• * La Transfiguration

    240225 – Liturgie du 2ème dimanche de Carême

     La Transfiguration 

     2ème dimanche de Carême 

    * La Transfiguration

    Introduction : Donner tout.

    « Dieu n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il avec lui, ne pas nous donner tout ? Le Christ Jésus est mort : bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous. » Dans cet extrait de la Lettre aux Romains, Paul nous fait déjà entrer par anticipation dans la Semaine Sainte, comme d’ailleurs la 1ère lecture de ce jour et l’Évangile de la Transfiguration. Le sacrifice d’Abraham, que nous lirons lors de la Vigile Pascale, est déjà une lecture du Vendredi Saint et de la Croix du Christ. L’Évangile de Marc, qui se termine par les mots « ressusciter d’entre les morts », est lui une préfiguration du matin de Pâques. Notre liturgie d’aujourd’hui nous fait déjà entrer dans le mystère Pascal.

    François Brossier – Diocèse de Blois

    Le temps du Carême nous prépare à célébrer Pâques, ce grand événement qui nous remplit de joie parce qu’il marque la victoire de la vie sur la mort. Mais pour arriver à cette victoire et à cette joie, il y a des épreuves à surmonter, il y a des tentations à vaincre, il y a des souffrances à endurer, il y a la croix à porter… C’est pourquoi le Carême est un temps de combat spirituel.

    Si le Carême nous prépare et nous conduit à la victoire, et à la joie de Pâques, nous devons lutter pour arriver à cette victoire et à cette joie. Et les lectures de ce 2ème dimanche de Carême veulent nous aider à comprendre que, dans le cadre de la foi, les épreuves, la souffrance et la Croix ne sont pas pour rien.

    Celui qui accueille dans la foi, les épreuves, la souffrance, et la Croix et les accepte comme expression de la volonté de Dieu, celui-là ne sera jamais déçu. Il verra la gloire de Dieu. Il sera comblé des bénédictions de Dieu. Tout le problème, c’est de savoir écouter la Parole de Dieu, c’est-à-dire obéir à la Parole de Dieu et la mettre en pratique.

    Père José Likingi, curé de Sainte-Anne de Polangis

    Extrait d’une homélie publiée sur le site de la Paroisse de Joinville le Pont

    Ce dimanche, nous entendons la Voix sur la montagne, Pierre, Jacques et Jean contemplent la lumière qui illumine le visage de Jésus. Aujourd’hui, dans la foi, demandons à Dieu la vraie lumière pour notre monde.

    Jean-Luc Fabre – Jardinier de Dieu – 28 février 2021

    Le sens chrétien de la Transfiguration

    L’événement de la Transfiguration du Christ est pour les chrétiens une préfiguration de l’état corporel qu’ils auront, eux aussi, après la résurrection des morts. Le corps glorieux de Jésus, portant un vêtement d’une blancheur éclatante, annonce déjà le grand mystère de la résurrection, à laquelle chacun est invité à participer. Il s’agit de la foi exprimée dans le Credo.

    Extrait du site « Hozana »

    L'épreuve d'Abraham : le sacrifice de son fils Isaac

    * La Transfiguration

    1ère lecture : Le sacrifice de notre père Abraham

    Lecture du Livre de la Genèse (Gn 22, 1-2.9-13.15-18)

    En ces jours-là, Dieu mit Abraham à l’épreuve. Il lui dit : « Abraham ! »

    Celui-ci répondit : « Me voici ! »

    Dieu dit : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l’offriras en holocauste sur la montagne que je t’indiquerai. »

    Ils arrivèrent à l’endroit que Dieu avait indiqué.

    Abraham y bâtit l’autel et disposa le bois ; puis il lia son fils Isaac et le mit sur l’autel, par-dessus le bois.

    Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils.

    Mais l’ange du Seigneur l’appela du haut du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! »

    Il répondit : « Me voici ! »

    L’ange lui dit : « Ne porte pas la main sur le garçon ! Ne lui fais aucun mal !

    Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. »

    Abraham leva les yeux et vit un bélier retenu par les cornes dans un buisson.

    Il alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils.

    Du ciel, l’ange du Seigneur appela une seconde fois Abraham.

    Il déclara : « Je le jure par moi-même, oracle du Seigneur : parce que tu as fait cela, parce que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, et ta descendance occupera les places fortes de ses ennemis. Puisque tu as écouté ma voix, toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance. »

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * La Transfiguration

    Commentaire 1 a :

    Nous avons souvent du mal à comprendre ce texte, et l’on entend souvent dire : « Mais comment Dieu peut-il demander que l’on sacrifie son enfant ? Ce n’est pas là un Dieu d’amour ! »

    Il faut alors nous rappeler l’histoire et son contexte.

    Tout d’abord en ce temps là, dans les autres religions les sacrifices humains existaient, c’étaient une réalité qu’Abraham connaissait. Il faut donc regarder cette histoire en son temps et non avec nos yeux et notre compréhension d’aujourd’hui.

    Ensuite, il ne faut pas perdre de vue que Dieu a promis à Abraham une grande descendance à partir de son fils, son fils qui est un cadeau divin dans la vieillesse de Sarah et Abraham. Abraham a cru en ce don, il a une foi extraordinaire en Dieu, dont il sait qu’il accomplira d’une façon ou d’une autre sa parole. Il vit dans cette grande confiance, dans cette grande foi, jusqu’à l’extrême !

    Enfin lisant l’histoire jusqu’au bout, il faut comprendre que Dieu n’a jamais voulu que l’enfant meurt, il exerçait la foi d’Abraham. Et il va arrêter le sacrifice au bon moment. Cela peut nous choquer dans notre monde où nous mettons souvent Dieu au service de nos besoins personnels, de nos envies, de nos droits et où nous ne savons plus nous offrir nous-mêmes à Dieu et à son service.

    La foi s’exerce véritablement dans l’adversité, dans le défi du dépassement de soi. Quand tout va bien c’est facile de louer Dieu et de dire « je crois ». Mais ça l’est beaucoup moins quand nous rencontrons des difficultés extérieures à nous-mêmes (conflits, maladie …) et ça l’est encore moins quand Dieu nous appelle à nous dépasser, à mourir à nous-mêmes, à notre ego, à notre volonté propre. C’est la leçon de ce passage biblique. Une leçon où Dieu nous dit : « donne moi tout et moi je te rendrai vivant, je te comblerai au-delà de toute mesure ». Puissions-nous découvrir ce chemin de dépouillement de soi pour vivre de la plénitude de Dieu comme Abraham.

    Myriam de Gemma – Mars 2021 – Passionistes de Polynésie

    * La Transfiguration

    Commentaire 1b :

    Le malheur de ce texte, c'est qu'il y a deux manières de le lire !

    - La manière épouvantable qui imagine Dieu donnant un ordre à Abraham pour le seul plaisir de voir si Abraham obéira... et seulement ensuite, arrive le contrordre : «Ne porte pas la main sur l'enfant»... On a envie de dire : Il était temps ! Et, toujours dans cette même optique, (épouvantable !) on pense que, parce qu'Abraham s'est bien conduit, parce qu'il a fait ce qui lui était commandé (deux fois de suite, il répond seulement « me voici »...), Dieu lui promet monts et merveilles. Mais, cela, permettez-moi de vous le dire, c'est une lecture païenne ! Avec un Dieu qui nous attend au tournant et qui récompense et punit souverainement... un Dieu tel que nous l'imaginons parfois, et pas tel qu'Il est vraiment.

