• * Les attributs de Jean l’Évangéliste

    Chapitre V : Les attributs de Jean l’Évangéliste

    1. L’aigle

    Le symbole animalier de Jean l'Évangéliste est l'aigle.

     *   V : Les attributs de Jean l’ÉvangélisteL'aigle est le symbole particulier de l'Évangéliste Jean. Cela vient d'un texte du prophète Ézéchiel qui décrit sa vision : « Je discernai quelque chose qui ressemblait à quatre animaux dont voici l'aspect : ils avaient une forme humaine. Ils avaient chacun quatre faces et chacun quatre ailes... Quant à la forme de leurs faces, ils avaient une face d'homme, et tous les quatre avaient une face de lion à droite, et tous les quatre avaient une face de taureau à gauche, et tous les quatre avaient une face d'aigle » (Ez 1,5-6.10). La tradition a vu dans ces animaux les symboles des Évangélistes.

    Cet animal, rapace et cruel, est le symbole de la force et de la puissance. Les Celtes le portent en amulette et il est un des motifs des casques de leurs guerriers. Il est du côté de Dieu car il monte, sans être ébloui, vers le ciel où il sera régénéré. L'Eglise le considère comme un intermédiaire entre Dieu et l'homme, c'est pourquoi il est l'attribut de l'Évangéliste saint Jean et se trouve sur la crosse de certains évêques. Les empereurs Otton III (980-1002), Henri III (1017-1056) et Richard de Cornwall (1220) le portent au bout de leur sceptre. L'aigle figure sur des pièces de monnaie de Frédéric II frappées en 1285 et reste le symbole de l'empire allemand. Le 3ème Reich lui met entre les griffes une croix gammée dont il sera débarrassé en 1945. A présent il représente la République Fédérale Allemande où il marque la continuité territoriale de l'empire auquel il était attaché.

    Selon Pierre Bougie, Professeur au grand séminaire de Montréal :

    • L’aigle, symbole de vie nouvelle

    Les anciens croyaient que l'aigle, différent en cela des autres oiseaux, renouvelait périodiquement son plumage et sa jeunesse : pour cela il volait directement vers le soleil et ensuite il plongeait dans l'eau. Un psaume y fait allusion : Comme l'aigle se renouvelle ta jeunesse (Psaume 103,5).

    Le symbole de l'aigle convient d'une manière particulièrement juste à Jean puisqu'il s'est élevé très haut dans la contemplation de la nature divine du Verbe de Dieu. De plus, l'aigle est souvent interprété comme le symbole de la Résurrection, et Jean est un témoin privilégié du grand événement pascal.

    • L’aigle, symbole du Christ et du disciple

     *   V : Les attributs de Jean l’ÉvangélisteL'aigle est le symbole du disciple bien-aimé, mais c'est aussi le symbole du Christ. On le disait capable s'élever jusqu'où on ne le voit plus. On disait aussi qu’il avait la capacité de fixer le soleil en plein midi. On voit le rapprochement avec le Christ-Dieu qui voit le Père face à face.

    En outre, tous les disciples du Christ peuvent être identifiés aux aigles. Ils partagent la force morale de l'aigle. Le livre d'Isaïe disait : Ceux qui espèrent dans le Seigneur renouvellent leur force, ils déploient leurs ailes comme des aigles, ils courent sans s'épuiser, ils marchent sans se fatiguer (Isaïe 40, 31). Dans le Baptême, plongés dans l'eau, ils ont puisé foi, courage et contemplation. On disait que l'aigle, si grande fût sa faim, laissait toujours une moitié de ses proies aux autres oiseaux. C'est l'exemple de la générosité ou de la charité qui anime le vrai disciple du Christ.

    Dans l’un des vitraux de la chapelle de Harthouse, un aigle se trouve comme attribut aux pieds de saint Jean qui tient un calice d'où émerge un petit dragon pour rappeler que ce saint a échappé à l'empoisonnement.

