• * Les débuts de l'Ordre du Temple

    Considérations sur les débuts de l'Ordre du Temple

    Introduction

    Si l'Ordre du Temple est officiellement né en Terre Sainte en 1118, la reconnaissance officielle de l'Ordre cette année-là n'est cependant que le prolongement d'une « mission » ou d'une « enquête » commencée près de 10 ans plus tôt...

    Si neuf chevaliers se présentèrent bien devant le roi de Jérusalem en 1118, l’Ordre des Chevaliers du Temple puise son origine bien avant cette rencontre en Terre Sainte. Il doit sa création à quatre personnalités hors du commun que je vais tenter de vous présenter dans la première partie de ce parchemin :

    • les deux chevaliers prénommés « Hugues » : Hugues de Payns et le comte Hugues de Champagne;
    • Etienne Harding, abbé de Cîteaux ;
    • Bernard de Fontaine ou de Clairvaux, le futur saint Bernard.

    Les deux Hugues

    De Hugues de Payns on ne sait presque rien, si ce n’est qu’il est apparenté au comte Hugues de Champagne. Sans l’aide de ce dernier, lui-même ami de Bernard de Fontaine, les Templiers seraient restés dans l’ombre. Il est à remarquer que ces trois hommes sont très liés et vivent dans la même région, la Champagne, un haut lieu de la chrétienté.

    Il a été démontré et accepté par tous les historiens que Hugues de Payns a effectué au moins deux voyages en Orient au lendemain de la première croisade, en 1104 –1105 et en 1114 – 1115, les deux fois en compagnie du comte Hugues de Champagne.

    Considérations sur les débuts de l'Ordre du TempleOn ne sait si Hugues de Payns revint en même temps que le comte Hugues de Champagne mais sa présence en France en 1110 a été attestée grâce à une charte signée de sa main. Ce qui est aussi certain, c’est qu’en 1108, Hugues de Payns et Hugues de Champagne se retrouvent en Bourgogne où ils ont ramené de Terre Sainte des documents particulièrement intéressants. Si intéressants qu’ils prennent immédiatement contact avec Etienne Harding, l'abbé de Cîteaux. Que savons-nous de lui ?

    Etienne Harding

    Considérations sur les débuts de l'Ordre du TempleIssu de la noble famille de Harding, Étienne naquit à Meriot dans le comté de Dorset en Angleterre. Il entra à l'abbaye voisine de Sherborne, la quitta quelques années plus tard pour aller en Écosse, puis se rendit à Paris pour étudier. De là, il fit le pèlerinage de Rome. A son retour, il se fixa à l’Abbaye de Molesmes. En 1098, Étienne Harding était au nombre des fondateurs de l’Abbaye de Cîteaux.

    En 1109, lorsque l'abbé Albéric mourut, Étienne Harding lui succéda. L'arrivée de Bernard de Fontaine et de nombreux novices donna un essor inattendu à l'Abbaye de Cîteaux, qui essaima dans toute l'Europe. Sous l'abbatiat d'Étienne Harding, le nombre des abbayes cisterciennes dépassa soixante-dix.

    Intéressons-nous à présent au Comte de Champagne, qui est un des principaux feudataires du royaume, environ quatre à cinq fois plus riche que le roi de France ! Qui était Hugues de Champagne ?

    Hugues de Champagne

    Considérations sur les débuts de l'Ordre du TempleNé en 1067, fils de Thibaut III de Blois et de Champagne, Hugues reçut en fief la Champagne en 1093. Il était donc le suzerain d’Hugues de Payns. Il ne participa pas à la première Croisade mais se rendit en Orient en 1104 ou 1105. De retour en 1108, il prit contact avec Etienne Harding, abbé de Cîteaux. Ne pourrait-on pas penser que le comte de Champagne se trouvait porteur d’une révélation si importante qu’il la confia à l’abbé de Cîteaux et qu’il poussa ce dernier à préparer son monastère à la lecture d’un document hébraïque ? Ce document nécessitait très probablement que l’on fît appel à tous ceux qui pouvaient apporter leur aide.

    Très influencé par un certain mysticisme religieux, ses liens avec Etienne Harding, l'abbé de Cîteaux qui réforma la pensée bénédictine pour former le mouvement cistercien, sont plus qu'étroits. Si étroits qu'au lendemain du retour d'Orient du comte de Champagne et d’Hugues de Payns, Etienne Harding fit venir à l’abbaye de Cîteaux un moine de l'abbaye de la Chaise-Dieu, spécialiste des textes hébraïques. Et dès ce moment, Etienne Harding mit sur-le-champ tout son monastère à l'étude minutieuse de mystérieux textes sacrés hébraïques, se faisant même aider dans ce travail par de savants rabbins de Haute Bourgogne appelés en renfort ! L'abbaye de Cîteaux s’est donc mise à étudier des textes hébreux !

    Le comte de Champagne repartit en 1114 vers la Terre Sainte pour un court séjour. Ce deuxième voyage n’était-il pas un voyage de vérification dont le résultat nécessitait qu’il fût confié à une personne aussi marquante que Bernard de Fontaine, et cela sur les terres de Champagne, donc sous la protection du comte ? A son retour, en effet, il recontacta l’abbé de Cîteaux et offrit à l’Ordre cistercien un territoire situé dans la forêt de Bar-sur-Aube, afin d’y créer une abbaye qui portera le nom de « Abbaye de Clairvaux ». Celle-ci fut confiée à Bernard de Fontaine, appelé plus tard Bernard de Clairvaux.  

