• * 54 - Brève histoire de la messe

    220416 – Brève histoire de la messe

    Rubrique « Regards sur la liturgie » n° 54

     Brève histoire de la messe 

    Jésus nous a-t-il donné la « messe » telle que nous la connaissons aujourd’hui ? Non ! La messe à laquelle nous participons est le fruit d’une longue tradition qui a évolué au cours des siècles.

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    Mais, tout d’abord, rappelons le sens premier et l’origine du mot « messe ».

    Le mot « messe », déformation gallo-romaine de « missa », vient du participe passé du verbe latin « mittere » qui signifie « envoyer ». A la fin des assemblées de prière eucharistique, le prêtre ou un diacre reprend cette expression « ite missa est ! » qui signifie « Allez, la messe est dite ! ». C’est « l’envoi », dernière partie de l’office, pouvant sous-entendre : « Allez vivre votre mission de chrétien dans le monde ! ».

    Le mot « messe », dans la religion catholique, est actuellement appelée « eucharistie », et désigne la célébration du sacrifice du corps et du sang de Jésus-Christ présent sous les espèces du pain et du vin. L’Évêque et les prêtres sont les célébrants habituels de l’eucharistie.

    Extrait du site de l’Eglise catholique de France

    Le Concile Vatican II (1962‐1965) a remis à l’honneur le mot « eucharistie » (action de grâce) à la place du mot « messe ». Le mot « eucharistie » a été utilisé par Luc et Paul dans le Nouveau Testament. Elle est « source et sommet » de la vie chrétienne. Cette redécouverte nous rend fiers d’être baptisés et inscrits dans cette lignée de croyants à travers les siècles (dont plusieurs martyrs) qui ont professé leur foi en Jésus, mort et ressuscité, le Christ, centre de notre vie de foi et aussi centre de l’humanité et de l’univers.

    Source : Église catholique de France

    1. D’où vient la messe ?

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    Jésus et la « messe »

    Jésus a vécu la Cène avec ses Apôtres la veille de sa Passion à Jérusalem. Il n’a pas donné de nom à ce repas spécial partagé avec ses disciples pour la Pâque juive. Mais, il a dit : « Vous ferez cela en mémoire de moi… ». C’est le mot d’ordre qu’il a formulé sans autre indication. Même si les premiers chrétiens ont vécu, ensemble, ce mémorial, dès les premières décennies après la mort et résurrection de Jésus, ce n’est qu’au 4ème siècle de notre ère que le mot « messe » commence à se rapporter à ce rite eucharistique. Le mot qui fait son apparition dans le vocabulaire remplace les expressions « repas du Seigneur » et « fraction du pain ». Il sera officialisé au 6ème siècle. Mais, avec la Cène, Jésus pose les fondements du rite eucharistique, la « messe ».

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    Quelques instants avant la Cène, Jésus a procédé au lavement des pieds de ses Apôtres (Cf. Évangile de St‐Jean). En fait, par ce geste, Jésus met en lien deux moments (le lavement des pieds et la Cène) pour inciter ses Apôtres, et nous aujourd’hui, à nous présenter à l’eucharistie avec humilité et charité.

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    Les Évangélistes Marc, Matthieu, Luc et l’Apôtre Paul (qui ne sont ni des reporters ni des journalistes) écrivent sous l’inspiration de l’Esprit-Saint. Grâce à Lui, ils ont mis par écrit la Tradition orale des premières communautés chrétiennes concernant les paroles fondatrices de la « fraction du pain ». Précisons que tout en étant diversifiés, les quatre récits évangéliques de l’évènement de la Cène sont étroitement liés à la Passion du Nazaréen. C’est le «mémorial d’un acte d’amour».

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    La « messe » des Apôtres

    Après le départ du Christ, les Apôtres ont été laissés à eux‐mêmes. Ils étaient désorganisés. Pour répondre à la demande du Christ de « refaire le mémorial » qu’il leur a laissé en héritage à la Cène, ils ne savaient pas comment faire. Ils ont donc continué à fréquenter le temple juif et à « rompre le pain » à domicile. L’Apôtre Paul a apporté du nouveau chez les Apôtres : ce ne sera plus le fait d’être juif, mais bien d’avoir été baptisé qui permettra de participer à la « fraction du pain », désormais tenue le dimanche, premier jour de la semaine, jour d’une Création nouvelle, Jésus ressuscité.

    Puis, comme le Christ a choisi ses Apôtres, ceux‐ci choisiront leurs successeurs pour présider la « fraction du pain ». Les chrétiens qui célébraient la «fraction du pain» à leur domicile, ont changé leur coutume et l’ont ensuite célébrée là où ils se rassemblaient. Comme langage liturgique, les chrétiens passeront de l’araméen au grec. Le pain ordinaire ou azyme sera utilisé indistinctement tout comme le vin rouge ou le jus de raisins.

    Même si la liturgie chrétienne se différencie de la liturgie juive, elle en garde quelques reliques : la prière eucharistique naît des bénédictions juives tout en faisant du repas un sacrifice. Cela nous vient de la Torah. La liturgie se transfigurera tout au long des siècles. Une seule célébration se comprend comme un même sacrifice avec deux composantes : la liturgie de la parole avec commentaire et la liturgie de la fraction du pain et le partage de la coupe de vin. Ces changements apportés à la liturgie juive connue des premiers chrétiens ont été vécus selon les circonstances de l’époque et en obéissance au souffle de l’Esprit-Saint.

