• * 22 - L'humilité de Marie

    220806 – 22

    Rubrique « Notre dévotion envers Notre-Dame »

     L’humilité de Marie 

     * 22 - L'humilité de Marie

    Introduction

    L’humilité est essentielle pour notre vie spirituelle.

    C’est un thème fondateur parce que, sans elle, il n’y a pas de vie spirituelle qui puisse grandir, ni même d’amour.

    Les plus grandes qualités, sans humilité, deviennent vite insupportables alors même que les défauts, chez une personne humble, deviennent au contraire plus supportables !

    L’humilité s’acquiert par la répétition des actes : en effet, on ne nait pas humble, on le devient !

    Les problèmes dans les relations humaines sont souvent liés au manque d’humilité ; il n’y a pas de communion sans humilité.

    La relation avec Jésus au quotidien est un moyen d’entrer dans une attitude de communion : la patience est signe d’humilité.

    La Vierge Marie fut sûrement la femme la plus honorée par Dieu, et cependant personne ne s’est abaissé et humilié autant qu’elle.

    Les qualités et les dons les plus précieux sont stériles s’ils ne sont pas unis à une humilité sincère.

    Plus est importante la mission que Dieu nous confie, et plus aussi nous avons besoin d’humilité. Si la maternité de Marie a été le fruit de son humilité, la fécondité de notre vie, de notre mission, dépendra de l’humilité et lui sera toujours proportionnée. Dieu peut accomplir en nous et par nous de grandes choses, mais seule l’humilité est le terrain propre à faire fructifier les dons du Seigneur.

    Père Pierre-Marie

     L’enfance de la Vierge Marie 

     * 22 - L'humilité de Marie

    L’enfance de la Vierge, vers 1660, par Francisco Zurbarán

    Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg

    Introduction

    La Mère de Jésus, prénommée Myriam en hébreu, « aimée de Dieu », occupe une place privilégiée dans l’Église, tout en restant d’une discrétion absolue en retrait de son Fils. Mais, que savons-nous de son enfance ?

    La Bible n’est guère prolixe sur les origines de Marie. Nous savons qu’elle naît de sainte Anne et de saint Joachim. Ses parents lui donnent pour nom Myriam et elle a probablement vécu à Nazareth, un petit village de Galilée, même si de multiples traditions suggèrent également les villes de Jérusalem avec la présumée « maison d’Anne » ou encore Bethléem.

    Cependant, à la lecture des différents évangiles, nous n’apprenons rien d’autre sur ce personnage pourtant le plus important de l’Église après Jésus. Seule la tradition et les évangiles apocryphes proposent quelques éléments supplémentaires qui, sans appartenir au dogme de la foi, éclairent quelque peu la probable enfance de la Mère de Dieu.

    Ainsi, le Protévangile de Jacques précise que Joachim ne parvenait pas à se consoler de la stérilité de sa femme Anne. Mais, alors que Joachim s’était éloigné dans le désert pendant quarante jours, l’ange du Seigneur est apparu à son épouse pour lui annoncer qu’elle enfanterait bientôt, perpétuant ainsi la longue lignée des femmes stériles de la Bible entendue par le Seigneur et qui donneront naissance à des enfants voués à une glorieuse destinée. Marie selon la tradition serait ainsi née sept mois après cette sainte annonce. La fête de la Nativité de la Vierge est célébrée chaque année le 8 septembre. 

    L’Immaculée Conception

     * 22 - L'humilité de Marie

    Le 8 décembre 1854, le dogme de l’Immaculée Conception a officialisé les récits apocryphes évoquant l’enfance de Marie. Le pape Pie IX a en effet décrété officiellement par la bulle Ineffabilis Deus :

    « Nous déclarons, prononçons et définissons que la doctrine, qui tient que la bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception par une grâce et une faveur singulière du Dieu tout-puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ, Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel, est une doctrine révélée de Dieu, et qu’ainsi elle doit être crue fermement, et constamment par tous les fidèles. »

    Aussi, la fête de l’Immaculée Conception rejetée par les orthodoxes et les protestants sera-t-elle dès lors célébrée le  8 décembre,  neuf mois avant la fête de la Nativité de la Vierge. Cette pureté originelle de Marie se prolongera avec celle de la conception de son saint Fils que l’on nomme Incarnation. Si les textes canoniques ne nous offrent guère plus de renseignements sur la jeune Marie, il ne fait guère de doute que cette jeune enfant soumise à ses parents dut faire preuve d’une piété fervente dès les premières années de sa vie. Une enfance pour une vie soumise à Dieu et pour Dieu…

    Philippe-Emmanuel Krautter – Le 19 avril 2022

    Quelle est l’histoire de la Vierge Marie ?

