• * Mon chemin de Compostelle

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    Rubrique « En Chapitre de Commanderie »

    Lors de son Chapitre du 4 septembre 2021, la Commanderie St-Georges a invité notre Frère Philippe H., Chancelier de la Commanderie Majeure, et lui a proposé de présenter le parchemin suivant, relatif à son « chemin » vers Compostelle.

     Mon chemin de Compostelle 

    Une petite introduction

    C’est bien d’avoir intitulé cette conférence « Chemin de Compostelle » et non pas « Pèlerinage de Compostelle ».

    En toute simplicité, je n’ai pas fait un pèlerinage mais un chemin, un chemin personnel car chaque personne qui va à Compostelle fait son propre chemin et pour certain(es), bien-sûr son pélerinage mais ce n’est pas mon cas.

    Il faut aussi être clair : le Chemin de Compostelle n’est pas une occasion de se faire mal (sous-entendu, ça me fait mal mais ainsi j’expie mes péchés, mes défauts, mes manques…) mais cela ne veut pas dire non plus que l’on ne ressent aucun maux, ce serait mentir.

    Aussi, la meilleure façon pour ne pas trop souffrir est de soigner son corps et de s’équiper en conséquence.

    Je veux dire par là que les pieds doivent être bien soignés, que ce soit avant la marche qu’après la marche et même et surtout quelques temps avant d’entreprendre son chemin.

    Ce qui est tout aussi important, c’est de bien s’équiper : de bonnes bottines de marche, de bonnes chaussettes sans couture pour éviter les frottements, un bon sac à dos qui vous maintient bien le dos et vous aère le corps, une gourde bien remplie à laquelle on boit si possible toutes les demi-heures afin de s’hydrater et ainsi éviter entre autres les crampes musculaires.

    Car malgré toutes ces précautions, j’en suis témoin, le corps souffre mais raisonnablement. Ceci dit, après quelques jours de marche, vous ne pouvez pas vous en passer : la marche devient un besoin.

    Je voulais vous faire cette petite introduction avant de rentrer dans le vif du sujet.

    Pourquoi j’ai fait le Chemin de Compostelle

    J’avais entendu par certaines connaissances qu’elles avaient « fait Compostelle » et qu’elles ne le regrettaient pas. Elles m’expliquaient l’importance des rencontres de personnes, qu’ils soient pèlerins ou pas. Elles me disaient que l’on était ébahi devant la beauté des paysages et enfin que l’Esprit du « Chemin de Compostelle » était spécial comme si on vibrait tous au même diapason.

    Je me suis dit que j’allais tenter cette expérience et une occasion s’est présentée à la Province de Namur, peu de temps après la fin de mon activité professionnelle.

    La province de Namur organisait « Compostelle autrement ».

    C’est-à-dire que la Province organisait des groupes de personnes et chaque groupe faisait une étape du « Chemin de Compostelle », soit à pied, soit à vélo, et lorsque tous les groupes avaient réalisé leur étape, la province estimait que le Chemin de Compostelle avait été réalisé en commun. D’où la dénomination particulière de « Compostelle autrement ».

    Ça me semblait un peu « tiré par les cheveux » cette interprétation et l’avenir allait me donner raison car l’année suivante, il n’y avait plus d’organisation pour les cyclistes (J’avais réalisé avec deux collègues une étape en vélo : depuis Le Châtelet, en France, jusque près de Limoge) et l’année d’après, il n’y avait même plus rien d’organisé pour les marcheurs.

    En fait, la Province avait eu satisfaction d’être reconnue au niveau touristique pour le « Chemin de Compostelle ». Ce n’était donc qu’une initiative politique sur le plan touristique et culturel, même si je dois reconnaître que c’était bien organisé, que l’ambiance était bonne et que j’ai pu apprécier de beaux paysages. Tout n’était donc pas négatif.

    Ayant cependant compris que les participants – et j’en étais un – à ce « Compostelle autrement » avaient néanmoins été «utilisés» comme relais touristique de la Province de Namur, j’ai décidé de faire alors mon propre « Chemin de Compostelle » et j’ai considéré cette étape comme une étape préparatoire de mon « Chemin de Compostelle ».