    2. Un calice

     *   V : Les attributs de Jean l’ÉvangélistePlusieurs représentations de Jean nous le montrent tenant à la main un calice d'où émerge la tête d'un serpent. Notamment cette toile exécutée par Alonso Cano pour le retable d'un couvent de Séville. Artiste le plus complet du siècle d'Or, Cano était également sculpteur, talent qui transparaît ici dans le volume donné au saint. Cette peinture faisait partie du retable consacré à saint Jean l’Évangéliste que le monastère des religieuses hiéronymites de Santa Paula à Séville lui commanda en 1635.

    L'Évangéliste saint Jean bénit la coupe empoisonnée que lui a donnée un prêtre païen d'Éphèse pour le mettre à l'épreuve mais le venin s'échappe du calice sous la forme d'un petit dragon bicéphale, comme le raconte la « Légende dorée » de Jacques de Voragine (1228 – 1298).

    C'est une allusion à un miracle qu'il aurait accompli pour prouver à Aristodème et aux Éphésiens la supériorité du christianisme sur le culte des idoles : sommé de boire une coupe de poison, il en avala le contenu d'un trait et n'en fut absolument pas incommodé, tandis que les deux goûteurs désignés pour tester ce poison s'écroulèrent foudroyés en quelques secondes. Ils furent ensuite ressuscités par le saint.

    3. Une cuve d’huile bouillante

    Selon la tradition, saint Jean aurait été torturé à Rome, au temps de l'empereur Domitien, et plongé dans une cuve d'huile bouillante.

    Sous l’Empereur Domitien l’Apôtre Jean fut conduit à Rome, enchaîné et condamné à être plongé dans un chaudron d’huile ou d’eau bouillante, d’où il ressortit, ayant gardé sa virginité, non seulement sain et sauf, mais régénéré. Ce martyre, qui lui avait été annoncé par le Christ lui-même, se passa devant la Porte Latine où fut érigée au 5ème siècle l’Eglise San Giovanni a Porta Latina.

    Saint Jean fut envoyé en exil sur l’île de Patmos, en mer Égée, où, vivant en solitaire dans une grotte, il aurait écrit l’Apocalypse, livre de visions prophétiques d’un haut niveau symbolique. Saint Jean serait mort vers 100.

    4. Un livre : l'Évangile

    L’Évangile selon Jean est un texte qui rapporte la vie et les paroles de Jésus de Nazareth dans le but de transmettre la foi chrétienne.

    Dans la tradition chrétienne, c'est le dernier des quatre Évangiles canoniques du Nouveau Testament, et il a été attribué traditionnellement à l'un des disciples de Jésus : l'apôtre Jean, fils de Zébédée. Cette attribution à un témoin oculaire est aujourd'hui rejetée par la plupart des historiens, qui l'attribuent à une communauté johannique au sein de laquelle il aurait été composé à la fin du 1er siècle. Les théologiens, quant à eux, sont divisés sur le sujet !

    Cet évangile se démarque des trois autres évangiles canoniques, dits «synoptiques» (des saints Luc, Marc et Mathieu), par sa composition, son style poétique, sa théologie, et probablement par ses sources.

    Dans la doctrine trinitaire, l’Évangile selon Jean est le plus important en matière de christologie car il énonce implicitement la divinité de Jésus dont il fait le « logos » incarné.

    L’Évangile n’est pas un livre ordinaire. Bien qu’il contienne des textes sacrés, l’Évangile reste un objet ordinaire et dont l’usage est personnel et obligatoire. C’est un objet complet et autonome. On peut même dire qu’il est autosuffisant. Il renferme une vérité achevée dont la hiérarchie interne peut donc s’organiser d’une manière définitive et stable par rapport à un ensemble fini.