    - La lecture de la foi est toute différente. Vous savez, comme on dit qu'on regarde celui ou celle qu'on aime avec les « yeux de l'amour », il existe des « yeux de la foi ». D'ailleurs, si nous avions eu le temps de lire ce texte en entier, tel que la Bible le raconte (Ici, nous n’avons eu que la lecture liturgique qui est malheureusement très abrégée), vous auriez constaté que le thème du regard est très présent dans ces lignes : les mots « voir, regarder, lever les yeux » reviennent tout le temps. Le nom même de Moryya est un jeu de mots sur le verbe voir : il veut dire à la fois « le Seigneur voit » et « Le Seigneur est vu ». Manière de dire que la foi est un peu comme une paire de lunettes qu'on chausse pour regarder Dieu et le monde.

    Donc, si vous voulez bien, je vous propose une lecture croyante de ce texte, une lecture avec les yeux de la foi :

    - 1°) quand ce texte est écrit, il y a mille ans au moins que tout le monde sait qu'Isaac n'a pas été tué par Abraham, et qu'il a au contraire vécu jusqu'à un âge très avancé. L'auteur de ce récit ne nous propose donc pas une sorte de film à suspense. Sur ce point, on peut penser que certains tableaux représentant l'offrande d'Isaac forcent un peu trop le trait sur ce suspense.

    - 2°) quand ce texte est écrit (seulement vers 700 av. J.C. alors qu'Abraham a vécu vers 1850 av. J.C.), on sait parfaitement bien que Dieu refuse absolument les sacrifices humains ! Et cela depuis toujours. On sait aussi qu'il est bien difficile d'obéir à cette interdiction quand les peuples environnants pratiquent, eux, des sacrifices humains. Cela exige une conversion du regard de l'homme sur Dieu. Et donc les descendants d'Abraham lisent ce texte comme le récit de la conversion du regard d'Abraham sur Dieu. Un peu comme si Dieu lui disait : « Quel regard as-tu sur moi, Abraham, quand je te demande un sacrifice ? Imagines-tu un Dieu qui veut la mort de ton enfant ? Eh bien, tu te trompes ! Pourtant, j'ai tout fait pour te rappeler que je n'ai pas oublié ma Promesse de te donner une descendance, par ce fils, précisément. ». Cette fameuse Promesse, nous la connaissons par les chapitres précédents du Livre de la Genèse : « Je ferai de toi une grande nation et je te bénirai. Je rendrai grand ton nom... En toi seront bénies toutes les familles de la terre... Je multiplierai ta descendance comme la poussière de la terre... Contemple le ciel, compte les étoiles si tu peux les compter : telle sera ta descendance... C'est par Isaac qu'une descendance portera ton nom... » (toutes ces promesses se trouvent dans les chapitres 12 à 21 de la Genèse).

    Au moment d'éprouver Abraham, Dieu prend soin de lui rappeler cette promesse pour lui montrer qu'il ne l'a pas oubliée. Je reprends les premiers versets : «Abraham...» Dieu l'appelle, non par son nom de naissance, Abram, mais par le nom qu'Il lui a donné depuis qu'ils ont fait Alliance, « Abraham » qui veut dire « Père des multitudes ». « Prends ton fils, ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac... » : dans la lecture païenne, on dira : non seulement Dieu lui demande une chose horrible, mais en plus il s'amuse à « retourner le fer dans la plaie », comme on dit...

    L'autre lecture c'est : si Dieu insiste « ton fils, ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac... » : c'est une manière de dire « je n'ai pas oublié ma Promesse, je n'ai pas oublié que c'est sur lui, Isaac, que tous nos espoirs reposent... ». Isaac, son nom veut dire « l'enfant du rire ». « Rappelle-toi, Abraham, tu as ri quand je te l'ai promis ; et Sara aussi a ri... tu n'y croyais plus à cette naissance, à ton âge, et elle est venue, parce que je te l'ai promis ». « Ton Unique » : c'est par lui et par lui seul que la Promesse se réalisera, « par qui ta descendance naîtra... Une descendance aussi nombreuse que les grains de poussière de la terre » (Gn 13), « aussi nombreuse que les étoiles » (Gn 15). Vous avez remarqué, sûrement, au passage, que j'ai employé une curieuse formule : j'ai imaginé que Dieu dit à Abraham « c'est sur Isaac que tous nos espoirs reposent ... » : elle est là la différence entre la lecture païenne et la lecture de la foi : le païen soupçonne Dieu de se désintéresser de lui ; le croyant découvre que l'espoir de l'homme peut être aussi l'espoir de Dieu, il croit que les intérêts de l'humanité et ceux de Dieu sont les mêmes, puisque Dieu s'est engagé dans l'aventure de l'Alliance. Croire, j'y reviens toujours, c'est croire, malgré tout ce qui peut arriver, que le dessein de Dieu n'est que bienveillant !

    Justement, Abraham avait la foi jusque-là. Jusqu'à croire que, d'une manière qui lui échappait, mais d'une manière certaine, Dieu accomplirait sa Promesse de lui donner une descendance, par Isaac et non par un autre. Et c'est pour cela qu'Abraham est donné en exemple à ses descendants. Et c'est pour cela aussi que Dieu a pu éprouver sa foi jusque là.

    Et, du coup, un tournant unique, décisif a été franchi dans l'histoire de la Révélation : Abraham a découvert que quand Dieu dit « sacrifie », il ne dit pas « tue ». Comme si le sang lui faisait plaisir ! Dieu a bien dit à Abraham « offre-moi ton fils en sacrifice ». Et Abraham a découvert que cela veut seulement dire « fais-le vivre, mais sans jamais oublier que c'est moi qui te l'ai donné ». Désormais, on saura pour toujours en Israël que Dieu ne veut jamais la mort de l'homme, sous aucun motif.

    Alors, parce qu'Abraham n'a pas quitté la confiance, il peut réentendre à nouveau la promesse dont il n'a jamais douté : « Je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, et ta descendance tiendra les places fortes de ses ennemis. Puisque tu m'as obéi, toutes les nations de la terre s'adresseront l'une à l'autre la bénédiction par le nom de ta descendance. »

    Encore aujourd'hui, cette promesse de Dieu n'est pas accomplie : la descendance innombrable existe, certes, mais qu'elle soit source de bénédictions pour l'humanité tout entière à commencer par elle-même, c'est encore à venir ! Quand on voit quelle est la rudesse des luttes entre les descendants eux-mêmes ! Méritent d'être appelés « fils d'Abraham » aujourd'hui, ceux qui croient que sa Promesse se réalisera, quoi qu'il arrive, simplement parce que Dieu l'a promis et qu'il est fidèle. Ou plutôt... Méritent, à vrai dire, d'être appelés « fils d'Abraham » aujourd'hui, ceux qui croient à cette Promesse et œuvrent de toutes leurs forces pour qu'elle advienne !

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Un psaume que Jésus a chanté le soir du Jeudi – Saint !

    * La Transfiguration

    Psaume : 115 (116b), 10.15, 16ac-17, 18-19

    R/ Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants.

    Je crois, et je parlerai, moi qui ai beaucoup souffert.

    Il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens !

    R/ Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants.

    Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur, moi, dont tu brisas les chaînes ?

    Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce, j’invoquerai le nom du Seigneur.

    R/ Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants.

    Je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple,

    à l’entrée de la maison du Seigneur, au milieu de Jérusalem !

    R/ Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants.

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * La Transfiguration

    Commentaire 2 :

    C'est le peuple croyant qui parle. Il a expérimenté, au sein même de la souffrance, que Dieu était son allié « Je crois, et je parlerai, moi qui ai beaucoup souffert ». La souffrance dont il parle, c'est celle de l'esclavage en Égypte : dix fois Pharaon a promis la liberté, mais toujours en définitive, il s'est comporté en ennemi. Seul Dieu a soutenu l'effort de libération de son peuple, et a couvert sa fuite.

