• * La gnose

    La gnose

     * La Gnose

    Introduction

    Commençons par nous poser la question « Qu'est-ce que la gnose ? » !

    J'ai fait ma petite communion et puis, pour la grande communion, je me posais beaucoup de questions, parfois délicates.

    Au bout d'un moment, le curé en a eu assez et m'a dit : « ça suffit avec tes questions, tu apprends à lire et dans la Bible, il y a tout ».

    Et j'ai commencé à lire la Bible !

    Chapitre 1, Genèse 1...   et j'ai lu le chapitre relatif à la création.

    1er chapitre : au commencement l'esprit de Dieu planait sur les eaux. puis j'ai lu le déroulement des 6 premiers jours.

    Ensuite, j'ai lu le chapitre 2 : au commencement, la terre était vide et informe,...

    Lorsque j'ai comparé le chapitre 1 avec la chapitre 2, je me suis rendu compte qu'ils étaient incompatible ou alors il fallait forcer la pensée pour les rendre compatibles.

    Plus tard, j’ai appris que c'était un thème de base dans les rhétoriques et dans les échanges qu'avaient les gnostiques au 1er et 2ème siècle.

    La Bible n'a pas répondu à mes questions mais elles se sont affirmées encore plus.

    Voilà une petite introduction de réflexion qui m’a conduit à vous parler de la gnose aujourd’hui.

    La gnose, aujourd'hui

    Dans le 1er chapitre de la Bible, il est question de la création.

    C'est une création particulière.

    Dieu est un Dieu qui crée par évocation.

    Dieu dit : « que la lumière soit et la lumière fut ! », ainsi de suite jusqu'à ce que Dieu dit : « Faisons l'homme à notre image ».

    C'est un Dieu qui crée par évocation à partir de rien ou de lui-même.

    Et l'homme arrive au 6ème jour comme un aboutissement de la création qui n'est pas finie puisqu'il y a le 7ème jour.

    Ensuite commence le second chapitre de la création de Genèse.

    La terre était informe et vide, rien ne poussait,...

    En fait, on se rend compte que nous sommes dans un autre domaine.

    Dieu dit ....., Dieu dit ....., Dieu dit ....., et à la fin il prend la glaise et créa l'homme.

    Dans le 2èmechapitre, on a un autre Dieu qui ne crée non pas par évocation mais un Dieu qui crée par transformation de choses préexistantes. On pourrait même dire stérile.

    Et donc il y a 2 dieux.

    Cette notion de 2 dieux est ensuite restée comme un élément de base chez les gnostiques.

    Ils sont connus pour dire qu'il y a deux natures, deux dieux, le bien et le mal.

    Toutes les personnes peuvent s'en rendre compte : il s’agit de 2 chapitres dans la Bible.

    On verra plus tard comment cette rhétorique est entrée dans l'histoire.

    Mon regard qui est un peu hermétique, c'est-à-dire regardant les choses cachées, se rend compte que les gnostiques utilisaient des textes et qu'ils interprétaient les lacunes ou ce qui n’était pas dans le texte.

    A cela, ils ajoutaient quelque chose de particulier.

    Le vrai message des gnostiques n’était pas ce qu'ils y avaient ajouté mais ce qu'ils y ajoutaient pour éveiller la réflexion.

    La pensée gnostique

    Quels textes utilisaient-ils ?

    Y a t-il une connexion historique entre les chrétiens et les gnostiques ?

    Les historiens y travaillent. C'est un sujet assez pointu.

    Les livres de base sont les écrits gnostiques trouvés dans les grottes dont je vous ai parlé lors du chapitre de février.

    Lorsque l'on lit ces textes, on se rend compte qu'il y a une quantité de théories gnostiques qui diffèrent.

    Est-ce qu'il y a un lien avec les chrétiens ? Oui, sans aucun doute.

    Est-ce que c'étaient les premiers chrétiens ? Je pense que non.

    Ceux que l'on appelle « chrétiens gnostiques » seraient apparus au 1er et 2ème siècle.

    Mais pour comprendre ce processus, il faut se placer dans le contexte.

    Faisons ensemble ce voyage dans le temps.

    Pour ce faire, il faut se placer dans un moment où le christianisme n'existait pas.

    On se place en Palestine, en Galilée qui venait de subir des influences du Proche-Orient, du bassin méditerranéen et tout un mélange de cultures, tel que la philosophie avec plusieurs formes de judaïsme.

    Et là apparaît un personnage. On va lui donner un nom, mais oublions le Jésus des Évangiles car il y en avait beaucoup d'autres.

    Beaucoup de personnes avaient des théories très différentes.

