• * 48 - S'ouvrir au Christ

    220901 

    Rubrique « Regards sur la liturgie » – 48

     S’ouvrir au Christ 

    * 48 - S'ouvrir au Christ

    Introduction

    Croire ne signifie pas « savoir », car la foi est une adhésion et non une connaissance. De plus, la foi est un don de Dieu et elle constitue un acte personnel de liberté pour l’homme.

    * 48 - S'ouvrir au Christ

    Dans l’époque de la chrétienté rayonnante, l’itinéraire de foi était un chemin classique : on « naissait » chrétien et on grandissait dans cette foi. L’Église nourrissait le fidèle jusqu’à la maturité, jusqu’au moment où la personne faisait sienne la foi héritée des générations précédentes. C’est alors seulement qu’on accédait à l’adhésion à Dieu et à Jésus-Christ.

    Aujourd’hui, il n’en va plus ainsi : il manque une transmission « automatique » de la foi, donnée par le milieu ambiant. L’Église elle-même n’est plus vue par ceux qui se disent en recherche comme une route vers la foi. Il y a une trentaine d’années déjà le cardinal Ratzinger écrivait : « L’Église est devenue pour beaucoup l’obstacle principal à la foi » !

    Ainsi, l’itinéraire semble s’être inversé : on ne va plus de la vie de l’Église à Dieu et au Christ, mais de Jésus-Christ à Dieu et à l’Église. Ainsi, pour ouvrir les personnes à la foi, il s’agit en premier lieu de leur faire connaître et rencontrer Jésus puis, à travers lui, leur faire connaître et embrasser son corps, l’Église. Dieu lui-même ne semble plus essentiel dans ce cheminement. On peut être homme sans croire en Dieu et la rencontre avec lui ne va plus de soi. La rencontre avec le Christ, en revanche, apparaît comme une féconde possibilité d’ouverture à la foi.

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    Jésus, serviteur de Dieu

    Quand Dieu a envoyé son Fils sur la terre pour être notre Sauveur, il a été envoyé comme un serviteur de Dieu. Et en servant son Père, Jésus est devenu aussi notre serviteur. On aurait pu penser que celui que Dieu a envoyé pour être notre Sauveur, notre Rédempteur et notre Roi se manifeste dans une splendeur céleste, pour que le monde comprenne immédiatement qui il était et pourquoi il était venu. Mais la Bible dit qu'au contraire il a renoncé à être égal avec Dieu et qu'il « a pris une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes » (Ph. 2, 7).

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    Le vrai serviteur !

    Le Nouveau Testament dit très clairement que le Seigneur attend de nous que nous prenions l’humble position de serviteurs. Ce n'est pas là une obligation secondaire que nous pouvons accepter ou refuser à notre guise. C'est la base même des vraies relations avec Jésus-Christ et notre prochain. Tout disciple doit choisir cette humble position s'il veut connaître la communion avec le Christ et la sanctification dans sa vie. Notre position de serviteur de Jésus-Christ ne nous confère aucun droit : nous sommes la propriété absolue de notre divin Maître. Il peut disposer de nous et nous traiter comme il Lui semble bon.

    Un autre point important, c'est que nous sommes les serviteurs de Celui qui a accepté d'être Lui-même esclave.

    Extrait de la présentation d’une étude de Roy Hession « Le chemin du calvaire »

    Venu pour servir

    Par nature, nous recherchons notre propre intérêt, et nous sommes portés à croire que si seulement les autres nous servent et se comportent bien envers nous, nous serons heureux. La source du vrai bonheur est bien entendu plus profonde que cela ! Jésus a dit : « Je suis au milieu de vous comme celui qui sert » (Lu. 22, 27).

    Il l'a démontré très clairement en étant un modèle dans le fait d'être serviteur. Il dit aussi de lui-même : « C'est ainsi que le Fils de l'homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs. » (Mt. 20, 28).

    Jésus ne servait pas les autres pour être honoré par eux, mais parce qu'il les aimait. A vrai dire, il s'appliquait à servir ceux qui ne pouvaient rien lui donner en retour. Les petits enfants, les estropiés, les aveugles, les boiteux et tous ceux qui étaient rejetés de la société pouvaient venir à Jésus et trouver la consolation et la guérison. Jésus servait parce qu'il aimait les autres, pas parce qu'ils le méritaient. Ce n'est pas juste de servir et de vouloir le bien seulement envers ceux dont nous estimons qu'ils le méritent ! Jésus aimait la justice et haïssait l'iniquité, c'est pourquoi Dieu l'a oint d'une huile de joie au-dessus de ses égaux. (Hé. 1, 9). Pour le dire autrement, il était l'homme le plus heureux que la terre n'ait connu !