    Je vous cite les premiers versets que nous n'avons pas lus aujourd'hui et qui expliquent ce contexte : « Je crois, et je parlerai, moi qui ai beaucoup souffert, moi qui ai dit dans ma fuite : l'homme n'est que mensonge. Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu'il m'a fait ?... Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur, moi dont tu brisas les chaînes ? ». Les chaînes dont le peuple d'Israël parle ici, ce sont celles de l'Égypte. Mais au cours des siècles, on a connu bien d'autres chaînes, bien d'autres esclavages. Et chacun de nous sait bien que, même apparemment libre, on peut bien se forger des chaînes.

    C'en est une, entre autres, et bien pire encore, que d'avoir une fausse image de Dieu : d'imaginer un Dieu qui serait rival de l'homme, par exemple (comme la mythologie mésopotamienne) ou d'imaginer un Dieu avide de sacrifices humains (comme la religion cananéenne). Quand le peuple hébreu s'est installé en Canaan, il a été en contact avec une religion qui exigeait des sacrifices humains. Et il a fallu résister, pas toujours avec succès, à cette contamination. Quand tout va mal, quand on a peur de la guerre, ou d'une catastrophe, on ferait bien n'importe quoi. Et si quelqu'un nous convainc que, pour l'obtenir, il faut satisfaire telle exigence de telle divinité, nous sommes prêts à tout... c'est comme cela que, au 8ème siècle, av. J.C., le roi Achaz a sacrifié son fils, croyant qu'il fallait aller jusque-là pour sauver son royaume.

    C'est précisément à cette époque qu'a été écrit le récit de l'épreuve d'Abraham, dans le Livre de la Genèse. La découverte extraordinaire qu'Abraham a faite, c'est : Dieu veut que tout homme vive. Aucune mort ne l'honore, il ne veut pas de ce genre de sacrifices... Et quand on entend dans le psaume « Il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens... », on comprend que ce psaume nous soit proposé aujourd'hui, en écho au récit de l'épreuve d'Abraham.

    Cette découverte, « Il en coûte au Seigneur de voir mourir les siens... » n'est jamais acquise une fois pour toutes. Le serpent du Jardin de la Genèse insinuait que Dieu préférerait voir l'homme mourir... et justement le récit biblique affirmait que cette pensée est une tentation à laquelle il ne faut pas succomber. Mais si le récit biblique y insistait, c'est bien parce que la tentation renaît sans cesse de voir en Dieu un rival de notre liberté et de notre vie. Lui qui semble pouvoir jouer avec notre vie à sa guise.

    Évidemment, notre relation à Dieu dépend de l'image que nous nous faisons de lui.

    Dans le schéma païen, on pourrait dire qu'il y a deux étapes :

    1) l'homme souhaite quelque chose ;

    2) pour l'obtenir, il essaie d'amadouer la divinité par tous les moyens possibles, y compris un sacrifice humain, s'il le faut.

    Le psaume d'aujourd'hui traduit l'attitude croyante, qui est un retournement complet de ce schéma : il y a deux étapes, oui, mais inversées.

    - Premièrement, en Israël, on sait que c'est Dieu qui a l'initiative depuis toujours. Avec Adam, avec Noé, avec Abraham, chaque fois c'est Dieu qui a appelé l'homme à l'existence et à l'Alliance pour le bonheur de l'homme et non pour son profit, à lui, Dieu.

    Puis, quand le peuple a souffert en Égypte, le Seigneur est venu à son secours. « Le Seigneur dit à Moïse : j'ai vu la misère de mon peuple en Égypte et je l'ai entendu crier Égyptiens... Et maintenant, puisque le cri des fils d'Israël est venu jusqu'à moi, puisque j'ai vu le poids que les Égyptiens font peser sur eux, va, maintenant ; je t'envoie vers Pharaon, fais sortir d'Égypte mon peuple, les fils d'Israël ». (Ex 3, 7... 10). Et Dieu a libéré son peuple.

    - Deuxièmement, et c'est la conséquence, tout geste de l'homme vis-à-vis de Dieu n'est qu'une réponse. Par exemple, quand le peuple rend grâce, il ne fait que reconnaître l'œuvre de Dieu. « Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu'il m'a fait ? »

    Et désormais l'action de grâce se manifestera non seulement par des sacrifices au Temple, mais aussi et surtout par un comportement quotidien fait d'obéissance à la volonté du Seigneur. « Je t'offrirai le sacrifice d'action de grâce, j'invoquerai le nom du Seigneur. Je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple, à l'entrée de la maison du Seigneur, au milieu de Jérusalem. »

    Bien sûr, ce psaume prend tout son sens quand on sait qu'il fait partie des psaumes du Hallel, (les psaumes 113 à 118 qui étaient chantés à l'occasion de la fête juive de la Pâque, à la fin du repas). Jésus l'a donc chanté le soir du Jeudi-Saint. Matthieu le dit : « Après avoir chanté les psaumes, (il s'agit des psaumes du jour, donc du Hallel, et en particulier de ce psaume-ci), ils sortirent pour aller au mont des Oliviers. » (Mt 26, 30).

    Et ce qui est très frappant, c'est la parenté entre ce psaume que Jésus a chanté le Jeudi soir et celui qu'il dira sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » (le psaume 21 - 22). L'un et l'autre évoquent la douleur : nous venons d'entendre le cri du psaume 21 « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? », je vous rappelle le premier verset d'aujourd'hui : « Je crois, et je parlerai, moi qui ai beaucoup souffert ». L'un et l'autre se terminent par l'action de grâce, et presque dans les mêmes termes. Psaume 21 : « Tu seras ma louange dans la grande assemblée ; devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses... Vous qui le craignez, louez le Seigneur, glorifiez-le, vous tous, descendants de Jacob... Car il n'a pas rejeté, il n'a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ; il ne s'est pas voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte ».

    En écho, le psaume d'aujourd'hui, reprend la même résolution : « Je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple, à l'entrée de la maison du Seigneur, au milieu de Jérusalem ! ».

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Dieu a tellement aimé les hommes

    qu'il n'a pas hésité à leur livrer son Fils.

    * La Transfiguration

    Épître : « Dieu n’a pas épargné son propre Fils ».

    Lecture de la Lettre de saint Paul apôtre aux Romains (Rm 8, 31b-34)

    Frères, si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?

    Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous :

    comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout ?

    Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Dieu est celui qui rend juste :

    alors, qui pourra condamner ? Le Christ Jésus est mort ; bien plus, il est ressuscité,

    il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * La Transfiguration

    Commentaire 3 a :

    Ce passage est le début d’un hymne à l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ. Le verset 32 « Il n’a pas épargné son propre Fils » fait allusion au récit du sacrifice d’Isaac lu en première lecture. Cette fois, il ne s’agit plus d’une simple épreuve. Jésus s’est offert lui-même en sacrifice par fidélité à la mission que lui a confiée son Père. Jésus ressuscité est plus qu’un avocat, il est notre sauveur. « Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ notre Seigneur. » (Rm 8,39).

    Commentaires de François Brossier – Diocèse de Blois

    * La Transfiguration

    Commentaire 3 b :

    Ces quelques lignes sont extraites d'une longue contemplation émerveillée de Paul : Dieu a tellement aimé les hommes qu'il n'hésite pas à leur livrer son Fils. Celui-ci a tellement aimé les hommes qu'il s'est abandonné entre leurs mains. Désormais son Esprit est en nous et plus rien ne peut nous séparer de l'Amour infini du Père, du Fils et de l'Esprit. Et, dans la Lettre de Paul, le paragraphe que nous lisons ici commence par les mots « Que dire de plus ? »

    Arrivé là, peut-être devine-t-il la question que beaucoup d'entre nous se posent : « Vous ne parlez que d'amour, mais où est la justice de Dieu là-dedans ? » Alors Paul développe ce thème de la justice de Dieu. Vous avez entendu les mots « accuser, justifier, condamner » : ils suggèrent le cadre d'un procès. Paul imagine l'humanité comparaissant devant un tribunal. Et là, une fois encore, il est en droite ligne de l'Ancien Testament. Car le thème du jugement de Dieu court tout au long de l'histoire biblique. Et comme tous les autres mots du vocabulaire de la foi, celui de jugement a changé de sens au fur et à mesure que les croyants découvraient le vrai visage de Dieu. Nous, hommes, nous imaginons toujours la justice en forme de balance. Mais le Dieu tout-Autre a une tout autre conception de la justice. Son jugement n'est jamais condamnation, emprisonnement, mais toujours salut, libération.

