• * Qui cherchons-nous ?

    240114 – Liturgie du 2ème dimanche du Temps ordinaire

     Qui cherchons-nous ? 

    2ème dimanche du Temps ordinaire

    * Qui cherchons-nous ?

    Introduction :

    En ce deuxième dimanche du temps ordinaire, les lectures semblent axées sur le thème de la vocation. Tandis que la première lecture nous révèle Dieu comme étant la source et l’initiateur de toute vocation, vocation que les autres doivent nous aider à discerner, l’Évangile nous enseigne que ce n’est qu’au pied de Jésus que nous pouvons apprendre à répondre favorablement et généreusement à cet appel. A cela, il nous faut ajouter notre effort personnel quotidien pour que rien de tout ce qui est susceptible de nous séparer de Dieu ne se mette entre Dieu et nous comme le souligne la deuxième lecture de ce jour du Seigneur.

    Société du Verbe divin – Province Togo – Bénin

    Après son baptême, Jésus a commencé sa vie publique. Pour notre part, nous sommes entrés dans le temps liturgique ordinaire. Jésus va cheminer avec nous, nous allons cheminer avec lui. Nous nous mettons en route, à son école. Pourvu que la marche qui commence soit passionnante ! À force d’avancer d’année en année, de recommencer sans cesse un parcours chaque fois nouveau, pourvu que peu à peu l’ordinaire de nos jours s’évangélise, que nous apprenions de mieux en mieux ce que veut dire être humain et être heureux. Encore faut-il se mettre en route avec un grand désir.

    L’Église des Jésuites à Paris

    * Qui cherchons-nous ?

    Qui cherchons-nous ? Comme les premiers disciples, soyons disponibles pour reconnaître celui que nous cherchons, et qui passe. Acceptons de le suivre. En cette journée mondiale des migrants, laissons-nous surprendre par le frère qui est autre, préparons-nous à voir son visage, le visage du Ressuscité.

    Chorale paroissiale du Pôle Missionnaire de Fontainebleau

    Frères et Sœurs,

    après la fête de la Nativité de Notre Seigneur, nous voici entrés pour quelques semaines dans le temps dit « ordinaire ».

    Aucune fête importante ne marquera nos rencontres hebdomadaires.

    Pourtant, dans ce qui peut nous paraître banal et sans relief, l'appel du Seigneur continue à se faire entendre.

    Sommes-nous prêts à nous mettre à l'écoute de Celui qui vient à notre rencontre?

    Dominicains.be

    Le devenir véritable s’annonce dans la répétition…

    * Qui cherchons-nous ?

    1ère lecture : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ».

    Lecture du Premier Livre de Samuel (1 S 3, 3b-10.19)

    En ces jours-là, le jeune Samuel était couché dans le temple du Seigneur à Silo,

    où se trouvait l’arche de Dieu.

    Le Seigneur appela Samuel, qui répondit : « Me voici ! »

    Il courut vers le prêtre Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. »

    Éli répondit : « Je n’ai pas appelé. Retourne te coucher. »

    L’enfant alla se coucher.

    De nouveau, le Seigneur appela Samuel.

    Et Samuel se leva. Il alla auprès d’Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. »

    Éli répondit : « Je n’ai pas appelé, mon fils. Retourne te coucher. »

    Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée.

    De nouveau, le Seigneur appela Samuel.

    Celui-ci se leva. Il alla auprès d’Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. »

    Alors Éli comprit que c’était le Seigneur qui appelait l’enfant, et il lui dit :

    « Va te recoucher, et s’il t’appelle, tu diras : “Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.” »

    Samuel alla se recoucher à sa place habituelle.

    Le Seigneur vint, il se tenait là et il appela comme les autres fois :

    « Samuel ! Samuel ! »

    Et Samuel répondit : « Parle, ton serviteur écoute. »

    Samuel grandit. Le Seigneur était avec lui, et il ne laissa aucune de ses paroles sans effet.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * Qui cherchons-nous ?

    Commentaire 1 a :

    Ce récit du Livre de Samuel est malheureusement très tronqué au point de le rendre méconnaissable. Nous avons tout intérêt à aller lire le récit complet.

    Alors que le prêtre Éli (qui n’a rien à voir avec le prophète Élie) est devenu vieux et aveugle et que ses fils sont des vauriens, le lecteur du Livre de Samuel s’attend à ce que ce soit le jeune Samuel, attaché au Temple, qui le remplace. Il est aussi souligné que la parole du Seigneur était rare en ce jour-là et la vision n’était pas chose courante. Cela explique que Samuel, en s’entendant appelé par son nom, croit entendre un appel d’Éli. Finalement, le prêtre remplit sa mission en indiquant à Samuel que c’est le Seigneur qui l’appelle. Samuel va recevoir du Seigneur la nouvelle que Dieu va retirer à Éli et à ses vauriens de fils la responsabilité du Temple. Il aura à transmettre la nouvelle à Éli. On s’attend à voir la confirmation que Samuel sera celui qui prendra la place d’Éli. Il n’en est rien : Samuel reçoit la mission d’être porte parole de Dieu, c’est-à-dire son prophète. Nous ne sommes donc pas là devant un récit de vocation (Il n’a pas les caractéristiques habituelles des récits de vocation) mais devant un récit qui manifeste la transformation du jeune servant du Temple en prophète. « Tout Israël sut que Samuel était accrédité comme prophète du Seigneur. » (1 S 3,20)

    Commentaire de François Brossier – Diocèse de Blois

    * Qui cherchons-nous ?

    Commentaire 1 b :

    De la vocation de Samuel…

    Il faut relire tout le début du Premier Livre de Samuel : c’est presque un roman, tellement l’histoire est belle... mais comme toujours, le texte biblique n’est pas là seulement pour l’anecdote. Il faut lire entre les lignes. On connaît l’histoire de Samuel. C’est un enfant du miracle car sa maman, Anne, était désespérément stérile. Un jour de grand chagrin, elle a fait un vœu : si j’ai un fils, il sera consacré au service de Dieu. Et Samuel est né. Anne, bien sûr, a tenu sa promesse et voilà l’enfant confié au vieux prêtre Éli qui est le gardien du sanctuaire de Silo (à ne pas confondre avec le prophète Élie qui a vécu beaucoup plus tard).

