• * La purification du lépreux

    240211 – Liturgie du 6ème dimanche du Temps ordinaire

     La purification du lépreux 

     6ème dimanche du Temps ordinaire 

      Journée mondiale de prière pour les Malades  

    * La purification du lépreux

    Introduction :

    De dimanche en dimanche, la Parole de Dieu est la première table qui nous rassemble. Tout comme l’Eucharistie, elle vient nous nourrir et nous ressourcer. Il est bon de savoir que certains Pères de l’Église avaient proposé, de faire de la proclamation de la Parole de Dieu un sacrement, au même titre que les autres sacrements. Si cette idée n’a pas été retenue par l’Église, le Concile Vatican II n’a toutefois pas hésité à affirmer que c’est le Christ lui-même qui s’adresse à nous chaque fois que la Parole de Dieu est proclamée.

    Entrer dans l’intelligence de la Parole de Dieu, de dimanche en dimanche, lui être attentif, demande un certain effort, il faut bien l’avouer. Même si nous avons déjà entendu maintes fois « ces histoires » dans notre vie de chrétiens, ces textes sacrés qui sont proclamés de dimanche en dimanche nous sont tous familiers, trop peut-être, d’où le risque de les écouter sans beaucoup d’intérêt, oubliant ainsi que Dieu parle à chacun et chacune de nous à travers sa Parole. C’est un acte de foi que nous posons chaque fois que nous accueillons avec attention la Parole de Dieu.

    Le 14 février 2015 – Yves Bériault, o.p. – Le moine ruminant

    Depuis la fête de l’Épiphanie, nous continuons à suivre le déroulement de la vie publique de Jésus. Les premiers disciples aimaient se rappeler ces événements car, sachant comme nous, que le protagoniste, Jésus, après une mort atroce sur la croix, a été ressuscité par son Père qui l’a établi Seigneur et Sauveur de toute l’humanité, ils leur donnaient un sens que les personnes présentes sur place n’avaient pas toujours perçu. Ils se racontaient les faits de la vie publique de Jésus en y joignant leurs interprétations éclairées par la lumière de la Résurrection de Jésus. C’est ce qui arrive dans le court récit de ce jour.

    Extrait de l’homélie de Mgr Hermann Giguère P.H. – Le 9 février 2021

    Le protocole légal et religieux prescrit en cas de lèpre.

    * La purification du lépreux

    1ère lecture : « Le lépreux habitera à l’écart, son habitation sera hors du camp ».

    Lecture du Livre des Lévites (Lv 13, 1-2.45-46)

    Le Seigneur parla à Moïse et à son frère Aaron, et leur dit :

    « Quand un homme aura sur la peau une tumeur, une inflammation ou une pustule, qui soit une tache de lèpre, on l’amènera au prêtre Aaron ou à l’un des prêtres ses fils. Le lépreux atteint d’une tache portera des vêtements déchirés et les cheveux en désordre, il se couvrira le haut du visage jusqu’aux lèvres, et il criera : “Impur ! Impur !”

    Tant qu’il gardera cette tache, il sera vraiment impur. C’est pourquoi il habitera à l’écart, son habitation sera hors du camp. »

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * La purification du lépreux

    Commentaire 1 a :

    Parce que la maladie, notamment la lèpre apparaissait aux Hébreux comme une sanction du péché, le malade était déclaré impur. Son cas relevait donc du prêtre, chargé à la fois de constater la gravité de son état, de le déclarer impur, de l’isoler de ses semblables et, s’il y avait guérison, d’offrir prières et sacrifices pour le péché, puis de le réintroduire officiellement dans la communauté humaine. Ces précautions n’avaient pas pour seul but d’éviter la contagion physique de la maladie, mais aussi de mettre à part le pécheur, réputé contagieux pour la pureté du peuple élu par le Dieu Saint.

    Notre société a tendance à marginaliser bien des gens : le chômeur de longue durée, le malade atteint du sida, le délinquant, l’immigré. Comment travailler à leur réintégration dans la société ?

    Le blog de Jackie

    * La purification du lépreux

    Commentaire 1 b :

    Le Lévitique, un livre à découvrir

    Le Livre du Lévitique n’est pas des plus faciles : il représente vingt-sept chapitres de réglementation souvent très minutieuse. Il n’y est question que du sacerdoce, et des règles à observer dans le culte aussi bien que dans la vie quotidienne pour rester dans l’Alliance avec Dieu. On est visiblement en présence d’un courant théologique particulier, très clérical : dans lequel les prêtres (les lévites, ce que l’on appelle le milieu sacerdotal) sont les intermédiaires privilégiés entre Dieu et le peuple.

    Rien à voir avec le Livre du Deutéronome que nous lisions pour le quatrième dimanche, qui relève visiblement d’un autre courant théologique, dans lequel ce sont les prophètes qui sont les porte-parole de Dieu.

    Il faut savoir qu’après l’Exil, alors qu’il n’y avait plus ni roi ni prophète en Israël, ce sont les prêtres qui ont assumé la responsabilité de la survie spirituelle et même politique du peuple de l’Alliance. Car pour eux, et c’est ce qui fait la beauté profonde de ce livre, si on veut bien dépasser la première impression et lire entre les lignes, l’Alliance proposée par Dieu à Israël est un honneur et une nécessité vitale : le Dieu Saint (c’est-à-dire le Tout-Autre) propose une véritable communion d’amour à ce petit peuple. Il est donc de la plus haute importance pour les fils d’Israël de rester dignes de la rencontre avec le Dieu Saint.

    Nous lisons rarement le Livre du Lévitique, mais, pour ce dimanche, il nous est proposé pour introduire l’Évangile qui rapporte un cas de guérison de la lèpre par Jésus. Nous ne pouvons pas comprendre l’importance de ce miracle si nous ne connaissons pas le contexte dans lequel Jésus a agi : car les prescriptions de la loi du Lévitique concernant les lépreux étaient encore en vigueur de son temps.

