération spirituelle.

    Le salut

    L'évolution naturelle est lente : elle est ralentie par l'inertie de notre nature matérielle. Pour évoluer sur le chemin spirituel, l'Homme a besoin d'aide.

    Les êtres de Lumière, messagers divins, ont pour fonction d'aider le genre humain dans leur quête de la gnose. Parmi eux, Mani, Seth, Jésus, incarnations du Christ, le Logos.

    Le potentiel d'évolution spirituelle, quoique présent individuellement en chaque Homme, est facilité par les « sacrements » enseignés par les messagers divins.

    Comportements

    La gnose s'oppose à l'éthique et à la morale telles que nous les entendons.

    De tels systèmes font partie du Monde, celui du Démiurge et le servent.

    Pour le gnostique, les commandements et les lois morales ne conduisent pas au salut mais à des modes de comportements acceptables d'un point de vue social.

    La morale du gnostique est fonction de son évolution. Elle implique surtout le respect des autres et de leur liberté. Il importe que chacun se forge sa propre loi morale en regard de son évolution.

    Le gnosticisme encouragera toujours le détachement et le non-conformisme à l'égard des choses du Monde. « Etre dans le monde, mais non du monde ».

    Destinée

    Dans l'Evangile de Thomas, Jésus dit que l'être humain doit arriver par la gnose à connaître l'ineffable réalité divine dont il est issu et où il doit retourner.

    La mort ne libère pas l'Homme de l'emprise du Démiurge.

    Ceux qui n'ont pas atteint la libération par la gnose doivent revivre une nouvelle existence. Cette doctrine de la réincarnation est implicite dans les écrits gnostiques.

    Tentons d’aller un peu plus loin dans cette recherche d’informations.

    Les gnostiques

    Les gnostiques sont connus par un certain nombre de textes gnostiques qui ont été écrits par des gnostiques et retrouvés au fil des siècles. C’est ainsi qu’au 17ème siècle, des voyageurs européens sont allés en Orient et ont trouvé des bouts de parchemin et de papyrus écrits par des gnostiques, et surtout par la découverte en 1945 d'une bibliothèque gnostique en Egypte - textes dits de Nag Hamadi.

    Les gnostiques sont aussi connus par leurs adversaires et notamment les théologiens chrétiens. Parmi ceux-ci citons Irénée de Lyon (autour de 180), auteur d’un livre intitulé « Contre les hérésies », mais dont le titre exact est : « Dénonciation et réfutation de la prétendue gnose aux noms menteurs », ce qui sous-entend qu'il y a une vraie connaissance, une vraie gnose. Malheureusement, beaucoup de ces documents ont été perdus ou détruits et il ne reste plus que des fragments d'informations.

    Quelques caractéristiques des gnoses

    1.  Dans ces différents systèmes gnostiques, il y a l'idée d'une opposition entre le bien et le mal, que l'homme a été plongé par une espèce de déchéance dans le mal, et que la gnose est la connaissance d'un salut qui mène de l'homme vers Dieu. C'est une technique de salut fondée sur le dualisme bien-mal.

    2. Une deuxième caractéristique du gnosticisme est l'élitisme. Les gnostiques, surtout ceux qui vivaient dans des milieux très proches du christianisme, étant eux-mêmes d'ailleurs issus du christianisme, disaient : « nous sommes beaucoup plus au courant que les autres : nous sommes les initiés ; Nous connaissons des choses que les autres ne savent pas ».

    C'est cet élitisme qui fait que la vraie connaissance fait partie d’un secret. Accéder à la gnose, c'est en quelque sorte une initiation.

    Pour les gnostiques, l'humanité se divise en trois catégories :

    -       ceux qui sont d'emblée dans la bonne connaissance, les pneumatiques ;

    -       ceux qui sont récupérables, les « psychiques » ;

    -       ceux qui sont irrécupérables, les terrestres.

    Apparaît immédiatement une grande différence avec l'idéal chrétien, pour qui le message de Jésus-Christ, rapporté dans les Évangiles, est pour tous.

    3. Il est difficile de bien connaître quel était le culte ou la liturgie des gnostiques. Tout simplement parce que ce culte est secret et dérive des religions à mystère qui foisonnaient beaucoup dans le monde grec hellénistique de l'époque où il n’était possible de participer à un groupe religieux que si l'on était initié. Quelques bribes de renseignements existent quand même. Là aussi il y a une certaine récupération de certains rites chrétiens, mais avec une tendance très forte à un mélange de magie, d'astrologie…

    4.  La gnose se caractérise par le syncrétisme. Des éléments ont été récupérés d'un peu partout : dualisme persan, textes de Platon, évangile de Thomas, qu'on retrouve dans la bibliothèque de Nag Amadi. Ceci a donné entre autres naissance au manichéisme (la religion de Mani), qui a été une religion qui a failli s'étendre partout. On sait que saint Augustin, en Afrique du Nord, était d'abord manichéen avant de devenir chrétien, et Marco Polo a rencontré des groupes de manichéens en Chine.

