• * Nativité du Seigneur

    231224-25 Liturgie de la messe de Minuit

     Nativité du Seigneur 

     Messe de Minuit 

    * Nativité du Seigneur

    Introduction :

    Le terme « Nativité » vient du mot latin « nativitas » qui signifie « naissance ». La nativité de Jésus le Christ fait donc référence au contexte de la naissance de Jésus. La Bible nous révèle que Bethléem est la ville où Jésus est né. La commémoration officielle de cette naissance est le 25 décembre, connue sous le nom de fête de Noël.

    Source : Hozanna

    La Naissance de Jésus à Bethléem

    Chaque année, durant la Messe de Minuit, un Évangéliste nous annonce la Naissance de Jésus dans l'Évangile de Noël. Dans l’Évangile selon saint Luc, les bergers jouent un rôle important, voire le premier, dans la narration. Ils nous permettent de comprendre la naissance du Christ Jésus à la lumière de Pâques. Déjà.

    Source : Au large biblique

    Pourquoi dit-on Jésus « de Nazareth » alors que le Christ serait né à Bethléem?

    On le connaît sous le nom de « Jésus de Nazareth » alors que deux des Évangiles situent sa naissance à Bethléem. Ce nom fait d’abord référence au clan auquel appartenait le Christ, les Nazôréens, qui prétendaient descendre du roi David et ont fondé, au deuxième siècle avant notre ère, la ville de Nazareth. En hébreu, « Nazareth » signifie « le rejeton » ou « le surgeon », tel celui annoncé comme le Messie par le prophète Isaïe (Is. 11, 1). Nazareth est le lieu où Jésus a grandi.

    Source : Le Journal du Dimanche

    Un lieu de naissance contesté

    Mais la naissance de Jésus à Bethléem, comme l’assurent les Évangiles de Luc et de Matthieu, n’est elle-même pas certaine : les Évangélistes pourraient avoir choisi ce lieu pour sa force symbolique, car le prophète Michée y avait prédit la naissance du Messie et que David, second roi d'Israël, est né à Bethléem. Officiellement, le lieu de naissance de Jésus est la grotte située sous la basilique de la Nativité, à Bethléem.

    Source : Le Journal du Dimanche

    La naissance de Jésus dans nos cœurs

    La naissance de Jésus-Christ est un événement ancien et appartient à l'histoire. C'est ce que nous commémorons chaque année. Toutefois, ce mystère se renouvelle sans cesse sous une forme mystérieuse mais bien réelle. Le Christ naît toujours à nouveau dans les cœurs. Depuis plus de deux mille ans, Jésus renaît par la foi et le baptême dans la vie d'un grand nombre. Aujourd'hui encore, et à la fête de Noël, Jésus entre à nouveau dans les cœurs. La naissance et la croissance de Jésus dans le cœur humain est un événement invisible mais puissant, qui continuera jusqu'à la fin des temps. Tout chrétien porte le Christ dans son cœur. Chaque cœur humain peut et doit devenir un nouveau Bethléem, un lieu de rencontre du Christ. A ceux qui croient en Lui, qui espèrent en Lui et qui L'aiment, le Fils de la Vierge offre les dons du ciel : le pardon des péchés, la vie divine, la paix, la joie, la vie éternelle.

    Source : La famille spirituelle – L’œuvre

    Jadis, le prophète Isaïe annonçait la naissance d'un enfant,

    porteur de tous les espoirs de renouveau.

    Cette prophétie s'est pleinement réalisée dans la naissance,

    au milieu de nous, de Jésus, Le Fils de Dieu.

    * Nativité du Seigneur

    1ère lecture : « Un enfant nous est né ».

    Lecture du Livre du prophète Isaïe (Is 9, 1-6)

    Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ;

    et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi.

    Tu as prodigué la joie, tu as fait grandir l’allégresse : ils se réjouissent devant toi,

    comme on se réjouit de la moisson, comme on exulte au partage du butin.

    Car le joug qui pesait sur lui, la barre qui meurtrissait son épaule,

    le bâton du tyran, tu les as brisés comme au jour de Madiane.

    Et les bottes qui frappaient le sol, et les manteaux couverts de sang, les voilà tous brûlés : le feu les a dévorés.

    Oui, un enfant nous est né, un fils nous a été donné !

    Sur son épaule est le signe du pouvoir ; son nom est proclamé : « Conseiller merveilleux, Dieu Fort, Père-à-jamais, Prince-de-la-Paix. »

    Et le pouvoir s’étendra, et la paix sera sans fin pour le trône de David et pour son règne qu’il établira, qu’il affermira sur le droit et la justice dès maintenant et pour toujours. Il fera cela, l’amour jaloux du Seigneur de l’univers !

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * Nativité du Seigneur

    Commentaire 1 a :

    La fin du chapitre précédent d’Isaïe a évoqué le territoire au nord d’Israël qui est passé sous le joug des Assyriens en 732. Cette région est symboliquement plongée dans les ténèbres. Mais l’avènement d’un nouveau roi à Jérusalem, sans doute Ézéchias, est pour Israël un motif d’espérance. Les noms donnés à ce nouveau roi sont autant de signes de ce qu’il est appelé à être pour son peuple. La suite de l’histoire d’Israël a montré qu’aucun de ses rois descendants de David n’a vraiment rempli ce programme de « Conseiller merveilleux, Dieu Fort, Père à jamais, Prince de la Paix. » D’où l’attente du vrai fils de David que seul Dieu peut envoyer. Pour les chrétiens, seul Jésus a pleinement accompli cette page d’Isaïe.