    Ces prescriptions nous paraissent rudes : quand on a le malheur d’être malade, c’est évidemment une souffrance supplémentaire d’être un exclu. Or c’était très strict. Dès que quelqu’un présentait des signes d’une maladie de peau évolutive du type de la lèpre, il devait aussitôt se présenter au prêtre qui procédait à un examen en règle et qui décidait s’il fallait déclarer cette personne impure. La déclaration d’impureté était une véritable mise à l’écart de toute vie religieuse, et donc à l’époque, de toute vie sociale. Car, être impur, c’était être inapte au culte et se voir privé de tout contact avec les autres membres du peuple saint qui doivent tout faire pour préserver leur pureté. Ainsi exclu de la communauté des vivants, le lépreux lui-même portait son propre deuil (vêtements déchirés, cheveux en désordre : versets 45-46).

    Job en était un bon exemple : atteint d’une maladie du genre de la lèpre, il en avait tiré lui-même les conséquences et s’était installé sur la décharge publique (Jb 2,8) : il ne faisait en cela qu’observer cette législation du Livre du Lévitique.

    Quand le malade pouvait se considérer comme guéri, il se présentait de nouveau devant le prêtre, lequel procédait à un deuxième examen très approfondi et déclarait la guérison et donc le retour à l’état de pureté et à la vie normale. Cette réintégration du malade guéri s’accompagnait de nombreux rites dits de purification : aspersions, bains, sacrifices.

    Le principe de précaution

    Pourquoi la lèpre prenait-elle une telle importance dans la vie sociale ? Probablement parce que c’est une maladie éminemment contagieuse, que personne ne savait encore soigner. La sagesse imposait donc la prudence pour préserver le reste de la population. On a là encore une preuve de la hiérarchie des priorités qui avait cours en Israël : le bien-être de l’individu doit céder le pas devant l’intérêt collectif.

    À noter que, à l’époque actuelle, pour préserver une population d’un risque de contamination bactérienne, on n’hésitera pas à prescrire une mise en quarantaine des personnes déjà atteintes. Certains écoliers sont prudemment interdits d’école lorsqu’il y a soupçon de méningite, par exemple. S’il s’agit d’animaux (peste aviaire, vache folle ou autre), on procèdera à des abattages systématiques. Notre vingt-et-unième siècle gère ainsi ce qu’il pense être un indispensable principe de précaution. Conscient pourtant que la personne mise en quarantaine subit une réelle exclusion, le pouvoir politique n’hésite pas à édicter de telles mesures, au nom de l’intérêt commun.

    Par ailleurs, spontanément on pensait que la maladie est toujours la conséquence d’un péché. Car Dieu est juste, nul n’en doute, et, à l’époque, on avait une conception pour ainsi dire arithmétique de la justice : les hommes bons sont récompensés à proportion de leurs mérites et les méchants sont punis selon une juste évaluation de leurs péchés. Cette loi que l’on appelle parfois la « logique de rétribution » ne souffrait, pensait-on, aucune exception. Au point que, devant une personne malade, on déduisait automatiquement qu’elle avait péché. Il y avait donc, là encore, une autre contagion à éviter. C’est pour cela, d’ailleurs, que le lépreux devait s’adresser au prêtre (et non au médecin !) pour déclarer la maladie aussi bien que la guérison.

    Il faut croire qu’au temps de Jésus les choses n’avaient guère changé puisque les lépreux engendraient encore la même répulsion et les mêmes mesures d’exclusion. Il a fallu un long travail de la Révélation pour découvrir que le Dieu miséricordieux est attiré par la misère (c’est le sens même du mot « miséricordieux »), et que nul n’est exclu, ce que Jésus est venu prouver par ses paroles et par ses actes.

    A propos de la lèpre

    La lèpre fut longtemps considérée comme une maladie irrémédiablement incurable à tel point que les cas de guérison apparaissaient comme des miracles. À cet égard, l’exemple du général syrien, Naaman, est révélateur. Quand il s’était découvert lépreux, il était allé au palais de Damas, demander à son roi d’intervenir en sa faveur auprès du roi d’Israël. Car le bruit courait qu’il y avait là-bas un prophète guérisseur (il s’agit d’Élisée). Ce qui nous intéresse aujourd’hui dans l’histoire de Naaman, c’est la réaction du roi d’Israël qui prouve à quel point la lèpre passait alors pour un fléau sans recours. Quand il reçut la lettre du roi de Damas lui disant « Je t’envoie mon serviteur, le général Naaman, pour que tu le guérisses de sa lèpre », le roi d’Israël fut pris de panique. Le Livre des Rois raconte : « Après avoir lu la lettre, le roi déchira ses vêtements et dit : Suis-je Dieu, capable de faire mourir et de faire vivre, pour que celui-là m’envoie quelqu’un pour le délivrer de sa lèpre ? Sachez donc et voyez : il me cherche querelle ! » (2 R 5,7). Traduisez : bien sûr, je n’ai aucun espoir de sauver Naaman et le roi de Damas m’en voudra et je vais vers une catastrophe. Il est en train de se forger un prétexte pour pouvoir m’attaquer.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    L’enjeu des relations entre Dieu et ses fidèles, et entre eux aussi…

    * La purification du lépreux

    Psaume : 31 (32), 1-2, 5ab, 5c.11

    R/ Tu es un refuge pour moi ; de chants de délivrance, tu m’as entouré.

    Heureux l’homme dont la faute est enlevée, et le péché remis !

    Heureux l’homme dont le Seigneur ne retient pas l’offense, dont l’esprit est sans fraude !

    R/ Tu es un refuge pour moi ; de chants de délivrance, tu m’as entouré.

    Je t’ai fait connaître ma faute, je n’ai pas caché mes torts.

    J’ai dit : « Je rendrai grâce au Seigneur en confessant mes péchés. »

    R/ Tu es un refuge pour moi ; de chants de délivrance, tu m’as entouré.

    Toi, tu as enlevé l’offense de ma faute. Que le Seigneur soit votre joie !

    Exultez, hommes justes ! Hommes droits, chantez votre allégresse !

    R/ Tu es un refuge pour moi ; de chants de délivrance, tu m’as entouré.

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * La purification du lépreux

    Commentaire 2 :

    La joie des pécheurs pardonnés

    « Heureux l’homme dont la faute est enlevée, et le péché remis ! » Un pécheur pardonné rend grâce : rien d’étonnant, c’est l’expérience millénaire des croyants. À commencer par David, qui est resté dans les mémoires comme le type même du pécheur à la fois repentant et heureux du pardon accordé par Dieu1.