    Où est Silo ? Ce n’est plus aujourd’hui qu’un petit hameau à une trentaine de kilomètres au Nord de Jérusalem. Mais ce fut un lieu de rassemblement important pour les tribus d’Israël pendant toute une période.

    Qui dit lieu de rassemblement à cette époque-là dit surtout lieu de culte : et c’est dans ce sanctuaire de Silo qu’un petit garçon, Samuel, reçoit vers 1050 av. J.-C. sa vocation de prophète. À partir de là, il deviendra l’une des figures les plus marquantes de l’histoire d’Israël, le dernier des Juges. À tel point que plus tard, Jérémie l’a comparé à Moïse lui-même (Jr 15,1) et le psaume 98/99 en fait autant : «Moïse et Aaron et Samuel faisaient appel au Seigneur et il leur répondait» (Ps 98/99,6).

    Comme Moïse également, Samuel a été visiblement un chef à la fois spirituel et politique : on le voit exerçant une fonction de prêtre, chargé d’offrir les sacrifices, mais aussi rendant la justice. C’est lui encore qui aura l’honneur de couronner les deux premiers rois d’Israël, Saül et David. A ce titre, il a vécu lui-même et fait vivre au peuple d’Israël un véritable tournant de son histoire. Il joue sûrement (aussi) un rôle important à la cour : on le voit transmettre aux rois les décisions de Dieu, et dans ces occasions, il est présenté comme un véritable prophète.

    Les deux phrases qui encadrent le récit de la vocation de Samuel insistent justement sur ce point. Les voici : le début du chapitre 3 précise : « La parole du Seigneur était rare en ces jours-là, la vision n’était pas chose courante. » (1 S 3,1). Et à la fin du récit, l’auteur conclut : « Samuel grandit. Le Seigneur était avec lui et ne laissa aucune de ses paroles sans effet. Tout Israël, de Dan à Béer-Shéva, sut que Samuel était accrédité comme prophète du Seigneur. Le Seigneur continua d’apparaître à Silo. Le Seigneur, en effet, se révélait à Samuel, à Silo, par la parole du Seigneur, et la parole du Seigneur s’adressait à tout Israël. » (1 S 3,21s).

    Une telle insistance laisse penser que ce texte a été écrit à une époque où il était urgent de mettre le peuple en garde contre les faux prophètes, ceux qui se désignaient eux-mêmes au lieu de répondre à un appel de Dieu. Un vrai prophète, au contraire, c’est quelqu’un comme Samuel qui transmet au peuple toute la parole du Seigneur et seulement la parole du Seigneur. Peut-être l’auteur veut-il également raffermir la foi du peuple à une période difficile : en rappelant que même quand le Seigneur est silencieux, il ne nous oublie pas et son appel résonne...

    Manière de dire : « La parole du Seigneur était rare en ces jours-là, la vision n’était pas chose courante ». Eh bien justement c’est à ce moment de silence apparent que Dieu a appelé l’un de vos plus grands prophètes.

    … à la vocation des baptisés

    Enfin, bien sûr, ce récit nous propose un exemple pour le temps présent. Le récit de la vocation de Samuel est un modèle de réponse à l’appel de Dieu, un modèle d’acceptation d’une vocation prophétique. Voici donc quelques remarques sur la vocation de Samuel et à travers elle sur toute vocation prophétique. On peut noter trois points :

    1. Sur l’appel, d’abord : Samuel n’est encore qu’un enfant. Pas besoin d’être âgé, fort, puissant, compétent ! On retrouve une fois de plus le paradoxe habituel : c’est dans la faiblesse humaine que Dieu se manifeste. Alors que Jérémie disait : « Ah, Seigneur Dieu, je ne saurais parler, je suis trop jeune ! » Dieu lui a répondu : « Ne dis pas je suis trop jeune !... N’aie peur de personne, car je suis avec toi pour te libérer » (Jr 1,7).
    2. À propos de l’appel encore, ce n’est pas Samuel qui a compris le premier qu’il était appelé par Dieu. C’est le prêtre Éli. Il a su au bon moment aider Samuel à discerner la voix de Dieu.
    3. Là aussi, sans aucun doute, l’auteur de ce texte propose un exemple à suivre : Éli s’efface. Il n’interfère pas dans ce qu’il reconnaît comme une initiative de Dieu. .
    4. Sur la réponse enfin : elle est bien simple ! « Me voici » répété quatre fois et enfin « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ». Elle est le reflet de la totale disponibilité, la seule chose que Dieu recherche pour poursuivre son projet d’alliance avec l’humanité. La dernière phrase de ce texte est encore une leçon pour chacun d’entre nous. « Samuel grandit, le Seigneur était avec lui, et aucune de ses paroles ne demeura sans effet. » Dans le cadre de notre vocation propre, nous sommes assurés à chaque instant de la présence et de la force de Dieu.
    5. Enfin, il est vrai, et c’est presque une vérité de La Palisse, que Samuel a pu répondre à l’appel parce qu’il l’a entendu ! Et il l’a entendu parce qu’il était dans le sanctuaire : Anne, sa mère, l’y avait conduit et Éli prenait soin de lui. Peut-être faut-il se donner et donner à ceux dont nous avons la charge des occasions de franchir les portes des sanctuaires pour y entendre l’appel de Dieu ?

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté !

    * Qui cherchons-nous ?

    Psaume : 39 (40), 2abc.4ab, 7-8a, 8b-9, 10cd.11cd

    R/ Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté.

    D’un grand espoir, j’espérais le Seigneur : il s’est penché vers moi.

    En ma bouche il a mis un chant nouveau, une louange à notre Dieu.

    R/ Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté.

    Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ;

    tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit : « Voici, je viens. »

    R/ Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté.

    « Dans le Livre, est écrit pour moi ce que tu veux que je fasse.

    Mon Dieu, voilà ce que j’aime : ta loi me tient aux entrailles. »

    R/ Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté.

    Vois, je ne retiens pas mes lèvres, Seigneur, tu le sais.

    J’ai dit ton amour et ta vérité à la grande assemblée.

    R/ Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté.

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * Qui cherchons-nous ?

