• * 16 - Communion et participation

    210403 (Samedi de Pâques)

    Rubrique « Regards sur la liturgie » – 16

     Communion et participation 

    * 16 - Communion et participation

    Communion et participation

    Le but de la vie chrétienne, tel que l’Église l’affirme, est pleine communion avec Dieu et entre nous. Et le moyen qu’elle propose pour y parvenir est la participation au Mystère pascal du Christ.

    • Comment communion et participation sont-elles concrètement en relation l’une et l’autre ?
    • Qu’est-ce que cela implique de la part du Seigneur et de notre part ?
    • Qu’est-ce que cela signifie donc pour nous ?

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    Com-union ou com-munion ?

    L’acceptation première que nous avons de ce qu’est la communion est celle d’une union profonde avec l’autre, qui s’agisse du Seigneur ou de notre prochain. C’est d’ailleurs ce que laisse entendre le concile Vatican II lorsqu’il définit l’Église comme étant « à la fois le signe et le moyen de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain » (Lumen gentium, n° 1).

    C’est aussi la définition qu’en donnent la plupart des dictionnaires : communier, c’est « être en union spirituelle ». Pourtant, cette compréhension première, sans être fausse, tend à réduire quelque peu la communion à une sorte d’état statique, une union immobile et inerte.

    L’étymologie vient nous aider à penser un peu autrement : communion, qui s’écrit avec deux « m », vient de communio dont le sens premier est la construction, l’édification commune. Il ne s’agit donc pas exactement d’une union avec quelqu’un (Il faudrait alors écrire « comunion » de cum-unio), mais d’un projet commun, d’une responsabilité partagée (cum-moi vient de « munus », la charge).

    La communion est donc une réalité dynamique qui sous-entend un échange, une communication intime et étroite entre ses participants, qui les rend plus fort ensemble (communier vient de « communicare »).

    Pour les chrétiens, communier, c’est donc mettre en commun ce que nous avons et ce que nous sommes, avec Dieu et entre nous. C’est avoir part à l’être agissant de Dieu.

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    Dieu est communion.

    Le cœur de la révélation chrétienne, le mystère trinitaire, se présente comme un mystère de communion. Dieu est unique mais, en lui-même, il n’est pas solitaire. Il s’agit là de la réalité la plus profonde de notre foi et, en même temps, de la plus difficile à concevoir et à exprimer : lorsque nous professons que Dieu est amour, cela implique indubitablement qu’il n’est pas égocentrique, mais surtout qu’il est tourné vers l’échange, le partage, le dialogue, la mise en communLe mystère du Dieu unique en trois personnes, le Père, le Fils et l’Esprit, trouve là son fondement le plus évident : Dieu, tout comme l’homme et, si l’on peut dire, bien d’avantage que l’homme, est un être de relation.

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    Cette relation est en elle-même, dans sa nature la plus profonde, la vie. Il n’y a de vie possible que dans l’échange, dans le don et la réponse au don, le « contre-don ». La communion divine, cette mise en commun de Dieu dans tout son être, est le principe même de sa vie : il est le Dieu vivant (Mt 16, 16).

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    La communion est donc radicalement une mise en mouvement.

    En terme théologiques, on parle de « périchorèse » (« ronde » en grec) : ce mouvement incessant d’amour par lequel le Père engendre le Fils dans l’Esprit, par lequel le Fils remet tout son être par l’Esprit au Père, comme une danse tournoyante qui est la source de leur unité substantielle. Cette communion dans l’amour est la cause de la création : l’amour de Dieu est tel qu’il déborde, qui jaillit gratuitement en don de la vie.

    Le Dieu vivant est le Dieu des vivants (Cf. Mc 12,27). Cette communion d’amour est également la cause du salut : Dieu aime tellement le monde (Cf. Jn 3,16) qu’il ne peut l’abandonner à la corruption et à la mort (Cf. Prière eucharistique IV), il lui fait grâce. Dieu veut nous offrir de vivre en communion avec lui. Telle est la raison de toute l’histoire du salut.