    L'un des plus beaux textes dans ce sens est peut-être le premier chant du Serviteur dans le Livre d'Isaïe : « Voici mon serviteur... j'ai mis mon Esprit sur lui. Pour les nations, il fera paraître le jugement, il ne criera pas, il n'élèvera pas le ton, il ne fera pas entendre sa clameur ; il ne brisera pas le roseau ployé, il n'éteindra pas la mèche qui s'étiole ; à coup sûr, il fera paraître le jugement. » (Is 42, 1-3). C'est un jugement tout en douceur qui nous est décrit là. Et Isaïe dit un peu plus loin ce que sera le verdict : le Serviteur va « ouvrir les yeux aveuglés, tirer du cachot le prisonnier, de la maison d'arrêt, les habitants des ténèbres. » (Is 42, 7). Autrement dit, le jugement de Dieu est une levée d'écrou, assortie cependant d'un envoi en mission pour aller annoncer à l'humanité tout entière jusqu'où va l'amour de Dieu.

    Alors, dit Paul, « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Qui pourrait bien se permettre d'être contre nous ? Qui pourrait se permettre de juger à la place de Dieu ? « Qui accusera ceux que Dieu a choisis puisque c'est Dieu qui justifie ? » Or la preuve que « Dieu est pour nous », il nous l'a donnée en livrant son fils entre nos mains : « Il n'a pas épargné son propre Fils, mais Il l'a livré pour nous tous ». Il n'a pas « éloigné cette coupe » comme le Christ le demandait à Gethsémani. Il ne l'a pas fait échapper miraculeusement à la haine des hommes. Il l'a livré : en bonne logique, avant la venue du Christ, la situation de l'humanité était sans issue. C'est le thème que saint Paul développe dans ses huit premiers chapitres. Les hommes se sont enfermés dans une sorte d'esclavage. Les païens sont esclaves d'idoles, des dieux qui n'en sont pas et cela leur inspire toute sorte de conduites aberrantes, de fanatismes, de haines, de désordres. Quant aux Juifs, pourtant bénéficiaires de la révélation, ils n'ont pas su reconnaître le Christ. Ils l'ont sacrifié à une fausse interprétation de la loi.

    Face à ce désastre, à cet échec de l'humanité, c'est Dieu qui a pris l'initiative de nous donner un Sauveur. Ce que l'homme était incapable de faire par lui-même pour son salut, Dieu l'a réalisé. Le comble : c'est au nom même de la loi donnée par Dieu que le fils de Dieu a été exécuté comme s'il était un pécheur public. Et Dieu laisse faire cette folie humaine. La croix manifeste l'amour du Père autant qu'elle manifeste l'amour du Fils : Dieu laisse faire pour que nous découvrions jusqu'où va son amour pour nous. C'est en contemplant la mort du Christ que nous pouvons enfin ouvrir les yeux sur l'immensité de l'amour de Dieu.

    « Il l'a livré pour nous tous », c'est l'une des grandes insistances de Paul : « pour tous ». L'amour, par hypothèse, est gratuit. La Lettre aux Ephésiens (reprenant une phrase de Ben Sirac) dit : « Le Maître est dans les cieux et il ne fait aucune différence entre les hommes » (Ep 6, 9). La Lettre à Timothée y insiste : « Dieu notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car il n'y a qu'un seul Dieu, qu'un seul médiateur aussi entre Dieu et les hommes, un homme, Christ Jésus, qui s'est donné en rançon pour tous. » (1 Tm 2, 4-6). Et vous savez bien que le mot « rançon » veut dire « libération ». Il s'agit de nous libérer définitivement de notre effroyable méprise : nous n'arrivons jamais à croire que Dieu n'est qu'amour. Et justement, le salut, c'est d'ouvrir enfin les yeux : dans la Lettre à Timothée que je citais il y a un instant, il faut lire « Dieu notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés c'est-à-dire parviennent à la connaissance de la vérité », cette vérité que Dieu est Amour.

    Un peu plus haut, dans cette Lettre aux Romains, Paul affirme : « Maintenant, la justice de Dieu a été manifestée... il n'y a pas de différence : tous ont péché, sont privés de la gloire de Dieu, mais sont gratuitement justifiés par sa grâce, en vertu de la délivrance accomplie en Jésus-Christ ». (Rm 3, 21... 24). Et la Lettre aux Ephésiens reprend une phrase superbe d'Isaïe : « Il est venu annoncer la paix à vous qui étiez loin et la paix à ceux qui étaient proches » (Ep 2, 17). Et Paul termine ce chapitre en disant : « Rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur » (Rm 8, 39).

    La grande phrase du Carême, c'est :

    « Convertissez-vous, croyez à la Bonne Nouvelle ! »

    Voilà que la Nouvelle est encore bien meilleure que nous n'osons le croire !

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Gloire au Christ,
    Parole éternelle du Dieu vivant.
    Gloire à toi, Seigneur.

    De la nuée lumineuse, la voix du Père a retenti :
    « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! »
    Gloire au Christ,
    Parole éternelle du Dieu vivant.
    Gloire à toi, Seigneur.
     

    Une heure inoubliable

    * La Transfiguration

    Évangile : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ».

    Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 9, 2-10)

    En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille.

    Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus.

    Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. »

    De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande.

    Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! »

    Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.

    Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts.

    Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ».

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * La Transfiguration

    Commentaire 4 a :

    Pour ceux qui ont pu parcourir la Terre sainte et gravir le mont Thabor, la première phrase de l’Évangile peut les faire sourire : Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il les amena sur une haute montagne. En effet, le Thabor est loin d’être une haute montagne, c’est plutôt une belle colline d’un peu moins de 600 mètres d’altitude. Si l’Évangéliste emploie ce terme de montagne, ce n’est ni pour exagérer ni pour nous induire en erreur. Il s’agit plutôt de placer l’événement de la transfiguration dans l’univers symbolique des manifestations du Seigneur à son peuple. Ce qui se déroule sur le mont Thabor, devant Pierre, Jacques et Jean, est du même ordre que ce qui s’est déroulé au mont Sinaï où Dieu donna la loi à Moïse, ou bien dans la fente du rocher où Élie rencontra le Seigneur. Au Thabor comme au Sinaï, nous avons la montagne, la nuée et Dieu qui nous adresse une parole.

    Cette manifestation de Dieu, qui s’inscrit dans la symbolique de l’Ancien Testament, à ce moment précis de la montée vers Jérusalem, manifeste aussi la nouveauté de la Nouvelle Alliance. Jésus s’entretient avec les deux personnages qui représentent le mieux les deux sources de la révélation juive : la loi et les prophètes, Moïse et Élie. Ces deux figures emblématiques de la Première Alliance entourent Jésus et s’entretiennent avec lui, Jésus apparaît alors comme une nouvelle étape de la révélation. Puis la voix du père se fait entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le ». Alors, Moïse et Élie s’effacent devant la nouvelle révélation et Jésus reste le seul. Il n’est plus ainsi une simple étape nouvelle dans l’histoire de la révélation, il en est l’achèvement qui, d’une certaine manière, relativise l’ancienne révélation.

