• * Qui est saint Jean l’Évangéliste ?

    Chapitre III : Qui est saint Jean l’Évangéliste ?

    1. Jean le théologien, l’apôtre bien aimé du Christ

    A ce stade, nous savons que « saint Jean », c’est Jean – fils de Zébédée et de Marie Salomé – l'un des douze apôtres de Jésus et qu’il a pour frère un autre apôtre : Jacques le Majeur.

    On l'appelle Jean l'Apôtre, Jean l'Évangéliste, Jean le Théologien ou même le «Disciple bien-aimé» pour bien le distinguer de Jean le Baptiste, le précurseur de Jésus. On lui attribue l'Évangile qui porte son nom, le « Quatrième Évangile », pour le distinguer des trois autres, dits « Évangiles synoptiques » ainsi que le Livre de l'Apocalypse, dit aussi « Apocalypse de Jean ».

    2. Jean, apôtre et évangéliste

    Un homme nommé Zébédée, avait donc deux fils, Jacques et Jean, pêcheurs comme lui sur le lac de Tibériade. Les fils de Zébédée ne manquaient pas de personnalité : on les appelait « fils du tonnerre ». Grande était leur soif spirituelle. C'est pourquoi ils s'attachèrent à l'enseignement de Jean le Baptiste : « Celui qui vient derrière moi est plus grand que moi ». Aussi, quand le Baptiste dit un matin, en leur montrant Jésus de Nazareth : « Voici l'agneau de Dieu », Jean suivit cet homme. Jacques dut hésiter encore. Lorsque quelques jours après, Jésus dit aux deux frères qui maillaient leurs filets : « Venez avec moi », Jacques et Jean suivirent le Maître.

    Jean était jeune. Il avait un grand amour du Christ. Il pensait que celui du Christ était plus grand encore. Alors il s'appela : « le disciple que Jésus aimait ». Il fera partie du petit groupe des fidèles d'entre les fidèles. Il sera présent sur le Mont Thabor lors de la Transfiguration, présent à la « Dernière Cène », tout contre Jésus et encore présent au Calvaire du Mont Golgotha, le seul parmi les apôtres, au pied de la croix. C'est là que Jésus lui confia Marie, sa mère. Selon la tradition de l'Église catholique, c'est toute l'Église qui fut ainsi confiée à la Mère de Dieu. Au matin de Pâques, Jean court et précède Pierre au tombeau : « Il voit, il croit ».

    Une tradition ancienne veut que Jean vécut ensuite à Éphèse avec Marie, qu'il y écrivit le quatrième Évangile, qu'un séjour à Patmos fut ensuite l'occasion d'une révélation qui devint l'Apocalypse et qu'enfin, lorsqu'il fut vieux, il ne sut que répéter sans cesse l'essentiel de ce que le Christ lui avait enseigné et donné de découvrir :

    « Dieu est amour. Aimez-vous les uns les autres ».

    Lorsque, après la Pentecôte les apôtres se séparèrent, l’apôtre et évangéliste Jean se rendit en Asie où il fonda de nombreuses églises.

    3. Jean l'Évangéliste, saint, mort en 100 environ

    La tradition nous rapporte que saint Jean aurait été amené d'Éphèse à Rome, chargé de fers, sous l'empereur Domitien. Il fut condamné par le sénat à être jeté dans l'huile bouillante.

    L’empereur Domitien, ayant en effet appris sa renommée, le fit venir à Rome et plonger dans une chaudière d’huile bouillante. Cette condamnation aurait été exécutée devant l'actuelle Porte Latine.

    Saint Jean en serait sorti sain et sauf, plus frais et plus jeune qu'il n'y était entré ! De même qu’il avait échappé à la corruption des sens. Le fait n'a jamais été prouvé mais il est certain que saint Jean est venu à Rome, tout comme Pierre et Paul. A la suite de cela, l’empereur le relégua en exil dans l’île de Patmos, où, vivant seul, la tradition nous dit qu’il écrivit l’Apocalypse.

    Selon André Paul, « une tradition, assez digne de foi, le fait venir à Éphèse, d'où il gouverna les Églises d'Asie Mineure, probablement après 60. Il aurait été exilé ensuite à Patmos, sous Domitien (81-96). Revenu à Éphèse sous Nerva (96-98), c'est là qu'il serait mort, au début du règne de Trajan (98-117) ».

    4. La mort des apôtres

    La plupart des informations sur la mort des apôtres proviennent des traditions de l’église primitive. Bien que la tradition ne soit pas toujours fiable sur les petits détails, il est très rare qu’elle contienne de pures inventions. Rappelons que l’historien Eusèbe a écrit l’histoire de l’Eglise primitive.

    Les détails des martyres des disciples et des apôtres se trouvent dans les sources traditionnelles de l’Eglise primitive. Ces traditions ont également été relatées dans les écrits des Pères de l’Eglise. Bien que nous ne puissions pas à ce moment vérifier tous les détails historiques, la croyance universelle des premiers écrivains chrétiens, c’est que chacun des apôtres a dû faire face au martyr fidèlement sans renier sa foi en la résurrection de Jésus-Christ.