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    La communion de Dieu avec nous

    En effet, si le but de la vie chrétienne est la communion avec Dieu, alors il s’agit d’être introduit dans ce mouvement de don de soi. De nous-même, par notre volonté propre et par nos propres forces, nous sommes incapables de vivre totalement cet échange et ce don. La communion avec Dieu n’est pas de notre initiative, mais de la sienne. Voilà le motif profond de l’incarnation : il vient mettre en commun avec nous tout ce qu’il est, et, dans le même mouvement, vient communier à tout ce que nous sommes. Ce qui conduit implicitement à avoir part aux limites de notre condition humaine, et donc à la souffrance et à la mort : « Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix » (Ph 2, 5b-8). C’est donc par le Mystère pascal que se réalise cet admirable échange dans lequel s’accomplit la communion de Dieu avec nous, appelant notre communion avec lui : « Demeurez en moi comme moi en vous » (Jn 15, 4).

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    Avoir part au Mystère pascal du Christ

    Si Dieu a toujours l’initiative de la communion, il nous revient de répondre librement à ce don, à cette communication de lui-même. Notre réponse sera nécessairement de même nature que le mouvement qui le conduit à communier à notre vie. Il s’agit pour nous de vivre en ayant en nous « les dispositions qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2,5) : renoncement, humilité, service, abaissement volontaire, pour aimer.

    Ces attitudes, condition de la charité, conduisent inévitablement à avoir part, chacun à notre manière, au Mystère pascal : « Nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères. Celui qui n’aime pas demeure dans la mort » (1 Jn 3,14). Il s’agit donc pour nous de passer toujours davantage du repli sur soi, de la peur, de l’arrogance, du péché sous toutes ses formes, au don de nous-même, à la confiance, au dialogue, à la miséricorde en toutes nos actions. C’est là le culte véritable dont parle saint Paul (Cf. Rm 12). La dynamique intrinsèque de la communion nous appelle ainsi à participer à l’œuvre du Christ dans toute sa variété et son ampleur. Pour cela, l’Église nous offre de nombreux moyens de vivre réellement en communion avec lui : en premier lieu, les sacrements et, au plus haut point, l’Eucharistie, mais aussi en conséquence de ceux-ci, les œuvres de miséricorde qui manifestent concrètement notre vie de charité.

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    Participation sacramentelle et communion fraternelle

    Les sacrements, avec les sacramentaux et toute la vie liturgique, réalisent au milieu de nous l’actualisation du mystère pascal (SC, n°6). Dans la liturgie, le père nous donne son Fils unique, totalement, jusqu’au bout, jusqu’à la remise de l’Esprit. Dans l’action liturgique, nous nous offrons nous-même au Père dans le Christ par l’Esprit. L’Eucharistie, par excellence, nous rend présent l’événement triple et unique de la mort, de la résurrection et de l’ascension du Christ, sa donation au monde et au Père. Si elle s’achève en quelque sorte dans les rites de communion, qui nous donnent par à son corps, elle requiert de chacun des fidèles et de la communauté dans son ensemble de participer à son Esprit, dans une éternelle offrande à la gloire du Père. Il ne s’agit donc pas simplement de recevoir la communion passivement, mais de la désirer, de la chercher de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit (Cf. Mt 22,37). C’est là la participation pleine, consciente et active que l’Église requiert des fidèles qui prennent part à liturgie (SC, n° 14). L’enjeu authentique de la communion sacramentelle est de faire corps avec le Christ, de devenir ensemble son corps livré, promis à la gloire de la résurrection. Pour cela, indissociablement, la communion au Christ, parole et pain, nous appelle à vivre la charité entre nous. Nous ne pouvons avoir part à la vie divine sans être membres les uns des autres. Nous ne pouvons aimer Dieu de tout notre être sans aimer notre prochain comme nous-même, puisque ces deux commandements sont semblables (Cf. Mt 22,39).