    5. La Création est mauvaise : elle n'est pas le fait de Dieu mais d'une divinité mauvaise, d'un démiurge. Mais cette idée, qui est extrêmement forte dans toute la gnose, c'est que Dieu n'a pas pu faire cette création mauvaise. Donc, la création est le fruit d'une divinité, ou d'un être, ou d'un accident, mais qui est fondamentalement mauvais. Cela implique le rejet du Dieu créateur tel que l'Ancien Testament l'affirme. Et c'est pourquoi un système gnostique a été créé par un certain Marcion (aux alentours de 180).

    6.  Autre conséquence de cette création mauvaise, c'est que la création, la matière, la chair, c'est mauvais, donc il ne peut pas y avoir de résurrection, parce que la résurrection continue à enfermer dans un corps et c'est pourquoi beaucoup de systèmes gnostiques parlent, eux, d'une réincarnation. Dans certains textes, il apparaît que cette réincarnation peut être la conséquence d'une punition, d'une chute. L'idée du gnostique c'est de monter vers la divinité pour se libérer de ce monde mauvais.

    7. Autre caractéristique des gnoses, c’est l’importance de l'élément féminin - thème de la Mère. Cette mère est décrite de manière très contradictoire, souvent comme pouvant être un instrument de condamnation, de jugement, mais aussi comme étant une mère mais une mère au-delà de la maternité qui enferme dans la création. Dérivant de cela, quelle est la place de la sexualité dans la gnose ? Là aussi c'est très contradictoire : il y a des mouvements qui vont être très ascétiques, qui vont refuser le mariage, qui vont refuser la sexualité, parce que c'est la porte ouverte à la procréation qui va enfermer, qui va faire tomber une âme dans la chair. D'autres courants, au contraire, vont avoir une sexualité débridée, pornographique, toujours par mépris de la chair. Y aurait-il un lien avec la mariologie naissante ? Il apparaît en tout cas que les mouvements gnostiques étaient très ouverts aux femmes et que celles-ci n’étaient pas rejetées.

    8. Les systèmes gnostiques se caractérisent aussi par le fait qu'il y a entre Dieu et les hommes tout un système d'intermédiaires qui n'est pas le fruit de la création. On emploie plutôt le mot d'émanation ainsi que le mot « éon », mot qu'on trouve dans le Nouveau Testament. L'expression « aux siècles des siècles » correspond à l'espace et au temps.

    9. Enfin, dernière caractéristique des gnoses, c’est la récupération de la personne de Jésus-Christ lui-même, mais en le divisant : Jésus d'un côté, Christ de l'autre. Jésus est l'homme incarné ; il est né, il est mort mais il a reçu, à un certain moment de sa vie, soit dès sa naissance, soit au moment du baptême, le Christ, le Christ étant là une entité différente. Du coup, il peut y avoir d'autres « Christ », par exemple Mani qui a été identifié à Jésus. - Il y a cette idée que la révélation chrétienne est bien, mais insuffisante, alors on rajoute le manichéisme, ou l'Islam, ou les Mormons, ou Moon.

    Jésus et la Gnose

    Y a-t-il eu un courant pré-agnostique qui aurait influencé certains écrits du Nouveau Testament, dont par exemple ceux de Jean ?

    1. Les documents que nous avons sur la gnose sont des documents post-chrétiens, mais on voudrait savoir si on ne trouve pas de la gnose ou des allusions à la gnose dans le texte du Nouveau Testament et certains théologiens ou exégètes se sont demandé s'il n'y avait pas quand même un ou plusieurs courants gnostiques qui auraient influencé les écrits du Nouveau Testament. On peut dire que les documents sur lesquels nous sommes bien renseignés datent des 2ème et 3ème siècles : ce sont des documents qui récupèrent des notions chrétiennes, donc qui sont influencés par le christianisme ; à l'inverse, il est difficile de dire si le christianisme a été influencé par la gnose, vu qu'il y a plusieurs gnoses.