    Commentaire de François Brossier – Diocèse de Blois

    * Nativité du Seigneur

    Commentaire 1 b :

    « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre une lumière a resplendi. » C’est une phrase qu’on disait le jour du sacre d’un nouveau roi : son avènement était comparé à un lever de soleil pour son peuple. Isaïe parle ici du tout petit dauphin Ezéchias, qui a 7 ans. Il est ce fameux Emmanuel promis 8 ans plus tôt par le prophète Isaïe au roi Achaz. Vous vous souvenez de cette promesse : « Voici que la jeune femme est enceinte, elle enfantera un fils et elle lui donnera le nom d’Emmanuel » (Is 7, 14).

    Nous avons déjà eu l’occasion de l’évoquer, mais je vous rappelle les circonstances : le jeune roi Achaz, qui avait tout juste 20 ans, venait de traverser une crise politique épouvantable : son tout petit royaume était littéralement pris en tenaille. D’un côté, l’énorme empire assyrien (capitale Ninive) qui avait déjà envahi et colonisé les royaumes environnants (de Damas et de Samarie) et qui serait bientôt à la porte de Jérusalem ; de l’autre ses deux petits voisins justement (les rois de Damas et de Samarie) qui voulaient recouvrer leur indépendance et ont cherché à entraîner Achaz dans une révolte sans espoir contre ce géant assyrien. Il ne savait absolument pas à quel saint se vouer et a perdu un peu la tête, il faut bien le dire, au point de sacrifier son fils, l’héritier de la couronne.

    C’est à ce moment-là qu’Isaïe avait promis la naissance d’Ézéchias : parce que les fautes d’Achaz, aussi horribles soient-elles, même le meurtre de son fils, ne pourront jamais lasser la fidélité de Dieu à son Alliance avec la dynastie de David. Et, comme promis, le petit Ezéchias, le nouvel espoir de Jérusalem est né.

    Mais pour l’heure, la situation n’est encore pas brillante. L’empire assyrien est toujours aussi menaçant : pour l’instant, le roi Achaz s’en est tiré en proposant de se soumettre librement à l’empereur Assyrien comme un vassal : cela veut dire qu’il a perdu son indépendance. Ce genre d’alliances n’est jamais du goût des prophètes car le peuple élu doit rester libre de toute alliance étrangère s’il veut rester scrupuleusement fidèle à la seule alliance qui compte pour lui, et qui est l’alliance avec son Dieu.

    D’autre part, si le roi s’est résigné à cette politique servile à l’égard du maître du moment, cette perte d’indépendance est très mal vécue par un peuple qui tient farouchement à son indépendance.

    Il s’agit donc pour le prophète d’encourager le roi et le peuple à reprendre confiance : les temps sont durs, c’est vrai, mais auriez-vous oublié que « rien n’est trop prodigieux pour le Seigneur » comme les trois visiteurs l’avaient dit à Abraham au chêne de Mambré.

    Ce qui est sûr, aux yeux d’Isaïe, c’est que Dieu ne laissera pas indéfiniment son peuple en esclavage, parce qu’il n’abandonnera jamais la dynastie de David. Pourquoi cette assurance qui défie toutes les évidences de la réalité ? Simplement parce que Dieu ne peut pas se renier lui-même, comme dira plus tard saint Paul : Dieu veut libérer son peuple contre toutes les servitudes de toute sorte. Cela, c’est la certitude de la foi.

    Isaïe annonce donc un renversement radical de la situation. Et ce, non seulement, pour le petit royaume minuscule de Jérusalem, mais aussi pour le royaume du Nord, celui dont la capitale est Samarie. Vous vous souvenez que David puis Salomon ont été rois de tout le peuple d’Israël. Mais, dès la mort de Salomon, en 933 av. J.C., l’unité a été rompue (on parle du schisme d’Israël). Et il y a eu deux royaumes bien distincts et même parfois en guerre l’un contre l’autre : au Nord, il s’appelle Israël, sa capitale est Samarie ; au Sud, il s’appelle Juda, et sa capitale est Jérusalem.

    Or les choses vont encore plus mal au Nord : certaines provinces (Zabulon, Nephtali, la plaine côtière, ce qu’Isaïe appelle la route de la mer, et la Transjordanie, ce qu’Isaïe appelle le pays au-delà du Jourdain) ont déjà été carrément annexées dès 732. C’est pour cela qu’Isaïe dit : « Le Seigneur a couvert de honte le pays de Zabulon et le pays de Nephtali ». Et les mœurs n’étaient pas tendres : les colonnes de déportés se sont succédées sur les routes du Nord.

    Eh bien, mes frères, dit Isaïe, bientôt, tout ceci ne sera plus que mauvais souvenir ; ces temps-là sont déjà anciens. « Dans les temps anciens, le Seigneur a couvert de honte le pays de Zabulon et le pays de Nephtali ; mais ensuite, il a couvert de gloire la route de la mer, le pays au-delà du Jourdain, et la Galilée, carrefour des païens. » « Le Seigneur a couvert de gloire ». Isaïe parle au passé, déjà, parce que c’est pour ainsi dire acquis, c’est sûr, puisque cela repose sur la fidélité de Dieu.

    Il y a là aussi une promesse de réunification pour les deux royaumes de Samarie et de Jérusalem car le royaume du Sud interprète le schisme comme une déchirure dans une robe qui aurait dû rester sans couture : il espère toujours une réunification, sous sa houlette, bien sûr. Voici donc la double promesse contenue dans cet oracle d’Isaïe : ce nouveau roi assurera à la fois la sécurité du royaume du Sud et la réunification des deux royaumes.

    Vous avez du mal à y croire, continue Isaïe, mais auriez-vous oublié le jour de la victoire sur Madiane ? La fameuse victoire de Gédéon sur les Madianites était restée célèbre : en pleine nuit, une poignée d’hommes, armés seulement de lumières, de trompettes et surtout de leur foi en Dieu avait mis en déroute le camp des Madianites.