    Le fruit de la vie sacramentelle étant la charité, c’est dans notre vie quotidienne que nous sommes appelés à manifester concrètement notre participation à la vie du Christ. C’est pour signifier cela que Jean l’Évangéliste, intentionnellement, nous livre le récit du lavement des pieds là où les trois autres Évangiles situent le récit de l’institution de l’Eucharistie. Le commandement : « Vous ferez cela en mémoire de moi » ne fait qu’un avec : « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez vous aussi, comme j’ai fait pour vous » (Jn 13, 15).

    Participation sacramentelle, notamment à l’Eucharistie et communion fraternelle, par le service du prochain, sont les deux faces d’une même réalité. Ce sont les moyens que nous offrent le Christ et son Église pour avoir part avec lui (Cf. Jn 13, 8), pour vivre en communion les uns avec les autres, et avec le Dieu d’amour.

    Père Arnaud Toury, prêtre du diocèse de Reims,

    délégué diocésain à la pastorale liturgique et sacramentelle, formateur en liturgie et en théologie sacramentelle

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    La participation active des fidèles durant la messe

    La liturgie est la véritable prière de toute l’Église, de tous les baptisés. De ce fait, tous les aspects de la liturgie (attitudes corporelles, écoute, gestes, offrande des dons, quête, réponses au célébrant, certaines prières et acclamations, chants, silence et communion sacramentelle) sont donc concernés.

    Si elle est active par certains de ses aspects, la participation doit aussi être intelligente et intérieure. Le but de la liturgie est de faire accéder le croyant au Mystère de Dieu. Cela suppose que les fidèles soient accordés à ce qu’ils chantent, fassent leur la prière du célébrant, reçoivent la parole de Dieu, se laissent conduire au mystère par l’Esprit-Saint. C’est ainsi que, dans la liturgie, les chrétiens répondent au baptême qui les a faits membres d’un peuple sacerdotal et royal.

    La célébration chrétienne ne saurait être une réunion de spectateurs : elle n’a que des acteurs qui se laissent saisir et conduire par l’Esprit-Saint à l’inouï de Dieu. Dès lors, au cours de toutes les liturgies, chacun est appelé à s’ouvrir à la parole de Dieu, à s’associer et à participer à la prière de l’assemblée pour louer, rendre grâce et implorer, à vivre, pendant et après la liturgie, en témoin de la foi, de l’espérance et de la charité.

    « Dans les célébrations liturgiques, chacun, ministre ou fidèle, en s’acquittant de sa fonction, fera seulement et totalement ce qui lui revient en vertu de la nature de la chose et des normes liturgiques ».

    Participer n’est pas faire quelque chose tout le temps. Il serait contraire à l’esprit même de la liturgie de réduire ou de supprimer le silence, comme si on en avait peur. Les moments de silence sont des respirations intérieures qui donnent au Christ de faire entendre sa voix en chacun pour que chacun soit conduit à la rencontre de Dieu.

    Participer à la liturgie c’est, d’abord et avant tout, participer au Mystère pascal du Christ pour devenir membres de son corps.

    « Participant au sacrifice eucharistique, source et sommet de toute vie chrétienne, les fidèles offrent à Dieu la victime divine et s’offrent eux-mêmes avec elle. Ainsi, tant par l’oblation que par la sainte communion, tous, non pas indifféremment mais chacun à sa manière, prennent leur part originale dans l’action liturgique ».

    Voilà le sens et le cœur de la participation active qui anime nos attitudes, nos gestes, notre écoute, notre chant, notre prière. Elle nous fait vivre ce chemin pascal où, nous dépouillant du vieil homme et convertissant nos cœurs, nous revêtons le Christ dont nous devenons le Corps, un Corps de louange et d’action de grâce au Père « pour sa gloire et le salut du monde ».