    2. Dans les textes de Jean comme dans ceux de Paul, il y a des allusions aux gnostiques : il est question d'adversaires mais qui ne sont pas définis, on ne connaît pas leur religion. Il y a des adversaires dans la Ière lettre de Jean et certains pensent que ces adversaires étaient des gnostiques, mais on n'en est pas sûrs. Dans les textes de Jean, on voit deux allusions à une polémique contre les thèmes gnostiques :

    a) Il y a la question du dualisme johannique : par ex. la lumière/les ténèbres, c'est une expression qu'on trouve chez tous les gnostiques puisqu'il faut être sauvé vers la lumière attirée des ténèbres, mais, la plupart du temps, le dualisme de Jean n'est pas un dualisme d'opposition entre un bien et un mal. Exemple : la vue et la foi.

    b) D'autre part, il y a l'importance accordée à l'incarnation. On dit souvent que Jean c'est le spirituel, pourtant par beaucoup de détails on s'aperçoit que Jean insiste sur la réalité historique, charnelle de Jésus. Ex : « du sang a coulé de son flanc » « Jésus pleure devant la mort de Lazare ». Il y a cette insistance sur l'incarnation comme s'il y avait déjà, dans un certain nombre de milieux chrétiens, une certaine contestation de cette réalité terrestre de Jésus et qu'on glissait vers le docétisme c'est-à-dire de dire qu'il n'y a qu'une apparence. Le vrai Jésus, c'est Jésus qui est le fils de Dieu, mais qui n'est pas l'homme qui a vécu sur cette terre. De nouveau on constate cette séparation entre Jésus de Nazareth et un Christ difficile à définir.

    3. Dans les écrits de Paul, on peut se demander si certaines expressions ne sont pas aussi des allusions à des pensées plus ou moins gnostiques, par exemple : l'emploi du mot « plénitude », cher aux gnostiques.

    Il faut penser qu'autrefois le christianisme était une toute petite chose, une pensée parmi un tas d'autres pensées dont il a essayé de se démarquer. Ce qui est intéressant de noter c'est que les premiers chrétiens ont voulu préciser ce qu'ils pensaient. C'est ainsi que la plupart des théologiens des 4 premiers siècles (dont Irénée de Lyon) ont voulu clairement exprimer leurs convictions.

    Qu'est-ce que l'hérésie ? Ce n'est pas du tout le contraire de la vérité, mais une vérité cancérisée, c'est-à-dire qu'on ne dit qu'un bout de la vérité. Ainsi il faut dire : Jésus est Dieu ET homme, Dieu est un ET trois, la trinité. C'est-à-dire qu'il faut tenir en tension des vérités qui paraissent contradictoires. C'est tout ce travail qui s'est fait dans les premiers siècles.

    Irénée de Lyon a une très belle formule : « les hérétiques, c'est toujours quelqu'un qui ne veut retenir qu'un seul évangile ; ainsi les gnostiques vont retenir Jean ; Marcion ne va retenir qu'un seul Évangile, alors qu'il faut garder les 4 Évangiles, avec leurs contradictions pour rechercher la vérité.

    Et aujourd'hui ?

    Il est très important pour nous de nous demander : est-ce que c'est important pour nous ou non d'avoir une idée précise de ce que nous croyons ? C'est-à-dire de nous replacer dans cette même attitude qu'ont eue les premiers Chrétiens et les premiers théologiens de ces premiers siècles, car nous pouvons retrouver un certain nombre de courants semblables à la gnose.

    Ce qui semble totalement manquer dans le système des gnostiques, c'est la foi, c'est-à-dire cette idée d'une relation directe avec Dieu qui permet la relation directe avec les autres. Et c'est pour cela qu'un certain nombre de théologiens, comme Irénée ont dit : l'amour est très important parce que c'est la relation avec l'autre. Alors que dans la plupart des systèmes gnostiques il y a toujours des intermédiaires, une vision pessimiste et une espèce de racisme.

    L’origine des gnostiques

    Gnose, du grec « gnôsis » (« connaissance »), signifie « connaissance parfaite ». Ce qui caractérise les mouvements gnostiques n’est pas cette « connaissance » que d’autres traditions prétendent aussi posséder, mais plutôt la définition de Plotin : les gnostiques, ce sont « ceux qui disent que le Démiurge de ce monde est mauvais et que le Cosmos est mauvais ».

    Selon les témoignages des historiens anciens, c’est dans un cadre géographique allant de la vallée du Jourdain à l’Asie Mineure que les sectes se sont manifestées à l’époque des apôtres, avec Simon à Samarie, Nicolas à Antioche. Ils appuient leur réflexion sur des textes de l’Ancien et du Nouveau Testament dont certains sont considérés aujourd'hui comme apocryphes, marqués de l’hellénisme. Parmi ces livres, le Livre d’Hénoch est un des rares à nous être parvenu.

    Vers 120, les sectes ont gagné Alexandrie, autour de Basilide, Carpocrate et Valentin (Valentinus ou Valentinius). Valentin se rendit à Rome, où sa gnose voila ses mythes orientaux d’une exégèse philosophique mêlée de christianisme.