     * 22 - L'humilité de Marie

    Marie apparait lors du récit de l’Annonciation, l’ange Gabriel venant lui annoncer qu’elle enfantera d’un nouveau-né engendré par le Saint-Esprit. Selon Luc (1, 26-38), on apprend que Marie est alors fiancée à un homme, mais est encore vierge et que l’enfant à venir est d’origine divine.

    La relative discrétion de Marie dans les Évangiles

    Marie est traditionnellement représentée comme une femme discrète. Les Évangiles ne nous donnent rien pour l’affirmer, mais la mentionnent finalement assez peu.

    Dans l’Évangile de Marc elle est quasiment absente.

    Ce sont Luc et Matthieu qui en parlent le plus lorsqu’ils évoquent la naissance de Jésus et son enfance.

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    Enfin Jean nous la montre accompagnant Jésus aux Noces de Cana et au pied de la Croix de son fils (c’est le seul qui la mentionne explicitement à ce moment).

    Quoi qu’il en soit, les Évangiles la font presque disparaître au moment où ils nous présentent Jésus à l’âge adulte. Pas vraiment le cliché de la mère juive…

    Cette femme extraordinaire que les artistes de toute époque ont peinte, sculptée, chantée, reste voilée dans ces récits qui se consacrent à nous décrire son fils. Pourtant quelques éléments ont retenu notre attention.

    Marie, une vierge en danger de mort

    Le premier chapitre de l’Évangile de Luc nous précise que l’ange Gabriel est envoyé auprès d’une « parthenos », terme grec qui désigne précisément une jeune fille non mariée et vierge.

     * 22 - L'humilité de Marie

    Cette virginité de Marie aura fait gloser les rabbins !

    Elle indique surtout qu’en tombant enceinte sans être mariée (et par la force de l’Esprit-Saint comme le relate Luc), Marie se met immédiatement en danger de mort : si Joseph, son fiancé la dénonce, elle risque la lapidation, si l’on suit la Loi juive à la lettre.

    D’entrée de jeu, en acceptant ce que l’ange lui annonce, Marie montre donc à la fois sa confiance et un courage immense. Elle fait fi du « qu’en dira-t-on », des risques, et préfère suivre la voie que lui a ouverte cette prodigieuse rencontre.

    Marie, une géante biblique

    En recevant la visite d’un ange de Dieu, Marie reçoit un privilège réservé à peu de personnages bibliques. Mais ce n’est pas le seul fait marquant de cette rencontre qui la place tout en haut du Hall of Fame biblique.

    Origène, qui vécut au troisième siècle à Alexandrie en Égypte, connaissait un peu l’Écriture (Il édita une Bible polyglotte avec six versions).

    Il note que l’expression « kéchariôménê » que l’on traduit en français par « comblée de grâce » (et que les chrétiens chantent dans l’Ave Maria – Je vous salue Marie) n’est employée qu’une seule fois dans toute l’Écriture et apparaît même pour la première fois en grec. Quand l’ange s’adresse à Marie ainsi, il lui réserve un traitement tout particulier. Inutile donc de dire qu’elle surpasse par là-même tous les disciples de Jésus : « À Marie seule, cette salutation était réservée. Si, en effet, Marie avait su qu’une formule de ce genre avait été adressée à un autre — elle avait, en effet, la connaissance de la Loi, elle était sainte et connaissait par ses méditations de chaque jour les oracles des prophètes, — jamais elle n’eût été effrayée de cette salutation qui lui semblait étrange (cf. Lc 1,29) ».

    Extraits du site de l’Association PRIXM BERNARDINS

     Discrétion et modestie de Marie 

    Lorsque Jésus commença ses prédications, sa Mère se tint à l’écart. Elle ne se mêla pas de son œuvre. Et même, quand il fut retourné au Ciel, elle n’alla pas prêcher et enseigner. Elle ne s’assit pas dans le siège apostolique. Elle ne prit point part au ministère du prêtre. Elle se borna à chercher humblement son Fils dans la messe dite chaque jour par les Apôtres, qui, bien que ses ministres dans le Ciel, étaient sur la terre ses supérieurs dans l’Église.

    Après sa mort et celle des Apôtres, lorsqu’elle devint Reine, et qu’elle prit place à la droite de son Fils, elle ne s’adressa pas même alors au peuple fidèle pour qu’il publiât son nom jusqu’aux extrémités du monde, ou pour qu’il l’exposât à ses regards. Mais elle attendit tranquillement le temps où sa gloire pourrait contribuer à servir celle de son Fils. Jésus-Christ avait été dès le commencement proclamé par la sainte Église et inauguré dans son temple, car il était Dieu. Mais il en fut autrement de Marie. La qualité de créature, de mère, de femme, lui imposait le devoir de céder le pas à son Fils, de se faire sa servante, et de ne se frayer un chemin dans le cœur des hommes que par la voie de la persuasion et de la douceur.