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    Marcher dans ses pas, prendre sa croix

    Pour se déclarer disciple du Christ, rien de plus simple : il faut agir comme lui. Pour le devenir, rien de plus difficile : il faut prendre sa croix et le suivre.

    Vie liturgique, revue de pastorale liturgique publiée par Novalis

    Chaque dimanche nous proclamons, avec toute l’Église, le Credo : « Je crois en Dieu le Père tout puissant, à son Fils unique Jésus-Christ le Seigneur, à l’Esprit-Saint… ». Et, par-là, nous nous affirmons chrétiens. Mais si les événements viennent mettre à l’épreuve notre foi, nous sommes vite déstabilisés, troublés… parce que nous aurions voulu (comme Pierre) que Dieu agisse autrement avec nous.

    En réalité ce que le Seigneur attend de nous ce ne sont pas de grandes déclarations mais notre adhésion à sa personne. Donc, lui faire confiance envers et contre puisqu’il est le Christ, l’Envoyé du Père, le Sauveur du monde.

    Dans une de ses Lettres, saint Jacques a insisté sur l’authenticité de la foi et a dénoncé une foi qui en resterait aux mots sans passer aux actes : « La foi est bel et bien morte si elle n’est pas mise en œuvre ».

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    Bien souvent, hélas, nous parlons de l’amour de Dieu, nous lisons et méditons la Parole de Dieu, nous consacrons du temps pour la prière… et, dans le concret de notre existence, nous trahissons l’Évangile par nos duretés, nos jugements et nos intolérances.

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    Nous avons besoin de nourrir notre foi, de l’éclairer, de l’approfondir afin que notre connaissance du Christ soit de plus en plus intense et ferme, afin de pouvoir marcher à sa suite.

    Jésus est le Chemin, la Vérité, et la Vie. Lui seul peut nous ouvrir les portes de la joie et de la paix. Comme nous le chantons en ouverture de cette messe, disons-lui : « Je te suivrai Jésus, montre-moi le chemin ».

    Père Jean-Marc – Abbaye Notre-Dame d’Acey – Le 16 septembre 2018

    Apprendre à s’ouvrir aux autres : comment faire ?

    Genèse 2 : 18 (LSG) « L’Éternel Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul ; Je lui ferai une aide semblable à lui ».

    L’être humain est un être social. Il a ce besoin naturel de vivre en société, d’appartenir à une communauté, de se sentir protégé, entouré et aimé. Dieu le sait et c’est la raison pour laquelle Il a créé Ève pour être avec Adam. Bien que la société exerce des influences désagréables sur notre mode de vie et sur notre manière de voir les choses, bien qu’elle nous impose parfois des règles et des normes injustes, la société est avant tout une institution divine, car c’est Dieu qui l’a créée.

    Psaumes 133:1 (LSG) « Voici, oh ! Qu’il est agréable, qu’il est doux pour des frères de demeurer ensemble ! ».

    Pour combler ce vide, pour satisfaire ce besoin social chez l’être humain, Dieu a créé de différents types de communautés aussi merveilleuses les unes que les autres, notamment : la famille, l’église, le bureau, l’école, l’université, la société (au sens courant du terme), etc.

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    Bien sûr, aucune institution sociale n’est parfaite et aucune relation humaine n’est exempte de différends et de conflits. Mais ce ne sont pas des raisons pour se forger une carapace et rester seul dans sa zone de confort. Au contraire, en tant qu’enfants de Dieu, nous sommes appelés à prouver au monde que nous pouvons dépasser tout cela et profiter pleinement de la société, telle que Dieu l’aurait voulu.

    Timidité, complexe, orgueil, rancune sont autant de raisons, de barrières qui nous empêchent de nous ouvrir à autrui. Mais bien sûr, il en existe d’autres.

