• * Un portrait de Jacques de Molay

    Un portrait de Jacques de Molay

    Ce 18 mars ....., mes Frères et Sœurs, est un jour de recueillement car notre dernier Grand Maître (historique) et combien de nos frères chevaliers subissaient, à cette même date en 1318, les pires tortures et finissaient sur le bûcher à Paris.

     * Jacques de Molay par Jacques B.

    Je ne m'attarderai pas sur cette époque médiévale ni sur l'ensemble de la vie de Jacques de Molay que vous connaissez tous, mais je me contenterai de vous livrer certains détails à propos des causes et des circonstances de cette mort tragique.

    Né vers 1244, selon certains historiens, le 16 mars, en Haute Saône dans le comté de Bourgogne, Jacques de Molay rejoint les rangs de l'Ordre à l'âge de 21 ans dans la ville de Beaune. Il servira ensuite au Proche-Orient sous les ordres du Grand Maître Philippe de Beaujeu. On estime que c'est entre avril 1292 et décembre 1293 qu'il fut élu Grand Maître.

    Je vous rapporte une petite anecdote à ce sujet : le chapitre ne pouvant se décider entre ses partisans et ceux d'Hugues de Peyraud, Jacques de Molay aurait déclaré qu'il ne voulait pas de cette fonction et qu'il voterait pour son adversaire. On le crut sur parole et on le désigna Grand Prieur. Il changea alors de ton et dit : « Le manteau est coupé ; il ne reste qu'à en coudre la capuche. Vous m'avez fait Grand Prieur ; que cela vous plaise ou non, je serai aussi Grand Maître ». Saisis, les chevaliers lui conférèrent le titre sur le champ !!!

     * Jacques de Molay par Jacques B.

    Revenons au procès ! Pour comprendre ses origines, il faut prendre note de plusieurs facteurs.

    Tout d'abord, le règne de Philippe le Bel vit le passage de la royauté féodale à l'état royal. Jusqu'à son grand-père saint Louis et son père, Philippe III, les pouvoirs des rois Capétiens étaient ceux d'un seigneur au sommet de la hiérarchie féodale. Sous Philippe le Bel, c'est la majesté du roi qui passe au premier plan, un pouvoir transcendant aux fondements religieux, qui alla de pair avec la contestation de certaines prérogatives pontificales.

    Le procès des Templiers se situe au cœur de ce conflit entre le roi qui désirait se saisir du pouvoir religieux et le souverain pontife.

    Le premier pape contesté fut Boniface VIII, prêt à excommunier le roi et victime finalement d'un attentat dans sa résidence d'Anagni, perpétré par le légiste et conseiller du roi, Guillaume de Nogaret. Le pape, soutenu par le Grand Maître, passa dès lors sous la coupe du roi de France. Ses successeurs voulurent restaurer l'honneur de leur prédécesseur décédé entre temps, mais le roi leur opposa ses griefs contre les Templiers.

    Arrêtés une première fois en 1307, la plupart des frères, sous des tortures effroyables, reconnurent les faits dont le roi les accusait. Certains soupçons retenus à ce procès furent entretenus par l'isolement volontaire et les pratiques secrètes des chevaliers. Ces pratiques n'existèrent sans doute pas mais l'explication valable est que les Templiers étaient des guerriers, des spécialistes de la guerre.

    Dans les chapitres importants, surtout en Terre Sainte, on décidait des expéditions militaires, des plans d'attaque, qui comme aujourd'hui encore demandent le secret. Il fallait donc éviter, comme le dit la règle, que les rapports des chapitres ne fussent à l'origine de jalousie ou de disputes entre les membres. Les pièces du procès montrent l'effet sur l'opinion publique de ce système clandestin.

    On leur reprochait également leur grande richesse. Mais n'oublions pas que le but même de l'Ordre demandait d'importants moyens : la protection, la défense, le recouvrement de la Terre Sainte exigeaient de l'argent.

    Si les Templiers étaient orgueilleux, ils étaient conscients des services rendus à l'Eglise dans la croisade et sa poursuite était le plus saint des devoirs.

    Mais Philippe le Bel avait encore un autre projet ! Après ce premier procès, beaucoup de Templiers se replièrent dans le Sud-Ouest de la France et notamment dans la seigneurie de Montpellier (Témoin le village de la Courvertoirade). Mais celle-ci appartenait comme le Roussillon au roi de Majorque. Philippe le Bel désirait annexer cette région à la France de l'époque, raison de plus pour en extraire les Templiers. 

