• * L'Année Jubilaire de la Miséricorde

    Quelques précisions dans le cadre de l'Année Jubilaire de la Miséricorde

    La miséricorde

    Le mot « miséricorde » désigne le cœur profond, les « entrailles » qui frémissent sous le coup de la douleur et de la peine. Quel père ou mère n'a jamais ressenti cela en sachant son enfant malade ou perdu ? La miséricorde apparaît donc comme l'attachement profond d'un être pour un autre et particulièrement de Dieu pour l'homme. Dans notre vie, Dieu souffre avec nous ; il est bouleversé par nos malheurs, nos souffrances et notre condition d'homme pécheur. Il se réjouit aussi avec nous.

    La miséricorde, c'est l'émotion de Dieu envers sa créature. Dans un mouvement d'amour pour nous, il nous manifeste sa tendresse, nous aide concrètement dans nos vies, nous pardonne nos manquements, nos faiblesses, se réjouit avec nous ; et il nous envoie son Fils pour vivre tout avec nous.

    Dans le Nouveau Testament, Jésus nous invite à faire de même envers nos Frères : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. » (Matthieu 5, 48)

    Jésus-Christ est le visage de la miséricorde du Père. Le mystère de la foi chrétienne est là tout entier. Devenue vivante et visible, elle atteint son sommet en Jésus de Nazareth. A travers sa parole, ses gestes, et toute sa personne, Jésus de Nazareth révèle la miséricorde de Dieu.

    Nous avons toujours besoin de contempler le mystère de la miséricorde. Elle est source de joie, de sérénité et de paix. Elle est la condition de notre salut. « Miséricorde » est le mot qui révèle le mystère de la Sainte Trinité.

    • La miséricorde, c’est l’acte ultime et suprême par lequel Dieu vient à notre rencontre.
    • La miséricorde, c’est la foi fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie.
    • La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme, pour qu’il ouvre son cœur à l’espérance d’être aimé pour toujours malgré les limites de notre péché.

    Pour être capable de miséricorde, il nous faut d’abord nous mettre à l’écoute de la Parole de Dieu. Cela veut dire qu’il nous faut retrouver la valeur du silence pour méditer la Parole qui nous est adressée. C’est ainsi qu’il est possible de contempler la miséricorde de Dieu et d’en faire notre style de vie.

    Dans la miséricorde, nous avons la preuve de la façon dont Dieu aime. Il se donne tout entier, pour toujours, gratuitement, et sans rien demander en retour. Il vient à notre secours lorsque nous l’invoquons.

    Ne pas juger et ne pas condamner signifie, de façon positive, savoir accueillir ce qu’il y a de bon en toute personne et ne pas permettre qu’elle ait à souffrir de notre jugement partiel et de notre prétention à tout savoir. Ceci n’est pas encore suffisant pour exprimer ce qu’est la miséricorde. Jésus demande aussi de pardonner et de donner, d’être instruments du pardon puisque nous l’avons déjà reçu de Dieu, d’être généreux à l’égard de tous en sachant que Dieu étend aussi sa bonté pour nous avec grande magnanimité.

    Le regard fixé sur Jésus et son visage miséricordieux, nous pouvons accueillir l’amour de la Sainte Trinité. La mission que Jésus a reçue du Père a été de révéler le mystère de l’amour divin dans sa plénitude. L’évangéliste Jean affirme pour la première et unique fois dans toute l’Ecriture : « Dieu est amour » (I Jn 4,8, 16). Cet amour est désormais rendu visible et tangible dans toute la vie de Jésus. Sa personne n’est rien d’autre qu’amour, un amour qui se donne gratuitement.