    Commentaire 2 :

    L’évolution des sacrifices en Israël

     « Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu ne demandais ni holocauste ni victime... ». Phrase étonnante pour nous qui croyons parfois que Dieu réclame des sacrifices. Et pourtant cette phrase est là : « Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, tu as ouvert mes oreilles ; tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit : ‘’Voici, je viens.’’ »

    Il a fallu toute une pédagogie des prophètes pour faire évoluer la pratique sacrificielle. Toute la Bible est l’histoire d’un long apprentissage et, avec ce psaume 39/40, nous sommes à la phase finale de cette lente transformation des relations entre Israël et son Dieu.

    Je reprends rapidement cette histoire des sacrifices en Israël : elle se développe en même temps que progresse la connaissance de Dieu. C’est logique : « sacrifier », (« sacrum facere » en latin) signifie « faire du sacré », entrer en contact ou mieux en communion avec Dieu. Tout dépend évidemment de l’idée qu’on se fait de Dieu. Donc au fur et à mesure qu’on découvre le vrai visage de Dieu, la pratique sacrificielle va changer.

    Je commence par le début :

    Première chose à retenir : ce n’est pas Israël qui a inventé la démarche du sacrifice ou de l’offrande : (il y en a chez les autres peuples du Moyen Orient bien avant que le peuple hébreu ne mérite le nom de peuple).

    Deuxième constatation lorsqu’on s’intéresse à la pratique sacrificielle d’Israël : il y a toujours eu des offrandes et des sacrifices en Israël tout au long de l’histoire biblique. Il y a une très grande variété de sacrifices mais tous sont un moyen de communiquer avec Dieu.

    Troisième point : les sacrifices pratiqués par le peuple élu ressemblent à ceux de leurs voisins... oui, mais à une exception près et une exception qui est colossale : la spécificité des sacrifices en Israël, c’est que, dès le début de l’histoire biblique, les sacrifices humains sont strictement interdits. Il y en a eu. C’est vrai. Et même s’il y en a eu peu, on ne peut pas nier qu’il y a eu des sacrifices humains en Israël. Cela ne prouve pas que cela était permis et approuvé ! Au contraire, c’est une constante dans la Bible : les sacrifices humains sont de tout temps considérés comme une horreur. Jérémie dit de la part de Dieu : « Cela, je n’en ai jamais eu idée ! » et un peu plus loin : « Cela je ne l’ai jamais demandé et je n’ai jamais eu l’idée de faire commettre une telle horreur... » (Jr 7,31 ; 19,6 ; 32,35). Et le fameux récit du sacrifice d’Abraham, ce que les Juifs appellent « la ligature d’Isaac » est lu justement comme la preuve que, depuis le début de l’Alliance entre Dieu et ce peuple qu’il s’est choisi, les sacrifices humains sont strictement interdits. Justement, Abraham va découvrir que « sacrifier » (« faire sacré ») ne veut pas dire « tuer » ! Il a offert son fils, il ne l’a pas tué.

    Si on y réfléchit, c’est tout ce qu’il y a de plus logique ! Dieu est le Dieu de la vie : impensable que pour nous rapprocher de Lui, il faille donner la mort ! Cette interdiction des sacrifices humains sera la première insistance de la religion de l’Alliance. On continuera à pratiquer seulement des sacrifices d’animaux. Puis peu à peu, on va assister au long des siècles à une véritable transformation, on pourrait dire une conversion du sacrifice. Cette conversion va porter sur deux points :

    Dis-moi quel est ton sacrifice… je te dirai quel est ton dieu.

    Sur le sens des sacrifices d’abord, sur la matière des sacrifices ensuite :

    Premièrement, donc, la conversion va porter sur le sens des sacrifices : dans la Bible, au fur et à mesure que l’on découvre Dieu, les sacrifices vont évoluer. En fait, on pourrait dire : « Dis-moi tes sacrifices, je te dirai quel est ton Dieu ». Notre Dieu est-il un Dieu qu’il faut apprivoiser ? Dont il faut obtenir les bonnes grâces ? Auprès duquel il faut acquérir des mérites ? Un Dieu courroucé qu’il faut apaiser ? Un Dieu qui exige des morts ? Alors nos sacrifices seront faits dans cet esprit là, ce seront des rites magiques pour acheter Dieu en quelque sorte. Ou bien notre Dieu est-il un Dieu qui nous aime le premier... un Dieu dont le dessein n’est que bienveillant... dont la grâce est acquise d’avance, parce qu’il n’est que Grâce... le Dieu de l’Amour et de la Vie.

    Et alors nos sacrifices seront tout autres. Ils seront des gestes d’amour et de reconnaissance. Les rites ne seront plus des gestes magiques mais des signes de l’Alliance conclue avec Dieu.

    Toute la Bible est l’histoire de ce lent apprentissage pour passer de la première image de Dieu à la seconde. C’est nous qui avons besoin d’être apprivoisés, qui avons besoin de découvrir que tout est « cadeau », qui avons besoin d’apprendre à dire simplement « merci » (Ce que la Bible appellera plus tard le « sacrifice des lèvres »). Toute la pédagogie biblique vise à nous faire quitter la logique du «donnant-donnant», du calcul, des mérites, pour entrer dans la logique de la grâce, du don gratuit. Et notre apprentissage n’est jamais fini.

    Deuxièmement, la conversion va aussi porter sur la matière des sacrifices : les prophètes ont joué un grand rôle dans ce lent apprentissage du peuple élu. Ils lui ont fait découvrir peu à peu le véritable sacrifice que Dieu attend : accomplir des sacrifices au sens de « sacrum-facere » (« faire sacré »), c’est tout à fait bien à condition de ne pas se tromper sur ce que Dieu attend de nous ! Tout se passe comme si les prophètes nous disaient : « tu veux entrer en relation avec Dieu...? Fort bien ! ... à condition de ne pas te tromper de Dieu ! »

    C’est peut-être une phrase du prophète Osée (au huitième siècle av. J.-C.) qui résume le plus parfaitement cette prédication des prophètes : « C’est l’amour que je veux et non les sacrifices » (Os 6,6).

    On découvre peu à peu que le véritable « sacrifice », « faire sacré » consiste non plus à tuer mais à faire vivre. Dieu est le Dieu des vivants : donner la mort ne peut pas être la meilleure façon de nous rapprocher de Lui ! Faire vivre nos frères, voilà la seule manière de nous rapprocher de Lui.