    1 Le nom de David est rappelé en tête de ce psaume, comme souvent, pour nous inviter à nous couler dans l’attitude spirituelle de celui qui fut le type même du pécheur reconnaissant pour le pardon reçu.

    Et on peut lire dans l’Ancien Testament des récits de célébrations pénitentielles qui étaient de véritables fêtes du pardon. Celle qui fut célébrée à la demande du roi Ézéchias est particulièrement bien décrite : « Le roi Ézéchias réunit les chefs de la ville et il monta à la Maison du Seigneur (le temple). On amena sept taureaux, sept béliers, sept agneaux et sept boucs pour un sacrifice pour le péché à l’intention de la maison royale, du sanctuaire (le Temple avait été profané) et de Juda (le peuple), puis il dit aux prêtres, fils d’Aaron, de les offrir sur l’autel du Seigneur... Ézéchias ordonna d’offrir le sacrifice sur l’autel et, au moment où commençait le sacrifice, commencèrent aussi le chant pour le Seigneur et le jeu des trompettes, avec l’accompagnement des instruments de David, le roi d’Israël. Toute l’assemblée resta prosternée, le chant se prolongea et les trompettes jouèrent, tout cela jusqu’à la fin du sacrifice. Comme on finissait de l’offrir, le roi et tous les assistants avec lui s’inclinèrent et se prosternèrent. Ensuite le roi Ézéchias et les chefs dirent aux lévites de louer le Seigneur (en chantant des psaumes) ... et ils le louèrent à cœur joie, puis ils s’agenouillèrent et se prosternèrent. » (2 Ch 29,20... 30).

    Mais la grande particularité de ce psaume 31/32 est son insistance sur l’importance de l’aveu. C’est l’objet d’une strophe entière : « Je t’ai fait connaître ma faute, je n’ai pas caché mes torts. J’ai dit : je rendrai grâce au Seigneur en confessant mes péchés. » Le Livre des Proverbes avait déjà parlé de l’aveu comme condition de l’accueil du pardon de Dieu : « Qui cache ses fautes ne réussira pas ; qui les avoue et y renonce obtiendra miséricorde. » (Pr 28,13). Non pas que Dieu conditionne son pardon ! Comme on dit que « Dieu est Amour », on peut dire que « Dieu est Pardon ». Car le pardon n’est rien d’autre que l’acte même d’aimer le pécheur. Ou alors on ne pourrait pas dire que « Dieu est miséricordieux », ce qui est pourtant l’une des définitions qu’il a données de lui-même depuis fort longtemps.

    L’importance de l’aveu

    Mais l’aveu reste nécessaire (pour nous) car il est l’indispensable opération-vérité. C’est le sens du verset 2 : « Heureux l’homme... dont l’esprit est sans fraude. »

    L’aveu n’a évidemment pas le pouvoir d’enlever la faute, mais il ouvre notre cœur au pardon de Dieu. Isaïe le dit magnifiquement : « Recherchez le Seigneur puisqu’il se laisse trouver, appelez-le puisqu’il est proche. Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme malfaisant ses pensées. Qu’il retourne vers le Seigneur qui lui manifestera sa tendresse, vers notre Dieu qui pardonne abondamment. Car vos pensées ne sont pas mes pensées – oracle du Seigneur. » (Is 55,6-8). Ce que la Première Lettre de saint Jean retraduit à son tour : « Si nous disons : Nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous. Si nous confessons nos péchés, fidèle et juste comme il est, il nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute iniquité. » (1 Jn 1,8-9).

    Comment ne pas être rempli de reconnaissance ? 

    Au double sens du terme : « confesser » ses fautes (les reconnaître), c’est du même mouvement « confesser » (reconnaître, déborder de reconnaissance pour) l’amour miséricordieux, pardonnant, de Dieu. Le psaume décrit très bien cette expérience comme celle d’une véritable libération intérieure : le verset 3, que la liturgie de ce dimanche n’a pas retenu, disait la souffrance morale (et peut-être physique ?) de celui qui se refusait encore à l’aveu : « Je me taisais (refus de l’aveu) et mes forces s’épuisaient à gémir tout le jour ; ta main, le jour et la nuit, pesait sur moi ; ma vigueur se desséchait comme l’herbe en été. » Mais après l’aveu, le croyant s’écrie : « Et toi, tu as enlevé l’offense de ma faute. Tu es un refuge pour moi, mon abri dans la détresse, de chants de délivrance tu m’as entouré. »

    Alors il est armé pour devenir un témoin du pardon de Dieu. Il commence par tirer les leçons de son expérience et les offre à son entourage : « L’amour du Seigneur entourera ceux qui comptent sur lui. Que le Seigneur soit votre joie, hommes justes ! Hommes droits, chantez votre allégresse ! » Saint Paul qui a fait, lui aussi, l’expérience personnelle forte du pardon de Dieu, cite ce psaume dans la Lettre aux Romains (Rm 4, 6-8) et en tire deux leçons :

    1°) Dieu pardonne non à cause de nos œuvres, mais gratuitement (l’aveu n’étant pas considéré comme une « œuvre »).

    2°) Ce pardon de Dieu est offert à tout homme (circoncis ou non) : « Heureux l’homme dont la faute est enlevée, et le péché remis ! » « Heureux l’homme » veut bien dire « tout homme ».

    Et la Lettre à Timothée dit bien comment cette allégresse du pécheur pardonné devient un témoignage de salut pour tous (et donc une invitation à y entrer) : « S’il m’a été fait miséricorde, dit Paul, c’est afin qu’en moi, le premier, Christ Jésus démontrât toute sa générosité, comme exemple pour ceux qui allaient croire en lui, en vue d’une vie éternelle. » (1 Tm 1,16).

    Complément :

    Par la suite, le roi Manassé a également organisé une grande célébration pénitentielle au Temple de Jérusalem (2 Ch 33,16).

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Pour la gloire de Dieu…

    M'adapter à tout le monde…

    * La purification du lépreux

    Épître : « Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ »

    Lecture de la Première Lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens (1 Co 10, 31 – 11, 1)

    Frères, tout ce que vous faites : manger, boire, ou toute autre action, faites-le pour la gloire de Dieu.