    À Rome, des sectes fortement influencées par les éléments orientaux ont continué d’affluer. Les sectes se sont propagées, notamment en Espagne.

    En Asie, de nouveaux inspirés ont surgi : Mani qui a fait une vaste synthèse des nombreux enseignements, et Audi, un chrétien qui s’est séparé de l’Église après Nicée.  De l’Orient, le gnosticisme s’étendit jusqu’à la Chine.

    Parmi les sectes, on retrouve : les Kantéens en Iran, la secte importante des Séthiens disciples de Simon le Magicien, les Barbélognostiques, les Archantiques, les Ophites (ou Naassènes) aux pratiques hérités des mystères grecs, les Pérates, les Caïnistes, ces derniers louant Caïn le fils prodigue d'Adam et Eve.

    Il semble qu’il y ait eu un gnosticisme à l’intérieur même du judaïsme, contemporain des sectes gnostiques traditionnelles, et dont les échos se sont perpétués dans la Kabbale. Cette filiation s'expliquerait par l’hypothèse midrashique : de même que la méthode midrashique appliquée au texte grec de la Septante aurait fini par produire les textes évangéliques, de même aurait-elle produit les textes deutérocanoniques puis gnostiques puis coraniques.

    Les sources

    La plupart des essais anciens ont, faute de pouvoir s’appuyer sur des documents gnostiques originaux, hérité des erreurs d’appréciation des réfutateurs chrétiens qui combattirent les sectes, aux 4ème et 5ème siècles, qui parfois se recopient les uns les autres, et sans tenir compte des mythologies orientales sur les vestiges desquelles le gnosticisme s'était développé.

    L'une des principales sources concernant le gnosticisme est Irénée de Lyon (2ème siècle après Jésus-Christ). Il décrit dans les détails les doctrines gnostiques qu'il a combattues, de manière à prouver qu'il n'y avait que peu de choses en commun entre la gnose et le christianisme. À cette époque, des gnostiques grecs se faisaient baptiser, mais tenaient à concilier leurs doctrines avec leur nouvelle religion. L'une des principales différences entre gnose et christianisme tient à la conception du Salut. Le christianisme exotérique le propose à tous tandis que la gnose, dans son ésotérisme, le réserve aux initiés.

    Des réfutateurs, les plus anciens témoignages datent de la Bible elle-même, qui dénonce les hérésies et les faux prophètes, dont Simon de Samarie et le diacre Nicolas.

    Pour la période jusqu'au 3ème siècle, on ne possède que les récits des hérésiologues.

    L’établissement d’une histoire précise des mouvements gnostiques est impossible à cause de ce flou, et des livres dont les titres changent d’une version à l’autre et dont les véritables auteurs restent anonymes.

    Sur la période du 3ème au 5ème siècle, les sectes se sont étendues en Egypte, où le sable conserva des écrits en copte. C’est pourquoi on retrouva, à partir de 1800, des textes dans les nécropoles égyptiennes.

    L'Evangile de Marie, le Livre secret de Jean et la Sophia de Jésus-Christ ont été achetés en 1896 en Egypte, dans un même lot de parchemins. En décembre 1945, plus de 40 écrits perdus furent retrouvés dans une jarre à Nag Hammadi, dont en premier lieu des écrits de sectes orientales, mais aussi des apocryphes chrétiens et gnosticisme. Cependant, cette bibliothèque n’est qu’un « instantané » de la pensée gnostique de l'époque, les textes y étant constamment remaniés et modifiés.

    Retenons quelques traités gnostiques :

    ·         L'Evangile de vérité ;

    ·         L'Evangile selon Thomas ;

    ·         L'Evangile selon Marie ;

    ·         La Pistis sophia ;

    ...

    Très peu de monuments ou objets relatifs aux gnostiques ont été retrouvés.

    Destin du gnosticisme

    Les condamnations de plus en plus dures de la part des églises chrétiennes ont obligé les sectes gnostiques à se cacher, puis à disparaître.

    Les Bogomiles et les Cathares du Moyen Age ont repris des conceptions gnostiques, sans qu'on sache s'ils descendaient de groupes gnostiques ayant survécu depuis l'Antiquité, ou s'ils étaient des résurgences suscitées par la transmission d’écrits gnostiques déguisés en apocryphes chrétiens.

    Des survivances plus sérieuses de la gnose la plus philosophique se cachent dans la littérature alchimique, notamment les textes attribués à Hermès Trimégiste. De même, il y a intercommunication entre la littérature juive kabbalistique et certaines doctrines du gnosticisme hellénisé.

    En Orient, l’invasion de l’islam permit aux sectes de survivre. Aux confins de la Mésopotamie et de l’Iran certaines sectes ont survécu jusqu'au 12ème siècle.