    2. Comment se déroulait la messe au temps des apôtres ?

    La messe instituée par le Seigneur lui-même, à la veille de sa mort, est la messe de toujours grâce aux apôtres qui ont veillé à la faire respecter en fixant une série de règles structurelles.

    La messe instituée par le Seigneur lui-même, le soir du Jeudi saint, veille de sa mort, dans le cénacle, est d’origine divine. C’est la messe de toujours. Les apôtres qui y avaient communié pour la première fois, prenaient bien soin de faire ce qu’ils avaient vu faire par Jésus, sans rien changer, si ce n’est ajouter quelques prières.

    Au début, on ne parlait pas de messe mais d’une rencontre fraternelle (agape) pendant laquelle l’apôtre, après une prière de remerciement ou prière eucharistique racontait la Cène avec les mêmes paroles : « Ceci est mon corps, ceci est mon sangFaites cela en mémoire de moi », puis tout le monde communiait. Mais le Christ n’étant plus – même s’il avait promis aux disciples qu’il reviendrait (Jn 14, 1-3) – et les apôtres n’étant pas éternels, il a bien fallu penser à une organisation bien réglée, fixe, qui respecte, au fil du temps, la « dignité » de la célébration telle qu’il l’avait enseignée, et ne fasse rien perdre de ces moments incroyables vécus avec Lui.

    Le problème s’est posé aux apôtres dès la venue de l’Esprit-Saint promis par Jésus et répandu sur eux lors de la Pentecôte. Tel est le début de l’Église, cinquante jours après Pâques.

    Les premières célébrations

    Tout est dit dans les Actes et les Lettres des Apôtres qui rapportent l’histoire des premières communautés chrétiennes : « Tous les croyants vivaient ensemble, et ils avaient tout en commun (…) Chaque jour, d’un même cœur, ils fréquentaient assidûment le Temple, ils rompaient le pain dans les maisons, ils prenaient leurs repas avec allégresse et simplicité de cœur » (Ac 2,46).

    Dans les maisons, le souvenir de la vie du Seigneur est évoqué. Les disciples racontent tous les repas pris ensemble, les pains multipliés pour les foules, les attentions du Christ pour eux, ses enseignements, ses miracles… Se dessinent ainsi les premiers contours du Nouveau Testament qui nourrira ensuite notre « liturgie de la Parole ».

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    « La fraction du pain »

    Dans les Actes des apôtres, saint Luc décrit les célébrations au cours desquelles des milliers de nouveaux baptisés sont « assidus à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières ». Maintenant on ne parle plus « d’agape » mais de « fraction du pain » pour désigner ces célébrations. C’est le premier nom de la messe.

    Les rassemblements se déclinent en deux temps : la Parole et le Pain. Les tables sont désormais remplacées par des « autels eucharistiques », peut-on lire dans la Lettre aux Hébreux (13,10), rédigée entre les années 60 et les années 80-90. Le jour du Seigneur, établi le dimanche, jour de sa Résurrection, est devenu le premier jour de la semaine pour se distinguer du Sabbat (le samedi), consacré à Dieu en souvenir de la création, selon l’Ancien Testament, et en être le prolongement dans le Nouveau Testament.

    Une communauté assidue

    La célébration dominicale du Jour et de l’Eucharistie du Seigneur est désormais au cœur de la vie de la jeune Église. Elle doit être observée comme le principal jour de fête de précepte. Et les fidèles sont invités à l’assiduité de toutes les assemblées, comme rappelé dans la Lettre aux Hébreux : « Ne délaissons pas nos assemblées, comme certains en ont pris l’habitude, mais encourageons-nous, d’autant plus que vous voyez s’approcher le Jour du Seigneur » (Hé 10,25). La première littérature chrétienne se constitue. Une littérature qui ne cessera de s’imposer avec la disparition des premiers témoins et le début des persécutions.

    Extraits d’un article d’Isabelle Cousturié publié le 11 mars 2018 sur le site « Aleteia »

    3. Evolution de la messe

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    La « messe » a beaucoup évolué durant ces premiers siècles du christianisme. A l’époque des persécutions (les années 100 à 313), la vie de l’Église est d’abord clandestine. C’est une période importante car le Concile Vatican II s’en inspirera pour sa réforme liturgique. La « messe » est à présent identifiée sous le nom d’«eucharistie». Elle est réservée aux baptisés. Les prières sont inspirées des bénédictions accompagnant les repas juifs. Ce qui importe, c’est de faire unité autour de l’évêque et ses presbytes.

    La « messe » de 313 à 604 après Jésus-Christ

    Pour l’Église, cette période appartient aux « Pères de l’Église » nommés aussi «Docteurs de la foi» et «Pères de la liturgie». Ils ont amené la liturgie à maturité.

    Les chrétiens, de plus en plus nombreux, se rassemblent alors dans ces lieux précis pour vivre « la fraction du pain », nommée « rite de l’eucharistie » ou encore « la messe ». La liturgie eucharistique n’est pas encore unifiée. Entre autres, elle se vit différemment d’une église à l’autre.

