• * Le rôle d’Hugues de Payns

    220520 – En Chapitre de Commanderie de St-Léger

    Présentation d’un parchemin par un duo de choc !

     Le rôle d’HUGUES DE PAYNS

    dans la création de l’Ordre du Temple 

     * Le rôle d’Hugues de Payns

    Hugues II de Payns, chevalier champenois,

    fondateur et premier maître de l'Ordre du Temple

    Petite précision linguistique en guise de préliminaire : la prononciation communément admise pour le mot « Payns » est « pain ».

    1. Avertissement : quid de la vérité historique ?

    Le nom d’Hugues de Payns ne fait pas l’unanimité. Les pseudo-historiens ont eu la fâcheuse tendance de mettre ce personnage à toutes les sauces. La vérité historique a été régulièrement transgressée ; elle fait l’objet d’interprétations controversées, de raisonnements reposant sur des « considérations » et des « probabilités », etc..., de sorte qu’une légende s’est peu à peu construite autour de la chevalerie, de l’Ordre du Temple et de son plus illustre représentant.

    A cet égard, la Commanderie de St-Léger s’efforce de faire preuve de la plus grande vigilance et garde l’espoir de découvrir un jour la véritable histoire d’Hugues de Payns.

    1.1. L’origine d’Hugues de Payns est controversée.

    Différentes hypothèses circulent à propos de sa naissance. Certaines le disent natif de Bretagne, d’autres de l’Ardèche, d’autres encore de Flandre. Les plus nombreuses penchent pour la Champagne, près de la ville de Troyes, à Payns, mais l’absence de documents historiques probants est un inconvénient majeur.

    La date de sa naissance exacte est inconnue, mais on peut la situer entre 1070 et 1080 (Remarquez le manque de précision !).

    1.2. L’orthographe de son nom est controversée.

    Du XVème au XIXème siècle, les ouvrages traitant d’Hugues de Payns se distinguent par une grande variabilité de graphies : une vingtaine d’orthographes différentes pour désigner ce personnage. Prudence, donc !

    Notons que, durant cette même période, certains historiens spécialistes du Moyen-Age central et de la Première Croisade citent les « Chroniques » de Jacques de Vitry, de Foucher de Chartres, de Guillaume de Tyr ainsi que celles de l’auteur anonyme de la « Gesta francorum et aliorum Hierosolimitanorum » comme des sources fiables. Celles-ci utilisent la terminologie d’« Hugues des Païens » pour désigner Hugues de Payns. C’est toujours bon à savoir !

    1.3. L’étymologie du mot « PAYNS » est controversée.

    Ce nom n’apparaît dans les écrits officiels du royaume de France qu’au début du XVIème siècle.

    Par contre, les premiers narrateurs de la grande croisade cités ci-avant le désignent sous le nom d’« Hugues des Païens ». Il est important de noter que ces narrateurs sont reconnus pour leur grand souci de précision dans la transcription des noms, raison pour laquelle ils bénéficient de tout le crédit des historiens soucieux de respecter la vérité historique.

    1.4. En résumé

    Les historiens modernes semblent accepter la doxa que l’on retrouve sur Wikipédia à propos d’Hugues de Payns, mais sans trop s’y attarder. Leur préférence se porte toutefois sur le nom d’Hugues des Païens en raison de la fiabilité des sources historiques fournies par les chroniqueurs Foucher de Chartes et consorts.

    Ces précautions étant prises, je propose de poursuivre ce parchemin en utilisant la dénomination conventionnelle d’« Hugues de Payns » que l’on retrouve sur Wikipédia et pour laquelle une « certaine habitude » s’est installée, étant entendu que des réserves ne sont pas à exclure en ce qui concerne son authenticité.

    Pour tenter de mieux appréhender le rôle et les motivations d’Hugues de Payns, considéré comme l’une des figures centrales de l’Ordre du Temple, il m’a semblé intéressant de décrire le contexte historique qui a précédé la création de celui-ci.

    2. Origines lointaines de la création de l’Ordre du Temple

    Essayons tout d’abord de comprendre les prémisses d’un mécanisme historique qui s’est enclenché bien avant l’apparition des Templiers et qui pourrait être considéré comme une première clef pour comprendre la création de l’Ordre.