    Dès lors le comportement du comte de Champagne devint de plus en plus étrange. Il voulut retourner en Terre Sainte, non comme combattant ou comme pèlerin, mais pour entrer chez les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem qui protégeaient, aidaient, soignaient les pèlerins. Il semble cependant peu probable qu’Hugues de Champagne, grand suzerain au domaine plus étendu que ceux du roi de France, se soit senti une envie irrésistible de soigner les pèlerins. Même pour le salut de son âme, entrer à l’Abbaye de Clairvaux aurait suffi !

    Etant marié et sa femme refusant d’entrer au couvent, comme le voulait la coutume, sa demande fut refusée. Dès lors, c’est Hugues de Payns qui partit ! Mais, huit ans plus tard, n’y tenant plus, Hugues de Champagne répudia sa femme, renia son enfant, renonça à son comté et, en 1126, rejoignit les Chevaliers du Temple en terre Sainte.

    Etait-ce pour garder les routes de Palestine ? Cela semble peu probable ! Ce départ ne concernait-il pas plutôt un travail plus discret effectué par les Templiers en Palestine ?

    Mais avant d’aborder la mission réelle de ces Chevaliers en Palestine, il me faut encore évoquer plus en détails le troisième personnage qui joue sans doute le rôle le plus important dans cette histoire, c’est-à-dire Bernard de Fontaine.

    Bernard de Fontaine

    Considérations sur les débuts de l'Ordre du TempleVoilà sans doute un des hommes les plus extraordinaires de cette époque, et peut-être même LE véritable créateur de l’Ordre des Templiers…

    Bernard de Fontaine est né en 1090 près de Dijon, fils d’Escalin et d’Alet de Montbard. Il était entré à l’Abbaye de Cîteaux sous l’abbatiat d’Etienne Harding et fonda l’abbaye de Clairvaux. Immédiatement, il prit la direction de l’Occident. Ce n’est pas une vue de l’esprit car il tança vertement les rois, les papes, les évêques, les grands vassaux et tous obéirent à ce moine zélateur du culte marial.

    Tel est l’homme qui allait créer l’Ordre du Temple et lui confier sa mission.

    Bernard de Fontaine n'était pas n'importe qui ! Hugues de Blois et Champagne ainsi qu’Etienne Harding n'avaient pas choisi n'importe quel moine : Bernard avait enseigné en l'église Saint-Vorles de Châtillon-sur-Seine, où la tradition prétendait qu'il existait une vierge noire. Bernard était en rapport avec les sources chrétiennes, irlandaises et druidiques. C’est lui qui a véritablement inauguré le culte marial et créé le terme « Notre-Dame » que l'on retrouvera bientôt dans la dédicace de chaque cathédrale.

    Accompagné de douze compagnons soigneusement sélectionnés, Bernard s'était donc installé dans la forêt de Bar-sur-Aube. La pensée du futur saint Bernard et l'abbaye de Clairvaux règneront sur tout le monde chrétien durant le 12e siècle et influenceront toute la civilisation occidentale pour les siècles à venir.

    Bernard de Fontaine, devenu ensuite Bernard de Clairvaux, désigné comme secrétaire du Concile de Troyes, a largement influencé la rédaction de la règle de l'Ordre, en instituant le concept du moine – soldat, dans la stricte lignée de sa pensée exhortant la noblesse à renoncer aux guerres privées pour se mettre au service de la foi.

    Bernard parle aux rois, aux Évêques et même au Pape avec une telle autorité que tout le monde plie devant lui et le révère. Il connait tout sur tout, c'est un thaumaturge exceptionnel ! (N.B. : Du grec « celui qui fait des tours d'adresse » il devient, à l'époque chrétienne, « celui qui fait des miracles », le terme s'appliquant essentiellement aux miracles de guérison. Personne qui prétend accomplir des miracles, défier les lois de la nature).

    L’Abbaye de Clairvaux et l’Ordre cistercien

    Considérations sur les débuts de l'Ordre du TempleL'abbaye de Clairvaux a donc été fondée en juin 1115 par le moine cistercien Bernard de Clairvaux, canonisé quelques années après son décès. Le terrain dédié à l'implantation de l'abbaye avait été choisi avec précaution dans une clairière isolée, le Val d'Absinthe : il fallait de l'eau et du bois.

    Ce terrain offert par Hugues de Champagne, proche parent de Bernard, comprenait précisément ces éléments essentiels à l'organisation d'une abbaye cistercienne. En effet, les Cisterciens se doivent de respecter la règle de Saint Benoît qui stipule la vie en autarcie et le respect du vœu de stabilité, c’est-à-dire d’enfermement volontaire ou en tout cas de vivre en dehors de la population.

    L'ordre cistercien a joué un rôle de premier plan dans l'histoire religieuse du 12ème siècle. C’est essentiellement au plus célèbre des Cisterciens, Bernard de Clairvaux, que l’ordre doit le développement considérable qu’il a connu dans la première moitié du 12ème siècle.

    Cet homme, d’une personnalité et d’un charisme exceptionnels, peut être considéré comme son maître spirituel. Ses origines familiales et sa formation, ses appuis et ses relations, sa personnalité même, expliquent en grande partie le succès cistercien.

