• * La Transfiguration

    Fête de la Transfiguration du Seigneur

     * La Transfiguration

    Introduction : le sens de la fête

    Qu’est-ce que la fête de la Transfiguration ?

    La fête de la Transfiguration du Seigneur célèbre le jour où, sur le mont Thabor, le Christ Jésus, devant ses Apôtres Pierre, Jacques et Jean, manifesta sa gloire de Fils bien-aimé du Père, en présence de Moïse et d’Élie apportant le témoignage de la Loi et des Prophètes.

     * La Transfiguration

    Description

    Au moment de commencer sa montée vers sa Passion, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène sur une montagne, le mont Thabor selon la tradition.

    Là, il est transfiguré devant eux et reçoit du Père ce témoignage : « Celui-ci est Mon Fils bien-aimé ».

    Au jardin des Oliviers, au soir de son arrestation, ce sont les mêmes, Pierre, Jacques et Jean, que Jésus prendra avec lui.

    Ce n'est pas une coïncidence.

    Ceux qui allaient le voir défiguré (« Il n'avait plus figure humaine » avait annoncé le prophète Isaïe) ce sont eux qui devaient, auparavant, l'avoir vu transfiguré : le Jésus Fils de Dieu est le même que le Jésus crucifié.

     * La Transfiguration

    Histoire

    La Fête de la Transfiguration est très ancienne dans l'Orient Chrétien. Elle fut très tôt fixée au 6 août, en plein été.

    Au 10ème siècle, elle devint même, par décision de l'empereur, fête chômée dans tout l'empire byzantin.

    En Occident, après avoir été longtemps fête locale, elle fut constituée fête universelle après la victoire qui stoppa l'avance turque en 1456.

    La date liturgique de sa célébration fut choisie d'après la pratique des Églises Orientales.

    Avec le Baptême du Christ, c'est une fête de Théophanie, c'est-à-dire de manifestation du Christ comme Fils de Dieu.

    Elle est célébrée en ce jour – 6 août – par l'Église d'Occident et tous les Orientaux byzantins, syriens et coptes.

    L'Église arménienne la reporte au dimanche suivant.

     * La Transfiguration

    Quarante jours avant l’Exaltation de la Croix, la Transfiguration du Seigneur rappelle comment Le Christ voulut « préparer le cœur de ses disciples à surmonter le scandale de la Croix », mais elle est aussi une annonce de la « merveilleuse adoption » qui fait de tous les croyants des fils de Dieu en Son Fils Jésus, et de la clarté dont resplendira un jour le corps entier de l’Église.

    Missel romain, messe de la Transfiguration, prière d’ouverture

     * La Transfiguration

    La Transfiguration est un épisode de la vie de Jésus-Christ relaté par les Évangiles. Il s'agit d'un changement d'apparence corporelle de Jésus pendant quelques instants de sa vie terrestre, pour révéler sa nature Divine aux trois disciples, qui devaient être témoins de Sa douloureuse agonie au jardin des Oliviers : Pierre, Jacques et Jean.

    Les trois témoins gardèrent le secret, mais plus tard ce fait extraordinaire servit admirablement à tous les Apôtres pour prouver la Divinité du Sauveur. Il leur servit aussi pour supporter avec courage les épreuves de leur apostolat.

    Le mot « transfiguration » procède en français de la traduction latine du mot grec « metamorphosis » (métamorphose).

    Cet état physique, considéré comme miraculeux, est rapporté dans trois des quatre Évangiles : Matthieu 17, 1-9 ; Marc 9, 2-9 ; Luc 9, 28-36

    Bible de la liturgie AELF

     * La Transfiguration

    Analyse de la liturgie de ce jour

    1ère lecture : « Son habit était blanc comme la neige ».

     * La Transfiguration

    Lecture du livre du prophète Daniel (Dn 7, 9-10.13-14)

    La nuit, au cours d’une vision, moi, Daniel, je regardais : des trônes furent disposés, et un Vieillard prit place ; son habit était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête, comme de la laine immaculée ; son trône était fait de flammes de feu, avec des roues de feu ardent.

    Un fleuve de feu coulait, qui jaillissait devant lui. Des milliers de milliers le servaient, des myriades de myriades se tenaient devant lui. Le tribunal prit place et l’on ouvrit des livres.

    Je regardais, au cours des visions de la nuit, et je voyais venir, avec les nuées du ciel, comme un Fils d’homme ; il parvint jusqu’au Vieillard, et on le fit avancer devant lui.

    Et il lui fut donné domination, gloire et royauté ; tous les peuples, toutes les nations et les gens de toutes langues le servirent.

    Sa domination est une domination éternelle, qui ne passera pas, et sa royauté, une royauté qui ne sera pas détruite.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    Commentaire 1 a :

    Devant les persécutions et les menaces, le prophète Daniel n'a jamais abandonné sa foi. Après avoir interprété les visions des autres, Daniel raconte celles qu'il a eues et qui dévoilent les événements à venir. Pour Jésus, dans la prise de conscience de sa mission de Messie Sauveur, cette vision prophétique de Daniel a été une référence centrale. L’expression « Fils d’homme » signifie que le sauveur promis sera bel et bien un humain, et non pas un extraterrestre fantomatique et irréel. Daniel donne la clef de sa vision, le « Fils d’homme » représente le peuple des saints du Très-haut ». Ce peuple reçoit la domination sur tous. Dieu ne les a pas abandonnés, il leur prépare un avenir de prospérité où ils vivront enfin en paix.

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    Commentaire 1 b :

    Dans le cadre des Évangiles, on peut remarquer trois choses : premièrement, Jésus dit : « Fils de l’homme » au lieu de « Fils d’homme ». Deuxièmement, Jésus est bien le seul à employer cette expression « Fils de l’homme ». Troisièmement, Jésus modifie aussi en profondeur la représentation du Fils d’homme : chez Daniel, c’était une image de victoire, de royauté. Jésus, lui, dit que le Fils de l’homme doit souffrir.

