• * Le sens du Jeudi Saint

    Le sens du jeudi saint

    Quel est le sens du Jeudi Saint ? Que fait Jésus lors du Jeudi Saint ?

    Le Jeudi Saint célèbre le dernier repas du Christ avec ses douze apôtres. Au cours de ce repas, la Cène, Jésus lave les pieds de ses disciples, instituant ainsi ses disciples comme prêtres de la Nouvelle Alliance. Il prend le pain et le vin, il rend grâce, instituant ainsi le Sacrement de l’Eucharistie. Il annonce que l’heure de l’épreuve approche.

     * Le sens du Jeudi Saint

    Après le repas, le Christ et les apôtres se rendent au jardin des Oliviers pour veiller et prier. Alors que ses disciples s’endorment de chagrin, le Christ est tenté par le Malin, dont il rejette les tentations pour accepter la coupe que lui offre Dieu son Père. C’est là que Judas arrive avec les soldats du Temple pour l’enlever.

    Catholique.org 13 avril 2017

    Où sont les textes des récits évangéliques sur le Jeudi Saint ?

    On trouve différents récits de la Dernière Cène dans le Nouveau Testament :

    • Marc 14, 12-26 (Récit du Repas pascal)
    • Luc 22,7-8 et 14-20 (Récit de la Dernière Cène)
    • 1 Co 11, 23-25 (Récit du repas pascal)
    • Jean 13, 1-15 (Récit du lavement des pieds)

    Chaque récit est un témoignage historique précieux qui permet de mieux s’imprégner de la Dernière Cène, d’en recevoir des grâces et de comprendre sa portée théologique.

    Que nous disent les Évangiles sur les évènements du Jeudi saint ?

    Ils nous racontent que Jésus a institué l’eucharistie et qu’il a lavé les pieds de ses disciples. Ils ont en commun l’annonce par Jésus de sa mort et de la trahison de Judas.

    L’histoire de la fête du Jeudi saint est complexe, car elle comporte différents éléments. Elle est à la fois le mémorial de la dernière Cène, le début de la Passion de Jésus, la fête de la réconciliation des pénitents et un jour privilégié pour la cérémonie du lavement des pieds.

    Quel était le sens du repas pascal au temps de Jésus ?

    Le repas pascal au temps de Jésus avait lieu le soir du 14 nizan qui correspond en principe au Jeudi saint. Ce repas appelé Seder commémorait la libération des hébreux de l’esclavage qu’ils subissaient en Égypte et plus précisément le repas pascal que mangèrent les hébreux debout à la hâte avant de quitter l’Égypte et de partir vers le désert. Il nous est raconté au chapitre 12 du livre de l’Exode qui demande que le peuple juif fasse mémoire de ce jour-là ou Dieu a sauvé son peuple (Ex 12/14).

    Le repas du Seder se prend dans les deux premiers jours de la Pâque (Pessah) qui dure sept jours (la semaine des Azymes) et qui célèbre à la fois la fertilité de la terre et la sortie d’Égypte. Pendant la semaine des Azymes on ne prend aucune nourriture contenant du levain et on ne mange donc que du pain azyme.

    Ainsi dans l’Histoire du salut, Jésus célèbre la dernière Pâque juive et la première Pâque chrétienne. Il ne s’agit plus de se préparer à la traversée de la Mer Rouge, mais bien à la traversée de la Mort, par sa Passion et sa Résurrection. De même que le peuple juif a fait mémoire de l’Exode, de même, le Christ demande aux apôtres : « Faites cela en mémoire de moi ». C’est pourquoi nous, chrétiens, célébrons cette Pâque tous les dimanches à la Messe dans l’Eucharistie.

    Catholique.org 13 avril 2017

    Jeudi saint

    Le Jeudi Saint (13 avril 2017), c'est le jeudi précédant la fête de Pâques. Ce jour-là, les chrétiens commémorent la Cène, le repas où Jésus a béni le pain et le vin pour la première fois. Jésus signifiait ainsi qu'il offrait son corps et son sang pour le salut du monde. Les chrétiens se rappellent aussi que Jésus lava les pieds de ses apôtres les invitant ainsi à se faire les serviteurs des autres.

     * Le sens du Jeudi Saint

    Le Jeudi saint est le jeudi précédant Pâques. Il commémore pour les chrétiens l'institution par le Christ de la Cène, ou Eucharistie, lors du dernier repas pris avec ses disciples avant son arrestation. Dans les représentations artistiques de cette scène, saint Jean s'appuie sur la poitrine du Christ, comme le décrit le récit évangélique.

    C'est le début du triduum pascal, célébrant la Passion et la Résurrection de Jésus.

    Lors de la messe vespérale du Jeudi Saint, messe dite « In cœna Domini », a lieu une cérémonie particulière, le lavement des pieds ou Mandatum. Douze fidèles ont le pied droit lavé par le prêtre lors de la messe du soir (généralement, entre le sermon et l'offertoire).

    Les anciennes règles liturgiques (avant la réforme de la Semaine sainte en 1956 par Pie XII) prévoyaient qu'il y ait treize hommes. Une treizième personne car il y eut un miracle sous saint Grégoire lors de cette cérémonie. D'autres versions expliquent cela par la présence de la Sainte Vierge ou bien par celle du maître de maison.

    Cette cérémonie rappelle ce qu'a fait le Christ lors de la Cène. D'ailleurs l'Évangile du jour est celui où le Christ lave les pieds des douze apôtres (Jean XIII, 1-15).

    C'est aussi la commémoration de la Cène de Jésus instituant l'Eucharistie.