    Dès lors, Clément V, sous la pression du roi, fut contraint de supprimer l'Ordre par une simple mesure administrative. 

    Le 14 mars 1314, sous l'influence royale, l'assemblée arrêta et condamna les quatre dirigeants de l'Ordre à la prison perpétuelle. Deux d'entre eux, revenant sur leurs premiers aveux et clamant leur innocence, périrent sur le bûcher le soir même.

    Qu'en est-il de la malédiction de Jacques de Molay ? Coïncidence ou prédiction ?

    Le chroniqueur Geoffroy de Paris, clerc du roi et témoin direct de la mort du Grand Maître, nous rapporte le récit de cette exécution. En voici le texte intégral :

    « Le maître, qui vit le feu prêt, s'est dépouillé sans aucune peur, et se mit tout nu en sa chemise. Librement et a bon semblant, jamais Il ne fut tremblant.  Combien on le tire et bouscule. Ils l'ont pris pour le lier au poteau, et lui se laisse faire sans crainte. Ils lui tiennent les mains d'une corde, mais il leur dit : « Seigneur, au moins, laissez-moi joindre un peu mes mains, et vers Dieu faire oraison. Car c'en est le temps et la raison. Je vois ici mon jugement, où mourir me convient librement. Dieu sait qui a tort et a péché. Il va bientôt arriver malheur à ceux qui nous ont condamné à tort. Dieu vengera notre mort. Seigneur, dit-il encore, sachez sans taire que tous ceux qui nous sont contraires par nous auront à souffrir. En cette foi je veux mourir. Voici ma foi, et je vous en prie, que devers la Vierge Marie, dont le Christ fut né, mon visage vous tournerez ».

    On lui accorda sa requête car, se tournant vers Notre-Dame et si doucement la mort le prit que chacun s'en émerveilla. 

    Nous savons que le pape, le roi et son conseiller Nogaret moururent de façon brutale dans l'année qui suivit. Cependant le chroniqueur relate fidèlement la prière demandant le Jugement céleste sans désigner les auteurs de ce martyre.

    C'est seulement au 16ème siècle, dans un ouvrage historique commandé par François 1er et publié en 1548 que l'historien Paul Emile fera prononcer la malédiction reprise par les historiens postérieurs.

    Il faut remarquer toutefois que plusieurs années auparavant, vers 1305, l'illustre poète Dante Alighieri, grand initié qui aurait rencontré Jacques de Molay, nous montre, dans sa « Divine Comédie » le pape condamné à la damnation éternelle dans le huitième cercle de l'enfer. Dans le purgatoire de 1307, il nous montre Philippe le Bel expiant son péché sur la cinquième corniche du purgatoire avec les pêcheurs de l'argent, punis pour leur cupidité. Il nous apprend aussi que le roi, dans sa recherche insatiable de moyens financiers avait déjà spolié les juifs et écrit :

    « Je vois le nouveau Pilate, si cruel qui n'est pas encore rassasié et qui, sans nul droit, porte dans le Temple, les vaisseaux de sa cupidité ».

    Il s'attendait donc dès le début du procès, alors qu'il n'en connaissait pas l'issue, à voir le bras de Dieu s'abattre sur un violent qui portait ses armes contre l'Eglise elle-même.

    L'initiation auprès des « Fidèles d'Amour », mouvement annexe des Templiers d'Orient en Italie, en avait-elle fait un visionnaire?

    Après ce martyre beaucoup de chevaliers échappés au massacre se seraient réunis à Spalato en Dalmatie vers 1318 sous la direction de Geoffroy de Gonneville. Ils préparèrent probablement la mission future et déclarèrent que l'Ordre resurgirait dans 600 ans et plus.

    Trois groupes devaient en assurer les plans : le groupe « pouvoir », le groupe « savoir » et le groupe « sagesse ». De ce dernier est peut-être issue l'actuelle résurgence de l'Ordre, l'O.S.M.T.H.

    Je vous remercie de votre attention et espère avoir apporté quelques éléments complémentaires à vos connaissances déjà acquises, sur la disparition tragique de nos prédécesseurs.

    Frère Jacques B. , Prieur de Wallonie 


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