    Premièrement, Jésus dit : « Fils de l’homme » au lieu de Fils d’homme. Fils d’homme voulait dire « un homme », mais « Fils de l’Homme » veut dire l’Humanité. En s’appliquant ce titre à lui-même, Jésus se révèle donc comme le porteur du destin de l’humanité tout entière. Ce qui est une grande audace, certainement, aux yeux de ses contemporains ! Saint Paul veut dire la même chose quand il l’appelle le nouvel Adam.

    Deuxièmement, on trouve l’expression « Fils de l’homme » plus de quatre-vingts fois dans les Évangiles, mais curieusement, toujours dans la bouche de Jésus : il est le seul à l’employer, personne d’autre ne lui attribue ce titre, on peut se demander pourquoi. Car le livre de Daniel était bien connu. Mais justement, s’il était bien connu, on ne pouvait certainement pas reconnaître ce titre à Jésus : d’abord, parce que le Fils de l’homme vient sur les nuées du ciel. Or Jésus ne venait pas du ciel... il venait comme tout le monde d’une famille bien humaine, d’un petit village de rien du tout, Nazareth... D’autre part, on savait que le Fils de l’homme n’était pas un individu isolé, mais un peuple, ce que Daniel appelait «le peuple des Saints du Très-Haut». Les contemporains de Jésus n’étaient certainement pas tentés d’identifier Jésus de Nazareth, le charpentier, avec «le peuple des saints du Très-Haut» !... et encore moins avec l’humanité tout entière.

    Troisièmement, enfin, Jésus a apporté une modification de fond à la représentation classique du Fils de l’homme. Il reprend bien les termes du livre de Daniel (c’est-à-dire une image de victoire) « On verra le Fils de l’homme venir, entouré de nuées, dans la plénitude de la puissance et de la gloire » (Mc 13, 26), mais il y ajoute tout un aspect de souffrance : (toujours chez Marc) « Il enseignait ses disciples et leur disait : Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes. Ils le tueront ... » (Mc 9, 31).

    Après sa Résurrection, tout est devenu lumineux pour ses disciples : d’une part, il mérite bien ce titre de Fils de l’homme sur les nuées du ciel, lui qui est à la fois homme et Dieu. D’autre part, Jésus est le premier-né de l’humanité nouvelle, la Tête, et il fait de nous un seul Corps : à la fin de l’histoire, nous serons tellement unis que nous serons avec lui comme «un seul homme» !... Avec lui, greffés sur lui, nous serons « le peuple des Saints du Très-Haut ».

    Alors nous découvrons la merveille à laquelle nous osons à peine croire : le « dessein bienveillant » de Dieu est de faire de nous un peuple de rois ...! C’était cela son projet, dès le début, lorsqu’il créait l’humanité. Le livre de la Genèse le disait déjà : «Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu Il le créa ; mâle et femelle Il les créa. Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la» (Gn 1, 27-28).

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * La Transfiguration

    Psaume : (Ps 96, 1-2, 4-5, 6.9)

    R/ Le Seigneur est roi, le Très-Haut sur toute la terre (Ps 96, 1a.9a)

    Le Seigneur est roi ! Exulte la terre ! Joie pour les îles sans nombre !

    Ténèbres et nuées l'entourent, justice et droit sont l'appui de son trône.

    Quand ses éclairs illuminèrent le monde, la terre le vit et s'affola ; les montagnes fondaient comme cire devant le Seigneur, devant le Maître de toute la terre.

    Les cieux ont proclamé sa justice, et tous les peuples ont vu sa gloire.

    Tu es, Seigneur, le Très-Haut sur toute la terre, tu domines de haut tous les dieux.

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    Commentaire 2 :

    Bien sûr, aujourd’hui, à la lumière de la Résurrection du Christ, quand nous disons « le Seigneur est roi », nous le pensons de Jésus-Christ. Mais ce psaume a d’abord été composé pour célébrer le Dieu d’Israël ; pour le moment, commençons donc par le méditer tel qu’il a été composé. « Le Seigneur est roi ! » Dès les premiers mots de ce psaume, nous savons qu’il a été écrit pour honorer Dieu comme le seul roi, le roi devant lequel tous les roitelets de la terre doivent courber la tête! Dieu est le seul Dieu, le seul Seigneur, le seul roi... si les psaumes et toute la Bible y insistent tant, c’est que cela n’allait pas de soi ! La lutte contre l’idolâtrie a été le grand combat de la foi d’Israël. Nous lisons ici : « Tu domines de haut tous les dieux » et un autre verset dit : « À genoux devant lui, tous les dieux ! »

    Entendons-nous bien : ces phrases ne sont pas une reconnaissance qu’il y aurait d’autres dieux mais inférieurs !...  « Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est le Seigneur UN », c’est le premier article du credo juif. Des phrases comme « à genoux devant lui, tous les dieux » ou « tu domines de haut tous les dieux » sont parfaitement claires dans la mentalité biblique : un seul être au monde mérite qu’on se mette à genoux devant lui, c’est Dieu, le Dieu d’Israël, le seul Dieu. Toutes les génuflexions qu’on peut faire devant d’autres que Dieu ne sont que de l’idolâtrie. C’est bien d’ailleurs pour cela que Jésus a été condamné et exécuté : il a osé se prétendre Dieu lui-même. C’est donc un blasphémateur et tout blasphémateur doit être retranché du peuple élu. Élu précisément pour annoncer au monde le Dieu unique.

