• * NS JC, Roi de l'Univers

    231126 – Liturgie du dimanche 26 novembre 2023

    Notre Seigneur Jésus-Christ, Roi de l’Univers

    34ème dimanche du Temps Ordinaire

    * NS JC, Roi de l'Univers

    Introduction :

    Le calendrier liturgique s'est élaboré progressivement au fil des siècles. Son dernier remaniement date de 1969, dans le prolongement de la réforme liturgique décidée au concile Vatican II.

    1. Qu’est-ce que le « Temps Ordinaire » ?

    On appelle « temps ordinaire » l’ensemble des trente-quatre semaines qui se succèdent dans l’intervalle des cycles de Noël et de Pâques. La couleur liturgique du Temps ordinaire est le vert.

    Dans ce calendrier, le temps dit « ordinaire » désigne les périodes autres que les deux temps forts célébrés par l'Église : d'une part, l'Avent et le temps de Noël ; d'autre part, le Carême, la fête de Pâques et le temps pascal jusqu'à la Pentecôte.

    Le « temps ordinaire » n'a d'ordinaire que le nom. En dehors de Noël et du temps pascal, c'est l'ensemble du temps liturgique qui permet aux fidèles de vivre sur une année complète tout le mystère du salut accompli par Jésus-Christ. Le temps ordinaire comprend donc les 33 ou 34 semaines couvrant le reste de l'année : la première période va du lundi suivant la fête du Baptême de Jésus (célébré le dimanche après l'Épiphanie) au mercredi des Cendres (non compris) ; la seconde période s'étend de la Pentecôte au premier dimanche de l'Avent (non compris), qui ouvre la nouvelle année liturgique.

    2. À quoi sert ce temps?

    • Dès les origines, l'Église a voulu que les fidèles revivent sur une année entière les événements de l'histoire du salut accomplis par Jésus-Christ. Pendant le temps ordinaire, lorsqu'on ne commémore pas un fait précis de la vie du Christ, de la Vierge Marie ou d'un saint, c'est le dimanche lui-même, « Pâque hebdomadaire », qui est valorisé comme « jour de fête primordial qu'il faut proposer et inculquer à la piété des fidèles ».
    • Le temps ordinaire donne aussi aux fidèles l'occasion de progresser dans leur connaissance et leur compréhension des grands textes bibliques. Pendant les dimanches « ordinaires », en effet, à l'inverse des temps forts de l'année où les lectures sont choisies de façon thématique, on fait une lecture continue des textes (Épîtres et Évangile) de l'année en cours, selon un parcours conçu sur trois années A, B et C (l'année A, consacrée à l'Évangile de saint Matthieu ; l'année B, consacrée à l'Évangile de saint Marc ; l'année C, l'Évangile de saint Luc). En semaine, on lit les quatre Évangiles en une année et des passages importants d'autres livres de la Bible en deux ans.

    3. Comment fonctionne-t-il?

    L'année liturgique comprend en fait deux cycles qui se superposent. Le temps ordinaire s'insère dans le cycle liturgique de base, dit « temporal ». Axé sur les événements de la vie du Christ, ce cycle a prééminence sur le cycle « sanctoral », consacré aux fêtes des principaux saints.

    La mobilité de la fête de Pâques et du temps liturgique qui en dépend, le fait que d'autres fêtes à date fixe tombent parfois le dimanche ont conduit à fixer des règles précises qui permettent de combiner ces deux cycles.

    Au fil des siècles, on avait ajouté dans l'année de très nombreuses fêtes de saints qui finissaient par éclipser la célébration du mystère pascal lui-même. Pour éviter cette dérive, Vatican II a largement revalorisé la célébration du dimanche, et a par ailleurs réduit le nombre des saints devant être fêtés par l'Église universelle, en confiant à chaque Église locale, nation ou ordre religieux la liberté de fêter les autres.

    Aujourd'hui, pendant le temps ordinaire, les dimanches sont toujours célébrés, sauf s'ils coïncident avec une grande fête dite « solennité » du Seigneur, de la Vierge ou des saints (Leur nombre est limité à onze dans l'année). En semaine, on célèbre toujours les fêtes et les mémoires « obligatoires » des saints. Les autres jours de la semaine, on a le choix entre les messes du temps ordinaire, les mémoires « facultatives » et les messes consacrées à des dévotions diverses (dites « votives »).

    * NS JC, Roi de l'Univers

    4. La fête du Christ Roi de l’univers comme célébration du Mystère Pascal

    C’est avec la fête du Christ Roi de l’Univers, instituée en 1925 par le Pape Pie XI, que s’achève l’année liturgique. Nous célébrons celui qui n’est pas roi à la manière des princes d’ici-bas mais qui s’abaisse et livre sa vie pour tous, afin que tous nous régnions dans la gloire à ses côtés.

    La fête du Christ Roi veut ainsi convertir nos cœurs et nos représentations, pour que nous comprenions que la puissance véritable réside mystérieusement dans l’abaissement et le don de soi. Son règne est celui de la justice et de l’amour, objet de toute espérance et dont l’édification patiente est la mission de chaque homme.

    Précédant l’entrée dans le temps de l’Avent et marquant la fin d’une année liturgique, cette fête nous invite ainsi à célébrer Celui qui, par-delà les ans, domine l’histoire depuis son commencement jusqu’à son achèvement en Dieu.

    L’Église catholique à Paris

    Le mois de novembre est à la charnière de deux années liturgiques. Et le passage de l'une à l'autre manifeste une étonnante continuité : de la fête du Christ Roi à l'ouverture de l'Avent, nous sommes invités à lever les yeux vers « l'À-Venir » car c'est bien le même projet de Dieu qui continue à se déployer dans notre histoire. Pour y collaborer, il nous faudra mettre en œuvre tous les talents qui nous ont été confiés. À commencer par le plus merveilleux : la Parole de Dieu elle-même, que nous aurons la joie de découvrir au long des dimanches.

    Marie Noëlle Thabut, bibliste

    * NS JC, Roi de l'Univers

    5. La fête du Christ Roi clôt le cycle de l’année liturgique.

    Toute l’année, les chrétiens ont célébré les grands moments de la vie de Jésus. Lors du dernier dimanche de l’année, ils sont invités à se tourner vers le Christ Roi de l’univers et juge de l’humanité. Le texte qui est lu ce dimanche est le texte du jugement dernier : « J’étais nu et tu m’as donné à manger, malade et tu es venu me voir… ». Le royaume du Christ est donc avant tout un royaume d’amour.