    Ce que nous pourrions traduire pour aujourd’hui : ne crains pas, petit troupeau : c’est la nuit qu’il faut croire à la lumière. Quelles que soient les ténèbres qui recouvrent le monde et la vie des hommes, et aussi la vie de nos communautés, réveillons notre espérance : Dieu n’abandonne jamais son projet d’amour sur l’humanité.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Un enfant nous est né, un Fils nous est donné, éternelle est sa puissance.

    * Nativité du Seigneur

    Psaume : (95 (96), 1-2a, 2b-3, 11-12a, 12b-13a, 13bc)

    N.d.l.r. : C'est trop dommage de ne lire que quelques versets de ce merveilleux psaume 95 (96) ; je l'ai donc transcrit en entier.

    R/ Aujourd’hui, un Sauveur nous est né : c’est le Christ, le Seigneur.

    1 Chantez au Seigneur un chant nouveau, chantez au Seigneur, terre entière,

    2 chantez au Seigneur et bénissez son nom ! De jour en jour proclamez son salut,

    3 racontez à tous les peuples sa gloire, à toutes les nations, ses merveilles !

    4 Il est grand, le Seigneur, hautement loué, redoutable au-dessus de tous les dieux :

    5 néant tous les dieux des nations ! Lui, le Seigneur, a fait les cieux :

    6 devant lui, splendeur et majesté, dans son sanctuaire, puissance et beauté.

    7 Rendez au Seigneur, familles des peuples, rendez au Seigneur la gloire et la puissance,

    8 rendez au Seigneur la gloire de son nom. Apportez votre offrande, entrez dans ses parvis,

    9 adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté : tremblez devant lui, terre entière.

    10 Allez dire aux nations : « Le Seigneur est roi ! » le monde, inébranlable, tient bon. Il gouverne les peuples avec droiture.

    11 Joie au ciel ! Exulte la terre ! Les masses de la mer mugissent,

    12 la campagne tout entière est en fête. Les arbres des forêts dansent de joie

    13 devant la face du Seigneur, car il vient, car il vient pour juger la terre. Il jugera le monde avec justice, et les peuples selon sa vérité !

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * Nativité du Seigneur

    Commentaire 2 :

    Une espèce de frémissement, d'exaltation, court sous tous ces versets. Pourquoi est-on tout vibrants ? Alors que, pourtant, on chante ce psaume dans le Temple de Jérusalem dans une période qui n'a rien d'exaltant ! Mais c'est la foi qui fait vibrer ce peuple, ou plutôt c'est l'espérance... qui est la joie de la foi... l'espérance qui permet d'affirmer avec certitude ce qu'on ne possède pas encore.

    Car on est en pleine anticipation : le psaume nous transporte déjà à la fin du monde, en ce jour béni où tous les peuples sans exception reconnaîtront Dieu comme le seul Dieu. Le jour, où enfin l'humanité tout entière aura mis sa confiance en lui seul. Imaginons un peu cette scène que nous décrit le psaume : nous sommes à Jérusalem ... et plus précisément dans le Temple. Tous les peuples, toutes les nations, toutes les races se pressent aux abords du Temple, l'esplanade grouille de monde, les marches du parvis du Temple sont noires de monde, la ville de Jérusalem n'y suffit pas... aussi loin que porte le regard, les foules affluent... il en vient de partout, il en vient du bout du monde. Et toute cette foule immense chante à pleine gorge, c'est une symphonie. Que chantent-ils ? « Dieu règne ! » C'est une clameur immense, superbe, gigantesque... Une clameur qui ressemble à l'ovation qu'on faisait à chaque nouveau roi le jour de son sacre, mais cette fois, ce n'est pas le peuple d'Israël qui acclame un roi de la terre, c'est l'humanité tout entière qui acclame le roi du monde : « Il est grand, le Seigneur, hautement loué, redoutable » (toutes ces expressions sont empruntées au vocabulaire de cour).

    En fait, c'est beaucoup plus encore que l'humanité : la terre elle-même en tremble. Et voilà que les mers aussi entrent dans la symphonie : on dirait qu'elles mugissent. Et les campagnes entrent dans la fête, les arbres dansent. A-t-on déjà vu des arbres danser ? Eh bien oui, ce jour-là ils dansent ! Bien sûr, si on y réfléchit, c'est normal ! Les mers sont moins bêtes que les hommes ! Elles, elles savent qui les a faites, qui est leur créateur ! Elles mugissent pour Lui, elles l'acclament à leur manière. Les arbres des forêts, eux aussi, sont moins bêtes que les hommes : ils savent reconnaître leur créateur : parmi des tas d'idoles, de faux dieux, pas d'erreur possible, les arbres ne s'y laissent pas prendre.

    Les hommes, eux, se sont laissé berner longtemps... Il suffit de se rappeler les prophéties d'Isaïe (et en particulier notre première lecture de ce vingt-neuvième dimanche) et l'insistance du prophète pour dire « Je suis le Seigneur, il n'y en a pas d'autre ; en dehors de moi, il n'y a pas de Dieu ». Ce qui prouve que, du temps d'Isaïe, l'idolâtrie, sous une forme ou sous une autre n'était pas loin ! On entend ici cette même pointe contre l'idolâtrie « néant les dieux des nations ». Il est incroyable que les hommes aient mis si longtemps à reconnaître leur Créateur, leur Père... qu'il ait fallu leur redire cent fois cette évidence que le Seigneur est « redoutable au-dessus de tous les dieux ». Que « c'est LUI, le Seigneur, (sous-entendu « et personne d'autre ») qui a fait les cieux ».

    Mais cette fois c'est arrivé ! Et on vient à Jérusalem pour acclamer Dieu parce qu'enfin on a entendu la bonne nouvelle. Et si on a pu l'entendre c'est parce qu'elle était clamée à nos oreilles depuis des siècles ! Oui, « de jour en jour, Israël avait proclamé son salut »... de jour en jour Israël avait raconté l'œuvre de Dieu, ses merveilles, traduisez son œuvre incessante de libération... de jour en jour Israël avait témoigné que Dieu l'avait libéré de l'Égypte d'abord, puis de toutes les sortes d'esclavage : et le plus terrible des esclavages, c'est de se tromper de Dieu, c'est de mettre sa confiance dans de fausses valeurs, des faux dieux qui ne peuvent que décevoir, des idoles...