    Il faut dire que tous les peuples alentour sont polythéistes. Même le Pharaon Akhenaton, vers 1350 av. J. - C, n’était pas réellement monothéiste. Et tout au long de l’histoire biblique, le peuple élu a  été en permanence au contact de peuples polythéistes, idolâtres. Et sa foi a chancelé plus d’une fois... À ce moment-là les prophètes comparaient Israël à une épouse infidèle ; ils la traitaient d’adultère, de prostituée... Mais aussi et en même temps, chaque fois, ils assuraient le peuple élu du pardon de Dieu.

    Une autre trace dans la Bible de cette lutte contre l’idolâtrie, ce sont toutes les ressources dont les écrivains disposent pour affirmer que Dieu est Unique. L’exemple le plus frappant en est peut-être le premier chapitre de toute la Bible, le premier récit de la Création dans le premier chapitre de la Genèse. Ce texte a été écrit par les prêtres pendant l’Exil à Babylone, donc au sixième siècle av. J. - C. À cette époque-là, à Babylone, on croit que le ciel est peuplé de dieux, rivaux entre eux, d’ailleurs, et ceux qui ont décidé de fabriquer l’homme ont bien l’intention d’en faire leur esclave : le bonheur de l’homme est le dernier de leurs soucis. La Création a été faite à partir des restes du cadavre d’une déesse monstrueuse et l’homme lui-même est un mélange : il est mortel, mais il renferme une parcelle divine qui provient du cadavre d’un dieu mauvais.

    Les prêtres d’Israël vont donc se démarquer très fort de ces représentations qui sont aux antipodes du projet de Dieu. Pour commencer, on va répéter que la Création n’est que bonne : pas de mélange monstrueux à partir du cadavre d’un dieu mauvais vaincu. C’est pourquoi, génialement, on a inséré ce refrain « et Dieu vit que cela était bon ». Ensuite, pour bien affirmer qu’il n’y a qu’un dieu, sans équivoque possible, pour qu’on ne soit pas tenté d’honorer le soleil comme un dieu, ou la lune comme une déesse, on ne va même pas les nommer. Le texte dit : « Et Dieu fit les deux grands luminaires, le grand luminaire pour présider au jour et le petit luminaire pour présider à la nuit ». Ils sont réduits à leur fonction utilitaire : deux ampoules en somme. Les voilà remis à leur place, si l’on peut dire ! Et enfin et surtout,  Dieu crée l’homme à son image et à sa ressemblance et il en fait le roi de la Création : l’homme à l’image de Dieu, il fallait bien une Révélation pour qu’on puisse oser y croire !

    Ici, dans ce psaume, une autre façon de marquer la grandeur unique de Dieu consiste à décrire de grands bouleversements cosmiques lorsqu’il apparaît : feu, éclairs, nuage, ténèbres, tremblements de terre : « Quand ses éclairs illuminèrent le monde, la terre le vit et s’affola ; les montagnes fondaient comme cire devant le Maître de toute la terre... ». Chaque fois qu’on rencontre une description de ce genre, c’est un rappel de la grande rencontre de Moïse avec Dieu sur le mont Sinaï.

    Enfin, encore une chose très intéressante dans ce psaume, la juxtaposition des deux parties de la première ligne : « Le Seigneur est roi ! Exulte la terre ! »... Cela veut dire que la royauté de Dieu s’étend à toute la terre et cela pour le bonheur et l’exultation de toute la terre ! Une fois de plus, nous rencontrons cette note d’universalisme si importante dans la découverte biblique : « Les cieux ont proclamé sa justice, et tous les peuples ont vu sa gloire ». Pourquoi est-ce dit au passé ? Parce que, déjà, les peuples ont pu voir les merveilles que Dieu a accomplies pour son peuple. Mais on attend le Jour où la terre tout entière reconnaîtra enfin vraiment la justice de Dieu. Alors on pourra vraiment chanter : « Joie pour les îles sans nombre !... Tous les peuples ont vu sa gloire ». Dans d’autres versets qui, malheureusement, n’ont pas été retenus pour cette fête, c’est la notion de l’élection d’Israël qui est une fois de plus elle aussi réaffirmée : « Pour Sion qui entend, grande joie ! Les villes de Juda exultent devant tes jugements, Seigneur ! » (Verset 8). Ces deux aspects : élection d’Israël et salut de l’humanité tout entière sont toujours liés dans les textes bibliques. Autre dimension très présente, elle aussi, la joie : parce que le projet de Dieu sur l’humanité est un projet de joie. Rappelez-vous, quand il eut achevé la Création, « Dieu vit tout ce qu’il avait fait : voilà c’était très bon ! » (Gn 1, 31).

    Tout ceci ne paraît-il pas utopique lorsque l’actualité politique semble dénier tout espoir de paix et de joie ? C’est le moment ou jamais pour les croyants d’affirmer la volonté de Dieu de voir s’instaurer la paix et de croire contre toutes les apparences contraires que nous en avons les moyens...

    Encore faudrait-il la désirer vraiment.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Épître : « Cette voix venant du ciel, nous l’avons nous-mêmes entendue ».

     * La Transfiguration

    Lecture de la deuxième lettre de saint Pierre Apôtre (2 P 1, 16-19)

    Bien-aimés, ce n’est pas en ayant recours à des récits imaginaires sophistiqués que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais c’est pour avoir été les témoins oculaires de sa grandeur.

    Car il a reçu de Dieu le Père l’honneur et la gloire quand, depuis la Gloire magnifique, lui parvint une voix qui disait : « Celui-ci est mon Fils, mon bien-aimé ; en lui j’ai toute ma joie ». Cette voix venant du ciel, nous l’avons nous-mêmes entendue quand nous étions avec lui sur la montagne sainte.