    Au 7ème siècle, la liturgie était bilingue : latin et grec se côtoyaient dans une même messe. A cette époque, les célébrations liturgiques bénéficiaient encore d’une grande liberté. Désignant la « fraction du pain » ou « eucharistie », le mot « messe » était surtout utilisé par le peuple dans l’expression « la messe est finie » ! Ce n’est qu’avec Vatican II que le mot « eucharistie » remplacera graduellement le mot «messe».

    La « messe » dans la Tradition romaine et la renaissance carolingienne (751‐1014)

    Les fidèles souhaitaient voir ce qui se passait devant eux avant d’être totalement désintéressés de la « messe ». De nouvelles coutumes se sont alors multipliées : les processions, les encensements, les génuflexions,… afin de répondre aux vœux des assemblées de fidèles.

    La « messe » gothique (1014‐1517)

    Cette époque a vu naître de grands théologiens, mais la liturgie a connu nombre de dérives en dévotions marginales dans le peuple. C’est aussi une époque marquée par un certain débat s’effectuant sur la présence réelle du Christ dans l’hostie et le vin consacrés.

    La « messe » et l’époque moderne

    En liturgie, c’est le calme plat : c’est toujours la « messe gothique » qui est officielle. Aucun renouvellement sinon quelques légers changements qui laissent le peuple indifférent.

    Concile de Trente (1545‐1562)

    Avec la Congrégation des Rites et Cérémonies, c’est la centralisation romaine qui a pris le dessus en matière liturgique. Le latin était utilisé comme barrage pour contrer tout dérapage liturgique. La messe en latin fut maintenue principalement pour poursuivre un principe d’uniformité.

    La « messe » et le Concile de Vatican II (1962‐1965)

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    Une nouvelle réforme liturgique s’amorce. Ce qui est visé, c’est la participation de tout le Peuple de Dieu, sans distinction des rôles dans la restauration et la mise en valeur de la liturgie. Désormais, la « messe – eucharistie » sera célébrée tournée vers le peuple car les fidèles doivent participer « consciemment » « pieusement » et « activement » à l’action sacrée. Pour cela, ils doivent comprendre les rites et les prières dans leur langue.

    Tournée vers le peuple, la liturgie est le culte, non pas uniquement, ou seulement, celui de Jésus-Christ ou encore d’un prêtre qui le représente, mais celui de toute l’Église dont les membres, unis « par la foi et le baptême » au Christ qui en est le chef, s’offrent avec Lui. Ainsi, dans la liturgie, les fidèles en sont les acteurs associés. Cela favorisera donc la participation « pleine, consciente et active » de tous les baptisés. Il faut comprendre les rites et ses prières pour offrir à Dieu le sacrifice du Christ en union avec Lui, animés du souffle de l’Esprit.

    Cette réforme encourage à vivre le culte dans la variété, l’autorité et les langues vivantes. La « messe de Paul VI » exprimera un lien direct entre la Cène et la Passion. Quant au moment de la Consécration, il n’est pas un moment magique mais c’est «le mémorial d’un acte d’amour et du sacrement d’un mystère : le corps brisé et le sang versé».

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    Si la liturgie pénitentielle a été introduite au début de la messe, l’Offertoire a été allégé, la bénédiction finale de la messe a été amputée d’un Évangile. Le plus gros de la réforme a touché la « Prière eucharistique » dont la partie centrale n’a pas été améliorée depuis le 4ème et le 5ème siècle car elle était immuable !

    Extraits de « Microsoft Word » - La messe à travers les siècles.docx

    4. La messe, toute une histoire ?

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    Le repas familial d’une fête juive

    Dans la tradition juive, tous les repas ont un caractère religieux : on y rend grâce à Dieu pour ses dons. Spécialement les repas de fête, comme le Seder à Pâques. En plus des strictes prescriptions alimentaires (nourriture casher), c’est une raison supplémentaire pour ne pas partager ce repas avec des non juifs ou des pécheurs publics. Jésus et les premiers chrétiens feront scandale en supprimant ces interdits et en mangeant avec n’importe qui.

    La prière de ces repas, d’où vient aussi le « benedicite » des communautés chrétiennes, comprend des lectures de l’Écriture sainte, des psaumes, et tout un rituel de « bénédictions ». Ces bénédictions, à l’origine, ne consistent évidemment pas à faire des signes de croix sur des objets, mais à « bénir » le Seigneur en reconnaissant qu’il nous comble de ses « bénédictions » : « Béni sois-tu, Seigneur, toi qui… ». Le juif fidèle, donc Jésus, bénit Dieu à longueur de journée en toute occasion. Un bel exemple dans la tradition chrétienne : « Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les cieux en Christ… » (Ep 1, 3).

    Celui qui préside le repas, le plus souvent le père de famille, prononce ainsi la bénédiction sur le pain et les coupes, les présentant à Dieu en reconnaissance de ses dons. Et chacun prend alors part à cette bénédiction en partageant ces aliments porteurs de bénédiction qui circulent entre les convives.