    Par son organisation et par son autorité spirituelle, l’ordre cistercien s'est imposé dans tout l'Occident. L'ordre a fait « progresser à la fois le christianisme, la civilisation et la mise en valeur des terres. Il a promu ascétisme, rigueur liturgique et érigé, dans une certaine mesure, le travail comme une valeur cardinale, ainsi que le prouve son patrimoine technique, artistique et architectural. Outre le rôle social qu’il a occupé, l’ordre a exercé une influence de premier plan dans les domaines intellectuel ou économique ainsi que dans le domaine des arts et de la spiritualité.

    Venons-en à présent à la deuxième partie de ce parchemin, à l’Ordre du Temple à partir du moment où il a officiellement été créé.

    Les neuf fondateurs de l’Ordre du Temple

    Selon le chroniqueur Jacques de Vitry, l’Ordre Souverain et Militaire du Temple de Jérusalem fut fondé en Palestine, en 1118. C’est cette année-là qui a été retenue pour fixer l’ère de l’Ordre.

    Il fut institué comme corps d’élite permanent et mobile, par opposition à l’armée féodale, avec, en plus, un caractère monacal. Cette création militaire et spirituelle était une innovation originale dans le monde latin. L’Ordre du Temple était donc une nouvelle chevalerie, formée de moines – chevaliers.

    L’Ordre Souverain et Militaire du Temple de Jérusalem est né par la seule bonne volonté de neuf chevaliers qui s’étaient unis avec pour objectifs principaux et officiellement déclarés :

    • de protéger les pèlerins en route vers Jérusalem,
    • d’assurer la sécurité des chemins

    et

    • de défendre les lieux saints dans la cité.

    Ces neuf chevaliers généralement cités dans la littérature sont :

    • Hugues de Payns, vassal d’Hugues 1er de Champagne et parent par alliance des Saint Clair de Roslin ;
    • André de Montbard, oncle de Bernard de Clairvaux et autre vassal d’Hugues de Champagne ;
    • Godefroy de Saint-Omer, fils d’Hugues de Saint-Omer ;
    • Payen de Montdidier, parent de la famille régnante de Flandres ;
    • Archambaud de Saint-Amand, autre parent de la maison régnante de Flandre ;

    et quatre autres Chevaliers dont on ne connaît que fort peu de détails :

    • Geoffroy Bisol, originaire de Frameries dans le comté de Hainaut ;
    • Gondemare ou Gondernar ;
    • Rossal, originaire du marquisat de Provence ;
    • et un certain Godefroy.

    Ces neuf chevaliers avaient décidé de s'unir pour défendre les pèlerins et assurer la protection des routes. Ils formèrent l'ordre des « Pauvres Chevaliers du Christ ». A leur tête, les deux premiers chevaliers habituellement cités dans la liste des neuf : Hugues de Payns et Godefroy de Saint-Omer.

    Le temps pour eux de régler leurs affaires dans leurs fiefs et, en 1118, ces neuf chevaliers se présentent au roi de Jérusalem, Baudouin II, qui vient de succéder à son frère Baudouin 1er de Boulogne. Ils lui déclarent qu'ils viennent pour garder les routes de pèlerinage. Remarquons que parmi ces neuf chevaliers, deux au moins étaient proches de Bernard de Clairvaux : Hugues de Payns, chef de mission, et le frère de la mère de Bernard de Clairvaux, André de Montbard.

    Ces neuf chevaliers avaient donc décidé de se mettre au service de Dieu et du Roi de Jérusalem. S’ils ne se placèrent pas sous l’autorité de celui-ci, ils reçurent néanmoins de Baudouin II le droit d’occuper un terrain et une partie de son palais situé à proximité des ruines du Temple de Salomon.

    Baudouin II les reçut en invités privilégiés. Il leur donna asile et fit spécialement dégager une partie de son palais pour les abriter. Pendant dix ans, les Chevaliers du Temple vont loger à l’emplacement même des illustres ruines du Temple de Salomon !

    L'ordre des « Pauvres Chevaliers du Christ » devint alors « l'Ordre du Temple ».  D’où leur nom de « Chevaliers du Temple », transformé plus tard par l’usage populaire en « Templiers ». Jusqu'en 1127, les Chevaliers de l’Ordre du Temple se cantonneront officiellement à leur mission première. Il n’existe hélas que fort peu de traces à propos des « Templiers » durant cette période. Alors, que font-ils exactement ?

    Des fouilles dans les ruines du Temple de Salomon

    Comment une poignée d’une dizaine d’hommes, fussent-ils braves autant qu'audacieux, peut-elle prétendre assurer la garde des pèlerins, alors que les Chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, tellement plus nombreux, étaient déjà bien organisés pour cela ?

    De plus, les Chevaliers du Temple bougent peu et ne quittent guère ce palais. Y aurait-il quelque autre raison secrète pour que ces neuf chevaliers résident dix ans à l'emplacement du Temple de Salomon ? Chercheraient-ils quelque chose de précis dans ces ruines antiques ?

    De 1118 à 1126, c’est le trou noir ! Il semble bien que les Chevaliers Templiers aient procédé à des fouilles dans les ruines du Temple de Salomon.

    Et rien ne prouve ou n'infirme la possibilité de nouveaux aller – retours entre Jérusalem et la Champagne. De plus aucun fait d'arme ne semble attribué aux Templiers durant cette période.

