• * Le sens du Lundi de Pâques

     Le sens du Lundi de Pâques

    Introduction

    Le lundi de Pâques est le lendemain du jour de Pâques, donc sa date est variable. En 2017, c'est le lundi 17 avril et, en 2018, ce sera le 2 avril.

    La fête de Pâques se déroule, depuis les tout premiers siècles, pendant toute la semaine qui suit le dimanche de la Résurrection.

    Cette semaine porte les noms de Semaine de Pâques ou octave de Pâques en Occident, Semaine Radieuse ou Semaine du Renouveau en Orient, Semaine Sainte en Amérique Latine.

    Cette semaine était fériée dans certains pays et à certaines époques. En France, depuis le concordat, seul le lundi de Pâques est resté férié. Actuellement, le lundi de Pâques est férié dans l’ensemble des pays d’Europe sauf en Russie, au Portugal et dans la plupart des régions d'Espagne.

    Célébré en France comme en Belgique depuis plusieurs siècles, le lundi de Pâques est une fête populaire, autant chrétienne que culturelle. Il n'est pas obligatoire d'être chrétien pour se sentir concerné par les récits de Pâques, qui évoquent la victoire de la vie sur le chaos.

    Pour beaucoup, c'est l'occasion de se retrouver en famille autour du roi de cette journée : le lapin en chocolat ! Selon Le Parisien, pas moins de 15 000 tonnes de chocolat sont vendues chaque année en France lors du lundi de Pâques, et les Français tiennent à ce que les artisans confectionnent les traditionnels animaux en chocolat. Encore une fois, il faut puiser dans l'histoire et la religion pour en savoir plus : les poissons rappellent l'épisode de la pêche miraculeuse des apôtres de Jésus, tandis que les lapins ainsi que les poules représentent les symboles du printemps, explique le quotidien.

    Célébré comme un jour férié, cette fête païenne n'est pas seulement l'occasion de manger du chocolat ! Pour connaitre les raisons de cette ferveur chrétienne, mais aussi populaire, il faut revenir un peu en arrière. L'explication est à rechercher dans la tradition catholique qui poussait les Français, depuis le Moyen-Âge, à célébrer l' « Octave de Pâques ». Il s'agit concrètement d'une période de huit jours, commençant le dimanche de Pâques et s'achevant le dimanche « in albis », durant laquelle les fidèles étaient invités à se rendre chaque jour à la messe pour entendre la même prière, celle de la Résurrection du Christ. Le caractère répétitif de cette tradition avait une signification bien précise, puisqu'elle solennisait la liturgie catholique et rappelait à tous que le retour du Christ se prolonge au-delà de la fête pascale.

    Un peu d'histoire

    Le dimanche de Pâques varie chaque année : il est fixé après l’équinoxe de printemps, le dimanche qui suit la pleine lune. Mais si le dimanche, les Chrétiens célèbrent la résurrection du Christ, pour quelles raisons le lundi qui suit est-il toujours férié ?

    C’est un mystère que même certains catholiques peinent à expliquer, quand la question leur est posée : pourquoi le lundi de Pâques est-il férié ?  

    En France comme en Belgique, six jours fériés sont liés à la religion : le lundi de Pâques,  le jeudi de l’Ascension, le lundi de Pentecôte, de l’Assomption (le 15 août), de la Toussaint et du jour de Noël. Le lundi de Pâques est celui qui « enclenche » la saison. Arrivent ensuite les week-ends à rallonge du mois de mai. Mais il est le seul, sur lequel il ne se passe rien. Pas de cérémonie religieuse, pas de repas de famille, pas de commémoration. Juste le fait de ne pas travailler. Alors, pourquoi ? Pourquoi ce lundi est-il férié, alors que la fête pascale est célébrée le dimanche ?

    Pour l'expliquer, il faut se replonger un peu dans l'histoire. Et se rappeler que la résurrection du Christ est le moment le plus important du calendrier chrétien.  Pour marquer cette date, l’empereur Constantin  (272 – 337 après J.-C.) a introduit sous son règne l' « Octave de Pâques », une période qui désigne les huit jours qui suivent la fête de Pâques. Pendant toute cette semaine, la messe était célébrée tous les jours en reprenant les prières de Pâques. Un moment encore festif, pour marquer le fait que la résurrection se prolonge au-delà de la fête en elle-même. 

    Dans le « Journal d’Égérie », une pèlerine de l’époque raconte son voyage à Jérusalem à la fin du 4ème siècle, et décrit les fastes et les célébrations menées pendant cette période : « Pendant l’Octave, toute cette pompe et cette décoration se déploient dans tous les lieux saints. (…) Les moines de l’endroit, au complet, continuent à veiller jusqu’au jour en disant des hymnes et des antiennes. (…) A cause de la solennité et de la pompe de ces jours, des foules innombrables se rassemblent de partout, non seulement des moines, mais aussi des laïques, hommes et femmes. »

    La tradition a perduré en France. Depuis le Moyen-Age, cette huitaine suivant la fête de Pâques, était entièrement fériée, et était aussi l'occasion pour tous ceux qui le souhaitaient de se rendre à Rome pour l'un des pèlerinages les plus importants de l'année.