    Ne soyez un obstacle pour personne, ni pour les Juifs, ni pour les païens, ni pour l’Église de Dieu.

    Ainsi, moi-même, en toute circonstance, je tâche de m’adapter à tout le monde, sans chercher mon intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés.

    Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * La purification du lépreux

    Commentaire 3 a :

    La loi juive interdisait l’usage de certains aliments : des préjugés religieux attachaient un certain tabou aux viandes offertes en sacrifice aux dieux païens et revendues ensuite sur le marché. À l’encontre de ses deux conceptions, Paul affirme ici la liberté du chrétien : il peut user de tout, se libérer de tout préjugés, s’il le fait dans la joie d’un cœur qui rend grâces à Dieu. Mais Paul maintient aussi que la charité passe avant tant. Si mon comportement risque d’entraîner mes frères à pécher, je dois librement et par amour mettre une limite à la liberté absolue acquise en Jésus Christ. Ce n’est pas une situation toujours facile, mais Paul a observé ce principe, imitant en cela Jésus Christ.

    S’adapter à tout le monde, c’est croire que « tout le monde » est un frère en Jésus Christ qu’il me faut écouter, comprendre, éclairer au besoin, mais sans le meurtrir. L’apôtre Paul l’a réussi à la suite de Jésus, pourquoi pas moi ?

    Le blog de Jackie

    * La purification du lépreux

    Commentaire 3 b :

    Notre vie quotidienne n’est pas ordinaire.

    Il y a au moins deux leçons dans ce texte : une affirmation théologique, d’abord, qui devrait nous faire voir notre vie quotidienne sous un autre jour. Et ensuite une leçon de comportement.

    L’affirmation théologique est la suivante : parce que Dieu n’a pas dédaigné de se faire homme, aucun des aspects de votre vie n’est méprisable. Dieu vous a ressemblé en tout, vous pouvez lui ressembler en tout. Car agir « pour sa gloire », cela veut dire que chacun de nos gestes, même les plus ordinaires, peut être un point de ressemblance avec Dieu. Nous ne pourrons plus jamais dire que l’un quelconque de nos gestes « manger, boire, ou n’importe quoi d’autre » serait comme on dit « bassement ordinaire » ! Plus rien n’est méprisable ou indigne. Chacune de nos actions peut être digne de Dieu. Depuis que le Verbe s’est fait chair, comme dit saint Jean, nous savons que toute notre vie dans la chair peut être révélation de Dieu. Quand on parle du « mystère de l’Incarnation », on devrait dire la « merveille de l’Incarnation ». Voilà donc la grande nouvelle : nos gestes les plus ordinaires peuvent être religieux, vécus avec Dieu. Seulement, si l’on en croit Paul, ces mêmes gestes peuvent aussi devenir des obstacles pour les autres : « Ne soyez un obstacle pour personne, ni pour les Juifs, ni pour les païens, ni pour l’Église de Dieu. »

    Il s’agit ici, encore une fois, du problème posé à la conscience des nouveaux chrétiens par la coutume païenne de sacrifier des viandes aux idoles : de telles viandes se retrouvaient ensuite (au moins en partie) sur le marché : un chrétien pouvait-il en manger ? (Les chapitres 6 à 11 de cette Première Lettre aux Corinthiens traitent de ce problème du comportement chrétien).

    La question s’inscrit dans un ensemble beaucoup plus vaste qui est celui de la liberté : sur ce sujet, le grand principe de Paul, c’est : « Tout est permis, mais tout ne convient pas. » (6,12 ; 10,23).

    « Tout est permis », c’est une manière de dire que celui qui croit en Jésus-Christ ne vit pas sous un régime d’obligations et d’interdits. Pour Paul lui-même, élevé dans le plus grand respect et même l’amour de la loi juive, c’est une découverte capitale. Tous les commandements compliqués, précis, minutieux, concernant la circoncision, les ablutions, le sabbat, tout cela est aboli : Dieu ne demande rien, n’exige rien de tout cela. Plus personne ne peut nous imposer des obligations au nom de Dieu, sauf une, celle d’aimer. Quand il était juif, Paul croyait être agréable à Dieu en observant fidèlement les six cent treize commandements énumérés par les docteurs de la Loi. Une fois devenu chrétien, il découvre que nous ne sommes plus « sous la Loi », comme il dit, mais « sous la grâce » (Rm 6,14).

    Tout est permis, mais tout ne convient pas.

    « Tout est permis, mais tout ne convient pas » : tout est permis, donc, mais à certaines conditions. La liberté n’est pas la licence de faire n’importe quoi !

    1°) Il ne s’agit pas de s’affranchir de la loi juive pour retomber dans un autre régime d’obligations. Dans la Lettre aux Galates, il insiste : « C’est pour que nous soyons vraiment libres que le Christ nous a libérés » (Ga 5,1).

    2°) Il reste un commandement, un seul, mais qui doit guider toute notre vie, le commandement d’aimer. Saint Augustin a résumé la doctrine de Paul en une maxime qui devrait nous accompagner toujours : « Aime et fais ce que tu veux ». Cela veut dire que nous sommes libres de prendre des initiatives, libres d’inventer le comportement qui nous paraît le meilleur dans chaque circonstance de notre vie, mais qu’une seule préoccupation doit nous guider dans nos choix, le souci des autres : « Ne soyez un obstacle pour personne, ni pour les Juifs, ni pour les païens, ni pour l’Église de Dieu. » On pourrait traduire « Ne risquez pas de choquer ». Dans les versets qui précèdent tout juste ceux d’aujourd’hui, Paul a dit : « Tout est permis, mais tout n’édifie pas. » (10,23) : au sens de « tout est permis, mais tout ne construit pas (sous-entendu la communauté). Il y a des comportements qui sèment la zizanie, et donc détruisent.

    On se rappelle que dans cette même Lettre aux Corinthiens, Paul parle de l’utilisation des dons de chacun en donnant un seul critère « Que tout se fasse pour l’édification (au sens de construction) commune. » (1 Co 14, 26). À nous donc de choisir en chaque circonstance le comportement qui convient pour construire notre société.

