• * Le secret du bonheur

    231119 – Liturgie du dimanche 19 novembre 2023

     Le secret du bonheur 

     33ème dimanche du Temps Ordinaire 

    * Le secret du bonheur

    Introduction :

    Nous voici bientôt à la fin de l'année liturgique.  Nous sommes invités à découvrir combien le Règne de Dieu qui est annoncé pour la fin des temps est déjà présent au milieu de nous.  Par-delà les catastrophes et la souffrance du monde, saurons-nous découvrir les signes du Royaume de ce Royaume qui ne cesse de grandir ?  Il nous est confié pour que nous ne cessions de le faire naître.

    Extrait du site des Dominicains, prêcheurs en Belgique

    Dignes de confiance?

    Avec le don de la foi viennent des responsabilités dans le monde et en Église. Serons-nous dignes de la confiance que le Seigneur nous porte ?

    Vie liturgique, revue de pastorale liturgique publiée par Novalis

    « Une femme de vaillance ». 

    Il est bon d’entendre, en finale du Livre des Proverbes, l’éloge de cette « femme de vaillance » et du bonheur qu’elle sème autour d’elle. Le psaume conserve le cadre du bonheur quotidien d’une famille. Les deux autres lectures nous projettent, au contraire, dans un horizon de fin des temps.

    La Croix – Questions de vie – Questions de foi

    Malgré les différences culturelles,

    les exemples de réussite que propose la Bible doivent nous intéresser par leur message central : la fidélité à Dieu.

    * Le secret du bonheur

    1ère lecture : La femme vaillante fait fructifier ses talents.

    Lecture du Livre des Proverbes (Pr 31, 10-13.19-20.30-31)

    La femme vaillante, qui donc peut la trouver ? Elle est infiniment plus précieuse que les perles. Son mari peut avoir confiance en elle : au lieu de lui coûter, elle l'enrichira. Tous les jours de sa vie, elle lui épargne le malheur et lui donne le bonheur. Elle a fait provision de laine et de lin, et ses mains travaillent avec entrain. Sa main saisit la quenouille, ses doigts dirigent le fuseau. Ses doigts s'ouvrent en faveur du pauvre, elle tend la main au malheureux.

    Décevante est la grâce, et vaine la beauté ; la femme qui craint le Seigneur est seule digne de louange. Reconnaissez les fruits de son travail : sur la place publique, on fera l'éloge de son activité.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * Le secret du bonheur

    Commentaire 1 a :

    Le Livre des Proverbes rassemble des réflexions des sages d’Israël de différentes époques. Il témoigne des efforts pour traduire dans la vie de tous les jours la fidélité au Seigneur, Dieu d’Israël. Certes, le portrait qui est fait de la femme vaillante qui fait fructifier ses talents est lié à une civilisation très éloignée de la nôtre. Mais il montre que dans l’Ancienne Alliance déjà, la femme n’était pas considérée comme inférieure à l’homme.

    Commentaire du Père François Brossier, exégète, professeur honoraire de l'Institut Catholique de Paris

    * Le secret du bonheur

    Commentaire 1 b :

    Dans l’Antiquité, où les conditions de vie étaient très dures, surtout pour les femmes, dont le temps était dévoré par de nombreux et pénibles travaux domestiques, quelques-unes ont pourtant échappé au lot commun et ont pu tenir une place honorable dans la société, surtout dans les milieux aisés, où elles pouvaient disposer d’une domesticité les déchargeant des tâches les plus pénibles. C’est une réussite de ce genre que décrit cette lecture, avec, en conclusion, la petite leçon, qu’on peut tourner dans un sens positif : la fidélité à Dieu est plus importante que la beauté, qualité que la Bible, cependant, ne dédaigne pas (voir le Cantique des cantiques).

    La Croix – Questions de vie – Questions de foi

    * Le secret du bonheur

    Commentaire 1 c :

    Chose étonnante, ce que nous venons d'apprendre, ce sont les derniers mots du Livre des Proverbes : or c'est un éloge de la femme. Voilà qui prouve que les auteurs bibliques ne sont pas misogynes ! Et pourtant, nous n'avons eu qu'un extrait de ce long poème qui termine le Livre. Si vous avez la curiosité de lire le texte en entier, c'est-à-dire l'intégralité des versets 10 à 31 du dernier chapitre des Proverbes, vous verrez que c'est en quelque sorte le portrait de la femme idéale. L'expression «femme vaillante» du premier verset veut dire « femme de valeur » : celle qu'un homme doit épouser s'il veut être heureux. Or qu'a-t-elle d'extraordinaire ? Rien justement : elle est travailleuse, elle est fidèle et consacrée à son mari et à sa maison, sans oublier de tendre la main aux pauvres et aux malheureux. C'est tout, mais voilà des valeurs sûres, nous dit l'auteur, le secret du bonheur. Il n'emploie pas l'expression « secret du bonheur », il appelle cela sagesse, mais c'est la même chose.

    Et vous savez qu'en Israël, on est bien convaincu d'une chose : le secret du bonheur, Dieu seul peut nous l'enseigner, mais c'est fait de choses humbles et modestes de notre vie de tous les jours. Vous connaissez la célèbre phrase qui est dans ce même Livre des Proverbes : « La crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse » (Pr 9, 10). (La crainte au sens d'amour et de fidélité, tout simplement).

    Il est intéressant de voir que le Livre des Proverbes commence par neuf chapitres qui sont une invitation à cultiver cette vertu de la sagesse qui est l'art de diriger sa vie. Et, à l'autre extrémité de ce livre, se trouve ce poème à la gloire de la femme idéale : celle qui dirige bien sa vie, précisément. La leçon, c'est qu'une telle femme donne à son entourage la seule chose dont Dieu rêve pour l'humanité, à savoir le bonheur.