    Au fil des années, des décennies, les fêtes religieuses se sont accumulées. Et l’inflation est telle que le concile de Trente (au 16ème siècle) puis plus tard le concile Vatican II n’hésiteront pas à en supprimer.  A la veille de la révolution française, il existe tout de même encore 40 et 50 jours fériés religieux en France, en plus des dimanches. Les révolutionnaires vont en supprimer un certain nombre, mais certaines traditions, comme les fêtes de la Saint-Jean restent indéboulonnables, trop bien ancrées dans les habitudes et coutume de la France paysanne de l'époque.

    C’est Napoléon, en 1802, qui prend à nouveau les choses en main et veut faire le grand ménage. En effet, la signature du Concordat marque un tournant : l’organisation des pratiques religieuses en France n’est plus sous la tutelle de Rome, l’Eglise catholique passe sous l’autorité de Napoléon Bonaparte. Celui qui est alors Premier consul négocie ainsi avec l’Eglise catholique, sur le nombre de fêtes chômées. Il en réchappera quatre, rythmant les saisons : la Toussaint à l’automne, Noël en hiver, l’Ascension au printemps et l’Assomption en été. La semaine de l’Octave de Pâques n’échappe pas au coup de ciseau, et seul subsistent de ces huit jours fériés, le lundi de Pâques, seul compromis trouvé, et désigné apparemment un peu arbitrairement. Reste que cette tradition de garder le deuxième jour de l'Octave chômé a finalement été suivie par de nombreux pays européens : il est férié dans la plupart d'entre eux.

    Cette date de Pâques, à la différence de celle de Noël, est également variable : elle tombe toujours un dimanche, mais la date est calée le dimanche qui suit la première pleine lune après l’équinoxe de printemps, le 21 mars. Ce qui explique aussi en partie pourquoi cette tradition est restée, et que les Français et les belges (notamment) ont un jour supplémentaire.

    Signification liturgique et religieuse

    Le lundi de Pâques est le deuxième jour de « l'octave de Pâques ».

    •  Dans le nouvel ordo liturgique de Paul VI, l'octave de Pâques a été conservée.
    • Dans le rite byzantin, en signe de joie, les offices sont abrégés et simplifiés.

    La journée liturgique du lundi radieux commence par les vêpres chantées le dimanche soir et durant lesquelles, dans les églises orthodoxes, l'Évangile (Jn 20, 19-25) est lu dans le plus grand nombre possible de langues anciennes et actuelles.

    Après les sept jours douloureux et dramatiques de la Passion du Christ (semaine sainte), le jour de la Résurrection, le premier jour d'une nouvelle semaine, inaugure un temps nouveau de paix et de joie. C'est un « huitième jour » destiné à durer toute une semaine de sept dimanches et à préfigurer une éternité paisible et radieuse.

    Coutumes folkloriques du lundi de Pâques

    Dans certains pays, le lundi de Pâques donne encore lieu à des coutumes folkloriques.

    • En Pologne, le lundi de Pâques connu sous le nom de « Śmigus dyngus » (lundi mouillé), les Polonais s’aspergent d’eau. L’eau est un symbole de la vie. Famille et amis versent de l’eau les uns sur les autres. Autrefois les hommes jetaient de l’eau sur les femmes ; le mardi elles pouvaient prendre leur revanche. Ce jour-là, les Polonais aspergeaient aussi les champs d’eau bénite.
    • Aujourd’hui en Hongrie, les garçons aspergent les filles de parfum. Ceci porte chance. Les filles doivent récompenser les garçons en leur donnant de l’argent ou des œufs de Pâques.
    • En Angleterre, la coutume pour les lundi et mardi de Pâques est appelé « lifting » ou « headline ». Les jeunes gens vont de maison en maison en transportant une chaise décorées de fleurs. Quand une fille s’assoit sur la chaise, ils la soulèvent dans les airs trois fois. Être soulevée de la sorte, devrait porter chance à la jeune fille. Elle remercie le garçon en lui remettant de l’argent ou en l’embrassant. Le lendemain, c’est au tour des filles de soulever les garçons dans la chaise.
    • En Italie, le lundi de Pâques est appelé « Pasquetta ». Il est de coutume de préparer un pique-nique à la campagne en famille et c’est l’occasion de manger les œufs qui ont été décorés l’avant-veille.
    • Dans le sud de la France, il est (était) de coutume de faire un grand pique-nique avec la famille et les amis le lundi de Pâques à midi avec comme plat principal une grande omelette, préparée avec les œufs de Pâques. Cette tradition s'appelle « omelette de Pâques » ou « pâquette ».
    • Chez les Pieds-Noirs d'Oranie, un grand pique-nique réunit famille et amis, le plat principal étant le gazpacho pied-noir, suivi de la dégustation de la mouna (ou mona) et du lancer des bilochas (cerfs-volants de roseau et de papier cristal).

    Informations glanées pour vous par le Frère André B.

    Références :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Lundi_de_P%C3%A2ques

    http://www.lci.fr/societe/mais-pourquoi-diable-le-lundi-de-paques-est-il-ferie-alors-qu-il-ne-se-passe-rien-2044585.html

    http://www.linternaute.com/actualite/societe/1290088-lundi-de-paques-quelle-est-l-histoire-de-cette-fete-chretienne/

     

    Abbé Martigny

    Dictionnaire des antiquités chrétiennes

    Article « Pâques »

    Hachette, Paris, 1865, page 503

     

    Andronikof Constantin

    Le cycle pascal II

    L'Âge d'Homme

    Lausanne, 1985, pages 194 à 204

     

    Casel Odo

    La fête de Pâques dans l'Église des Pères

    (Lex orandi, 37)

    Editions du Cerf, Paris, 1963


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