    Quand le nom de Jésus fut déshonoré, Marie sentit son zèle se ranimer. Quand Emmanuel fut renié, la Mère de Dieu entra en scène. Elle jeta ses bras autour de lui et permit qu’on l’honorât afin de consolider le trône de son Fils. Lorsqu’elle eut rempli cette sainte tâche, son rôle fut fini. Car elle ne combattait pas pour elle-même. L’histoire de sa manifestation ne présente ni controverses animées, ni confesseurs persécutés, ni hérésiarques, ni anathèmes. De même qu’elle avait grandi de jour en jour en grâce et en mérite, à l’insu du monde, elle s’éleva graduellement au sein de l’Église par une influence paisible et un progrès naturel

    Elle fut mise sur le pavois sans le secours des bras des fidèles. Elle remporta une victoire modeste, et elle exerce une autorité aimable qu’elle a obtenue sans la rechercher.

    Quand des débats se sont élevés entre ses enfants relativement à sa puissance, elle les a apaisés. Quand on a fait des objections contre son culte, elle a patiemment attendu le jour où ses droits ne seraient plus contestés. Oui, elle a attendu jusqu’à ce qu’elle reçoive enfin, de notre temps, si Dieu le permet, et sans aucune opposition, sa plus brillante couronne, et qu’on reconnaisse, au milieu des jubilations de l’Église entière, la pureté immaculée de sa conception.

    Saint John-Henry Newman (1801 – 1890)

    (N.d.l.r.) Le cardinal John Henry Newman a été canonisé le 13 octobre 2019 par le pape François

     Marie : un modèle de discrétion 

     * 22 - L'humilité de Marie

    Marie naquit dans la pureté, l’humilité et l’obéissance. Tout enfant, elle sera éduquée par ses parents Anne et Joachim qui étaient des modèles juifs attendant le Messie et vivant conformément à la loi, dans un grand amour de Dieu.

    C’est dans une vie effacée, discrète et sans cesse tournée vers la prière et la contemplation du Père éternel, qu’elle recevra la visite de l’Ange Gabriel pour lui annoncer qu’elle serait la Mère du Fils de Dieu, lui donnant la vie physique pour sauver le monde et s’enrichir de sa vie divine et spirituelle.

    La grandeur de Marie et l’anéantissement du Christ

    Toute la vie de Marie parle, agit et se tait à bon escient. Marie, épouse de l’Esprit-Saint, a été remplie et transfigurée par la force divine.

    En Jésus, c’est l’inverse : « Lui de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même, prenant la condition d’esclave et devenant semblable aux hommes. » (Ph 2, 6-7)

    Jésus est devenu un homme dans un anéantissement complet et unique, pour relever l’homme par sa divinité. Marie, selon saint Louis Marie Grignion de Montfort, me conduit à Jésus, et dans son visage, on peut lire son immense amour du Fils de l’homme. D’où la parole de Dante à propos de Marie : «Contemple ce visage qui ressemble le plus au Christ. Si c’est de Jésus que Marie tient ses traits humains, on sait que l’on va du visible vers l’invisible, et du comportement à la vertu».

    Si Marie éduqua Jésus comme enfant et homme, Jésus éleva sa mère comme Fils de Dieu en lui, révélant la grandeur de sa sagesse, la beauté de sa vertu et la force de son amour. Marie, par son Immaculée Conception, avait reçu toutes les vertus, mais il lui fallait les vivre dans l’excellence de l’amour. Elle comprit que la mère de toutes les vertus est la discrétion.

    La grandeur de la discrétion

    Jésus savait se taire et dire uniquement ce qu’il devait dire. Marie sut l’imiter et apprendre de lui, cette discrétion : dire et agir dans ce qui est nécessaire à la sanctification de l’homme, avec une immense et parfaite charité.

    La discrétion est la vertu engendrant la paix et évitant le colportage des rumeurs qui salissent tant les honneurs et blessent les cœurs humains.

    La discrétion est l’art de savoir se taire, pour ne parler qu’à bon escient et avec sagesse. Cette vertu est le premier élément de la sagesse : « La sagesse est brillante et sa beauté ne se flétrit pas. Elle se laisse facilement contempler par ceux qui l’aiment. Elle se laisse trouver par ceux qui la cherchent. Elle prévient ceux qui la désirent en se faisant connaître la première. Qui se lève tôt pour la chercher n’aura pas à peiner, il la trouvera assise à sa porte. Méditer sur elle est en effet la perfection de l’intelligence, et qui veille à cause d’elle sera vite exempt de soucis. » (Sg 6, 12-15)

    Cette sagesse doit se trouver partout : dans les monastères pour apprendre à calmer les ardeurs du caractère et à se laisser assouplir par les rigueurs de la règle ; dans la vie sacerdotale, où le célibat ne doit pas tourner à un égoïsme sclérosant, mais à une charité exemplaire pour la sanctification du peuple de Dieu ; dans la famille dans laquelle le pouvoir de l’homme doit s’unir à la tendresse de la femme, pour créer une vraie communion et unité dans l’amour oblatif.