    La Croix – Questions de vie – Questions de foi

    6. Le service, la clé du Royaume

    Le Christ reviendra dans la gloire pour rassembler toutes les nations et séparer les bons de ceux qui ont commis le mal. Son critère de discernement sera le service de l’autre. Aussi nous invite-t-il, aujourd’hui, à prêter assistance aux personnes les plus vulnérables. Cette sollicitude ouvre la porte du Royaume.

    Vie liturgique, revue de pastorale liturgique publiée par Novalis

    7. Le Roi berger

    La première lecture et le psaume étonnent en cette solennité du Christ Roi, en développant une image de Dieu a priori plus pastorale que royale. L’évangile, dit « du Jugement dernier », confirme la pertinence de cette image, présentant le Fils de l’homme comme « un berger » et un roi.

    La Croix – Questions de vie – Questions de foi

    Dès l’Ancien Testament, la tradition biblique applique à Dieu l’image idéale du Roi Pasteur.

    * NS JC, Roi de l'Univers

    1ère lecture : Dieu, roi et berger d’Israël, jugera son peuple.

    Lecture du Livre d’Ézéchiel (34, 11-12.15-17)

    Ainsi parle le Seigneur Dieu :

    Voici que moi-même, je m’occuperai de mes brebis, et je veillerai sur elles.

    Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles sont dispersées,

    ainsi je veillerai sur mes brebis, et j’irai les délivrer dans tous les endroits où elles ont été dispersées un jour de nuages et de sombres nuées.

    C’est moi qui ferai paître mon troupeau, et c’est moi qui le ferai reposer, – oracle du Seigneur Dieu.

    La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai.

    Celle qui est blessée, je la panserai.

    Celle qui est malade, je lui rendrai des forces.

    Celle qui est grasse et vigoureuse, je la garderai, je la ferai paître selon le droit.

    Et toi, mon troupeau – ainsi parle le Seigneur Dieu –, voici que je vais juger entre brebis et brebis, entre les béliers et les boucs.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * NS JC, Roi de l'Univers

    Commentaire 1 a :

    Dans le chapitre 34 du Livre d’Ézéchiel, Dieu s’adresse à son peuple pour dénoncer l’attitude des rois qui se sont montrés de très mauvais bergers. Il annonce que c’est lui-même qui va se faire le berger d’Israël. Comme un bon berger, il prendra soin en particulier de la brebis perdue ou blessée. Dans la parabole de Lc 15,1-7, Jésus se présentera lui-même comme le bon berger réalisant cette promesse de Dieu.

    Commentaire du Père François Brossier, exégète, professeur émérite de l'Institut Catholique de Paris

    * NS JC, Roi de l'Univers

    Commentaire 1 b :

    Un troupeau à la débandade

    Imaginez un troupeau de brebis en transhumance et une épaisse nappe de brouillard qui s’abat tout d’un coup sur les prés. Si le berger n’est pas attentif, ce qui était un troupeau n’en sera bientôt plus un : les brebis mal guidées vont se perdre l’une après l’autre, elles seront bientôt toutes dispersées sur la montagne.

    C’est l’image qui vient à l’esprit du prophète Ézéchiel à propos du peuple d’Israël au moment de l’Exil à Babylone. On est en pleine tentation de découragement, on risque de penser que le peuple de Dieu n’est plus le peuple de Dieu, et même plus un peuple du tout. Va-t-il être rayé de la carte ?

    Mais notre prophète est un prophète, justement. Et donc il sait que Dieu est fidèle à son Alliance, que Dieu n’abandonne jamais son peuple, son troupeau. « C’est moi qui ferai paître mon troupeau » dit Dieu.

    La première grande annonce de ce texte, la Bonne Nouvelle, est là : « Vous êtes encore le troupeau de Dieu ». Car il reste fidèle à son Alliance en toutes circonstances.

    « J’irai moi-même à la recherche de mes brebis » dit Dieu.

    Deuxième Bonne Nouvelle qui en découle aussitôt : Dieu va vous rassembler et vous ramener sur votre pâturage : « Je veillerai sur mes brebis, et j'irai les délivrer dans tous les endroits où elles ont été dispersées un jour de nuages et de sombres nuées ». Ézéchiel ne vise pas ici la venue du Messie. Une promesse d’avenir très lointain, reportée à la fin du monde, n’aurait dynamisé personne. Il pense d’abord à l’avenir proche, il annonce la fin de l’Exil à Babylone et le retour au pays. Pour quand cette promesse ? Ézéchiel ne le dit pas, il ne sait pas le dire de manière précise. Mais il sait que cela arrivera sûrement. « Votre pâturage », c’est Jérusalem, bien sûr, et la Terre Promise. « Les endroits où elles ont été dispersées », c’est Babylone, loin du pâturage natal.

    Suit cette évocation magnifique de la sollicitude du berger : « La brebis perdue, je la chercherai. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse, je la ferai paître avec justice ».

    C’est la Troisième Bonne Nouvelle de ce texte, une promesse de bonheur : Dieu va veiller lui-même sur ses brebis à l’avenir. Il se fera lui-même leur berger. Ce qui implique à la fois sollicitude et fermeté : un berger sérieux, digne de ce nom, doit déployer ces deux qualités : c’est avec le même bâton, son bâton de marcheur, qu’il guide et rassemble les brebis qui ont du mal à suivre, mais aussi qu’il éloigne les indésirables, qu’il sépare les brebis des boucs... et qu’il chasse les bêtes sauvages qui menacent le troupeau.

    Quand Ézéchiel présente Dieu comme le bon berger dont rêve le peuple, il y a une pointe contre les rois qui ont régné sur Israël jusqu’à l’Exil à Babylone. Normalement, en Israël, à cause de l’Alliance, c’est Dieu lui-même et lui seul qui est le roi de son peuple. Et les rois de la terre ne sont là que pour faire régner la justice de Dieu. Dès le début de la royauté, avec le premier roi, Saül, puis avec David, les prophètes rappellent au roi sa mission : une mission de service uniquement. Et pour exercer cette mission, le roi reçoit l’onction d’huile, qui est le signe que désormais il est inspiré directement par Dieu lui-même. On dit que l’esprit de Dieu fond sur lui.