    L'universitaire britannique Colin Humphreys  considère que la Cène n'a pas eu lieu le jeudi mais le Mercredi saint 1er avril 33, réconciliant ainsi deux incohérences : l'incohérence de synchronisation, les Évangiles synoptiques utilisant un vieux calendrier hébraïque et rapportant que la Cène s'est déroulée le soir durant la Pâques juive tandis que l'Évangile selon Jean se réfère à un calendrier lunaire et décrit le dernier repas avant la Pâques juive ; l'incohérence temporelle, les différents procès de Jésus dans différentes zones de Jérusalem mentionnées dans les Évangiles n'ayant pas pu matériellement (comme le montrent des experts ayant parcouru Jérusalem avec un chronomètre) se dérouler pendant la Cène qui aurait commencé après le coucher du soleil le jeudi soir et la crucifixion de Jésus le vendredi matin suivant.

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    La célébration du Jeudi saint (Office du soir)

    Introduction

    « Avec la messe qui se célèbre le soir du Jeudi de la Semaine sainte, l’Eglise commence le Triduum pascal et s’applique à rappeler la dernière Cène, au cours de laquelle le Seigneur Jésus, la nuit même où il fut livré, aimant jusqu’au bout les siens qui étaient dans le monde, offrit à Dieu son Père son Corps et son Sang sous les espèces du pain et du vin, les donna à ses apôtres en nourriture et leur ordonna, à eux et à leurs successeurs dans le sacerdoce, de les offrir. » 

    (De festis paschalibus n° 44)

    Avec la messe qui se célèbre le soir du Jeudi de la Semaine Sainte, l’Eglise entre dans les trois jours saints de la liturgie de Pâques. L’unique messe du Jeudi Saint, célébrée « en mémoire de la Cène du Seigneur », est tout orientée vers les mystères de l’Eucharistie, de l’institution de l’Ordre sacerdotal et du commandement de la charité fraternelle.

    La liturgie du Jeudi saint nous fait vivre une expérience spirituelle d’intimité avec Jésus, de recueillement et d’amour d’une grande gravité. Nous revivons le dernier repas de Jésus avec ses disciples et aussi son agonie au jardin des oliviers. Le Jeudi saint est un temps exceptionnel d’union avec Jésus. Dans beaucoup d’églises, on est invité à communier au sang du Christ, comme cela est prévu dans le missel romain. C’est l’occasion de ressentir profondément l’amour du Christ qui a donné sa vie pour nous. Souvent des adultes font leur première communion le Jeudi saint.
    Le geste du lavement des pieds est impressionnant. Il nous met en cause personnellement. La liturgie de cette fête nous concerne au plus intime de nous-même.

     * Le sens du Jeudi Saint

    Le jeudi saint est le jeudi qui précède le dimanche de Pâques. Il commémore le dernier repas du Christ avec les apôtres, la Cène. Lors de ce repas, Jésus lava les pieds de ses disciples, bénit le pain et le vin pour la première fois, signifiant par là qu'il offrait son corps et son sang afin d'assurer le salut du monde, et annonça à ses disciples que l'un d'entre eux le trahirait. Cet épisode est fondamental dans la liturgie chrétienne, car il est le fondement de l'eucharistie (littéralement « Action de grâce » en grec) par laquelle les fidèles, aujourd'hui encore, répètent ces gestes en souvenir du Christ. L'acte par lequel ils reçoivent le pain de la main de l'évêque est appelé communément « communion ».

    Le discours du Christ est relaté dans l'évangile de Marc (14. 23-26) et Matthieu (26. 26-29) de la façon suivante « Pendant qu'ils mangeaient, Jésus prit du pain; et, après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant: Prenez, mangez, ceci est mon corps. Il prit ensuite une coupe ; et, après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant: Buvez-en tous; car ceci est mon sang, le sang de l'alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés. Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu'au jour où j'en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père. » Il est aujourd'hui repris au moment de la bénédiction du pain et du vin par le prêtre.

    De plus, lors du Jeudi Saint, il est fréquent que les prêtres lavent les pieds de 12 fidèles afin de répéter le geste que le Christ effectua au milieu du repas. Dans la société de l'époque, un tel geste était fort, car le lavement des pieds était traditionnellement réservé aux serviteurs. Ce geste suscitera toutefois une très forte indignation de l'apôtre Pierre qui s'en offusqua. Jésus rappelle ainsi aux disciples qu'ils doivent faire preuve d'humilité, être purs, et surtout, ajoute « En vérité, en vérité, je vous le dis, le serviteur n'est pas plus grand que son seigneur, ni l'apôtre plus grand que celui qui l'a envoyé. Si vous savez ces choses, vous êtes heureux, pourvu que vous les pratiquiez » (Jean 13. 16-17).

    Première lecture :

    Le récit de la Pâque juive : L'agneau pascal immolé et mangé au cours du repas de la Pâque par les familles d'Israël préfigure le Christ Agneau de Dieu immolé sur la croix qui enlève les péchés du monde.