    Disons qu'il y avait quelqu'un qui s'appelait Jésus pour notre échange et qu'il était porteur d'un message.

    Ce message était tellement dérangeant qu'il a été condamné et crucifié.

    Admettons que ce soit vrai.

    Il était dérangeant car il perturbait l'ordre établi.

    L'ordre établi était celui imposé par la religion juive de l’époque, dans ce monde antique où l’on essayait de relier les théories à un lointain passé et si possible aux origines.

    Quel pouvait être ce message ?

    Au chercheur de le chercher mais c'était sans doute, un message qui mettait en doute la foi et la loi.

    Il y avait la loi judaïque mais aussi la loi du monde et peut-être la loi intérieure.

    La bonne nouvelle, c'est que si l’on avait foi en quelque chose, on pouvait échapper à la loi.

    Vous comprenez bien que cela était très dérangeant...

    Que pouvait être cette foi, cette loi ?

    Je n'en sais rien mais il est possible que ce fut une foi en autre chose que la foi établie.

    Il existe sûrement autre chose, une foi dans le sacré.

    Que ce soit un mystère c'est-à-dire inaccessible à la pensée et à la compréhension ; que l'on respecte cette chose incompréhensible, on peut l'appeler sacré.

    Et qu'est ce qui était incompréhensible à l’époque ? C’était la vie, c’était le monde.

    Il est possible qu'il y eût des hommes qui aient été reconnaissants, humbles devant ce sacré.

    Ce sacré s'exprime dans l’univers et ce qui s'exprime dans l'univers s'exprime en nous et si on a foi en cela, on peut vivre selon cela.

    Selon une loi intérieure qui s'exprime en nous et qui est la loi qui s'exprime dans le monde.

    Et non pas la loi extérieur du tyran qui nous dit quoi faire ou croire.

    On peut imaginer que c'était le contexte de l'époque.

    Qu’enseignaient-ils ?

    Lorsque l’on lit les textes gnostiques, on se rend compte qu’il y a beaucoup de variantes.

    Les gnostiques croyaient, fondamentalement, en 2 natures :

    • la nature préexistante qui se transforme dans le monde et dans les hommes ;
    • une nature qui est hors de notre portée mais que l’on peut invoquer et qui apparait.

    Pour expliquer cela, ils utilisaient les croyances du moment et invitaient à la réflexion.

    La gnose est une connaissance qui libère et ensuite qui nourrit.

    Qu’est-ce qui libère ?

    Ce n’est pas la croyance d’un autre, c’est un questionnement qui s’arrête au moment où l’on a une ouverture de conscience et dans cette ouverture de conscience apparait la lumière libératrice.

    C’est quelque chose qui vient des profondeurs de notre être, des profondeurs de notre conscience et là, nos yeux s’ouvriront.

    Quelle était la question que posait Jésus et qui ennuyait tout le monde ?

    Elle est encore présente dans les Évangiles.

    Cette question est : « Qui, au commencement, a menti ? ».

    Restons toujours dans le contexte de l’époque.

    Quels est le sens caché de cette question ?

    Qui sont les deux "personnages de l’histoire" à avoir donné les commandements à Adam ?

    Le Démiurge, chez les gnostiques, qui a dit : « tu ne gouteras pas de cette arbre sinon, tu mourras » et le serpent qui dit :         « mais non, tu le toucheras, tu mangeras et tes yeux s’ouvriront ».

    Alors, qui a menti ?

    Les gnostiques se servent des contradictions de la Bible pour interpoler et créer ainsi le questionnement.

    Comme je l’ai dit, la Bible est un livre fait avec de grandes valeurs morales si on la lit ligne par ligne mais si on arrive à lire entre les lignes, si on arrive à découvrir le vrai message, on pourra s’éveiller à la vrai nature du Divin.

    Dans les théories gnostiques, on trouvera toujours un dualisme.

    Le dualisme de la lumière et des ténèbres, le dualisme du vrai Dieu et du faux Dieu, le dualisme des enfants Caïn et Abel, le dualisme de l’homme et la femme, …

    Et à ce propos, une théorie intéressante est celle d’Eve.

    Pour les gnostiques, Eve serait Adam qui a chuté.

    Adam, dans le récit de la 1ère création, voulait être comme Dieu et a chuté.

    Eve, ne voulant pas aller avec lui, décide de rester en haut.

    Étant liés, elle se coupe en 2 et une partie d’elle descendit avec Adam pour qu’il ne soit pas seul.

    Plus tard, la partie d’Eve qui était en bas deviendra Eve et la partie restée en haut deviendra le serpent.