    Malheureusement, le roi reste libre, bien sûr, de ne pas écouter l’inspiration divine : les rois ne se sont pas privés de cette liberté, malgré toutes leurs belles promesses. Ils ont oublié qu’ils n’étaient que les lieutenants de Dieu (au sens étymologique de ce mot « tenant lieu »)... Les uns après les autres, ils ont failli à leur mission. Au lieu de veiller sur leur troupeau, ils se sont préoccupés d’eux-mêmes, de leur richesse, de leurs honneurs, de leur grandeur. Et au lieu de faire régner la justice dans le pays, ils ont laissé s’installer l’injustice au profit de l’opulence des uns, au risque de la misère des autres. Les brebis ont presque toutes été dispersées « un jour de nuages et de sombres nuées ». Et ce jour d’obscurité semble ne jamais devoir finir. Le peuple a-t-il encore un avenir ?

    En Exil à Babylone, on a tout loisir pour méditer sur le passé et sur les fautes des rois successifs, des mauvais bergers d’Israël, sans quoi on n’en serait pas là.

    * NS JC, Roi de l'Univers

    Le Messie, quand il viendra, sera comme un bon berger.

    Ce qui est surprenant ici, c’est que quand Ézéchiel écrit, il n’y a plus de roi (le dernier roi est mort en exil). Alors Ézéchiel explique : Dieu a jugé les mauvais rois, il leur a enlevé la charge du troupeau. Et c’est lui-même, désormais, qui va reprendre la direction des opérations : « C’est moi qui ferai paître mon troupeau ». Bien sûr, le peuple aura encore besoin de gouvernants, mais désormais ils se comporteront en serviteurs, Dieu veillera à ce qu’ils soient de bons bergers.

    Soyons francs, le vrai roi – bon berger annoncé ici par Ézéchiel – n’est pas venu plus après qu’avant. Alors, parce que là-bas, on avait la foi, on a continué d’espérer. Un jour, sûrement, il viendra, ce roi idéal, celui qu’on appelle le Messie, qui doit siéger sur le trône de David. Depuis cette promesse d’Ézéchiel, on l’imagine sous les traits d’un berger portant sur ses épaules la brebis malade.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Voici un psaume plein de confiance :

    le Psalmiste y exprime sa sereine certitude d’être guidé et protégé parce que le Seigneur est son pasteur.

    * NS JC, Roi de l'Univers

    Psaume : 22 (23)

    R / : Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer.

    Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer.

    Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre ; il me conduit par le juste chemin pour l’honneur de son nom.

    Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure.

    Tu prépares la table pour moi devant mes ennemis ; tu répands le parfum sur ma tête, ma coupe est débordante.

    Grâce et bonheur m’accompagnent tous les jours de ma vie ; j’habiterai la maison du Seigneur pour la durée de mes jours.

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * NS JC, Roi de l'Univers

    Commentaire 2 :

    On croirait que le compositeur du psaume 22/23 était un paroissien d’Ézéchiel ! Un paroissien qui a bien compris le sermon avant d’écrire ce chant de la brebis à son berger... ou plus exactement du troupeau à son berger. Parce que, comme toujours, celui qui parle dans ce psaume, c’est le peuple d’Israël tout entier. Israël qui se reconnaît comme le peuple de Dieu, le troupeau de Dieu.

    Dieu, le berger de son peuple

    Aujourd’hui, nous ne trouvons peut-être pas très flatteur le terme de troupeau ! Mais il faut nous replacer dans le contexte biblique : à l’époque le troupeau était peut-être la seule richesse ? Il n’y a qu’à voir comment le Livre de Job décrit l’opulence puis la déchéance de son héros. Cela se chiffre en nombre d’enfants, d’abord, en nombre de bêtes tout de suite après. « Il était une fois, au pays de Ouç, un homme appelé Job. Cet homme, intègre et droit, craignait Dieu et s’écartait du mal. Sept fils et trois filles lui étaient nés. Il avait un troupeau de sept mille brebis, trois mille chameaux, cinq cents paires de bœufs, cinq cents ânesses, et il possédait un grand nombre de serviteurs. Cet homme était le plus riche de tous les fils de l’Orient ». Et quand on vient annoncer à Job tous les malheurs qui s’abattent sur lui, cela concerne ses enfants et ses troupeaux. Déjà d’Abraham on disait : « Abraham était extrêmement riche en troupeaux, en argent et en or » (Gn 13,2).

    Mais alors, si les troupeaux sont considérés comme une richesse, nous pouvons oser penser que Dieu nous considère comme une de ses richesses. Ce qui est quand même une belle audace sur le plan théologique ! En écho, le Livre des Proverbes dit que la Sagesse de Dieu «trouve ses délices avec les fils des hommes» (Pr 8, 31).

    * NS JC, Roi de l'Univers

    Le psaume d’aujourd’hui décline l’amour de Dieu pour son peuple dans le vocabulaire du berger : « Le Seigneur est mon berger, je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer. Il me mène vers les eaux tranquilles... ». Le verbe « mener » est ce qui caractérise le mieux un berger digne de ce nom. À plusieurs reprises, Ézéchiel, pendant l’Exil à Babylone, se plaint des bergers d’Israël (entendez les rois), qui, justement, n’ont pas « mené » le peuple, parce qu’ils étaient avant tout préoccupés de leur intérêt personnel.

    Par exemple : « Quel malheur pour les bergers d’Israël qui sont bergers pour eux-mêmes ! N’est-ce pas pour les brebis qu’ils sont bergers ?... Elles se sont dispersées, faute de berger, pour devenir la proie de toutes les bêtes sauvages (entendez les nations étrangères, et en particulier Babylone). Mon troupeau s’égare sur toutes les montagnes et toutes les collines élevées. Mes brebis sont dispersées dans tout le pays, personne ne les cherche, personne ne part à leur recherche » (Éz 34, 2. 5-6). Quand le prophète parle de dispersion, il vise toutes les infidélités à l’Alliance, toutes les idolâtries, tous les cultes qui se sont instaurés partout dans le pays pourtant consacré au Dieu unique. Ce sont autant de fausses pistes qui ont entraîné le malheur actuel du peuple.