    1. Dépasser la timidité.

    Soyons clairs, la timidité en soi n’est pas une faiblesse. Mais elle le devient lorsqu’elle nous empêche de vivre selon le dessein de Dieu. Sommes-nous habitués à travailler de manière solitaire et isolée ? Nous adorons prendre du bon temps seul, nous nous sentons plus à l’aise lorsqu’il n’y a pas beaucoup de gens autour de nous. Telle est peut-être notre personnalité et Dieu la comprend. Mais parfois, il est nécessaire de faire des efforts pour déconstruire sa carapace et s’ouvrir à l’autre. Nous avons besoin de compagnie, de soutien, d’aide, d’affection et d’amour. Dieu le sait et c’est pourquoi Il nous a donné une famille, Il nous a donné des amis, des collègues de travail et des frères à l’église. Alors, faisons cet effort, essayons de profiter de la présence des gens que Dieu met autour de nous.

    2. Vaincre le complexe.

    Le complexe d’infériorité, c’est ce sentiment d’être inférieur aux autres, de posséder beaucoup de défauts et de faiblesses, d’avoir une opinion très négative de soi-même. Cela va évidemment à l’encontre de la volonté de Dieu pour notre vie, puisque nous ne savons plus nos justes valeurs, nous n’avons plus confiance en nous, et nous nous renfermons sur nous-mêmes. Nous n’osons pas aborder les gens, nous avons peur d’être rejetés car nous ne sommes pas assez bien, assez intelligents, assez diplômés, assez fortunés… Essayons de vaincre cette attitude !

    Il est dit dans Malachie 2:10 (LSG) : « N’avons-nous pas tous un seul père ? N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ? ». Nous sommes aussi l’œuvre de Dieu. Nous avons beaucoup de qualités et un grand potentiel qui se cachent au fond de nous-même. Nous avons de la valeur aux yeux de Dieu ! Alors ne faisons pas de ce complexe un blocage pour nous empêcher de vivre une vie sociale épanouie !

    3. Fuir l’orgueil.

    Esaïe 5 :21 (LSG) « Malheur à ceux qui sont sages à leurs propres yeux, et qui se croient intelligents ! ».

    L’orgueil, c’est plutôt l’inverse. Nous croyons tellement en nous et en nos compétences que nous nous imaginons que nous n’avons plus besoin de personne. Nous dénigrons les autres et les rabaissons. Bien évidemment, cela nous empêchera d’entrer en contact facilement avec notre entourage. Nous aurons tendance à être passifs dans nos relations avec autrui. Ainsi, nous attendons que ce soit l’autre qui fasse le premier pas sous prétexte que c’est lui qui a besoin de nous !

    Attention, ne tombons pas dans ce piège non plus ! Nous avons du potentiel, nous avons des compétences, nous avons des talents, mais nous avons aussi nos faiblesses. C’est pourquoi, nous avons aussi besoin de l’aide d’autrui.

    4. Oublier les rancunes.

    « Tel m’a blessé, je ne lui parlerai plus jamais ».

    La quatrième grande barrière que nous devons surmonter est la rancune. Personne n’est parfait, nous faisons tous des erreurs. Nous avons peut-être été blessés au plus haut point, mais Dieu nous enseigne à pardonner : « Et s’il a péché contre toi sept fois dans un jour et que sept fois il revienne à toi, disant: Je me repens, – tu lui pardonneras » (Luc 17:4).

    Chaque jour, Dieu nous appelle à purifier notre cœur, à évacuer la colère et la rancune qui tentent d’y rester. Oublions le passé, pardonnons à autrui et n’hésitons pas à rétablir les liens. Nous n’avons rien à y perdre !

    « Enfin, soyez tous animés des mêmes pensées et des mêmes sentiments, pleins d’amour fraternel, de compassion, d’humilité » (1 Pierre 3 : 8).

    Alors, chers enfants de Dieu, apprenons à dépasser ces barrières, déconstruisons notre carapace, et profitons au maximum de la présence des gens que Dieu a mis autour de nous, car chaque relation est une bénédiction !

    Fréquence chrétienne

    Nous vivons dans un monde où il y a de plus en plus d’incroyants. Même dans notre Église, beaucoup ont perdu la foi. La nouvelle évangélisation ne consiste pas tant à chercher des nouvelles méthodes pour partager et enseigner une doctrine, qu’elle consiste à conduire les gens vers le Christ, elle consiste à provoquer cette rencontre où Dieu pouvant parler à leur cœur, les oreilles s’ouvriront, les langues se délieront ! Certes, nous ne pouvons rien par nous-mêmes : c’est Jésus qui est Seigneur et Sauveur.

