• * 53 - Pâque hebdomadaire des chrétiens

    220421 - La Pâque hebdomadaire des chrétiens

    Rubrique « Regard sur la liturgie » – 53

    A l’occasion du début de la deuxième période du Temps ordinaire, voici un nouveau thème de réflexion, proposé par notre Frère Jean-Paul VS : la Pâque hebdomadaire des chrétiens.

     * 53 - La Pâque hebdomadaire des chrétiens

    Accordons tout d’abord priorité à une réflexion du Père Gaëtan Baillargeon, docteur en théologie et en histoire des religions :

     La Pâque hebdomadaire des chrétiens 

    Après la Pentecôte, l’année liturgique revient dans le temps ordinaire, qui correspond au cours de l’année hors des temps privilégiés de l’Avent et de Noël, du Carême et du Temps pascal. Les solennités de la Sainte Trinité et du Saint-Sacrement précèdent le retour des dimanches du temps ordinaire, en latin Per annum. Il ne faut pas y voir pour autant que ces dimanches seraient ordinaires. « En vertu d’une tradition apostolique dont l’origine remonte jusqu’au jour même de la résurrection du Christ, l’Eglise célèbre le mystère pascal chaque huitième jour, qui est nommé à juste titre jour du Seigneur ou jour dominical » (Constitution sur la sainte liturgie, n° 106).

    Célébrer Pâques, ce fut tout d’abord célébrer le dimanche. « Aussi le jour dominical est-il le jour de fête primordiale qu’il faut proposer avec insistance à la piété des fidèles […], il est le fondement et le noyau de toute l’année liturgique ». A l’exception de quelques grandes solennités et des fêtes du Seigneur, rien ne peut l’emporter sur la célébration du cycle des dimanches. Il faut en effet attendre le 2ème siècle pour voir apparaître une fête annuelle de Pâques, dont la date ne sera définitivement fixée qu’au concile de Nicée, en 325.

    Deux interdits soulignent la dimension pascale du dimanche. Avant le développement du triduum pascal, la rupture du jeûne à la fin de la vigile marque l’entrée dans la fête. Puisque le dimanche, c’est Pâques, il est interdit de jeûner ce jour-là, tout comme durant les cinquante jours du temps pascal. Quant au 20ème canon du concile de Nicée, il prescrit de prier debout les dimanches alors que certains avaient pris l’habitude de « fléchir le genou le dimanche et pendant les jours de la Pentecôte ». Debout, l’assemblée dominicale célèbre la victoire du Seigneur ressuscité et préfigure la foule immense des sauvés qui se tient debout devant le trône et devant l’Agneau pour la liturgie céleste. (Ap 7,9).

    Premier et huitième jour

    La constitution sur la liturgie parle du dimanche, premier jour, comme d’un huitième jour, faisant ainsi écho aux apparitions du Ressuscité aux disciples le soir même de la résurrection et huit jours après (cf. Jn 20,19-26). Saint Justin propose une autre signification : « Nous nous assemblons tous le jour du soleil, parce que c’est le premier jour où Dieu, tirant la matière des ténèbres, créa le monde, et que, ce même jour, Jésus-Christ notre Sauveur ressuscita des morts » (Justin, Première Apologie, n° 67, dans La philosophie passe au Christ Adalbert-Gautier Hamman, Paris DDB, P. 95.). Le dimanche fait donc mémoire à la fois de l’œuvre de la création depuis le commencement du monde et de la résurrection, premier jour de la nouvelle création.

    La lettre de Barnabé, au début du 2ème siècle, qualifie le dimanche de huitième jour et lui donne une dimension eschatologique. Après les sept jours de la création, la résurrection nous fait entrer dans un jour qui n’aura pas de fin. « Je ferai le commencement d’un huitième jour, c’est-à-dire le commencement d’un autre monde ».