    Saint Jean Chrysostome nous donne ce conseil : « La crainte et les menaces peuvent dompter un serviteur et un esclave, mais au regard d’une femme, cette compagne de notre vie, cette mère de vos enfants, cette source de votre joie, la crainte et les menaces n’ont plus d’empire, c’est l’affection, c’est la tendresse qu’il faut employer. »

    La discrétion suppose le bon jugement. Bien des réprimandes seraient plus efficaces et porteuses de grâces si elles étaient faites au moment où le sujet peut les comprendre et les accepter. Il y a un temps pour tout, et là se trouve la discrétion qui est aussi la mesure dans les paroles.

    Le tact est indispensable pour ne pas blesser les susceptibilités, les êtres passionnés, les caractères difficiles. Il y a une pondération nécessaire et une prévoyance utile à avoir pour les choses temporelles, à fortiori si les spirituelles sont visées.

    La discrétion s’impose dans les mortifications, face à la jeunesse aux humeurs intempestives. Si la largeur d’esprit ne doit pas céder au relâchement, ni le courage aboutir à la témérité ou encore la force devenir dureté, il convient de garder la charité devant tout animer.

    La discrétion doit nous apprendre à être joyeux, sans être dissipé, triste mais non abattu, plein d’espérance sans présomption.

    La discrétion est une vertu qui conditionne l’homme à une sagesse de vie qui le rend heureux et étend son bonheur aux autres.

    Cassien, un Père de l’Église, nous révèle la nature de la discrétion : « Elle engendre toutes les vertus, elle en est la gardienne et la modératrice. Elle assure la bonne entente et le recueillement ; elle produit la charité effective dans notre conduite. Elle se glisse dans nos moindres désirs et doit apparaître dans tous nos actes ; elle est un remède à toutes les faiblesses, à tous les doutes, à toutes les inquiétudes ; elle domine toutes les passions et les émotions ; elle tue la vanité, dose toutes choses en vue de la charité à faire grandir en soi et dans autrui ; elle mesure l’enthousiasme, accroît la générosité mais cède toujours à la délicatesse ; elle fait naître le véritable amour et s’enquiert de l’expérience des personnes dont les passions sont apaisées ; elle fait négliger le gaspillage, la faute légère ou l’hésitation ; elle rejette les caprices et nous sanctifie en nous pliant à la volonté divine ; elle est synonyme de souplesse, de docilité, d’ardeur dans le bien ; elle prépare le cœur à la perfection. »

    Marie : notre modèle de discrétion

     * 22 - L'humilité de Marie

    Marie ne se heurte ni du refus des habitants de Bethléem à accueillir son Fils, le Messie, ni de l’incompréhension haineuse des Juifs au moment de la mort de son divin Fils.

    Elle intervient discrètement à Cana pour sauver ce couple du déshonneur par ces mots : « Ils n’ont plus de vin. » (Jn 2, 3), puis elle laisse la libéralité divine agir. Elle ajoute pour les serviteurs : « Faites tout ce qu’il vous dira. » (Jn 2, 5), confiante dans l’immense bonté de Jésus.

    Quand Jésus se sépare d’elle pour choisir ses apôtres, commencer sa vie publique, parcourir la Palestine et prêcher la Bonne Nouvelle, elle s’efface pour le laisser accomplir son œuvre.

    Dans la souffrance, elle n’est pas stoïque, mais discrète. Au Cénacle, elle mêle à la prière, la charité qu’elle a amassée jusqu’alors dans son âme.

    Elle est discrète au matin de Pâques, à Béthanie après la résurrection de Lazare, discrète à la Pentecôte. Marie est pourvue de charité noble, consentante à la perfection.

    Après la Pentecôte, Marie restera sur terre tant que Dieu le voudra, pour accompagner son Église, mais sans murmure, sans plainte et sans impulsivité. Elle garde toutes ces choses dans son cœur et les médite, afin d’en faire une prière plus fervente et un holocauste qui couronne le premier sacrifice.

    Marie, dans l’Évangile, est toujours discrète en paroles et en actes, mais toute remplie d’amour pour Dieu. Discrétion et humilité se marient sans cesse en elle, depuis qu’elle s’est proclamée « l’humble servante du Seigneur ».