    Israël a cette chance immense, cet honneur inouï, ce bonheur de savoir et d'être chargé de dire que le Seigneur notre Dieu, l'Éternel est le seul Dieu, est le Dieu UN. Comme le dit la profession de foi juive, le « Shema Israël » : « Écoute Israël, le Seigneur ton Dieu est le Seigneur UN ». C'est le mystère de la vocation d'Israël dont on n'a pas fini de s'émerveiller. Comme le dit le Livre du Deutéronome : « À toi, il t'a été donné de voir, pour que tu saches que c'est le Seigneur qui est Dieu : il n'y en a pas d'autre que lui. » Mais le peuple choisi n'a jamais oublié que s'il lui a été donné de voir, c'est pour qu'il le fasse savoir.

    Et alors, enfin, la bonne nouvelle a été entendue jusqu'aux extrémités de la terre... et tous se pressent pour entrer dans la Maison de leur Père. Nous sommes là en pleine anticipation ! En attendant que ce rêve se réalise, le peuple d'Israël fait retentir ce psaume pour renouveler sa foi et son espérance, pour puiser la force de faire entendre la bonne nouvelle dont il est chargé.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Quel merveilleux cadeau que ce don gratuit que Dieu nous fait en son Fils !

    En lui, son amour a pris visage dans l'histoire des hommes.

    En lui nous voici appelés à une vie nouvelle.

    * Nativité du Seigneur

    Épître :  « La grâce de Dieu s’est manifestée pour tous les hommes ».

                     Lecture de la Lettre de saint Paul apôtre à Tite (Tt 2, 11-14)

    Bien-aimé, la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes.

    Elle nous apprend à renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété, attendant que se réalise la bienheureuse espérance : la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus Christ. Car il s’est donné pour nous afin de nous racheter de toutes nos fautes, et de nous purifier pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * Nativité du Seigneur

    Commentaire 3 a :

    Ce texte que nous propose la liturgie de ce dimanche se situe en plein milieu d'une courte lettre de Paul à Tite, au sein de consignes et d'exhortations sur le comportement moral et la vie concrète de diverses catégories de chrétiens de la communauté de Tite, la Crête. Deux extraits qui sont le fondement théologique, la base, la clef de voûte, de toutes les recommandations concrètes de l'apôtre.

    Une manifestation de Dieu, l'auteur le dit trois fois. (« Manifester », c'est le verbe grec du nom « épiphanie »).

    • D'abord, manifestation de la grâce de Dieu pour tous, pour le salut de tous les hommes. Des conseils de l'apôtre, découlant de cette manifestation de Dieu. Ne pas se repérer sur l'impiété et les convoitises de ce monde, y renoncer. En langage d'aujourd'hui, ne pas se contenter de faire comme tout le monde. Et aussi, ne pas chercher midi à quatorze heure, être dans le temps présent, être aujourd'hui. Et ces mots rassurants, de manière raisonnable, « avec sagesse, avec justice et avec piété », selon le mot à mot du texte.
    • Deuxième aspect de la manifestation de Dieu, Jésus Christ. La manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus ChristCette manifestation est qualifiée de bienheureuse espérance. Jésus s'est donné pour nous, il nous a « rachetés », « purifiés », pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. Dans ma lecture priante, je peux repérer les mots et expressions manifestant, révélant, ce que Dieu est et ce qu'il nous donne en Jésus Christ, ce qu'il nous « manifeste », je peux les goûter, les faire entrer en moi. Dieu nous manifeste le salut. Il se donne, il nous rachète de notre péché, il nous  Il est bontéamour, miséricorde… Voilà quelques mots pour goûter Dieu.
    • Troisième mention de la manifestation de Dieu : le bain du baptême...dans l'Esprit Saint. « par un bain de régénération et de renouvellement de l'Esprit Saint », (littéralement, selon le texte originel grec). Cette manifestation de Dieu est entièrement gratuite, elle ne vient pas de nous, elle n'est que miséricorde. Elle est nouvelle naissance par le baptême, Cet Esprit est en nous abondamment, largement. Il nous rend justes, il nous « ajuste », il nous donne en espérance, la vie éternelle.

    « Voici le Seigneur Dieu » annonce la première lecture du jour, le Dieu de ma lecture priante. « Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur ! Il vient avec puissance. Le psaume chante : Tout cela ta sagesse l'a faitLa terre s'emplit de tes biens. Au baptême de Jésus il y eut une voix venant du ciel : Toi, tu es mon Fils bien-aimé ». Manifestation de Dieu sous l'égide de Jean-Baptiste, dans l'eau symbole de renouveau et de vie en Christ : « Vous tous baptisés (plongés) dans le Christ, vous avez revêtu le Christ » (Galates 3,27).

    Commentaires de Paul C. – Paroisse Colomiers

    * Nativité du Seigneur

    Commentaire 3 b :

    Les crétois avaient très mauvaise réputation au temps de Paul. C’est un poète du pays, Épiménide de Cnossos, au 6ème siècle av. J.C. qui les traitait de « Crétois, perpétuels menteurs, bêtes méchantes, panses malfaisantes. » Et Paul, en le citant, dit que « ce témoignage est vrai » ! C’est pourtant de ces crétois pleins de défauts que Paul a essayé de faire des chrétiens. Apparemment, il a eu fort à faire.

    C’est au cours de son troisième voyage missionnaire que Paul a abordé en Crète et entrepris, là comme ailleurs, son œuvre d’évangélisation. Puis il a laissé à Tite, resté sur place, la mission d’organiser la communauté chrétienne toute neuve. Cette lettre à Tite contient donc les conseils du fondateur de la communauté à celui qui en est désormais le responsable.