    Voilà bien pourquoi nous célébrons comme une fête joyeuse le huitième jour pendant lequel Jésus est ressuscité des morts et, après être apparu, est monté aux cieux (Lettre de Barnabé XV, n° 8-9, Cerf, sources chrétiennes, p. 172)

    Par la résurrection de Jésus, nous sommes entrés dans la création nouvelle, inaugurée le matin de Pâques. Voici bien le jour de fête et de joie qui trouvera plénitude lors de la venue en gloire du Seigneur ressuscité. En célébrant le dimanche, nous communions à toute l’histoire du salut.

    Cette dimension pascale des dimanches du temps de l’année se retrouve tout spécialement dans les textes liturgiques de la liturgie des heures et de l’Eucharistie.

     * 53 - La Pâque hebdomadaire des chrétiens

    L’Eucharistie dominicale

    Puisque l’Eucharistie est mémorial du mystère pascal, sa célébration est fondamentalement liée au dimanche. L’insertion d’une mention propre dans la prière eucharistique le souligne explicitement : « Nous voici rassemblés devant toi, et, dans la communion de toute l’Église, en ce premier jour de la semaine, nous célébrons le jour où le Christ est ressuscité d’entre les morts » (P.E. II). La bénédiction de l’eau, lors de l’aspersion au début des messes dominicales, fait mémoire du baptême qui est notre plongée dans le mystère pascal. Plusieurs préfaces des dimanches rendent grâce pour la résurrection du Christ et ses merveilles.

    Le psautier de la liturgie des heures

    La liturgie des heures des dimanches célèbre aussi la résurrection du Christ. La présentation générale de la liturgie des heures nous indique que : « Pour le dimanche, même à l’office de lecture et à l’heure médiane, on a choisi les psaumes qui, selon la tradition, sont particulièrement capables d’exprimer le mystère pascal » (PGLH, n° 129). Un titre, une citation du Nouveau Testament ou des Pères de l’Église, et une antienne précèdent chaque psaume ou cantique pour interpréter à la lumière du Christ. Les dimanches, ils permettent de nous faire entrer dans la dimension pascale de la liturgie des heures.

    Notons la place privilégiée accordée au psaume 117. Il chante au verset 22 : « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ». Ce verset, Jésus le cite dans la parabole des vignerons homicides comme une annonce prophétique de sa Pâques (cf. Mt 21,42).

    Pierre le cite aussi devant le grand conseil de Jérusalem pour annoncer la résurrection de Jésus (cf. Ac 4, 11), et la Première Lettre de Pierre le reprend en parlant du baptême (cf. 1 P 2,7). Il s’agit bien du psaume pascal par excellence, et on le retrouve tous les dimanches, en alternance à l’office du matin ou du milieu du jour.

    Le samedi soir

    Le cantique de Philippiens 2, retenu pour les premières vêpres des dimanches, célèbre le mystère pascal de la mort et de l’exaltation du Christ ressuscité. L’antienne du cantique de Marie au commun des dimanches nous renvoie à la dimension pascale du jour. Ainsi, le samedi soir de la première semaine propose celle-ci : « Pâques nouvelle, ô Christ ressuscité, tu as vaincu la mort, tu nous donnes la vie, alléluia ».

    Les laudes ou l’office du matin

    Les deux hymnes qui ouvrent l’office du matin en alternance font mémoire de la résurrection. Dans la première, N’allons plus nous dérobant, chaque strophe chante : « Le Seigneur est ressuscité » et la seconde, « Ô Père des siècles », demande à Dieu d’envoyer sur la terre le souffle du premier-né d’entre les morts. Les textes de la Parole de Dieu font tous référence à Pâques, mais de différentes manières : l’Agneau vainqueur de l’Apocalypse, l’annonce prophétique de la Nouvelle Alliance dans Ezéchiel 36, et enfin l’hymne « Souviens-toi de Jésus-Christ ressuscité » de la Deuxième Lettre à Timothée. Comme pour les antiennes du commun pour le cantique évangélique font mention de la résurrection du Seigneur.