    En 1126, quelque chose d’incroyable se produit : le puissant comte de Champagne, Hugues de Blois, lui qui avait fait don à Bernard du domaine de Clairvaux dix ans plus tôt, répudie femme et enfants, abandonne sa fortune et ses pouvoirs et s’en va rejoindre les Templiers, sous les ordres d’Hugues de Payns, son ancien vassal.

    Selon Laurence Gardner, c’est en 1127 que les premiers Templiers creusèrent dans les ruines du Temple de Jérusalem pour en retirer des manuscrits et des objets précieux.

    A leur retour en Champagne, Hugues de Payns et les chevaliers du Temple, leur patron et protecteur Bernard de Clairvaux écrit que « le travail a été accompli avec son aide et que toutes les précautions ont été prises contre toute intervention de l’autorité publique ou ecclésiastique » !

    C’est au retour des neufs Templiers, tous connus, qu’a été promulguée, en 1128, la règle de l’Ordre du Temple lors du Concile de Troyes, convoqué sous l’impulsion du même Bernard de Clairvaux. Le Concile de Troyes officialise l'Ordre du Temple et lui accorde une totale indépendance vis-à-vis du clergé séculier et des souverains temporels, sous la houlette d'Etienne Harding et de Bernard de Clairvaux.

    Un archéologue israélien a établi qu’il y a bien eu des fouilles sous le temple dont il reste un tunnel, mais qu’il n’est pas possible d’aller plus loin en raison du fait que cette zone est sous juridiction… islamique !

    Selon Laurence Gardner, une partie du trésor de Jérusalem semble avoir été cachée avant l’invasion de Nabuchodonosor de Babylone (en 586 avant notre ère) et une autre partie au cours du soulèvement juif du 1er siècle contre les Romains.

    En supposant que les Templiers l’aient découvert – ou du moins une partie – avec ce trésor comme base de nantissement, les Templiers ont pu devenir l’organisation financière la plus puissante du monde. En peu de temps, ils sont en tout cas devenus les conseillers et les banquiers des monarchies et des parlements de toute l’Europe et du Levant.

    Sir Charles Wilson, un explorateur britannique, a dirigé une expédition archéologique à Jérusalem à la fin du 19e siècle. Les fouilles qu’il a réalisées sous le Mont du Temple entre 1860 et 1870 ont permis de retrouver la fondation carrée du Temple originel de Salomon. Dans son livre « The Excavation of Jerusalem », il écrit qu’en fouillant profondément sous le temple, il a réussi à exhumer de nombreux objets anciens qui peuvent être positivement identifiés comme templiers. En 1894, c’est une croix templière et une épée templière brisée ainsi que d’autres objets semblables du 12e siècle qu’il y a découverts, preuve évidente du passage des Templiers à cet endroit ! Ces objets seraient à présent sous la bonne garde de Robert Brydon en Ecosse, lequel prétend aussi « détenir le coffre » !

    Ainsi les choses deviennent plus claires : l’origine de la création de l'Ordre du Temple est à peu de choses près une affaire de famille et tout s'articule autour du comte de Champagne et du mouvement cistercien. Les principaux créateurs et leurs maitres à penser sont originaires du comté de Champagne. Leurs autres compagnons sont issus de la maison des Princes de Flandres, croisés et pèlerins de la première heure.

    Reste le mobile, la finalité, le but réel de la création de l’Ordre du Temple…

    La présence omniprésente de Bernard de Clairvaux et d'Etienne Harding autour des fondateurs de l'Ordre peut nous éclairer sur le fondement religieux et même mystique des origines de l'Ordre.

    Mais ne soyons pas naïfs : neuf chevaliers ne pouvaient techniquement pas assurer la protection des chemins de pèlerinage au contact constant de l'ennemi. A fortiori sans recruter durant 10 ans, ce que la fortune du comte de Champagne aurait pourtant largement permis ! Un des princes les plus riches du royaume de France n'abandonne pas ses richesses et les siens pour surveiller les routes sous les ordres d'un vassal, même pour la foi la plus profonde. Non ! Il doit y avoir autre chose ! Quelle était donc cette mission confiée par Bernard de Clairvaux à l’Ordre du Temple ?

    Il paraît évident qu’Hugues de Payns et son oncle, André de Montbard, n’étaient pas envoyés par Bernard de Clairvaux uniquement pour garder les routes et que ce n’est pas la raison du comportement d’Hugues de Champagne. Cela ils auraient pu le faire en aidant les Hospitaliers de Saint-Jean.

    Pourtant, cette protection, l’Ordre l’a toujours assurée, même aux moments où il est extrêmement puissant. Lorsque l’Ordre fut constitué et qu’il posséda une armée en Palestine, il assumera effectivement ce rôle de défense des Lieux saints.

    Une quête mystique ?

    Les Chevaliers Templiers sont partis chercher quelque chose en Orient. Quelque chose de primordial pour la religion de Bernard et d’Etienne ? Quelque chose ne pouvant se trouver que sur les Lieux Saints ? Quelque chose de tellement secret que seul le pape a dorénavant prise sur l'Ordre. Quelque chose de si fabuleux que seuls les liens du sang des fondateurs peut le protéger !

    Mais qu'ont-ils cherché, trouvé ou cru trouver ?