    Le sacrifice de l'agneau pascal (Ex 12,1-8.11-14) 

    Dans le pays d'Égypte, le Seigneur dit à Moïse et à son frère Aaron : « Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois, il marquera pour vous le commencement de l'année. Parlez ainsi à toute la communauté d'Israël : le dix de ce mois, que l'on prenne un agneau par famille, un agneau par maison. Si la maisonnée est trop peu nombreuse pour un agneau, elle le prendra avec son voisin le plus proche, selon le nombre des personnes. Vous choisirez l'agneau d'après ce que chacun peut manger. Ce sera une bête sans défaut, un mâle, de l'année. Vous prendrez un agneau ou un chevreau. Vous le garderez jusqu'au quatorzième jour du mois. Dans toute l'assemblée de la communauté d'Israël, on l'immolera au coucher du soleil. On prendra du sang, que l'on mettra sur les deux montants et sur le linteau des maisons où on le mangera. On mangera sa chair cette nuit-là, on la mangera rôtie au feu, avec des pains sans levain et des herbes amères. Vous mangerez ainsi : la ceinture aux reins, les sandales aux pieds, le bâton à la main. Vous mangerez en toute hâte : c'est la Pâque du Seigneur. Je traverserai le pays d'Égypte, cette nuit-là ; je frapperai tout premier-né au pays d'Égypte, depuis les hommes jusqu'au bétail. Contre tous les dieux de l'Égypte j'exercerai mes jugements : Je suis le Seigneur. Le sang sera pour vous un signe, sur les maisons où vous serez. Je verrai le sang, et je passerai : vous ne serez pas atteints par le fléau dont je frapperai le pays d'Égypte. Ce jour-là sera pour vous un mémorial. Vous en ferez pour le Seigneur une fête de pèlerinage. C'est un décret perpétuel : d'âge en âge vous la fêterez ».

    Commentaire 1 :

    Description du cérémonial juif du repas pascal. Cette analyse provient des milieux sacerdotaux, donc des dernières couches législatives de l’Écriture, marquées par le souci de replacer le Juif installé en terre promise dans l’attitude de disponibilité qui fut celle de ses ancêtres le jour de la libération d’Égypte.

    a) En mangeant debout, les reins ceints et au cours d’une veille, l’Israélite montre que la Pâque le concerne personnellement et opère sa propre délivrance. Que le rite du repas l’ait emporté, dans ce cérémonial, sur les anciens rites de l’immolation de l’agneau et de l’aspersion des portes est significatif. L’agneau n’est pas seulement immolé, mais il est mangé, compromettant encore davantage les convives dans le mystère de la fête.

    b) Les rédacteurs sacerdotaux de ce rituel l’insèrent dans le calendrier perpétuel en usage dans certaines couches de la population. Dans ce nouveau comput, le mois de la Pâque (mars-avril) devient le premier de l’année, alors que la fête du Nouvel An coïncidait jusqu’alors avec la fête des Tentes (septembre). Une prescription de ce genre prélude donc à l’ère chrétienne où la fête des Tentes sera totalement assimilée par celle de Pâques.

    c) D’autre part, le rituel des pains sans levain provient d’une coutume agricole liée à la moisson de l’orge. Il était interdit de mélanger du levain ancien à la farine nouvelle : il fallait donc attendre qu’elle ait produit son propre levain, ce qui impliquait qu’on mangeât du pain sans levain pendant un certain temps. Mais les Juifs ont intégré ce rite agricole dans les perspectives nomades de leur religion et ils ont vu dans ces pains azymes le signe de la hâte avec laquelle les Hébreux ont fui l’Égypte (Ex 12, 33-34). Cette hâte est restée attachée au rituel du repas pascal juif.

    L’élément essentiel du rite pascal, coutume nomade à l’origine, consistait dans l’immolation d’un agneau dont le sang était considéré comme une sauvegarde contre fléaux et maladies (Ex 12, 21-22 ; 22, 14-17 ; Lv 23, 10-12). Peut-être la célébration d’un tel rite a-t-elle un jour coïncidé avec une préservation effective des plaies d’Égypte : l’agneau immolé est alors devenu, aux yeux du peuple hébreu épargné, le signe de sa libération et de sa constitution en peuple libre (Ex 12, 23-29).

    Le cérémonial de cette fête s’amplifia au cours des siècles : il s’étendit sur sept jours durant lesquels tout travail était interdit, er fusionna finalement avec la fête agricole des pains sans levain (Dt 16, 1-8 ; 2 R 23, 21-23). Mis l’élément le plus original de cette institution résulta de la réflexion des premiers prophètes et du Deutéronome : le père de famille se vit tenu d’expliquer le rite célébré au cours du repas. Par cette catéchèse ajoutée au rite, les commensaux se sentaient véritablement concernés et tentés de renouveler pour eux-mêmes le rite libérateur (Ex 12, 25-27 ; 13, 7-8 ; Dt 16, 1-8 : c’est toi qui es sorti d’Égypte). En insistant davantage sur la manducation de l’agneau plutôt que sur son immolation ou sur l’aspersion du sang, L’Ancien Testament accentua encore ce caractère de libération personnelle (Dt 16, 6-7 ; Ex 12, 1-12). Plus qu’un rite rappelant seulement un fait ancien, le rituel de l’agneau 7 devenait un signe concernant directement les convives et opérant leur propre libération.

    Lorsque les prophètes annoncèrent la future libération de l’exil babylonien, ils firent allusion à un nouvel Exode et reprirent l’image de l’agneau pascal. La fête de la Pâque, au cours de laquelle cet agneau était immolé et consommé, devint alors le signe de la libération future considérée surtout comme une libération du péché. Certains textes, tout tendus vers cette eschatologie (Is 10, 25-27 ; 40, 1-11 ; 2 M 2, 7-8 ; Si 36, 10-13) pourraient avoir été prononcés ou lus à l’occasion de la fête de la Pâque. Avec Ézéchiel, la fête de la Pâque devint essentiellement fête de la restauration du peuple et les rites d’expiation s’y multiplièrent (Ez 45, 18-25 ; Lv 23, 5-14 ; 2 Ch 30 – 35) afin d’en assurer un maximum de réussite.