    Le dimanche soir

    L’hymne « Reste avec nous, Seigneur Jésus » proposée la première et la troisième semaine, donne la tonalité en évoquant le repas d’Emmaüs le soir même de Pâques. Les antiennes du Magnificat, au commun des dimanches, font toutes référence au mystère de la résurrection et de notre baptême dans le Christ.

    Célébrer Pâques chaque dimanche pour en faire « le jour de fête primordial », voilà ce que nous propose la liturgie. C’est aussi une invitation à développer une spiritualité pascale du jour du Seigneur.

    Père Gaëtan Baillargeon,

    prêtre de l’archidiocèse de Sherbrooke, docteur en théologie et en histoire des religions

    Directeur de l’Office national de liturgie de la conférence des évêques catholique du Canada

    de 2002 à 2013

    Il nous a semblé utile de vous proposer à présent quelques rappels et d’autres précisions.

    Que signifie pour nous l’expression « célébrer Pâques » ?

    Loin de la gourmandise des œufs en chocolat que les enfants se disputent, Pâques est certainement la fête la plus importante du calendrier chrétien.

     * 53 - La Pâque hebdomadaire des chrétiens

    Pâques emprunte son nom à la fête juive de Pessah mais les traditions sont bien différentes entre les deux religions. La Pâque juive a pour origine une fête des bergers nomades (la Pâque, sacrifice de printemps) et une fête agricole (la fête des Azymes ou des pains sans levain). Elle commémore la libération du peuple juif de l’esclavage qu’il subissait en Égypte. Le mot Pessah signifie « passage ». Il désigne le passage de Yahweh qui frappa les maisons des Égyptiens et épargna les Israélites et il commémore le passage de la mer Rouge.

    Pessah est l’une des fêtes juives les plus connues et appréciées. C’est l’une des trois fêtes avec Chavouot (Pentecôte) et Souccot (fête des Cabanes) à l’occasion desquelles les Israélites faisaient un pélerinage au Temple de Jérusalem.

    Du point de vue spirituel, Pessah célèbre la sortie d’Égypte. Après plus d’un siècle d’esclavage en Égypte, Dieu libère les Hébreux. La fête commémore en particulier la nuit où Dieu a épargné les maisons des Hébreux pendant la 10ème plaie (la mort des premiers nés) et le jour suivant où les Israélites quittèrent précipitamment l’Égypte.

    Ainsi, la fête de Pessah célèbre l’intervention de Dieu qui a fait passer les Israélites de l’esclavage à la liberté. Elle évoque Dieu comme libérateur de l’humanité, ce qui constitue un fondement de la conception de Dieu et de l’éthique dans le judaïsme. Pessah marque aussi l’anniversaire de la naissance du people juif en tant que nation libre.

    En hébreu, le mot Pessah vient du verbe ‘’passah’’ qui signifie « passer au-dessus ». Cela rappelle comment Dieu est passé par-dessus les maisons des Hébreux pendant la nuit de la dixième plaie. Le mot Pessah rappelle aussi l’agneau pascal qui était sacrifié au Temple à l’occasion de la fête.

    Extrait du site « Cybercure.fr »

     * 53 - La Pâque hebdomadaire des chrétiens

    Dans la religion chrétienne, Pâques correspond à la résurrection du Christ, trois jours après sa mort. Cette fête s'échelonne sur une semaine complète et succède au Jeudi Saint, en mémoire de la Cène, et du Vendredi Saint où Jésus est mort sur la croix. Mais la période de Pâques est encore plus longue et débute avec le Carême, 40 jours avant Pâques. Traditionnellement, le dimanche de Pâques est le grand moment de l'année pour les catholiques, un jour chômé où l'on assistait à la messe, y communiait après s'être confessé (d'où l'expression "faire ses Pâques").

    Extrait du site rtl.fr

    Les chrétiens ont reconnu dans la mort et la résurrection de Jésus l’accomplissement de ce que préfigurait la sortie d’Égypte : la libération du mal et de la mort et l’entrée dans la vie donnée par Dieu.