    • Le Saint-Graal ? L'Arche d'Alliance ?
    • Les secrets architecturaux qui feront rayonner l'art gothique à partir du 12e siècle ?
    • Quelque savoir ésotérique en rapport avec l'Islam ?

    Tout semblerait alors s'expliquer...

    • les voyages de « reconnaissance » d’Hugues de Payns, de 1104 et 1114 ;
    • l'étude de textes hébreux en 1115 à l’Abbaye de Cîteaux ;
    • les fouilles sous le Temple de Salomon à partir de 1118.
    • En 1126, ils ont trouvé... Le comte de Champagne abandonne tout et les rejoint.
    • Dès 1127, il faut protéger le secret !
    • Le concile de Troyes rend les Templiers intouchables et les transforme en armée de défense des Lieux Saints.

    Mais nul ne sait avec certitude ce qu’ils auraient pu trouver et rien ne peut être affirmé ! Une chose demeure cependant certaine : la création de l'Ordre du Temple ne s'est pas faite dans le but un peu simpliste de protéger les pèlerins sur les routes mais répond à une démarche longuement réfléchie voire une quête mystique plus ou moins commanditée par les moines cisterciens, Etienne Harding et Bernard de Clairvaux.

    Nous pouvons aussi judicieusement nous demander pourquoi Bernard de Clairvaux, qui ne prêchera à Vézelay la deuxième croisade que sur ordre écrit du pape, et après avoir longtemps hésité, le fit-il avec si peu d'empressement. N'y avait-il plus autant d'intérêt à retourner en Palestine 22 ans plus tard ?

    Pour tenter de répondre à cette question, il importe tout d’abord de se rappeler que l’Ordre du Temple n’était pas le seul Ordre chevaleresque en Terre Sainte. Je songe notamment aux Hospitaliers de Saint-Jean ou Chevaliers de l’Ordre du Saint-Sépulcre datant de 1099, aux membres de l’Ordre de Saint-Lazare, ou encore de l’Ordre Teutonique. Tous ont entretenu des liens privilégiés avec tous les mouvements ésotériques orientaux. Cela dit, il reste indubitable que les Templiers ont joué un rôle clé, un rôle irremplaçable dans les échanges qui furent opérés en Terre d’Orient.

    Et plus que tous les autres ordres, les Templiers sont restés au centre d’un cercle d’où se sont propagés en Occident des courants ésotériques nouveaux issus de traditions hermétiques et gnostiques cueillies dans le buisson oriental. Cela est très certainement dû à cet ésotérisme qui a trouvé très tôt au cœur de l’Ordre un terrain d’accueil très favorable.

    Il paraît assez évident que tous les Templiers n’étaient pas « initiés » et que seuls certains d’entre eux ont eu accès à des secrets que l’Ordre a été amené à véhiculer en son sein.

    Ces secrets sont nés des échanges instaurés avec les initiés orientaux, quelles que soient leurs appartenances et où se confondaient souvent les courants chrétiens, gnostiques ou relevant de l’Islam ésotérique. La chevalerie soufie fut l’un d’entre eux.

    En Orient comme en Occident, l’initiation chevaleresque avait des rapports étroits, même s’il n’existait point alors en Terre Sainte d’institutions comparables aux Ordres chevaleresques occidentaux.

    Avec quels « groupes » l’Ordre du Temple a-t-il pu entrer en relation ?

    Des groupements très structurés d’architectes arméniens et des confréries de maçons opératifs, arméniens et coptes principalement, en Arménie mais aussi en Ethiopie. Les Templiers leur auraient emprunté leur architecture d’églises octogonales ou bâties en rotondes. A partir du 13ème siècle, les édifices templiers étaient nombreux en Terre Sainte. Edifices militaires, châteaux forts certes mais aussi églises et chapelles couvraient le sol de l’Orient avant de gagner l’Europe où elles se sont multipliées.

    Par leurs liens avec les Coptes, avec les anciens Arméniens, ainsi qu’avec les Nestoriens, les Templiers ont fort bien pu avoir accès à des doctrines propres aux premières églises chrétiennes, et notamment à l’Eglise d’avant les conciles.

    Mais d’autres confréries ont aussi eu des contacts suivis avec les Templiers et les maçons opératifs occidentaux :

    1. les « Karmates», une confrérie d’obédience chiite et professant un strict monisme divin. (N.B. : Le monisme est une notion philosophique métaphysique. C'est la doctrine fondée sur la thèse selon laquelle tout ce qui existe – l'univers, le cosmos, le monde – est essentiellement un tout unique, donc notamment constitué d'une seule substance. Le monisme s'oppose à toutes les philosophies dualistes, qui séparent monde matériel ou physique et monde psychique ou spirituel). Son existence est attestée dès le 9ème siècle au Proche-Orient, en Perse, en Egypte mais aussi en Inde ;
    2. la Société des « Frères d’Orient», créée au 11ème siècle, confrérie de bâtisseurs, était un Ordre initiatique couvert par le secret. Elle travaillait sur l’ensemble du territoire de l’empire byzantin et les Templiers n’ont pas manqué de faire appel à ses services pour leurs constructions en Terre Sainte ;
    3. l’Ordre des « Solitaires», un cercle très fermé, orienté sur l’alchimie et la quête spirituelle, qui devint plus tard en Occident « l’Ordre d’Amus » qui s’inspirait de la Société d’Orient.