    L’événement de la Transfiguration réoriente fondamentalement la révélation issue de la Première Alliance. Car désormais, la Parole que le Seigneur nous adresse n’est plus un message, mais une Personne, « celui-ci est mon fils ». Moïse et Élie, la loi et les prophètes, proposaient aux croyants un message : faites ceci, ne fait pas cela, et Dieu sera avec vous. Dorénavant, avec la personne de Jésus, la Nouvelle Alliance ne consiste pas d’abord à accueillir une nouvelle loi ou une nouvelle prophétie, mais à croire en l’œuvre de grâce manifestée en Jésus.

    Certes, nous avons des textes, un Nouveau Testament, certes, nous sommes appelés à nous comporter selon la foi et la morale évangélique. Mais ce qui fait que je suis chrétien, ce n’est pas la pratique, ma morale, mais ma Foi en la personne de Jésus. Au sens strict, l’Évangile, la Bonne Nouvelle, ce n’est pas le texte qui raconte la vie et le message de Jésus, mais l’évènement de la victoire de Jésus sur la mort. La vie de Jésus manifeste la véritable voie pour être sauvé, c’est-à-dire pour vivre en communion avec Dieu. Sa crucifixion démontrait qu’il était un réprouvé, « maudit soit celui qui est pendu au bois de la croix » (Dt 21, 23). Et Paul nous dira que Dieu l’avait, pour nous, identifié au péché (2Co 5, 21). Mais, après la passion du Christ, Dieu, le père de Jésus, l’a ressuscité d’entre les morts alors qu’aux yeux de ses contemporains, sa passion et sa mort sur la croix démontraient que Jésus était rejeté de Dieu.

    Ce rejet, c’était l’extérieur, le visible, le sensible. Car l’intérieur était demeuré intact. Ce que la transfiguration avait manifesté aux yeux des trois disciples privilégiés demeurait vivant dans la personne de Jésus. La résurrection fera éclater aux yeux des disciples la réalité de la communion profonde de Jésus à la vie divine qui n’est pas vaincue par le mal. Ce qu’ils ont vu de leurs yeux au mont Thabor avant la passion sera à nouveau manifesté à la résurrection. Voilà la bonne nouvelle pour tous les hommes : quand Dieu fait alliance avec l’homme, il peut mener jusqu’à son achèvement l’œuvre de vie qu’il a initiée. Malgré le mal qui nous ronge et qui défigure le monde, si je demeure tourné vers le père dans la confiance et l’amour, la vie divine aura le dernier mot. L’Évangile, la Bonne Nouvelle des chrétiens, ce n’est pas d’abord un récit, un écrit qui nous est transmis sous quatre formes, mais l’événement de la mort et de la résurrection de Jésus. La religion chrétienne n’est pas à proprement parler une religion du livre, de la loi et des prophètes, c’est une religion de la relation vivante et actuelle avec Jésus, seul, présent aujourd’hui à nos côtés.

    Par le récit de la Transfiguration, le Seigneur veut nous redonner courage : «N’ayez pas peur, je suis vainqueur du monde. Avec moi, vous traverserez les épreuves et les difficultés de cette vie, qui ne signifient pas que Dieu vous a abandonné, et au terme de votre vie, je manifesterai, dans toute votre personne, l’Alliance que j’ai conclue avec vous par mon Fils unique» Amen.

    Commentaires du Frère Antoine Marie, o. c. d.

    * La Transfiguration

    Commentaire 4 b :

    Comprendre

    Chaque année pour le deuxième dimanche de Carême, la liturgie nous propose d’écouter le récit de la Transfiguration du Seigneur. La semaine dernière, nous avons suivi Jésus poussé par l’Esprit au désert, aujourd’hui, nous le suivons avec Pierre, Jacques et Jean sur une haute montagne. Et là, nous rencontrons aussi Moïse et Élie qui s’entretiennent avec Jésus : Moïse à qui Dieu a révélé son Nom sur la montagne de Dieu, l’Horeb (Exode 3), Élie à qui Dieu s’est manifesté par une voix de silence ténu, sur l’Horeb également (1 Rois 19). Moïse représente la Torah, la Loi. Élie représente les prophètes : deux grandes figures du Premier Testament sont ainsi convoquées sur la montagne pour s’entretenir avec Jésus resplendissant de blancheur, comme si Marc voulait nous dire que le Premier Testament trouve son accomplissement dans la voix du Père : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! », dans la révélation du Nom de Dieu en son Fils.

    Méditer

    Nous venons de prendre la route du désert et déjà nous sommes au but, sur une haute montagne, avec Jésus glorieux en pleine communion avec son Père. La liturgie nous donne de regarder vers qui nous cheminons, de contempler Celui avec qui nous vivons, le plus souvent obscurément, à tâtons. Le désert aride nous est familier en ces temps d’incertitude où nous sommes plongés. Nous éprouvons la tentation de nous enfermer dans la tristesse et le découragement, de baisser les bras et de dire « à quoi bon ? ». Mais aujourd’hui nous pouvons regarder Celui qui a traversé le désert avant nous, qui le traverse aujourd’hui avec nous et reprendre courage pour continuer à marcher.

    Il ne s’agit pas de dresser nous-mêmes des tentes, d’essayer de figer la vie sur ce moment de lumière et de ne plus avancer, mais de nous laisser couvrir par l’ombre de la nuée et d’entendre résonner la voix du Père : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! ».

    Des instants de lumière nous sont parfois donnés dans nos vies pour nous mettre en route. Ensuite, nous regardons tout autour, nous ne voyons plus que Jésus seul avec nous. Mais cette présence change tout ! L’horizon entrevu dans la clarté ne va plus cesser de nous attirer, même si c’est bien souvent de nuit, ou comme malgré nous, dans un quotidien marqué par l’épreuve et le doute.

    Faisons mémoire de ces moments ou de cet unique instant où notre vocation profonde nous a été donnée. Dans cette mémoire recevons à nouveau le sens de notre vie et allons y puiser la joie et la force de continuer à avancer avec Jésus seul. Avec lui, vivons dans l’Espérance que rien ne peut nous ravir.

    Les sœurs du carmel de Frileuse, dans l’Essonne, le 28 février 2021

    * La Transfiguration

    Commentaire 4 c :

    Chaque année, le deuxième dimanche de Carême nous fait relire l'un des trois récits de la Transfiguration dans les Évangiles. Je ne m'attacherai donc ici qu'à un aspect de ce texte de Marc, un aspect un peu surprenant, il faut bien le dire, pourquoi cette consigne du secret donnée par Jésus à ses disciples : « Jésus leur défendit de raconter à personne ce qu'ils avaient vu, avant que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts. » ?

    Tout d'abord, qu'ont-ils vu ? Jésus leur est apparu ici en gloire sur une montagne entre deux des plus grandes figures d'Israël : Moïse le libérateur, celui qui a transmis la Loi ; et Élie le prophète de l'Horeb. Nous qui connaissons la fin de l'histoire, si j'ose dire, nous savons (ce que les disciples ne savent pas encore) que, quelque temps plus tard, Jésus sera sur une autre montagne, crucifié entre deux brigands.

    Jésus, lui, sait bien que la plus grande difficulté de la foi des apôtres sera de reconnaître dans ces deux visages du Messie l'image même du Père : « Qui m'a vu a vu le Père » dira Jésus à Philippe la veille de sa mort. (Jn 14, 9). Je crois qu'on a là une phrase-clé du mystère du Christ.

    Car ces deux images, la gloire et la souffrance, sont les deux faces du même amour de Dieu pour l'humanité. Comme dit saint Paul dans la Lettre aux Romains, l'amour de Dieu est « manifesté » (rendu visible) en Jésus-Christ (Rm 8, 39). Et, à plusieurs reprises, Jésus lui-même a fait le lien entre gloire et souffrance en parlant du Fils de l'Homme. Mais il est encore trop tôt pour que les disciples comprennent et acceptent ce mystère du Messie souffrant. C'est pour cela, probablement, que Jésus leur recommande de ne raconter à personne ce qu'ils avaient vu, « jusqu'à ce que le Fils de l'homme ressuscite d'entre les morts ».