    La première célébration de la résurrection du Christ fut la célébration hebdomadaire de chaque dimanche, premier jour de la semaine. Le Nouveau Testament ne fait aucune mention d’une fête annuelle chrétienne de Pâques. Elle n’apparut qu’ensuite, au second siècle. Les Églises d’Orient, restées proches de la tradition juive, célébraient Pâques le 14 Nissan (quel que soit le jour de la semaine) commémorant ainsi la mort de Jésus. À Rome, on célébrait Pâques le dimanche jour de la Résurrection.

    Au concile de Nicée (en 325), toutes les églises se sont mises d’accord pour se distinguer des juifs et pour que la Pâques chrétienne soit célébré le dimanche qui suit la pleine lune (14 Nissan), après l’équinoxe de printemps.

    Extrait du site « Cybercure.fr »

     * 53 - La Pâque hebdomadaire des chrétiens

    L’Eucharistie, mémorial du mystère pascal, nécessite quelques explications !

    Le Triduum pascal commence par la messe du soir du Jeudi saint faite en mémoire de la Cène au cours de laquelle Jésus institua l’Eucharistie. On lit le récit de la Pâque juive avec l’agneau pascal (Exode 12,1-14), puis le texte de saint Paul sur le repas du Seigneur (1 Cor. 11,23-26) et l’Évangile du lavement des pieds (Jean 13,1-15) Pendant cette lecture, le célébrant lave souvent, devant l’autel, les pieds de quelques fidèles. Après la célébration, l’Eucharistie est transportée solennellement en un lieu que l’on nomme « reposoir » où l’on peut se recueillir en méditant l’agonie de Jésus à Gethsémani et son appel « Veillez et priez ».

    Pendant le Triduum pascal, le Vendredi saint, on célèbre la passion et la mort de Jésus sur la croix spécialement lors de l’office de la fin de l’après-midi en lisant le récit de la passion selon saint Jean en faisant la vénération de la croix. Le Triduum pascal est marqué aussi par le chemin de croix du Vendredi saint à trois heures.

    Le Samedi saint est un jour de silence et d’attente. La célébration de la résurrection commence le samedi soir à la Veillée Pascale.

     * 53 - La Pâque hebdomadaire des chrétiens

    L’Eucharistie du jour de Pâques est célébrée dans la joie : « Christ est ressuscité ».

    L’Eucharistie, mémorial du Mystère Pascal

    Depuis deux mille ans, l’Église est en marche. Conduite par la puissance de l’Esprit-Saint, elle va infatigablement vers la plénitude de la vérité et l’accomplissement définitif en Dieu.

    L’Eucharistie n’est pas seulement le mémorial du Mystère pascal dans le sens de se souvenir et de rendre présente la Pâque de notre Seigneur. L’Eucharistie est aussi un mémorial qui met le croyant devant la question de son propre, « je me souviens; je fais mémoire », un mémorial qui met toute la communauté de l’Église devant la question: qu’est-ce que cela signifie: « je me souviens ; je fais mémoire »?

    « Je me souviens », c’est-à-dire « je suis présent » au Mystère de la Pâque, « je me laisse entraîner » dans telle dimension du monde, dans laquelle Dieu sauve chaque homme et l’humanité tout entière. C’est avec la grâce de la foi et le pouvoir d’un homme se relevant sans cesse que je monte sur le Calvaire pour voir, contempler l’Unique Agneau Pascal.

    « Je me souviens, je fais mémoire, d’une manière eucharistique » veut dire que je ne suis pas ailleurs mais au cœur de l’Église, au cœur de l’homme et au cœur du Dieu même.

    « Je me souviens » signifie aussi « je rends présent ce Mystère là où je suis ». L’homme qui n’a mis ses pieds qu’une seule fois au Golgotha, avec le don de la grâce de la foi, porte à jamais dans son cœur la marque du sacrifice pascal. « Je me souviens d’une manière eucharistique » signifie que je suis une image vivante et un témoin de la mort et de la résurrection de notre Seigneur. Non seulement je rends présent au monde le Mystère de la Pâque du Seigneur, mais je deviens moi-même en quelque sorte la Pâque pour ma famille, pour mes amis, ceux qui sont proches et ceux qui sont plus loin.