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    Ce rituel est le canevas, la structure du repas, à la fois repas de Pâques et repas d’adieu, que Jésus partage avec ses disciples le Jeudi saint au soir, juste avant son arrestation, son procès et sa passion. C’est là qu’il introduit un immense bouleversement dans le rite traditionnel juif, sûrement au grand étonnement des disciples. Au moment de faire circuler le pain et la coupe sur lesquels il vient de prononcer la bénédiction traditionnelle, Jésus ajoute : « C’est moi ! Prenez, mangez, buvez-en tous ! » (En langage sémitique, le « corps », le « sang », c’est toute la personne, toute sa vie). Ainsi, ce qui est offert au Père et partagé entre les frères, ce ne sont plus des éléments porteurs de bénédiction, du pain, du vin, mais réellement Jésus lui-même, toute son existence, sa vie, sa mort. Ce que nous appelons, dans la tradition chrétienne, sa « présence réelle », et le don qu’il fait de lui-même, son « sacrifice ».

    De ce repas du Jeudi saint, saint Jean ne raconte que le lavement des pieds. Mais il donne l’exact équivalent de l’institution de l’eucharistie dans cette expression de la prière de Jésus ce soir-là : « Pour eux je me consacre moi-même afin que eux aussi… » (Jn 17, 19). « Consécration » ou « sacrifice » sont deux traductions françaises d’un même mot grec : c’est le don de soi-même.

    Le repas pascal juif, tel que Jésus l’a complètement transformé pour en faire l’expression de sa consécration, de son don de lui-même, de son sacrifice, est ainsi la source de la seconde partie de notre messe : comme disent les Pères de l’Église, après la table de la Parole, la table de l’eucharistie.

    Les premières eucharisties dans les maisons

    Les premiers chrétiens n’ont pas de temples ni de synagogues ni, évidemment, d’églises-bâtiments. Ils n’ont pas d’autels. Leur seul « prêtre », au sens sacerdotal est le Christ (Cf. Épître aux Hébreux).

    On n’a jamais prêté suffisamment attention au fait que l’événement fondateur de la liturgie chrétienne, la Cène, ne s’est déroulé ni au temple ni dans une synagogue, mais dans une simple salle de réunion familiale !

    Le seul sens du mot « ecclesia », église, dans le Nouveau Testament, dans les lettres de saint Paul mais aussi deux fois en saint Matthieu, c’est la communauté rassemblée. Par exemple : « l’Église de Dieu qui est à Corinthe » (1 Co 1, 2). Le mot est souvent au pluriel, désignant les Églises locales. Au singulier il désigne la communauté dans son universalité. Jamais il ne désigne le bâtiment. Ce sens viendra plus tard, par extension. L’église, c’est d’abord la communauté. C’est pourquoi ce n’est pas le bâtiment qui sanctifie la communauté mais le peuple saint, consacré par le baptême, qui rend saint le lieu où il se rassemble !

    La « fraction du pain », nom donné par les premiers chrétiens à l’eucharistie, est célébrée dans les maisons particulières (Ac 2, 46) ou dans des lieux où les fidèles se donnaient rendez-vous « pour la prière » (Ac 16, 13 et Ac 16, 16).

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    Ce « repas du Seigneur », autre nom de l’eucharistie, est parfois associé à un simple repas, ce qui amène saint Paul à protester lorsque ce repas, peu fraternel, contredit le sens du partage eucharistique.

    Il y a dès l’origine un lien fort entre cette célébration de l’eucharistie et le « premier jour de la semaine », jour de la Résurrection, qui devient vite pour les chrétiens « Jour du Seigneur », Dies Domini, notre dimanche (Cf. Ac 20).

    Ainsi est signifié que ce que vit la communauté des disciples de Jésus lorsqu’elle célèbre la messe, c’est toujours la rencontre du Ressuscité telle qu’elle fut vécue le soir de Pâques par Cléophas et son compagnon sur le chemin d’Emmaüs : aujourd’hui encore, comme dans le récit de saint Luc, c’est le Christ ressuscité lui-même qui préside chacun des deux moments de notre messe. C’est lui qui nous ouvre les Écritures et qui ensuite nous partage le Pain (Lc 24, 13-35). Il est lui-même la Parole et le Pain.

    Les premières églises chrétiennes

    Avec le développement des communautés et la reconnaissance officielle de l’Église dans l’Empire romain apparurent les premières « églises » au sens que nous lui donnons aujourd’hui : bâtiment où se rassemble l’Église.

    Les églises du 4ème siècle dont on retrouve la trace en Syrie ont repris non pas le plan des temples mais celui des anciennes synagogues, avec les bancs en gradins pour la psalmodie des psaumes et l’ambon pour la proclamation de la Parole. S’y ajoute la table pour le « repas du Seigneur ».

    Cette table reçut peu à peu le nom d’autel, non pas par analogie avec le temple juif ou les temples païens, mais en référence au sacrifice du Christ, à sa vie donnée. C’est en effet à partir du 3ème siècle qu’on assiste à un retour du vocabulaire sacerdotal et sacrificiel, tant pour la messe que pour les ministres de l’Église : on parle d’autel, de sacrifices, de prêtres, de pontifes, sans doute en lien avec les grands évêques martyrs qui, à un titre particulier, ont participé à la passion du Christ, à son sacrifice.