    En découvrant en Jésus le véritable agneau (Jn 13, 1 ; 18, 28) et en faisant coïncider L’immolation des agneaux au temple avec la mort du Christ, (Jn 19, 14.31 42 ; 1 Co 5, 6-8), Jean invite son lecteur à comprendre que toute la doctrine du rite pascal s’accomplit dans le sacrifice du Christ qui constitue effectivement le peuple définitif, lui procure vraiment la libération totale de l’emprise du mal, et situe le chrétien comme un pèlerin en marche vers la terre Promise (1 P 1, 17) où l’Agneau règnera entouré de tout le peuple racheté par lui (Ap 5, 6-13 ; 7, 2-17 ; 12, 11 ; 19, 1-9).

    Exégèse de Thierry Maertens et de Marie-Noël Thabut

    Psaume 115

    L'action de grâce au Seigneur (Ps 115,12-13.15-18) 

    R/ La coupe de bénédiction est communion au sang du Christ. (cf. 1 Co 10, 16)

    Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ?
    J’élèverai la coupe du salut, j’invoquerai le nom du Seigneur.

    Il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens !
    Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur, moi, dont tu brisas les chaînes ?

    Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce, j’invoquerai le nom du Seigneur.
    Je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple.

    Commentaire 2 :

    Nous retrouvons dans ce psaume tous les éléments importants de la première lecture de cette fête du Corps et du Sang du Christ : en tout premier, l'œuvre libératrice de Dieu, puis la reconnaissance par les croyants de cette initiative de Dieu, et enfin l'engagement d'obéissance. « Moi dont tu brisas les chaînes », voilà l'œuvre de Dieu ; et on sait bien à quelles chaînes le psalmiste pense : il s'agit d'abord de la libération d'Egypte ; chaque année, spécialement au moment de la Pâque, les descendants de ceux qui furent esclaves en Egypte revivent les grandes étapes de leur libération : la vocation de Moïse, ses multiples tentatives pour obtenir de Pharaon la permission de partir, sans avoir toute l'armée à leurs trousses, l'obstination du roi... et les interventions répétées de Dieu pour encourager Moïse à persévérer malgré tout dans son entreprise. Pour finir, le peuple a pu s'enfuir et survivre miraculeusement alors que l'endurcissement du Pharaon a causé sa perte.

    Quand on chante ce psaume, des siècles plus tard, au Temple de Jérusalem, cette étape de la sortie d'Egypte est franchie depuis longtemps, mais elle n'est qu'une étape justement ; on sait bien qu'il ne suffit pas d'avoir quitté l'Egypte pour être vraiment un peuple libre ; que d'esclavages individuels ou collectifs sévissent encore à la surface de la terre ! Esclavage de la pauvreté, voire de la misère sous tant de formes ; esclavage de la maladie et de la déchéance physique ; esclavage de l'idéologie, du racisme, de la domination sous toutes ses formes... L'Egypte de la Bible a pris au long des siècles et prend encore quantité de visages sous toutes les latitudes : mais on sait aussi que, inlassablement, Dieu soutient nos efforts pour briser nos chaînes.

    Car l'histoire humaine qui nous donne, hélas, mille exemples d'esclavages, nous montre aussi (et c'est magnifique) la soif de liberté qui est inscrite au plus profond du cœur de l'homme, et qui résiste à toutes les tentatives pour l'étouffer. Cette soif de liberté, les croyants savent bien qui l'a insufflée dans l'homme ; ils l'appellent l'Esprit. Ce psaume sait « qu'il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens ! »... et qu'il lui en coûte tellement qu'Il est à l'origine de tous les combats pour la vie et pour la liberté de tout homme, quel qu'il soit.

    A ce Dieu qui a fait ses preuves, si l'on peut dire, on peut faire confiance. Ce n'est pas lui qui nous enchaînera, il est bien trop jaloux de notre liberté ! Et, alors, librement, on se met à sa suite, on l'écoute : « Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur, moi dont tu brisas les chaînes ? » ; le mot « serviteur » ici, peut s'entendre plutôt comme disciple. Dans la Bible, il ne s'agit pas de « servir » Dieu dans le sens où il aurait besoin de serviteurs... Cela est valable pour les idoles, les dieux que l'homme s'est inventés ; curieusement, quand nous imaginons des dieux, nous croyons qu'ils ont besoin de notre encens, de nos louanges, de nos compliments, de nos services. Au contraire, le Dieu d'Israël, le Dieu libérateur n'a nul besoin d'esclaves à ses pieds, il nous demande seulement d'être ses disciples parce que lui seul peut nous faire avancer sur le difficile chemin de la liberté. Et l'expérience d'Israël, comme la nôtre, montre que dès qu'on cesse de se laisser mener par ce Dieu-là et par sa parole, on retombe très vite dans quantité de pièges, de déviations, de fausses pistes.

    C'est pour cela que le psaume affirme si fort : « J'invoquerai le nom du Seigneur » : résolution affirmée deux fois en quelques versets ; c'est une véritable résolution, effectivement, celle de ne pas invoquer d'autres dieux, donc de tourner le dos définitivement à l'idolâtrie. « J'invoquerai le nom du Seigneur », cela revient à dire « je m'engage à ne pas en invoquer d'autre ! » Et on sait que les prophètes ont dû lutter pendant de nombreux siècles contre l'idolâtrie.

    Il faut dire que la fidélité à cette résolution exigeait une grande confiance en Dieu, mais aussi bien souvent un immense courage face au polythéisme des peuples voisins. Pendant la domination grecque sur la Palestine, par exemple, et ceci se passe très tardivement dans la Bible, peu avant la venue du Christ, les Juifs ont dû affronter l'effroyable persécution d'Antiochus IV Epiphane : rester fidèle à la promesse contenue dans cette phrase « J'invoquerai le nom du Seigneur » revenait à signer son propre arrêt de mort.