    Cette Lettre à Tite est particulièrement courte : trois pages seulement et nous lisons ici la fin du chapitre. Tout ce qui précède et ce qui suit cet ensemble, consiste en recommandations extrêmement concrètes à l’intention des membres de la communauté, vieux et jeunes, hommes et femmes, maîtres et esclaves. Les responsables ne sont pas oubliés et si Paul insiste sur l’irréprochabilité qu’on doit exiger d’eux, il faut croire que cela n’allait pas de soi ! « Il faut que l’épiscope soit irréprochable en sa qualité d’intendant de Dieu : ni arrogant, ni buveur, ni batailleur, ni avide de gains honteux. Il doit être hospitalier, ami du bien, pondéré, juste, saint, maître de soi, fermement attaché à la Parole… » Une telle avalanche de conseils donne une idée des progrès qui restaient à faire : en général, un bon pédagogue ne se hasarde pas à donner des conseils superflus…

    Ce qui est très intéressant pour nous, c’est l’articulation entre toutes ces recommandations d’ordre moral et le passage qui nous intéresse aujourd’hui, lequel est au contraire un exposé théologique sur le mystère de la foi. Mais justement, pour Paul, l’un découle de l’autre. C’est notre baptême qui fait de nous des hommes nouveaux. Paul vient de donner toute sa série de conseils et il les justifie par la seule raison que « la grâce de Dieu s’est manifestée », comme il dit. D’ailleurs, pour qui a la curiosité d’aller vérifier dans sa Bible, on s’aperçoit que la lecture du missel omet un mot très important.

    Dans la Bible, notre texte commence en réalité par le mot « car ». Ce qui donne : (Comportez-vous bien) « car la grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. » Cela veut dire que la morale chrétienne s’enracine dans l’événement qui est la charnière de l’histoire du monde : la naissance du Christ. Quand Paul dit : « la grâce de Dieu s’est manifestée », il faut traduire : « Dieu s’est fait homme. » À cause de cela, c’est notre manière d’être hommes qui est transformée : « Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous sommes renouvelés dans l’Esprit Saint » (Tt 3,5).

    Désormais la face du monde est changée, et donc aussi notre comportement. Encore faut-il nous prêter à cette transformation. Et le monde attend de nous ce témoignage. Il ne s’agit pas de mérites à acquérir (« Il l’a fait dans sa miséricorde, et non pas à cause d’actes méritoires que nous aurions accomplis par nous-mêmes »), mais de témoignage à porter. Le mystère de l’Incarnation va jusque-là. Dieu veut le salut de toute l’humanité, pas seulement le nôtre ! « La grâce de Dieu s’est manifestée pour le salut de tous les hommes. » Mais il a besoin de nous pour cela.

    C’est donc la transformation de l’humanité toute entière qui est au programme, si l’on peut dire, car le projet de Dieu, prévu de toute éternité, c’est de nous réunir tous autour de Jésus-Christ, serrés jusqu’à ne faire qu’un avec lui. Réunir, c’est-à-dire surmonter nos divisions, nos rivalités, nos haines, pour faire de nous un seul homme ! Il y a encore du chemin à faire, c’est vrai. Tellement de chemin que les incroyants disent que c’est une utopie. Mais les croyants affirment que puisque c’est une promesse de Dieu, c’est une certitude ! Paul dit bien : « Nous attendons le bonheur que nous espérons avoir quand se manifestera la gloire de Jésus-Christ, notre grand Dieu et notre Sauveur. » « Nous attendons », cela veut dire « c’est certain, tôt ou tard, cela viendra ».

    Au passage, nous reconnaissons là une phrase que le prêtre prononce à chaque eucharistie, après le Notre Père : « Nous espérons le bonheur que tu promets et l’avènement de Jésus-Christ notre Sauveur ». Comme bien souvent ce « et » signifie « c’est-à-dire ». Il faut entendre : « Nous espérons le bonheur que tu promets qui est l’avènement de Jésus-Christ notre Sauveur ». Ce n’est pas une manière de nous voiler la face sur les lenteurs de cette transformation du monde, c’est un acte de foi : nous osons affirmer que l’amour du Christ aura le dernier mot.

    Cette certitude, cette attente sont le moteur de toute liturgie : au cours de la célébration, les chrétiens ne sont pas des gens tournés vers le passé mais ils sont déjà un seul homme debout tournés vers l’avenir. Quand viendra la fin du monde, le journaliste de service écrira : « et ils se levèrent comme un seul homme. Et cet homme avait pour nom Jésus-Christ ».

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Alléluia. Alléluia.

    Je vous annonce une grande joie :

    Aujourd’hui vous est né un Sauveur

    qui est le Christ, le Seigneur !

    Alléluia.

    Joie dans notre monde, un Sauveur nous est né.

    Dans le cœur des hommes sa lumière a brillé.

    * Nativité du Seigneur

    Évangile : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur »

    Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 2, 1-14)

    En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste, ordonnant de recenser toute la terre – ce premier recensement eut lieu lorsque Quirinus était gouverneur de Syrie.

    Et tous allaient se faire recenser, chacun dans sa ville d’origine.

    Joseph, lui aussi, monta de Galilée, depuis la ville de Nazareth, vers la Judée, jusqu’à la ville de David appelée Bethléem.

    Il était en effet de la maison et de la lignée de David.

    Il venait se faire recenser avec Marie, qui lui avait été accordée en mariage et qui était enceinte.

    Or, pendant qu’ils étaient là, le temps où elle devait enfanter fut accompli.

    Et elle mit au monde son fils premier-né. Elle l’emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune.

    Dans la même région, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux.

    L’ange du Seigneur se présenta devant eux, et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa lumière. Ils furent saisis d’une grande crainte.