    Les églises redeviennent des temples

    Le vrai temple, désormais, c’est le Christ !

    L’évolution des églises en Occident s’est inspirée de plus en plus de l’architecture des temples, juifs et païens.

    En Occident comme en Orient, l’espace qui entoure « l’autel », le « chœur », devient ainsi tardivement un espace sacré où le prêtre officie avec le clergé, qui seul y a accès. Les emmarchements et la table dite « de communion » (en Orient, l’iconostase) réintroduisent les séparations des anciens temples. Dans la « nef », espace destiné aux « fidèles », la chaire n’est pas un lieu de proclamation de la Parole mais d’enseignement.

    L’église-bâtiment plus encore que la communauté-Église est devenue la maison de Dieu, son temple.

    Les églises actuelles

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    A la suite du concile Vatican II, le pape Paul VI a promulgué une réforme liturgique, dans le souci d’une plus grande fidélité aux origines. Perceptible dans l’aménagement de l’espace, l’insistance est mise sur la participation de tous.

    Le prêtre, aujourd’hui, semble moins lointain et sa place est mieux mise en valeur. Il n’est pas seulement membre de l’assemblée, mais situé en vis-à-vis, en face d’elle, comme signe du Christ qui nourrit son peuple de la Parole et du Pain de vie. C’est au nom du Christ, qu’il prononce, à la première personne, les paroles « Ceci est mon Corps… Ceci est mon Sang… ».

    La restauration de la liturgie de la Parole comprend à la fois la refonte du lectionnaire (1ère lecture, tirée de l’Ancien Testament ; un psaume ; 2ème lecture – Epitre – une « lettre » de saint Paul ou un extrait des Actes des Apôtres ; un extrait d’un des quatre Évangiles canoniques) et la permission de la proclamer dans la langue des participants, ce qui évidemment facilite grandement leur participation.

    La liturgie de l’eucharistie est, elle aussi, remise en valeur par le fait qu’elle se déroule sous les yeux de l’assemblée.

    Dans le plan architectural des nouvelles églises, on s’efforce parfois de mieux distinguer le lieu de la liturgie de la Parole et celui de l’eucharistie, comme est souvent remise en valeur la place du baptistère.

    Extraits du site « Port Saint Nicolas »

    5. La messe de la chrétienté

    Dès le second siècle, le christianisme s’est répandu dans tout l’Empire romain, au Proche et au Moyen-Orient, en Grèce et en Asie Mineure, en Égypte et en Afrique du Nord, en Italie, en Gaule… La liturgie eucharistique s’est développée et enrichie de mille manières au contact de ces diverses cultures, donnant lieu à plusieurs grandes familles liturgiques distinguées par leur langue, leurs chants, par l’ordonnancement de leurs lectures et de leurs rites, et par maints usages locaux, mais unies toujours par leur noyau central : les paroles et les gestes de Jésus à la Cène.

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    Rome, où siègent Pierre et ses successeurs, devient naturellement le centre chrétien de l’Empire romain d’Occident. Rome où le nombre des convertis augmente considérablement après 250, en dépit des persécutions épisodiques. À cette date, le latin et le grec (qui était la langue de la communauté primitive originaire d’Orient) arrivent à égalité dans l’usage des chrétiens. La latinisation de la liturgie s’opère tranquillement, sans violence, de 250 à 380, date à laquelle la liturgie romaine est devenue une liturgie latine.

    À côté des demeures particulières, des « domus ecclesiæ » – riches villas romaines adaptées au culte – s’élèvent bientôt des basiliques chrétiennes construites sur le modèle des païennes. Avec la paix constantinienne et la tranquillité de l’Église, ces basiliques vont être le lieu du déploiement de la liturgie romaine au cours du 4ème siècle.

    Alors que l’Empire romain d’Occident, en butte aux invasions barbares, approche de sa ruine, nous sommes au commencement d’un âge d’or liturgique car la liturgie est vraiment le centre et le sommet de toute la vie chrétienne.

    Le pontificat très symbolique de saint Grégoire le Grand (590-604) vit briller le faste de la liturgie romaine sur les décombres de l’Empire. La tradition liturgique inaugure avec ce pape sa grande période classique.

    Tout, dans la liturgie, devient « grégorien » : le sacramentaire est grégorien, le style de ses prières aussi, le chant romain devient également grégorien, comme les cérémonies de la Messe également. La perfection de cette forme liturgique va entrainer son expansion progressive dans tout l’Occident.

    En l’An Mil, la liturgie romaine sera devenue une liturgie « romano-franque », marquée par beaucoup d’usages mystiques d’Orient qui avaient pénétré en Gaule mais pas à Rome, toujours soucieuse de la plus grande simplicité.

    Telle se présente la Messe romaine au passage dans le second millénaire, à l’orée du Moyen-Âge central qui voit l’accomplissement de la chrétienté visible. L’époque de la chrétienté occidentale va influer de plusieurs manières sur la liturgie eucharistique. On peut en retenir trois principales :

    1. a) la beauté du culte et l’allégorie au service de la prière ;
    2. b) la mise en valeur de la piété du célébrant ;
    3. c) la Messe ou l’adoration de la Présence réelle.