    Suit un conseil un peu surprenant : « Imitez-moi ». Ce n’est pas de l’orgueil de la part de l’apôtre, évidemment, mais le conseil avisé de celui qui a déjà affronté les difficultés. Lui qui est juif mais de culture grecque, et qui a fait le chemin du judaïsme au christianisme sait bien que l’évangélisation passe par le respect de chacun dans sa différence : « Je tâche de m’adapter à tout le monde ; sans chercher mon intérêt personnel, mais celui de la multitude des hommes, pour qu’ils soient sauvés. Imitez-moi, comme moi aussi j’imite le Christ. » Or, que fait le Christ ? Il accueille tous les hommes, même les exclus, comme le lépreux (dans l’évangile de ce dimanche).

    Accueillir sans mépris, s’adapter sans se renier, voilà deux beaux mots d’ordre pour notre comportement quotidien. Encore nous faut-il apprendre à discerner au jour le jour en quoi consiste concrètement cette liberté : l’Esprit Saint nous a été donné pour cela.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Alléluia. Alléluia.

    Un grand prophète s’est levé parmi nous,

    et Dieu a visité son peuple.

    Alléluia.

    La guérison d’un lépreux.

    * La purification du lépreux

    Évangile : « La lèpre le quitta et il fut purifié ».

    Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 1, 40-45)

    En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus ;

    il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. »

    Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. »

    À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié.

    Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui disant :

    « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. »

    Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * La purification du lépreux

    Commentaire 4 a :

    Ce lépreux que la loi juive désignait comme impur, Jésus n’hésite pas à le toucher et à contracter l’impureté légale qui s’attachait à ce geste : Jésus ne vient-il pas prendre sur lui les péchés du monde ?

    Mais parce qu’il a foi en la bonté et la puissance de Jésus, ce lépreux est guéri et restauré dans la communion avec Dieu : Jésus n’est-il pas déjà la puissance de résurrection de l’amour à l’œuvre dans le monde ?

    Ainsi guéri, ce lépreux va pouvoir recevoir du prêtre la confirmation de sa réintégration dans la société : Jésus ne vient-il pas pour susciter parmi les hommes une fraternité qui ne connaîtra ni paria ni exclu ?

    Comment ce lépreux guéri pourrait-il ne pas porter témoignage près des autorités religieuses et de la foule que le Messie est là ?

    Devant toi, Jésus, je suis ce lépreux pour qui tu as le cœur remué de tendresse, que tu veux toucher dans le sacrement de la réconciliation, réintégrer ainsi dans la communion de l’Église et envoyer, renouvelé, porter témoignage à ses frères.

    Le blog de Jackie

    * La purification du lépreux

    Commentaire 4 b :

    La guérison du lépreux

    C’est le premier voyage missionnaire de Jésus : jusqu’ici, il était à Capharnaüm, que les Évangélistes présentent comme sa ville d’élection en quelque sorte, au début de sa vie publique. Jésus y avait accompli de nombreux miracles et il avait dû s’arracher en disant : « Allons ailleurs dans les bourgs voisins, pour que j’y proclame aussi l’évangile. » Et Marc ajoute : « Il alla par toute la Galilée ; il prêchait dans leurs synagogues et chassait les démons. » Nous sommes donc quelque part en Galilée, hors de Capharnaüm, quand un lépreux s’approche de lui.

    Il y a en fait dans ce récit deux histoires au lieu d’une : la première, celle qui saute aux yeux, à première lecture, est le récit du miracle. Le lépreux est guéri, il retrouve sa peau saine, et, du même coup, sa place dans la société. Mais en même temps que ce récit de miracle débute ici une tout autre histoire, bien plus longue, bien plus grave, celle du combat incessant que Jésus a dû mener pour révéler le vrai visage de Dieu. Car, en prenant le risque de toucher le lépreux, Jésus a posé un geste audacieux, scandaleux même.

    C’est certainement là-dessus que Marc veut attirer notre attention car les mots « purifier » et « purification » reviennent quatre fois dans ces quelques lignes : c’est dire que c’était un souci du temps. La pureté, on le sait, était la condition pour entrer en relation avec le Dieu Saint.

    Tous les membres du peuple élu étaient donc très vigilants sur ce sujet. Et le Livre du Lévitique (dont nous lisons un extrait en première lecture de ce dimanche) comporte de nombreux chapitres concernant toutes les règles de pureté. Marc lui-même le rappelle plus loin, dans la suite de son Évangile : « Les Pharisiens, comme tous les Juifs, ne mangent pas sans s’être lavé soigneusement les mains, par attachement à la tradition des anciens ; en revenant du marché, ils ne mangent pas sans avoir fait des ablutions ; et il y a beaucoup d’autres pratiques traditionnelles auxquelles ils sont attachés : lavage rituel des coupes, des cruches et des plats. » (Mc 7,3-4).

    Cette recherche de pureté entraînait logiquement l’exclusion de tous ceux que l’on considérait comme impurs. Et malheureusement, à la même époque, on croyait spontanément que le corps est le miroir de l’âme et la maladie, la preuve du péché. Et donc, tout naturellement, on cherchait, par souci de pureté, à éviter tout contact avec les malades : c’est ce que nous avons entendu dans la première lecture « le lépreux, homme impur, habitera à l’écart, sa demeure sera hors du camp. » (Lv 13). Ce qui veut dire que quand Jésus et ce lépreux passent à proximité l’un de l’autre, ils doivent à tout prix s’éviter. Ce qui veut dire aussi, et qui est terrifiant, si on y réfléchit, que, du temps de Jésus, on pouvait être un exclu au nom même de Dieu.

    Le lépreux n’aurait donc jamais dû oser approcher Jésus et Jésus n’aurait jamais dû toucher le lépreux : l’un et l’autre ont transgressé l’exclusion traditionnelle, et c’est de cette double audace que le miracle a pu naître.