    Dans le psaume, la phrase « Il me conduit par le juste chemin pour l’honneur de son Nom » vise exactement la même chose : en langage biblique, le « chemin » signifie toujours la vie dans l’Alliance avec le Dieu unique, c’est-à-dire l’abandon résolu de toute idolâtrie. Or l’histoire montre que ce n’est jamais gagné et qu’à toute époque l’idolâtrie a été le combat incessant de tous les prophètes. Soit-dit en passant, ils auraient peut-être tout autant à faire aujourd’hui. Une idole, ce n’est pas uniquement une statue de bois ou de plâtre... c’est tout ce qui risque d’accaparer nos pensées au point d’entamer notre liberté. Que ce soit une personne, un bien convoité, ou une idée, Dieu veut nous en délivrer, non pas pour faire de nous ses esclaves, mais pour faire de nous des hommes libres. C’est cela « l’honneur de son Nom » (verset 3) : le Dieu libérateur veut l’homme libre.

    Pour libérer définitivement l’humanité de toutes ces fausses pistes, Dieu a envoyé son Fils. Et désormais, les chrétiens ont en tête la phrase de Jésus dans l’Évangile de Jean : « Je suis le Bon Pasteur, je donne ma vie pour mes brebis » (Jn 10). Il donne sa vie, au sens vrai du terme. Si bien que nous pouvons chanter à notre tour : « Toi, Seigneur, tu es mon berger...Tu es avec moi, ta croix (ton bâton) me guide et me rassure ».

    Le psaume 22 devenu fête du baptême

    Au début de l’Église, ce psaume était devenu naturellement le psaume spécial de la liturgie du Baptême. Les baptisés (je parle au pluriel parce que les baptêmes étaient toujours célébrés communautairement) émergeant de la cuve baptismale, partaient en procession vers le lieu de la Confirmation et de l’Eucharistie. Et l’évocation des eaux tranquilles, vivifiantes, (pour le Baptême), de la table et de la coupe (pour l’Eucharistie), du parfum (pour la Confirmation) nous rappelle évidemment cette triple liturgie. « Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre... Tu prépares la table pour moi... Ma coupe est débordante... tu répands le parfum sur ma tête... »

    Désormais, « grâce et bonheur accompagnent » le baptisé puisque, comme le Christ nous l’a promis, il est avec nous « tous les jours jusqu’à la fin du monde ».

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    La Première Lettre de saint Paul aux Corinthiens est une méditation sur l’amour dont nous sommes aimés.

    * NS JC, Roi de l'Univers

    Épître : La royauté universelle du Fils

    Lecture de la Première Lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens (Co 15, 20-26, 28)

    Le Christ est ressuscité d’entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection. En effet, c’est en Adam que meurent tous les hommes ; c’est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu’il reviendra.

    Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. C’est lui en effet qui doit régner jusqu’au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort. Alors, quand tout sera sous le pouvoir du Fils, il se mettra lui-même sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * NS JC, Roi de l'Univers

    Commentaire 3 a :

    Si j'aborde la liturgie de cette fête du Christ Roi, en lisant d'abord ce que dit l'apôtre Paul, je risque d'être surpris : un Christ, qui est roi et qui doit régner en mettant sous ses pieds tous ses ennemis et, en final, la mort. Mais la liturgie me fait d'abord entendre un beau texte d’Ézéchiel : le Seigneur est comme un berger plein d'amour et de tendresse pour son troupeau. Et le psaume : Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer. L'Évangile du jour, c'est le grand texte de Matthieu qu'on appelle souvent le « Jugement Dernier » : Le Fils de l'homme, Jésus Roi, dans sa gloire, à la fin des temps, va m'aider à porter un « jugement », un discernement, un regard de clarté, sur ma vie. Il va dévoiler à tous, chrétiens ou non-chrétiens, (toutes les nations seront rassemblées devant lui) les bons et beaux côtés de leur vie (et par ricochet les moins bons), à partir du seul critère suivant : chaque fois que vous l’avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait.

    Paul écrit à des chrétiens qui doutent de la résurrection des morts. Et pour affirmer cette résurrection, il avance un argument de poids dans un verset précédent : si les morts ne ressuscitent pas, alors le Christ non plus n'est pas ressuscité. Le Christ est d'entre les morts, lui, le premier ressuscité. En langage biblique, le « premier » (ou « prémices ») c'est celui d'où découlent tous les autres, celui en qui sont en germes tous les autres, celui qui ouvre le chemin. Jésus m'ouvre le chemin d'une vie éternelle de ressuscité.

    Alors Paul se lance dans un face à face « Adam - Christ ». Adam, c'est l'homme en général, « monsieur humain ». Un vis-à-vis « Homme - Christ », un duo inséparable. La mort fait partie du parcours de l'être humain, elle est passage obligé vers une maturation définitive de notre être en Dieu par Jésus Dieu et Homme. Le début du Livre de la Genèse utilise des images pour nous faire comprendre la vérité religieuse forte que tout vient de Dieu et va vers Dieu, que notre liberté sur le chemin est donnée par Dieu, et que nous n'en profitons pas pour tout orienter vers notre créateur. Mais Dieu ne nous abandonne pas. Nous avons goûté aux fruits de l'arbre qui, pensions-nous en notre orgueil, allaient nous faire accéder à Dieu par nous seuls, en taillant notre route pour notre seul profit. Mais, dit la Genèse, Le Seigneur Dieu fit à l’homme et à sa femme des tuniques de peau et les en revêtit. Il les habilla de sa miséricorde avant de les envoyer dans le monde. Nous sommes « en Adam » et nous sommes aussi « en Christ » pour une résurrection plénière. Dans le texte original grec, lors de sa parousie (Une « parousie », c'était l'entrée triomphale d'un roi dans une ville), accueilli par les acclamations de son peuple. A la fin des temps, une « Parousie » pour toujours, une venue du Christ qui se mettra lui-même sous le pouvoir du Père. Le Christ ? Sa personne humaine et divine, et nous aussi en lui, car nous serons pour toujours en Christ Nouvel Adam (selon Paul dans l’épître aux Romains), c'est-à-dire, en notre humanité achevée, purifiée, glorieuse de la gloire de Dieu. Et Dieu sera tout en tous.

    Commentaires de Paul C. – Paroisse Colomiers – 23 novembre 2017

    * NS JC, Roi de l'Univers

    Commentaire 3 b :

    Les forces du mal ne l’emporteront pas.

    Le Ressuscité est apparu un jour à Saül de Tarse en route vers Damas. Ce jour-là, la Royauté du Christ s’est imposée à lui comme une évidence ! Désormais, cette certitude habitera toutes ses paroles, toutes ses pensées. Car, pour lui, il n’y avait plus de doute possible : Jésus-Christ, vainqueur de la mort, l’est également de toutes les forces du mal.