    Un événement important constitue un tournant incontestable dans l’histoire de France : la bataille de Poitiers en 732.

    Moins d’un siècle après la mort de Mahomet (570-632), les Musulmans envahissent l’Espagne en 711 et la France en 717. L’avance musulmane en Europe de l’Ouest est une préoccupation majeure pour Charles Martel, dirigeant de la Francie : toute la chrétienté est gravement menacée.

    A la tête des forces franques, il terrasse les Musulmans en 732 au cours de la bataille de Poitiers. Cette grande victoire évite à la France de subir le même sort que l’Espagne.

    Elle permet à Charles Martel d’apparaître à la fois comme le sauveur de la chrétienté et comme le maître incontesté du royaume franc.

    En résumé, il est permis de penser que la Bataille de Poitiers constitue une des premières réponses de l’Occident à une problématique qui réapparaîtra par la suite en d’autres circonstances.

    3. Faits principaux qui vont générer la Première Croisade

    Du IVème au XIème siècle, la situation géopolitique de Jérusalem subit d’importantes modifications, tant sur le plan ethnique que religieux :

    • De 335 à 614 : Jérusalem est une ville chrétienne.
    • De 638 à 1073 : Jérusalem devient musulmane. Elle est occupée par les Fatimides. Les pèlerinages sont tolérés moyennant le paiement d’une taxe.
    • En 1009, la basilique du Saint-Sépulcre est rasée puis reconstruite et les pèlerinages sont à nouveau autorisés après avoir été supprimés.
    • De 1073 à 1099 : les Musulmans Seldjoukides occupent Jérusalem et durcissent leurs exigences. Les Chrétiens sont réduits en esclavage. La région devient quasiment inaccessible aux pèlerins.
    • En 1078, les Turcs Seldjoukides s’emparent de Jérusalem et interdisent complètement les pèlerinages.

    La tension ne fait que s’amplifier entre l’Occident chrétien et l’Orient musulman. Elle se cristallise autour de la problématique des pèlerinages au Saint-Sépulcre.

    Face à la gravité de la situation, le pape Urbain II réunit le concile de Clermont en 1095. Il adjure les chrétiens de cesser leurs guerres fratricides et de s’unir contre les païens. En échange, il leur fait la promesse que leurs péchés seront expiés en arrivant à Jérusalem.

    Les arguments du pape font mouche. Les seigneurs occidentaux sont convaincus : ils partiront en croisade pour la reconquête des lieux saints et la libération du tombeau du Christ !

    4. La Première Croisade

    S’il est admis par tous les historiens que la Première Croisade débuta en 1096, ces mêmes historiens s’accordent pour reconnaître l’existence d’une multitude de pèlerinages protégés par des gens en armes de l’an 600 à l’an 1072.

    A partir de l’an 1000 et avec le regain religieux suscité par le passage à un autre millénaire, les pèlerins se firent plus nombreux et leurs cortèges furent mieux défendus. Mais la situation se complique en 1078 quand les Turcs interdisent complètement les pèlerinages.

    De 1073 à 1095, date du concile de Clermont, les papes Grégoire VII, Victor III et Urbain II mettront 20 longues années à prêcher dans le désert pour essayer de convaincre les seigneurs européens occupés à guerroyer entre eux pour agrandir leur territoire. Tous ces rois « se hâteront lentement » pendant 20 ans avant de répondre favorablement à l’appel d’Urbain II au cri de « Dieu le veut ».

    Il ne restait plus qu’à trouver un organisateur à la hauteur de ce projet. Cet homme providentiel s’appelle Godefroy de Boulogne, dit « de Bouillon », en raison de sa mère, héritière de Bouillon dans les Ardennes.

    5. Godefroy de Bouillon

    C’est dans le cœur d’un chrétien fervent que retentit l’appel du pape.

    Ce seigneur respecté appartenait à une famille très noble et très illustre, aux dires de ses contemporains.

    Le voyage à Jérusalem fut loin d’être une simple promenade de santé. Massacres, sang, sueur, épouvante, vengeance, le tableau dépeint par les historiens de l’époque est horrible.

    Toutefois, ce voyage ne se différencie des précédents que par le grand nombre de participants : plus de 300.000 au départ, 20.000 à l’arrivée, après un épouvantable périple.