    Alors, ce n'est pas un hasard, bien sûr, si ce poème se présente de manière particulière : car si vous vous reportez à ce passage dans votre Bible, vous verrez que ce poème est alphabétique. Nous avons déjà rencontré des psaumes alphabétiques. C'est un procédé habituel : chaque verset commence par une lettre de l'alphabet dans l'ordre (En littérature, on appelle cela un acrostiche). Mais il ne s'agit pas de technique, pas plus que dans les psaumes, il s'agit d'une affirmation de la foi. La femme idéale, c'est celle qui s'est laissé imprégner par la sagesse de Dieu, elle est un reflet de la sagesse de Dieu. Et donc elle a tout compris, de A à Z.

    Le Livre des Proverbes n'est pas le seul à tenir ce genre de discours très positif sur la gent féminine. On pourrait citer des quantités d'autres phrases de la Bible qui font l'éloge des femmes, du moins de certaines. Il ne faut pas oublier que la Bible a, dès le début, une conception de la femme tout à fait originale. A Babylone, par exemple, on pensait que la femme a été créée après l'homme (sous-entendu l'homme a pu fort bien se passer de femme). Au contraire, le poème de la création (le premier chapitre de la Genèse) qui a été rédigé par les prêtres pendant l'Exil à Babylone, justement, affirme clairement : « Dieu créa l'homme à son image, à l'image de Dieu il le créa, mâle et femelle il les créa » (Gn 1, 27). (C'est-à-dire dès le début).

    Et le deuxième récit de la création dans la Genèse, et qui est plus ancien, raconte de manière très imagée la création de la femme aussitôt après l'homme. Il la décrit soigneusement comme une égale, puisqu'elle est de la même nature que lui « os de ses os, chair de sa chair » (Gn 2, 18-24). Ils sont tellement égaux d'ailleurs, qu'ils portent le même nom : homme et femme, deux mots qui ne sont pas de la même racine en français, mais qui, en hébreu, se disent ish au masculin, ishshah au féminin. Ce qui dit bien à la fois la similitude des deux et la particularité de chacun.

    Et le texte va plus loin, puisqu'il précise bien que la femme est un cadeau fait à l'homme pour son bonheur : « Le Seigneur Dieu dit : Il n'est pas bon pour l'homme d'être seul (Entendez : il n'est pas heureux pour l'homme d'être seul), je veux lui faire une aide qui lui soit accordée ». Et le texte hébreu précise « qui soit pour lui comme son vis-à-vis » (Gn 2, 18). Un vis-à-vis, c'est-à-dire un égal avec lequel on puisse dialoguer, dans un véritable face-à-face avec tout ce que cela comporte de révélation mutuelle, et de découverte de chacun dans le regard de l'autre.

    La suite du texte biblique raconte la déchirure qui s'est introduite peu à peu dans des relations qui auraient dû être faites de confiance et de dialogue : le soupçon s'est installé entre l'humanité et son créateur. Et des relations faussées se sont peu à peu elles aussi instaurées entre l'homme et la femme : désormais tout repose non sur le dialogue, mais sur le pouvoir : qui se fait séduction d'un côté, domination de l'autre.  « Ton désir te poussera vers l'homme, dit Dieu, et lui te dominera » (Gn 3,16). Et quand le théologien biblique écrit ce texte vers l'an 1000 av. J.- C., il y a des milliers d'années que l'expérience quotidienne vérifie cette analyse.

    Et voilà que notre Livre des Proverbes se prend de nouveau à rêver du couple idéal : ici l'homme peut se reposer entièrement sur sa compagne « son mari a confiance en elle... Elle lui épargne le malheur et lui donne le bonheur »... (V. 11... 12). L'auteur a même eu l'idée, l'audace devrais-je dire, de penser que le couple humain était lié par une véritable Alliance semblable à celle qui unit Dieu à Israël. Dans un autre passage du Livre des Proverbes, on peut lire que la femme qui rompt l'union conjugale rompt du même coup l'Alliance avec Dieu (2, 17).

    Je reviens à notre texte d'aujourd'hui : dans la conclusion de son livre, en somme, l'auteur veut mettre en valeur deux choses qui sont un peu les deux béatitudes de la femme : première béatitude « Heureuse es-tu, toi qui crains le Seigneur » (traduisez « toi qui aimes le Seigneur »). Deuxième béatitude « Heureuse es-tu : avec tout ce travail humble, apparemment inutile, tu crées du bonheur ».

    Compléments :

    1. Encore une remarque sur ce texte, mais cette fois, de vocabulaire : dans notre traduction liturgique, l'avant-dernier verset dit : « Décevante est la grâce, et vaine la beauté ; la femme qui craint le Seigneur est seule digne de louange ». Nous retrouvons ce mot de « crainte » du Seigneur que nous avons appris à lire de manière positive comme un amour filial. Mais ce que notre traduction ne rend pas très bien, c'est la première phrase : « Décevante est la grâce, et vaine la beauté » : le mot « vain » est exactement le même qui commence le Livre de Qohélet : «Vanité des vanités, tout est vanité». En hébreu, cela se dit « buée » (« buée de buées... »). On ne sait pas trop dater ni le Livre des Proverbes ni celui de Qohélet. Mais généralement, on émet l'hypothèse que ce passage précis des Proverbes serait du début du cinquième siècle av. J.- C., donc dans les années 400 et Qohélet cent ou deux cents ans plus tard (quatrième ou troisième siècle). Il n'y a peut-être pas eu filiation entre les deux, mais à tout le moins parenté.