    Extraits du site « Liturgie et sacrements »

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    La participation des fidèles à la messe

    La messe est une action de toute l’Église. Certes, la messe célébrée par un prêtre qui se trouverait seul ou avec un unique assistant porterait ses fruits. Mais pour que l’Eucharistie édifie vraiment l’Église, il est nécessaire que les fidèles y prennent une part active. L’Église se soucie d’obtenir « que les fidèles n’assistent pas à ce mystère de la foi comme des spectateurs étrangers ou muets, mais que, le comprenant bien dans ses rites et ses prières, ils participent consciemment, pieusement et activement à l’action sacrée, soient formés par la parole de Dieu, se restaurent à la table du Corps du Seigneur, rendent grâce à Dieu ; qu’offrant la victime sans tache, non seulement par les mains du prêtre, mais aussi ensemble avec lui, ils apprennent à s’offrir eux-mêmes et, de jour en jour, soient consommés par la médiation du Christ dans l’unité avec Dieu et entre eux pour que, finalement, Dieu soit tout en tous ».

    * 16 - Communion et participation

    N’oublions pas que l’Eucharistie se présente à nous « comme le sommet de tous les sacrements, car elle porte à sa perfection la communion avec Dieu le Père, grâce à l’identification au Fils unique par l’action de l’Esprit-Saint. C’est précisément pour cela qu’il est opportun de cultiver dans les cœurs le désir constant du sacrement de l’Eucharistie » (Jean-Paul II, encyclique ‘’L’Église vit de l’Eucharistie’’, n° 34).

    De plus, « étant source de charité, l’Eucharistie a toujours été au centre de la vie des disciples du Christ. Elle se présente sous l’aspect du pain et du vin, c’est-à-dire de nourriture et de boisson. Elle est donc aussi familière à l’homme, aussi étroitement liée à sa vie, que le sont justement la nourriture et la boisson. La vénération de Dieu qui est Amour naît, dans le culte eucharistique, de cette sorte d’intimité dans laquelle Lui-même, comme la nourriture et la boisson, remplit notre être spirituel, en lui assurant comme elles la vie » (Jean-Paul II, ‘’Lettre aux évêques sur le sacrement de l’Eucharistie’’, n° 7).

    Pour promouvoir la participation active, « on favorisera les acclamations du peuple, les réponses, le chant des psaumes, les antiennes, les cantiques et aussi les actions ou gestes et les attitudes corporelles. On observera aussi en son temps un silence sacré » (Concile Vatican II, constitution Sacrosanctum Concilium, n° 31).

    « Chaque célébration doit être adaptée aux besoins des participants, ainsi qu’à leur capacité, leur préparation intérieure et leur génie propre, selon les facultés établies par les normes liturgiques. Dans chaque célébration, il existe d’amples possibilités d’introduire une certaine variété dans le choix des chants, des mélodies, des oraisons et des lectures bibliques, ainsi que dans le cadre de l’homélie, dans la préparation de la prière des fidèles, dans les monitions qui sont parfois prononcées, et dans l’ornementation de l’église en fonction des temps liturgiques. Ces éléments doivent contribuer à mettre en évidence plus clairement les richesses de la tradition liturgique, et, tout en tenant compte des nécessités pastorales, à conférer avec soin une connotation particulière à la célébration, afin de favoriser la participation intérieure. Cependant, il faut se souvenir que l’efficacité des actions liturgiques ne réside pas dans les changements fréquents des rites, mais en vérité dans l’approfondissement de la parole de Dieu et du mystère célébré ». (Congrégation pour le Culte divin et la Discipline des sacrements, instruction Redemptionis Sacramentum, 25 mars 2004, n° 39).

    Mgr Dominique Le Tourneau

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    La participation des fidèles à l’Eucharistie

    Un sacrement se vit grâce à des signes auxquels il convient de réserver leur puissance d’évocation. Qu’elle soit solennelle ou privée, toute célébration liturgique repose sur un ensemble de paroles, de gestes et d’objets qui ont pour but d’évoquer des réalités qui nous dépassent. Or ce pouvoir évocateur dépend pour une bonne part de la vérité et de la beauté des symboles qui les suggèrent. Le chant possède une importance majeure pour une participation active de l’assemblée. Heureusement, de nombreuses personnes y consacrent beaucoup de temps et de générosité.