    Et la conviction de Paul, sa foi (qui est donc aussi la nôtre), c’est que le Royaume du Christ grandit irrésistiblement jusqu’à ce que tout soit « achevé », c’est le mot qu’il emploie ici. « Tout sera achevé quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu le Père... ». Toute l’histoire de l’humanité s’inscrit dans cette perspective : perspective exaltante pour les croyants qui constatent au jour le jour la victoire de l’amour et du pardon sur la haine, de la vie sur la mort.

    La mort exemplaire et la Résurrection du Christ étaient aux yeux des apôtres le plus beau signe que ce Royaume était en train de naître. Les forces du mal ne l’emporteront pas, comme l’a dit Jésus à Pierre. Elles sont déjà vaincues, comme il l’a dit encore dans l’Évangile de Jean, cette fois : « Courage ! Moi, je suis vainqueur du monde » (Jn 16, 33).

    Il nous reste à choisir notre camp, si j’ose dire : être du côté du Christ, faire avancer le projet... ou non. Et là Paul oppose deux attitudes, celle d’Adam, celle du Christ. C’est un parallèle que Paul développe souvent, mais cela reste probablement pour nous le passage le plus difficile de ce texte. En fait, Paul reprend ici un thème extrêmement familier aux lecteurs de l’Ancien Testament, celui du choix indispensable, ce qu’on appelait le thème des deux voies (voie au sens de comportement).

    Imiter Adam ou imiter Jésus-Christ ?

    Depuis que Paul a rencontré le Christ, tout s’éclaire pour lui. Il sait en quoi consiste le choix : nous conduire à la manière d’Adam ou nous conduire à la manière de Jésus-Christ. Adam, c’est celui qui tourne le dos à Dieu, qui se méfie de Dieu. Le Christ, c’est celui qui fait confiance jusqu’au bout. Quand nous nous conduisons à la manière d’Adam, nous allons vers la mort (spirituelle). Quand nous nous conduisons à la manière du Christ nous allons vers la Vie.

    Rappelons-nous en quoi consiste la manière d’Adam : ce que la Bible affirme au sujet d’Adam, c’est qu’il a contrecarré le projet de Dieu. Vous connaissez le récit de la chute (aux chapitres 2 et 3 du Livre de la Genèse) : Dieu « fit pousser du sol toutes sortes d’arbres à l’aspect désirable et aux fruits savoureux ; il y avait aussi l’arbre de vie au milieu du jardin, et l’arbre de la connaissance du bien et du mal ». Avant la faute, l’arbre de vie n’est pas interdit, il est à la disposition de l’homme. Mais celui-ci est prévenu qu’il ne doit pas manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Sinon il connaîtra la mort.

    Effectivement, après la faute, l’accès à l’arbre de vie lui est fermé. Mal conseillé par le serpent qui le poussait à soupçonner le projet de Dieu, Adam a mangé le fruit de l’arbre de la connaissance de ce qui rend heureux ou malheureux et il a connu le malheur et la mort.

    La mort après la faute

    De quelle mort s’agit-il après la faute ? Peut-être le mystère de l’Assomption de Marie peut-il nous aider à entrevoir un peu le projet de Dieu quand l’homme ne l’entrave pas. Marie est pleinement humaine, mais elle n’a jamais agi à la manière d’Adam. Elle connaît le destin que tout homme aurait dû connaître s’il n’y avait pas eu la chute. Or elle a connu, comme tout homme, toute femme, le vieillissement. Et un jour, elle a quitté la vie terrestre, elle a quitté ce monde, tel que nous le connaissons. Elle s’est endormie pour entrer dans un autre mode de vie auprès de Dieu. On parle de la « Dormition » de la Vierge.

    Pour nous, frères d’Adam, il ne s’agit pas seulement de « dormition » comme la Vierge, mais de mort. Saint Paul dit bien ici, dans sa Lettre aux Corinthiens : « la mort est venue par un homme... C’est en Adam que meurent tous les hommes ». Dans la Lettre aux Romains, il dit : « Par un seul homme le péché (on pourrait dire le soupçon) est entré dans le monde, et par le péché la mort... » (Rm 5, 12).

    On peut donc affirmer deux choses :

    • Premièrement, notre corps n’a jamais été programmé pour durer tel quel éternellement sur cette terre, et nous pouvons en avoir une idée en regardant Marie. Elle, la toute pure, pleine de grâce, s’est endormie.
    • Deuxièmement, Adam a contrecarré le projet de Dieu et la transformation corporelle que nous aurions dû connaître, la « dormition » est devenue mort, avec son cortège de souffrance et de laideur. La mort, telle que nous la connaissons, si douloureusement, est entrée dans le monde par le fait de l’humanité elle-même.

    Mais là où nous avons introduit les forces de mort, Dieu peut redonner la vie. Jésus a été tué par la haine des hommes, mais Dieu l’a ressuscité. Lui, le premier ressuscité, il nous fait entrer dans la vraie vie, celle où règne l’amour. Il a accepté de subir le pouvoir de haine et de mort des hommes et il ne leur a opposé que douceur et pardon. Là où la faute a abondé, son amour a surabondé, comme dit Paul. Par lui, désormais, Dieu donne à l’humanité tout entière son Esprit d’amour... C’est cela que Jésus est venu faire parmi nous. Il est venu nous rendre la vie et nous apprendre à la donner : « Moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance » (Jn 10, 10). Car nous sommes faits pour la vie.

    Compléments à 1 Co 15

    1. Le vocabulaire de Paul est nettement moins imagé que celui d’Ézéchiel ou du psaume 22/23, qui sont nos deux premières lectures de ce dimanche, mais le thème est le même. Ézéchiel (dans la première lecture) parle de Dieu et nous dit : « Dieu est avec l’homme comme un berger qui mène ses brebis vers les meilleurs pâturages ». Dans le psaume 22/23, c’est la brebis (entendez le peuple d’Israël) qui parle de son berger et s’émerveille de sa sollicitude : « Il me mène vers les eaux tranquilles... Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer ».