    Alors l’ange leur dit : « Ne craignez pas, car voici que je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple : Aujourd’hui, dans la ville de David, vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur.

    Et voici le signe qui vous est donné : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. »

    Et soudain, il y eut avec l’ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu en disant : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime. »

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * Nativité du Seigneur

    Commentaire 4 a : Quelle mangeoire offrir en ma vie à la nouveauté de Dieu ?

    Le récit de la Nativité est traversé par deux logiques de puissance, celle d’Auguste qui anime « en ces jours-là » l’espace de son empire pour qu’il se recense et se compte, en se repliant et en se figeant sur lui-même… « Chacun allait se faire inscrire dans sa ville d'origine » et celle de  Dieu qui anime et rythme le temps, ouvre et élargit l’espace… « Or, pendant qu'ils étaient là, arrivèrent les jours où elle devait enfanter »… du neuf surgit, du non prévu, du non compté à qui il faudra bien donner place…

    En effet, si l’espace social semble se refuser à la nouveauté, « il n'y avait pas de place pour eux dans la salle commune », cette dernière devient centre appelant de la terre et du ciel, des anges et des hommes… « Il y eut avec l'ange une troupe céleste innombrable, qui louait Dieu ». Le signe donné de ce basculement pour toute vie : «un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire».

    Noël est appel pour chacun à accueillir la nouveauté en sa vie, quel que soit son âge, quelle que soit sa condition… Le Dieu qui ne cesse de faire surgir le neuf en chacun de nous, Il vient à nous, sous le sceau de la fragilité, de « l’enfant nouveau-né emmailloté ». Il nous appelle à quitter ce que nous possédons, pouvons recenser, mesurer pour nous tourner vers ce qui advient, surgit… Allons contempler l’enfant nouveau-né. Ouvrons-nous, comme un petit pauvre, à la joie qu’Il transmet, accueillons l’espérance… Donnons-lui place…

    Commentaires du Père Jean-Luc Fabre – Jardinier de Dieu

    * Nativité du Seigneur

    Commentaire 4 b :

    Lorsque le prophète Isaïe annonçait des temps meilleurs au roi Achaz, grâce à la naissance d’un futur roi, il lui disait : « Voilà ce que fait l’amour invincible du Seigneur de l’univers » (Is 9, 6). Cette phrase résonne en filigrane de tout l’évangile de Luc sur la naissance de Jésus.

    Car la nuit de Bethléem résonne d’une merveilleuse annonce : « Paix aux hommes que Dieu aime ». Encore faut-il ne pas l’entendre de travers : le texte ne signifie pas qu’il y a ceux que Dieu aime et les autres ! Il faut évidemment traduire : Paix aux hommes parce que Dieu les aime. Tout le projet de Dieu est dit là, une fois de plus : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique » (Jn 3, 16). Alors, bien sûr, nous n’avons rien à craindre : « Ne craignez pas », disent les anges aux bergers. Que peut-on craindre d’un tout petit ? Et si Dieu, tout simplement, avait imaginé de naître sous les traits d’un nourrisson pour que nous quittions à tout jamais nos craintes spontanées à son égard ?...

    Comme Isaïe, l’Ange annonce la naissance d’un roi : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur, dans la ville de David. Il est le Messie, le Seigneur ». Autrement dit, celui que tout le peuple attendait depuis des siècles, est enfin né. Car tout le monde avait en tête la prophétie de Nathan au roi David (2S 7, cf. 4ème dimanche de l’Avent) : «Le Seigneur te fait savoir qu’il te fera lui-même une maison. Quand ta vie sera achevée et que tu reposeras auprès de tes pères, je te donnerai un successeur dans ta descendance, qui sera né de toi, et je rendrai stable sa royauté.» D’où l’importance des précisions données par Luc sur les origines du père de l’enfant : « Joseph, lui aussi, quitta la ville de Nazareth en Galilée, pour monter en Judée, à la ville de David appelée Bethléem, car il était de la maison et de la descendance de David. » On savait aussi, à cause du prophète Michée, que le Messie naîtrait à Bethléem : « Et toi, Bethléem Ephrata, trop petite pour compter parmi les clans de Juda, de toi sortira pour moi celui qui doit gouverner Israël… Il se tiendra debout et fera paître son troupeau, par la puissance du Seigneur, par la majesté du Nom du Seigneur son Dieu… Lui-même il sera la paix » (Mi 5, 1… 4).

    C’est donc une « bonne, une grande nouvelle » qu’annoncent les anges aux bergers, et l’on comprend que les armées célestes chantent la gloire de Dieu. Mais le plus surprenant, ici, est le contraste entre la grandeur du destin promis au Messie et la petitesse de cet enfant né dans les circonstances les plus modestes. Pour l’instant, «la force divine du bras de Dieu» qui libère son peuple, et dont parle Isaïe, repose dans deux petites mains d’enfant dans une famille pauvre, parmi tant d’autres ! Et c’est bien cela le plus étrange, peut-être : il n’y a rien de remarquable dans la pauvreté tout à fait ordinaire de la crèche. Mais justement, le signe de Dieu est là : c’est dans la banalité quotidienne, voire la pauvreté, que nous le rencontrons.

    C’est précisément cela, le mystère de l’Incarnation. Celui que la Lettre aux Hébreux appelle « l’héritier de toutes choses » naît parmi les pauvres. Celui que saint Jean appelle « la lumière du monde » est né dans la pénombre d’une étable. Celui que la parole de Dieu créant le monde a dû être mis au monde comme toute créature et devra, comme tout un chacun, apprendre à parler. Pas étonnant que « les siens ne l’aient pas reconnu » ! Pas étonnant non plus que ce soient les pauvres et les petits qui aient le plus volontiers accueilli son message. Le « Miséricordieux », celui qui est attiré par toute pauvreté a tant pitié de la nôtre qu’en nous invitant à nous pencher sur ce berceau, il nous indique le meilleur moyen de lui ressembler. Ainsi nous est donné le pouvoir de « devenir enfants de Dieu ».