    * 16 - Communion et participation

    La vérité de l’Eucharistie est une action liturgique. En effet, après nous être nourris de la Parole de Dieu et de l’homélie, nous offrons le pain et le vin symbolisant notre travail, notre vie et toute la création. Nous demandons ensuite à l’Esprit-Saint de venir transformer ces dons pour qu’ils deviennent le Corps et le Sang du Christ. Puis, unis au Christ, nous les offrons de nouveau à Dieu le Père, en demandant de devenir « une éternelle offrande à la louange de sa gloire » et de former ensemble un seul Corps. Ces dons, ainsi transformés et offerts, nous sont comme redonnés pour y communier. Ainsi, l’action liturgique comporte comme deux mouvements aller-retour entre nous et Dieu.

    Notre foi dans l’Eucharistie, la vénération que nous en avons, sont révélatrices de la qualité de notre condition de disciples de Jésus.

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    La signification de la participation active des fidèles

    Il est important que l’on puise le « véritable esprit » de la liturgie « à sa source première et indispensable : la participation active aux mystères sacro-saints et à la prière publique et solennelle de l’Église ». Il est tout aussi important que les fidèles assistent aux cérémonies sacrées, non comme des spectateurs muets et étrangers, mais qu’ils soient touchés à fond par la beauté de la liturgie

    L’objectif est que tous les fidèles soient amenés à cette participation pleine, consciente et active aux célébrations liturgiques, qui est demandée par la nature de la liturgie elle-même et qui, en vertu de son baptême, est un droit et un devoir pour le peuple chrétien. Cette participation pleine et active de tout le peuple est ce qu’il faut viser dans la mise en valeur de la liturgie.

    D’autres termes qualifient cette participation : pieuse, attentive, fructueuse, intérieure et extérieure. Le but est toujours que chacun puisse, dans l’Église Corps du Christ, prendre toute sa part du Mystère pascal du Sauveur.

    Dire que tous participent ne signifie pas pour autant que tous doivent tout faire. La liturgie est toujours présidée par un prêtre, ministre du culte, et d’autres services sont confiés à des fidèles (chants, lectures, service de l’autel…), mais « dans la célébration des sacrements, c’est toute l’assemblée qui est ’’liturge’’, chacun selon sa fonction, mais dans ‘’l’unité de l’Esprit’’ qui agit en tous ». Dans les célébrations liturgiques, chacun, prêtre ou fidèle, en s’acquittant de sa fonction, fera seulement et totalement ce qui lui revient, en vertu de la nature de la chose et des normes liturgiques.

    Note : Un « liturge » est une personne chargée de dire ou de chanter des prières. C’est un citoyen chargé d'une liturgie. Les Grecs nommaient « liturge » ou maître de chapelle du culte d'Isis, le chanteur ou le chanteur d'hymnes.

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    Les bienfaits de la communion eucharistique

    1. L’entrée dans le Royaume

    Dès qu’il pénètre dans l’église, le fidèle quitte le monde de tous les jours pour entrer dans le Royaume de Dieu. Le Christ est là pour l’accueillir, de même que la Mère de Dieu, et tous les saints.

    Ne serait-ce pas une raison suffisante pour observer et respecter le silence ?

    Cet « avant-goût » du Royaume permet au fidèle de se ressourcer afin de mener la « vie en Christ », la vocation de tout chrétien. L’engagement de chacun à l’action de la Divine Liturgie et la grâce divine interviendront ensuite selon les modes de participation, qui sont multiples et personnalisés.