    2. Dans ces deux textes (celui d’Ézéchiel et le psaume), l’image du berger était une manière de parler de la royauté, et on ne perdait pas de vue que Dieu seul est véritablement le roi d’Israël. Paul, lui, qui a eu la chance, l’honneur de rencontrer le Christ ressuscité, sait désormais que c’est le Christ qui instaure lentement mais sûrement ce Royaume de Dieu sur la terre. Paul dit bien : « C’est lui (le Christ) en effet qui doit régner... et quand tout sera mis sous le pouvoir du Fils, lui-même se mettra alors sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis... »

    3. Le Ressuscité est, sans hésitation possible, le Messie attendu depuis des siècles. C’est pourquoi, au fil des Lettres de Paul, on reconnaît toutes les expressions de l’attente messianique de l’époque. Dans le passage que nous lisons aujourd’hui dans la Lettre aux Corinthiens, il y a deux expressions fortes de l’attente d’un Messie Roi : « Tout sera achevé quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance » (Sous-entendu après avoir détruit toutes les puissances du mal ». (Verset 24)… « Il doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis » (Comme l’avait annoncé le psaume 110/109 ; verset 28).

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Alléluia. Alléluia.
    Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
    Béni soit le Règne qui vient, celui de David notre père.
    Alléluia.

    Jésus nous appelle à une remise en question du sens profond de notre vie.

    « Il siégera sur son trône de gloire et séparera les hommes les uns des autres »

    * NS JC, Roi de l'Univers

    Évangile : La venue du Fils de l’homme, pasteur, roi et juge de l’univers.

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 25, 31-46)

    En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !” Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? Tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? Tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? Tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? Tu étais nu, et nous t’avons habillé ? Tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?” Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.” Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.” Alors ils répondront, eux aussi : “Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?” Il leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.” Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. ».

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * NS JC, Roi de l'Univers

    Commentaire 4 a :

    Voilà un texte à la fois dur et plein d’espérance.

    Il concerne notre au-delà, le jugement après notre mort. Dieu alors, n’aura pas à nous demander tout ce que nous aurons gagné, entassé. Tous les titres humains que nous aurions pu acquérir. Une seule chose lui suffit : « As-tu aimé ? ».

    En effet la charité aux autres ne va pas sans l’amour. S’il y a charité c'est-à-dire, aide, aumône sans amour cela signifie que nous le faisons par intérêt, et l’intérêt n’est pas l’amour.

    Ce texte nous invite aujourd’hui à nous interroger sur notre façon de vivre, et plus encore que les motivations de nos actes !

    Croire en Dieu est une bonne chose, mais à quoi cela sert-il si toute notre vie est en contradiction avec Sa parole et Son amour ?

    Jésus ici ne veut pas nous condamner, il nous appelle à une remise en question du sens profond de notre vie. Puissions-nous accepter de vivre devant lui cette introspection personnelle, car nul ne pourra le vivre à notre place.

    Commentaire de Myriam de Gemma – Passionistes de Polynésie – Mars 2017

    * NS JC, Roi de l'Univers

    Commentaire 4 b :

    Notre héritage

    « Venez les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde ». Par cette parabole, Jésus nous révèle notre vocation, le projet que Dieu a sur l’humanité en nous créant : nous sommes faits pour être roi. Et il faut écrire « roi » au singulier. Car c’est l’humanité tout entière qui est créée pour être reine. « Remplissez la terre et dominez-la » dit Dieu à l’homme au commencement du monde. (Gn 1, 28). L’idée que nous nous faisons d’un roi, entouré, courtisé, bien logé, bien vêtu, bien nourri... c’est très exactement ce que Jésus revendique pour tout homme.

    Le Livre du Deutéronome, déjà, affirmait que si l’on veut vivre l’Alliance avec Dieu, il faut éliminer la pauvreté : « Il n’y aura pas de pauvres parmi vous » (Dt 15, 4) au sens de « Vous ne devez pas tolérer qu’il y ait des malheureux et des pauvres parmi vous ». Jésus s’inscrit dans la droite ligne de cet idéal attribué à Moïse.

    Venez, les bénis de mon père

    À tous ceux qui auront su avoir des gestes d’amour et de partage le Fils de l’homme dit : « Venez les bénis de mon Père » : ce qui veut dire « vous êtes ses fils, vous lui ressemblez. Vous êtes bien à l’image de ce berger qui prend soin de ses brebis » dont parlait Ézéchiel dans la première lecture. « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ». Le jugement porte sur des actes concrets. Curieusement, ce n’est pas l’intention qui compte ! Matthieu avait déjà noté une phrase de Jésus qui allait dans le même sens : « Ce n’est pas en me disant : Seigneur, Seigneur ! Qu’on entrera dans le Royaume des cieux ; mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux » (Mt 7, 21).

    Bénis ou maudits ?

    Il reste que ce texte garde un caractère un peu choquant par l’opposition radicale entre les deux catégories d’hommes, les bénis du Père, et les maudits : et d’ailleurs, dans laquelle pourrions-nous être comptés ? Tous, nous avons su, un jour ou l’autre, visiter le malade ou le prisonnier, vêtir celui qui avait froid et nourrir l’affamé... Mais tous aussi, nous avons, un jour ou l’autre, détourné les yeux (ou le porte-monnaie) d’une détresse rencontrée.

    Aucun de nous n’oserait se compter parmi « les bénis du Père ». Aucun non plus ne mérite totalement la condamnation radicale. Dieu, le juste juge, sait cela mieux que nous. Aussi, quand nous rencontrons dans la Bible l’opposition entre les bons et les méchants, les justes et les pécheurs, il faut savoir que ce sont deux attitudes opposées qui sont visées et non pas deux catégories de personnes : il n’est évidemment pas question de séparer l’humanité en deux catégories, les bons et les justes, d’un côté, les méchants et les pécheurs de l’autre ! Nous avons chacun notre face de lumière et notre face de ténèbres.

    Si bien que, contrairement aux apparences, ce n’est pas une parabole sur le jugement que Jésus développe ici : c’est beaucoup plus grave et dérangeant. Il s’agit du lien entre tout homme et Jésus : « Chaque fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait ».

    Il est saisissant de resituer ce discours de Jésus dans son contexte : d’après saint Matthieu, cela se passe juste avant la Passion du Christ, c’est-à-dire que ces ultimes paroles de Jésus prennent valeur de testament. Au moment de quitter ce monde, Celui qui nous fait confiance, comme il nous l’a dit dans la parabole des talents, nous confie ce qu’il a de plus précieux au monde : l’humanité.

    Compléments sur Matthieu 25 :

    • Il faut quand même une belle audace pour célébrer la fête du Christ Roi ! Combien de baptisés se rendront-ils dans les églises ce jour-là pour assister aux célébrations du couronnement ?
    • Tous ces derniers dimanches, les Évangiles nous proposaient ce que j’appellerais des variations sur la vigilance, sur le mot « veiller ». Ici, une nouvelle variation nous est proposée : « veiller » cela peut vouloir dire « veiller sur ».