    Je reprends cette phrase : « Jésus leur défendit de raconter à personne ce qu'ils avaient vu, avant que le Fils de l'homme soit ressuscité d'entre les morts. » Et Marc nous dit qu'ils ont obéi tout en se demandant ce que pouvait bien vouloir dire «ressusciter d'entre les morts». On peut penser que les disciples croyaient bien à la résurrection des morts, comme la majorité des Juifs de leur époque, mais qu'ils l'imaginaient seulement pour la fin des temps. Et donc, ils ne voyaient peut-être pas le sens de cette consigne de silence « jusqu'à la résurrection des morts » c'est-à-dire « jusqu'à la fin des temps » !

    Autre surprise pour eux, sûrement, ce titre de Fils de l'Homme que, visiblement, Jésus s'attribuait à lui-même : quand il parlait du Fils de l'Homme, on pensait tout de suite au prophète Daniel qui parlait du Messie en l'appelant « fils d'homme ». Seulement ce « fil d'homme » était en réalité un être collectif, puisque le prophète l'appelait aussi « le peuple des Saints du Très-Haut ». A l'époque de Jésus, cette idée d'un Messie collectif était courante dans certains milieux, où on parlait volontiers aussi du Reste d'Israël, c'est-à-dire le petit noyau fidèle qui sauverait le monde.

    Mais, évidemment, Jésus, à lui tout seul, ne pouvait pas être considéré comme un être collectif ! Là encore, il faudra attendre la Résurrection et même la Pentecôte pour que les disciples de Jésus de Nazareth comprennent que Jésus a pris la tête du « peuple des Saints du Très-Haut » et que tous les baptisés de par le monde sont invités à ne faire qu'UN avec lui pour sauver l'humanité.

    Deux bonnes raisons donc pour les inviter à ne pas raconter tout de suite ce qu'ils n'avaient pas encore compris. En attendant, il leur est demandé d'écouter, seul chemin pour entrer dans les mystères de Dieu. « Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé, écoutez-le ». L'expression « Écoutez-le » retentit aux oreilles des apôtres comme un écho de cette profession de foi qu'ils récitent tous les jours, puisqu'ils sont juifs, le «Shema Israël», « Écoute Israël ». C'est un appel à la confiance quoi qu'il arrive. Confiance qui sera durement éprouvée dans les mois qui viennent : car la Transfiguration a lieu au moment charnière du ministère de Jésus : le ministère en Galilée se termine, Jésus va maintenant prendre le chemin de Jérusalem et de la croix. Le titre de « Bien-Aimé » va dans le même sens : car c'était l'un des noms que le prophète Isaïe donnait à celui qu'il appelait le Serviteur de Dieu. Il disait que ce Messie connaîtrait la souffrance et la persécution pour sauver son peuple.

    Mais Jésus estime que tout cela doit encore demeurer secret : précisément parce que les disciples ne sont pas encore prêts à comprendre (et les foules encore moins) le mystère de la Personne du Christ : cette lueur de gloire de la Transfiguration ne doit pas tromper ceux qui en ont été spectateurs. Ce n'est pas la marque du succès et de la gloire à la manière humaine, c'est le rayonnement de l'amour. On est loin des rêves de triomphe politique et de puissance magique qui habitent encore les apôtres et qui les habiteront jusqu'à la fin. En leur donnant cette consigne de silence, Jésus leur fait entrevoir que seule la Résurrection éclairera son mystère.

    Pour l'instant, il faut redescendre de la montagne, résister à la tentation de s'installer ici à l'écart, sous la tente, mais au contraire affronter l'hostilité, la persécution, la mort. La vision s'est effacée : « ils ne virent plus désormais que Jésus seul ». Cette phrase résonne comme un rappel de la réalité présente, inéluctable. La gloire du Christ, bien réelle, ne le dispense pas des exigences de sa mission. Peut-être la consigne de silence qu'il donne à ses disciples traduit-elle sa volonté de ne pas se soustraire à ce qui l'attend et de surmonter pour lui-même la tentation d'y échapper ?

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    * La Transfiguration

    Homélie :

    Il y a quelques années j’ai eu la chance de monter sur le mont de la Transfiguration, le mont Thabor, en Palestine. Il a été choisi bien après la mort de Jésus. Toutefois, c'est un lieu tout à fait approprié pour une telle scène. Une fois arrivé au sommet, on est encore ébloui aujourd’hui. C’est, en premier lieu, le paysage qui nous impressionne car on domine la plaine à perte de vue, mais, c’est, surtout, le souvenir du passage de l’Évangile que nous venons de lire qui nous accroche. On entre dans l’église qui a été construite sur le site et on se plonge avec foi dans ce mystère des paroles qui nous sont rapportées ce matin : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! ».

    « Écoutez-le » c’est pour nous, aujourd’hui, entrer dans le mystère de la Mort-Résurrection de Jésus. Sans la Transfiguration, la vie de Jésus qui se termine sur la Croix dans la Passion n’a pas de sens pour nous et pour les chrétiens auxquels saint Marc s’adressent.

    Essayons d’y voir un peu plus clair.

    I – La scène de la Transfiguration de Jésus

    Commençons par la scène elle-même de la Transfiguration de Jésus. Le mot grec pour la désigner est « métamorphose ». Jésus se métamorphose devant ses disciples. Son aspect change totalement. Il projette une nouvelle image. Il resplendit de lumière. Moïse et Élie se tiennent près de lui pour marquer le lien qu’il y a avec les promesses de Dieu faites au peuple d’Israël dans l’Ancien Testament. La voix qui se fait entendre confirme que ces promesses sont maintenant réalisées dans Jésus qui est celui que le Père appelle « son Fils bien-aimé ».

    Cette scène est une anticipation d’un autre moment de la vie du Christ : celui de sa «Résurrection». Jésus le confie aux trois disciples privilégiés qui ont été témoins de la Transfiguration en leur disant de garder pour eux ces instants vécus hors de l’ordinaire jusqu’à ce qu’ « il soit ressuscité d’entre les morts ».

    On touche ici le cœur du mystère de la vie de Jésus, celui de sa Mort-Résurrection, celui de la Croix et de la Gloire, celui du Vendredi Saint et de Pâques.

    II – Le sens du mystère de la Mort-Résurrection du Christ

    Ce mystère de la Mort-Résurrection du Christ qu’on appelle mystère pascal parcourt la vie de Jésus d’un bout à l’autre. Il ne s'agit pas seulement de deux évènements, de deux volets distincts et subséquents de sa vie terrestre, mais bien d’une seule source qui anime Jésus et le nourrit.

    On ne comprendrait rien à la vie de Jésus si on imaginait – ce qui, hélas, a été fait trop souvent – la Résurrection de Jésus comme un cadeau, une récompense pour sa persévérance dans les souffrances de la Passion et pour sa mort sur la croix. Cette vision binaire est étrangère à la vie de Jésus. S’il entre dans la Passion qui le mène à une mort effroyable, c’est que celle-ci est nécessaire dans le plan de Dieu.

    Un auteur célèbre en France, Fabrice Hadjadj, observe, avec à-propos et avec un certain humour, que pour ressusciter, il faut d’abord mourir : « Pour être un bon ressuscité, il faut d'abord être un bon mort » disait-il dans une entrevue au magazine français La Vie en 2016. Les deux : « mort » et « résurrection » vont ensemble. Ainsi le lien entre la Mort et la Résurrection de Jésus n’est pas un lien de causalité, mais bien un lien vital. Sa vie qui semble perdue sur la Croix est transfigurée, se métamorphose en vie pour toujours avec Dieu (Romains 6, 10). Saint Paul le dit à ses baptisés en leur rappelant que, comme le Christ Ressuscité qui vit maintenant pour Dieu, ils sont entrés avec lui par le baptême dans la même vie qu'Il leur fait partager (cf. Colossiens 2, 12).