    Cette entrée mystique dans le Royaume de Dieu est justement un des bienfaits de la liturgie, que l’on peut qualifier d’eschatologique : le temps de la liturgie n’est plus le temps de ce monde et l’espace de l’action liturgique n’est plus celui de ce monde, mais ils sont ontologiques, relevant de la nature et de la finalité même du monde et de l’être humain. Nous savons quand commence la liturgie (à quelle heure) et où elle est célébrée (en l’église ou la chapelle), mais par la liturgie nous pénétrons dans un moment d’éternité, dans le Royaume de Dieu, qui est à la fois partout et nulle part en particulier.

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    2. La communion avec Dieu

    Nous pouvons considérer d’abord les bienfaits de la liturgie eucharistique sous deux principaux aspects : l’union ou la communion avec Dieu, et l’union ou la communion avec nos frères et nos sœurs.

    La qualité essentielle du partage entre Dieu et l’homme est une relation d’amour, qui se traduit par la réciprocité du don de soi.

    En participant à la liturgie eucharistique, les fidèles participent à l’offrande même du Christ. C’est le prêtre qui présente les offrandes au nom de la communauté, mais les offrandes sont véritablement celles de la communauté toute entière. Les offrandes eucharistiques visibles de la communauté des fidèles sont principalement le pain et le vin, mais comprennent également aussi toute offrande ayant rapport à la liturgie.

    C’est toute la vie du Christ qui est l’offrande, son Incarnation dans le sein de Marie la Mère de Dieu, sa vie publique, sa Passion, sa Mort, sa Résurrection et son Ascension au ciel.

    Cette communion avec Dieu par la participation à la Divine Liturgie est une nourriture spirituelle, un ressourcement essentiel pour le chrétien, surtout celui dans le monde, qui doit faire face à toutes les exigences et assauts d’un monde de plus en plus déchristianisé et matérialiste.

    3. La communion avec les hommes

    La liturgie eucharistique est aussi une communion avec nos frères et nos sœurs, d’abord ceux qui célèbrent avec nous, dans le même lieu et en même temps, et plus généralement, avec tous ceux qui célèbrent la liturgie partout dans le monde, qui ont célébré ou qui vont célébrer la liturgie dans tous les temps, sur la terre et au ciel. Tous participent avec le Christ dans la célébration de l’unique liturgie mystique.

    La communion eucharistique est le fondement même de l’Église, tel qu’en témoignent les Actes des Apôtres, les Épîtres de saint Paul et les écrits de l’Église primitive. La liturgie est avant tout une action communautaire, l’adoration de Dieu, selon ses préceptes, par ceux qui partagent la même foi et qui se réunissent à ce but.

    La participation du fidèle à la Divine Liturgie est donc une affirmation de sa communion avec tous les membres de l’Église. Les prières pour autrui permettent au fidèle de se dépasser, d’intercéder et de supplier pour sa communauté, sa ville, son pays, les autorités ecclésiastiques et civiles, les moines et moniales, ceux qui souffrent et peinent, les prisonniers, les malades etc., auxquels le fidèle peut ajouter des intentions de prière personnelles. L’amour pour le prochain se traduit dans la prière commune, la prière de tous pour tous, et se manifeste concrètement par le partage de la même coupe eucharistique.

    D’après le site « pages orthodoxes.net »

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    La communion eucharistique lors des assemblées

    Lorsque nous disons que l’Eucharistie est la source et le sommet de toute vie chrétienne, de quelle vie parlons-nous ?

    1. La vie, c’est d’abord notre corps. Ce qu’il y a de plus intime et de plus universel.

    L’Eucharistie, sacrement essentiel du christianisme qui commémore et perpétue le sacrifice du Christ, est cette expérience au cours de laquelle nous devenons ensemble le « corps du Christ ». Cela concerne chacun d’entre nous, mais aussi l’humanité tout entière comme « corps social ».

    2. La vie, c’est aussi le « cadre de vie ». Celui dans lequel nos corps entrent en relation avec les choses, les objets, l’univers tout entier, par nos sens (ouïe, vue, odorat, goût, toucher).

    Dans l’Eucharistie, nos sens éclairés par la parole de Dieu nous font expérimenter le « monde de Dieu au cœur de notre monde ». C’est le sens du mot « sacrement ».