    Nous serions ingrats envers l’Eucharistie, si nous l’enfermions sur les autels du monde entier. Nous serions de simples spectateurs du sacrifice de salut du Christ sur le Calvaire, si nous ne devenions, nous-mêmes, le Calvaire.

     * 53 - La Pâque hebdomadaire des chrétiens

    L’Eucharistie est un mystère enraciné dans le Mystère pascal.

    La question se pose donc maintenant sur le mystère.

    Il faut être avant tout, humble, devant le Mystère. Car si nous sommes en présence de quelque chose qui nous dépasse – et l’Eucharistie dépassera toujours l’homme – soit nous adoptons une attitude d’humbles serviteurs, laquelle nous permettra d’entrer de plus profondément dans le mystère de la Pâque, soit nous adoptons une attitude d’intendants, ou même une attitude de maîtres du mystère, ce qui, non seulement, fermera l’accès à une connaissance plus profonde de l’Eucharistie, mais surtout discréditera et appauvrira la valeur du Mystère aux yeux du monde entier. L’homme qui ne peut pas accepter sa petitesse devant le Corps et le Sang du Seigneur, montre aux autres – plus ou moins consciemment – que le Mystère même n’est pas grand-chose.

    L’humilité devant le mystère signifie une foi simple et profonde, que, pour Dieu, le pain et le vin, le Corps et le Sang, sont suffisants pour racheter le monde entier.

    Le Mystère invite non seulement à l’humilité. Le Mystère appelle aussi à la connaissance.

    Si donc l’Eucharistie est un Mystère Pascal, et nous sommes conscients d’être encore au bord de ce grand Mystère, n’ayons pas peur de prendre le large. Laissons-nous emporter par ce désir naturel de connaître ce qui est encore impénétrable ! Ne nous laissons pas inculquer que nous savons tout et que nous avons déjà tout connu.

    Croire que l’Eucharistie est un Mystère, c’est, en fait, ne jamais cesser de connaître plus profondément la Pâque de notre Seigneur.

    L’Eucharistie est un mystère de la Pâque.

    La Pâque est avant tout le passage à la liberté.

    Quand Jésus, l’Agneau pascal, a été immolé sur la croix, Dieu dans la mort de son Fils a fait sortir l’humanité sur le chemin de la liberté.

    Tous les jours, dans l’Eucharistie, sur les autels du monde entier, Dieu parle sous l’espèce du Pain et du Vin en Jésus-Christ.

    Si pour nous la mort et la résurrection de Jésus-Christ est la Pâque de la Nouvelle Alliance, et l’Eucharistie en est le mémorial et la présence, il est difficile de parler du don libérateur de l’Eucharistie si elle n’est pas mangée. Ni le Corps ni le Sang du Seigneur ne seront jamais un don ni pour nous ni pour le monde, s’ils ne sont pas mangés dignement.

    Extraits de l’homélie du 17 juin 2008 du Cardinal Stanislaw Dziwisz

     * 53 - La Pâque hebdomadaire des chrétiens

    L’Eucharistie, entrée dans la mort et la résurrection du Christ

    L’Eucharistie, sommet et source des sacrements, produit au plus haut degré ce qu’elle signifie. Comme l’a rappelé Benoît XVI dans l’exhortation Sacramentum Caritatis, « l’Eucharistie nous attire dans l’acte d’offrande de Jésus. Nous ne recevons pas seulement le Logos incarné de manière statique mais nous sommes entraînés dans la dynamique de son offrande ». Que pouvons-nous donc attendre de notre participation à l’Eucharistie ? Comment le mystère pascal de Jésus, dont l’Eucharistie est le mémorial perpétuel et actif, peut-il être reproduit en nous ?