    Après la prise de Jérusalem en 1099, organiser des territoires conquis devenait une priorité absolue. Il fallait également leur trouver un chef. Les Croisés choisirent unanimement Godefroy de Bouillon qui, par humilité, refusa de devenir roi de Jérusalem. Par contre, il accepta le titre d’« avoué du Saint-Sépulcre », signifiant par-là que la Terre sainte était propriété du Christ et qu’il mettait son bras au service de l’Église. Il meurt d’un empoisonnement à Jérusalem en juillet 1100.

    L’histoire de l’Ordre du Temple est en marche. Elle puise incontestablement ses racines dans le contexte des croisades. 

    6. De Jérusalem à Troyes : de la fondation à la consécration d'un nouvel ordre

    6.1. Les premiers pas d’Hugues de Payns à Jérusalem : la prise de conscience d’une mission

    Un nouvel ordre, qui ne porte pas encore le nom d’Ordre du Temple, naît dans le royaume hiérosolomytain (= de Jérusalem).

    Redevenu depuis peu un état chrétien, ce royaume reste très fragile après la prise de Jérusalem en 1099. En effet, une fois l'euphorie de conquête passée, il apparaît incontournable d'en organiser la défense. Or, « plus de vingt mille » barons, seigneurs et chevaliers croisés (selon Foucher de Chartres) quittent presque tous la Terre sainte après la conquête afin de rentrer en Occident.

     * Le rôle d’Hugues de Payns

    Hasard ou nécessité, Hugues de Payns fait son apparition sur la scène de l’histoire en 1104. A ce moment, le Royaume de Jérusalem souffre d’une grave crise d’effectifs et la sécurité des pèlerins est sérieusement menacée.

    Nous possédons assez peu de renseignements sur la famille et les biens fonciers du futur premier « Magister militum » (« Maître des soldats ») du Temple.

    Une majorité d’hypothèses historiques le font naître en Champagne vers 1070, au château de Payns, petite bourgade située non loin de Troyes.

    Vassal d’Hugues de Troyes, il était probablement un seigneur de renom ayant des liens de parenté avec les Montbard, famille à laquelle se rattachait celle de Bernard de Clairvaux, autre figure importante de l’ordre du Temple.

    Son éducation fut celle qui était habituellement réservée aux jeunes de son lignage, à savoir une éducation militaire consacrée au maniement des armes et aux tournois. Tout porte à croire que les hautes valeurs chevaleresques qui lui sont enseignées ne trouvent pas à s’exprimer autrement que par les jeux de guerre habituellement pratiqués par les contemporains de son âge.

    Son premier voyage en Terre sainte a lieu en 1104.

    Il débarque à Jérusalem avec son suzerain, le Comte de Champagne, alors en pèlerinage.

    Il prend subitement conscience des réalités du monde oriental quand il se trouve brutalement confronté aux perturbations politiques qui secouent le pays. Instinctivement, cet adolescent en quête d’absolu sent qu’il a trouvé l’endroit qui va donner un sens à sa vie. L’idée de se sacrifier pour le Saint-Sépulcre enflamme son idéalisme. Il restera à Jérusalem pendant trois ans. Il ne sait pas encore que, quand il reviendra en 1114, ce sera pour y finir sa vie.

    6.2. De 1107 à 1114 : aller-retour d’Occident en Orient et création d’une congrégation militaro-religieuse

    De retour chez lui en 1107, il épouse une jeune fille noble du sud de la Champagne. Ils auront trois enfants. Il repart en Terre sainte en 1114, mais pour s’y installer définitivement. Il doit alors se séparer de sa femme qui entre au couvent et y restera jusqu’à la mort de son mari.

    Vers 1118, il prend la tête d’un groupe de chevaliers volontaires composé de :

    • Lui-même, Hugues de Payns, vassal d’Hugues 1er de Champagne et un parent par alliance des Saint Clair de Roslin,
    • André de Montbard, l'oncle de Bernard de Clairvaux et autre vassal d’Hugues de Champagne,
    • Geoffroi de Saint Omer, un des fils d’Hugues de Saint-Omer,
    • Payen de Montdidier, un parent de la famille régnante de Flandres (ou, selon d’autres sources : de la Somme en Picardie),
    • Archambaud de Saint Amand, autre parent de la maison régnante de Flandre,
    • Geoffroy Bisol,
    • Gondemare ou Gondernar,
    • Rossal,
    • Godefroy.