    Retenons bien que la scène de la Transfiguration qui trouve sa place dans les Évangiles ne peut être escamotée sans conséquences car, sans elle, on ne comprend rien de la suite de la vie de Jésus.

    III – Application

    Le Mystère de la Mort-Résurrection de Jésus, le mystère dit mystère pascal, renferme le plus beau témoignage d’amour qu'un être humain puisse donner.

    Au « Celui-ci est mon Fils bien-aimé », Jésus, sur la croix, répond « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Luc 23, 46).

    Sur la croix, Jésus, nouvel Isaac, s’en remet totalement à son Père. Isaac, nous raconte la première lecture, avait suivi sans retenue aucune son père Abraham vers le bucher où celui-ci voulait le sacrifier comme offrande à Dieu. Ce geste, absurde pour nous, est saisissant. Il reflète des usages qui nous sont étrangers, mais son sens rejoint celui de notre foi où Dieu le Père offre son Fils pour le salut du monde, pour notre salut.

    La Mort du Christ est un don à l’humanité pour qu’elle puisse entrer en communion par lui avec Dieu notre Père à toutes et à tous. Jésus devient ainsi le seul chemin pour aller à Dieu. La Lettre aux Hébreux dira du Christ qu’il est le seul et l’unique médiateur pour faire le pont entre Dieu et l'humanité (Hébreux 9, 15).

    Je me suis laissé inspirer dans cette homélie par les paroles mêmes de Jésus en descendant de la montagne de la Transfiguration. Comme les disciples, je suis resté attaché à cette parole : « avant que le Fils de l’homme soit ressuscité des morts ». Vue dans cet éclairage, la scène de la Transfiguration porte bien son nom. Elle nous invite à regarder au-delà de simples faits matériels de la vie de Jésus comme les racontent les Évangélistes et à en découvrir le sens spirituel dans la lumière de la Résurrection.

    Conclusion

    Merveilleux mystère que ce mystère de la Mort - Résurrection de Jésus, mystère pascal, qui est sans cesse présent dans toutes nos célébrations, dans toutes nos méditations et dans toutes nos actions. En effet, le parcours de notre vie dans le temps au fil des jours, des mois et des années est illuminé par la présence du Christ, Mort et Ressuscité, qui nous rejoint déjà alors que nous attendons son Retour dans la Gloire.

    Rappelons-nous que toutes les morts si écrasantes qu'elles nous paraissent comme la perte d’un être cher, les difficultés au travail, les harcèlements de toutes sortes, les privations et les souffrances non désirées etc., que toutes ces formes de mort de même que notre vraie mort à la fin de notre parcours terrestre sont éclairées et imprégnées de la vie du Seigneur Mort-Ressuscité qui est toujours vivant, hier, aujourd’hui et demain.

    Que le partage de son Corps et de son Sang dans cette Eucharistie nous garde près de lui, car, comme le dit saint Paul aux chrétiens de Corinthe « chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne » (I Corinthiens 11, 26). Amen !

    Commentaires de Mgr Hermann Giguère P.H. – Le 22 février 2021

    Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval – Séminaire de Québec

    * La Transfiguration

    Prières :

    1.   Loué sois-tu, Jésus, dès l’aurore engendré, le Père te rend témoignage : tu es son Fils bien-aimé.

    Loué sois-tu, Jésus, lumière née la lumière, aujourd’hui tu nous donnes le signe que la mort ne te gardera pas captif et déjà tu nous annonces ta résurrection.

    Loué sois-tu, Jésus, ta face transfigurée nous révèle la beauté du Père.

    Loué sois-tu, Jésus, dans ton visage rayonnant de gloire, tu nous dis que nous aussi, nous sommes appelés à vivre avec toi dans l’intimité du Père.

    Les sœurs du carmel de Frileuse, dans l’Essonne, le 28 février 2021

    2. Prière au jour de la Transfiguration du Seigneur

    Gloire à Toi ô Christ, qui nous fais voir ta lumière !

    Par ta transfiguration, tu ravives notre foi et notre espérance.

    Nous attendons ce jour où tu transformeras nos pauvres corps, à l'image de ton Corps glorieux,

    ce jour où nous habiterons dans ta Lumière.

    Béni sois-tu, Seigneur, d'illuminer toute notre vie,

    Par cette espérance, déjà tu nous fais citoyens des cieux.

    Tu nous donnes d'anticiper la vie du monde à venir.

    Tu nous fais pressentir ta beauté.

    Tu ouvres nos yeux sur ton royaume présent au milieu de nous,

    Et nous contemplons ta gloire.

    Fais-nous vivre, comme si nous voyions l'invisible.

    Que notre foi touche ton cœur et hâte la venue de ton règne

    Sur nous, fais briller ta Gloire éternelle. Amen.

    Extrait du site « Hozana »

    3.

    Dieu notre Père, sur notre route de Carême,

    tu as placé comme un signe

    la rencontre avec ton Fils, Jésus,

    transfiguré devant ses disciples sur la montagne.

    Que sa lumière vienne illuminer nos vies ;

    que sa Parole nous rende capables

    de revenir à toi de tout notre cœur,

    toi qui nous aimes en ton Fils bien-aimé, dans l'Esprit-Saint,

    maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

    Jésus transfiguré éclaire la route des hommes.

    Regarde notre misère, éclaire nos chemins.

    Père, merci de nous permettre

    de contempler le visage glorieux de ton Fils.

    Il est le chemin, la vérité et la vie.

    Que notre prière nous aide à transformer notre cœur,

    pour qu'à notre tour nous devenions

    toujours davantage tes fils et tes filles bien-aimés.

    Nous te le demandons, à toi, source de toute vie,

    pour les siècles des siècles. Amen.

    Extrait du site des Dominicains de Belgique

    * La Transfiguration

    Conclusion :

    Abraham est l’un des personnages majeurs de la Bible, et son histoire nous est bien connue, tout particulièrement le récit du sacrifice d’Isaac, qui a le don de nous provoquer à cause de l’image terrifiante de Dieu qui s’en dégage. Pourtant, ce n’est pas là le visage de ce Dieu Père que Jésus vient nous révéler. En rester à cette image insoutenable de Dieu, qui prend plaisir à nous mettre à l’épreuve, serait faire non seulement une lecture fondamentaliste du sacrifice d’Isaac, mais ce serait en faire une lecture païenne.

    Les récits bibliques, avant d’être l’exposé d’un événement historique, sont avant tout des enseignements porteurs de grandes vérités sur Dieu et sur nous-mêmes. Et si ces récits s’écartent souvent de l’exactitude journalistique d’un reportage, ils sont néanmoins théologiquement vrais en ce qu’ils nous révèlent de Dieu et de nous-mêmes. La Bible, c’est à la fois l’histoire du dévoilement progressif de Dieu qui veut se faire connaître de nous, et c’est aussi l’histoire de notre propre recherche de Dieu. C’est ce qu’évoque un passage du psaume 26 qui nous est proposé comme chant d’entrée pour ce dimanche. Le psalmiste s’écrie : « Je cherche ton visage Seigneur, je le recherche ; ne détourne pas de moi ta face. »

    Cette prière ne pouvait qu’habiter le cœur d’Abraham, celui qu’on appelle le père des croyants, et qui, le premier, met sa foi dans le Dieu unique. Mais Abraham ne connaît pas vraiment le Dieu qui l’appelle. Le récit du sacrifice d’Isaac constitue une étape déterminante dans cette rencontre de ce Dieu en qui Abraham a mis sa foi, et ce, dans une culture où l’on offrait en sacrifice son premier-né aux divinités.