    Et ainsi se confirme pour nous la parole prophétique ; vous faites bien de fixer votre attention sur elle, comme sur une lampe brillant dans un lieu obscur jusqu’à ce que paraisse le jour et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    Commentaire 3 :

    La deuxième lettre de Pierre ressemble à un discours d'adieu : au moment de partir, celui qui s'en va rappelle les vérités fondamentales qui l'ont animé et donne des orientations pour l'avenir à ceux qui se sont rassemblés autour de son témoignage. Les versets qui nous sont proposés ici sont une introduction à l'ensemble de la lettre et en résument brièvement les principaux thèmes : premièrement, restez fermes dans la foi à Jésus-Christ, fils de Dieu. Deuxièmement, gardez-vous des faux prophètes. Tout ceci sans perdre de vue ce qui constitue l’horizon de la foi, à savoir l’espérance du retour du Christ.

    Premièrement, restez fermes dans la foi à Jésus-Christ, fils de Dieu : au moment de la naissance de Jésus, il ne serait venu à l’idée de personne que Dieu pût avoir un Fils. Le Dieu unique était solitaire. Quand Jean Baptiste entend la voix du ciel qui désigne Jésus comme Fils, il traduit certainement Messie. Car, traditionnellement, le roi d’Israël recevait le titre de Fils de Dieu le jour de son sacre, avec la formule « Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré » (Ps 2, 7). Pour les Juifs croyants, se dire Fils de Dieu relevait soit du mensonge, soit de la prétention, voire du blasphème. C’est d’ailleurs l’un des motifs de la condamnation de Jésus (cf Mc 14, 64). Peu à peu, beaucoup plus tard, en méditant le mystère du Christ à la lumière de la Résurrection, les apôtres ont découvert cette vérité inattendue : Jésus est vraiment le Fils de Dieu, il est Dieu. L’évènement de la Transfiguration leur apparaît désormais en pleine lumière : le Christ a « reçu du Père l’honneur et la gloire quand, depuis la Gloire magnifique, lui parvint une voix qui disait : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en lui j’ai mis tout mon amour ». Or la gloire, dans tout l’Ancien Testament, est une prérogative de Dieu : par exemple dans les psaumes « Donnez (au sens de reconnaissez) au Seigneur la gloire de son nom » (Ps 28/29, 2). Pourtant, d’après Matthieu et Marc, la voix venue du ciel n’a pas dit autre chose à la Transfiguration qu’au Baptême. Ce qui diffère, c’est la gloire, justement, dont est nimbé Jésus à la Transfiguration : il est seul, sur la montagne, entouré seulement des deux plus hautes figures de l’Ancien Testament. Au Baptême, il était noyé dans la foule, mêlé au peuple des pécheurs. C’est le même Jésus que les disciples ont peu à peu appris à connaître, fils d’homme, assurément, mais aussi Fils de Dieu.

    Cette foi renouvelée n’est pourtant pas pour les disciples de Jésus une trahison de leur foi passée : aucun d’entre eux ne pense avoir changé de religion en reconnaissant en Jésus le Messie de Dieu tant attendu par leur peuple. Au contraire, en relisant les Écritures, ils découvrent que Jésus est bien celui qu’elles annonçaient. D’où la phrase de Pierre : « Ainsi se confirme pour nous la parole prophétique » et le conseil qu’il donne à ses lecteurs : « Vous faites bien de fixer votre attention sur elle, comme sur une lampe brillant dans un lieu obscur ». Belle image : dans les ténèbres de l’humanité qui attend son sauveur, brille déjà la lumière des prophètes. Désormais les Chrétiens devront se remémorer sans cesse cette Parole qui annonçait Jésus.

    Deuxièmement, dit Pierre, gardez-vous des faux prophètes. Visiblement, cette crainte n’était pas sans objet, car de nombreux passages du Nouveau Testament manifestent le même souci ; par exemple l’évangile de Matthieu : « Gardez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous vêtus en brebis, mais qui au-dedans sont des loups rapaces. C’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez » (Mt 7, 15-16). Même chose apparemment dans l’entourage de Jean : « N’ajoutez pas foi à tout esprit, mais éprouvez les esprits pour voir s’ils sont de Dieu. Car beaucoup de prophètes de mensonge se sont répandus dans le monde » (1 Jn 4, 1) et de Paul : « L’Esprit le dit expressément : Dans les derniers temps, certains renieront la foi, s’attacheront à des esprits séducteurs et à des doctrines inspirées par les démons » (1 Tm 4, 1)...

    « Viendra un temps, en effet, où certains ne supporteront plus la saine doctrine, mais, au gré de leurs propres désirs et l’oreille leur démangeant, s’entoureront de quantités de maîtres. Ils détourneront leurs oreilles de la vérité, vers les fables ils se retourneront » (2 Tm 4, 3). Face à ces faux prophètes se dressent les témoins authentiques, ceux qui ont connu Jésus de Nazareth et ont, seuls, droit à la parole. Cette préoccupation de l’authenticité du témoignage est constante chez les premiers apôtres en général et chez Pierre en particulier. D’où les conditions avancées pour le choix du remplaçant de Judas : « Il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a marché à notre tête, à commencer par le Baptême de Jean jusqu’au jour où il nous a été enlevé : il faut donc que l’un d’entre eux devienne avec nous témoin de sa Résurrection » (Ac 1, 21). D’où également ici l’insistance de Pierre sur sa propre présence au moment de la Transfiguration : « Nous l’avons contemplé lui-même dans sa grandeur... Cette voix venant du ciel, nous l’avons nous-mêmes entendue quand nous étions avec lui sur la montagne sainte ». C’est parce qu’ils ont été témoins de la venue du Fils de Dieu parmi les hommes que ses apôtres peuvent désormais en toute assurance attendre sa venue à la fin des temps « jusqu’à ce que paraisse le Jour et que l’étoile du matin se lève dans vos cœurs ».