    Étapes de mon « Chemin de Compostelle »

    Celui-ci s’est réalisé en parcourant 6 étapes, sans compter « Compostelle autrement » ; trois étapes à vélo et trois étapes à pied.

    Les trois étapes que j’ai réalisées en vélo seul sont :

    -           Jambes – Epernay : 135 km

    -           Limoge – Mont de Marsan : 322 km

    -           Mont de Marsan – Puente la Reina : 250 km

    Celles que j’ai réalisées à pied avec mon collègue Jean sont :

    -           Puente la reina – Burgos : 180 km

    -           Burgos – León : 174 km

    -           León – Compostelle : 298 km

    Que ce soit à vélo ou à pied, je n’ai pas fait le « Chemin de Compostelle » pour un motif religieux, même si j’ai visité certaines églises et monuments religieux, encore moins par intérêt touristique mais un peu pour une raison spirituelle et surtout comme une occasion de me donner un défi, celui d’aller à Compostelle, celui de recevoir la « Compostella », ce document qui indique le nombre de kilomètres parcourus en référence à toutes les étapes mentionnées dans la « Crédenciale », carnet du Pèlerin.

    Je ne me suis pas posé trop de questions existentielles telles que : d’où je viens, pourquoi suis-je sur terre, que vais-je devenir. Non pas tout cela mais j’ai quand même réfléchi sur ma vie actuelle. Et chaque jour, le matin, sauf si j’oubliais, j’offrais ma journée à Dieu en lui disant « je t’offre ma journée quoi qu’il arrive ».

    Mais ce que j’ai le plus apprécié, c’est quand même les bienfaits de Notre Créateur, cet Architecte du monde.

    Quelle joie de sortir le matin vers 6 heures quand l’obscurité est toujours présente et de voir progressivement, en marchant, le jour se lever, ce jour passer des Ténèbres à la Lumière.

    Quelle joie aussi d’admirer tous ces beaux paysages et ces beaux monuments, que ce soit en vélo ou à pied mais quand c’était possible car parfois en Espagne et souvent en France, les églises sont fermées au public, sauf les monuments plus importants et touristiques. Quelle satisfaction d’avoir fait de belles rencontres avec ceux et celles qui vibraient au même diapason pour parcourir ce « Chemin de Compostelle » ou quelques étapes de celui-ci.

    Mais quelle chance aussi j’avais de pouvoir me déplacer ainsi chaque jour sans que je ne rencontre de grosses difficultés. C’est quand même à cette occasion que l’on apprécie d’avoir deux jambes, deux pieds, deux yeux car j’ai vu aussi au cours de mon « Chemin de Compostelle », des personnes courageuses avec certains handicaps et notamment celui de devoir parcourir ce Chemin de Compostelle en voiturette.

    Et c’est là que l’on se rend compte de la chance que l’on a mais qui peut aussi virer du jour au lendemain.

    Avec mon collègue Jean, nous avons marché très rarement côte à côte car nous avions notre propre rythme. Lui, il démarrait lentement et accélérait après, et moi je faisais le contraire. J’ai donc été souvent seul avec moi-même pendant les parcours d’étapes et c’est là que l’on pense à tout ce que je viens de dire. Et puis, à la fin de chaque étape, Jean et moi, nous partagions ce que nous avions vu et entendu.

    A propos de mon collègue Jean, il faut savoir qu’il avait subi il y a quelques années l’opération du grand carrefour et il ne s’est jamais plaint, il marchait avec l’aide de deux bâtons de marche.

    De plus, étant marié à une femme espagnole, il parlait aisément l’espagnol et nous n’avons jamais rencontré de grosses difficultés pour pouvoir nous loger et prendre les repas. C’était une aubaine pour moi qui ne suis pas un expert en langues étrangères… 

    Voilà en quelques pages ce que je voulais vous faire découvrir, ce que j’ai vécu pendant mon « Chemin de Compostelle ».

    Je vous passe ma « Crédenciale » et ma « Compostella », ainsi que les documents préparatoires de mon « Chemin de Compostelle ». Et je vous invite à visionner les photos que j’ai prises au cours de mon « Chemin de Compostelle ».

    Je vous remercie tous et toutes de votre attention.

    Frère Philippe H.

    Invité à la Commanderie St Georges le samedi 4 septembre 2021


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