    Le lépreux a probablement eu vent de la réputation grandissante de Jésus puisque Marc a affirmé un peu plus haut que « sa renommée s’était répandue partout, dans toute la région de Galilée. » Il s’adresse à Jésus comme s’il était le Messie : « Il tombe à ses genoux et le supplie : Si tu le veux, tu peux me purifier. » D’une part, on ne tombe à genoux que devant Dieu. Et d’autre part, à l’époque de Jésus, on attendait avec ferveur la venue du Messie et on savait qu’il inaugurerait l’ère de bonheur universel. Dans « les cieux nouveaux et la terre nouvelle » promis par Isaïe, il n’y aurait plus larmes ni cris (Is 65,19), ni voiles de deuil (Is 61,2). C’est bien cela que le lépreux demande à Jésus, la guérison promise pour les temps messianiques. Et Jésus répond exactement à cette attente : (littéralement) « Je veux, sois purifié. »

    Jésus s’affirme donc ici d’entrée de jeu comme celui qu’on attendait. Plus tard, il dira aux disciples de Jean-Baptiste : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue et les boiteux marchent droit, les lépreux sont purifiés et les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. » (Mt 11,4-5). Pauvre, ce lépreux l’est vraiment : et de par sa maladie, et de par son attitude empreinte d’humilité : «Si tu veux, tu peux me guérir». Il suffit de cet élan de foi pour que Jésus puisse agir.

    Le combat de Jésus contre toute exclusion

    Mais ce miracle de Jésus est aussi le premier épisode de son long combat contre toutes les exclusions : car cette Bonne Nouvelle qu’il annonce et que le lépreux va s’empresser de colporter, c’est que désormais personne ne peut être déclaré impur et exclu au nom de Dieu. La description du monde nouveau dans lequel « les lépreux sont purifiés » est vraiment une « Bonne Nouvelle » pour les pauvres : non seulement les malades et autres lépreux sont guéris, mais ils sont « purifiés » au sens de «amis de Dieu».

    Ce qui veut dire que si l’on veut ressembler à Dieu, être comme le Dieu qui « entend la plainte des captifs et libère ceux qui doivent mourir » (Ps 101/102), il ne faut exclure personne, mais bien au contraire, se faire proche de tous. Ressembler au Dieu Saint, ce n’est pas éviter le contact avec les autres, quels qu’ils soient, c’est développer nos capacités d’amour. C’est très exactement l’attitude de Jésus ici, vis-à-vis du lépreux (Mc 1,40).

    Et Paul (dans la deuxième lecture de ce dimanche) nous invite tout simplement à imiter le Christ : « Prenez-moi pour modèle, mon modèle à moi, c’est le Christ. » (1 Co 11, 1).

    Il reste que, pour aller jusqu’au bout du commandement d’amour (« Tu aimeras ton prochain comme toi-même »), Jésus a transgressé la lettre de la Loi : il vient de poser un geste d’une extraordinaire liberté, mais tout le monde n’est pas prêt à comprendre. D’où la consigne de silence qu’il impose au lépreux purifié. Aussitôt Jésus le renvoya avec cet avertissement sévère : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre. » Dès le début de sa vie publique, le combat qui va le mener à la mort est ébauché.

    La Passion est déjà évoquée dans ces lignes : Jésus rabaissé plus bas qu’un lépreux, souillé de sang et de crachats, exclu plus qu’aucun autre, exécuté en dehors de la Ville sainte, sera le Bien-Aimé du Père, l’image même de Dieu : le « Pur » par excellence.

    Jésus était ce que nous appelons aujourd’hui un « pratiquant », puisque nous l’avons vu à la synagogue de Capharnaüm pour la célébration du sabbat. Cela ne l’empêche pas de désobéir à la Loi qui interdisait d’approcher le lépreux.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    * La purification du lépreux

    Homélie :

    Le court récit que nous avons lu aujourd’hui commence en nous racontant un fait qui s’est produit au vu et au su de tous ceux et celles qui accompagnaient Jésus.

    I – Une autre guérison

    Un pauvre lépreux se jette aux pieds de Jésus car il n’en peut plus d’être exclu et mis au rancart de la société comme c’était le cas chez les Juifs au temps de Jésus. La lèpre était considérée comme une punition pour les péchés, comme une impureté innommable dont on devait se protéger et comme une maladie honteuse. La première lecture en témoigne clairement.

    Dans la scène relatée par saint Marc, Jésus se laisse approcher sans problème. Il impose les mains dans un geste de bénédiction. Le lépreux est guéri et Jésus lui dit d’aller se montrer aux prêtres pour suivre les recommandations contenues dans la Loi de Moïse.

    Le récit de saint Marc aurait pu se terminer là car tous les détails de l’évènement y sont : les personnages (le lépreux et Jésus), l’action (la demande du lépreux et la réponse de Jésus), et le résultat (la guérison et la visite aux prêtres).

    Pourtant, saint Marc en profite pour ajouter à son récit une touche postpascale qui nous place non plus sur le registre du Jésus historique, mais sur celui du Jésus Ressuscité et toujours vivant dans la communauté.

    II – Une invitation postpascale

    Regardons ces observations de plus près car, à première vue, elles semblent contradictoires. Jésus demande au lépreux de se taire et de ne pas parler de sa guérison. Pourtant il l’invite à aller se présenter aux prêtres pour une vérification des faits par eux. Le lépreux passe outre à la recommandation de Jésus et se met à proclamer que celui-ci l’a purifié. Cela veut dire pour lui que Jésus est l’Envoyé de Dieu promis par les prophètes et qu’il est porteur de la puissance de Dieu qui se manifestent dans ces guérisons. Jésus devant l’engouement de la foule se tient à l’écart.

    Comment comprendre l’invitation de Jésus au lépreux et l’effacement que Jésus s’impose ? Pour Jésus il est important que les gens ne le prennent pas uniquement pour un thaumaturge ou un guérisseur et qu’ils ne s’attachent pas à lui seulement pour les miracles et les guérisons qu’il fait.

    On peut penser aussi que cette préoccupation Jésus la porte en son cœur parce que tout n’est pas encore évident pour lui. Il a remis sa destinée entre les mains de son Père. Il en vit des moments forts. Il continue d'être à l’écoute. Quand Jean-Baptiste l’a désigné comme l’Agneau de Dieu à ses premiers disciples, il a été remué. Il a senti que sa route serait pleine de découvertes, mais semée d’embûches.