    La pointe de la parabole

    À y regarder de plus près, en définitive, on l’a vu, ce passage de l’Évangile de Matthieu ne nous offre pas une parabole sur le jugement.

    Au passage, nous avons là une définition intéressante de la justice, aux yeux de Dieu : quand nous parlons de justice, nous avons toujours envie de dessiner une balance. Or ce n’est pas du tout dans ces termes-là que Jésus en parle ! Pour lui, être juste, c’est-à-dire être accordé au projet de Dieu, c’est donner à pleines mains à qui est dans le besoin. D’autre part, il n’y a même pas besoin d’en être conscient : «Quand est-ce que nous t’avons vu ? Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?»... Nous qui nous demandons parfois si le salut est réservé à une élite, nous avons ici une réponse : visiblement, Jésus ne se préoccupe ici ni des titres ni de la religion de chacun : « Quand les nations seront rassemblées devant lui, il séparera les hommes les uns des autres... ». Ce qui veut dire que des non-chrétiens auront le Royaume en héritage et peuvent être appelés « les bénis de son Père » ! C’est parmi des hommes de toutes races, de toutes cultures, de toutes religions qu’il se vit déjà au jour le jour quelque chose du Royaume. Nous savons bien que nous n’avons pas le monopole de l’amour, mais il n’est pas mauvais de nous l’entendre dire !

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Mettons nos pas dans ceux du Christ pour vivre éternellement !

    * NS JC, Roi de l'Univers

    Homélie :

    En ce dernier dimanche du Temps ordinaire, nous fêtons le Christ Roi de l’univers. Mais les textes liturgiques de ce jour nous disent qu’il n’est pas un roi à la manière des grands de ce monde. Il nous est présenté comme le berger qui rassemble. C’est cette bonne nouvelle que nous lisons dès la première lecture dans le Livre d’Ézéchiel. Dieu promet d’aller chercher la brebis perdue et d’en prendre soin : «C’est moi qui ferai paitre mon troupeau et qui le ferai reposer». C’est ainsi que Dieu manifeste toute sa bonté. Cette bonté qu’il promet devient réalité avec la venue de Jésus dans le monde. Tout l’Évangile nous montre qu’il se reconnaît à travers les plus humbles. Il accomplit sa promesse en leur manifestant sa sollicitude.

    Dans la seconde lecture, saint Paul rappelle que le Christ ressuscité est présent au cœur de nos vies. Il est vainqueur de toutes les puissances du mal et de la mort. Il veut nous associer tous à sa victoire. Il marche à la tête de cette immense foule qui monte vers Dieu. Il fera entrer dans son Royaume tous ceux et celles qui l’auront suivi. Le monde sera arraché à la mort. Dieu sera tout en tous. Voilà cette bonne nouvelle qui doit raviver notre espérance.

    L’Évangile s’ouvre avec une perspective grandiose : Jésus annonce que « le Fils de l’homme reviendra dans la gloire ». Tous les anges seront avec lui. Il siègera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui. Ces nations vont disparaître pour former un nouveau peuple selon le cœur de Dieu.

    Dans cet Évangile, nous retrouvons l’image du berger qui rassemble. Par sa puissance, il comble les fossés, il renverse les barrières, il réconcilie ceux et celles qui s’étaient éloignés. Tout au long de l’histoire, Dieu manifeste son désir de rassembler et de réconcilier. Reconnaître la royauté du Christ c’est bâtir des ponts plutôt que des murs, c’est lutter contre toutes les formes de discrimination et de rejet, c’est construire des communautés fraternelles. Notre monde en a bien besoin.

    L’Évangile de ce jour nous rappelle donc que la proximité et la tendresse doivent être notre règle de vie. C’est à l’amour que nous serons jugés. Ce sont les paroles mêmes du Christ : « Venez les bénis de mon Père car j’avais faim et vous m’avez donné à manger, j’avais soif et vous m’avez donné à boire, j’étais étranger et vous m’avez accueilli… ». Il faut se rappeler que ces paroles sont pour toutes les nations. Beaucoup sont surpris car ils ne se souviendront pas d’avoir eu ces gestes de bonté à son égard. Ils découvriront que ce qu’ils ont fait pour le plus petit de ses frères, c’est à lui qu’ils l’ont fait.

    Le pape François nous rappelle que « le salut ne commence pas par la confession de la Royauté du Christ mais par l’imitation des œuvres de miséricorde par lesquelles il a réalisé son Royaume ; celui qui les accomplit montre qu’il a accueilli la Royauté de Jésus, car il fait place dans son sœur à la charité de Dieu. Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour, sur la proximité et la tendresse envers nos frères ». Ce qui fait la valeur d’une vie, c’est notre amour de tous les jours pour tous ceux qui nous entourent. Nous sommes invités à « promouvoir le service du frère » en luttant contre la pauvreté et ses causes.

    Par sa victoire sur la mort et le péché, Jésus nous a ouvert les portes du Royaume. Mais il nous revient d’y entrer déjà à partir de cette vie en nous faisant proches du frère qui demande du pain, un vêtement, un accueil, une solidarité. À travers lui, c’est Jésus qui est là. Il nous promet de récompenser tout acte d’amour, si modeste soit-il. Tout homme qui vit dans l’amour appartient déjà à Jésus. Il est urgent que chacun de nous prenne ses responsabilités dans la construction du Royaume.

    Le jugement vient nous rappeler la primauté des actes sur les paroles. Il ne suffit pas de dire, il faut agir. C’est chaque jour que nous avons à puiser à la source de Celui qui est l’Amour. C’est avec le Christ Roi de l’univers que nous apprenons à aimer comme il nous aime.

    Et bien sûr, c’est en regardant vers la croix du Christ que nous commençons à comprendre : Jésus y a souffert l’emprisonnement, les blessures, la soif, le rejet. Il est allé jusqu’au bout du don. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime ». En ce jour, nous sommes tous invités à mettre nos pas dans ceux du Christ pour vivre éternellement.

    Abbé Jean Compazieu – 18 novembre 2017

    * NS JC, Roi de l'Univers

    Prières :

    1. Demandons la grâce de nous laisser déranger par la Parole de Dieu.

    Père Gilbert Adam

    2. Dieu éternel, tu as voulu fonder toutes choses en ton Fils bien-aimé, le Roi de l’univers ; fais que toute la création, libérée de la servitude, reconnaisse ta puissance et te glorifie sans fin.

