• * Réflexions Dixième Commandement

    Réflexions sur le Dixième des Dix Commandements

     « Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, si son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain » (Exode 20.17) ...

    L'avis d'un de nos Frères Écuyers

    ... et il est bien-sûr dit aussi dans ce commandement ce que compose la maison mais il faut replacer les textes dans la réalité d’aujourd’hui. Mettons de côté l’âne et le bœuf mais aussi la servante ou le serviteur de manière générale.

    Ce qui est important, ce sont les personnes de la maison et les objets qui font partie de la maison. Aujourd’hui, c’est plus souvent la voiture du voisin, du prochain, sa véranda, ses vacances etc.

    Lorsque je lis ce 10ème commandement, je ne le prends pas comme un commandement au sens militaire du terme mais plutôt comme une invitation forte à faire un travail sur moi-même, à faire un travail à l’intérieur de moi-même. Et donc à sortir de moi tout ce qui n’est pas bon pour moi et pour les autres, si je veux entretenir une bonne relation plutôt qu’une relation qui va nuire à autrui et finalement à moi-même.

    Le mot "convoiter", si on prend sa définition à la lettre, c’est désirer ardemment quelque chose ou quelqu’un, et cette convoitise dangereuse peut parfois mener à des tentations, de la jalousie, voire même de la haine.

    Néanmoins, le mot "désirer" en tant que tel n’est pas nécessairement toujours mauvais. Je peux désirer, même ardemment, de rendre service aux autres, de ne pas les juger, de ne pas les blesser, de les aimer. Bref, de donner plus que de recevoir.

    On voit donc a contrario que ce commandement m’invite plutôt à mettre l’accent sur le cœur, sur l’humain, sur mes faiblesses. Et donc de demander à Dieu de m’aider à résister aux tentations qui, à terme, ne m’épanouiraient pas et ne rencontreraient pas la volonté du Créateur.

    Frère Écuyer Philippe H.

    Désir et convoitise

    La convoitise est autre chose que le simple désir.

    En effet, Dieu ne veut pas nous priver du désir et du plaisir d’obtenir quand :
    - ce sont de bonnes choses, légitimes, que nous souhaitons posséder ou vivre
    - nous employons de bons moyens pour y parvenir
    - cette envie n’est pas une obsession (c’est-à-dire une idole prenant la place de Dieu)
    - nos motivations sont pures

    En fait, Dieu a placé les hommes dans un beau jardin - notre monde avec ses paysages magnifiques, ses richesses, ses couleurs, ses parfums, ses musiques, ses aliments variés, la beauté de l’âme et de l’intelligence humaines, de l’amour, de l’amitié ... - pour qu’ils l’admirent et en jouissent (Ecclésiaste 2.24-26 ; 9.9 Jean 2.1-10 ; Matthieu 11.19 ; I Timothée 4.1-5).

    Toute la création chante la louange de Dieu et exprime sa grandeur et son amour (cf. Psaume 104 par exemple). Comme Jésus, nous sommes appelés à apprécier, chacun pour notre part, tout ce que Dieu a créé en ne manquant pas de lui exprimer notre reconnaissance à chaque fois que nous avons conscience d’en bénéficier. La joie du chrétien est d’apprécier ces choses et aussi de les partager avec ceux qui n’ont pas les mêmes privilèges que lui (I Timothée 6.17-19).

    Etre un homme spirituel ne consiste donc pas à étouffer ou nier tous nos désirs (Psaumes 37.4 ; 38.10) mais à les soumettre à Dieu dans la confiance, la joie et le respect de sa volonté.

    La convoitise survient :

    lorsque nous envions ce qui n’est ni à nous ni pour nous : l’homme ou la femme de notre prochain par exemple, mais aussi ses biens, son caractère, sa réputation, sa réussite, sa « chance », sa santé, son intelligence, sa manière de vivre, son argent ...

    Si nous devons désobéir à l’un des autres commandements pour satisfaire notre désir (par exemple voler, mentir, commettre l’adultère, ...) c’est que la simple envie s’est transformée en convoitise.

    Le désir légitime s’est également transformé en convoitise lorsque nous sommes malheureux, insatisfaits ou que nous en voulons à Dieu (Nombres 11.4, 34) même si ce que nous désirons peut paraître tout à fait raisonnable. Celui qui convoite n’est jamais pleinement heureux.

    Ce dixième commandement touche à « l’invisible ». Il va au cœur des choses.

    Les cinq autres commandements de la seconde table ont un aspect concret indéniable. En terminant cette liste par un ordre tout intérieur, Dieu révèle déjà à son peuple qu’il n’est pas attaché aux apparences mais au cœur. Il ne se contente pas des apparences car il veut nous transformer au plus profond de nous-mêmes, dans nos affections les plus intimes.