    Il convient cependant de relever certaines incertitudes en ce qui concerne les chevaliers créateurs de l’ordre que l’on ne connaît que par leur prénom et qui seraient des moines ou des compagnons bâtisseurs.

    Ce groupe, dirigé par Hugues de Payns et Geoffroi de Saint-Omer, est considéré comme « précurseur » ou « fondateur » de l’ordre. Il met tout en œuvre pour protéger les voyageurs : organisation de la police des routes, érection de tours, dont la Tour du Détroit entre Haïffa et Césarée, etc.

    Parallèlement à leur vie chevaleresque, ces chevaliers mènent également une vie religieuse, comme le relate le chroniqueur Guillaume de Tyr: « Dans le cours de la même année, quelque nobles chevaliers, hommes dévoués à Dieu et animés de sentiments religieux, se consacrèrent au service du Christ et firent profession entre les mains du patriarche de vivre à jamais, ainsi que les chanoines réguliers, dans la chasteté, l'obéissance et la pauvreté. [ .. .] Lorsqu'ils firent leur première profession, il leur fut enjoint, par le seigneur patriarche et par les autres évêques, de travailler de toutes leurs forces et pour la rémission de leurs péchés à protéger les voies et les chemins, et de s'appliquer à défendre les pèlerins contre les attaques ou les embûches des voleurs et des maraudeurs ».

    D'une grande nouveauté, cette nouvelle congrégation peut paraître surprenante, elle s'oppose à la doctrine chrétienne traditionnelle qui interdit aux religieux de guerroyer.

    Cependant, ces hommes sont fortement appréciés dans un royaume hiérosolomytain où le besoin de chevaliers se fait cruellement ressentir.

    6.3. Le concile de Naplouse entérine la création de la congrégation militaire

    C’est en janvier 1120, lors du concile de Naplouse, que naquit, sous l’impulsion d’Hugues de Payns et de Godefroy de Saint-Omer, la milice des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon.

    Les autorités hiérosolomytaines (= de Jérusalem) reconnaissent et légitiment cette congrégation militaire en la mettant sous la tutelle des autorités religieuses et politiques de Jérusalem.

    Baudouin II dote Hugues de Payns et ses compagnons d'une demeure dans l'ancien Temple de Salomon, qui donna par la suite le nom de Templier ou de chevalier du Temple.

    Cette jeune communauté se développe. Il appert que son expansion gagnerait à être encadrée, par exemple par une règle propre correspondant à sa vocation particulière.

    Le roi de Jérusalem, Baudouin II, envoie donc en Occident Hugues de Payns et cinq de ses compagnons, dont Godefroy de Saint-Omer, afin de demander une reconnaissance officielle au pape Honorius II.

    6.4. Le concile de Troyes

    Le 13 janvier 1129, le concile à Troyes regroupe les figures importantes de l'Église romaine appartenant en majorité à l'ordre cistercien.

    L’Ordre du Temple y voit le jour et est doté de la règle de Saint-Benoît : simplicité, pauvreté, chasteté et prières.

    Devant cette assemblée de prélats, de moines blancs et noirs, ainsi que de seigneurs, Hugues de Payns expose le nouveau genre de vie des Templiers et sa double dimension religieuse et militaire. Les membres du concile rédigent alors une Règle de conduite particulière en apportant certaines modifications au projet soumis par Hugues.

    Au lendemain du concile de Troyes, il ne fait pas de doute que les moines-soldats de l’Ordre du Temple jouissent d'une approbation de plus en plus croissante de la part des religieux, des princes et des laïcs ordinaires.

    6.5. Structuration et enrichissement de l’Ordre du Temple

    Hugues de Payns et ses compagnons profitent de leur présence en Occident pour y faire connaître l’ordre, obtenir des dons et enrôler de nouvelles recrues.

    Il saisit l’opportunité de ce voyage pour se rendre en Angleterre où le roi Henri 1er Beauclerc1 « le reçut avec beaucoup d'honneur, et lui donna de grands trésors en or et en argent [ ... ]», et où il fut également « bien reçu par tous les prud'hommes, qui lui donnèrent tous de leur trésor, et en Écosse également ».