    2. Ce qui est étonnant, finalement, c'est que cette femme, présentée par le Livre des Proverbes, ne fait rien d'extraordinaire ! Ses activités, telles qu'elles nous sont décrites ici, ressemblent à l'idée que nous nous faisons de la femme au foyer. Et on sait bien que ce n'est pas ce qui attire le plus en ce moment. Mais replaçons-nous dans le contexte historique : l'auteur ne prend pas parti pour ou contre la femme au foyer. Et d'ailleurs, qui dit « femme au foyer » ne dit pas femme cloîtrée, privée de toute vie sociale : dans d'autres versets de ce poème, il montre le rôle social qu'elle tient dans sa ville en participant entre autres à des activités commerciales et à des œuvres de charité. Grâce à sa liberté de mouvement et à sa disponibilité, elle est un maillon très important du tissu social.

    3. Voici quelques autres phrases de la Bible sur la femme : toujours dans le Livre des Proverbes, par exemple : « Une femme de valeur est une couronne pour son mari » (Pr 12). Ou encore dans le Livre de Ben Sirac : « Heureux celui qui vit avec une femme intelligente » (Si 25, 8) ... « Femme bonne fait un mari heureux et double le nombre de ses jours. Femme vaillante fait la joie de son mari qui passera dans la paix toutes ses années » (Si 26,1). « Comme une lampe qui brille sur le chandelier sacré, tel apparaît un beau visage sur un corps bien planté » (Si 26, 17). Et enfin, toujours dans le Livre de Ben Sirac : « Celui qui acquiert une femme a le commencement de la fortune, une aide semblable à lui et une colonne d'appui. Là où il n'y a pas de clôture, le domaine est au pillage, là où il n'y a pas de femme, l'homme erre en se lamentant » (Si 36, 29-30). Et que dire du Cantique des Cantiques !

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Le psaume d’aujourd’hui est un cantique de pèlerinageune leçon sur la famille patriarcale idéale.

    Nous aussi, quelles que soient nos épreuves, nous savons le bonheur qu’il y a à faire fructifier les dons de Dieu.

    * Le secret du bonheur

    Psaume : Ps 127, 1-2, 3, 4.5c.6a dit « Psaume des Montées »

    R/ Heureux le serviteur fidèle : Dieu lui confie sa maison !

    Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies !
    Tu te nourriras du travail de tes mains : Heureux es-tu ! À toi, le bonheur !

    R/ Heureux le serviteur fidèle : Dieu lui confie sa maison !

    Ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse,
    et tes fils, autour de la table, comme des plants d’olivier.

    R/ Heureux le serviteur fidèle : Dieu lui confie sa maison !

    Voilà comment sera béni l’homme qui craint le Seigneur.
    De Sion, que le Seigneur te bénisse !
    Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie.

    R/ Heureux le serviteur fidèle : Dieu lui confie sa maison !

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * Le secret du bonheur

    Commentaire 2 :

    Ce psaume est l'un des plus courts du psautier. Mais son contenu n'en est pas moins important. Car, après tout, il parle de la seule chose qui compte, le bonheur. On ne dira jamais assez que Dieu nous a créés pour nous rendre heureux. Cette évidence parcourt toute la Bible, ce qui était une audace par rapport aux pays voisins.

    Moïse déjà l'avait compris, puisque quand il a voulu décider son beau-frère à le suivre pour lui servir de guide dans le désert du Sinaï, il lui a promis « Viens avec nous. Nous te ferons profiter du bonheur que le Seigneur a promis à Israël » (Nb 10, 29). Le psaume 34/35 met la même assurance dans la bouche de David : « Le Seigneur a voulu le bonheur de son serviteur » (Ps 34/35, 27). Mais, si on y réfléchit, c'était déjà vrai pour Abraham : les promesses de Dieu à Abraham représentaient très exactement le bonheur le plus désirable à son époque : une descendance et la prospérité. D'ailleurs, le mot « bénédiction » est bien synonyme de bonheur. « En toi seront bénies toutes les familles de la terre » (Gn 12, 3) : cela signifie d'abord que toutes les nations de la terre ne trouveront pas de plus grand souhait à formuler que d'évoquer ta réussite. Elles se diront l'une à l'autre « puisses-tu prospérer comme le grand Abraham ». Plus tard, on comprendra que « toutes les nations de la terre accéderont par toi à la prospérité ». Que peut-on rêver de mieux ? Or c'est Dieu qui lui promet tout cela : dès leur première rencontre, c'est révélateur.

    Et, plus tard, quand on méditera sur les mystères de la Création, on reconnaîtra que Dieu n'a prévu que des choses bonnes : le Livre de la Genèse raconte que, quand Dieu, le sixième jour, embrassa du regard l'ensemble de son œuvre, « il vit tout ce qu'il avait fait. Voilà, c'était très bon » (Gn 1, 31). Et le mot hébreu, ici, suggère bien une idée de bonheur.

    Au long de l'histoire d'Israël, ce désir de Dieu de voir ses enfants heureux inspire toutes ses paroles et ses initiatives : par exemple il n'y a pas de commandement qui ne soit dicté par ce seul souci. Le Livre du Deutéronome qui résume magnifiquement toute la méditation d'Israël sur les fondements de la Loi résonne de recommandations qui n'ont pas d'autre but que de procurer bonheur et longue vie au peuple tout entier : « Garde les lois et les commandements que je te donne aujourd'hui pour ton bonheur et celui de tes fils après toi... » (Dt 4, 40). Ou encore : « Si seulement leur cœur était décidé à ... observer tous les jours mes commandements, pour leur bonheur et celui de leurs fils à jamais ! » (Dt 5, 29). Et le fameux texte du « Shema Israël » (la profession de foi) est précédé par ce conseil : «Tu écouteras, Israël, et tu veilleras à mettre en pratique (les lois et les commandements que je te donne) : ainsi tu seras heureux, et vous deviendrez très nombreux, comme te l'a promis le Seigneur, le Dieu de tes pères, dans un pays ruisselant de lait et de miel» (Dt 6, 3).