    Le Jeudi saint doit être pour le chrétien, l’occasion d’approfondir son regard sur l’Eucharistie puisque ce « si grand mystère » fut donné aux hommes au cours de la dernière Cène du Seigneur. Ce qui nous importe, c’est de purifier la manière dont nous usons du sacrement qui vient achever notre « initiation chrétienne », de renouveler la façon dont nous nous incorporons au Mystère pascal dont l’Eucharistie est le mémorial perpétuel et actif, c’est-à-dire sanctifiant. L’Eucharistie, « sommet et source des sacrements », produit au plus haut degré ce qu’elle signifie. Que pouvons-nous attendre alors de notre participation à l’Eucharistie ? De quelle manière le mystère pascal de Jésus peut-il être reproduit en nous ?

    Le mémorial : un agir sauveur de Dieu promis à l’éternité par sa réalisation en l’homme

    Rappelons que le Christ fut « crucifié pour nous et pour notre salut ». Nous devons donc chercher dans cette direction humanitaire le sens de la messe. D’ailleurs, si le Mystère pascal est l’Acte sauveur par excellence, c’est qu’il est tout entier tendu vers la constitution de l’homme nouveau, l’homme re-créé à l’image de Dieu, selon le prototype du Fils incarné. L’Eucharistie, en étant son mémorial, est le lieu privilégié dans lequel l’homme extérieur « va à sa ruine » et l’homme intérieur se construit, en enracinant en nous par la foi et en fondant sur l’amour la Présence réelle et spirituelle du Premier-Né d’entre les morts. C’est le concept même de mémorial : une entrée en relation avec Dieu, basée sur un agir sauveur promis à l’éternité par sa réalisation en l’homme. Saint Paul a écrit : « Si, par le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la puissance du Père, est ressuscité des morts ». Or ce qui est vrai du baptême ne l’est-il pas a fortiori de l’Eucharistie qui en est l’aboutissement ?

    Donner à l’offertoire la dynamique de soi et les amenuisements de sa vie

    Je trouverais donc dans la messe à détruire mon vieil homme et à construire mon homme nouveau. Ces deux actes, qui forment échange, seront l’achèvement, c’est-à-dire la réalisation spirituelle en moi du Mystère pascal de Jésus offrant sa vie d’homme au Père et recevant de Lui la gloire dans la puissance vitale de sa résurrection. Il y aura donc d’abord à la messe, unie à l’offrande de Jésus, l’offrande de ma personne dans son entièreté : ses puissances et ses faiblesses. L’Offertoire est le premier temps, essentiel, de cet échange par lequel j’abandonne au Père, dans une action de grâce renouvelée, les dons qu’Il m’a fait et les morts qu’Il me permet de souffrir. C’est, à proprement parler, l’Eucharistie de la vie quotidienne que saint Paul demandait aux Romains : offrir sa personne en sacrifice capable de plaire à Dieu. Profitant de l’intelligente symbolique juive, assumée par le Christ, j’associerai à l’offrande, par le prêtre, du pain représentant la nourriture roborative, le don de tout ce qui en moi est force existentielle : intelligence et volonté, talents et vertus, dons et charismes, aspiration à être, cette dynamique de soi qui m’est connaturelle…

    À l’opposé et en complément, je verserai dans le calice du vin de la consolation toutes les faiblesses, amenuisements, incompréhensions, échecs qui forment, au moins en ce jour, les limites du contenant de ma vie.

    Jean-Marie Le Gall, prêtre – La communauté Saint-Martin

     * 53 - La Pâque hebdomadaire des chrétiens

    L’Eucharistie, Mystère des mystères

    « Tout le Mystère du Christ est dans le Mystère de l’Eucharistie ». Cet aphorisme cher à l’abbé Guérin résume la spiritualité liturgique de l’Église, à condition de pénétrer le sens du « mystère » chrétien et d’en bien saisir le déploiement au long de l’année liturgique.

    Quand le langage commun désigne par « mystère » une réalité insaisissable à la raison et fascinante pour l’imagination, en raison de sa nature secrète ou transcendante, l’usage chrétien dit davantage : le mystère est une action que Dieu accomplit en faveur des hommes pour, au moyen de signes visibles, leur donner part au Salut.