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    Désormais, la Messe trouve un nouveau centre de gravité : c’est le miracle de la Transsubstantiation qui devient, pour les fidèles, le sommet du rite eucharistique. La Messe, du moins dans l’esprit des fidèles, n’est plus d’abord la grande représentation sacramentelle de tout le mystère pascal du Christ, auquel on communie physiquement, mais le lieu où s’accomplit le miracle sublime de la Transsubstantiation.

    Saint Pie X, au début du 20ème siècle, a rappelé que la liturgie devait être « la source authentique du véritable esprit chrétien ». Raison pour laquelle il entreprit d’importantes réformes dans les livres liturgiques romains. Son idée de rétablir l’usage universel du chant grégorien tendit à faire revivre à l’Église l’âge d’or liturgique auquel avait présidé saint Grégoire le Grand à la fin de l’Antiquité.

    La redécouverte de la théologie ancienne, celle des Pères de l’Église enracinée dans l’Écriture Sainte et l’expérience communautaire de la prière, vont accompagner ce mouvement liturgique qui, après les réformes et les enseignements majeurs du pape Pie XII, arrivera à maturité au moment du Concile.

    Le Concile s’est attaqué à la restauration du Missel romain en organisant les textes et les rites de telle façon qu’ils expriment avec plus de clarté les réalités saintes qu’ils signifient, et que le peuple chrétien, autant qu’il est possible, puisse facilement les saisir et y participer par une célébration pleine, active et communautaire.

    Le Concile a avant tout visé à favoriser la participation des fidèles à la liturgie.

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    L’Église réaffirmait également l’unité des deux tables : celle de la Parole de Dieu et celle de la Sainte Communion, en demandant que soient ouverts « plus largement les trésors bibliques ». Il en est résulté le missel romain de Paul VI, publié en 1969, dont nous connaissons la ligne sobre et vraiment romaine, et la richesse du contenu.

    Extraits du site de la Communauté Saint Martin

    6. La messe à travers les siècles

    Jésus a institué la messe le Jeudi saint, à Jérusalem, alors qu'il était à table avec les apôtres, dans le cadre de la liturgie pascale juive. C'est la Cène, où le Christ a annoncé sa mort et sa résurrection dans le cadre de la liturgie pascale juive. C'est la Cène, où le Christ annonce sa mort et sa résurrection pour la rémission des péchés. Les apôtres répètent ensuite ce mémorial, en y ajoutant des prières liturgiques propres à leurs communautés.

    Ce rituel continue ensuite d'être célébré au temps des persécutions, par les évêques et les prêtres, souvent contraints de se réfugier dans les catacombes, où ils enterrent aussi leurs martyrs. L'habitude est prise de lire un passage d'une lettre écrite par un apôtre, appelée épître, ainsi qu'un passage de la vie et de l'enseignement du Christ consignée par écrit dès la fin du premier siècle.

    Au 4ème siècle, avec Constantin, les chrétiens ont licence de construire des églises pour pouvoir y prier et y célébrer la messe dont le cœur reste la transformation du pain et du vin en corps et sang du Christ, selon sa recommandation.

     * 54 - Brève histoire de la messe

    Le 3 septembre 590, Grégoire le Grand (537-604) devient le dernier pape de l'Antiquité ou le premier pape du Moyen-âge. Le soixante-troisième successeur de Pierre conduit pendant près de quatorze ans l'Église d'une main de fer : il réorganise l'Église romaine, fixe définitivement les textes de la Messe et de la liturgie, notamment par le chant (d'où le chant « grégorien »). Il réforme aussi la discipline ecclésiastique.

    De 1545 à 1563, le concile de Trente confie au pape Pie IV la révision de la célébration de la messe (Missel romain) et des autres sacrements (Rituel romain), la liturgie des heures ou l'office divin (Bréviaire romain) et les autres cérémonies liturgiques (Rituel romain). Pie V promulgue les éditions révisées du Bréviaire (9 juillet 1568) et du Missel (14 juillet 1570) et rend obligatoire leur utilisation dans toute l'Église latine. Pie V introduit également dans la messe les prières au bas de l'autel obligatoires et uniformes, et les incorpore à la messe, dont la nature sacrificielle est solennellement affirmée. Ces réformes constituent dès lors le rite tridentin qui reste presqu'inchangé jusqu'au concile Vatican II.

    Le 11 octobre 1962, lors du concile œcuménique Vatican II, Jean XXIII lance une réforme en profondeur de la liturgie. Trois ans plus tard, à partir du 7 mars 1965, l'Église catholique met en œuvre sa réforme liturgique élaborée lors de ce concile. Au nombre des transformations, la messe selon le rite de saint Pie V est abandonnée. Paul VI publie un nouveau missel en 1969. Le rôle de l'assemblée y est clairement souligné, les officiants peuvent célébrer face aux fidèles pour souligner leur communion, les vêtements sacerdotaux sont simplifiés, l'usage des langues vernaculaires est facilité (même si le latin reste la langue liturgique officielle). Le cycle liturgique permet une lecture plus étendue de l'Ancien et du Nouveau Testament. « La pompe romaine » veut céder la place au sens du mystère célébré. Le sacrifice de louange des fidèles veut alors être uni plus intimement au sacrifice salvifique du Christ, dans la totalité de son mystère pascal (c'est-à-dire non plus seulement sa mort, mais aussi sa résurrection).