    Le Dieu d’Abraham, s’il demande la remise totale de nos vies entre ses mains, représentée ici par Isaac, n’est pas un Dieu qui demande des sacrifices humains. À Abraham, il est proposé de reconnaître qu’Isaac, le fils de la promesse, est un don de Dieu. Et Abraham fait l’expérience que l’on ne peut véritablement entrer dans la dynamique du don, qu’en le remettant à Dieu, qu’en reconnaissant que tout vient de Lui, que le fruit de nos travaux et de nos luttes reste toujours fondamentalement un don de Dieu.

    Par analogie, je pense à l’exemple du baptême d’un enfant. Chaque fois qu’un enfant est présenté pour être baptisé, il y a ce moment fort émouvant à la fin de la liturgie, où j’entoure l’autel avec la famille pour prier le Notre Père. L’enfant est alors déposé sur cet autel, comme une offrande, comme un don fait à Dieu, comme on le fait pour le pain et le vin. Par ce geste, nous reconnaissons que Dieu est non seulement l’auteur de la vie, mais que toute vie lui appartient, et qu’elle ne peut véritablement se réaliser et s’accomplir que si elle est confiée à Dieu. Voilà l’offrande que Dieu demande à Abraham. Le reste de l’histoire, avec son style propre aux contes orientaux, n’est là que pour évoquer le passage, la conversion que Dieu demande à Abraham. Il doit quitter le monde des idoles et des sacrifices humains afin d’entrer dans la dynamique du sacrifice spirituel. C’est la remise à Dieu de toute sa vie qui est demandée à Abraham.

    Par ailleurs, quand Dieu lui apparaît la première fois et lui demande de quitter son pays, Abraham fait confiance et il part vers l’inconnu. C’est là une illustration très évocatrice de chacune de nos vies. Nul d’entre nous n’aurait pu tracer le parcours de la vie qui l’attendait quand nous étions enfants ou adolescents ou même jeunes adultes. Nous portions des rêves, des projets, le monde nous souriait, et sans nécessairement chercher à accomplir de grandes choses, nous voulions tous être heureux. Peu à peu notre vie d’adulte a pris son envol avec ses joies et ses peines, ses réalisations et ses déceptions. Aucune vie n’est à l’abri de l’épreuve, mais le secret d’une vie réussie, c’est de pouvoir la recevoir comme un don de Dieu, sans cesse offert à Dieu. L’offrir à Dieu avec ses grandeurs et ses misères, afin de réaliser en nous le répons du psaume de ce dimanche qui évoque la foi d’Abraham : « Je marcherai en présence de Dieu sur la terre des vivants. » Quoi qu’il m’arrive.

    Le récit d’Abraham et de son fils Isaac évoque aussi pour nous chrétiens et chrétiennes, le don que nous fait le Père en son Fils, où c’est Dieu lui-même qui se remet entre nos mains. Le récit de la Transfiguration est d’une portée extraordinaire afin de nous aider à entrer dans ce mystère.

    Jésus est en marche vers Jérusalem. Sa passion se profile à l’horizon et déjà les disciples semblent incapables d’accepter le destin tragique qui attend leur maître. L’événement de la Transfiguration servira de rappel aux disciples, après la mort de Jésus, afin qu’ils comprennent que sa passion le conduisait à la gloire de la résurrection, afin qu’ils se souviennent de cette voix du Père proclamant dans la nuée: « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le. »

    De la vie d’humilité et de renoncement de Jésus, de son obéissance à la volonté du Père, jaillit une lumière nouvelle pour le monde. C’est Dieu qui se manifeste à nous et qui réalise la promesse faite à Abraham de rendre sa descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et le sable de la mer. Cette lumière du Christ, qui illumine les trois apôtres, est déjà une anticipation de la gloire de Jésus qui se révélera le matin de Pâques. C’est cette lumière qui est donnée lors du baptême et qui est évoquée lorsque l’on remet un cierge au nouveau baptisé, en lui disant : « Sois illuminé ! Reçois la lumière du Christ. »

    * La Transfiguration

    Le récit de la Transfiguration proclame que Jésus est la lumière du monde et qu’elle brille au plus profond de nos ténèbres et de nos souffrances. Cette lumière est déjà porteuse de la promesse de Pâques, où le mal et la mort seront vaincus par la croix du Christ. Cette lumière, qui enveloppe Pierre, Jacques et Jean, vient nous rappeler que de toute éternité nous sommes appelés à participer à la vie du Christ, et à ressusciter avec lui. Par sa victoire sur la croix et le témoignage de sa vie donnée, nous savons désormais que le bien est plus fort que le mal, que l’amour est plus fort que la haine, et que la vie est plus forte que la mort.

    À la fin du récit de la Transfiguration, Jésus nous invite à redescendre dans la plaine avec lui. Tout comme l’a fait notre père Abraham, nous sommes invités à quitter nos pays de solitude et à marcher avec le Christ dans la foi.

    C’est ainsi qu’au terme de cette eucharistie, où la grâce nous est faite de nous tenir debout avec le Christ sur ce sommet de notre foi, nous pourrons retourner dans la plaine de nos occupations et de nos engagements, sûrs de la présence de Dieu et de sa force au cœur de nos vies.

    Comme l’affirme saint Paul dans sa Lettre aux Romains : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas refusé son propre Fils, il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il avec lui ne pas nous donner tout ? ».

    Yves Bériault, Dominicain de l’Ordre des prêcheurs

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    * La Transfiguration

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS :

    Seigneur Dieu, tu nous as dit d’écouter ton Fils bien-aimé ; fais-nous trouver dans ta parole la nourriture de notre vie spirituelle, afin que, d’un regard purifié, nous ayons la joie de contempler ta gloire.

    Références :

    http://www.gcatholic.org/calendar/2022/General-D-fr.htm

    https://www.catholique-blois.net/actualite/commentaires-evangile/annee-2021/2e-dimanche-de-careme-b-28-fevrier-2021

    https://paroissejoinvillelepont.fr/pere-jose-homelie-du-2eme-dimanche-de-careme/

    https://jardinierdedieu.fr/article-priere-universelle-du-2e-dimanche-de-careme-115441446.html

    https://www.aelf.org/2024-02-25/belgique/messe

    https://passionistedepolynesie.e-monsite.com/pages/enseignement-myriam-de-gemma/genese/genese-22-1-19.html

    https://www.catholique-blois.net/actualite/commentaires-evangile/annee-2018/2eme-dimanche-careme-b-25-fevrier-2018

    https://www.carmel.asso.fr/Dimanche-Transfiguration-Marc-9-2.html#:~:text=Voil%C3%A0%20la%20bonne%20nouvelle%20pour,divine%20aura%20le%20dernier%20mot.

    https://www.paroissesaintmaxime.org/commentairesPourSite/4-3-2012.pdf

    https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-2e-dimanche-du-Careme-Annee-B-Celui-ci-est-mon-Fils-bien-aime-ecoutez-le_a995.html

    https://www.la-croix.com/Definitions/Bible/Deuxieme-dimanche-Careme-B-transfiguration-2021-02-22-1701141996#:~:text=Pour%20trois%20de%20ses%20disciples,ce%20dimanche%2028%20f%C3%A9vrier%202021.

    https://hozana.org/fetes/transfiguration

    https://www.dominicains.be/fr/celebrer/eucharistie/1769-2e-dimanche-de-careme-876

    https://moineruminant.com/2018/02/23/homelie-pour-le-2e-dimanche-du-careme-b/

    https://www.dominicains.be/fr/celebrer/eucharistie/1769-2e-dimanche-de-careme-876

    Magnificat du dimanche 25 février 2024 page 321


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