     * 22 - L'humilité de Marie

    A Nazareth, que ce soit à la fontaine, dans les rues, elle est discrète et ne clame jamais qu’elle est la Mère de Dieu. Au calvaire, vous voyez sa vertu de discrétion naître de sa force intime de soumission et d’offrande.

    Au Temple de Jérusalem où lui furent révélés les secrets du Père par le vieillard Siméon, il n’y eut en elle qu’acceptation et discrétion, une attitude toute tempérée d’amour.

    Prenons exemple sur elle et laissons-nous entraîner par son amour !

    Marie reflète parfaitement la pensée de saint Grégoire de Naziance : « Avant de purifier, il faut être pur, avant d’enseigner la sagesse, il faut l’avoir acquise ; avant d’éclairer, il faut devenir lumineux ; avant d’amener les autres à Dieu, il faut s’en être rapproché soi-même, et avant de sanctifier, il faut être un saint. »

    Prions Marie qui défait les nœuds et demandons-lui la grâce de la discrétion qui mesurera nos élans, entretiendra notre enthousiasme, grandira notre charité, nous rappelant l’aphorisme de saint Bernard, grand serviteur de Marie : « Enlevez la discrétion, la vertu deviendra vice. »

    Père François Zannini

     * 22 - L'humilité de Marie

     La discrétion et le silence de Marie 

    Marie fut réservée ! L’Évangile nous en fournit la preuve.

    Quand donc se montre-telle tant soit peu bavarde ? Ou présomptueuse ?

    Elle se tenait à la porte, lorsqu’elle cherchait à parler à son fils, et ne se prévalut pas de son autorité maternelle pour interrompre son discours, ou pour entrer dans la salle où Jésus parlait (Mt 12, 46).

    « Voici que sa mère et ses frères se tenaient dehors, cherchant à lui parler. » (Matthieu 12, 46)

    Dans le texte intégral des quatre Évangiles, on n’entend parler Marie que dans quatre circonstances :

    - à l’ange tout d’abord (Lc 1, 34), et seulement lorsque celui-ci lui eut adressé la parole par deux fois ;

    - en second lieu à Elizabeth, lorsque la voix de sa salutation fit tressaillir Jean dans le sein maternel, et que, exaltée par sa cousine, elle se préoccupa bien plus d’exalter le Seigneur (Lc 1, 39-55) ;

    - la troisième fois, ce fut à son fils alors âgé de douze ans, pour lui dire que son père et elle l’avaient cherché dans l’angoisse (Lc 2, 48) ;

    - quatrièmement à Cana, à son Fils et aux serviteurs. Et, en cette occasion, ses paroles furent un témoignage évident de sa bonté innée et de sa virginale délicatesse : faisant sienne la confusion d’autrui (Jn 2, 3).

    Avec les bergers, et avec Syméon, nous la voyons lente à parler et avide d’écouter. Mais dans aucune de ces circonstances, on ne trouve le moindre mot touchant au mystère de l’Incarnation du Seigneur.

    Dans les Actes des apôtres, le texte dit :

    « Pierre et André, Jacques et Jean – et les autres à la suite – persévéraient dans la prière avec les femmes et Marie, mère de Jésus. » (Ac 1, 14).

    Marie ne se plaçait-elle pas la dernière des femmes pour être nommée la toute dernière ? Ah ! Qu’ils étaient encore charnels, ces disciples – ils n’avaient pas encore reçu l’Esprit-Saint, car le Christ n’avait pas encore été glorifié.

    Je vous en supplie, mes petits enfants, si vous avez un peu d’amour pour Marie, si vous cherchez à lui plaire, tâchez d’imiter cette vertu, imitez sa modestie. Rien du reste ne convient mieux à un homme.

    Saint Bernard de Clairvaux

     * 22 - L'humilité de Marie

     

     

     

     L’humilité, révélée lors de l’Annonciation 

     * 22 - L'humilité de Marie

    Introduction

    A l’Annonciation de l’Ange Gabriel, la Vierge Marie nous révèle une vertu fondamentale du chrétien : l’humilité. Celle-ci est l’acceptation de soi et la volonté de se soumettre en tout au Seigneur dans une confiance parfaite. C’est ce que Marie fera toute sa vie comme Mère de Jésus et comme Sainte Femme à la suite de son divin Fils sur les chemins de Palestine jusqu’à la Croix. Marie effacée sera toujours à la place que Jésus lui a choisie et elle l’occupera dans un total renoncement pour la Gloire du Fils de l’homme.

    La grandeur de l’humilité

    C’est la vertu première que nous avons perdue par l’orgueil du péché originel. L’humilité ne consiste pas à se rabaisser constamment et à vouloir s’anéantir pour ne plus exister. C’est plutôt reconnaître la vérité de son être : Seigneur, je ne suis que cela avec ma richesse et ma pauvreté.