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * La Transfiguration

    Évangile : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé »

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Marc (Mc 9, 2-10)

    En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux.

    Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.

    Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus.

    Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie ».

    De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande.

    Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! ».

    Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.

    Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.

    Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ».

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    Commentaire 4 :

    JÉSUS LEUR ORDONNA DE NE RACONTER À PERSONNE

    « Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts ». On peut se demander pourquoi Jésus donne une telle consigne de secret à ses disciples.

    Tout d’abord, qu’ont-ils vu ? Jésus leur est apparu ici en gloire sur une montagne entre deux des plus grandes figures d’Israël : Moïse le libérateur, celui qui a transmis la Loi. Et Élie le prophète de l’Horeb. Nous qui connaissons la fin de l’histoire, si j’ose dire, nous savons (ce que les disciples ne savent pas encore) que, quelque temps plus tard, Jésus sera sur une autre montagne, crucifié entre deux brigands.

    Jésus, lui, sait bien que la plus grande difficulté de la foi des apôtres sera de reconnaître dans ces deux visages du Messie l’image même du Père : « Qui m’a vu a vu le Père » dira Jésus à Philippe la veille de sa mort (Jn 14, 9). Je crois qu’on a là une phrase-clé du mystère du Christ.

    Car ces deux images, la gloire et la souffrance, sont les deux faces du même amour de Dieu pour l’humanité tel qu’il s’est incarné en Jésus-Christ. Comme dit saint Paul dans la lettre aux Romains, l’amour de Dieu est « manifesté » (rendu visible) en Jésus-Christ (Rm 8, 39). Et, à plusieurs reprises, Jésus lui-même a fait le lien entre gloire et souffrance en parlant du Fils de l’homme. Mais il est encore trop tôt pour que les disciples comprennent et acceptent ce mystère du Messie souffrant. C’est pour cela, probablement, que Jésus leur recommande de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, « jusqu’à ce que le Fils de l’homme ressuscite d’entre les morts ».

    Je reprends cette phrase : « Jésus leur défendit de raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts ». Et Marc nous dit qu’ils ont obéi tout en se demandant ce que pouvait bien vouloir dire «ressusciter d’entre les morts». On peut penser que les disciples croyaient bien à la résurrection des morts, comme la majorité des Juifs de leur époque, mais qu’ils l’imaginaient seulement pour la fin des temps. Et donc, ils ne voyaient peut-être pas le sens de cette consigne de silence « jusqu’à la résurrection des morts » c’est-à-dire « jusqu’à la fin des temps » !

    Autre surprise pour eux, certainement, ce titre de Fils de l’homme que, visiblement, Jésus s’attribuait à lui-même : quand il parlait du Fils de l’homme, on pensait tout de suite au prophète Daniel qui parlait du Messie en l’appelant « fils d’homme ». Mais ce « fils d’homme » était en réalité un être collectif, puisque le prophète l’appelait aussi « le peuple des Saints du Très-Haut ». A l’époque de Jésus, cette idée d’un Messie collectif était courante dans certains milieux, dans lesquels on parlait volontiers aussi du Reste d’Israël, c’est-à-dire le petit noyau fidèle qui sauverait le monde.

    Mais, évidemment, Jésus, à lui tout seul, ne pouvait pas être considéré comme un être collectif ! Là encore, il faudra attendre la Résurrection et même la Pentecôte pour que les disciples de Jésus de Nazareth comprennent que Jésus a pris la tête du «peuple des Saints du Très-Haut» et que tous les baptisés de par le monde sont invités à ne faire qu’un avec lui pour sauver l’humanité.

    Deux bonnes raisons donc pour les inviter à ne pas raconter tout de suite ce qu’ils n’avaient pas encore compris. En attendant, il leur est demandé d’écouter, seul chemin pour entrer dans les mystères de Dieu : « Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, écoutez-le ».

     * La Transfiguration

    « CELUI-CI EST MON FILS BIEN-AIMÉ, ÉCOUTEZ-LE »

    L’expression « Écoutez-le » retentit aux oreilles des apôtres comme un écho de cette profession de foi qu’ils récitent tous les jours, puisqu’ils sont Juifs, « Shema Israël », « Écoute Israël ».

    C’est un appel à la confiance quoi qu’il arrive. Confiance qui sera durement éprouvée dans les mois qui viennent : car la Transfiguration a lieu au moment-charnière du ministère de Jésus : le ministère en Galilée se termine, Jésus va maintenant prendre le chemin de Jérusalem et de la croix. Le titre de « Bien-Aimé » va dans le même sens : car c’était l’un des noms que le prophète Isaïe donnait à celui qu’il appelait le Serviteur de Dieu. Il disait que ce Messie connaîtrait la souffrance et la persécution pour sauver son peuple.

    Mais Jésus estime que tout cela doit encore demeurer secret : précisément parce que les disciples ne sont pas encore prêts à comprendre (et les foules encore moins) le mystère de la Personne du Christ : cette lueur de gloire de la Transfiguration ne doit pas tromper ceux qui en ont été spectateurs : ce n’est pas la marque du succès et de la gloire à la manière humaine, c’est le rayonnement de l’amour. On est loin des rêves de triomphe politique et de puissance magique qui habitent encore les apôtres et qui les habiteront jusqu’à la fin. En leur donnant cette consigne de silence, Jésus leur fait entrevoir que seule la Résurrection éclairera son mystère.

    Pour l’instant, il faut redescendre de la montagne, résister à la tentation de s’installer ici à l’écart, sous la tente, mais au contraire affronter l’hostilité, la persécution, la mort.

    La vision s’est effacée : « Ils ne virent plus désormais que Jésus seul ». Cette phrase résonne comme un rappel de la réalité présente, inéluctable.