    On trouve une influence du gnosticisme chez les musulmans chiites, particulièrement dans la foi druze.

    En plus des cathares et des bogomiles, on trouve des traces de pensée gnostique chez les ranters, le Libre-Esprit et divers mouvements millénaristes.

    Les thèmes principaux

    Les auteurs gnostiques abordent la plupart des thèmes mythologiques et eschatologiques, les réinterprètent en passant par la révélation d’une « histoire secrète », d'un mythe total : l’origine et la création du Monde ; l’origine du Mal ; le drame du Rédempteur divin descendu sur Terre afin de sauver les hommes ; la victoire finale du Dieu transcendant, conduisant à la fin de l’Histoire et l’anéantissement du Cosmos.

    Le point de départ est la considération, par l’individu, de sa situation face au monde : que suis-je ? Pourquoi ce monde me semble-t-il étranger ? Qu’étais-je à l’origine et comment (éventuellement) revenir à cette situation ?

    C’est la prise de conscience d’une déchéance impliquant que le Bien et le Mal sont deux éléments inconciliables, absurdement mêlés ici-bas par un accident contraire à la volonté divine. La révolte intime contre le Mal est la preuve de l’appartenance au Bien, à un absolu parfait extérieur à ce monde.

    L’humanité est divisée en trois catégories :

    • ceux qui se sentent (donc, se savent) pourvus d’une perfection innée dont la nature est esprit : les pneumatiques ;
    • ceux qui n’ont qu’une âme et point d’esprit, mais chez qui le Salut peut encore être introduit par instruction : les psychiques ;
    • enfin, les êtres dépourvus d’esprit et d’âme, uniquement constitués d’éléments charnels voués à la destruction : les hyliques.

    Le but premier du gnostique est la délivrance de sa parcelle divine, aliénée dans un monde matériel corrompu, et sa remontée vers les sphères célestes. Cette délivrance passe par la gnose, la connaissance parfaite de la nature de l’esprit, des structures de l’univers, de son histoire passée et future.

    Le premier aspect de la gnose porte sur les origines du monde matériel et de l’homme, le Mal s’expliquant par la chute accidentelle d’éléments supérieurs dans un cosmos matériel, temporel et sexué, au fond duquel ils se sont disjoints, dispersés et emprisonnés sans pour autant perdre leur pureté.

    Le second aspect de la gnose vise la destinée de l’humanité et du Cosmos, aboutissant à la dissolution finale de la matière, à la libération de l’esprit et au retour à l'unité parfaite intemporelle dont les élus, ici-bas, gardent le souvenir.

    Le monde supérieur ayant seul été organisé par une intelligence authentiquement créatrice, le matériel n’en est qu’une copie maladroite. De même, l’homme terrestre est l’image imparfaite d’un modèle céleste. On voit l’idée de décadence puis de rédemption.

    Pour les élus, le salut peut être personnel, alors que pour les autres le rachat se fera par une eschatologie générale ayant pour terme la destruction de l’univers matériel.

    Du Pro-Père au Démiurge

    À l’origine de tout, un éon parfait, invisible, inconcevable et éternel, habité par un Être absolu et immuable, le Pro-Père, replié sur lui-même et coexistant avec sa Pensée qui est, elle, Silence absolu.

    De cette unité primitive du Pro-Père et de sa Pensée émane une seconde image du Père. Cette première émanation est dégagée de l’isolement primordial et capable d’engendrer. Elle suscite alors l’apparition des trente éons hiérarchisés du Plérôme. On y retrouve : Monogène, Logos, Mère céleste, Homme primordial, Fils de cet Homme (ou Seth céleste), grande Génération des Fils de l’Homme primordial, Sophia (Sagesse, parfois qualifiée de lascive), etc. Ces éons vont par couples, féminin/masculin, appelés syzygies.

    Les éons sont, en même temps que des personnifications de concepts, des univers à part entière, infinis et éternels, reproduisant le schéma général du Plérôme tout entier et de l’Inengendré suprême.

    L’opposition entre le monde idéal de la Lumière et celui, imparfait, des Ténèbres et de la Matière peut suivre 3 schémas.

    Les plus radicaux situent, à l’origine de la création du monde matériel, une subite agression des eaux ténébreuses préexistantes contre la Lumière d’en haut, attaque qui se déroule dans l’espace intermédiaire d’un troisième principe, air ou vide. On retrouve ce thème chez les bogomiles et les manichéens.

    Plus fréquemment, la Lumière d’en-haut préexiste seule à toute création. Un accident survenu dans le monde supérieur engendre une puissance difforme et ignorante, Ialdabaôth, autour de qui se forme un éon ténébreux, notre bas monde. La Lumière entreprend une œuvre salvatrice pour anéantir cet éon maléfique.