    Cette résolution « J'invoquerai le nom du Seigneur » est associée à des rites : « J'élèverai la coupe du salut »... « Je t'offrirai le sacrifice d'action de grâce. » Nous retrouvons ici, comme dans le livre de l'Exode que nous lisons en première lecture, la transformation radicale apportée par Moïse : désormais, les gestes du culte ne sont plus des rites magiques, ils sont l'expression de l'Alliance, reconnaissance de l'œuvre de Dieu pour l'homme. La coupe s'appelle désormais « coupe du salut », le sacrifice, désormais, est toujours sacrifice d'action de grâce parce que l'attitude croyante n'est que reconnaissance.

    Ce psaume 115/116 fait partie d'un petit ensemble qu'on appelle les psaumes du Hallel, qui sont une sorte de grand Alléluia, et qui étaient chantés lors des trois grandes fêtes annuelles, la Pâque, la Pentecôte et la fête des Tentes.

    Lors de sa dernière Pâque à Jérusalem, Jésus lui-même a chanté ces psaumes du Hallel et en particulier notre psaume d'aujourd'hui, le soir du Jeudi Saint, alors qu'avec ses disciples, il venait d'élever une dernière fois la coupe du salut, alors qu'il allait offrir sa propre vie en sacrifice d'action de grâce : du coup, pour nous, ce psaume devient encore plus parlant ; nous savons que c'est Jésus-Christ qui délivre définitivement l'humanité de ses chaînes. A sa suite, et même avec lui, nous pouvons chanter : « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu'il m'a fait ? ».

    Commentaire de Marie Noëlle Thabut

    Épître : le mémorial de la Cène : c’est le plus ancien récit de l'institution de l'eucharistie.

    « J'ai reçu du Seigneur, dit saint Paul aux Corinthiens, ce qu'à mon tour je vous ai transmis. »

    Le repas du Seigneur (1 Co 11,23-26) 

    J'ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l'ai transmis : la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. » Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu'à ce qu'il vienne.

    Commentaire 3 :

    Les Corinthiens célèbrent l’eucharistie au cœur d’une agape. Mais cette dernière divise trop souvent la communauté parce que les bien nantis se groupent aux mêmes tables et laissent les pauvres en dehors de leurs ripailles (1 Co 11, 18-22). Pour mettre un terme à ces abus, Paul se préoccupe de rappeler l’institution de Christ (1 Co 11, 27-26) et de révéler les liens étroits entre eucharistie et Église, entre le corps sacramentel et le corps mystique (1 Co 11, 27-29 ; cf. 1 Co 10, 16-17).

    Le récit de Lc 22, 19-20 paraît bien être le plus ancien de la Cène. Il reflète parfaitement la pratique liturgique juive qui ouvre tout repas par une bénédiction du pain et son partage et qui l’achève par une action de grâce sur une coupe qu’on appelle « coupe de bénédiction ». Il rappelle aussi qu’à la Cène, la fraction du pain et la distribution de la coupe ont été séparées par tout le repas (« après le repas »).

    Par contre Paul, en 1 Corinthiens, témoigne déjà d’une discipline ultérieure, car la bénédiction sur le pain est à présent reportée à la fin du repas, aux côtés de la bénédiction de la coupe. Mais ce stade sera dépassé par la rédaction de Matthieu et de marc qui juxtaposeront à nouveau les deux rites, mais indépendamment de tout repas.

    Un dernier stade sera franchi avec la version longue de Luc 22, 15-18 qui réintroduit, avant le rite de la Cène, un repas pascal, avec sa bénédiction propre, témoin sans doute d’un courant doctrinal qui accentuait le caractère pascal de l’eucharistie chrétienne.

    a) Le rappel de l’institution est, sous la plume de Paul, assez proche de la version qu’en donne saint Marc (Mc 14, 22-25), mais elle est déjà plus hellénisé et adopte 8 une facture qui manifeste clairement son usage liturgique (peut-être antiochien). Il faut en retenir spécialement la répétition de l’ordre : « Faites ceci en mémoire de moi » (v 24-25). Dans la version paulinienne, il s’agit bien de faire une action symbolique (Faites ceci) chargée d’être le mémorial du Seigneur. Mais, dans une version plus proche de l’araméen, l’ordre du Christ pouvait bien signifier : « Dans l’action de grâce que vous faites au repas et où il est fait mémoire des merveilles de Dieu dans l’ancienne économie, ajoutez dorénavant une mémoire de mon œuvre ». En donnant au mémorial une signification plus hellénique et en répétant par deux fois l’ordre de réitération, Paul insiste de la sorte sur le caractère réel de la mémoire de la mort du Christ, et le verset 17 confirme on ne peut plus clairement qu’il croit à la présence du corps et du sang du Seigneur dans l’action eucharistique de l’Église.

    b) D’autre part, s’il est vrai que le verset 29 peut être interprété comme une affirmation de la présence réelle, il reste que son sens obvie, surtout si l’on pense à la doctrine du corps contenue dans la première lettre aux Corinthiens (cf. 1 Co 12, 12-26), veut principalement démontrer comment une célébration indigne de l’eucharistie revient à mépriser le Corps mystique du Christ constitué par l’assemblée (cf. encore 1 Co 11, 22 où le mépris porte sur l’Église de Dieu). La perspective de Paul est, en effet, celle de la signification de l’assemblée liturgique : elle est le signe du rassemblement de tous les hommes dans le royaume et dans le corps du Christ ! Une assemblée où l’on se disperse en tables séparées ne donne pas ce témoignage et devient un contresigne.