    Un livre ouvert 

    • est le symbole de l'ouverture, de la transmission de l'intelligence personnelle et de l'amour universel ;
    • représente la connaissance, la puissance de l'esprit divin et le jugement dernier ;
    • souligne aussi l'importance de l'éducation.
    • Dans le monde des alchimistes, le livre ouvert représente le savoir qui peut être rendu public, en opposition au savoir qui doit être tenu secret. C’est pourquoi, dans toute commanderie templière traditionnelle et régulière la Bible est ouverte au Prologue de Jean. Il en va de même dans les loges maçonniques régulières.

     * Chapitre V : Les attributs de Jean l’Évangéliste

    5. Une palme

    Alors que Jean portant la sainte palme devant le cercueil de la Vierge Marie que soutenaient les apôtres avec Pierre, les juifs blasphémèrent et perdirent la vue immédiatement. Seuls ceux qui se repentirent de suite furent guéris par l’attouchement de la palme sacrée. C’est pour cela que, dans l’iconographie chrétienne, Jean est souvent représenté une palme à la main. Mais il y a une autre raison au fait que Jean porte la palme et Pierre le cercueil : la palme est, comme le rameau ou la branche verte, considérée comme le symbole de la victoire, de l’ascension, de la régénérescence et de l’immortalité de l’âme, et nos rameaux, dont le buis est l’équivalent pour nous, préfigurent la résurrection des martyrs et de nos défunts. La palme est encore l’emblème du paradis, de la pureté et de la gloire de la Vierge Marie.

     * Chapitre V : Les attributs de Jean l’Évangéliste

    La mort de la Vierge Marie, tableau de Mantegna datant de 1461

    Ce tableau est inspiré de la Légende dorée de Jacques de Voragine connu de Mantegna : la Vierge est allongée sur son lit de mort, le visage souriant, onze apôtres l'entourent.

    Nous pouvons y admirer la précision des détails (dont l’orfèvrerie des deux candélabres et de l'encensoir), les drapés, l'architecture, la perspective. Même les auréoles sont en perspective.

    Mais dans le cadre qui nous intéresse, observons surtout la branche de palmier apportée par saint Jean.

    • La palme, symbole de victoire

    Dans ce tableau, saint Jean apporte une palme au moment de la mort de Marie.

    La palme évoque la victoire (en 1 Mac 13,37 et 2 Mac 14,4). Et, dans l'antiquité, la branche de palmier est offerte au vainqueur comme emblème de sa victoire, et elle est portée triomphalement. La littérature judéo-chrétienne avait repris ce symbole comme trophée de victoire. Dans le Pasteur d'Hermas (Similitude 8,2) les justes sont couronnés de palmes.

    Le christianisme fait sien ce symbolisme en adoptant la palme, emblème de victoire, comme le signe du triomphe du martyre sur la mort : c'est pourquoi l'iconographie des saints martyrisés leur donne pour attribut une branche de palmier. Marie est Reine des martyrs.

    • La palme et la vie du monde à venir

    « De même que le palmier ne projette son ombre qu'à une certaine distance, de même le juste ne reçoit sa récompense qu'après un certain temps, souvent même il ne la reçoit que dans le monde à venir » (Midrash Nombres Rabbah 3,1)

    • L'élan du palmier et l'élan de charité

    Le palmier est aussi considéré comme un symbole de la Vierge Marie en raison de ce passage du Cantique des Cantiques : « Dans ton élan, tu ressembles au palmier, tes seins en sont les grappes. » (Ct 7,8)

    Dans ce cas précis, il signifie que Marie est toujours vivante et que Jean portera cette certitude jusqu’à ce que le Seigneur décide qu’il revienne parmi nous. Jean est porteur de l’espérance en l’immortalité des âmes, de l’enseignement ésotérique.  Pierre, lui, est porteur des corps, ou véhicules qui doivent nous servir à passer les siècles. Il est aussi porteur de  l’enseignement exotérique qu’il devra porter durant toute l’ère des Poissons.

    Frère André B., Grand Chancelier Prieural


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