    Par la suite, lorsqu’Eve rencontre le serpent, ils se reconnaissent tout de suite créant ainsi une unité.

    Il y a quantité de théories gnostiques comme celle-ci qui poussent à la réflexion sur notre existence.

    Il ne faut pas prendre cela comme un dogme mais comme une ouverture à la conscience.

    La plus grande erreur serait d’être convaincu que ces théories soient la Vérité car les voies du Divin sont impénétrables !

    Le gnostique est donc un être libre penseur qui essaye d’ouvrir sa conscience.

    Si l’on croit au sacré qui est en nous, le sacré se révélera à nous.

    Malheureusement, comme toujours, il y a eu des dérives.

    Ce n’est pas parce que l’on tient des propos gnostiques, des propos libres que nous sommes libres de faire ce que nous voulons car nous devons respecter la loi des hommes comme tout le monde.

    C’est un état d’esprit fondamental.

    Nous connaissons, comme dérive, le dogmatisme absolu qui s’observe dans ce monde de ténèbres.

    Il ne faut pas avoir d’enfants. Les chefs d’états sont le mal sur terre. L’économie entretient le mal sur terre …….

    Dans cette dualité, très présente dans le manichéisme, on retrouve les actes de Paul avec l’histoire des perles.

    On dit que, dés le départ, il y a 2 principes :

    • un principe de lumière, le bien absolu ;
    • un principe de ténèbres, le mal absolu.

    Dans cette approche, on a une parcelle de lumière qui descend dans les ténèbres.

    C’est une théorie intéressante mais, en aucun cas, les gnostiques prenaient cela pour une vérité.

    Ils étaient vivants et se manifestaient avec une relative humilité face à cela et une certaine joie, la joie venant dans la confiance au sacré et aux mystères qui l’entourent.

    Cette parcelle de lumière qui descend se trouve, également, dans le Prologue de l’Évangile de Jean.

    L’Eglise catholique a longtemps hésité à la mettre dans les Évangiles canoniques et finalement, les "hauts responsables" de l'Eglise se sont rendu comptes que l’on ne pouvait pas s’en passer.

    Que voit le gnostique dans l’Évangile de Jean ?

    "Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu".

    On y voit quelque chose de très intéressant.

    Le Verbe était tourné vers Dieu, cela veut-il dire qu’ils sont deux à ce moment-là ?

    Et puis, il rajoute : « le verbe était Dieu ».

    Là, on retrouve une forme d’hermétisme, une chose que l’on ne comprend pas.

    On peut difficilement parler des gnostiques sans parler du mythe du Démiurge ou de la Pistis Sofia (la foi en la sagesse).

    Le mythe du Démiurge est intéressant parce que l’on va voir comment ce dualisme, qui était au cœur de la pensée gnostique, est une vision de l’homme et de l’univers.

    Pour le mythe de la Pistis Sofia, il y a le texte apocryphe de Jean qui est très intéressant.

    Dans celui-ci, la création de l’homme est à peut prêt la suivante :

    Il y a d’abord, dans le plérôme, création d’un être qui n’a lieu d’être et qui s’appelle Yaldabaoth.

    Étant libre et voulant créer par elle-même, la Sofia créa cette être en dehors du plérôme.

     * La Gnose

    Par la suite, elle l’envoya dans les ténèbres pour qu’il ne soit pas visible dans la lumière du Divin.

    Ainsi, il s’en alla avec une partie de parcelle créatrice.

    Cet être sera à l’origine de la création du monde selon la théorie gnostique écrit dans « l’Hypostase des Archontes ».

    Voilà comment, en simplifiant très fort, le monde a été créé.

    Ce Démiurge « Yaldabaoth » va appeler ses archontes et ses éons pour créer l’homme à l’image du Très Haut.

    Pour ce faire, chaque éon donnera la meilleure parcelle de lui-même.

    Cette homme aura la stature d’un être humain mais ne tiendra pas debout.

    C’est à la dernière phase de la création que le Démiurge lui souffle dans le visage, lui donnant ainsi la force résiduelle de la Sofia et du plérôme.

    C’est ainsi que l’homme devient vivant mais voit que celui-ci lui est supérieur.

    Est-ce vrai ou pas ? Là n’est pas la question.

    Tout cela se rattache à une phrase dans la Bible.

    Dans la Bible, Yahvé (petite parenthèse, ce n’est pas Yahvé mais YHWH et se dit yōḏ (י),  (ה), wāw (ו)  (ה) signifiant la volonté, l’esprit, le verbe) dit : « voici que l’homme est devenu comme l’un de nous ».

    Et en gros, il dit par la suite : « chassons-le du paradis afin qu’il ne touche pas à l’arbre de vie » ou quelque chose comme ça .