    Selon une première variante, Sabaôth, le fils d’Ialdabaôth, va découvrir la Lumière et sera mis par les puissances supérieures à la place de son père pour engager le cosmos vers le salut. Une seconde variante montre Ialdabaôth revenant lui-même au bien.

    Les diverses divinités sont considérées comme perverses, liées au monde matériel, tel le Démiurge de la Bible. Les gnostiques n’emploient pas le terme « Dieu » pour désigner l’Être infini dont tout le monde supérieur émane.

    L’homme

    Parmi les éons, il y a l’Homme (primordial) ainsi que le Fils de l’Homme. C’est à partir de son reflet que le Démiurge et ses archontes décident de fabriquer l’homme, Adam.

    Le Père, grâce à ses anges déguisés en archontes, suggère au Démiurge d’insuffler son esprit, la Lumière dont il s’était emparé, à Adam.

    La Lumière est ainsi passée à l’humanité. De rage, les archontes emprisonnent Adam dans l’Eden, vu comme un lieu terrible. Les puissances d’en-haut cachèrent la gnose et la vie dans le fruit défendu, et envoyèrent un Sauveur sous la forme du serpent pour inciter Adam et Ève à s’emparer de ces secrets.

    Les archontes installent en Adam un second esprit, le contrefacteur, qui va sans cesse combattre les mouvements de l’esprit tiré vers le haut.

    Le premier couple est expulsé de l’Eden par le Démiurge, furieux. Il souille Ève de sa lubricité, ce qui explique la génération d’Abel et Caïn. La vraie postérité d’Adam ne commence qu’avec Seth, dont seule la descendance, les parfaits, est promise au salut.

    Le Démiurge envoie le Déluge pour anéantir les parfaits, mais Noé s’abrite avec les siens dans l’Arche et au final c’est la race, née de l’union des anges du Démiurge et des filles de la terre, qui est anéantie.

    Les archontes sont liés à la voûte céleste, au mouvement des planètes.

    Chaque partie de l’homme, physique ou psychique, appartient souverainement à la puissance de la voûte céleste qui l’a façonnée. Dans ce corps assemblé descend une âme qui, traversant l’un après l’autre chacun des cieux des planètes, y reçoit, en fonction du moment de ce passage, telle ou telle disposition par laquelle l’individu restera soumis aux astres.

    Enfin, les puissances insinuent dans le fœtus l’esprit contrefacteur destiné à contrarier les pulsions éventuelles de l’homme vers le salut.

    Le mélange de tous ces facteurs entraîne des degrés de perfection fort différents qui expliquent les 3 grandes catégorisations de l’humanité (pneumatique, psychique ou hylique).

    L’eschatologie

    Le Démiurge ne cesse d’envoyer contre les parfaits des cataclysmes et persécutions.

    Il faut éveiller les élus en leur rappelant leurs racines célestes. Pour cela, des sauveurs et des prophètes sont envoyés d’en-haut pour dispenser confidentiellement leurs révélations. L’acte final du salut de l’humanité est la descente d’une puissance de la Lumière jusqu'au fond des Enfers.

    L’œuvre salvatrice est associée à la descente de la Mère Céleste dans les abîmes où l’humanité est prisonnière, mythe remontant à la descente d’Ishtar aux Enfers. Seth aurait eu une incarnation céleste, et les mages (Zoroastre, etc.) sont les prophètes gardiens de l’enseignement secret de Adam et Seth.

    La figure de la Mère sera remplacée par celles de Seth puis du Christ.

    Annoncé par un signe des cieux, le Sauveur va descendre, d’abord déguisé en archonte des cieux inférieurs, puis revêtu de toute sa gloire. Les gnostiques répugnant à l’idée d’incarnation, le Sauveur est incorporel.

    Dans certaines versions du mythe, le Sauveur doit subir les conséquences humiliantes de l’incarnation pour transmettre son message à quelques élus avant de retourner au Ciel. Parfois il oublie sa mission et doit être lui-même sauvé (mythe du « Sauveur sauvé »).

    L’amnésie de la condition originale est une image spécifiquement gnostique. En se tournant vers la Matière, l’âme oublie sa propre identité. C’est la mort spirituelle. Le mythe du Sauveur Sauvé tourne autour de cette notion d’amnésie, qu’illustre l’Hymne de la Perle, dans les Actes de Thomas. La découverte du principe transcendant à l’intérieur de Soi-même constitue l’élément central de la religion gnostique. Cette redécouverte, l’anamnèse, est obtenue grâce à un messager divin et grâce à la gnose.

    Le symbole du sommeil est également utilisé dans ces mythes. C’est un symbole archaïque universellement répandu dans la quête de l’initiation. Ne pas dormir, ce n’est pas seulement triompher de la fatigue physique, mais surtout faire preuve de force spirituelle. Rester « éveillé », être pleinement conscient, veut dire : être présent au monde de l’esprit.