    L’attention que Paul porte à l’assemblée eucharistique est d’autant plus manifeste que les récits parallèles, chez les Synoptiques, s’attachent au contraire à mentionner les Douze. Le récit de Paul s’adresse à toute une assemblée et lui rappelle ce qu’elle doit être et ce qu’elle doit faire pour commémorer la Pâque du Seigneur. C’est le texte le plus ancien. Les récits synoptiques s’adressent davantage à des chefs d’assemblée et leur détaillent les gestes et les paroles qu’ils doivent faire ou prononcer pour assurer la continuité entre la Cène et leur eucharistie.

    Dans le texte de Paul, les activités communautaires de boire et de manger prennent toute l’importance, tandis que la fonction ministérielle de distribuer passe à l’arrière-plan, à l’inverse des récits synoptiques. Chez Paul enfin, l’ordre de célébrer la mémoire de la Cène est manifestement perçu comme une prescription qui concerne toute la communauté.

    La perspective paulinienne présente un intérêt capital au moment où le peuple de Dieu redécouvre la célébration eucharistique comme l’affaire de tous. La créativité en liturgie n’est pas un monopole du sacerdoce ministériel, et le prêtre doit y exercer sa tâche comme un service afin que l’assemblée tout entière puisse rendre à Dieu l’action de grâce qui lui est agréable.

    Mais si la communauté tout entière est responsable de la célébration, c’est pour qu’y trouvent place les préoccupations concrètes de ses membres et toute la densité de leurs engagements. D’où l’importance pour une communauté locale de pouvoir adapter sa liturgie aux exigences de sa propre vie.

    Exégèse de Thierry Maertens et de Marie-Noël Thabut

    Évangile selon saint Jean

    Le lavement des pieds (Jn 13,1-15)

     * Le sens du Jeudi Saint

    Avant la fête de la Pâque, sachant que l'heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout. Au cours du repas, alors que le diable a déjà mis dans le cœur de Judas, fils de Simon l'Iscariote, l'intention de le livrer, Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu'il est sorti de Dieu et qu'il s'en va vers Dieu, se lève de table, dépose son vêtement, et prend un linge qu'il se noue à la ceinture ; puis il verse de l'eau dans un bassin.

    Alors il se mit à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qu'il avait à la ceinture. Il arrive donc à Simon-Pierre, qui lui dit : « C'est toi, Seigneur, qui me laves les pieds ? » Jésus lui répondit : « Ce que je veux faire, tu ne le sais pas maintenant ; plus tard tu comprendras. » Pierre lui dit : « Tu ne me laveras pas les pieds ; non, jamais ! » Jésus lui répondit : « Si je ne te lave pas, tu n'auras pas de part avec moi. » Simon-Pierre lui dit : « Alors, Seigneur, pas seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête ! » Jésus lui dit : « Quand on vient de prendre un bain, on n'a pas besoin de se laver, sinon les pieds : on est pur tout entier. Vous-mêmes, vous êtes purs, mais non pas tous. » Il savait bien qui allait le livrer ; et c'est pourquoi il disait : « Vous n'êtes pas tous purs. »

    Quand il leur eut lavé les pieds, il reprit son vêtement, se remit à table et leur dit : « Comprenez-vous ce que je viens de faire pour vous ? Vous m'appelez « Maître » et « Seigneur », et vous avez raison, car vraiment je le suis. Si donc moi, le Seigneur et le Maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi, vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C'est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j'ai fait pour vous ».

    Commentaire 4 :

    Les premiers versets de cet évangile introduisent sans doute au récit complet de la Cène et de la Passion. Le lavement des pieds n’en constitue pas moins l’un des moments principaux du repas et cette entrée en matière introduit admirablement au mystère de Pâques.

    1. Selon une interprétation, le Seigneur, en procédant au lavement des pieds, aurait simplement repris le rite juif des ablutions avant le repas. Cette conception a parfois donné naissance à toute une symbolique de la purification. Or il ne s’agit certainement pas de cela. En effet, Jean signale que le rite se situe « au cours du repas » (Jn 13, 2), ce qui n’était pas le cas des ablutions. D’autre part, la réponse du Christ à Pierre, qui croit précisément assister à l’institution d’un nouveau rite d’ablution (Jn, 13, 9), prouve que le sacrifice de la croix purifie bien plus 11 efficacement que les ablutions anciennes et qu’il sera désormais le seul rite de purification ((Jn, 13, 10 ; Jn 15, 1-3).
    2. La double mention de Judas ((Jn, 13, 2 et 10) paraît, par contre, assez important pour la compréhension du texte. Le Christ n’exclut même pas le traître du bénéfice du rite de lavement des pieds ; Judas est toutefois impur et le rite ne lui sera d’aucune utilité. Cependant, cette mention fait apparaître le sens de la péricope : le Seigneur s’abaisse même devant celui qui le trahira. La longue description des préparatifs ((Jn, 13, 4-5) et la réaction de Pierre qui refuse de se prêter au geste du Christ ((Jn, 13, 6) confirme cette interprétation. En disant à Pierre qu’il comprendra « après » ou « dans la suite », le Christ ne fait sans doute pas directement allusion à sa passion : il renvoie seulement l’apôtre aux explications qu’il fournira après s’être remis à table ((Jn, 13, 12-15).

    En fait, le Christ accomplit un « mime », à la manière des prophètes Ézéquiel et Jérémie. Lui, le Seigneur et le Maître, se plie au rang du plus vulgaire des serviteurs. L’essentiel du récit réside dans le couple « Seigneur-Serviteur », pareil à celui qu’on retrouve dans Ph 2, 5-11. Dès lors, l’idée est simple : dans sa passion, la Christ manifeste un abaissement que les apôtres auront à rejoindre par leur propre attitude d’humilité. Leur vie durant, eux-mêmes et leurs successeurs devront sans cesse donner corps au thème du « Seigneur-Serviteur ».