    Dans les paraboles de la miséricorde, Jésus révèle la nature de Dieu comme celle d’un Père qui ne s’avoue jamais vaincu jusqu’à ce qu’il ait absous le péché et vaincu le refus, par la compassion et la miséricorde. Nous connaissons ces paraboles, trois en particulier : celle de la brebis égarée, celle de la pièce de monnaie perdue, et celle du père et des deux fils (cf. Luc 15, 1 – 32). Dans ces paraboles, Dieu est toujours présenté comme rempli de joie, surtout quand il pardonne. Nous y trouvons le noyau de l’Évangile et de notre foi, car la miséricorde y est présentée comme la force victorieuse de tout, qui remplit le cœur d’amour, et qui console en pardonnant.

    Le pardon de Dieu pour nos péchés n’a pas de limite. Dans la mort et la résurrection de Jésus-Christ, Dieu rend manifeste cet amour qui va jusqu’à détruire le péché des hommes.

    Jésus affirme que la miséricorde n’est pas seulement l’agir du Père, mais elle devient le critère pour comprendre qui sont ses véritables enfants. En résumé, nous sommes invités à vivre de miséricorde, parce qu’il nous a d’abord été fait miséricorde. Le pardon des offenses devient l’expression la plus manifeste de l’amour miséricordieux et pour nous chrétiens, c’est un impératif auquel nous ne pouvons pas nous soustraire. Bien souvent, il nous semble difficile de pardonner ! Cependant, le pardon est le moyen déposé de nos mains fragiles pour atteindre la paix du cœur. Se défaire de la rancœur, de la colère, de la violence et de la vengeance, est la condition nécessaire pour vivre heureux.

    Comme nous pouvons le remarquer, la miséricorde est, dans l’Ecriture, le mot-clé pour indiquer l’agir de Dieu envers nous. Son amour n’est pas seulement affirmé, mais il est rendu visible et tangible. L’amour miséricordieux des chrétiens doit être sur la même longueur d’onde. Comme le Père aime, ainsi aiment les enfants. Comme il est miséricordieux, ainsi sommes-nous appelés à être miséricordieux les uns envers les autres.

    Que notre pensée se tourne vers la Mère de la Miséricorde. Que la douceur de son regard nous accompagne en cette Année Sainte, afin que tous puissent redécouvrir la joie de la tendresse de Dieu. Personne n’a connu comme Marie la profondeur du mystère de Dieu fait homme. Sa vie entière fut modelée par la présence de la miséricorde faite chair. La Mère du crucifié Ressuscité est entrée dans le sanctuaire de la miséricorde divine en participant intimement au mystère de son amour.

    Choisie pour être la mère du Fils de Dieu, Marie fut préparée depuis toujours par l’amour du Père pour être l’Arche d’Alliance entre Dieu et les hommes. Elle a gardé dans son cœur la divine miséricorde en parfaite syntonie avec son Fils Jésus.

    Près de la croix, Marie avec Jean, le disciple de l’amour, est témoin des paroles de pardon qui jaillissent des lèvres de Jésus. Le pardon suprême offert à qui l’a crucifié nous montre jusqu’où peut aller la miséricorde de Dieu. Marie atteste que la miséricorde du Fils de Dieu n’a pas de limite et rejoint tout un chacun sans exclure personne. Adressons-lui l’antique et toujours nouvelle prière du Salve Regina, puisqu’elle ne se lasse jamais de poser sur nous un regard miséricordieux, et nous rend dignes de contempler le visage de la miséricorde, son Fils Jésus :

    Salut, Reine, Mère de Miséricorde, Vie, Douceur, et notre espérance, salut.

    Vers toi nous élevons nos cris, pauvres enfants d'Ève exilés.

    Vers toi nous soupirons, gémissant et pleurant dans cette vallée de larmes.

    Tourne donc, ô notre Avocate, tes yeux miséricordieux vers nous.

    Et, Jésus, le fruit béni de tes entrailles, montre-le nous après cet exil.

    Ô clémente, ô pieuse, ô douce Vierge Marie ! Amen.

    Prière du Pape François

    Seigneur Jésus-Christ, Toi qui nous as appris à être miséricordieux comme le Père céleste, et nous as dit que Te voir, c'est Le voir, montre-nous Ton visage, et nous serons sauvés.