    Jean a fait face au martyr quand il a été plongé dans un énorme bassin d’huile bouillante pendant une vague de persécution à Rome. Toutefois, il a été miraculeusement sauvé de la mort. Jean aurait ensuite été condamné à travailler dans les mines de l’île de Patmos. C’est précisément à Patmos qu’il a écrit son livre prophétique de l’Apocalypse. Plus tard, l’Apôtre Jean a été libéré et est retourné pour servir comme évêque d’Édesse dans la Turquie moderne. Il semble être mort à un âge assez avancé et être le seul apôtre à avoir pu mourir en paix.

    5. A propos de la mort de Jean l’Évangéliste

    Selon la tradition, Jean serait allé en Samarie prêcher avec Pierre, où il aurait montré beaucoup d'ardeur à organiser des églises dans les villes de Palestine. Puis, fuyant la répression des Romains, il aurait quitté la Palestine, et se serait réfugié à Éphèse où il aurait fait des miracles et baptisé de nombreuses personnes. La mère de Jésus aurait habité avec lui à Éphèse.

    Vers 180, Irénée de Lyon écrit dans Contre les hérésies (III, 1,1) :

    « Ensuite Jean, le disciple du Seigneur, qui a reposé sur sa poitrine, publia lui aussi l'Évangile, tandis qu'il habitait à Éphèse en Asie. »

    Clément d'Alexandrie précise que Jean fut ensuite exilé dans l'île de Patmos en 94 à la suite de persécutions contre les chrétiens. Il aurait reçu une vision du Christ de l'Apocalypse, majestueux d'apparence, vêtu de blanc, le glaive de la « Parole » dans la bouche, après quoi il y aurait écrit « l'Apocalypse ». Jean s'étant agenouillé, fut béni par l'apparition qui lui dit : « Écris donc ce que tu as vu, le présent, et ce qui doit arriver plus tard ».

    Après la mort de Domitien en l'an 96, l'empereur Nerva permit à Jean de revenir à Éphèse. De là, il rayonna dans la région, invité par les communautés chrétiennes locales, « tantôt pour y établir des évêques, tantôt pour y organiser des Églises complètes, tantôt pour choisir comme clerc un de ceux qui étaient désignés par l'Esprit ». Il serait mort à Éphèse en l'an 101, à l'âge d'environ 90 ans. Il serait enterré à Selçuk, près d'Éphèse, où il existait une basilique Saint-Jean aujourd'hui en ruine.

    6. Éphèse

    Éphèse est l'une des plus anciennes et plus importantes cités grecques d'Asie Mineure, la première de l'Ionie. Bien que ses vestiges soient situés à près de sept kilomètres à l'intérieur des terres, près des villes de Selçuk et Kuşadası dans l'Ouest de l'actuelle Turquie, Éphèse était dans l'Antiquité, et encore à l'époque byzantine, l'un des ports les plus actifs de la mer Égée. Il est situé près de l'embouchure du grand fleuve anatolien Caystre.

    L’Artémision, le grand sanctuaire dédié à Artémis, la déesse tutélaire de la cité, qui comptait parmi les Sept merveilles du monde et auquel Éphèse devait une grande part de sa renommée, était ainsi à l'origine situé sur le rivage. C'est l'œuvre combinée des sédiments charriés par le Caystre, des changements climatiques, et peut-être d'accidents sismiques, qui expliquent le déplacement progressif de la côte vers l'Ouest, et l'ensablement subséquent des ports de la ville, prélude de leur abandon.

    7. Les origines de la communauté chrétienne

    Le christianisme s’est développé à Éphèse grâce à son association étroite avec l’histoire apostolique : l'apôtre Paul a rédigé, à l'intention de cette communauté, son « Épître aux Éphésiens ». Son église est une fondation de Timothée, disciple de Paul de Tarse : la vie du saint, peut-être rédigée dès le 4ème siècle (car les reliques en furent transférées à Constantinople dès 356) décrit son martyre sur l’Embolos, puis son inhumation sur le mont Pion, et la construction d’un martyrium en son honneur. La tradition prête à plusieurs proches du Christ leur ultime résidence dans la ville ou ses environs, à commencer par Jean : l’apôtre aurait été libéré de son exil à Patmos après la mort de l’empereur Domitien et serait mort à Éphèse sous le règne de Trajan vers 100-101.

    Le Livre de l'Apocalypse, dont il est probablement l'auteur, cite Éphèse parmi les sept Églises d'Asie, ce qui témoigne de l’existence d’une communauté chrétienne importante dès cette époque. Jean aurait été enterré sur la colline d’Ayasuluk, mais l’identité du mort fait débat dès le 2ème siècle : il s’agit de savoir si l’auteur de l’Apocalypse est aussi celui de l’Évangile, une position soutenue la première fois par Irénée de Lyon, mais largement contestée dès cette époque (fin du 2ème siècle).