    Notre psaume répond en écho : « Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies ! », craindre le Seigneur, voulant exactement dire « marcher selon ses voies », c'est-à-dire obéir aux commandements qui n'ont été donnés que pour le bonheur de ceux qui les pratiquent. Vous savez bien que c'est pour cela que plusieurs psaumes sont écrits selon des procédés alphabétiques, manière d'affirmer haut et fort que, de A à Z, Dieu fait tout pour notre bonheur, en particulier par le don de la Loi. Et le texte de notre première lecture de ce dimanche, extrait du Livre des Proverbes, est lui aussi alphabétique.

    Ce psaume 127/128 est très court. Il n'a donc pas assez de versets pour employer toutes les lettres de l'alphabet comme débuts de phrase, mais son vocabulaire est éloquent ! Les mots « heureux », « bonheur » « béni » se répètent. Quant aux images, elles évoquent ce que l'on peut rêver de mieux : l'assurance de la subsistance, la paix dans la ville, la paix dans la maison, autour d'une belle famille, et la promesse d'une descendance. « De Sion, que le Seigneur te bénisse ! Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie, et tu verras les fils de tes fils ».

    La leçon qui se dégage de tout cela, c'est l'intérêt que Dieu prend à notre vie quotidienne : c'est bien là, dans les réalités très concrètes que se joue notre bonheur. L'Ancien Testament disait déjà très fort que Dieu n'est pas à chercher à l'intérieur des murs de nos églises, mais dans toute notre vie de chaque jour. Il reste que nous sommes libres de nous écarter des chemins du Seigneur, traduisez de transgresser les commandements et du coup de faire notre malheur.

    Ce n'est pas par hasard, peut-être, que notre psaume reprend le vocabulaire et les images du Livre de la Genèse. Après la faute, Dieu dit à Adam : « Le sol sera maudit à cause de toi. C'est dans la peine que tu t'en nourriras tous les jours de ta vie »... Et à la femme : « C'est péniblement que tu enfanteras des fils. Ton désir te poussera vers ton homme et lui te dominera ». Ici, le Livre de la Genèse ne fait que constater la spirale du mal qui s'instaure quand on a pris le mauvais chemin. Le jardin de délices s'est transformé en terre de discorde et de malheur. Ce texte du Livre de la Genèse sonne comme une mise en garde : au contraire, le psaume qui parle de l'homme fidèle, celui qui craint le Seigneur, lui promet réussite et bonheur familial : « Tu te nourriras du travail de tes mains » et « Ta femme sera dans ta maison comme une vigne généreuse, et tes fils, autour de la table, comme des plants d'olivier. Voilà comment sera béni l'homme qui craint le Seigneur ».

    Dans notre première lecture de ce dimanche, le Livre des Proverbes dit bien la même chose quand il fait l'éloge de la « femme qui craint le Seigneur », et affirme qu'elle seule est « digne de louange ». En définitive, au long des siècles, notre conception du bonheur peut changer, mais une seule chose compte : ne jamais oublier que le seul but de Dieu est de voir tous ses enfants heureux.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Depuis notre baptême, nous avons le statut d’enfants de la lumière.

    L’apôtre en montre les implications.

    * Le secret du bonheur

    Épître : Soyons vigilants pour attendre la venue du Seigneur.

    Lecture de la Première Lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens (1Th 5, 1-6)

    Frères, au sujet de la venue du Seigneur, il n'est pas nécessaire qu'on vous parle de délais ou de dates. Vous savez très bien que le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. Quand les gens diront : « Quelle paix ! Quelle tranquillité ! », c'est alors que, tout à coup, la catastrophe s'abattra sur eux, comme les douleurs sur la femme enceinte : ils ne pourront pas y échapper. Mais vous, frères, comme vous n'êtes pas dans les ténèbres, ce jour ne vous surprendra pas comme un voleur. En effet, vous êtes tous des fils de la lumière, des fils du jour ; nous n'appartenons pas à la nuit et aux ténèbres. Alors, ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * Le secret du bonheur

    Commentaire 3 a :

    De tous temps, les hommes ont cherché à connaître la date de la fin du monde. À chaque génération, il se trouve des illuminés pour annoncer la date exacte de cette fin. Paul a bien retenu l’enseignement de Jésus : il n’est pas question de spéculer sur les dates ou les délais. Ce qui est sûr, c’est que la fin des temps arrivera par surprise. Une seule solution pour être prêts quand la fin arrivera : être vigilants en menant une vie de fils de la lumière.

    Commentaire du Père François Brossier, exégète, professeur honoraire de l'Institut Catholique de Paris

    * Le secret du bonheur

    Commentaire 3 b :

    Des catastrophes récentes (inondations, incendies, guerres, etc.), ont montré à quel point l’avertissement de l’apôtre restait actuel et peut concerner notre temps, où, de fait, les comportements sociaux, dans une civilisation de publicité et de loisirs, sont plutôt du genre : « Quelle paix ! Quelle tranquillité ! ». L’apôtre nous réveille et nous secoue par l’annonce du jour du Seigneur. Il tire les conséquences de notre appartenance à la lumière. Par notre baptême nous avons été engendrés sous le signe de la lumière et du jour.

    La Croix – Questions de vie – Questions de foi

    * Le secret du bonheur

    Commentaire 3 c :

    Ce qui était le grand sujet de préoccupation des Thessaloniciens, au moment où Paul leur écrit cette Première Lettre, c'était la venue du Seigneur. Je note au passage que Paul ne parle pas du « retour » du Seigneur, il parle de sa « venue ». Car il est invisible, oui, mais il n'est pas absent. Ainsi, on ne peut donc pas parler de « retour » comme s'il était absent.