    Ce passage de la Genèse est très intéressant pour les gnostiques car ils disaient au juif de l’époque : « mais votre Dieu, c’est ce Dieu du 2ème, 3ème, 4ème, 5ème chapitres de la Genèse qui voit l’homme lui échapper parce que l’homme avait la lumière du Très Haut et donc l’homme était supérieur au Créateur ».

    Tout ceci, encore une fois, ne sert qu’à créer un questionnement pour conduire l’autre à la possibilité qu’il existe autre chose que nos propres croyances.

    Dans l’évangile de Philippe, on arrive à la phase qui a précédé le gnosticisme et on dit que l’évangile de Thomas est gnostique.

    Je pense que c’est juste avant, juste au moment où les gnostiques se sont demandé comment continuer à faire passer le message alors que c’était interdit.

    Dans l’évangile de Philippe, on distingue 3 types d’hommes :

    • Les pneumatiques (pneuma = le souffle) qui sont habités par l’esprit et qui vibrent en harmonie avec l’Esprit.

    On dit que ce sont les hommes vrais, les hommes libres.

    • Les psychiques, dans l’évangile, ce sont des esclaves.

    Des esclaves de leurs croyances qui ne seront jamais libresni heureux car ils se sentiront toujours coupables de ne jamais être à la hauteur de ce qu’on leur demande d’être.

    • Les hyliques,qui sont en équilibre avec la nature et avec eux-mêmes.

    Les gnostiques disaient de les laisser tranquilles.

    Pourquoi les ennuyer avec des croyances qu’ils n’ont pas ?

    Pourquoi les ennuyer avec des arguments qu’ils ne leur servent à rien ?

    Selon Valentin qui a proposé une gnose tardive, vers le 2ème siècle, on se rend compte que l’homme suit le chemin de la Pistis Sofia.

    En passant toute l’histoire, elle est tombée dans les ténèbres et doit, pour remonter dans le plérôme, purifier son âme.

    Le problème, c’est que lorsque son âme arrive à avoir une parcelle de lumière, les démons qui se trouvent dans la matière, l’assombrissent directement pour l’empêcher de s’élever.

    La purification de l’âme est ainsi un éternel recommencement.

    Quel était le message de Jésus ?

    Le message de Jésus a été rejudaïsé.

    On est resté dans l’esprit de présenter un message de l’époque antique c'est-à-dire qu’il fallait le raccrocher à un passé où les hommes attendaient un messie.

    Mais Jésus n’était pas ce messie. Jésus est venu pour dire : « Non, arrêtez, vous êtes libres ! ».

    Pour que la chrétienté survive, les disciples ont fait glisser l’image de Jésus le Sauveur, au sens Jésus le libérateur.

    Le message de Jésus, par la suite, n’est pas ce que l’on retrouve dans les évangiles ni dans les épitres.

    Il y a quelque chose d’autre, plus profond, caché derrière cela mais cela n’engage que moi.

    Si on lit l’évangile de Marie, on comprend très bien l’esprit de tout cela.

    Selon moi, Jésus était quelqu’un qui mettait les autres face à leurs paradoxes, créant ainsi une réflexion, un questionnement profond sur la vie les poussant ainsi à la limite de leurs croyances.

    Pour moi, Jésus est la lumière des hommes sur terre car il n’avait pas peur de se remettre en question et surtout de traiter tout être humain (esclaves, femmes, pauvres, malades) de manière égale.

    Par sa manière d’être, il rendait l’autre meilleur car il provoquait la réflexion permanente chez l’autre.

    Pour moi, Jésus était gnostique. Ce serait difficile qu’il en soit autrement.

    Le plus grand sacrement des chrétiens est de manger le pain ensemble.

    À l’époque, c’était révolutionnaire car un noble ou une personne importante ne mangeait pas avec les pauvres, les esclaves ou même les femmes.

    N’est-ce pas là un exemple de bonté d’âme à suivre ?

    Malheureusement, Jésus était tellement dangereux pour la religion naissante que les ambassadeurs de celle-ci ont dû s’en débarrasser.

    Vous êtes-vous déjà demandé quel serait notre monde actuel si Jésus et la gnose avait gagné contre la foi chrétienne ?

    Le message des gnostiques est :

    • Vous êtes des êtres libres.
    • Ayez confiance en votre foi.
    • Il y a des mystères dans le monde.
    • Il y a du sacré dans la vie.
    • Et surtout, nous sommes tous égaux face à la loi divine.

    Frère Novice Joffroy B.

     Lien vers  le parchemin suivant : La gnose aujourd'hui


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