    Et l’ultime étape de cette pédagogie des prophètes nous présentera l’idéal du sacrifice : c’est le service de nos frères. Nous trouvons cela dans les quatre Chants du Serviteur qui sont inclus dans le Deuxième Livre d’Isaïe. L’idéal du Serviteur qui est l’idéal du sacrifice, c’est « une vie donnée pour faire vivre ».

    Le psaume 39/40 résume donc admirablement la découverte biblique sur le Sacrifice : « Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice, Tu as ouvert mes oreilles, tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit : ‘’Voici, je viens’’ sous-entendu pour me mettre à ton service et au service de nos frères ».

    Complément :

    « Tu as ouvert mes oreilles » (verset 7) : depuis l’aube de l’humanité, Dieu « ouvre l’oreille » de l’homme pour entamer avec lui le dialogue de l’amour. Le psaume 39/40 reflète le long apprentissage du peuple élu pour entrer dans ce dialogue : dans l’Alliance du Sinaï, les sacrifices d’animaux symbolisaient la volonté du peuple d’appartenir à Dieu. Dans l’Alliance Nouvelle, l’appartenance est totale : le dialogue est réalisé. « Tu ne demandais ni holocauste ni victime, alors j’ai dit voici, je viens ». Offrandes et sacrifices sont « spirituels » comme dira saint Paul. Alors, le chant nouveau jaillit du cœur de l’homme : « J’ai dit ton amour et ta vérité à la grande assemblée ».

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Une leçon de morale

    * Qui cherchons-nous ?

    Épître : « Vos corps sont les membres du Christ ».

    Lecture de la Première Lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (1 Co 6, 13c-15a. 17-20)

    Frères, le corps n’est pas pour la débauche, il est pour le Seigneur, et le Seigneur est pour le corps ; et Dieu, par sa puissance, a ressuscité le Seigneur et nous ressuscitera nous aussi.

    Ne le savez-vous pas ? Vos corps sont les membres du Christ.

    Celui qui s’unit au Seigneur ne fait avec lui qu’un seul esprit.

    Fuyez la débauche.

    Tous les péchés que l’homme peut commettre sont extérieurs à son corps ; mais l’homme qui se livre à la débauche commet un péché contre son propre corps.

    Ne le savez-vous pas ?

    Votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint, lui qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ; vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car vous avez été achetés à grand prix.

    Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * Qui cherchons-nous ?

    Commentaire 3 a :

    On a souvent dit que les chrétiens méprisaient tout ce qui est charnel. Paul montre au contraire l’importance et la dignité du corps. Puisque Jésus a pris corps, comment mépriser le corps promis à la résurrection. Et puisque nous ne formons qu’un seul corps dont la tête est Jésus Christ, notre dignité suprême vient de ce que nous sommes les membres du corps du Christ et les Temples de l’Esprit. Toute débauche est donc un mépris du corps et une atteinte à sa dignité. Puisque Jésus nous a rachetés en donnant sa vie, nous appartenons désormais à celui qui nous a rachetés et non à l’esprit du mal.

    Commentaires de François Brossier – Diocèse de Blois

    * Qui cherchons-nous ?

    Commentaire 3 b :

    Tout est permis mais tout ne convient pas.

    Visiblement, il y avait des problèmes de comportement à Corinthe, puisque dans ces quelques lignes Paul emploie trois fois le mot « débauche » : il s’agit là clairement de la vie sexuelle, puisque le mot grec est « porneia » qui a donné en français «pornographie». On sait bien que les mœurs étaient particulièrement relâchées à Corinthe à tel point que l’expression « vivre à la Corinthienne » (sous-entendu une vie sexuelle dissolue) était proverbiale.

    Pour se justifier, certains prétendaient que la sexualité est un besoin naturel au même titre que la nourriture et que nos choix n’engagent à rien : il faut manger pour vivre, et nous sommes libres de manger comme nous voulons. De la même manière, notre vie sexuelle ne regarde que nous. Chacun de nous peut bien se conduire dans ce domaine comme il veut, tout est permis.

    Paul donne donc ici une leçon de morale. Ce qui est très intéressant, c’est de voir les arguments qu’il emploie. Il ne se place pas sur le terrain du permis et du défendu : plus profondément, il nous dit : soyez cohérents avec votre baptême. Il y a une logique chrétienne. Il y a des comportements indignes d’un chrétien. Dans le verset qui précède tout juste notre passage d’aujourd’hui, Paul a précisé : « Tout m’est permis, mais tout ne me convient pas ».

    « Tout est permis », disait Paul, sous-entendu : puisque l’Esprit de Dieu est en vous depuis votre baptême, vous n’avez même plus besoin qu’on vous impose une loi de l’extérieur. Vous pouvez déterminer librement votre conduite : si elle est inspirée par l’Esprit de Dieu, elle est forcément conforme à la Loi de Dieu. Mais visiblement, certains Corinthiens employaient l’expression « Tout est permis » pour justifier leur vie de débauche. Ils retenaient « tout est permis » mais ils oubliaient «tout ne convient pas».

    Puis Paul donne ses arguments :

    Premier argument : d’abord, on ne peut pas comparer l’alimentation et la vie sexuelle. La nourriture est une affaire de survie biologique tandis que la vie sexuelle engage notre être tout entier. Quand Paul emploie le mot « corps », il n’oppose pas le corps et l’âme, comme nous le faisons parfois. Pour lui, le corps c’est notre être tout entier dans sa vie affective, sociale, relationnelle. Car c’est bien par notre corps que nous entrons en relation avec les autres. La nourriture disparaîtra, la vie biologique cessera, mais notre vie affective, sociale, relationnelle a une dimension d’éternité. La preuve, c’est que nous ressusciterons : « Dieu, par sa puissance, a ressuscité le Seigneur, et nous ressuscitera nous aussi. »

    Vous voyez qu’il n’y a pas chez Paul une dépréciation de la sexualité ! Puisqu’au contraire, il dit qu’elle nous engage tout entiers et pour toujours, jusque dans l’éternité !

    Deuxième argument : la sexualité est une véritable union intime de votre être tout entier avec une autre personne. Or, depuis votre baptême, vous êtes intimement liés à Jésus Christ. Vous ne vous appartenez plus ! Le nom « chrétiens » le dit bien d’ailleurs : chrétien, cela veut dire « du Christ » ! Pour exprimer cette vérité de manière forte, Paul va jusqu’à dire : « Ne le savez-vous ? Vos corps sont les membres du Christ. » Un peu plus loin il reprend la même idée sous une autre forme : « Vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes ».