    La vertu d’humilité demande de savoir s’effacer pour le Christ, et Jean-Baptiste l’avait compris quand il nous dit : « Il faut que lui grandisse et que moi je diminue. » (Jn 3, 30) Dieu a la première place et moi la dernière. L’humilité est la fille de l’amour parce que, lorsqu’on aime vraiment, on s’efface pour que l’autre puisse exister par ses dons et les accomplir dans la volonté divine. L’envie, la jalousie suppriment l’humilité. On voudrait être ce que l’autre est. L’orgueil nous fait paraître, mais jamais être soi-même par humilité.

    L’humilité nous révèle que nous ne sommes pas aussi bons que nous croyons, et nous laissons un autre être transparaître en nous. L’humilité s’efface pour laisser parler ou agir à notre place un autre être en qui Dieu veut parler ou agir. L’humilité, c’est accepter la place que Dieu m’a assignée et l’occuper pleinement.

    Jésus nous en donne l’exemple. Il a choisi d’être le serviteur et non le Maître servi. Il choisit de laver les pieds à ses des disciples et non d’être lavé. Il veut aussi nous montrer l’importance de l’abaissement dans l’amour du prochain. L’humilité, c’est reconnaître ce que je suis et vivre dans un état d’âme à créer et à maintenir. Dans l’amour conjugal, fraternel, être serviteur les uns des autres, c’est l’assurance de vivre dans la paix de l’unité. Le supérieur est notre serviteur : pape, évêque, prêtre, diacre et laïc comme être marié ou célibataire sont des serviteurs de leurs frères par les dons reçus de Dieu.

    L’humilité de cœur

    C’est une certaine lumière vivifiante et claire par laquelle l’intelligence de l’âme est ouverte pour connaître sa vilenie et l’immense bonté divine. L’humilité nous révèle la vérité sur nous-même et nous évite de jouer un personnage jamais éduqué. Dans la spiritualité chrétienne, un bénédictin disait : « Vous n’êtes rien et vous ne savez rien. » Cela s’apparente au néant qui est tout entier appel et soumission : appel à écouter le mot de Dieu, et soumission à le vivre selon la volonté divine. Tout homme qui veut s’élever, se glorifier parmi les hommes sera abaissé par la vie et la force divine qui corrige l’orgueilleux. Jésus nous le dit : « Tout homme qui s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé. » (Lc 14, 11) Marie le chante dans son Magnificat : « Il a renversé les puissants de leur trône et élevé les humbles. » (Lc 1, 52)

    L’humilité est vérité

    Si elle est vérité, l’humilité accepte la place qui lui est donnée par Dieu sans en rechercher une autre. Elle fleurit là où Dieu l’a plantée. Sainte Thérèse de Lisieux voulait être guerrier, apôtre, docteur, martyr au sein de l’Église, elle comprit en lisant 1 Corinthiens 12, 13 que la charité est la voie excellente qui conduit sûrement à Dieu : « Enfin j’ai trouvé le repos… la charité me donne la clé de ma vocation. Je compris que si l’Église avait un corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l’Église avait un cœur, et que ce cœur était brûlant d’amour… Je compris que l’Amour renfermait toutes les vocations, que l’amour était tout, qu’il embrassait tous les temps et tous les lieux…

    Dans un excès de joie délirante, je me suis écriée : ‘’Ô Jésus, mon Amour, ma vocation, enfin je l’ai trouvée. Ma vocation, c’est l’amour…. Et cette place, ô mon Dieu, c’est Vous qui me l’avez donnée… dans le cœur de l’Église, ma Mère, je serai l’Amour’’».

    La perfection consiste à occuper toute la place que Dieu m’assigne et d’agir avec le maximum d’amour gratuit en étant joyeux de faire sa volonté.

    Se mettre à la place d’autrui surtout en difficulté n’est pas naturel. Il faut être humble. On voudrait bien être à la place de l’autre glorifié par les honneurs, la richesse et la gloire. Là encore, il faut être humble pour ne pas être envieux ou jaloux.

    Du manque d’humilité surgit l’égoïsme

    L’humilité aime gratuitement et donne tout.

    Le moi égoïste ramène tout à lui. Il est impuissant à se tourner vers l’autre.

    Le moi sensuel recherche son plaisir et sa jouissance dans les êtres créés comme dans les choses. Il veut servir sa propre passion. Il profane et tue l’amour.

    Le moi orgueilleux se manifeste par l’estime de soi exagérée se dressant contre les autres pour imposer son moi. Cela donne présomption, suffisance, vantardise et domination. Il écrase tout être et pourra n’avoir pour leur estime qu’une indifférence méprisante.