    Les premiers chrétiens, donc, parlaient plus volontiers de la venue du Seigneur ou du « Jour du Seigneur ». Et ils vivaient dans cette attente, tout comme Paul lui-même vivait tendu de tout son être vers ce jour. Car le mot ‘’attente’’ est ambigu peut-être pour nous. Il y a des attentes passives. Mais celle de Paul, celle des Thessaloniciens est une attente impatiente, j'aurais envie de dire fervente. On sent bien l'impatience des chrétiens derrière la phrase de Paul : « Au sujet de la venue du Seigneur, il n'est pas nécessaire qu'on vous parle de délais ou de dates ».

    Pour en parler, Paul emploie tout un vocabulaire et même un genre littéraire un peu surprenant pour nous, mais très familier à ses lecteurs du premier siècle. C'est ce qu'on appelle le « genre apocalyptique » (c'est-à-dire de dévoilement de la face cachée des choses). Quand on parle de « voleur dans la nuit », quand on évoque les « douleurs de la femme enceinte », de « catastrophe qui s'abat sur vous » tout cela sur fond d'opposition entre lumière et ténèbres, vous avez toute chance d'être en présence d'un texte apocalyptique. Jésus a employé des expressions tout à fait semblables parce que ce genre littéraire était florissant à son époque. Une époque où justement, l'attente du Messie et de la venue du Royaume de Dieu était très vive.

    L'objectif de ce genre de discours est double : premièrement, conforter la foi des lecteurs pour que rien ne les décourage, quelle que soit la longueur de l'attente. Deuxièmement, les encourager à avoir de l'audace dans le témoignage de leur foi à la face du monde, quelle que soit la dureté du temps présent, et même en cas de persécution.

    Mais pourquoi personne ne peut-il connaître à l'avance le moment de la venue du Seigneur ? Il y a au moins deux raisons :

    Première raison, le temps appartient à Dieu : le prophète Daniel disait « Que le nom de Dieu soit béni, depuis toujours et à jamais ! Car la sagesse et la puissance lui appartiennent. C'est lui qui fait alterner les temps et les moments » (Daniel 2, 21). Et Jésus lui-même reconnaissait ne pas le savoir : « Ce jour et cette heure, nul ne les connaît, ni les anges des cieux, ni le Fils, personne, sinon le Père, et lui seul » (Mt 24, 36). Soit dit en passant, Jésus nous donne là une formidable leçon d'humilité : il accepte de ne pas savoir... il fait confiance à son Père. Même à l'heure extrême, celle de Gethsémani, alors que le combat entre la lumière et les ténèbres, entre l'amour et la haine est à son paroxysme, il fait confiance. Nous n'avons plus qu'à en faire autant !

    Deuxième raison, Saint Pierre dit que ce temps dépend aussi de nous : « Il y a une chose en tout cas, mes amis, que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans et mille ans comme un jour. Le Seigneur ne tarde pas à tenir sa promesse, alors que certains prétendent qu'il a du retard, mais il fait preuve de patience envers vous, ne voulant pas que quelques-uns périssent mais que tous parviennent à la conversion » (2 Pi 3, 8-9). Et un peu plus bas, il ajoute « Vous qui attendez et qui hâtez la venue du jour de Dieu... ».

    Voilà de quoi nous renvoyer à nos responsabilités : mystérieusement, nous collaborons à la venue du Jour de Dieu. Cela peut paraître audacieux ! Mais c'est pourtant ce que nous disent Paul et Pierre. C'est d'ailleurs cela qui fait la grandeur de nos vies : elles sont la matière première du Royaume. Dieu ne le réalise pas sans nous. Pure coïncidence, peut-être, mais c'est justement après cette deuxième lecture que nous allons entendre la parabole des Talents qui nous parlera de la confiance que Dieu nous fait pour bâtir son Royaume !

    Jésus l'avait bien dit à ses disciples qui lui posaient la question : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le Royaume pour Israël ? ». Il leur avait répondu : « Vous n'avez pas à connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité ; mais vous allez recevoir une puissance, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins... » (Ac 1, 6-7). Ce qui était une manière de leur dire leur responsabilité, mais également de bien situer leur action dans celle de l'Esprit. Comme dit la quatrième Prière Eucharistique, « l'Esprit poursuit son œuvre dans le monde et achève toute sanctification ».

    Nous n'avons donc pas à nous soucier des temps et des moments, comme dit Jésus, ou des délais et des dates, comme dit Paul, il nous suffit d'essayer concrètement de faire avancer le Royaume, sûrs que nous avons reçu l'Esprit pour cela.

    Il semble bien que certains des chrétiens de Thessalonique, justement, se préoccupaient des délais : car, dans sa deuxième lettre à cette communauté, Paul juge utile de préciser : « Au sujet de la venue de Notre Seigneur Jésus-Christ et de notre rassemblement auprès de lui, n'allez pas trop vite perdre la tête ni vous effrayer à cause d'une révélation prophétique, d'un propos ou d'une lettre présentés comme venant de nous, et qui vous feraient croire que le jour du Seigneur est arrivé » (2 Thes 2, 1). Au moment où des soi-disant prophètes parlent de fin du monde, il nous est bon de réentendre cette mise en garde de Paul.

    Je reviens sur l'expression « fils de la lumière » : « Vous frères... vous êtes tous des fils de la lumière, des fils du jour ... », nous dit Paul. Le jour du Seigneur, ce sera quand l'humanité tout entière sera fille de lumière.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     

    Alléluia. Alléluia.
    Demeurez en moi, comme moi en vous, dit le Seigneur ;
    celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruit.
    Alléluia.

     

    Les appels à la vigilance se multiplient dans les lectures de ces dimanches.

    Mais le Seigneur y ajoute des conseils pratiques.

    * Le secret du bonheur

    Évangile : La venue du Fils de l'homme. Faire fructifier les dons du Seigneur.

    Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu (Mt 25, 14-30)

    Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole : « Un homme, qui partait en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l'un il donna une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul, à chacun selon ses capacités. Puis il partit.