    Peut-être Paul a-t-il découvert cette vérité sur le chemin de Damas ? La phrase de Jésus « Saül, Saül, pourquoi me persécutes-tu ? » lui a révélé le lien très intime qui existe entre chaque chrétien et le Christ lui-même.

    Votre corps est un sanctuaire de l'Esprit Saint.

    Autre expression très forte : « Ne le savez-vous pas ? Votre corps est un sanctuaire de l'Esprit Saint ». Pour comprendre la force de cette affirmation, il suffit de se rappeler combien, dans le monde antique, on avait le plus profond respect pour les temples, considérés comme des lieux sacrés. Pour un Juif comme Paul, le Temple de Jérusalem était le lieu privilégié de la Présence de Dieu. Et pour le dire, on disait que la Gloire de Dieu (entendez le rayonnement de sa Présence) résidait dans le Temple. Alors, on comprend la dernière phrase : « Rendez gloire à Dieu dans votre corps ». Cela veut dire, et c’est inouï, fantastique, que notre personne, que notre vie concrète est un reflet de la présence de Dieu.

    Paul présente donc ici aux Corinthiens une magnifique théologie du corps humain : membre du corps du Christ, temple de l’Esprit Saint, rayonnement de la présence de Dieu, destiné à la résurrection. Nous sommes tout cela !

    Reste une phrase difficile : « Le Seigneur vous a achetés très cher ». Bien sûr, il ne s’agit pas d’un prix d’argent ! Et on ne voit pas d’ailleurs à qui Dieu devrait payer quelque chose ! Paul fait allusion ici à toute l’œuvre de Dieu pour sauver l’humanité : nous savons d’expérience parfois combien nous a coûté d’efforts, de patience, d’insomnies et de larmes la guérison d’un être aimé... ou combien coûte à certains la victoire sur le tabac, l’alcool, ou tout autre lien qui retenait prisonnier. On dira aussi que quelqu’un a payé de sa vie tel ou tel acte de courage... Quand saint Paul dit « Le Seigneur vous a achetés très cher », c’est de cet ordre-là : ce n’est pas du commerce. Mais Dieu a tout mis en œuvre pour restaurer notre liberté.

    Depuis l’aube des temps, il a déployé toute sa patience et son amour pour accompagner l’humanité dans sa marche vers la liberté et la solidarité. Et le dernier acte de cette œuvre de salut, c’est l’envoi du Fils Unique. C’est dire à quel point nous sommes précieux aux yeux de Dieu !

    C’est pour cette raison que saint Léon au cinquième siècle osait dire : « Chrétien, rappelle-toi à quel chef tu appartiens et de quel corps tu es membre... Chrétien, prends conscience de ta dignité... ».

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Alléluia. Alléluia.

    En Jésus Christ, nous avons reconnu le Messie :

    par lui sont venues la grâce et la vérité.

    Alléluia.

    Appel des premiers disciples

    * Qui cherchons-nous ?

    Évangile : « Ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ».

    Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 1, 35-42)

    En ce temps-là, Jean le Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples.

    Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. »

    Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus.

    Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? ».

    Ils lui répondirent : « Rabbi – ce qui veut dire : Maître –, où demeures-tu ? ».

    Il leur dit : « Venez, et vous verrez. »

    Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là.

    C’était vers la dixième heure (environ quatre heures de l’après-midi).

    André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi Jésus.

    Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie » – ce qui veut dire : Christ.

    André amena son frère à Jésus.

    Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Kèphas » – ce qui veut dire : Pierre.

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * Qui cherchons-nous ?

    Commentaire 4 a :

    Dans ce récit, l’Évangéliste Jean présente l’appel des premiers disciples comme exemplaire pour les chrétiens de tous les temps.

    On ne devient pas chrétien par génération spontanée mais parce qu’on rencontre des témoins. C’est le rôle de Jean Baptiste dans ce récit.

    On ne devient pas chrétien de façon immédiate mais en se mettant à la suite de Jésus.

    On ne devient pas chrétien parce qu’on sait beaucoup de choses mais parce qu’on accepte de demeurer avec Jésus, de vivre avec lui et par lui.

    On ne devient pas chrétien par obligation. « Venez et voyez, » dit Jésus. Il n’oblige personne. Il invite à le suivre et à découvrir la vérité en vivant avec lui.

    Et pour celui qui a fait cette rencontre vitale, comment n’irait-il pas proclamer : « Nous avons trouvé le Messie ! »

    Commentaire de François Brossier – Diocèse de Blois

    Que cherchez-vous ?

    Question fondamentale de Jésus : il ne dit pas « qui cherchez-vous ? » mais « que cherchez-vous ? ». D’emblée il se situe au niveau de l’être profond. Le fait que l’on se mette en route vers un « vivre autrement », Jésus est là : «Venez et vous verrez». La réponse des futurs apôtres ne se fait pas attendre. Ils l’accompagnèrent et restèrent auprès de lui. Et, de suite, Jésus appelle : il pose son regard sur le frère d’André, Simon. Que se passe-t-il lors de ce regard ? C’est le secret des consciences et des êtres. Immédiatement Jésus lui dit « Tu es Simon, tu t’appelleras Képhas. » Et l’on connaît ce qu’il advint de Simon-Pierre !

    Aujourd’hui, la même question de Jésus se pose à l’intime de nous-même, à toi qui lis ces lignes : « Que cherches-tu ? ». Et le même regard de Jésus se pose sur nous et le même mystère, le même secret s’accomplit au cœur de chacun.

    Commentaire de François Brossier – Diocèse de Blois

    * Qui cherchons-nous ?

    Commentaire 4 b :

    « L’agneau de Dieu » dans l’Ancien Testament

    Jean-Baptiste prêche aux abords du Jourdain, et ce jour-là il est accompagné de deux de ses disciples, André, et un autre, dont nous ne saurons pas le nom : certains pensent qu’il s’agit peut-être de l’apôtre Jean lui-même. Voyant Jésus, Jean-Baptiste dit à ses disciples : « Voici l’Agneau de Dieu » et il n’en faut pas plus pour que les deux disciples quittent leur maître (Jean-Baptiste) pour se mettre à suivre Jésus.