    Chez les gnostiques, l’image de l’ivresse est aussi employée.

    Finalement, le rédempteur remontera aux Cieux, occasion d’un bouleversement céleste qui fixera les archontes aux planètes, traversant la voûte céleste à l’endroit d’un X gigantesque considéré comme la Croix céleste.

    Ce phénomène de la crucifixion sur le X céleste est déjà attesté à Rome au moment de l’avènement du règne d’Auguste, à qui on attribue déjà l’abolition de la Fatalité astrale.

    La crucifixion céleste avait été adoptée par certains chrétiens mais fut vite abandonnée.

    Les gnostiques se croyaient presque parvenus à la fin des temps. Les livres prétendument gardés secrets venaient d’être ressortis de leurs cachettes.

    Pour les Parfaits, l’enseignement portait sur les mystères de la descente et de l’ascension du Sauveur/Christ à travers les 7 cieux habités par les anges, et sur l’eschatologie individuelle, c'est-à-dire l’itinéraire mystique de l’âme après la mort. Cette tradition prolonge l’ésotérisme juif et d’ailleurs sur l’ascension de l’âme et les secrets du monde céleste.

    L’âme après la mort

    L’homme est asservi aux puissances des cieux visibles qui l’ont façonné. Les gnostiques pensent pouvoir réduire leur puissance en employant des conjurations contenant les noms secrets de ces puissances. Ils mettent également en place des rites pour échapper aux égarements de l’esprit contrefacteur.

    Au moment de la mort, un élu muni de tous les sacrements de la gnose fait son ascension à travers les cieux sans retour : il présente les sceaux aux gardiens pour que les portes lui soient ouvertes.

    Des autres, les moins souillés sont purifiés dans les purgatoires des espaces célestes, montant parfois d’une sphère à l’autre lors d’une conjonction astrale. Mais bien des malheureux sont rejetés vers le bas, tourmentés en Enfer, avant d’être soumis à l’oubli de leur vie précédente et rejetés dans de nouveaux corps.

    La morale

    Les gnostiques, voyant le corps charnel asservi dans ses actes et ses passions à la souveraineté des planètes, ou encore se croyant pourvus d'une grâce d'en-haut qui délivre des actes ici-bas, n'ont pas de notions de moralité individuelle très strictes.

    La gnose peut donc aussi bien conduire à un ascétisme rigoureux qu'à de curieuses immoralités, avec la volonté de contredire en tout la loi biblique. La chair appartenant à la matière et ne sachant participer au Salut, peu importe qu'elle fût souillée. Les pratiques licencieuses de certains groupes gnostiques sont réprouvées par d’autres groupes gnostiques comme par les réfutateurs chrétiens.

    Enfin l'héritage de certains mystères grecs (par exemple chez les Naassènes) put être à l'origine de comportements immoraux en leur donnant une valeur mystique.

    Organisation des sectes

    Les gnostiques foisonnaient en d’innombrables groupuscules. Il y aurait eut trois grades : les « commençants », les « progressants » et les « parfaits ». L’enseignement ésotérique aux fidèles portait sur le symbolisme du baptême, de l’eucharistie, de la Croix, sur les Archanges et sur l’interprétation de l’Apocalypse.

    L'enseignement gnostique était secret. Pour éviter d'être repérée, la gnose se dissimulait, évitant d'imposer des manières de vivre voyantes. On connaît mal l'organisation interne des sectes. Des témoins anciens, seul Épiphane a essayé de pénétrer la vie des sectes.

    Les parfaits sont voués au respect de tous les préceptes de la gnose et leur identité première s'efface devant quelque surnom mystique. Les simples fidèles qui continuaient leurs existences impures en subvenant aux besoins des élus.

    Les premiers fondateurs, et parfois leurs successeurs, s’étaient présentés comme des prophètes ou des incarnations de puissances célestes.

    À des fins de propagande, les gnostiques se présentaient d'abord aux chrétiens comme leurs frères, ne dévoilant que les croyances les plus proches, puis en posant des questions ébranlant l'interlocuteur. De même, ils travestissaient certains de leurs textes en leur donnant une apparence plus orthodoxe.

    Enfin, tout comme le christianisme s’est répandu par la thaumaturgie, la gnose attirait par la magie et l'astrologie, très répandue au début de l’ère chrétienne, qui tenaient une place très importante dans leurs écrits.

    Les rites étaient divers. Les uns individuels, les autres collectifs, destinés aux divers échelons des initiés, et donc plus ou moins secrets. Il s'agissait principalement de baptêmes, d'onctions, d'impositions des mains, de communions, d'agapes et d'unions spirituelles plus ou moins symboliques.