    Comme les « Karmates » (N.B. : Les Qarmates ou Karmates sont un courant dissident de l’ismaélisme refusant de reconnaître le fatimide Ubayd Allah al-Mahdî comme imam, actifs surtout au 10ème siècle en Iraq, Syrie, Palestine et dans la région de Bahreïn où ils fondèrent un état (~903 -1077) aux prétentions égalitaires - mais néanmoins esclavagiste - parfois qualifié de communiste, qui contrôla pendant un siècle la côte d’Oman), comme les « Frères d’Orient », les Templiers se sont toujours efforcés de glorifier le travail manuel, assimilé par eux à une véritable prière. Mais là sans doute ne s’arrêtent pas les contacts noués par l’Ordre du Temple et ses protégés en Orient. Je pourrais aussi évoquer une « Eglise johannite de Palestine » qui semblerait avoir eu une grande influence sur les maçons protégés par les Bénédictins. Il ne fait pas de doute que les Templiers furent et sont restés des « johannites » dans leur essence, ce qui demeure peut-être leur secret essentiel.

    Mais revenons à présent au début de notre histoire !

    Une nouvelle aristocratie de l’esprit

    Revenus en France, nos chevaliers fondateurs de l’Ordre du Temple, porteurs de lourds secrets sans doute aussi incommunicables que potentiellement dangereux pour l’orthodoxie religieuse la plus étroite, apportaient par leurs qualités propres une nouvelle « aristocratie de l’esprit » que le monde occidental ne connaissait plus.

    Jusqu’ici, en effet, seuls les clercs avaient accès au savoir et certains d’entre eux ne se gênaient pas pour affirmer parfois des opinions à la limite de l’hérésie.

    Mais avec le retour de ces chevaliers, initié déjà dans leur Ordre, initiés de plus par d’autres croyants, transformés dans leur âme et dans leur chair par la découverte de mondes nouveaux, de mœurs nouvelles, de croyances et philosophies nouvelles, les Clercs ne seront plus les seuls à détenir cette « aristocratie de l’esprit » !

    Le vrai secret du Temple, ne serait-ce pas d’avoir dissimulé au sein de l’Ordre, pour les seuls initiés, une véritable gnose spécifiquement templière ? La vénération des Templiers pour saint Jean est bien connue aujourd’hui. Ils pratiquaient en Terre Sainte le rite dit « byzantin » qui est d’essence johannique.

    Strictement fidèles aux volontés du Christ, ils vouaient à la mère de Jésus et à saint Jean la plus grande dévotion. Derrière Notre-Dame se cachait sans doute pour eux la « Pistis Sophia », l’âme du Monde (N.B. : La Sophia est plutôt un lieu ou un état se situant entre Dieu absolument transcendant et le monde matériel immanent. C’est en Sophia que se déroulent toutes les théophanies, toutes les extases, toutes les visions mystiques, c’est en Sophia que prennent corps les noms divins, les anges, les archanges et toutes les réalités spirituelles. Sophia est l’âme du monde, vibrante et pleine d’une vie spirituelle et divine. Sophia est le lieu où résident toutes les connaissances où se noue le lien indéfectible entre le l’Univers matériel (phénoménal) et le monde spirituel. La Sophia est ce qui unit toutes les dimensions crées et incréées, visibles et invisibles. Bien que Ordre strictement masculin, les Templiers étaient dévoués au culte marial. Les pensées et les prières des Templiers étaient avant tout destinés à la Vierge (La Sainte Patronne de l’Ordre). La Vierge Marie est la mère de Jésus, mais est-ce une raison suffisante pour expliquer une telle vénération quasi fusionnelle ? Si le peuple du moyen âge semble s’en être contenté, ce ne fut certainement pas le cas des Templiers… Ils connaissaient le culte de la Vierge Noire, la Déesse Mère, Déesse de la terre. Ils connaissaient aussi Marie Madeleine. La Sophia se situait au centre de leur cosmologie gnostique. Dans le texte de Nag Hammadi, découvert en 1947 en Égypte, intitulé « Pistis Sophia », elle est intimement associée à Marie Madeleine. En tant que Chokmah, elle est la clé de la compréhension gnostique de la Kabbale, système occulte influent à la base de la magie médiévale et renaissante. Chez les gnostiques, elle correspondait à la déesse grecque Athéna et à l’égyptienne Isis, parfois appelée Sophia. Ce qui fait dire que les Templiers croyaient fermement en un principe féminin).

    Nés d’un temple à Jérusalem et morts sur les bûchers parisiens, condamnés par un pouvoir royal en pleine création, contre leur propre pouvoir et celui du pape, les Templiers ont rempli l’imaginaire des siècles suivants. Pauvres chevaliers maniant des fortunes, ils ont nourri la littérature historique et ésotérique.

    Ainsi, plusieurs historiens, dont Louis Charpentier (auteur des Mystères de la cathédrale de Chartres et des Mystères templiers) ou Patrick Rivière, sont convaincus que les Templiers étaient les « dépositaires des Arcanes majeurs de la tradition primordiale », connaissances qui leur auraient permis d’instruire les bâtisseurs des cathédrales.