    1 Le duc Henri de Normandie, connu aussi sous le nom de duc Henri de Normandie et celui de roi Henri 1er d'Angleterre, « le Beau Clerc », était le quatrième enfant survivant et le plus jeune fils du roi Guillaume 1er d'Angleterre dit « le Conquérant » (1024 - 1087). Henri est né en septembre 1068 à Selby, dans le Yorkshire en Angleterre.

    En Angleterre, il fonde une province de l'ordre. Il installe un vaste réseau d’abbayes, de prieurés, de fermes et de commanderies entre les Alpes et les Pyrénées, ainsi qu’en péninsule ibérique.

    Grâce aux nombreuses donations foncières et monétaires, l'ordre du Temple va devenir un des plus grands propriétaires terriens de son époque ainsi qu'un grand créditeur. Son puissant réseau international lui permet d’être précurseur en matière d’activités bancaires.

    6.6. Mort d’Hugues de Payns

    Hugues de Payns dirigea l’Ordre du Temple pendant près de vingt ans, jusqu’à sa mort en Palestine en 1136. Il était âgé de 66 ans. Le Temple était alors devenu l'une des principales forces politiques et militaires du royaume de Jérusalem. Mais sa règle en faisait une puissance indépendante et mettait le royaume à la merci de l'éventuelle insubordination des grands maîtres, successeurs d'Hugues de Payns.

    6.7. Fin de l’Ordre du Temple ?

    Guerriers redoutables, protégés par le pape dont ils dépendaient directement, les Templiers étaient à la tête d’une puissance financière et économique considérable.

    A la fin du XIIIème siècle, les Templiers se sont reconvertis en banquiers administrateurs de biens et ont complètement perdu de vue la reconquête des lieux saints. Les commanderies couvrent l’Europe médiévale d’une véritable toile d’araignée. Des donations considérables ont rendu l’ordre immensément riche et l’ont transformé en l’une des principales institutions financières occidentales … et la seule qui soit sûre. Il gère ainsi, en véritable banquier, les biens de l’Église et ceux des rois d’occident, dont Philippe le Bel.

    Ce dernier se méfie de plus en plus de l’ordre. Dès 1295, il met en place une véritable machination pour s’en débarrasser. Philippe le Bel dispose alors d’un redoutable légiste, Guillaume de Nogaret, à qui il confiera ses basses œuvres. Celles-ci passeront d’autant plus facilement que Nogaret était garde des sceaux. Cet homme sut trouver les « arguments » juridiques pour réaliser l’opération. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne lésinait pas sur les moyens : dépositions faites sous la torture, faux témoignages, etc. De nombreuses autres affaires ont fait de lui une figure noire de l’histoire.

    À la suite du concile de Vienne qui dura 7 mois, la bulle pontificale du 6 mai 1312 suspendit l’ordre du temple et persécuta les religieux pour les forcer à abjurer.

    Si l’ordre fut suspendu dans toute la chrétienté, les « Templiers » ne furent persécutés que dans les territoires sous l’obédience du roi de France.

    Conclusion : l’implication d’Hugues de Payns dans la création de l’Ordre du Temple

    Au point 1 intitulé « Avertissement : quid de la vérité historique ? », je me suis largement étendu sur les difficultés rencontrées pour sortir Hugues de Payns de la légende tissée par des pseudo-historiens peu scrupuleux.

    Les commentaires qui suivent se veulent le plus proche possible des sources respectueuses – autant que faire se peut – de la réalité historique.

    Je voudrais tout d’abord souligner le destin hors du commun du chevalier Hugues de Payns.

    Son apparition dans l’histoire de l’ordre coïncide avec sa première arrivée à Jérusalem. En 1104, ce chevalier est un nouveau venu en Terre sainte, pour ne pas dire un « bleu ». C’est sans doute la première fois qu’il est confronté de façon aussi abrupte aux dures réalités des combats. Rappelons qu’à ce moment, il n’a encore participé à aucune croisade.

    Chez ce jeune homme non aguerri, resté au stade des jeux de guerre avant d’arriver en Terre sainte, cette expérience nouvelle se fait probablement dans des conditions pour le moins tumultueuses.