    Saint Jean raconte : « Les deux disciples entendirent cette parole, et ils suivirent Jésus ». On peut en déduire que l’expression « Agneau de Dieu » était habituelle. Je m’arrête donc sur ce titre « d’agneau de Dieu » appliqué à Jésus.

    Pour des hommes qui connaissaient bien l’Ancien Testament, ce qui est le cas des disciples de Jean-Baptiste, l’expression «agneau de Dieu» pouvait évoquer quatre images très différentes.

    Premièrement, on pouvait penser à l’agneau pascal : le rite de la Pâque, chaque année, rappelait au peuple que Dieu l’avait libéré. La nuit de la sortie d’Égypte, Moïse avait fait pratiquer par le peuple le rite traditionnel de l’agneau égorgé, mais il avait insisté : « Désormais, chaque année, ce rite vous rappellera que Dieu est passé parmi vous pour vous libérer. Le sang de l’agneau signe votre libération. »

    Deuxièmement, le mot « agneau » faisait penser au Messie dont avait parlé le prophète Isaïe : il l’appelait le Serviteur de Dieu et il le comparait à un agneau : «Brutalisé, il s’humilie ; il n’ouvre pas la bouche, comme un agneau traîné à l’abattoir, comme une brebis devant ceux qui la tondent : elle est muette ; lui n’ouvre pas la bouche.» (Is 53,7). D’après Isaïe, le Serviteur de Dieu, le Messie subissait la persécution et la mort (c’est pour cela que le prophète parlait d’abattoir), mais ensuite il était reconnu comme le sauveur de toute l’humanité : Isaïe disait : « Voici que mon serviteur triomphera, il sera haut placé, élevé, exalté à l’extrême. » (Is 52,13)

    Troisièmement, l’évocation d’un agneau, cela faisait penser à Isaac, le fils tendrement aimé d’Abraham. Or Abraham avait cru un moment que Dieu exigeait la mort d’Isaac en sacrifice. Et il était prêt à accomplir ce geste que nous trouvons horrible, parce qu’à son époque, d’autres religions le demandaient. Et, quand Isaac avait posé à son père la question « mais où est donc l’agneau pour l’holocauste ? », Abraham avait répondu : « C’est Dieu qui pourvoira à l’agneau pour l’holocauste, mon fils ». Et, Abraham ne croyait pas si bien dire : car au moment où il allait offrir son fils, Dieu avait arrêté son geste, comme chacun sait, en lui disant « ne porte pas la main sur l’enfant ». Et il avait lui-même désigné à Abraham un animal pour le sacrifice. Et depuis ce jour-là, en Israël, on a toujours su que Dieu ne veut à aucun prix voir couler le sang des hommes.

    Enfin, quatrièmement, en entendant Jean-Baptiste parler d’un agneau, les disciples ont peut-être pensé à Moïse. Car les commentaires juifs de l’Exode comparaient Moïse à un agneau. Ils imaginaient une balance. Sur l’un des deux plateaux, il y avait toutes les forces de l’Égypte rassemblées : Pharaon, ses chars, ses armées, ses chevaux, ses cavaliers. Sur l’autre plateau, Moïse représenté sous la forme d’un petit agneau. Eh bien, face à la puissance des Pharaons, c’étaient la faiblesse et l’innocence qui l’avaient emporté.

    Jésus, l’agneau de Dieu

    Nous ne savons évidemment pas ce que Jean-Baptiste avait en vue lorsqu’il a comparé Jésus à un agneau. Mais, lorsque, bien longtemps après, l’Évangéliste Jean rapporte la scène, il nous invite à rassembler toutes ces images différentes. A ses yeux, c’est l’ensemble de ces quatre images qui dessine le portrait du Messie. Tout d’abord, il est le véritable «agneau pascal», car il libère l’humanité du pire esclavage, celui du péché. Il ôte le péché du monde, ce qui pourrait se traduire « il répand l’amour sur le monde ». Il réconcilie l’humanité avec Dieu.

    Deuxième facette de sa personne, il mérite bien le titre de Serviteur de Dieu puisqu’il accomplit la mission fixée au Messie, celle d’apporter le salut à l’humanité. Et comme le serviteur souffrant décrit par Isaïe, il a connu l’horreur et la persécution (c’est la croix) puis la gloire (et c’est la Résurrection).

    Troisièmement, saint Jean nous invite à voir en Jésus un nouvel Isaac. Lui aussi est un fils tendrement aimé totalement offert et disponible à la volonté du Père. Comme le dit la Lettre aux Hébreux (en reprenant le psaume 39/40 : « En entrant dans le monde, le Christ dit : ‘’Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande... alors j’ai dit : Me voici, je suis venu, mon Dieu, pour faire ta volonté.’’ » (He 10,5-6).

    Enfin, quatrièmement, vous vous souvenez que la petitesse de Moïse face aux forces de Pharaon était comparée à celle d’un agneau. Et, grâce à Dieu, le petit avait réussi à conquérir sa liberté et celle de son peuple. L’image s’applique tout aussi bien à Jésus, le « doux et humble de cœur », comme il le disait lui-même.

    Les événements de la vie, la mort et la Résurrection du Christ accompliront donc encore mieux que Jean-Baptiste ne pouvait l’entrevoir ce mystère de l’agneau victime et pourtant triomphant. Comme le dit saint Pierre dans sa première lettre : «Vous avez été rachetés (c’est-à-dire libérés) de la vaine manière de vivre héritée de vos pères, par le sang précieux, comme d’un agneau sans défaut et sans tache, celui du Christ... » (1 P 1,18-19). Et ici, comme on le sait, « sang » veut dire « vie offerte ».

    On sait à quel point l’image de l’agneau était importante dans la méditation de Jean, l’auteur de l’Apocalypse.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    * Qui cherchons-nous ?

    Homélie :

    Ce beau passage de l’Évangile de saint Jean me remplit toujours d’une grande émotion par la question « Où demeures-tu ? » et celui du Livre du prophète Samuel résonne en moi avec les paroles du chant de Robert Lebel : « Seigneur que veux-tu que je fasse ? »

    Pourquoi autant d’émotion devant ces textes me suis-je demandé ? Je vais essayer de trouver la réponse avec vous.