    Cette réforme liturgique interdit la célébration de la messe selon le rite tridentin, sans autorisation explicite, l'unicité du rite soulignant l'unité des fidèles.

    Cette autorisation est cependant donnée aux prêtres membres de la Fraternité sacerdotale Saint Pierre et de l'Institut du Bon pasteur. Les évêques peuvent donner l'autorisation dans leur diocèse s'ils le jugent opportun, notamment pour laisser le temps aux fidèles de « digérer » la réforme.

    Le prêtre descend de la chaire et se rapproche de l'assemblée, les officiants cessent de tourner le dos aux fidèles, les vêtements sacerdotaux sont simplifiés, les statues, ornements et guirlandes enlevés des églises. La messe devient une célébration de l'eucharistie.

     * 54 - Brève histoire de la messe

    Le 21 novembre 1974, Mgr Lefebvre condamne les réformes de Vatican II et s'insurge contre la « tendance néo-moderniste et néo-protestante qui s'est manifestée clairement » pendant et après le concile. Il prône notamment une conception formaliste de la tradition et s'insurge contre l'abandon de la messe selon le rite saint Pie V.

    En 1976, Paul VI suspend Mgr Lefebvre de ses fonctions sacerdotales pour avoir ordonné des prêtres sans autorisation. Le 30 juin 1988, il est également excommunié par Rome pour avoir consacré quatre évêques de sa propre autorité.

    En novembre 2006, Benoît XVI est sur le point de publier un document visant à réhabiliter la messe selon saint Pie V. Toutefois, selon le cardinal des Evêques de France, Mgr Ricard, la rédaction du « Motu propio » devait prendre du temps, le Pape ayant été sensible aux réticences de plusieurs évêques français.

    Extrait du site « Le Figaro.fr » : Article publié le 10 novembre 2006 et mis à jour le 15 octobre 2007

    7. La Messe traditionnelle : obscurantisme moyenâgeux ou renouveau de l'Église ?

    Le 11 octobre 1962, l'Église entrait dans une phase de mutations profondes : le concile Vatican II allait donner de nouvelles orientations théologiques et pastorales.

    En 1969, le pape Paul VI introduisait un nouveau rite de célébration de la messe. Ce rite, fabriqué de toutes pièces par des hommes de bureau, rompait de façon brutale avec la pratique liturgique et l'esprit des siècles précédents. Le rite traditionnel qui avait sanctifié des milliards de chrétiens pendant plus de 15 siècles fut soudainement voué aux gémonies.

    Déchirant l'Église tout entière, des innovations liturgiques fantaisistes et trompeuses entraînèrent la désertion progressive des églises : en 20 ans, la pratique dominicale est tombée de dix à un, des dizaines de milliers de prêtres ont abandonné leur sacerdoce, les séminaires se sont vidés et sont aujourd'hui, pour la plupart, fermés.

    Dans les faits, Vatican II et la messe de Paul VI n'ont donc pas été « le printemps de l'Église », comme certains dignitaires actuels le prétendent. Les faits et les chiffres sont têtus : depuis 2015, la plupart des paroisses françaises n'ont plus de prêtres !

    Face à cette situation inquiétante, de nombreuses voix se sont élevées à travers le monde pour demander un retour à la messe et aux valeurs traditionnelles.

    De fait, une certaine volonté semble se dessiner à Rome en faveur d'une pratique plus large de la messe traditionnelle, ce qui entraîne bien des réticences de la part d'une partie du clergé.

    Extrait du site de l’Association catholique du Val d’Oise

    8. Conclusion

    En guise de conclusion provisoire à cette nouvelle étude sur les origines de la « messe » et son évolution jusqu’à « l’eucharistie », nous proposons à nos fidèles lecteurs découvrir une référence surprenante : un ouvrage que le père Jean-Baptiste Nadler a publié aux Editions de l’Emmanuel, un ouvrage consacré précisément aux racines judaïques de la messe, un ouvrage recensant et expliquant les nombreuses références, « empruntées » aux juifs diront certains, « accomplies » dans la continuité du message du Christ pour les autres. Le père Nadler est de ceux-là.

    Frère André B.

    Nous remercions notre ami Paul B. pour sa contribution à la rédaction de la conclusion du présent parchemin :

     Les racines juives de la messe catholique 

     * 54 - Brève histoire de la messe

    Nous n’en avons pas toujours conscience, mais une grande partie de la liturgie catholique – ses rites, ses symboles, ses objets, etc. – provient directement de la tradition juive.

    Voici quelques exemples les plus révélateurs que le prêtre de la Communauté de l’Emmanuel a relevés.

     * 54 - Brève histoire de la messe

    1. L’autel et ses attributs

    Sur l’autel catholique actuel, se trouvent habituellement six cierges, répartis de part et d’autre d’un crucifix, qui rappellent les sept branches du chandelier juif, la menora. « Les six branches latérales, explique le père Nadler, se greffent sur la branche centrale qui fait office de tronc », pour les catholiques le Christ. « D’ailleurs, précise-t-il, quand un évêque préside la célébration, un septième cierge est alors placé devant la croix ».