    3. La vie, c’est l’espace dans lequel nos corps évoluent. Nous ne cessons de passer d’un lieu à l’autre. Chacun de ces lieux nous marque de façon singulière. Que faisons-nous de nos espaces ? Où nous conduisent nos déplacements ?

    Dans l’Eucharistie, le Christ lui-même, par le souffle de son Esprit, vient « élargir l’espace de nos tentes ». Il fait de nous un peuple « qui marche vers l’ouvert ».

    4. La rencontre de l’autre est un long chemin. Comment bâtir un « vivre ensemble » lorsque la société fait de nous des rivaux et des concurrents ? Comment passe-t-on de la violence à la fraternité ?

    L’Eucharistie ne résout pas nos conflits par miracle. Elle est la parole de fraternité à l’horizon de nos existences. Comment, autrement, dire ensemble le « Notre Père » ?

    5. La vie, c’est le temps. Nos emplois du temps nous permettent-ils encore de savourer le temps comme un présent ? Réapprenons à « faire mémoire » : convoquer le passé, pour comprendre le présent, afin d’ouvrir un avenir.

    * 16 - Communion et participation

    Dans l’Eucharistie, nous faisons mémoire d’un événement inouï qui s’est passé en Dieu lui-même et qui offre à toute l’humanité, dès aujourd’hui, la vie en abondance : en Jésus-Christ, Dieu s’est fait notre frère pour que nous vivions divinement de sa vie.

    À genoux devant ses frères, Il leur lave les pieds, afin qu’ils se tiennent debout, s’entretiennent comme des frères, et qu’ils comprennent enfin que la fraternité est la vérité de la vie entre les hommes, puisqu’elle est la vérité de la vie en Dieu.

    Dans l’Eucharistie, sacrement par excellence de l’alliance de Dieu avec les hommes, le corps devient langage en écho à la parole de Dieu. Et il est bon de rappeler que la liturgie n’est pas d’abord affaire de technique, même s’il en faut un minimum. Elle n’est pas non plus affaire d’enseignement, même s’il n’est pas interdit de célébrer intelligemment. Elle est d’abord et avant tout une expérience. Expérience qui fait appel à tout notre être. En effet, dans la liturgie, nous faisons l’apprentissage de notre corps comme « corps ressuscitant », en genèse de résurrection : corps unique et personnel, corps social et cosmique, corps ecclésial et corps du Christ. C’est à toutes ces harmoniques du corps que nous sommes conviés dans l’Eucharistie. Dans la liturgie, nous « apprenons d’expérience » les gestes, les paroles, les regards, les sentiments qui sont ceux-là même du Christ Jésus, dans le souffle de l’Esprit-Saint.

    * 16 - Communion et participation

    Au début et à la fin de chaque Eucharistie, nous traçons sur notre corps la croix du Christ. Entre ces deux signes de croix, nous passons inlassablement de la mort à la vie. Car entre les deux, la Parole créatrice nous est donnée et, par deux fois, le grand souffle de l’Esprit-Saint aura embrasé d’abord le pain et le vin, puis l’assemblée elle-même, pour qu’ils deviennent corps et sang du Seigneur ressuscité : ce sont les deux épiclèses. En définitive, comme croyants, célébrants, nous pouvons parler du corps et expérimenter notre propre vie à partir de l’incarnation du Verbe.

    * 16 - Communion et participation

    L’Eucharistie s’inscrit dans le monde de la matière et des objets. Elle convoque tout notre être, à commencer par nos sens qui sont nos premiers moyens de connaissance. Nos sens peuvent être trompeurs, ils peuvent aussi apprendre la sagesse.

    À notre regard, l’Eucharistie offre les visages d’une assemblée dans sa diversité, elle offre des rites et des icônes. Elle offre la lumière aussi. Les cierges ne sont-ils pas la transmutation de la matière en lumière. Quel beau symbole de la transfiguration !