    La gloire du Christ, bien réelle, ne le dispense pas des exigences de sa mission. Peut-être la consigne de silence qu’il donne à ses disciples traduit-elle sa volonté de ne pas se soustraire à ce qui l’attend et de surmonter pour lui-même la tentation d’y échapper ?

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Concernant la Transfiguration, ne manquez pas de relire notre publication de l’an dernier : LIEN

    Commentaires de la fête de la Transfiguration

     * La Transfiguration

    Commentaire général du Pape Jean-Paul II

    Très chers frères et sœurs !

    C'est aujourd'hui, 6 Août, la Fête de la Transfiguration de Notre Seigneur Jésus-Christ, Fête liturgique que les Chrétiens d'Orient et d'Occident célèbrent le même jour. [...]
    Selon le récit évangélique d'aujourd'hui, Jésus « fut transfiguré » devant Pierre, Jacques et Jean : « son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière » (Mt 17, 2).

    A travers le voile de l'humanité se révéla Le Fils de Dieu, « Lumière de la Lumière ». Et cela fut confirmé par une voix mystérieuse provenant de l'au-delà: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur, écoutez-le » (Mt 17, 5).

    Nous nous trouvons face à une véritable épiphanie : la manifestation au monde du Fils de Dieu. [...]

    La Fête de la Transfiguration rappelle à la mémoire mon bien-aimé prédécesseur, le Serviteur de Dieu Paul VI, décédé précisément le 6 août 1978.

    Il fut un prédicateur inspiré de la Transfiguration, dans laquelle il contemplait tout le mystère du Christ, vrai homme et vrai Dieu.

    A l'homme contemporain, souvent tourmenté par mille appels trompeurs, Paul VI indique, avec un Amour passionné et une doctrine savante, Le Christ, « Maître, Pasteur, Lumière de l'âme ».

    « Il est nécessaire – affirmai-il dans une homélie – et nous ne pouvons nous passer de Lui. Il est notre richesse, notre joie et notre bonheur, notre promesse et notre espérance; notre chemin, notre vérité et notre vie » (Insegnamenti, III [1965], 1192).

    Que la Vierge Marie, que Paul VI vénérait avec une affection filiale, aide tous les Chrétiens à être des témoins fidèles du Seigneur.

    Qu'il soutienne en outre l'effort que les Chrétiens des diverses confessions accomplissent pour avancer avec courage sur le chemin de la pleine unité.

     * La Transfiguration

    Au terme de l'Angélus, le Saint-Père s'est adressé aux pélerins francophones :

    « En cette Fête de la Transfiguration, je souhaite aux personnes de langue française d'accueillir avec générosité la lumière de l'Évangile pour qu'elle éclaire toute leur existence et leur donne d'être au milieu de leurs frères des témoins ardents du Christ, ‘’Lumière des peuples’’ ». [...]

    La Transfiguration est donc une Fête de la Gloire, une percée jusqu’au terme de l’histoire du Salut, qui est l’entrée plénière dans la Vie Divine Trinitaire.

    Si Moïse et Élie sont « vus dans la Gloire » (Lc 9, 31), c’est en raison de l’expérience partielle qu’ils eurent de cette Gloire au Sinaï (cf. Ex 33, 18-23 ; 1 R 19, 9-14) ; la mention des tentes par Pierre – même s’il ne savait pas ce qu’il disait (Lc 9, 33) – est une allusion à la Tente de la Rencontre où Yahvé et Moïse conversaient face à face (Ex 33, 7-11).

    La nuée évoque aussi la présence de Dieu à son Peuple dans l’Exode (13, 21-22 ; 19, 9 ; 33, 9-10).

    La voix du Père, qui dit la parole même en laquelle il engendre le Fils, manifeste que l’entrée dans la Gloire – celle du Fils (cf. Jn 17, 22-24) – n’est possible pour nous que si nous écoutons Jésus pour le suivre.

    La Transfiguration est un appel à la Gloire et un rappel du chemin de souffrances qui y mène.

    L’Église, en célébrant la Fête de la Transfiguration, demande au Père qu’il nous accorde « d’écouter la voix de Son Fils bien-aimé, afin de pouvoir un jour partager avec Lui son héritage ».

    Pape Saint Jean-Paul II - 6 août 2000 - Castel Gandolfo

     * La Transfiguration

    Un avant-goût du Royaume : la Transfiguration

    À partir du jour où Pierre a confessé que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, le Maître « commença de montrer à ses disciples qu'il lui fallait s'en aller à Jérusalem, y souffrir (...) être mis à mort et, le troisième jour, ressusciter » (Mt 16, 21) : Pierre refuse cette annonce (cf. Mt 16, 22-23), les autres ne la comprennent pas davantage (cf. Mt 17, 23 ; Lc 9, 45).

    C'est dans ce contexte que se situe l'épisode mystérieux de la Transfiguration de Jésus (Mt 17, 1-8), sur une haute montagne, devant trois témoins choisis par lui : Pierre, Jacques et Jean. Le visage et les vêtements de Jésus deviennent fulgurants de lumière, Moïse et Élie apparaissent, lui « parlant de son départ qu'il allait accomplir à Jérusalem » (Lc 9, 31). Une nuée les couvre et une voix du ciel dit : « Celui-ci est mon Fils, mon Élu ; écoutez-le » (Lc 9, 35).