    Dans certains groupes, la frontière entre la gnose et les magies gréco-orientales est très perméable.

    Rapports avec le judaïsme, la philosophie grecque et le christianisme

    La Genèse, avec son imprécision quant à la création d’Adam, fut source de nombreuses exégèses qui distinguent l’œuvre créatrice elle-même et l’acte créateur de Dieu. Ainsi Philon d’Alexandrie distinguait la puissance de miséricorde et de bonté, en tout supérieure, et la puissance créatrice qui lui est subordonnée.

    Le gnosticisme grec s’est calqué sur la philosophie mystique grecque de Philon : on retrouve le vocabulaire technique et les procédés d’argumentation. C’est en langue grecque que le gnosticisme atteignit son développement le plus complet.

    Le Livre d’Hénoch connaissait déjà le mythe de la Fatalité vaincue par une intervention d’en-haut qui aurait enchaîné les astres, jusqu'alors maîtres des hommes et de leurs destinées, épisode situé au temps de Noé ou peu après le Déluge. Il se retrouve chez les gnostiques chrétiens, surtout chez Valentin.

    À côté des 4 Évangiles et des Actes circulaient d’autres textes comportant la relation d’une doctrine ésotérique, communiquée aux Apôtres par le Christ ressuscité et concernant le sens secret des événements de sa vie. Ces livres sont qualifiés d’apocryphes. C’est de cet enseignement secret, conservé et transmis par la tradition orale, que se réclamaient les gnostiques chrétiens. Au 3ème siècle, les néo-platoniciens représentés par Plotin et ses disciples s’opposèrent aux sectes gnostiques locales.

    Pour conclure, du moins provisoirement

    Ce parchemin ne contient pas de réflexions personnelles. J’ai tenté de synthétiser des informations au sujet de la gnose, des gnostiques et du gnosticisme.

    Résumons cette longue synthèse : la gnose est plus une « affaire de cœur » qu'une question de concepts. Elle peut donc aussi bien conduire à un ascétisme rigoureux qu'à de curieuses immoralités, avec la volonté de contredire en tout la loi biblique.

    Tout comme le christianisme s’est répandu par la thaumaturgie, la gnose attirait par la magie et l'astrologie, très répandue au début de l’ère chrétienne, qui tenaient une place très importante dans les écrits des gnostiques.

    L'enseignement gnostique était secret. Les rites étaient divers. Les uns individuels, les autres collectifs, étaient destinés aux divers échelons des initiés, et donc plus ou moins secrets. Il s'agissait principalement de baptêmes, d'onctions, d'impositions des mains, de communions, d'agapes et d'unions spirituelles plus ou moins symboliques.

    C’est en langue grecque que le gnosticisme atteignit son développement le plus complet.

    Les gnostiques n'avaient pas de notions de moralité individuelle très strictes.

    Frère André B. - Grand Chancelier Prieural

    Lien vers le parcheminLes origines de la gnose  produit par notre Frère Joffroy B.

    Bibliographie

    Doresse Jean 

    Un article « Le gnosticisme dans histoire des religions », folio essais

     

    Lacarrière Jacques - Les gnostiques

    Collection Idées - Editions Gallimard, Paris, 1964

     

    Mircéa Eliade - Histoire des religions et idées religieuses

    Bibliothèque historique Payot, Paris, 1976

     

    Scopello Madeleine - Les gnostiques

    Editions Le Cerf, « Fides », Paris, 1991

     

    Des ouvrages plus spécialisés

    Assaraf Albert - L'hérétique, Elicha ben Abouya ou l'autre absolu

    Editions Balland, Paris, 1991

     

    Bavoux Gérard - Le porteur de lumière

    Editions Pygmalion, Paris, 1996

     

    Boyarin Daniel - Border Lines The Partition of Judaeo-Christianity

     

    Doresse Jean - Les livres secrets des gnostiques d'Égypte

    Editions Plon, Paris, 1958

     

    Grant Robert - La gnose et les origines chrétiennes

    traduit par J.H. Marrou - Editions du Seuil, 1964

     

    Maris Yves - Cathares - Journal d'une initiée

    Editions AdA, Québec, 2006

     

    Pagels Élaine - Les évangiles secrets

    Editions Gallimard, Paris, 1982

    Réédition de 2006

     

    Painchaud Louis - La bibliothèque copte de Nag Hammadi

    in « L'étude de la religion au Québec » :

    Bilan et prospective, sous la direction de Jean-Marc Larouche et Guy Ménard

    Les Presses de l'Université, Laval, 2001

     

    Puech Henri-Charles - En quête de la gnose

    Editions Gallimard, Paris, 1978

     


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