    Les premiers chrétiens qui connaissent la fin de l’histoire se projettent dans le lépreux et, comme lui, ils sont prêts à annoncer ce qu’ils ont reconnu en Jésus Ressuscité : la venue de Dieu pour le salut du monde. C'est ce qu'ils proclament à leurs contemporains. Ils leur annoncent cette merveilleuse Bonne Nouvelle qu’il n’y a personne d’exclu du Royaume de Dieu qui est ouvert aux lépreux que nous sommes, aux publicains et aux prostitués, car ils savent que Jésus est venu pour les pécheurs, pour les malades et non pour les bien portants. « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes, mais des pécheurs. » (Marc 2, 17).

    Dans notre texte, Jésus semble se contredire. Jésus dit au lépreux « Ne dis rien à personne » et plus tard aux disciples réunis autour de lui il dira « Allez annoncer la Bonne Nouvelle » (Marc 16, 15). C’est une contradiction qui n’est qu’apparente, car au moment où se passe la guérison, Jésus comme ses auditeurs et auditrices vit une aventure dont il soupçonne l’issue sans pour autant y être totalement encore plongé.

    Après la résurrection de Jésus, tout deviendra clair et limpide pour les premiers chrétiens qui ont inspiré saint Marc. Ils savent que c’est Jésus qui est le Messie, le Sauveur annoncé. Sa mort l’a fait triompher de toute maladie, du péché qui écrasait l’humanité. Il est devenu pour toujours le Chemin, la Vérité et la Vie (Jean 14, 6). Il ne meurt plus. C’est dans cet esprit qu’on peut relire ces quelques lignes de l’Évangile d’aujourd’hui qui m’ont bien tracassé. Car saint Marc revient plusieurs fois pour dire à propos de tel ou tel geste plus spectaculaire de Jésus : « N’en parlez à personne ». C'est ce qu'on a appelé le « secret messianique ».

    III – Application

    L’explication de ce « secret messianique » semble des plus intéressantes car elle fait le lien entre le Jésus historique dont témoignent ceux et celles qui l’ont connu et le même Jésus ressuscité toujours vivant pour nous sauver.

    Ce lien est toujours là quand nous lisons les Évangiles, mais ces admirables textes nous sont parvenus bien après les faits qu’ils racontent. Ils les revoient dans la lumière de Pâques qui révèle tout ce qui apparaissait caché. Il ne suffit pas de se rappeler des événements, il faut leur donner toute leur richesse porteuse de sens et de signification pour le monde où l’on vit. Toute lecture de l’Écriture est une façon de découvrir ce que l’Église et nous devons faire aujourd’hui pour annoncer la Bonne Nouvelle.

    C’est ce que faisaient saint Marc et les premiers chrétiens. Saint Augustin va dans le même sens à la fin du Livre XII des Confessions où il souhaite que le Seigneur fasse voir aux chrétiens non seulement le sens que l'auteur a voulu mettre dans son texte, mais, à son gré, tout autre sens où pourra se reconnaître l'inspiration divine. Ainsi la Parole est toujours nouvelle pour ceux et celles qui la reçoivent dans l'écoute de l'Esprit.

    Conclusion

    La guérison du lépreux nous enseigne qu’à la suite de Jésus, avec la grâce de Dieu, le mal peut être vaincu. Les maux de notre monde si présents dans les médias et dans la réalité : guerres, oppressions, famines, déplacements, migrations, pandémies, etc., ne peuvent avoir le dernier mot sur notre espérance qui nous tourne avec confiance vers un monde meilleur.

    C’est dans la foi que nous attendons ce monde meilleur. Comme disciples de Jésus, nous savons qu’il est commencé, qu’il est déjà là. Dans chaque Eucharistie nous le proclamons avec force après la consécration en chantant en réponse au « Il est grand le mystère de la foi » prononcé par le président de l’assemblée. « Nous proclamons ta mort Seigneur Jésus, nous célébrons ta résurrection et nous attendons ta venue dans la gloire. » Amen !

    Commentaires de Mgr Hermann Giguère P.H. – Le 9 février 2021

    Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval – Séminaire de Québec

    * La purification du lépreux

    Prières 

    1. En ce jour du Seigneur, laissons-nous toucher par l’amour et la miséricorde de Dieu. Ainsi, nous serons de vrais témoins du Seigneur parmi nos frères et sœurs.

    Père jésuite Jean-Paul SAVI – Vatican news – Méditation du 6ème dimanche du Temps Ordinaire : «L’audace de l’amour »

    2. Seigneur, mets sur nos lèvres les mots simples du lépreux et donne-nous l’audace de sa prière et de sa demande à Dieu.

    Seigneur, regarde avec amour les lèpres de notre vie : toi qui n’as de dégoût pour aucune, viens les toucher et les purifier.

    Seigneur, regarde avec amour les lèpres de notre monde : aide-nous à les guérir et à ne désespérer d’aucune.

    La Croix du 08/02/2021

    3. En ce dimanche d’hiver, nous te confions Seigneur « toutes les maladies » de notre monde.

    Seigneur, nous te prions.

    Seigneur, toi le Dieu de tous les hommes, reçois nos prières en ce jour.

    Que « la lèpre actuelle qui consiste à suivre sans cesse la modernité,

    la mondanité, l’efficacité… » ne nous éloignent pas de toi.

    Par le Christ, ton fils, notre Seigneur, qui vit avec toi et ton Esprit Saint,

    maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

    Vie liturgique, revue de pastorale liturgique publiée par Novalis

    * La purification du lépreux

    Conclusion :

    La première lecture et l’Évangile de ce dimanche nous parlent de gens qui étaient atteints par la lèpre. Cette maladie contagieuse et inguérissable faisait l’objet d’un confinement très strict. De plus, dans la mentalité de l’époque cette maladie ne pouvait qu’être la conséquence du péché. C’était une raison de plus pour s’en éloigner. Pour éviter toute contamination, le lépreux devait être tenu à l’écart. Cela n’était pas loin du confinement que nous avons connu pendant plusieurs mois à cause de la Covid.