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    * Nativité du Seigneur

    Homélie :

    Chers frères et sœurs,

    Le problème des « sans-papiers » n’est pas nouveau.  Il existait déjà au temps de la naissance de Jésus.  Les Juifs, sous l’occupation romaine, étaient des réfugiés dans leur propre pays – comme il y en a des millions de nos jours. C’est ainsi que, pour répondre au caprice de l’occupant, Marie et Joseph, comme tant d’autres, durent se mettre en route pour aller se faire mettre en règle.

    C’est précisément avec une brève mention de cet évènement que l’Évangéliste Luc, ouvre le grandiose chapitre 2 de son Évangile, dans lequel il annonce tous les grands thèmes de cet Évangile. Il ne s’agit pas, dans ce texte, d’un simple récit de la naissance de Jésus. De fait, Luc ne fait parler aucun des personnages de son récit sauf les anges ! Il s’agit d’une prise de position doctrinale. Et Luc, qui est un excellent écrivain, choisit avec grande attention chacun des mots qu’il utilise lui-même dans ce récit.

    En premier lieu, Luc fait arriver Marie et Joseph jusqu’à Bethlehem, la cité de David. La naissance de Jésus n’a pas lieu durant le voyage, mais une fois qu’ils sont arrivés à Bethlehem – « pendant qu’ils étaient là », dit le texte.  Puis la traduction que nous avons lue dit : « le temps où elle devait enfanter fut accompli ». Il serait sans doute plus juste de traduire littéralement l’original grec et dire : « Les temps furent accomplis et arriva pour elle le temps d’enfanter ». Ce sont les temps, dans l’absolu, qui sont accomplis (et non seulement les neuf mois de la gestation de Marie). Nous sommes arrivés à la fin des temps. Et puis il y a un autre problème de traduction. Le texte grec ne dit pas qu’elle mit au monde « son fils premier-né », mais bien qu’elle mit au monde « le premier-né », le premier-né par excellence, c’est-à-dire le premier-né du Père éternel.

    Et que fait Marie ? Tout de suite elle nous donne son fils, et elle nous le donne en nourriture. En effet, dans les paroles qui suivent, Luc annonce déjà symboliquement le mystère de l’Eucharistie et de la Passion. Marie dépose son fils dans une mangeoire. Notons bien que Marie et Joseph sont déjà dans la cité de Bethlehem et que le texte de l’Évangile ne parle ni d’étable, ni de grotte, et encore moins de bœuf ou d’âne. Dans le langage symbolique de Luc, en déposant son enfant dans une mangeoire, Marie nous l’offre en nourriture, non sans l’avoir entouré de bandelettes, comme on fait pour la sépulture - ce qui annonce déjà la passion. Car il n’y avait pas encore de place dans la « chambre haute », c’est-à-dire que son « heure » n’était pas encore arrivée. En effet le mot grec utilisé ici (traduit par « chambre commune ») ne signifie pas une auberge. Le mot n’est utilisé que deux fois dans le Nouveau Testament : ici, et dans le récit de la dernière Cène, où il désigne la chambre haute où se fait le dernier repas.

    Sans aller plus loin dans l’exégèse de ce passage de l’Évangile de Luc, nous voyons déjà qu’il ne s’agit pas simplement d’un récit un peu romantique de la naissance d’un bébé dans une grotte, en pleine nuit.  On y trouve plutôt ici une réflexion théologique très profonde sur le sens de cette naissance. On comprend alors pourquoi Luc fait intervenir les anges (qui, encore une fois, sont les seuls qui parlent dans tout ce récit) pour dire aux pasteurs qui gardent leurs troupeaux : « Je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour tout le peuple... Aujourd’hui... vous est né un Sauveur ». Et quel est le signe qui nous indique que le salut est arrivé ?

    « Vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ». Et le récit se termine avec le chant d’un chœur céleste : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes, qu’il aime ».

    Saint Luc écrit en grec. Pour parler de « paix », il utilise ici le mot eirenè, qui signifie absence de violence, de guerre. Mais les anges ont certainement chanté dans la langue des bergers, et ils ont certainement utilisé le mot shalom, qui est beaucoup plus lourd de sens.  Shalom signifie le bien-être des humains entre eux, un bien-être fondé sur la justice et la vérité et qui s’exprime dans la fraternité et engendre la joie. Cela n’a rien à voir avec la pax romana, cette tranquillité résignée qui produit les empires.

    Cette paix qu’annonce les anges, c’est celle dont parlait déjà le prophète Isaïe dans un langage poétique évocateur que nous avons entendu comme première lecture : «un enfant nous est né, un fils nous a été donné». Alors « le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière et sur les habitants du pays de l’ombre une lumière a resplendi ».

    Et saint Paul, en penseur profond qu’il est, parle – dans la deuxième lecture – de la « manifestation de la grâce de Dieu » – grâce dans le sens de beauté, de tendresse, de miséricorde, et qui nous appelle à vivre dans le temps présent de manière «raisonnable», c’est-à-dire avec justice et pitié.

    Ces trois lectures nous tracent tout un programme de vie.  Noël ne doit pas être un moment de nostalgie qui nous fait oublier la réalité. La réalité est que, de nos jours comme au temps de Jésus, mais sans doute dans des proportions numériques nettement plus grandes, nombreux sont les sans-papiers, nombreux sont les réfugiés dans leur propre pays. Le nombre des enfants réfugiés se compte par dizaines de millions. Nombreux sont les enfants tués par des hordes barbares, au nom d’idéologies diaboliques. Nombreux sont les enfants soldats à qui on apprend à tuer à un âge où il faut apprendre à vivre. Nombreuses sont les victimes des crises économiques et des programmes d’austérité censés y porter remède.  Et pourtant, «Je vous annonce une grande joie pour tout le peuple», disait l’ange aux bergers.  Pour tout le peuple...  Il nous appartient, à nous, à chacun de nous, de voir ce qu’il nous est possible de faire pour que ce projet se réalise, pour que tous nos frères et sœurs en humanité soient rejoints dans leur vie de tous les jours par ce message de paix et de joie.