    Prions en Église

    3. Dieu notre Père, dans le Christ élevé sur la croix, nous comprenons jusqu’où va ton amour pour les hommes. Réveille en ton peuple la foi au Christ, Roi de gloire et l’espérance d’un salut pour l’univers.

    « Feu nouveau » 47ème année, n° 6, p. 83.

    4. Par notre baptême, nous sommes conviés à intercéder auprès de Dieu pour nos frères et sœurs du monde entier. Prions le Seigneur avec confiance.

    Seigneur, roi de l’univers, écoute-nous :

    Sois notre lumière et notre force pour que nous puissions être

    des signes de ton royaume au cœur du monde.

    Exauce-nous selon ton bon désir,

    toi qui vis et règnes pour les siècles des siècles. Amen.

    Vie liturgique, revue de pastorale liturgique publiée par Novalis

    * NS JC, Roi de l'Univers

    Conclusion :

    Nous célébrons, en ce dernier dimanche de l’année liturgique, la solennité du Christ Roi de l’univers. Il donne un sens concret à notre vie chrétienne. Le Christ est le roi de l’univers, toute chose est créée en lui et pour lui, sa royauté est manifestée sur toute la terre. Par la foi, nous pouvons dire : notre demeure, c’est lui. Notre vie, c’est de vivre en sa présence. Servir, c’est le servir. Il y a ainsi ceux qui ont vécu une vie toute ordinaire dans le Christ sans regarder le bien qu’ils ont fait autour d’eux ! « Seigneur quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? ». La véritable vie est de montrer l’importance de l’enjeu accroché à cette vie unique que Dieu nous a donnée. Le Seigneur sait qui nous sommes, il connaît ses brebis chacune par son nom. Le Christ Jésus nous rappelle une vérité claire et essentielle : l’amour est d’une importance première et dernière. La charité est le nœud de la perfection, celui qui aime accomplit toute la loi.

    Père Gilbert Adam

    Roi et Seigneur

    Tous les hommes sont appelés à former en Jésus-Christ le nouveau peuple de Dieu. En conséquence, ce peuple doit, sans cesser d'être un et unique, s'étendre au monde entier et à tous les siècles afin que s'accomplisse le dessein de Dieu..., qui a voulu rassembler en un seul corps ses enfants dispersés (Jn 11,52).

    À cette fin, Dieu a envoyé son Fils qu'il a constitué héritier de toutes choses (He 1,2) pour être Maître, Roi et Prêtre de l'univers, chef du peuple nouveau et universel des fils de Dieu.

    À cette fin aussi, Dieu a envoyé l'Esprit de son Fils, qui est Seigneur et qui donne la vie (Credo) et qui est, pour toute l'Église et pour chacun des croyants, principe de rassemblement et d'unité dans « l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et les prières » (Ac 2,42).

    En toutes les nations de la terre subsiste l'unique Peuple de Dieu, puisque c'est de toutes les nations qu'il tire ses membres, citoyens d'un royaume dont le caractère n'est pas terrestre mais bien céleste. Car tous les fidèles dispersés à travers le monde sont en communion les uns avec les autres dans l'Esprit-Saint... Mais comme « le Royaume du Christ n'est pas de ce monde » (Jn 18,36), l'Église, peuple de Dieu, en introduisant ce royaume, n'enlève rien au bien temporel des peuples, quels qu'ils soient. Au contraire, elle favorise et assume, dans la mesure où ces choses sont bonnes, les talents, les richesses, les coutumes des peuples, et en les assumant, les purifie, les renforce et les élève.

    L'Église sait en effet qu'il lui faut resserrer ses rangs autour de ce Roi, car c'est à lui que les nations ont été données en héritage (Ps 2,8), c'est vers son royaume qu'afflueront richesses et présents (Ps 71,10 ; Is 60,4 ; Ap 21,24).

    Ce caractère d'universalité qui distingue le peuple de Dieu est un don du Seigneur lui-même qui porte l'Église catholique à s'employer sans arrêt à rassembler toute l'humanité et la totalité de ses biens sous le Christ Chef, en l'unité de son Esprit.

    Concile Vatican II – Constitution sur l'Église « Lumen gentium », § 13

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    * NS JC, Roi de l'Univers

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS :

    Dieu éternel et tout puissant, tu as voulu récapituler toutes choses en ton Fils bien-aimé, le Roi de l’univers ; dans ta bonté, fais que, libérée de la servitude, toute la création serve ta gloire et chante sans fin ta louange.

    Références :

    https://diocese64.org/diocese-services/services-diocesains/catechisme/informations-catchese-catechisme/vivre-l-annee-liturgique/le-temps-ordinaire

    https://www.paris.catholique.fr/christ-roi-de-l-univers.html

    http://vieliturgique.ca/index.php?option=com_content&task=view&id=80

    https://croire.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/Christ-Roi

    https://croire.la-croix.com/Paroisses/Textes-du-dimanche/christ-roi-annee-a

    https://www.prionseneglise.fr/textes-du-jour/messe/2014-11-23

    https://www.aelf.org/2023-11-26/romain/messe

    http://www.catholique-blois.net/actualite/commentaires-evangile/commentaires-devangile/34e-dimanche-a-le-christ-roi-de-lunivers-26-novembre-2017

    http://paroissecolomiers.com/corinthiens-15-20-26-28.html

    http://passionistedepolynesie.e-monsite.com/pages/enseignement-myriam-de-gemma/reflexions-bibliques/matthieu/matthieu-25-31-46.html

    https://www.paroissesaintmaxime.org/commentairesPourSite/20-11-2011.pdf

    http://thierry.jallas.over-blog.com/2017/11/commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-a-fete-du-christ-roi-de-l-univers-26-novembre-2017.html

    http://dimancheprochain.org/7207-homelie-du-34eme-dimanche-du-temps-ordinaire/

    http://www.pere-gilbert-adam.org/Le-Christ-Roi-de-l-univers-A.html

    https://www.prionseneglise.fr/textes-du-jour/messe/2014-11-23

    http://www.abbayedesoleilmont.be/priere/intercessions/index.html

    https://st-pierre.cathocambrai.com/3-les-lectures-commentaire-dimanche-novembre-2017.html

    http://www.vieliturgique.ca/index.php?option=com_content&task=view&id=52

    Magnificat du dimanche 26 novembre 2023 page 336


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