    I – André et l’autre disciple de Jean-Baptiste

    Pour commencer disons que les détails du passage de l'Évangile selon saint Jean sonnent vrais et nous renvoient à des souvenirs de certaines de nos rencontres les plus importantes dans notre vie. On peut penser volontiers qu’André et l’autre disciple restent avec Jésus de 4 heures de l’après-midi jusqu’aux petites heures du matin.

    Ils sont déjà en recherche de Dieu puisqu’ils sont venus près de Jean-Baptiste qui invitait à une conversion radicale et à une remise de sa vie à Dieu. Devant Celui que Jean-Baptiste désigne par le titre « Agneau de Dieu » que nous reprenons à chaque messe surgit un désir de le connaître plus intimement. De là leur question « Où demeures-tu ? ». La réponse de Jésus les comble « Venez et voyez ».

    André et l’autre disciple de Jean-Baptiste dont le nom n’est pas donné le suivent et demeurent avec lui. On peut imaginer leur partage au soleil couchant dans une hutte de terre battue remplie de lumière, de joie et d’ouverture au plan de Dieu annoncé par les prophètes de l’Ancien Testament dont ils se rappellent des passages appris à la synagogue. Ce colloque et ces échanges brûlent leurs cœurs. Ils en sortent emballés et André amène son frère Pierre à Jésus en lui disant « Nous avons trouvé le Messie ». Ils ont saisi toute la profondeur de ce titre l’« Agneau de Dieu » qui est une façon de désigner le Messie attendu par Israël.

    Ce titre donne le sens profond de la destinée de Jésus qui l'amènera sur la croix. Jésus a sûrement été surpris lui-même de cette désignation lourde de sens dans l’Écriture, car l’ « Agneau de Dieu » annoncé par les prophètes est un Messie souffrant pour le salut de tous. Jésus et les premiers disciples savent qu’ils s’ouvrent à quelque chose d’inconnu et qui les dépasse.

    C’est ce qui arrive à Samuel dans le récit de la première lecture.

    II – Le prophète Samuel

    Le jeune Samuel est déjà consacré au Seigneur par sa mère. On imagine qu’il a suivi religieusement ses conseils en acceptant de demeurer au temple. Sa vie se déroule de façon précise et ordonnée. Il fait le service qui lui est demandé. Il est bon serviteur du grand prêtre Éli. Et que se passe-t-il ? Cette voix qui par trois fois le réveille vient de Dieu. Il ne le réalise pas tout de suite. Le grand prêtre en homme sage et avisé lui conseille de répondre « Parle, ton serviteur écoute ». C’est la réponse qui changera toute la vie du jeune Samuel.

    Il ne sait pas exactement, lui aussi, comme les disciples et Jésus, ce qui se passera concrètement dans sa vie, mais il fait un pas irréversible en répondant « Me voici ! Parle, ton serviteur écoute » et ces mots le mettent en était d’écoute permanente et d’ouverture à la volonté de Dieu sur lui.

    On sait que, par la suite, il aura à réaliser une mission difficile de prophète et de messager du Seigneur. Il sera celui qui consacrera Salomon, puis David comme rois d’Israël. Le service du prophète Samuel s'est déroulé durant une période de transition de l’histoire d’Israël. Il a été reconnu comme un des grands personnages de l'histoire du peuple d'Israël. Pendant 80 ans, il a gardé une ouverture totale à Dieu dans des situations difficiles. Il fut un témoin fidèle de l'Alliance de Dieu avec Abraham et David que Jésus viendra mener à sa perfection.

    III - Application

    En vous racontant à ma façon ces deux scènes, j’ai compris pourquoi elles me remplissaient de tant d’émotion. La réponse c’est qu’elles rejoignent de grands pans de ma vie.

    Encore jeune, comme Samuel, j’ai entendu l’appel du Seigneur. Mes éducateurs et mes parents m’ont encouragé à répondre « Me voici ! Parle, ton serviteur écoute ». Eux, comme moi, ne connaissaient pas tout le parcours qui suivrait, mais celui-ci m’a conduit au Grand Séminaire et au presbytérat.

    Je suis devenu prêtre au service de mes frères et sœurs dans des années de grands changements au Québec et aussi de belles réalisations où la présence du Seigneur se manifestait sous diverses formes toutes plus surprenantes les unes que les autres. Il serait trop long de raconter en détail les chemins de mon ministère. Je continue de me lever et de dire, à un âge avancé, « Me voici, Seigneur, parle ton serviteur écoute ».

    Les retombées du texte de l’Évangile se concentrent pour moi dans le « Venez et voyez ».

    « Venez et voyez » c’est pour moi prendre du temps pour la prière personnelle, pour la lecture de la Parole de Dieu et pour la méditation de celle-ci. C’est aussi me garder des espaces de paix et de calme chez moi ou à la campagne où la présence de Dieu dans la nature et aussi sa présence cachée se manifestent à mon cœur. Il se peut que ces chemins vous rejoignent vous aussi.

    La familiarité avec Jésus n’est pas de trop dans une recherche de Dieu et dans un volonté de répondre à ses appels dans notre vie de tous les jours, dans notre profession, dans la vie de couple, dans l’éducation des enfants, dans les projets pastoraux, dans notre témoignage de foi etc.

    Ce qui est important c’est l’attention à la présence du Christ qui se manifeste de diverses façons dans nos vies.

    Il se trouve partout où un de mes frères ou une de mes sœurs est dans le besoin.

    Il est là au milieu de nous lorsque deux ou trois sont réunis en son nom.

    Il est présent de façon spéciale dans les signes qu’Il a donné à son Église, les sacrements de la foi.

    Ouvrons nos yeux et nos cœurs pour reconnaître cette présence à nulle autre pareille qui nous rejoint au plus profond de notre être.

    Conclusion

    À mesure que les lectures d’aujourd’hui s’enracinaient en moi, cette homélie est devenue comme un témoignage personnel que je ne pouvais éviter si je voulais rendre l’émotion qu’ils suscitaient en moi.

    À chacune et à chacun de savoir demander « Où demeures-tu » et après être allé et avoir vu, de pouvoir répondre « Me voici ! Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ».

    Amen !

    Commentaires de Mgr Hermann Giguère P.H. Le 12 janvier 2021

    Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval – Séminaire de Québec

    * Qui cherchons-nous ?