    Myriam de Gemma – Passionistes de Polynésie – Septembre 2012

    Ephata

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    « Ephata », c'est-à-dire « Ouvre-toi ».

    Lors de la célébration du baptême d'un adulte, le prêtre lit précisément ce passage de l'Évangile de Marc, puis il touche les oreilles et les lèvres du baptisé en disant : « Ephata », c'est-à-dire « Ouvrez-vous, afin de proclamer, pour la louange et la gloire de Dieu, la foi qui vous a été transmise ». On entend résonner ici la prière du psaume : « Seigneur, ouvre mes lèvres et ma bouche annoncera ta louange » (Ps 50/51, 17), tout autant que la phrase de Paul : « Nul ne peut dire Jésus est Seigneur, si ce n'est par l'Esprit-Saint » (1 Co 12, 3). Dieu seul peut nous inspirer pour parler de lui, mais c'est notre liberté qui choisit de proclamer sa louange.

    Dans l'Évangile grec de Marc (Mc 7, 31-37), le mot araméen à l'impératif n'est pas transcrit « ephata » mais « ephphata ». En langue araméenne, Ephata signifie « ouvre-toi ». Jésus ne l’a employée qu’une seule fois, pour guérir un sourd.

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    Jésus ne fait aucune différence entre les personnes. Jésus aime tous les hommes également car pour lui, tous sont fils de Dieu et tous ont besoin d’être sauvés d’une souffrance que ce soit celle de la maladie, celle de la pauvreté ou encore celle de l’exclusion ou celle du péché… et lorsqu’un homme souffre quelle que soit sa souffrance, quelle que soit sa religion, sa nationalité, c’est un frère qui souffre, c’est un fils de Dieu qui souffre. Jésus entend toujours le cri des malheureux.

    Pourtant, du temps de Jésus, les aveugles, les sourds, les boiteux, les muets, ne pouvaient pas approcher de Dieu… On leur interdisait l’accès des sanctuaires, car on pensait que s’ils souffraient c’est qu’ils avaient fait du mal. Jésus refuse cette vision des choses.

    Lorsque Jésus touche un homme qui souffre et le touche là où il a mal, il touche sa bouche car il est muet, il touche ses oreilles car il est sourd. Jésus n’a pas peur de la maladie, Jésus est amour et l’amour est plus fort que la maladie. Chaque jour, Jésus s’approche de chacun de nous et vient toucher nos blessures physiques, psychologiques, spirituelles, humaines… Jésus s’approche de nous. Approchons-nous de lui, confions-lui nos vies, nos souffrances et croyons en son amour.

    Après avoir touché le sourd-muet là où il souffre, Jésus lui dit : « Ephata ! Ouvre-toi », c’est-à-dire « Ne reste pas replié sur toi, mais ouvre-toi à ma présence, à mon amour, à mon salut ». Cette parole, Jésus la dit régulièrement à chacun de nous. Jésus invite chacun de nous, à ne pas se refermer, à ne pas se replier sur lui, à ne pas se désespérer, mais à s’ouvrir à l’espérance et au bonheur que seul Dieu peut nous apporter.

    Pour parler à notre cœur, pour venir nous rejoindre au plus profond de nos souffrances, Jésus nous invite à nous retirer avec lui loin du regard des autres, loin du bruit, loin de la foule. Si nous acceptons de demeurer avec lui dans le silence, lui, il viendra parler à notre cœur, il viendra nous consoler et sa consolation donne le bonheur véritable, le bonheur d’être aimé de Dieu.

    Monastère bénédictin Sainte-Marie de Bouaké

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    S’ouvrir aux autres, c’est accueillir Dieu et Vivre !