    Mais les premiers Templiers auraient aussi pu occulter leur mission officielle de défenseurs des routes pèlerines pour se livrer à d’intenses fouilles dans les ruines du Temple de Salomon à Jérusalem et auraient pu y retrouver, par exemple, l’Arche d’alliance, réceptacle des Tables de la Loi. Ou des objets porteurs de lois mathématiques régissant l’univers. La clé, en quelque sorte, du progrès humain.

    Ramenés secrètement en France pour être mis en lieu sûr, ces objets auraient été contemplés par quelques initiés, dont saint Bernard de Clairvaux, le phare spirituel de l’Occident. Mais il n’existe aucune preuve de cela… Une absence qui participe au mystère des Templiers !

    Donc ne rêvons pas trop et gardons les pieds sur terre en présence des légendes qui courent ! Plusieurs affirment en effet que la véritable raison du départ des premiers Templiers pour la Palestine était de rechercher l’Arche d’alliance. Certains même n’hésitent pas à avancer qu’ils l’auraient retrouvée ! Mais dans ce cas, il conviendrait aussi de se demander où elle se trouverait aujourd’hui et de le prouver ! Avec l’histoire de l’Arche ou « coffre de YHVH », l’Arche d’alliance ou Arche du témoignage, nous entrons à la fois dans le domaine du mystère et de la légende.

    Quelques mots quand même à propos de cette Arche d’alliance qui a fait couler tant d’encre !

    L’Arche d’alliance

    L’Arche d’alliance apparaît pour la première fois avec Moïse dans « Exode » où elle est citée 27 fois. Et la dernière fois qu’il en est fait mention dans l’Ancien Testament, c’est dans « Jérémie », qui vécut la destruction du premier Temple en 587 avant notre ère. Il dit qu’on l’a oubliée et que l’on n’en fera point d’autre. Les exégètes pensent que l’Arche a été brûlée par les Chaldéens. Cette Arche, qui donnait la puissance aux Hébreux, cette Arche qui contenait les Tables de la Loi, eut une durée extraordinaire. Elle eut d’abord pour sanctuaire la « Tente du rendez-vous » durant 479 ans. Elle y fut abritée du temps de Moïse alors que les Hébreux traversaient le désert jusqu’à la traversée du Jourdain, soit durant 39 ans.

    On la plaçait dans la tente chaque fois que l’on dressait le camp. Elle y resta ensuite durant 14 ans à Gilgal pendant le début de la conquête de Canaan par Josué, puis pendant 369 ans à Siloh et enfin 57 ans à Nov en attendant la construction du Temple de Jérusalem.

    C’est sous le règne du Roi Salomon que le Temple de Jérusalem fut inauguré en 967 avant notre ère. L’Arche d’alliance y fut placée dans la partie la plus secrète du Temple, le Saint des Saints, sanctuaire intérieur appelé Debir, une pièce obscure sans fenêtres.

    374 ans plus tard, Nabuchodonosor, roi de Babylone, détruisit le Temple lorsqu’il s’empara de Jérusalem. C’est la dernière fois qu’il fut question de l’Arche. Puis on n’en entendit plus parler. Ainsi, 854 ans se sont écoulés depuis sa construction suivant les indications divines. Il faut aussi préciser qu’aucune mention de l’Arche ne figurait dans le butin emporté par les Babyloniens.

    Lors de la reconstruction du Temple – le second Temple – il n’est fait mention de l’Arche dans aucun texte.

    Les ruines du troisième Temple, dit d’Hérode, à l’époque de l’occupation romaine, servirent de carrières aux musulmans pour la construction du Dôme du Rocher en 691 (l’an 72 de l’ère musulmane). C’est ce Dôme du Rocher, l’une des merveilles architecturales du monde, que les Croisés ont pris pour le Temple de Salomon. C’est là que, d’après certains, les Templiers y auraient cherché l’Arche…

    Alors qu’est devenue l’Arche ?

    Bien que certains historiens pensent que l’Arche a été brûlée avec le Temple en 587 avant Jésus-Christ, rien ne le prouve ! Selon une tradition tardive, l’Arche aurait été enterrée par Jérémie avant la destruction du Temple de Jérusalem, dans une grotte du mont Nebo, au nord-est de la Mer Morte.

    Dans ses « Antiquités judaïques », l’historien romain Flavius Josèphe la signale à Ascalon, à 50 km au sud-ouest de Jaffa. Mais ce n’est pas forcément une contradiction car l’Arche avait peut-être été retrouvée et déplacée.

    Pourquoi la légende raconte-t-elle que les Templiers seraient partis à la recherche de l’Arche et que c’était là l’une des raisons secrètes de la fondation de l’ordre du Temple ? D’abord parce que l’on se demande ce qu’allaient faire ces neuf chevaliers en Terre sainte ; ensuite parce que la raison invoquée – à savoir protéger les pèlerins sur la route qui mène de Jaffa à Jérusalem – ne semble pas plausible. Ils étaient trop peu nombreux et même un petit groupe de Sarrasins les aurait écrasés.

    Enfin parce que sur les neuf premières années qu’ils passèrent en Terre sainte, l’histoire ne sait rien de leurs activités ! En effet, Foucher de Chartres n’a fait aucune mention de combats livrés par ces chevaliers dans ses Chroniques qui couvrent les neuf premières années passées en Terre sainte.

