• * 13 - L'avènement du Seigneur

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    Rubrique « Regards sur la liturgie » – 13

     L’avènement du Seigneur 

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    Le temps liturgique de l’Avent se déploie en deux périodes distinctes évoquées dans la première préface de l’Avent : « il est déjà venu en prenant la condition des hommes, […] il viendra de nouveau, revêtu de sa gloire. ». Du premier dimanche de L’Avent jusqu’au 16 décembre, les prières liturgiques nous orientent vers l’avènement du Seigneur à la fin des temps, alors que du 17 au 24 décembre, elles font mémoire de l’attente du Sauveur et de sa naissance.

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    Nous disons spontanément que le temps de l’Avent nous prépare à la tête de Noël. Toutefois la dynamique liturgique nous introduit d’abord à l’attente de la seconde venue du Seigneur. Les prières, ainsi que les deuxièmes lectures des trois premiers dimanches de l’Avent, nous situent dans le temps et l’histoire. Elles nous donnent une vision de l’Église et nous proposent une ligne de conduite pour vivre dans l’attente de « l’avènement de Jésus-Christ, notre sauveur » (embolisme du notre Père). Les prières liturgiques de l’Avent nous ouvrent ainsi des perspectives immenses.

    RappelLors de la messe catholique l'embolisme est le développement intercalé par l'officiant entre la dernière demande du Notre Père (« mais délivre-nous du Mal ») et la doxologie (« car c'est à toi qu'appartiennent le règne, la puissance et la gloire… »).

     Temps, histoire et éternité 

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    L’assemblée liturgique du premier dimanche de l’Avent demande à Dieu « d’aller avec courage sur les chemins de la justice à la rencontre du Seigneur » afin d’être admis à sa droite et de mériter d’entrer en possession du royaume des Cieux (prière d’ouverture). Les fidèles sont en marche en vue du second avènement, lorsque le Christ reviendra dans la gloire.

    Le temps tel qu’il a été créé par Dieu n’est pas circulaire. Il n’est pas le retour perpétuel des mêmes choses. Le temps a un début : il y eut un soir, il eut un matin : premier jour (Gn 1,5), et il aura une fin lors de la manifestation glorieuse du Seigneur. Si le temps est une histoire qui a un mouvement et une direction, notre pélerinage en ce monde vise un terme au-delà du temps : avoir part au royaume de Cieux.

    Notre marche dans l’histoire du monde a un poids d’éternité. L’enjeu est considérable : « puisque c’est toi qui nous donnes maintenant de célébrer l’eucharistie, fais qu’elle soit pour nous le gage du salut éternel ». Il s’agit d’une histoire de salut, à la fois collectif et personnel. « Déploie, Seigneur, ta puissance, et viens puisque nous ne pouvons obtenir que de toi la délivrance et le salut. Cette plénitude du salut est donc attendue au jour où le Seigneur viendra et nous connaîtrons enfin la vraie liberté ».

    L’assemblée liturgique a aussi conscience de la fragilité de sa condition humaine en priant ainsi : « Dieu qui as envoyé ton fils unique dans ce monde pour libérer l’homme de son péché ». Si le monde présent, œuvre bonne du créateur, porte lui aussi une semblable fragilité, l’espérance de l’Église en marche est la réalisation de la promesse du Seigneur : « Un Ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice » (2 P 3,13).

     L’Église pérégrinante 

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    La prière liturgique des assemblées, en cette première période de l’Avent met en lumière le caractère eschatologique1 de l’Église « pérégrinante » en ce monde. Le temps de l’Église prend place entre le premier et le second avènement du Christ. « Ce jour que nous attendons en veillant dans la foi » s’appuie sur le fruit du premier avènement qui est le salut offert au genre humain : « car il est déjà venu en prenant la condition des hommes, pour accomplir l’éternel dessein de ton amour et nous ouvrir le chemin du salut » (1er préface de l’Avent).

    1 Qui concerne l'étude des fins dernières de l'homme et du monde.

    La constitution dogmatique conciliaire Lumen gentium a consacré un chapitre entier au caractère eschatologique de l’Église. Celle-ci est entrée, depuis l’Ascension et la Pentecôte, dans un immense temps de l’Avent à la rencontre du Seigneur qui vient. « La restauration promise que nous attendons a donc déjà commencé dans le Christ, elle se poursuit dans la mission de l’Esprit-Saint et par lui se continue dans l’Église dans laquelle, par la foi, nous sommes aussi instruit sur le sens de notre vie temporelle lorsque, avec espoir des biens futurs, nous menons à sa fin l’œuvre que le père nous a confié dans le monde » (LG, n° 48). Il s’agit non seulement de manifester la nature de l’Église, mais aussi sa mission : annoncer la bonne nouvelle du royaume des Cieux, la manifestation du salut de Dieu du Seigneur accompli dans l’histoire de l’humanité.

    Comment vivre maintenant, dans le temps présent, cette attente eschatologique ? Les demandes formulées dans les prières liturgiques de cette première partie de l’Avent nous l’indiquent et elles donnent le climat de cette longue attente.

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    La joie est la première caractéristique de L’Avent : « Qu’au jour où il viendra frapper à notre porte, il nous trouve […] heureux de chanter sa louange. Les normes universelles de l’année liturgique vont dans le même sens : « Le temps de l’Avent se présente […] comme un temps de pieuse et joyeuse attente ». (L’antienne et la prière d’ouverture du troisième dimanche de l’Avent nous rappellent d’être toujours dans la joie (Cf. 4, 4-5) et de célébrer la naissance du Fils de Dieu « avec une joie toujours nouvelle ».

    Cette attente suppose aussi une certaine hâte ou impatience, tant la rencontre avec celui dont nous attendons la venue nous remplira de bonheur. Le souci des tâches présentes ne doit pas « entraver notre marche à la rencontre » du Seigneur. Il faut donc rester en éveil, attendre avec une grande vigilance et tenir fermement jusqu’au bout (1 CO 1, 8). L’Avent est ainsi un temps d’apprentissage et de discernement. Voilà pourquoi nous demandons à Dieu de nous former à la sagesse d’en haut qui nous fait entrer en communion avec le Christ.

     Faire mémoire du premier évènement 

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    Dans la seconde partie de l’Avent, du 17 au 24 décembre, ce caractère eschatologique de l’Avent ne s’efface pas. Certes toutes les prières d’ouverture mentionnent que « nous attendons la naissance incomparable de ton Fils bien-aimé » (18 décembre). Celle du 21 décembre illustre bien comment la dynamique de l’Avent allie l’attente eschatologique et la mémoire de la venue du Sauveur : « Ecoute avec bonté, Seigneur la prière de ton peuple qui se réjouit de la venue de ton Fils en notre chair ; puissions-nous quand il viendra dans sa gloire, obtenir le bonheur de la vie éternelle ». Les prières après la communion rappellent souvent que nous allons « au-devant de notre Sauveur », sans que faiblisse notre « vigilance à guetter la venue » du Christ (22 et 23 décembre).

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    En marche vers le second avènement, l’Église reprend à son compte et assume la longue attente et l’espérance du peuple de la première alliance. Elle le fait en réalisant les prophètes, en particulier Isaïe, en évoquant la figure de Jean Baptiste et de Marie. La Joie de cette première venue messianique soutient l’espérance de la seconde.

    Père Gaëtan Baillargéon - Magnificat de décembre 2020 pages 2 à 6

    Mise en page par le Frère André - Chevalier de la Sainte-Croix de Jérusalem

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