    Dieu a révélé dans son Fils la plénitude du Mystère. En chacune de ses paroles et actions terrestres, le Christ a opéré le dessein salvifique de Dieu qu’il a porté à son achèvement en mourant sur la Croix et en ressuscitant. Le Mystère pascal de la mort et de la glorification du Seigneur accomplit ainsi l’œuvre du Salut en récapitulant l’Histoire Sainte et chaque mystère de la vie du Rédempteur.

    Célébrer l’Eucharistie en l’inscrivant dans le déroulement de l’année liturgique, c’est communier avec le Christ à chacun de ses mystères afin de recevoir les grâces que le Seigneur y a attachés en les vivant Lui-même. Ainsi, tout au long de l’année liturgique, à chaque Eucharistie, la grâce du Mystère pascal vient nous rejoindre d’une manière particulière, nous aidant ainsi à l’accueillir et à la faire nôtre.

    Thomas Diradourian, prêtre – La communauté Saint-Martin

    C’est en fonction de ce commandement du Seigneur « Faites cela en mémoire de moi » (Lc 22, 19 ; 1 Cor 11, 24.25) que l’Église a considéré, depuis ses origines, le grand mystère qui avait été confié à sa garde et qu’elle était appelée à transmettre fidèlement tout au long des siècles jusqu’au retour glorieux du Christ.

    L’Eucharistie est donc vue comme un acte institué par Jésus lui-même, s’inscrivant dans l’histoire du salut, dans cet intervalle de temps qui s’écoule entre sa mort et son retour dans la parousie.

    Il n’y a aucune fracture entre l’acte fondateur de Jésus au cours du repas « la veille de sa passion » ou « la nuit même où il fut livré » et la pratique ultérieure de la communauté croyante.

    La conformité entre l’ensemble du message annoncé par le Maître et les événements de sa mort et résurrection trouve sa synthèse la plus cohérente et originale dans le commandement de transmettre les signes du dernier repas.

    Extraits du site « clerus.org »

    « L’Eucharistie est le prolongement réel et universel du mystère de l’incarnation… La transformation du pain au corps du Christ par la vertu du Saint-Esprit est un renouvellement de l’acte merveilleux par lequel il se forma un corps dans le sein de la Vierge par la vertu du même Esprit et l’assuma dans sa personne. Dans l’incarnation, il apparaissait pour la première fois dans le monde ; dans l’Eucharistie, il multiplie sa présence substantielle à travers le temps et l’espace ».

    M. J. Scheeben, grand théologien catholique – « Les mystères du christianisme »

     * 53 - La Pâque hebdomadaire des chrétiens

    L’Eucharistie est Mémorial de la Mort et Résurrection du Christ

    L’Eucharistie est Mémorial de la Mort et Résurrection du Christ. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ? Le Mémorial est mémoire, présence et mystère.

    L’Eucharistie est Mémorial de la mort et résurrection du Christ. Jésus nous a donné l’Eucharistie le soir du Jeudi Saint.

     * 53 - La Pâque hebdomadaire des chrétiens

    Nous entrons ensemble dans ce grand Triduum Pascal et les textes qui nous sont proposés pour la messe du Jeudi-Saint sont d’une richesse incroyable. La première lecture nous rappelle la pâque juive, comme mémorial de la sortie d’Égypte. La deuxième lecture qui nous rappelle l’institution de la très sainte Eucharistie et l’Évangile avec le lavement des pieds.

    L’Eucharistie est un « Mémorial », le mémorial de la mort et de la résurrection du Christ. Et un mémorial, c’est trois choses : c’est une mémoire, évidemment, c’est une « présence » et c’est un « mystère ».

     * 53 - La Pâque hebdomadaire des chrétiens

    L’Eucharistie nous rappelle les événements de notre salut.

