• * Le point de vue des Francs-maçons

    Chapitre XI : Le point de vue des Francs-maçons

    A l’occasion de la célébration du Solstice de la Saint-Jean d’hiver

    Les Francs-maçons fêtent les Solstices : le Solstice de la Saint-Jean d’été (le 21 juin) et la Saint-Jean d’hiver (le 27 décembre). « Éclairés », ils saluent ce moment où le soleil s’arrête (solstitium) notamment par l’organisation d’une Tenue dite « solsticiale ».

    Plus simplement, c’est théoriquement à ce moment de l’année que le jour est le plus court et la nuit la plus longue (car le solstice astronomique peut légèrement varier). A partir du Solstice d’hiver, les jours vont s’allonger et la Lumière vaincra les Ténèbres.

    Le Solstice a été marqué par des fêtes païennes (comme les saturnales romaines) en l’honneur du soleil invaincu (sol invictus) lié en particulier au culte de Mithra. Cette fête, comme d’autres festivités païennes, a ensuite été assimilée par des religions comme le christianisme (Noël). Ce n’est qu’en 354 que le pape Libère décida que Noël, jour de la naissance de Jésus, devait être fêté le 25 décembre.

    Le moment du solstice d’hiver correspond plus ou moins à la Saint-Jean d’hiver (27 décembre). Il s’agit ici de saint Jean l’Évangéliste et non de saint Jean Baptiste qui, lui, est fêté au Solstice d’été.

    L’attribut de saint Jean l’Évangéliste est l’aigle. Pour les Francs-maçons, saint Jean l’Évangéliste représenterait l’Initié. A noter qu’il est aussi celui des Templiers et d’autres ordres de chevalerie.

    Dans « La franc-maçonnerie rendue intelligible à ses adeptes (I. L’apprenti) », Oswald Wirth note : « Il (Saint Jean l’Évangéliste) personnifie la lumière crépusculaire du soir, celle qui embrase le ciel lorsque le soleil vient de disparaître sous l’horizon. Le disciple préféré du Maître fut, en effet, le confident de ses enseignements secrets, réservés aux intelligences d’élite des temps futurs. On lui attribue l’Apocalypse, qui, sous prétexte de dévoiler les mystères chrétiens, les masque sous des énigmes calculées pour entraîner les esprits perspicaces au-delà des étroitesses du dogme. Aussi est-ce de la tradition johannite que se sont prévalues toutes les écoles mystiques, qui, sous le voile de l’ésotérisme, ont visé à l’émancipation de la pensée. N’oublions pas, enfin, que le quatrième Évangile débute par un texte d’une haute portée initiatique, sur lequel s’est longtemps prêté le serment maçonnique. La doctrine du Verbe fait chair, c’est-à-dire de la liaison divine incarnée dans l’Humanité, remonte d’ailleurs, à travers Platon, aux conceptions des anciens hiérophantes. »

    Au commencement était le Verbe 
    Et le Verbe était auprès de Dieu, 
    Et le Verbe était Dieu.

    Certains voient dans les deux Jean la représentation des phases ascendantes et descendantes du soleil. Ils se retrouveraient dans le dieu romain bicéphale Janus.

    Janus, le dieu à double visage, regarde à la fois en direction de la phase ascendante et de la phase descendante du soleil. Il est le gardien des portes solsticiales ouvrant sur ces deux phases et le détenteur de deux clés qui sont ses principaux attributs. La clé d'or ouvre ou ferme la voie ascendante vers la lumière ou la connaissance spirituelle; la clé d'argent (ou le sceptre) ouvre ou ferme la voie descendante vers l'obscurité ou l'ignorance (spirituelle). Les clés font de Janus le dieu de l'initiation aux « mystères » :

    • La porte des hommes, associée au solstice d'été, donne accès aux « petits mystères » qui consistent en une régénération psychique complète produisant un individu, c'est-à-dire centré en lui-même et non plus dispersé entre ses différentes tendances. Cette porte ouvre la voie à l'état proprement humain.
    • La porte des dieux, en relation avec le solstice d'hiver, donne accès aux « grands mystères » qui mènent l'être de l'état humain à l'état suprahumain ou spirituel et identifie le centre de l'individu avec celui de l'être total, résidence de l'Un.

    Janus présidait aux « Collegia Fabrorum », les corporations des métiers du monde antique. Les constructeurs transmettaient leur « Art » uniquement aux disciples dignes de ce nom. Les postulants devaient non seulement posséder les aptitudes pour le travail, mais aussi des qualités propres leur permettant d'être initiés aux « mystères ». De même que les constructeurs rassemblaient des matériaux épars pour réaliser un édifice unique, les postulants devaient également rassembler leurs qualités propres pour devenir un individu.

    La tradition antique de l'initiation s'est d'ailleurs transmise au monde chrétien pour se poursuivre au Moyen Âge au travers des corporations de constructeurs et du Compagnonnage (artisans, verriers, tailleurs de pierre, sculpteurs, peintres, charpentiers, menuisiers, forgerons etc.) qui eurent les deux saints Jean pour patrons.

    Dans certaines Loges qui utilisent la Bible comme Volume de la Loi Sacrée (VLS), celle-ci est ouverte à la première page (« le Prologue ») de l’Évangile de saint Jean, qualifié souvent, selon Jules Boucher, d’Évangile de l’Esprit.

    Frère André B., Grand Chancelier Prieural


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