    À nos oreilles, la liturgie fait résonner la parole, celle de Dieu et celle des hommes. Les chants et la musique aussi, qui la prolonge et où la voix (vibration concrète de nos propres corps) peut devenir louange.

    À nos mains qui se rencontrent pour échanger la paix, ou qui se creusent pour recevoir le pain du royaume, elle offre de toucher le Verbe de vie.

    Même l’odorat, le plus « primitif » de nos sens, est sollicité, par l’encens parfois, l’huile parfumée (le saint chrême), et les fleurs parfumées, symboles de la vie au parfum d’évangile.

    À cela s’ajoute le goût, qui est mis à l’honneur dans le repas rituel. Quelques parcelles de pain, quelques gouttes de vin… «Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur…» (Psaume 33, 9).

    Est-il possible de connaître Dieu par les sens ? À cette question, la participation à l’Eucharistie répond à sa manière :

    « Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons contemplé de nos yeux, ce que nous avons vu et que nos mains ont touché, c’est le Verbe, la Parole de vie… Nous vous l’annonçons à vous aussi pour que, vous aussi, vous soyez en communion avec nous… afin que nous ayons la plénitude de la joie. » (1 Jean 1, 1…4). L’Eucharistie est la toute première médiation de cette connaissance ».

    Dans l’Eucharistie, la Parole fait de nous des frères, elle nous engendre à la vie de frères.

    Plus que jamais, nos contemporains doivent réapprendre à faire mémoire : se souvenir du passé pour s’inscrire dans le présent et ouvrir un avenir. Faire mémoire signifie s’inscrire librement dans une histoire. (Cf. « Faites cela en mémoire de moi ! » Luc 22, 19).

    * 16 - Communion et participation

    Quelle mémoire faisons-nous lorsque nous célébrons l’Eucharistie ?

    Dans l’Eucharistie, nous faisons mémoire d’un événement unique, bouleversant qui s’est produit en Dieu lui-même. Avec la croix, la mort est entrée en Dieu. La mort, cette rupture brutale de la relation, s’est produite en Dieu lui-même. Une rupture, une distance impensable s’est creusée entre le Père et le Fils : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Psaume 21, 2).

    Mais cette distance s’est remplie du souffle de l’Esprit-Saint : « Seigneur, entre tes mains je remets mon esprit » (Psaume 30, 6)… « Puis, inclinant la tête, il remit [répandit] l’esprit. » (Jean 19, 30). Marie et Jean (la première Église) sont là pour le recueillir. « Et aussitôt, il sortit [de son côté] du sang et de l’eau… » (Jean 19, 34).

    L’Église qui célèbre l’Eucharistie est cette « communauté au pied de la croix » (Christian Duquoc) qui, dans le feu de l’Esprit-Saint, rend présent, réellement présent dans sa propre existence, ce don inouï au bénéfice de chacun de ses membres et pour la multitude. Pour un chrétien, à chaque Eucharistie, est manifestée la plénitude du temps.

    Quelques extraits de la revue « Célébrer » n° 305, juin 2001 p 11 à 19, Editions Le Cerf

    Synthèse de recherches proposée par les Frères André et Jean-Paul, Chevaliers de la Sainte-Croix de Jérusalem

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    Autre parchemin à découvrir : L'hostie

    Références :

    Magnificat de mars 2021 pages 2 à 7

    https://www.pagesorthodoxes.net/liturgie/bienfaits.htm

    https://liturgie.catholique.fr/accueil/bibliotheque/les-dossiers/decryptage-discours-pape-francois-50-ans-musicam-sacram/293533-participation-active-fideles-celebrations-liturgiques/

    https://liturgie.catholique.fr/accueil/espace-et-acteurs/participation-acteurs-celebration/5456-la-participation-active-des-fideles-durant-la-messe/

    http://www.dominique-le-tourneau.fr/La-participation-des-fideles-a-la

    https://liturgie.catholique.fr/accueil/initiation-chretienne/la-vie-sacramentelle/296404-vous-etes-corps-christ/


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