    Sans humilité l’homme se détruit

    L’orgueil est un vice qui détruit l’âme et le corps humains. En effet, combien de gens sont malades parce qu’ils s’obstinent dans des voies sans issues par orgueil. Ils veulent avoir raison constamment et pensent qu’en dominant sans cesse autrui : femme, enfants, collègues de travail, ils auront moins de soucis ou de souffrances. Sans humilité, sans reconnaissance de ses vices ou défauts majeurs, il n’y a jamais de progression spirituelle, ni de paix affective encore moins la santé du corps.

    Quelquefois l’orgueil conduit à des maladies graves, des dysfonctionnements organiques par refus de reconnaître ses torts et de s’ouvrir à un dialogue salutaire. Sans humilité, des divorces se produisent, des enfants sont malheureux, des femmes et des hommes sombrent dans la dépression chronique et parfois certains se suicident.

    L’humilité est une immense vertu. Qui la possède acquiert un trésor inestimable et peut comprendre les autres parce qu’il sait se mettre à leur place et écouter avec charité leur souffrance et leur espérance.

    Face à cette humilité si blessée dans le cœur humain par le péché originel, regardons la splendeur de l’humilité de Marie.

     * 22 - L'humilité de Marie

    Marie incarne l’humilité parfaite

    Elle incarne cette humilité même au moment le plus glorieux de sa vie, où Dieu lui demande d’être sa Mère. Et elle se proclame : « Voici l’humble servante du Seigneur. » (Lc 1, 38) Et Marie, comblée de grâce, la bénie entre toutes les femmes, s’abîme devant Dieu, et devant la gloire à laquelle Dieu la convie, elle s’humilie.

    Dans le Magnificat, Marie chante la gloire de Dieu et loue sa bonté, Lui qui a jeté les yeux sur l’abaissement de sa servante. (Lc 1, 48) Elle redit son néant, sa petitesse face à l’Infini divin qui a daigné la choisir comme sa Mère.

    Humble dans son cœur, dans ses paroles, dans ses actes, elle n’est que cela et veut le rester. A Cana, elle aurait pu profiter des compliments, mais elle remet tout entre les mains de Jésus et se réjouit de sa gloire

    Dans sa vie cachée à Nazareth, pauvreté et humilité sont son partage. Elle sait qu’une vie cachée est toujours en sûreté et qu’un trésor exposé au grand jour risque d’être perdu. Elle sait que les riches couleurs ternissent toujours au soleil. Elle nous apprend que l’Esprit de Dieu se communique aux tout petits et aux humbles (Mt 11. 25).

    Humble dans la souffrance du Calvaire, dans la joie de la Résurrection, humble dans l’enseignement et la formation du Cénacle, humble à Ephèse dans la demeure de Jean, humble dans la science, elle enfanta le Verbe de Dieu et qui en comprend les mystères surnaturels plus parfaitement que pouvaient le comprendre Adam dans son sommeil, Jean sur la poitrine de Jésus et Paul dans son ravissement.

    Si Marie est si grande, c’est parce qu’elle s’est faite si petite et si humble pour que Jésus grandisse toujours plus dans le cœur des hommes. Elle a toujours désiré la dernière place pour que Jésus occupe la première. Elle s’est toujours effacée pour qu’il soit visible et reconnu par les hommes.

    En contemplant la belle et grande humilité de Marie, demandons à Marie qui défait les nœuds de nous aider à grandir avec elle dans cette si grande vertu qui a conduit toute sa vie à la suite de son Fils. Supplions-la de nous donner les grâces pour devenir de vrais serviteurs de l’Amour et de la Vérité qu’est Jésus, et de suivre avec elle tous les saints et saintes de l’Église qui se sont toujours effacés pour que Jésus grandisse dans le cœur des hommes.

    Père François Zannini

    Conclusion

     * 22 - L'humilité de Marie

    « L'humilité est le fondement et la gardienne des vertus ». C'est saint Bernard qui parle ainsi, et certes avec raison. Sans l'humilité, en effet, aucune autre vertu ne peut exister. Qu'une âme les possède toutes, toutes s'évanouiront si elle perd l'humilité.

    Cette vertu, si belle et si nécessaire, était inconnue au monde, mais le Fils de Dieu est descendu sur la terre, pour l'enseigner par son exemple. Et c'est spécialement en cela qu'il nous invite à l'imiter.

    La très sainte Vierge fut la première et le plus excellent disciple de Jésus-Christ. Aussi fut-elle la plus parfaite imitatrice de son humilité, et c'est par cette vertu qu'elle mérita d'être exaltée au-dessus de toutes les créatures.