    En plus de la menora, d’autres objets et particularités sont directement repris du Temple de Jérusalem tels l’autel en pierre ou l’usage de l’encens par exemple.

     * 54 - Brève histoire de la messe

    2. La liturgie de la Parole

    « L’ensemble de la liturgie de la Parole catholique actuelle reprend la liturgie de la synagogue, souligne le père Nadler : la lecture des livres des prophètes, les psaumes chantés, sept lectures solennelles issues de la Torah (notre actuel Pentateuque), puis un commentaire fait par le rabbin et enfin ‘’les 18 bénédictions’’, une sorte de grande prière d’intercession ».

    Les rapprochements semblent évidents avec les lectures de la messe, psaumes inclus, la proclamation de l’Évangile, l’homélie faite par le prêtre ou le diacre et la prière universelle. « Depuis les premiers temps de l’Église, le schéma est le même, précise-t-il. Les changements les plus importants ont finalement eu lieu avec le Concile Vatican II seulement ».

    3. Le lavement des mains

    Au-delà du seul Temple de Jérusalem et plus généralement des synagogues, un autre grand terrain liturgique pour les juifs est tout simplement leur lieu de vie ordinaire. De nombreux rites du quotidien se retrouvent dans la liturgie catholique. L’un d’eux n’est autre que le lavement des mains que les juifs pieux effectuent toujours aujourd’hui pour se purifier avant de manger.

    « Ce n’est bien entendu pas parce que le célébrant a les mains sales qu’il se plie au rite du lavabo, s’amuse le père Nadler. Ce petit rite n’a l’air de rien mais il remonte à l’Ancien Testament… Il était prescrit de se purifier les mains avant de prononcer la bénédiction sur le pain et de le rompre. Lorsque celui qui présidait le repas était quelqu’un d’important, il ne se lavait pas les mains lui-même mais c’était un autre qui lui versait de l’eau sur les mains. Élisée lui-même, serviteur du prophète Élie, avait pour mission, entre autres, de laver les mains de son maître ».

    4. Les habits sacerdotaux

    « C’est une hypothèse personnelle, avance l’auteur, mais je vois dans l’amict (rectangle de toile fine muni de deux cordons qu’un prêtre catholique ou tout autre ministre peut passer autour du cou avant de revêtir son aube), un héritier direct du talit, le châle de prière juif. »

    Sa forme, ses lanières, le fait de l’embrasser, de le déposer d’abord sur la tête avant de le mettre autour du cou, les parements et la prière qui l’accompagnent, etc. « Tout porte à croire qu’il s’agit là d’un seul élément vestimentaire. Pour moi l’amict provient du talit », conclut le père Nadler.

    5. L’orientation de la prière

    Jusqu’au Concile Vatican II, l’assemblée était tournée dans la même direction que le célébrant, « vers l’est, où se lève le Soleil », « comme les juifs sont tous tournés dans la même direction, vers le Saint des saints », rappelle le religieux : « La tradition de la prière de manière orientée s’est transmise chez les chrétiens pendant des siècles ».

    La liste est encore longue, ne serait-ce que pour aborder le rite de Pessah, lié au fait que Jésus ait instauré l’eucharistie lors de ce repas traditionnel de la Pâque juive (la fraction du pain, l’usage du pain azyme, la coupe de vin, etc.).

    Pour découvrir la suite de ces clins d’œil liturgiques entre ces deux grandes religions monothéistes, nous vous invitons à vous procurer ce passionnant ouvrage du père Jean-Baptiste Nadler, « Les racines juives de la messe », préfacé par le Grand Rabbin de France et publié aux éditions de l’Emmanuel.

     * 54 - Brève histoire de la messe

    À l’occasion du cinquantenaire de la déclaration conciliaire Nostra Aetate du 28 octobre 1965, « il est temps d’en finir avec l’enseignement du mépris et de redécouvrir avec bienveillance et dans le dialogue nos racines juives ».

    Mathilde RambaudSite « Aleteia »

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B., Chevalier de la Sainte-Croix de Jérusalem

    Bibliographie :

    Loret, Pierre

    La Messe du Christ à Jean‐Paul II, Histoire de la liturgie eucharistique

    Editions Novalis / Salvator, 1982, 180 pages

    Sitographie :

    https://eglise.catholique.fr/glossaire/messe/

    https://www.diocesevalleyfield.org/sites/default/files/la_messe_a_travers_les_siecles.pdf

    https://www.portstnicolas.org/chantier-naval/elements-de-reflexion/la-messe-toute-une-histoire

    https://www.communautesaintmartin.org/article/un-regard-historique-sur-la-messe-2-lhistoire-du-missel-romain/

    https://www.lefigaro.fr/actualite/2006/11/10/01001-20061110ARTWWW90513-la_messe_a_travers_les_siecles.php

    https://fr.aleteia.org/2018/03/11/comment-se-deroulait-la-messe-au-temps-des-apotres/

    https://acvo.e-catho.com/index.php/rit-tridentin/histoire-de-la-messe


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