    L’interprétation du passage ainsi résolue, on doit se demander pourquoi Jean a voulu en faire état en lieu et place du récit de la Cène. En fait, le thème du « Seigneur Serviteur » était déjà amorcé par les synoptiques. Si Marc et Matthieu se contentent de raconter l’institution elle-même (Mc 14, 22-25 ; Mt 20, 25-27), Luc relate en outre le curieux récit d’une dispute parmi les apôtres au sujet de la primauté dans leur groupe (Lc 22, 24-27). Cette addition paraît d’autant plus singulière que, dans la tradition synoptique, elle est rapportée à un tout autre endroit (Lc 9, 46 ; Mt 20, 25- 27 ; Mc 10, 42-44). Le récit de Luc semble donc une relecture du récit de la cène, faite par une communauté chrétienne primitive dans le cadre de ses besoins spirituels propres et, en particulier, du sens à donner aux fonctions ministérielles.

    Nous avons vu dans la seconde lecture (1Co 11) un cas semblable de relecture. Certaines difficultés se sont présentées dans les assemblées eucharistiques. Les fidèles, perdant de vue l’objet mystérieux de ces repas, s’y disputent, niant l’objet essentiel des repas eucharistiques : le sacrifice du Christ en état de service et d’abaissement. Il est demandé aux participants, et en particulier aux ministres, de prolonger l’exemple du Christ dans leur attitude.

    Le rite eucharistique contient l’abaissement, l’obéissance, le sacrifice spirituel et l’amour du Christ ; il nous oblige à aire nôtres ces attitudes. La foi découvre cette signification intérieure du sacrifice du Christ et commande sur cette base notre attitude morale. Qu’ils soient ministres ou convives, ceux qui participent à l’eucharistie partagent ses sentiments d’abaissement, d’obéissance et de service mutuel ; à ce titre seulement leur participation sera pleinement vraie et le mémorial parfaitement signifié.

    Le thème biblique qui pourrait servir d’arrière-fond à cette célébration du jeudi saint pourrait donc être celui du pain qui, tout au long de son évolution scripturaire, conduit précisément à signifier cette attitude intérieure.

    Dès l’Ancien Testament, on peut percevoir une opposition entre la Parole de Dieu, aliment spirituel, et le pain naturel. Il faut jeûner du second pour être capable de se nourrir du premier (Ex 24, 18 ; 34, 18 ; Am 8, 11). Dans le Nouveau Testament, un épisode comme celui de Marthe, préoccupée du pain, et de Marie, préoccupée de la Parole, est porteur du même message (Lc 10, 38-42).

    Dans une étape ultérieure, on distinguera encore Parole d Dieu et pain, mais la première sera déjà symbolisée par un certain pain. L’opposition porte alors entre ce pain spécial (comme la manne, symbole de la Parole) et le pain naturel (Dt 8, 3). Il est un pain descendu du ciel et porteur de la volonté de Dieu sur nous, que nous mangeons en nous convertissant (Ex 16, 4-15 ; Ps 77/78, 19-20 ; Sg 16, 20 ; Is 55, 1-3) ; il est différent du pain naturel qui nourrit notre corps, mais sans nous compromettre au plan intérieur.

    Ce lien entre pain spécial et Parole de Dieu se retrouve dans la plupart des vocations de prophètes appelés parfois à ‘manger » un livre en signe de leur vocation au ministère de la Parole (Jr 15, 16 ; Ez 2, 8 – 3, 3 ; Ap 10, 8-11). Les anges, à leur tour, voudront reconnaître leur sagesse dans le « pain des anges) (Pr 9, 1-15 ; Si 15, 1-5).

    Le Christ se nourrit ainsi d’un pain qui n’est autre que la volonté du Père sur lui (Mt 4, 3-4 ; Jn 4, 31-34). Poussant l’image plus loin encore, il se déclare lui-même ce pain descendu du ciel précisément parce qu’il fait la volonté du Père (Jn 6, 38-48).

    Ainsi le Christ s’est-il tellement assimilé au pain de la volonté de Dieu qu’il peut prétendre être devenu ce pain. Aussi lorsqu’il présentera le pain comme son corps livré pour nous, en accomplissement de la Parole de Dieu, il réalisera dans l’eucharistie la signification profonde que l’Ancien Testament attribuait au pain de Dieu : un aliment chargé de la volonté du Père et qui nous donne de faire nous-mêmes cette volonté.

    Ainsi le pain signifie-t-il l’obéissance à la volonté du Père. Il n’est pas l’objet d’une simple manducation extérieure ; il oblige à se situer à un niveau sacrificiel et spirituel. À ce titre, le pain est déjà par lui-même mémorial d’un sacrifice intérieur, comme les pains sacrés, au temple (Lv 24, 5-9 ; cf. Mt 12, 3-4 ; Lc 12, 19). À la lumière d’une catéchèse biblique, le signe du pain apparaît ainsi non seulement comme le symbole d’une nourriture, mais comme le signe d’un sacrifice, le mémorial d’une obéissance.

    Exégèse de Thierry Maertens

    Conclusion : Au soir du Jeudi saint, Jésus célèbre déjà sa mort et sa résurrection.

    Celui qui aime jusqu’au bout vaincra les ténèbres de la mort.