    Notre cœur est comme une maison, avec une unique porte d’entrée…

    L’ouvrir à Dieu, c’est l’ouvrir aussi aux autres…

    Et ouvrir sa porte aux autres, c’est aussi l’ouvrir à Dieu

    Nous vivrons donc notre relation avec Dieu en vivant aussi la relation avec les autres, quels qu’ils soient, Dieu nous invitant à être toujours ouverts, prêts à accueillir, ce qui n’empêche pas certaines mises en garde : « Méfiez-vous du levain des Pharisiens » (orgueil, soif de pouvoir, hypocrisie, voracité…)…

    Le Christ nous dit : « Le Paradis, c’est l’accueil de l’autre, et avec lui, de l’Autre ». C’est pourquoi le Pape François nous invite à «développer le goût spirituel d’être proche de la vie des gens, jusqu’à découvrir que c’est une source de joie supérieure», la Joie même de Dieu ! L’amour pour les gens est une force spirituelle qui permet la rencontre totale avec Dieu, à tel point que celui qui n’aime pas son frère « marche dans les ténèbres », « demeure dans la mort » et « n’a pas connu Dieu » (1 Jn 2,11 ; 3,14 ; 4,8). Benoît XVI a dit que « fermer les yeux sur son prochain rend aveugle aussi devant Dieu »…

    Ainsi, quand nous vivons la mystique de nous approcher des autres, afin de rechercher leur bien, nous dilatons notre être intérieur pour recevoir les plus beaux dons du Seigneur. Chaque fois que nous rencontrons un être humain dans l’amour, nous nous mettons dans une condition qui nous permet de découvrir quelque chose de nouveau de Dieu. Chaque fois que nos yeux s’ouvrent pour reconnaître le prochain, notre foi s’illumine davantage pour reconnaître DieuCette ouverture du cœur est source de bonheur, car « il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir » (Ac 20, 35).

    Personne ne vit mieux en fuyant les autres, en se cachant, en refusant de compatir et de donner, en s’enfermant dans le confort. Ce n’est rien d’autre qu’un lent suicide.

    Seigneur Jésus, toi qui nous as rappelés que l’essentiel est d’aimer Dieu et tous ceux et celles qui nous entourent (Mt 22,34-40), apprend-nous à aller vers les autres et à nous donner pour construire ensemble un monde de paix

    Jacques Fournier, diacre – Chemin de Carême, le 5 avril 2014

    Le Père Olivier Praud, prêtre du diocèse de Luçon, enseigne la théologie à l’institut catholique de Paris. Dans le « Magnificat » de septembre 2021, il nous communique son point de vue quant à la manière de s’ouvrir au Christ :

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    S’ouvrir au Christ

    « Ephata ! » (Mc 7,31-37). Quand résonne dans l’église cette parole du Christ, un futur baptisé s’ouvre à l’Esprit du Dieu Vivant qui le fait naître à la vie nouvelle. Mais, pour un chrétien plus aguerri, un changement décisif peut se produire.

    Ce qui était enfermé en lui boursouflé par son égoïsme ou sa frilosité à tout risquer, est saisi par le souffle divin. « Ouvre-toi ! ». L’invitation du Christ ne cesse de se répandre chaque fois qu’elle est prononcée. La Liturgie est, en quelque sorte, l’écrin où il se donne quand nous nous assemblons pour la prière commune. Ainsi alors que les rentrées en tout genre dynamisent le mois de septembre, la liturgie propose à chacun de laisser la vie de Dieu entrer en lui-même. D’ailleurs, si la pandémie a réduit nos horizons humains, sociaux et spirituels, cet appel lancé par le Christ, le premier dimanche du mois de septembre, ne peut laisser indifférent. Il rejoint cette volonté de la liturgie qui oblige à sortir de son quant-à-soi et à devenir membre du Corps du Christ, un corps tissé de la diversité même des dons de l’Esprit-Saint.

    Un appel de toute éternité

    * 48 - S'ouvrir au Christ

    Cet ephata n’est pas une invention missionnaire de Jésus. Parce qu’il est le fils d’Israël, il ne peut ignorer les multiples échos de ce murmure divin. Depuis les premiers mots de la Genèse, Dieu ne cesse d’inviter son peuple à lui laisser la première place. D’ailleurs, les prophètes d’hier et d’aujourd’hui n’arrêtent jamais de dénoncer l’endurcissement des cœurs, cette disposition maladive qui empêche de se mettre à l’écoute du Seigneur. Peut-être parce qu’en chacun se tient une subtile résistance : « J’y arriverai bien tout seul ! » Cependant, les Écritures témoignent des merveilles que Dieu fait surgir lorsque cette parole est accueillie dans toute sa radicalité : Moïse devient un libérateur ; Jérémie, Amos, des prophètes déterminés ; Daniel, celui qui redonne l’espérance à Israël au cœur de l’exil à Babylone.