    Aussitôt, celui qui avait reçu cinq talents s'occupa de les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n'en avait reçu qu'un creusa la terre et enfouit l'argent de son maître.

    Longtemps après, leur maître revient et il leur demande des comptes. Celui qui avait reçu les cinq talents s'avança en apportant cinq autres talents et dit : ‘’Seigneur, tu m'as confié cinq talents ; voilà, j'en ai gagné cinq autres. — Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître’’.

    Celui qui avait reçu deux talents s'avança ensuite et dit : ‘’Seigneur, tu m'as confié deux talents ; voilà, j'en ai gagné deux autres. — Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître’’.

    Celui qui avait reçu un seul talent s'avança ensuite et dit : ‘’Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n'as pas semé, tu ramasses là où tu n'as pas répandu le grain. J'ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t'appartient’’.

    Son maître lui répliqua : ‘’Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n'ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l'ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l'aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. Car celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance. Mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents !’’ ».

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Épiscopale Liturgique pour les pays francophones

    * Le secret du bonheur

    Commentaire 4 a :

    Jésus a disparu aux yeux des apôtres, mais il reviendra (Actes 1,1-11, Ascension), comme le maître parti en voyage et qui demande des comptes à son retour. Cette réalité est si importante que nos communautés se sont donné des moyens pour se la rappeler sans cesse. Ainsi, beaucoup de nos églises (surtout anciennes) sont tournées vers l’est et nos ancêtres dans la foi priaient debout face à l’orient, le soleil levant annonçant chaque jour le retour du Seigneur. Le temps présent, tout orienté vers le retour du Christ, est donc pour nos communautés et pour chacun de nous un temps à faire fructifier, comme un bon placement. Mais pour quels fruits ? Jésus répond en nous rappelant sans cesse que le salut n’est pas seulement destiné aux quelques privilégiés qui l’ont rencontré jadis, mais toute « la création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu » (Romains 8,19) et l’Évangile selon saint Matthieu s’achève précisément avec l’ordre d’évangéliser toutes les nations (28,19). Dans ce but, comme le roi de la parabole, le Christ nous confie des talents à faire fructifier, en premier lieu sa Parole.

    La Croix – Questions de vie – Questions de foi

    * Le secret du bonheur

    Commentaire 4 b :

    Les « talents » ! Dieu nous en a donnés à tous. Ces talents peuvent être, comme imagés ici, des dons matériels, cela peut être aussi des dons naturels, comme le chant, le dessin, les fleurs, etc. et ce peut être encore des dons spirituels, tels que la prière, l’écoute, l’accompagnement …etc.

    La liste peut être très longue. Ces « talents » que nous avons, les reconnaissons-nous ? Avons-nous seulement pris le temps, un jour, de nous arrêter pour en faire la liste ? Et ces talents comment les utilisons-nous ?  Si Dieu nous en a gratifiés, c’est qu’il attend que nous nous en servions pour le bien de son royaume, pour le bien des âmes. Il nous en demandera compte... que lui dirons-nous au soir de notre vie ? A quel serviteur de cette parabole ressemblerons-nous ?

    Jésus aujourd’hui nous invite à reconnaitre et à accueillir les dons qu’il nous fait, il nous appelle à nous en servir pour qu’ils portent du fruit. Puissions-nous prendre en ce jour, dans la course de notre journée, un temps d’arrêt, pour vivre cette rencontre-là avec le Seigneur, et voir avec lui ce qu’il attend de nous.

    Commentaires de Myriam de Gemma – Passionistes de Polynésie – Août 2014

    * Le secret du bonheur

    Commentaire 4 c :

    Si on en croit les apparences, le troisième serviteur n'a plus que ses yeux pour pleurer et pour regretter d'avoir mal jugé son maître. Qu'est-ce qui lui est reproché au juste ? D'avoir eu peur, tout simplement. « J'ai eu peur et je suis allé enfouir ton talent dans la terre ».

    Pourtant, il n'a rien fait de mal ! « Il n'a pas tué, il n'a pas volé », comme dit la chanson. Il rend à son maître exactement la somme confiée...  Mais justement voilà le mot : c'était une somme « confiée ». Le maître lui avait fait confiance, et lui, en retour, il a eu peur de ce maître. Tout se joue sur ce malentendu, la confiance d'un côté, la méfiance, de l'autre. Il est intéressant de noter combien de fois revient le mot « confier » : « Un homme, qui partait en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens »... et à son retour, au moment des comptes, les deux premiers serviteurs lui disent « tu m'as confié cinq talents, (deux talents)... J'en ai gagné autant » et le maître leur répond « Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t'en confierai beaucoup ».

    Les trois serviteurs ont été traités de la même façon par le maître, « chacun selon ses capacités », et le maître ne demande qu'à faire confiance encore plus. C'est certainement la première leçon de cette parabole ! Dieu nous fait confiance. Il nous associe à ses affaires, c'est-à-dire à son Royaume, chacun selon nos capacités. Cette expression « chacun selon ses capacités » est là pour nous rassurer. Il ne s'agit pas de nous culpabiliser de ce que nous n'avons pas su faire. D'ailleurs, le maître n'entre pas dans le détail des comptes avec les deux premiers. Il constate qu'ils sont entrés dans son projet qui est la marche de ses affaires, et c'est de cela qu'il les félicite. C'est la seule chose qui nous est demandée, faire notre petit possible pour le Royaume et nous nous entendrons dire : « Rassure-toi, tu as fait ce que tu as pu ».