    Pour un instant, Jésus montre sa gloire divine, confirmant ainsi la confession de Pierre. Il montre aussi que, pour « entrer dans sa gloire » (Lc 24, 26), il doit passer par la Croix à Jérusalem. Moïse et Élie avaient vu la gloire de Dieu sur la Montagne ; la Loi et les prophètes avaient annoncé les souffrances du Messie (cf. Lc 24, 27). La passion de Jésus est bien la volonté du Père : le Fils agit en Serviteur de Dieu (cf. Is 42, 1). La nuée indique la présence de l'Esprit Saint : « Toute la Trinité apparut : le Père dans la voix, le Fils dans l'homme, l'Esprit dans la nuée lumineuse » (S. Thomas d'A., s. th. 3, 45, 4, ad 2) :

    Tu t'es transfiguré sur la montagne, et, autant qu'ils en étaient capables, tes disciples ont contemplé ta Gloire, Christ Dieu afin que lorsqu'ils Te verraient crucifié, ils comprennent que ta passion était volontaire et qu'ils annoncent au monde que Tu es vraiment le rayonnement du Père.

    Liturgie byzantine, Kontakion de la fête de la Transfiguration

     * La Transfiguration

    Au seuil de la vie publique : le Baptême ; au seuil de la Pâque : la Transfiguration. Par le Baptême de Jésus « fut manifesté le mystère de notre première régénération » : notre Baptême ; la Transfiguration «est le sacrement de la seconde régénération» : notre propre résurrection (S. Thomas d'A., s. th. 3, 45, 4, ad 2). Dès maintenant nous participons à la Résurrection du Seigneur par l'Esprit Saint qui agit dans les sacrements du Corps du Christ.

    La Transfiguration nous donne un avant-goût de la glorieuse venue du Christ « qui transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire » (Ph 3, 21). Mais elle nous rappelle aussi qu' « il nous faut passer par bien des tribulations pour entrer dans le Royaume de Dieu » (Ac 14, 22) : cela Pierre ne l'avait pas encore compris quand il désirait vivre avec le Christ sur la montagne (cf. Lc 9, 33). Il t'a réservé cela, Pierre, pour après la mort. Mais maintenant il dit lui-même : Descend pour peiner sur la terre, pour servir sur la terre, pour être méprisé, crucifié sur la terre. La Vie descend pour se faire tuer ; le Pain descend pour avoir faim ; la Voie descend, pour se fatiguer en chemin ; la Source descend, pour avoir soif ; et tu refuses de peiner ? (S. Augustin, serm. 78, 6 : PL 38, 492-493). 

    Du Catéchisme de l'Église Catholique, § 554-556 - Site officiel du Vatican

     * La Transfiguration

    Le 6 août, nous célébrons la mémoire de la Sainte TRANSFIGURATION

    de Notre Seigneur Dieu et Sauveur JÉSUS-CHRIST

    Six jours après avoir déclaré à Ses disciples : « Il en est ici qui ne goûteront pas la mort avant d'avoir vu le Royaume de Dieu venu en puissance » (Mat. 16:28, Marc 9:l), Jésus prit avec lui Ses Disciples préférés: Pierre, Jacques et Jean; et les emmenant à l'écart, il monta sur une montagne élevée: le mont Thabor en Galilée, pour y prier.

    Il convenait en effet que ceux qui allaient assister à Son agonie à Gethsémani et qui seraient les témoins privilégiés de Sa Passion, fussent préparés à cette épreuve par le spectacle de Sa Gloire.

    Pierre, car il venait de confesser sa Foi en Sa divinité. Jacques, car il fut le premier à mourir pour Le Christ. Et Jean qui témoigna de son expérience de la Gloire Divine en faisant retentir comme « fils de tonnerre », la théologie du Verbe venu dans la chair.

    Il les fit monter sur la montagne, en signe de l'ascension spirituelle qui, de vertu en vertu, conduit à la charité, vertu suprême qui ouvre l'accès à la Contemplation de Dieu.

    Cette ascension était en fait le résumé de toute la vie du Seigneur qui, revêtu de notre faiblesse, nous a frayé le Chemin vers Le Père, en nous enseignant que l'hésychia est la mère de la prière et que c'est la prière qui nous manifeste la Gloire de Dieu.

    « Et comme Il priait, soudain, l'aspect de Son visage devint autre, Il Se transfigura et brilla comme le soleil, tandis que Ses vêtements devinrent resplendissants, d'un blanc fulgurant, tel qu'aucun foulon sur la terre ne peut blanchir » (Marc 9:3).

    Le Verbe de Dieu incarné manifesta ainsi la splendeur naturelle de la Gloire Divine, qu'Il possédait en Lui-même et qu'Il avait gardée après Son Incarnation, mais qui restait cachée sous le voile de la chair.

    Dès le moment de Sa conception dans le sein de la Vierge, en effet, la Divinité s'est unie sans confusion avec la nature de la chair, et la Gloire Divine est devenue, hypostatiquement, gloire du corps assumé.

    Ce que Le Christ manifestait ainsi à Ses disciples au sommet de la montagne n'était donc pas un spectacle nouveau, mais la manifestation éclatante de la Divinisation en Lui de la nature humaine — y compris le corps — et de son union avec la splendeur Divine.

    Alors que le visage de Moïse avait resplendi d'une gloire qui venait de l'extérieur après la révélation du mont Sinaï (cf. Ex. 34:29), le visage du Christ apparut au Thabor comme une source de lumière, source de la Vie Divine rendue accessible à l'homme, et qui se répandait aussi sur ses « vêtements », c'est-à-dire sur le monde extérieur et sur les produits de l'activité et de la civilisation humaines.

    « Il est transfiguré, assure Saint Jean Damascène, non pas en assumant ce qu'Il n'était pas, mais en montrant à Ses disciples ce qu'Il était, leur ouvrant les yeux et, d'aveugles qu'ils étaient, les faisant voyants ».

    Le Christ ouvrit les yeux de Ses disciples, et c'est d'un regard transfiguré par la puissance de L'Esprit Saint que ces derniers virent la lumière Divine indissociablement unie à Son corps.