    Il n’est alors pas surprenant qu’au milieu de l’Évangile de Marc, cet appel soit lancé à un sourd-muet ! En effet, cet homme concentre en lui toutes nos incapacités : sa « non-audition » et sa « non parole » nous rappellent nos inconséquences, signes de notre incapacité à nous recevoir d’un autres. Et nous la cultivons jusqu’à devenir sourds et muets devant Dieu et les hommes. Parce que Jésus se dévoile comme celui qui écoute le Père et qui est sa parole au milieu des hommes, il peut être celui qui rend à l’homme sa parole et son écoute originelles. Les oreilles qui souvent, la langue qui se délie et la parole devenue audible marquent ce temps nouveau suscité par l’admonestation de Jésus : « Ouvre-toi ! ».

    * 48 - S'ouvrir au Christ

    La liturgie fonctionne sur l’oralité. Elle est à la fois parole prononcée et parole écoutée. Par nature, elle est « dialogale », car elle s’enracine dans ce grand dialogue entre Dieu et son peuple qu’elle ne cesse de rendre effectif, afin que l’homme apprenne à vivre selon le cœur de Dieu. Chacun de nos amen est le signe.

    Un appel qui résonne dans la liturgie

    Depuis quelques mois, une nouvelle traduction du Missel Romain a été mise en service. Sa nouveauté tient moins à l’évolution des formulations qu’à la redécouverte de ce que parfois nous n’entendons plus que d’une oreille distraite. Face à notre surdité routinière, des mots vont prendre une saveur nouvelle et raviver en chacun cette attitude fondamentale : « Ouvre-toi ! Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà ne la voyez-vous pas ? » dit le Seigneur (Is 43,19).

    En prenant conscience de ces changements, nous sommes appelés à entrer dans une véritable humilité, car la liturgie est toujours déjà l’œuvre de Dieu en nous, elle est un don qu’il nous fait ! Par son Esprit, le Saint Père modèle ainsi nos paroles pour les rendre semblables à celles de son Fils. Voilà pourquoi l’oraison dominicale, le Notre Père, donnée aux catéchumènes dans les derniers instants de leur chemin vers le baptême, demeure le modèle de toute prière chrétienne. Afin « que le père reconnaisse les paroles de son Fils quand nous prions », disait Cyprien de Carthage dans son commentaire du Notre Père. La liturgie protège ce don et le transmet par des gestes choisis, des mots et des attitudes qui inscrivent ce don en chacun, et engendrent les réponses de la louange et de l’intercession.

    « Ephata », principe d’une forme de vie

    Cyprien poursuit : « le fils qui habite dans nos cœurs doit être aussi dans notre choix ! ». L’ephata qui a résonné le jour de notre baptême n’est pas resté lettre morte.

    Mystérieusement, souvent à notre insu, il a accompli son œuvre. Il a élargi les limites de notre existence et orienté nos pas. Pour ce faire, la liturgie nous le fait réentendre régulièrement au long de notre vie chrétienne. Parce qu’elle est un «catéchuménat» permanent, elle cesse de nous inviter à refaire les mêmes gestes, prendre les mêmes attitudes et entendre les mêmes paroles. Non pour lasser, évidemment, mais parce qu’apprendre à vivre de Dieu, en Dieu et avec Dieu ne peut se faire en une seul fois. D’autant que ces « savoir-être » du royaume établissent ceux qui les vivent dans une nouvelle familiarité avec le père. Notre élection baptismale n’est pas une sélection sur nos mérites et notre lignage, mais une adoption plénière et sans condition. Quand le Notre Père résonne en réponse à l’ephata, il révèle notre destinée commune : nous reconnaître enfant d’un même Père, appelés à la charité.

    Dès lors, en remettant notre foi sur l’axe fondamental de notre baptême, la liturgie rétablit cette capacité primordiale d’être façonnés par la parole de Dieu. Une parole qui fait ce qu’elle dit, qui donne forme à la terre et au ciel, qui donne la vie à l’Adam ensommeillé et le conduit vers la vie. Le péché originel est bien celui de se fermer à cette parole. Quand Dieu vient dans le jardin et lance son « Où es-tu ? » (Gn 3,8), la réponse tarde à venir. En nous apprenant à répondre à l’appel de Dieu, la liturgie donne à notre vie forme de l’ephata, une vie ouverte à la Caritas divine.