    Prières :

    1. Seigneur Jésus, à ceux qui cherchaient ta demeure, tu as dit : « venez et voyez ».

    Pardonne-nous quand nous hésitons à te suivre, regarde la foi de ton Église et conduis-nous aux chemins de la paix, toi qui vis auprès du Père pour les siècles des siècles. Amen.

    Dominicains.be

    2. Pénètre-nous, Seigneur, de ton Esprit de Charité, afin que soient unis par ton Amour ceux que Tu as nourris d'un même Pain. Par Jésus, le Christ, Notre Seigneur.

    Prière après la Sainte Communion

    Messe du 2ème dimanche du Temps Ordinaire du 17 janvier 2021 Site-catholique.fr

    3. Aujourd’hui, c’est la journée mondiale des migrants et des réfugiés. Tournons-nous vers Dieu le Père, et confions-lui tous les besoins de notre monde :

    Accueille au creux de tes mains, la prière de tes enfants !

    Dieu, Père de tous les hommes, tu nous connais mieux que nous-même,

    daigne nous répondre au-delà de nos demandes

    par le Christ, ton Fils, notre Seigneur.

    Lui qui vit et règne avec Toi et ton Esprit Saint,

    maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

    Extrait de la Prière universelle du 2ème dimanche du temps ordinaire de l’année B

    * Qui cherchons-nous ?

    Conclusion :

    Aujourd’hui, nous entrons dans le temps ordinaire de la liturgie de l’Église.

    Les ornements liturgiques sont verts, symbole de nature, de vie, d’espérance.

    Mais, ordinaire ne signifie pas quelconque.

    Après la joie de Noël, la naissance de Jésus, le baptême du Christ et la venue des mages, et avant Pâques , nous avons besoin d’un temps pour nous imprégner de cette force que nous donne l’irruption de Dieu dans nos vies.

    « Nous ne pouvons pas vivre que de temps forts » aimait à dire le cardinal Ricard quand il était évêque à Vienne.

    Cependant la liturgie n’est pas fade pour autant.

    Ainsi aujourd’hui, nous sommes sensibilisés par l’appel permanent de Dieu à nous associer à son œuvre créatrice.

    Dans la première lecture, le jeune Samuel, tout entier voué au service de Dieu, recevra trois appels avant de reconnaître, grâce à la perspicacité de son maître Éli, que c’est Dieu lui-même qui en était l’origine, et de répondre enfin : « Parle Seigneur, ton serviteur écoute ».

    Dans l’Évangile, Jean Baptiste sur les bords du Jourdain aperçoit Jésus qui allait et venait. Il dit à l’adresse de ses disciples : « voici l’Agneau de Dieu ». Aussitôt, deux d’entre eux le suivent.

    Nait alors, le dialogue entre Jésus, André, et Simon-Pierre :

    « Que cherchez-vous ? ». « Maître où demeures-tu ? » « Venez et vous verrez ».

    Ainsi commença la mission de Jésus et de ses disciples.

    Ainsi naquit le christianisme qui, selon Bergson, est : « l’axe autour duquel a basculé le sort du monde ».

    De fait, la rencontre de Dieu, l’appel de Dieu est toujours un séisme dans nos vies.

    Ainsi :

    • Le « Fiat » de Marie est la source du salut.
    • Les mages transformés à la vue de Jésus repartent par un autre chemin, pour une autre vie.
    • Simon, devenu Kephas (Pierre) sera le socle de l’ Église.
    • Saint Augustin, saint François d’Assises, Charles de Foucault, Paul Claudel, André Frossard, pour ne citer que quelques hommes, mais aussi combien d’anonymes, hommes et femmes, menant des vies libres, ont répondu à l’appel du Christ et ont servi l’Église et l’ humanité dans une conversion féconde ?

    Dieu a besoin des Hommes et des femmes pour faire passer son appel à venir à travailler à sa vigne.

    Il a eu besoin d’Éli pour interpeler Samuel, besoin de Jean Baptiste pour désigner l’Agneau de Dieu à André et à Simon.

    Dieu a besoin de nous comme nous avons besoin des autres pour discerner les appels de Dieu.

    D’après l’homélie du diacre Bernard Buisson Notre-Dame des Sources en Sanne Dolon

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    * Qui cherchons-nous ?

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS : 

    Dans la joie, Seigneur, nous te rendons grâce pour ce jour que tu as fait, ce jour où tu as donné la victoire à ton Fils venu dans ce monde mener ton combat contre les puissants. C’est lui la pierre rejetée par les bâtisseurs et devenue la pierre d’angle de ton Église. Avec le peuple que sa résurrection a libéré et qui n’a plus rien à craindre de la mort, nous proclamons : Eternel est ton amour ! Béni soit en ton nom celui qui vient, Jésus Christ, notre sauveur.

    Références :

    https://www.svdtogobenin.org/deuxieme-dimanche-du-temps-ordinaire-de-lannee-b/

    https://stignace.net/2e-dimanche-ordinaire-annee-b-17-janvier-2021/

    https://choralepolefontainebleau.org

    https://dominicains.be/fr/celebrer/eucharistie/1792-2e-dimanche-ordinaire-765

    https://www.aelf.org/2024-01-14/romain/messe

    https://www.catholique-blois.net/actualite/commentaires-evangile/annee-2018/2eme-dimanche-b-14-janvier-2018

    http://thierry-jallas.over-blog.com/2021/01/commentaires-de-marie-noelle-thabut-2021-01-17-2e-dimanche-du-temps-ordinaire-b.html

    https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-2e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Ou-demeures-tu_a989.html

    https://site-catholique.fr/index.php?post/Sainte-Messe-du-2eme-Dimanche-du-Temps-Ordinaire-annee-B#:~:text=Pri%C3%A8re%20apr%C3%A8s%20la%20Sainte%20Communion,le%20Christ%2C%20Notre%20Seigneur%20%C2%BB.

    https://paroisse-notredame-sannedolon.fr/index.php/2021/01/17/homelie-du-2eme-dimanche-du-temps-ordinaire-b-17-janvier-2021-samuel-33-10-19-1co613-15-17-20-jean-1-35-42/

    Magnificat du dimanche 14 janvier 2024 page 166


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