    Un mémorial, c’est d’abord une mémoire. Nous répondons ainsi au commandement que Jésus nous a laissé : « Faites ceci en mémoire de moi ». Dans la vie chrétienne, la mémoire c’est très important parce que notre Dieu, c’est un Dieu qui se révèle dans les événements de l’histoire, dans les événements de notre vie, dans les événements de salut. Alors, faire mémoire, c’est se rappeler ces événements de notre salut.

     * 53 - La Pâque hebdomadaire des chrétiens

    Par l’Eucharistie, on est rendu présent à la Croix du Christ.

    De quoi fait-on mémoire dans l’Eucharistie? On fait mémoire bien sûr du dernier repas de Jésus mais surtout des événements que ce repas annonçait, c’est-à-dire la mort et la résurrection de Jésus. C’est de cela dont on fait mémoire. Mais le mémorial, ce n’est pas seulement se rappeler des événements du passé. En faisant mémoire de ces événements, on les rend présents. Ou bien on se rend présent à ces événements-là. Cela est déjà vrai dans notre monde humain. Des fois on peut parler d’une personne qu’on a connue, on peut se rappeler les événements qu’on a vécus avec telle personne qui est décédée et c’est comme si elle était présente. Et non seulement comme si, mais en quelque part, elle est réellement présente. Mais cela est encore plus vrai pour ce qui est de Jésus. En faisant mémoire des événements du salut, on se rend présent. C’est vrai aussi pour les événements de nos vies : quand on fait mémoire des moments où le Seigneur est passé dans nos vies de manière spéciale, on réactive la grâce qui nous a été donnée à ce moment-là. C’est la raison pour laquelle le témoignage est si important. À chaque fois qu’on témoigne du passage de Dieu dans nos vies, on réactive la grâce, on rend présente la grâce de ce moment exceptionnel. Et à quoi est-ce qu’on se rend présent? Quand on célèbre l’Eucharistie, est-ce qu’on rendu physiquement présent au pied de la croix? Est-ce qu’on est comme les spectateurs qui ont assisté à la mort de Jésus sur la croix? Bien sûr que non. Est-ce qu’on est comme Marie et Jean au pied de la croix, qui ne sont pas seulement des spectateurs mais qui communient profondément à ce que Jésus est en train de vivre? Oui, mais plus encore. Car Jean et Marie, lorsqu’ils vivent la Passion et la mort de Jésus sur la croix, ils n’ont pas encore la pleine connaissance de ce qui est en train de vivre là. Cela va être révélé seulement par l’Esprit-Saint plus tard. Nous, à travers l’Eucharistie, on fait mémoire de la mort et résurrection de Jésus, on est rendu présents non pas au pied de la croix physiquement, mais on est rendu présent au « Mystère » qui est en train de s’accomplir sur la croix.

    C’est par la foi qu’on communie au mystère qui est rendu présent pour nous dans l’Eucharistie. À chaque fois que nous communions dans la foi à cela, ce qui s’est accompli sur la croix, quand Jésus a dit : « Tout est accompli », cela s’accomplit petit à petit dans nos vies.

    Nicolas Tremblay, prêtre dans le diocèse de Joliette (Québec – Canada)

    Synthèse de recherches proposée par les Frères Jean-Paul VS et André B.

    Chevaliers de la Sainte-Croix de Jérusalem

    Références :

    Magnificat de juin 2021 n° 343 page 2-3-4-5-6

    https://cybercure.fr/les-fetes-de-l-eglise/paques/semaine-sainte/article/origine-histoire-date-de-la-fete-de-paques

    https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/paques-2021-que-celebrent-les-chretiens-7900013818

    https://www.vatican.va/roman_curia/pont_committees/eucharist-congr/documents/rc_committ_euchar_doc_20080617_dziwisz-49-congr_fr.html

    https://www.communautesaintmartin.org/article/dossier-sub-signo-martini-n14-l-eucharistie-2/

    http://www.clerus.org/clerus/dati/2002-03/25-999999/02SAIIFR.html

    https://evangeliser.net/leucharistie-est-memorial-de-la-mort-et-resurrection-du-christ/


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