    Ouvre-toi à la vie de Dieu

    Après la guérison du sourd-muet, Jésus demande de ne rien dire à personne, mais cela ne marche pas : plus il leur donnait cet ordre, plus ceux-ci le proclamaient (Mc 7,36). Est-ce un simple artifice rhétorique pour magnifier plus encore le miracle ? Il faut peut-être plutôt y voir l’irrépressible joie de celui qui désormais vit Dieu. Comme la joie illumine le visage des néophytes après leur pleine initiation chrétienne dans la nuit de Pâques, ainsi en est-il pour celui dont l’ephata devient la forme de vie. S’ouvrir à la vie de Dieu n’est en rien un renoncement à soi-même, mais bien plutôt la plénitude de toute existence. La liturgie, l’a bien compris quant au terme de la prière liturgique, elle nous demande de partir « dans la paix du Christ ». Notre état de vie est désormais celui de la paix même de Dieu.

    Quand nous entendons à nouveau cette invitation du Christ, ne craignons pas d’y apporter notre réponse. Demandons-nous surtout comment nous allons la laisser se déployer et se répercuter autour de nous. Parler ainsi n’appelle pas seulement à une charité plus effective, mais à ce qu’elle soit véritablement missionnaire. C’est-à-dire qu’elle transforme aussi bien celui qui en est le bénéficiaire que celui qui exerce. L’appel du Christ est de faire entendre les sourds et parler les muets. A l’instar du personnage évangélique, ne résistons pas à l’Esprit du Dieu vivant.

    Père Olivier Praud – « Magnificat » de septembre 2021 page 2 à 6

    * 48 - S'ouvrir au Christ

    Conclusion

    La Parole que le Christ nous transmet a besoin de silence pour être écoutée. C’est une parole qui purifie, qui réconcilie et qui rétablit la communication.

    Dieu n’est pas fermé sur lui-même, mais il s’ouvre, il se met en communication avec l’humanité. Pour réaliser cette communication, Dieu s’est fait homme. Il ne lui a pas suffi de parler par le biais des prophètes. Il s’est rendu présent en la personne de son Fils. Le Christ est Celui qui donne Dieu à l’homme et l’homme à Dieu.

    Jésus veut nous rejoindre. Aujourd’hui comme autrefois, il continue à nous dire : « Ouvre-toi ! » Ne reste pas enfermé dans tes soucis personnels ni dans tes relations habituelles. Ouvre-toi à la Parole de Dieu ! Ouvre tes oreilles pour l’écouter ! Ouvre ta langue pour la communiquer.

    Pourquoi « Ephata » est-il écrit avec un seul T comme on le voit écrit le plus souvent ? Honnêtement, vous pouvez l’écrire à peu près comme vous voulez ! C’est pourquoi on le voit écrit sous toutes les formes possibles et imaginables : effata, ephphata, ephata, efata… En fait, l’Araméen n’a pas de correspondance stricte avec le dictionnaire français.

    Mais si vous voulez briller en société, sachez que l’orthographe du mot approuvée et validée par l’Église, c’est « Éphphatha ». En grec, cela s’écrit εφφαθα, et אפתח en araméen !

    Dans tous les cas, c’est bien cette ouverture que nous souhaitons transmettre à tous ceux qui, avec Ephata, pourront voyager partout et rencontrer des chrétiens dans le monde entier !

    Sachons accueillir cet appel à nous ouvrir à notre paroisse, à notre diocèse et au monde dans lequel nous vivons. Notre mission de chrétiens baptisés et confirmés c’est de bâtir avec Jésus des communions ouvertes et accueillantes aux autres. Soyons plus spécialement attentifs aux blessés de la vie, ceux qui n’ont jamais la parole et que personne n’écoute. N’oublions jamais qu’ils ont la première place dans le cœur de Dieu.

    Synthèse de recherches proposée par les Frères André B. et Jean-Paul VS,

    Chevaliers et Grands Officiers de l'Ordre de la Sainte-Croix de Jérusalem

    Références :

    https://monasterodibos e.eu/fondatore/articoli/articoli-su-riviste/6311-comment-souvrir-a-la-foi

    https://frequencechretienne.fr/apprendre-a-souvrir-aux-autres-comment-faire/

    https://www.jevismafoi.com/souvrir-aux-autres-cest-accueillir-dieu-et-vivre/

    Magnificat du mois de septembre 2021 page 2, 3, 4, 5, 6.


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