    Un autre acte d'humilité consiste à cacher les dons célestes. C'est ainsi que Marie ne voulut pas révéler à saint Joseph qu'elle était devenue la Mère de Dieu. Et cependant ne semblait-il pas nécessaire de l'en instruire, soit pour prévenir les soupçons que son époux pourrait concevoir, soit tout au moins pour le tirer de la perplexité où il se trouvait ? Saint Joseph, en effet, ne pouvant pas douter de la pureté de la sainte Vierge, mais ignorant du mystère, « se proposait de la renvoyer secrètement » (Mt 1,19). Et, de fait, si l'Ange n'était pas venu lui apprendre qu'elle avait conçu du Saint-Esprit, Joseph se serait séparé de Marie.

    C'est encore un acte d'humilité que de repousser les louanges et de les rapporter toutes à Dieu. Aussi voyez le trouble où la salutation élogieuse de l'archange Gabriel jette la sainte Vierge !

    Le propre des humbles, c'est de se plaire à servir les autres. Aussi la sainte Vierge s'empressa-t-elle de se rendre auprès de sa cousine Élisabeth pour la servir pendant trois mois. Élisabeth s'étonna que Marie fût venue la visiter.

    Les personnes humbles se tiennent volontiers à l'écart et choisissent la dernière place.

    L'humilité fait aimer les mépris. On ne lit pas que Marie se soit montrée à Jérusalem le jour des Rameaux, alors que le peuple recevait son Fils avec tant d'honneurs. Par contre, quand Jésus va mourir, elle ne craint pas de paraître sur le Calvaire en présence de tout le monde, afin d'être reconnue pour la mère de Celui qui, condamné comme infâme, mourait de la mort des infâmes, et de partager son déshonneur.

    Jésus n’a-t-il pas voulu nous faire comprendre que sa bienheureuse Mère était si humble, qu'elle était l'humilité même ?

    Il est vrai que pour notre nature corrompue par le péché, il n'y a peut-être pas une vertu plus difficile à pratiquer que l'humilité. Mais il faut en prendre notre parti, si nous ne sommes pas humbles, jamais nous ne serons enfants de Marie. « Si vous ne pouvez pas imiter la virginité de l'humble Marie, dit saint Bernard, imitez du moins l'humilité de la Vierge ».

     * 22 - L'humilité de Marie

    Mettons-nous à l’école de la très sainte Vierge Marie pour grandir dans cette vertu !

    Méditation finale

     « Ainsi donc, ô ma Reine, je ne pourrai jamais être votre enfant, si je ne suis pas humble. Mais ne voyez-vous pas que mes péchés, après m'avoir rendu ingrat envers mon Dieu, ont fait de moi un orgueilleux ? Ah ! Ma Mère, c'est à vous de remédier à ce désordre. Par les mérites de votre humilité, obtenez que je sois humble, et qu'ainsi je devienne votre enfant. Ainsi soit-il. ».

    Extrait du site de l’Ecole St-Ser (Ecole primaire à Aix-en-Provence)

    Synthèse de recherches proposées par les Frères Jean-Paul et André,

    Chevaliers et Grands Officiers de la Sainte-Croix de Jérusalem

    Bibliographie :

    Crouzel Henri, Fournier François et Périchon Pierre

    Origène : Homélies sur saint Luc

    Éditions du Cerf, Paris, 1962

     

    Saint Bernard

    Sermon des douze étoiles – § 10-11

    dans « Écrits sur la Vierge Marie » – Mediaspaul – Paris, 1995, p. 28-32

    Sitographie :

    https://www.serviteurs.org/L-humilite.html

    https://www.medaille-miraculeuse.fr/wp-content/uploads/2007/08/Page1-lettre-84.pdf

    https://fr.aleteia.org/2022/04/19/ce-que-lon-sait-de-lenfance-de-la-vierge-marie/

    https://www.mariedenazareth.com/encyclopedie-mariale/

    https://www.prixm.org/articles/caractere-vierge-marie

    http://www.spiritualite-chretienne.com/marie

    http://blog.gingko-editions.fr/les-vertus-de-marie-suite-marie-un-modele-de-discretion/

    https://www.mariedenazareth.com/encyclopedie-mariale/les-grands-temoins-marials/au-moyen-age-1054-1492/st-bernard-de-clairvaux-docteur-marial-1091-1153/la-discretion-et-le-silence-de-marie/

    http://blog.gingko-editions.fr/les-vertus-de-la-vierge-marie-suite-lhumilite-revelee-lors-de-lannonciation/

    https://www.oeuvre-du-sacre-coeur.be/IMG/pdf/4-_Humilite_de_Marie.pdf

    http://ecole-saint-ser.org/wp-content/uploads/2015/06/EcoleStSer_Lettre15-_Novembre-2017.pdf


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