    Cette confiance va loin : le maître attend que ses serviteurs prennent des initiatives, des risques même, pendant son absence. C'est bien ce qu'ont fait les deux premiers serviteurs : s'ils ont pu doubler la somme, c'est qu'ils ont osé risquer de perdre. Tandis que le troisième ne risquait pas de perdre quoi que ce soit. C'est lui qui a été prudent, pas les autres. Et ce sont les autres qui sont félicités. Face à cette confiance du maître, il y a deux attitudes : la première consiste à reconnaître la confiance qui est faite et s'employer à la mériter. C'est l'attitude des deux premiers : le même schéma se répète deux fois. Le maître confie, le serviteur en rendant ses comptes dit « tu m'as confié, voilà ce que j'ai fait ». Le maître félicite et dit « je t'en confierai encore » : on pourrait appeler cela « la spirale de la confiance ».

    Le troisième serviteur adopte l'attitude inverse : le maître confie, mais le serviteur ne voit pas que c'est de la confiance. Il ne l'interprète pas comme cela puisqu'il a peur de ce maître qu'il considère comme exigeant. Il croit avoir tout compris, il a jaugé son patron et décidé qu'il ne méritait pas d'être servi. Or la méfiance de ce troisième serviteur est d'autant plus injuste que le maître a bien pris soin de proportionner l'effort demandé à chacun « selon ses capacités ». Et il rêvait de pouvoir dire à chacun : « Entre dans la joie de ton maître ».

    Reste une phrase très difficile dans ce texte : « Celui qui a recevra encore, et il sera dans l'abondance. Mais celui qui n'a rien se fera enlever même ce qu'il a ». On en trouve une autre presque équivalente dans le Livre des Proverbes : « Donne au sage, il deviendra plus sage, instruis le juste, il augmentera son acquis » (Pr 9, 9). Prenons une comparaison : quand on a choisi la bonne direction, chaque minute, chaque pas nous rapproche du but. Mais quand on tourne le dos au but du voyage, chaque minute qui passe, chaque pas nous éloigne encore du but.

    Mais revenons aux deux premiers serviteurs puisque ce sont eux qui nous sont donnés en exemple : ils ont cru à la confiance qui leur était faite, et qui était énorme, puisque cinq talents, ou deux (ou même seulement un talent), ce sont des sommes absolument considérables et ils ont osé prendre des initiatives qui étaient risquées. Au moment où Jésus s'apprête à affronter la mort et à confier l'Église à ses disciples, la leçon est claire : même si son retour se fait attendre, les disciples de tous les temps auront à gérer le trésor de la Parole de Dieu : il faudra savoir prendre des initiatives pour qu'elle porte des fruits. Comme il le dit dans l'Évangile de Jean : « Je vous ai choisis et institués pour que vous alliez, que vous produisiez du fruit et que votre fruit demeure » (Jn 15, 16). Et nous n'avons pas à avoir peur car « de crainte, il n'y en a pas dans l'amour » (1 Jn 4, 18).

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    * Le secret du bonheur

    Homélie :

    1. Jésus marche vers Jérusalem, bientôt il sera élevé au ciel pour nous y préparer une place. La parabole que nous entendons dit quelque chose de notre passage vers le Royaume. Il pourrait arriver bientôt ! Jésus veut nous stimuler dans notre attente. La Parole de Dieu nous invite à une la vigilance active pour ne pas manquer le rendez-vous ! Nous sommes invités à une vigilance confiante et non à une inquiétude peureuse et paralysante. Dans cette situation de Pâques, la liturgie nous fait entrer dans le circuit de la vie qui nous est donnée. Il y a pour nous une urgence à nous laisser interroger pour entendre la Parole de Dieu. Il nous faut entrer dans le rayonnement d’Amour de la Trinité sainte. Dans l’attente du Seigneur, il ne s’agit pas seulement de rester actif, mais de nous préparer pour accueillir la rencontre d’amour. Les talents que nous recevons sont significatifs d’un enrichissement ! Un talent représente quinze années de travail, c’est une somme importante ! Le terme de « serviteur » qui est utilisé signifie que nous ne sommes pas des propriétaires sur cette terre. Jésus nous laisse le temps de faire fructifier les dons qu’il nous a obtenus par sa Passion et par sa Croix. Nous ne sommes pas propriétaires de notre vie, elle ne nous appartient pas, elle appartient au Seigneur. Mais nous pouvons l’enrichir de tous les dons qui nous sont donnés et qui viennent du ciel.

    2. Nous recevons notre vie humaine de Dieu, avec beaucoup de capacités ! Cette vie nous est offerte comme un cadeau très merveilleux. Jésus nous constitue gérant de son amour. Ce qu’il nous donne gratuitement, il nous invite à le lui redonner enrichi de la manière dont nous lui avons répondu avec amour. La confiance et la gratuité sont le climat fécond de l’amour : « Celui qui a recevra encore, il sera dans l’abondance ». Les talents enrichissent donc notre vie humaine d’une manière surprenante ! Le capital a doublé, c’est une façon de s’exprimer en parlant de la vie divine. Le don s’est décuplé à l’infini. Ce sont toutes les possibilités qui nous sont données dans notre vie humaine qui peuvent être divinisée.

    3. Le serviteur qui est blâmé au retour du maître a vécu dans l’inquiétude et dans la crainte. Les deux autres serviteurs, après le départ de leur maître, se mettent tout simplement au travail, sans plus de préoccupations. Comme ce troisième serviteur, nous pouvons garder au cœur la mémoire de Jésus, en étant paralysé par la peur et la crainte. Nous pouvons aussi garder au cœur la mémoire de Jésus, libéré, avec des énergies et une grande confiance. Chacun agit selon l’image de Dieu qu’il porte en son cœur. Si nous gardons au cœur la mémoire du Seigneur Jésus dans la pensée de sa miséricorde qui résonne en nous, c’est un espace ouvert à notre liberté et à notre responsabilité pour faire fructifier nos dons, pour préparer la venue du Royaume qui nous est donné. Thérèse de Lisieux disait : « C’est la confiance et rien que la confiance qui nous conduit à l’amour ». Cette rencontre est une rencontre d’amour, celle du bien-aimé avec sa bien-aimée. Cette bien-aimée, c’est chacun de nous identifié à son Bien-aimé. Nous comprenons le talent comme le don de Dieu qui nous est donné, et qui est encore plus précieux que notre vie, puisqu’il est enrichi à l’infini.