    Ton regard rempli d'amour a libéré Zachée et Matthieu de l'esclavage de l'argent, la femme adultère et Madeleine de la quête du bonheur à travers les seules créatures : Tu as fait pleurer Pierre après son reniement, et promis le paradis au larron repenti.

    Fais que chacun de nous écoute cette parole dite à la Samaritaine comme s'adressant à nous : « Si tu savais le don de Dieu ! »

    Tu es le visage visible du père invisible, du Dieu qui manifesta sa toute-puissance par le pardon et la miséricorde ; fais que l'Eglise soit, dans le monde, Ton visage visible, Toi son Seigneur ressuscité dans la gloire.

    Tu as voulu que Tes serviteurs soient eux aussi habillés de faiblesse pour ressentir une vraie compassion à l'égard de ceux qui sont dans l'ignorance et l'erreur : fais que quiconque s'adresse à l'un d'eux se sente attendu, aimé, et pardonné par Dieu.

    Envoie Ton Esprit et consacre-nous tous de Son onction pour que le Jubilé de la Miséricorde soit une année de grâce du Seigneur, et qu'avec un enthousiasme renouvelé, Ton Eglise annonce aux pauvres la bonne nouvelle, aux prisonniers et aux opprimés la liberté, et aux aveugles qu'ils retrouveront la vue.

    Nous Te le demandons par Marie, Mère de la Miséricorde, à Toi qui vis et règnes avec le Père et le Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

    En guise de conclusion…

    Pour garder toute sa richesse au mot « miséricorde », il ne faut donc pas perdre de vue que c’est un mot à sens multiples. Etre miséricordieux, c’est avoir un cœur qui s’étreint devant le pauvre. Il signifie aussi « compassion », qui littéralement veut dire « souffrir avec l’autre ».

    Le mot « miséricorde » signifie aussi tendresse et fidélité dans la relation. Ici, il s’agit davantage d’un amour qui s’investit dans la durée, dans une histoire.

    Ce mot recouvre des attitudes qui touchent à la tendresse, à l’amour, à la bonté, à la compassion, à la  pitié, à la clémence, à la grâce… mais aussi à un engagement fidèle. C’est avoir une capacité d’être pris de compassion devant la faiblesse humaine, c’est avoir des entrailles qui peuvent rejoindre l’autre dans sa douleur ou ses épreuves. C’est aussi s’engager au service de l’autre dans sa durée, c’est entrer dans une fidélité avec les pauvres et les éprouvés en nouant avec eux une histoire d’alliance. La miséricorde nous pousse donc aussi à mobiliser nos énergies pour affronter ensemble les grands problèmes de notre société.

    Le Saint-Esprit est celui qui nous attire vers ce Dieu révélé en Jésus-Christ. Comme le bon samaritain, le bon pasteur, le père qui pardonne, il est inlassablement pris aux entrailles devant la peine, la détresse et le péché des hommes. Toujours aussi, il fait le premier pas pour nous guérir et nous relever. Son désir secret est que nous entrions dans cette ressemblance pour devenir « miséricordieux comme le Père ». Pour la gloire de Dieu et le salut du monde !

    Puisse le Carême de cette année Jubilaire être vécu plus intensément comme un temps fort pour célébrer et exprimer la miséricorde de Dieu.

    Que l’Esprit Saint qui guide les pas des croyants pour coopérer à l’œuvre du salut apporté par le Christ, conduise et soutienne le Peuple de Dieu pour l’aider à contempler le visage de la miséricorde.

    Puissent tous ceux qui le souhaitent prendre part à cette année extraordinaire de la miséricorde avec un cœur ouvert au Seigneur.

     

    Extraits de la brochure « Miséricordieux comme le Père »

    Livret du pèlerin

    Jubilé extraordinaire de la miséricorde

    Licap, Bruxelles, 2015

     

    Frère André B.


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