    Pour mieux comprendre cette première lecture, il faut savoir qu’elle s’adresse à un peuple qui se tient en présence du Seigneur. La lèpre est vue comme une trace de mort dans la chair. De ce fait, elle est incompatible avec la présence au Dieu vivant. Les personnes qui étaient frappées par cette terrible situation se trouvaient condamnées à la solitude et au désespoir. Aujourd’hui, la lèpre a pratiquement disparu. Mais l’exclusion reste toujours bien présente : ce sont les sans-papiers refoulés, les chômeurs, les conjoints séparés, les enfants abandonnés…

    Jésus se préoccupait de tous les exclus. C’était même sa priorité. Avec lui, le mal n’a pas le dernier mot. Il ne craint pas de braver les interdits en touchant le lépreux. Cette liberté qu’il prend trouve sa source dans son amour pour Dieu et pour le prochain. C’est un amour sans frontière qui ne craint pas de bousculer les règlements. C’est ainsi qu’un jour, il guérit un infirme le jour du Sabbat. Il explique à tous que le Sabbat est fait pour l’homme et non l’homme pour le sabbat. C’est dans le même esprit que saint Augustin donne ce conseil : “Aime et fais ce que tu veux.” La liberté est servante de l’amour. C’est l’amour qui la rend authentique et vraie.

    Quand l’amour n’est entravé par rien ni personne, c’est lui qui devient contagieux. Et c’est ce qui arrive. Non seulement Jésus n’est pas contaminé par la lèpre mais c’est lui qui contamine le lépreux. L’humanité de Jésus est porteuse de vie divine. Elle est instrument du salut. Sa sainteté agit dans toute la race humaine. En touchant le lépreux, il met sa chair saine en contact avec la chair pourrie de l’excommunié.

    Du coup, c’est cette humanité qui est contaminée par la vie, la santé et la sainteté de Dieu. La contagion est inversée. Elle a joué dans le sens contraire. C’est la santé qui met en péril la maladie, la vie qui contamine la mort. L’amour l’emporte sur la haine. Voilà une bonne nouvelle pour nous aujourd’hui. Comme ce lépreux, nous pouvons nous approcher de Jésus et le supplier : “Seigneur, prends pitié !” Et il sera toujours là pour nous dire : “Je le veux, sois purifié.”

    L’homme a donc été purifié. Sa lèpre a disparu. Il ne sera plus un exclu. Son être profond est réorienté et réhabilité. Il ne lui reste plus qu’à rencontrer le prêtre pour être réintégré dans sa communauté. Le grand message de cet Évangile c’est un appel à nous laisser toucher par cet amour infini du Christ. Devant lui, nous nous reconnaissons défigurés par le péché. Mais il ne se lasse jamais de nous accueillir et de nous pardonner. Son amour pour nous dépasse infiniment tout ce que nous pouvons imaginer.

    En lisant cet Évangile, nous comprenons que Jésus a pris la place du lépreux. Il prend notre place mais pas notre lèpre. Au jour de sa Passion, il prendra la place de Barabbas. Désormais c’est lui qui se trouve dans l’univers des lépreux, dans les lieux déserts. Un jour, il sera rejeté de tous. On le conduira hors de la ville et on le fera mourir sur une croix. Mais son amour est bien plus fort que la mort et le péché. C’est cette victoire que jour célébrons le jour de Pâques.

    L’Évangile de ce dimanche nous apprend à nous tourner vers le Seigneur et à nous laisser toucher par son amour infini. Lui seul connaît vraiment notre détresse et peut nous sauver. Avec lui, il n’y a pas de situation désespérée. Devant lui, nous nous reconnaissons défigurés par le péché. Mais il ne se lasse pas de nous accueillir et de nous pardonner.

    Saint Paul a passé une partie de sa vie à persécuter les chrétiens. Mais il s’est laissé toucher par lui sur le chemin de Damas. Il s’est efforcé de l’imiter. Avec lui, la bonne nouvelle a été annoncée à tous ceux qui étaient loin de Dieu. Les païens sont introduits dans la communauté au même titre que les autres. Comme Paul et bien d’autres après lui, nous avons à réorienter notre vie vers le Christ. Le Carême qui s’annonce pour mercredi prochain nous donnera l’occasion de nous mettre en chemin et de tomber à genoux. Nous ferons nôtre cette prière : “Si tu le veux, tu peux me purifier”. Oui, que toute notre vie soit imprégnée de ton amour afin que nous puissions le communiquer à tous. Amen

    Abbé Jean Compazieu – Extrait de son homélie « Tenu à l’écart » du 8 février 2021

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    * La purification du lépreux

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS :

    Dans ton inlassable tendresse, nous t’en prions, Seigneur, veille sur ta famille : elle s’appuie sur la grâce du ciel, son unique espérance ; qu’elle soit toujours assurée de ta protection.

    Références :

    http://www.gcatholic.org/calendar/2022/General-D-fr.htm

    https://moineruminant.com/2015/02/14/homelie-pour-le-6e-dimanche-du-temps-ordinaire-annee-b/

    https://www.aelf.org/2024-02-11/romain/messe

    http://laviedesparoisses.over-blog.com/article-6eme-dimanche-t-o-125504167.html

    http://thierry-jallas.over-blog.com/2021/02/commentaires-de-marie-noelle-thabut-2021-02-14-6e-dimanche-du-temps-ordinaire-b.html

    https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-6e-dimanche-du-temps-ordinaire-Annee-B-Je-le-veux-sois-purifie-ne-dis-rien-a-personne_a993.html#:~:text=J%C3%A9sus%20demande%20au%20l%C3%A9preux%20de,%2Dci%20l'a%20purifi%C3%A9.

    https://www.la-croix.com/Definitions/Bible/6e-dimanche-temps-ordinaire-annee-B-purification-lepreux-2021-02-08-1701139529#:~:text=En%20ce%20temps%2Dl%C3%A0%2C%20un,quitta%20et%20il%20fut%20purifi%C3%A9.

    https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2021-02/meditation-6eme-dimanche-du-temps-ordinaire-l-audace-de-l-amou.html

    https://jardinierdedieu.fr/priere-universelle-6e-dimanche-ordinaire.html

    http://fraternite-ofs-sherb.eklablog.com/homelie-6eme-dimanche-du-temps-ordinaire-14-fevrier-2021-a205821334

    Magnificat du dimanche 11 février 2024 page 133


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