    La convoitise est un péché. Mais parce qu’elle est souvent invisible, il arrive que les gens ne lui accordent pas d’importance. Pourtant, Jésus nous apprend que la source du mal est d’abord invisible, à l’intérieur de nous-mêmes (Marc 7.14-23 cf. Jacques 1.13,14). Le mal n’est pas dans la matière. Il n’est pas seulement dans nos actes non plus.

    Jésus nous dit avec force qu’on peut paraître juste aux yeux des hommes et être sale aux yeux de Dieu. (Matthieu 23. 25-28).

    Qui échappe à la convoitise ?

    La convoitise est l’un des péchés les plus faciles à cacher mais il est sans doute également celui qui est le plus universellement répandu. L’apôtre Paul est très lucide à son sujet (Romains 7. 7-13 : à méditer !).

    Dieu veut nous montrer qui nous sommes pour que nous soyons sans illusions sur nous-mêmes (I Jean 1.8). En même temps, il veut nous montrer qui Il est : sa sainteté, son amour, sa grâce, son pardon. Jamais l’un sans l’autre !

    C’est quand nous acceptons de marcher dans la lumière que les péchés autrefois cachés se révèlent à nous dans toute leur ampleur et leur horreur . Plus on progresse dans la lumière de Dieu, moins on est fier de soi. Plus on sera capable aussi de saisir la grâce de Dieu qui nous aime comme nous sommes. Son amour et son pardon sont toujours plus grands que nos péchés.

    N.B. L’hypocrisie guette les chrétiens sans doute plus que les autres hommes car ils cherchent à se conformer aux modèles bibliques. S’ils n’y arrivent pas, ils sont tentés de cacher leurs défauts réels pour ne pas offenser Dieu aux yeux des autres et en donnant une mauvaise image du chrétien. (N.B. C’est sans doute aussi parce que nous avons besoin d’être appréciés, mis en valeur, estimés, aimés ... que nous donnons parfois une autre image de nous-mêmes que la réalité). Gare au piège !

    Mais même sans aller jusque là, qui connaît parfaitement son coeur, sa conscience, ses motivations ? Dieu n’est-il pas le seul qui sonde parfaitement « les reins et les coeurs » (Jérémie 11.20 ; I Samuel 16.7) ? Quel bonheur alors de savoir qu’il nous accueille tels que nous sommes et non pas tels que nous aimerions ou devrions être(Psaume 139) !

    Ainsi, le chrétien qui se sent comme Paul « le premier des pécheurs » (I Timothée 1.15) est quand même joyeux et plein d’assurance car il goûte encore plus que les autres la grâce de Dieu et tout ce que son salut nous apporte (cp. Romains 7.14-25 et Romains 8.1-39).

    Pour lutter contre la convoitise

    La convoitise devrait faire partie du passé du chrétien (I Pierre 1.14 ; 4.2). Il sait qu’il vit dans un monde marqué par la convoitise mais il n’y participe plus (II Pierre 33 ; I Jean 2.15-17).

    Cependant, inutile de la nier. Elle est toujours là, tapie, prête à bondir. Inutile de vouloir la chasser à coups de bonnes résolutions ou de chercher de fausses excuses (Jacques 1. 13-15). Il faut la présence de Dieu en nous pour lutter efficacement contre cette partie de nous-mêmes.

    Demandons à Dieu ce que nous souhaitons et examinons nos motivations

    Pour Jacques (4.1-6), ce n’est pas plus compliqué que cela : vous convoitez et vous ne possédez pas parce que vous ne demandez pas. Vous n’obtenez pas ce que vous demandez car vous demandez mal, avec de mauvaises motivations. Le résultat est consternant ! N’oublions pas que Jésus a dit : « Demandez et vous recevrez afin que votre joie soit parfaite » (Jean 16.24).

    Écoutons notre Dieu nous dire :

    « Tu es toujours avec moi. Tout ce que j’ai est à toi » (Luc 15.31).
    « Ma grâce te suffit car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse » (II Corinthiens 12.9)
    « Vous avez tout pleinement en Jésus » (Colossiens 2.10)
    ... et bien d’autres choses encore.

    En fait, tout est déjà dans la Parole de Dieu. Mais avons-nous pris le temps d’entendre, la peine de comprendre, que ces paroles nous sont adressées à nous aussi ?

    Mettons son commandement d’amour en priorité devant nous

    « Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime les autres a accompli la loi. En effet, les commandements : « Tu ne commettras pas d’adultère, tu ne tueras pas, tu ne déroberas pas, tu ne convoiteras pas, et ceux qu’il peut encore y avoir, se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait pas de mal au prochain : l’amour est donc l’accomplissement de la loi. » (Romains 13.8-10).

    C’est Saint Augustin qui a dit : « Aime et fais ce que tu voudras ». Il n’avait pas tort dans ce sens.

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B., Grand Chancelier Prieural

    Source : http://eglisecourbevoie.free.fr/v2/html/etudes/10cmdts.html


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