    Jeudi saint : l’heure est venue, l’heure de Jésus : heure de vérité, heure décisive.  « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. » 

    Cette phrase de l’Évangéliste Jean introduit le récit de la Cène, mais aussi  tout le récit de la passion de Jésus jusqu’à sa dernière parole sur la croix (Jn 19,30). Ce soir encore, au cours de ce repas dont l’atmosphère ne nous est pas décrite dans le détail mais que nous imaginons d’une particulière densité, Jésus pose le geste étonnant de l’esclave et en faisant ce geste, il  a une intention cachée que Pierre ne peut comprendre encore : « Toi, Seigneur, me laver les pieds. Non ! Jamais ! » (Jn 13, 8a)

    Pourtant il faut bien passer par là : « Si je ne te lave pas, tu n’as pas de part avec moi. » (Jn 13, 8b) Pour l’heure, il nous revient de recevoir ce signe en lequel le Seigneur se donne à voir pour ce qu’il est : un Seigneur serviteur. Ce lavement des pieds n’est encore qu’un signe de l’amour du Christ pour les siens, dont la preuve suprême leur sera donnée par sa mort sur la croix. Puisque le Christ a fait de nous ses amis intimes, cherchons à connaître ses désirs sur nous. Aidons nos parents, nos enfants, nos amis, à découvrir l’amitié que le Christ veut nouer avec eux.

    Acceptons d’épauler les adultes qui se préparent au baptême. Rendons les services qu’exigent notre profession ou nos responsabilités familiales et sociales avec le même amour dont le Christ a fait preuve.

    Demeurent les paroles du Maître : « Faites ceci en mémoire de moi. » (Lc 22, 14-20)  En d’autres termes : célébrez l’eucharistie, servez-vous les uns les autres comme je vous ai servis, « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés », allez aussi loin dans le service de votre prochain que je vous en ai donné l’exemple.

    L’eucharistie est écoute : accueil de la Parole de Dieu et obéissance à la loi du don que cette Parole enseigne en tout temps. L’eucharistie est présence : présence du Seigneur à nous, avec toute sa sollicitude.

    L’eucharistie est sacrifice : oblation de soi dans la mémoire de celui qui n’a rien gardé pour lui-même mais s’est fait intégralement serviteur.

    À chacun de trouver les voies et moyens de mener une vie fidèle à ce si grand sacrement  où l’adoration la plus vraie, d’une part, plonge au cœur du mystère de l’amour de Dieu manifesté dans le Christ Jésus et, d’autre part, nourrit une vie qui prend au sérieux l’urgence d’aimer « … non en paroles seulement mais en actes et en vérité ». (1 Jn 3, 16-19)

    La dernière leçon de Jésus à tous ses disciples est une leçon de service. En lavant les pieds à ceux-ci,  Jésus ne s’abaisse pas ;  il les élève.  Il confère à tous la qualité de « seigneur ».  Par sa mort, il redonnera à tous les êtres humains leur pleine dignité d’enfants de Dieu, et l’égalité de tous et de toutes devant leur Père des cieux.

    En nous invitant à faire ce qu’il a fait lui-même, Jésus ne nous invite pas simplement à être disposés à « donner notre vie » pour lui mais à « donner la vie » à tous nos frères et sœurs en travaillant pour que la dignité de tous soit reconnue. Dans notre bonne volonté d’être ce soir avec le Christ, restons modestes dans nos promesses et engagements : disons-lui notre désir de le suivre et d’aimer à son exemple.

    Michel Houyoux, diacre permanent

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul V S. :

    Prier auprès du Tabernacle

    Puisque vous êtes toujours avec nous dans la sainte Eucharistie, soyons toujours avec elle, tenons-lui compagnie au pied du tabernacle, ne perdons pas par notre faute un seul des moments que nous passons devant elle. Dieu est là, qu’irions-nous chercher ailleurs ? Le Bien-Aimé, notre tout, est là, il nous invite à lui tenir compagnie et nous ne nous y précipiterions pas, et nous passerions ailleurs un seul des instants qu’il nous permet de passer à ses pieds !

    Quand il dépend de nous d’aller devant la sainte Eucharistie, c’est Jésus, c’est tout Jésus ! Tout reste, ce n’est qu’une créature morte. Dans la sainte Eucharistie, vous êtes tout entier, tout vivant, bien-aimé Jésus aussi pleinement que vous étiez dans la maison de la Sainte Famille de Nazareth, dans la maison de Magdeleine à Béthanie, que vous étiez au milieu de vos Apôtres… Oh ! Ne soyons jamais hors de la présence de la sainte Eucharistie, pendant un seul des instants où Jésus nous permet d’y être.

    Bx Charles De Foucauld

    Références :

    https://qe.catholique.org/la-semaine-sainte/45706-quel-est-le-sens-du-jeudi-saint

    http://croire.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/Jeudi-saint

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeudi_saint

    http://www.mariereine.com/le-jeudi-saint/

    http://apprendre-par-la-lecture.blogspot.be/2014/04/quel-est-le-sens-du-jeudi-saint.html

    https://www.portstnicolas.org/chantier-naval/les-temps-liturgiques/article/calendrier-liturgique-et-textes-des-lectures-d-aujourd-hui-a-2060

    http://thierry.jallas.over-blog.com/article-commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-b-le-sacrement-du-corps-et-du-sang-du-christ-106467795.html

    http://www.diocesedepapeete.com/medias/files/jeudi-saint-lit-a-b-c-1.pdf

    http://www.paroissesaintmaxime.org/commentairesPourSite/jeudiSaint2013.pdf

    http://croire.la-croix.com/Paroisses/Textes-du-dimanche/2016/Jeudi-Saint-jeudi-24-mars-2016

    http://diaconos.unblog.fr/category/religion/liturgie/page/35/

    Magnificat du jeudi 13 avril 2017 page 101 (Supplément semaine Sainte - Jeudi Saint)


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