    Passé le stade du choc émotionnel face aux atrocités du terrain, il se comportera en grand seigneur, allié à la famille du comte de Champagne. Son éducation chevaleresque lui a inculqué des valeurs et des vertus comme la piété, la loyauté et le courage ; en outre, l’empathie et la miséricorde sont des sentiments qu’un parent de Bernard de Clervaux ne peut ignorer.

    Ému de compassion et touché par le désir d’une vie plus parfaite, le jeune Hugues de Payns forme alors le dessein, avec ses huit compagnons, de se dévouer à la garde du Saint-Sépulcre et à la défense des pèlerins.

    Il s’y consacre avec humilité, sans aucune ostentation, en ne portant d’autre habit que celui de clerc séculier, sans aucune croix. La vaine gloire n’entre jamais dans ses projets.

    Une édifiante simplicité constitue son quotidien et celui de ses compagnons. Persuadés que la force et l'intrépidité sont des vertus païennes qui risquent de dégénérer en fougue et en dureté si elles ne sont liées à la religion, ces chevaliers se distinguent des militaires séculiers par leur douceur et leur sensibilité.

    L'amour fraternel est le premier mobile de leur conduite. Ils sont sur pied jour et nuit pour servir d'escorte aux pèlerins.

    Baudouin II, qui comptait beaucoup sur leur zèle, les envoie au concile de Troyes en 1127. Ils s’y présentent en habit clérical. Hugues de Payns porte la parole au nom de tous et expose de son mieux les grands desseins du futur Ordre du Temple. Une règle particulière, revêtue de l’autorité du Saint-Siège et du Patriarche de Jérusalem, leur est octroyée. Selon Saint-Bernard, cette règle sait « allier l'exercice des armes spirituelles avec celui des armes matérielles ».

    Hugues et ses compagnons prennent ensuite la direction de l’Angleterre et de l’Europe pour y exhorter les peuples aux nécessités d’une nouvelle croisade. Durant leur séjour en Occident, leurs effectifs s’accroissent considérablement, de même que leurs richesses et leurs biens immobiliers.

    Ce fut vers 1136 qu'Hugues des Païens / Hugues de Payns, premier Maître du Temple, passa à une vie meilleure, regretté par tous les Chrétiens zélés de Palestine et pleuré par ses Chevaliers, témoins pendant près de vingt ans de sa tendre piété, de son fort dévouement et de sa charité envers les pauvres et les pèlerins.

    Frère Écuyer Freddy D., avec la complicité vocale de notre Sœur Novice M.P.D.

    Sitographie :

    https://www.templiers-chevaliers.com

    N.d.l.r. : Ce site était actif au moment de la rédaction de ce parchemin. Depuis, il est devenu indisponible !

    https://www.lhistoire.fr/godefroy-de-bouillon-le-croisé-exemplaire

    https://www.templars-route.eu/fr

    https://www.papyrus.bib/umontreal

    N.d.l.r. : Ce site était actif au moment de la rédaction de ce parchemin. Depuis, il est devenu indisponible !

    https://www.mesnil-saint-loup.fr , onglet « histoire » " « Histoire des Templiers » + « Les Templiers à Mesnil-Saint-Loup » + « La Croix de Jérusalem » + autres développements sur Hugues de Payns et Bernard de Clervaux.


  • Commentaires

    1
    Samedi 21 Mai 2022 à 17:25

    Bonsoir à tous,
    Un grand merci au frère Freddy, qui nous offre une bonne synthèse sur Hugues de Payns et son rôle capital dans le fondation de l'ordre. 
    Je ne puis que vous conseiller la lecture de l'ouvrage de M Thierry F Leroy "Hugues de Payns" la naissance des Templiers. Il complète et apporte quelques éléments très intéressant de mon point de vue, à cet article, et ce, au regard de la découverte de nouvelles archives. En particulier , il établit de façon définitive l'origine champenoise d'Hugues de Payns d'une part et d'autre part il apporte des informations étayées sur le fait qu'Hugues de Payns fonda la première commanderie d'occident sur les terres de son fief de Payns. 
    Fraternellement
    Gérard de Saint Mandrier

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