    Ils furent donc eux-mêmes transfigurés, et c'est dans la prière qu'ils purent voir et connaître le changement advenu à notre nature du fait de son union avec le Verbe.

    St Grégoire Palamas

    « Tel est le soleil pour les choses sensibles, tel est Dieu pour les spirituelles » (St Grégoire le Théologien), c'est pourquoi les Évangélistes rapportent que le visage du Dieu-Homme, qui est la « lumière véritable qui éclaire tout homme venant en ce monde » (Jn 1:9), brillait comme le soleil.

    Mais cette lumière était en fait incomparablement supérieure à toute lumière sensible et, incapables de supporter Son éclat inaccessible, les disciples tombèrent à terre.

    Lumière immatérielle, incréée et intemporelle, elle était le Royaume de Dieu venu dans la puissance du Saint-Esprit, conformément à ce que Le Seigneur avait promis à Ses disciples.

    Entrevue alors pour un instant, cette lumière deviendra l'héritage permanent des élus dans le Royaume, quand Le Christ viendra à nouveau, resplendissant dans tout l'éclat de Sa Gloire. Il reviendra dans la lumière, dans cette lumière qui a brillé au Thabor et qui a jailli du tombeau le jour de Sa Résurrection, et qui, se répandant sur l'âme et le corps des élus, les fera resplendir eux aussi « comme le soleil » (cf. Mat. 13:43).

    « Dieu est lumière, et Sa vue est lumière ». De la même manière que les Disciples au sommet du Thabor, de nombreux Saints ont été témoins de cette révélation de Dieu dans la lumière.

    Toutefois la lumière n'est pas pour eux seulement objet de Contemplation, mais elle est aussi la grâce défiante qui leur permet de "voir" Dieu, de sorte que se vérifient les paroles du Psalmiste : « Dans ta lumière, nous verrons la lumière » (Ps. 35:10).

    Au sein de cette vision glorieuse, apparurent aux côtés du Seigneur Moïse et Élie, les deux sommets de l'Ancien Testament, représentant respectivement la Loi et les Prophètes, qui lui portaient témoignage en tant que maître des vivants et des morts.

    Et ils s'entretenaient avec Lui, dans la lumière, de l' « Exode qu'Il allait accomplir à Jérusalem », c'est-à-dire de Sa Passion, car c'est par la Passion et par la Croix que cette Gloire devait être donnée aux hommes.

    Étant sortis d'eux-mêmes, ravis dans la Contemplation de la lumière Divine, les Apôtres étaient comme accablés de sommeil et, « ne sachant pas ce qu'il disait, Pierre dit à Jésus : "Maître, il est bon que nous soyons ici, et si tu veux nous ferons trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie" ».

    Détournant Son disciple de ce désir trop humain, qui consistait à se contenter de la jouissance terrestre de la lumière, Le Seigneur leur montra alors une « tente » meilleure et un Tabernacle de beaucoup supérieur pour abriter Sa Gloire.

    Une nuée lumineuse vint les couvrir de Son ombre, et la voix du Père Se fit entendre au sein de cette nuée, portant témoignage au Sauveur : « Celui-ci est Mon Fils bien-aimé, en Qui Je Me suis complu; écoutez-Le ».

    Cette nuée représentait la Grâce de L'Esprit d'adoption; et, comme lors de Son Baptême au Jourdain, la voix du Père rendait ainsi témoignage au Fils et manifestait que les trois Personnes de la Sainte Trinité, toujours unies, collaborent au Salut de l'homme.

    La lumière de Dieu, qui avait d'abord permis aux Disciples de « voir » Le Christ, les fit accéder à un état supérieur à la vision et à la connaissance humaine quand elle brilla plus intensément.

    Sortant de tout ce qui se voit ainsi que d'eux-mêmes, ils entrèrent alors dans la ténèbres supra-lumineuse, dans laquelle Dieu fait Sa retraite (cf. Ps. 17:12), et « fermant la porte de leurs sens », ils y reçurent la révélation du Mystère Trinitaire, qui transcende toute affirmation et toute négation.

    Encore insuffisamment préparés à la révélation de tels mystères, car ils n'étaient pas encore passés par l'épreuve de la Croix, les disciples en furent fort effrayés.

    Mais quand ils relevèrent la tête, ils virent Jésus, seul, ayant retrouvé Son aspect habituel, qui s'approcha d'eux et les rassura.

    Puis, descendant de la montagne, Il leur recommanda de garder le silence sur ce qu'ils avaient vu, jusqu'à ce que Le Fils de l'Homme se relève d'entre les morts.

    La Fête d'aujourd'hui est donc par excellence celle de la Divinisation de notre nature humaine et de la participation de notre corps corruptible aux biens éternels, qui sont au-dessus de la nature.

    Avant même d'accomplir notre Salut par sa Passion, le Sauveur montra alors que le but de Sa venue dans le monde était précisément de conduire tout homme à la Contemplation de Sa Gloire Divine.

    C'est pour cette raison que la Fête de la Transfiguration a connu une faveur particulière parmi les Moines, qui ont Consacré toute leur vie à la quête de cette lumière.

     * La Transfiguration

    Synthèse de recherches mise en page parle Frère André B.

    Références :

    Pour le sens de la fête :

    http://reflexionchretienne.e-monsite.com/pages/les-fetes-catholiques/aout-2012/transfiguration-de-notre-seigneur-jesus-fete-le-06-aout.html

    Pour les textes de la liturgie de ce jour :

    https://www.aelf.org/2018-08-06/romain/messe

    Pour l’analyse de la liturgie :

    http://thierry.jallas.over-blog.com/2017/07/commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-a-la-transfiguration-du-seigneur-6-aout-2017.html

    http://thierry.jallas.over-blog.com/2015/02/commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-b-2e-dimanche-de-careme-1er-mars-2015.html


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