    Il semble certain que, pendant tout ce temps, alors que Baudouin II guerroyait de façon quasi continue, livrant un grand nombre de batailles, les Templiers ne prirent part à aucun combat et ne recrutèrent personne ! Ils vivaient bien plus en moines qu’en chevaliers ! Nos neuf premiers Templiers seraient donc allés chercher quelque chose : soit des documents, soit l’Arche d’alliance, soit les deux.

    Enfin, si les Templiers ne lisaient pas la Bible – car certains étaient certainement illettrés – Bernard de Clairvaux, lui, la lisait et l’étudiait de près ! Il comprenait l’hébreu et était en contact avec des juifs savants. C’est pourquoi il nous est permis de penser qu’il aurait pu lire quelques-uns de ces textes aux premiers Templiers et leur donner différentes pistes de recherches. Pensaient-ils qu’en retrouvant l’Arche et en la replaçant dans le Temple, ils auraient permis à l’Arche de manifester sa puissance, mise cette fois au service des chrétiens ?

    Mais ils auraient aussi pu chercher du côté des grottes surplombant la vallée du Jourdain au-dessus de l’extrémité nord-est de la mer Morte sur le flanc du mont Nebo. Ils auraient aussi pu fouiller dans les grottes autour d’Ascalon… Il n’en est rien, apparemment.

    Les Templiers auraient-ils rapporté l’Arche en Occident ? Auraient-ils trouvé des documents qui les mettaient sur la piste ? Est-ce la raison pour laquelle ils sont repartis en grand nombre ? Est-ce la raison pour laquelle la création de l’Ordre prit un tour aussi solennel ? Car jusque-là, jamais la création d’un Ordre n’avait nécessité la réunion d’un Concile !

    Certains sont persuadés que l’Arche a bien été rapportée par les Templiers. Ainsi Run Futthark pense qu’elle se trouve encore de nos jours dans les cavernes naturelles de l’Aude, proches de l’ancienne commanderie du Bézu étrangement épargnée lors de la rafle du 13 octobre 1307 mais ce n’est là qu’une intuition sans preuve.

    L’Arche semble donc bien garder son mystère à jamais.

    En guise de conclusion provisoire…

    Le but du présent parchemin n’était que d’évoquer les débuts de l’Ordre du Temple qui s’est ensuite développé d’une façon extraordinaire. L’Ordre a certes organisé un solide système d’économie publique, protégé cultures et récoltes, sécurisé routes et transport, créé la lettre de change… Richissime, l’Ordre du Temple a réussi à poser les fondements d’une nouvelle civilisation.

    Mais comme il n’entrait pas dans mes intentions de m’attarder sur la suite de l’histoire de l’Ordre, permettez-moi simplement de vous rappeler que les Templiers se sont mués en trésoriers. Ce sont eux qui ont financé les chantiers des cathédrales et qui ont prêté des sommes faramineuses notamment à Philippe le Bel. Celui-ci a pris peu à peu ombrage de la puissance grandissante de cet état dans l’Etat. Il a tenté de provoquer leur perte. Mais cela, c’est une autre histoire…

    Si, en leur temps, les Templiers furent les gardiens du Temple et de la Terre sainte, aujourd’hui ils sont devenus symboliquement les gardiens du Temple archétypal.

    De par leur nom et de par leur emblème majeur, ne sont-ils pas devenus dans l’esprit de tous, au moins pour les chrétiens, et pour des siècles, les gardiens éternels du Centre spirituel du monde ?

     

    Frère André B., Eques a continua quaestione

    Bibliographie

    Bordonove Georges, Les Templiers au 13ème siècle, Paris, Editions Fayard, 1964 ou Editons Marabout, Collection Université, 1997

    Charpentier Louis, Mystères de la cathédrale de Chartres, Editions Robert Laffont, Paris, 1995

    Charpentier Louis, Mystères templiers, Editions Robert Laffont, Paris, 1967

    Delclos Marie & Caradeau Jean-Luc, Histoire de l’Ordre du Temple, Editions Trajectoire, Escalquens (Haute-Garonne), 2011

    Delclos Marie et Caradeau Jean-Luc, Les mystères de l’Ordre du Temple, Editions Trajectoire, Escalquens (Haute-Garonne), 2011

    Demurger, Alain, Chevaliers du Christ, les ordres religieux-militaires au Moyen Age, Editions du Seuil, Paris, 2002

    Demurger Alain, Les Templiers – Une chevalerie chrétienne au Moyen Age, Editions du Seuil, Paris, 2005

    Demurger Alain, Vie et mort de l'Ordre du Temple, 1118-1314, Editions du Seuil, Paris, 1999

    Desgris Alain, Organisation et vie des Templiers, Editions Guy Tredaniel, Paris, 1997

    Desgris Alain, L'Ordre des Templiers. Les secrets dévoilés, Editions Dervy, Paris, 1994

    Gobry Ivan, Le procès des Templiers, Editions Perrin, Paris, 1995

    Lachaud René & Colonieu Alice, Templiers, chevaliers d'orient et d'occident, Editions Dangles, Paris, 1997

    Lamy Michel, Les Templiers, ces grands seigneurs aux blancs manteaux, Editions Aubéron, Bordeaux, 1997

    Lynn Picknett, Prince Clive & Couturiau Paul, La révélation des Templiers, Livres de Poche, Collection « J’ai lu » - Aventures secrètes, 2001

    Rivière Patrick, Les Templiers et leurs mystères, Editions De Vecchi, Paris, 2009


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires

    Vous devez être connecté pour commenter