    Père Gilbert Adam

    * Le secret du bonheur

    Prières :

    1. Demandons la grâce de comprendre le cadeau que Dieu nous fait en nous donnant la vie divine.

    Père Gilbert Adam

    2. Seigneur, reçois nos prières en ce dimanche, prends soin de nous, pauvres pêcheurs sauvés par l’amour de ton Fils, le Christ, et éclairés par ton Esprit sur tous les chemins de terre. Amen.

    Père Jean-Luc Fabre

    3. Nous vivons dans l’attente de la venue définitive du Christ. Prions le Père pour que vienne enfin le jour où éclatera la plénitude de son règne.

    Que ton règne vienne !

    Dieu notre Père, toi qui nous apprends le chemin de la vie,

    reçois avec bonté cette prière que tu suscites toi-même en nos cœurs.

    Nous te le demandons, par Jésus, le Fils de l’homme, vivant pour les siècles des siècles. Amen

    Vie liturgique, revue de pastorale liturgique publiée par Novalis

    * Le secret du bonheur

    Conclusion : Durant le long temps de l'absence

    Chers Sœurs et Frères dans la foi,

    L’Évangile compare le temps de l'Église au long temps de l'absence d'un maître parti en voyage. À la fin de l'année liturgique, nous lisons les derniers enseignements de Jésus avant sa Passion. Dimanche dernier, l'époux tardait à venir. Voici aujourd'hui une autre parabole de la vigilance : le rappel que le maître reviendra et qu'on ne sait ni le jour ni l'heure. Il nous faut être prêts !

    Avant de partir, le maître nous a confié des talents. De quoi s'agit-il? Le langage populaire en a fait des aptitudes naturelles. On dit à l'école : « Elle a beaucoup de talent ! » Mais dans l'empire romain, le talent était d'abord une unité de poids. Cinq talents d'argent valaient environ un million et demi de dollars.

    C'est donc une fortune que le maître a distribuée avant de partir en voyage, une somme importante qu'il nous demande de bien gérer, et surtout, de lui remettre à son retour. Jusque-là, il nous fait pleinement confiance.

    Notre première tentation est de nous comparer aux autres : « Suis-je aussi capable, aussi habile ou aussi productif que les autres ? ».

    « Il y a diversité de dons spirituels » écrivait saint Paul. Nous prenons ici conscience de nos dons individuels : « Je suis unique et irremplaçable aux yeux du Créateur, avec des occasions, des aptitudes, des qualités adaptées à la responsabilité qui m'est confiée. Je n'aurai peut-être jamais à gérer le million ! ».

    Et puis l'absence du maître nous paraît si longue ! On peut penser que ‘’Dieu est mort’’ ou inexistant, et organiser sa vie comme s'il n'existait pas. C'était le sens des paraboles sur l'arche de Noé, les hommes aux champs, les femmes au moulin, le voleur, le serviteur qui veille, ainsi que les dix jeunes filles.

    En fait, les talents représentent le Règne de Dieu qui nous est confié. Notre pire erreur serait d'enfouir un tel trésor par manque de confiance, plutôt que d'y convoquer l'humanité.

    Bernard Lafrenière – Congrégation de la Sainte Croix

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    * Le secret du bonheur

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS :

    Seigneur notre Dieu, nous t’en prions : accorde-nous la joie de t’appartenir sans réserve, car c’est un bonheur durable et profond de servir constamment le créateur de tout bien.

    Références :

    https://www.dominicains.be/fr/celebrer/eucharistie/1820-33e-dimanche-ordinaire-945

    http://vieliturgique.ca/index.php?option=com_content&task=view&id=80

    https://croire.la-croix.com/Paroisses/Textes-du-dimanche/33e-dimanche-ordinaire-annee-a

    https://www.vercalendario.info/fr/evenement/liturgie-catholique-15-novembre-2020.html

    https://www.aelf.org/2023-11-19/belgique/messe

    https://croire.la-croix.com/Paroisses/Textes-du-dimanche/2017/33e-dimanche-ordinaire-dimanche-19-novembre-2017/Aide-a-l-homelie/1e-lecture-Pr-31-10

    http://www.catholique-blois.net/actualite/commentaires-evangile/commentaires-devangile/33e-dimanche-a-19-novembre-2017

    https://croire.la-croix.com/Paroisses/Textes-du-dimanche/2017/33e-dimanche-ordinaire-dimanche-19-novembre-2017/Aide-a-l-homelie/Psaume-127

    https://croire.la-croix.com/Paroisses/Textes-du-dimanche/2017/33e-dimanche-ordinaire-dimanche-19-novembre-2017/Aide-a-l-homelie/2e-lecture-1Th-5-1-6

    http://passionistedepolynesie.e-monsite.com/pages/enseignement-myriam-de-gemma/reflexions-bibliques/matthieu/matthieu-25-14-30.html

    https://croire.la-croix.com/Paroisses/Textes-du-dimanche/2017/33e-dimanche-ordinaire-dimanche-19-novembre-2017/Aide-a-l-homelie/Evangile-Mt-25-14-30

    http://thierry.jallas.over-blog.com/article-commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-a-33e-dimanche-du-temps-ordinaire-13-novembr-88277849.html

    http://www.pere-gilbert-adam.org/Trente-troisieme-dimanche-annee-A.html

    http://jardinierdedieu.fr/priere-universelle-du-33e-dimanche-du-temps-ordinaire.html

    http://www.vieliturgique.ca/index.php?option=com_content&task=view&id=52

    http://pages.videotron.com/homelie7/trentetroisordA+.htm

    Magnificat du dimanche 19 novembre 2023 page 251


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