    Si cette identité est finalement acceptée, elle est encore contestée au 4ème siècle par Eusèbe de Césarée. Il y avait selon lui et plusieurs autres auteurs chrétiens dès l'époque d'Irénée, deux personnages homonymes, Jean de Zébédée et Jean le Presbytre (Jean l'ancien), tous deux enterrés à Éphèse. D'après eux, ce pourrait être ce second Jean qui aurait travaillé aux dernières versions de l'Évangile appelé aujourd'hui « Évangile selon Jean ». La tombe de l’apôtre est en tout cas objet de vénération très tôt, et une église vient en monumentaliser l’emplacement dès le 4ème siècle selon toute probabilité.

    En vertu d’une interprétation de l’Évangile attribué à Jean, pourtant relativisée par le texte même, qui parle non pas de Jean, mais du « disciple que Jésus aimait », la croyance se développe dès les premiers siècles que l’apôtre n’est pas mort, mais qu’il est seulement endormi dans sa tombe, en attendant la Seconde Parousie [1] du Christ. En témoignerait le signe de vie qu’il donnerait par son souffle balayant à la surface de sa tombe de la poussière : vers 416, saint Augustin lui-même accorde foi à cette croyance qui semble partagée largement par les chrétiens d'alors, tandis que Grégoire de Tours précise plus tard, à la fin du 6ème siècle, que cette poussière miraculeuse est appelée « manne » et utilisée pour guérir les malades dans tout le monde chrétien.

    Selon la tradition chrétienne, non seulement c’est à Éphèse que Jean aurait rédigé l'Évangile qui lui est attribué, mais encore que la Vierge Marie, que le Christ sur la croix avait confiée à la garde du « disciple que Jésus aimait », y aurait résidé. Sur une colline à 7 km au Sud d’Éphèse, une petite église byzantine du 13ème siècle, connue sous le nom de « Maison de la Vierge Marie » (Meryemana Evi), y conserverait le souvenir de ce séjour marial, bien que cette tradition ne puisse être retracée au-delà du 19ème siècle. Les traditions de la présence de Marie à Éphèse et de sa « dormition », c'est-à-dire sa mort, dans cette ville remontent aux tout premiers temps du christianisme.

    S'y ajoute la tradition selon laquelle, après sa « dormition », la Vierge Marie aurait été transférée miraculeusement à Jérusalem pour que son corps intact soit enterré dans le jardin de Gethsémani, pendant que son âme est élevée aux cieux. Selon une autre tradition, elle aurait été emporté corps et âme dans son Assomption.

    L'Assomption de Marie est l'événement au cours duquel la Vierge Marie, la mère de Jésus-Christ, au terme de sa vie terrestre, serait entrée directement dans la gloire du Ciel, âme et corps, sans connaître la corruption physique qui suit la mort. Le mot « assomption » provient du verbe latin « assumere », qui signifie « prendre », « enlever ».

    Très ancienne dans les Églises d’Orient et d’Occident, quoique sans référence scripturaire, et fêtée liturgiquement dès le 8ème siècle, cette conviction a été définie comme dogme religieux (c’est-à-dire vérité de foi) par l’Église catholique en 1950.

    Tout en partageant la même foi en l'Assomption (qu'elles appellent « Dormition ») les Églises orientales n'ont jamais souhaité la définir en termes dogmatiques.

    L’Assomption de la bienheureuse Vierge Marie est une fête liturgique qui, dans l’Église catholique, se célèbre le 15 août. Dans le calendrier anglican la fête de l’Assomption a disparu en 1549 mais le 15 août est resté la fête principale de la Vierge Marie (sans référence à son Assomption). La date du 15 août serait celle de la consécration à Jérusalem de la première église dédiée à Marie au 5ème siècle.

    La présence conjointe de Jean et Marie à Éphèse est mentionnée par de nombreux auteurs chrétiens dès le 2ème siècle et par exemple au 5ème siècle, par les actes du concile de 431 qui précisent que celui-ci se tint dans la ville où ils ont résidé.

    Des récits sur le séjour de Marie-Madeleine remontent aussi à l’Antiquité tardive : Grégoire de Tours et le patriarche de Jérusalem Modestus (630-634) relaient cette croyance. Celle-ci serait, elle-aussi, morte à Éphèse. Pour Grégoire de Tours, Marie la Magdaléenne et Marie la mère de Jésus seraient toutes deux mortes à Éphèse. Cependant, cette tradition est fausse pour les exégètes qui pensent que Marie de Magdala n’aurait jamais quitté la Palestine.

    Frère André B., Grand Chancelier Prieural

    [1] Le mot parousie est un terme biblique utilisé par les chrétiens pour désigner la seconde venue du Christ sur la Terre, la première étant sa naissance. Les premiers écrits chrétiens, et notamment ceux de saint Paul, emploient ce mot pour désigner la première venue du Christ parmi les hommes, inaugurant les temps messianiques et l'avènement glorieux (2ème venue) du Christ sur terre à la fin des temps.


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