    Nos chants de Noël, avec toute leur poésie, et parfois leur romantisme, ne seront utiles, notre contemplation de l’Enfant de la crèche ne sera vraie, que si le chant des anges et l’étoile des bergers nous conduisent vers les éléments les plus fragiles et les plus marginalisés de notre humanité, et si nous reconnaissons en eux Celui dont nous célébrons cette nuit la naissance.

    Armand Veilleux – Abbé de l’Abbaye de Scourmont de 1998 à 2017

    Homélie pour la messe de minuit du 25 décembre 2020

    * Nativité du Seigneur

    Prières :

    1. PRIÈRE DE NOËL

    Doux enfant de Bethléem,

    accorde-nous de communier

    de toute notre âme

    au profond mystère de Noël.

    Mets dans le cœur des hommes cette paix

    qu'ils recherchent parfois si âprement,

    et que Toi seul peux leur donner.

    Aide-les à se connaître mieux,

    et à vivre fraternellement

    comme les fils d'un même Père.

    Découvre-leur Ta beauté,

    Ta sainteté et Ta pureté.

    Éveille dans leurs cœurs

    l'amour et la reconnaissance

    pour ton infinie bonté.

    Unis-les tous dans Ta charité

    et donne-nous Ta céleste paix.

    Prière n° 257 décembre 2003 Jean XXIII

    2. JÉSUS, TOI QUI ES NÉ DANS UNE ÉTABLE

    Jésus,

    Toi qui es né dans une étable,

    Protège tous ceux qui vivent dans la pauvreté

    et au milieu des dangers.

    Jésus,

    Toi qui es né en voyage,

    Protège tous ceux qui sont menacés

    Et ceux qui n'ont pas de maison.

    On t'a offert de l'or et les plus beaux cadeaux,

    Protège aussi ceux qui ont tout

    Et qui oublient de penser aux autres.

    Tu as ramené sur la terre la lumière du ciel.

    Laisse la lumière descendre sur nous en ce Noël.

    Amen

    Prière composée par une classe de cours préparatoire de l'école Saint Philippe de Néri

    à Juan-les-Pins (Alpes-Maritimes) pour la quinzaine de Noël.

    3. PRIÈRE UNIVERSELLEMESSE DE LA NUIT DE NOËL

    Isaïe nous l’avait annoncé : un Enfant naîtra pour sauver notre humanité.

    Dans cette nuit, cet Enfant c’est toi Jésus : tu es là pour écouter toutes nos demandes.

    Ô, Seigneur Dieu, toi le petit enfant de la crèche de Noël,

    en cette nuit, accorde-nous toutes nos demandes

    et redonne une profonde espérance à notre monde. Amen.

    Vie liturgique, revue de pastorale liturgique publiée par Novalis

    * Nativité du Seigneur

    Conclusion : Nuit de Noël

    Tout au long de l’Avent, la liturgie nous a parlé de la venue de Jésus. Cette bonne nouvelle était annoncée depuis plusieurs siècles à un « peuple qui marchait dans les ténèbres ». Ces ténèbres, c’étaient celles de l’exil et de l’oppression étrangère. Cela avait duré 50 ans. Le message de Noël dans les ténèbres qui marquent douloureusement la vie de notre monde, celles du terrorisme et de la violence mais aussi celles de la maladie et de la solitude.

    La bonne nouvelle c’est que Dieu ne nous abandonne pas. Il vient à nous. Il vient « nous rendre espoir et nous sauver ». Tout au long des Évangiles, nous l’entendons nous parler d’un Dieu qui est Père, un Père qui aime chacun de ses enfants. Il est venu « chercher et sauver ceux qui étaient perdus ». Le vrai Dieu n’a rien à voir avec une religion qui fait massacrer des innocents, des hommes, des femmes et même des enfants. La fête de Noël vient nous rappeler que le vrai Dieu est AMOUR. Il ne sait pas être autre chose. Dans un monde pollué par la haine et la violence, il est celui qui nous apporte la vraie lumière.

    Ce Jésus dont nous fêtons la naissance a été annoncé aux bergers. Quand nous faisons la crèche dans nos maisons, nous les mettons en bonne place mais beaucoup ne savent pas trop qui ils étaient. En fait, ils faisaient partie d’une catégorie vraiment méprisée. C’étaient des hommes rustres qui n’avaient pas l’habitude de fréquenter les lieux de culte. À travers eux, c’est la bonne nouvelle qui est annoncée aux petits, aux pauvres et aux exclus. Et cela, nous le retrouvons tout au long des Évangiles. Jésus est venu pour nous dire qu’ils ont la première place dans le cœur de Dieu.

    C’est vrai, les Évangiles nous rappellent la mission de Jésus après de ceux et celles qui sont accablés par des souffrances de toutes sortes. Il a accueilli tous ceux et celles qui étaient infréquentables à cause de leur mauvaise vie. Il a ouvert la porte de la Lumière à Marie-Madeleine, Zachée, Matthieu le publicain, la femme de Samarie et bien d’autres qui étaient rejetés par la société bien-pensante de l’époque. Avec lui, c’est la victoire de l’AMOUR sur le mal et la mort.

    Cette bonne nouvelle n’est pas que pour les gens d’autrefois. Elle est pour tous les hommes de tous les temps. Elle doit être proclamée dans le monde entier, y compris dans les « périphéries ». Des associations s’organisent pour aller vers les plus pauvres, les personnes seules, celles qui sont à la rue, celles qui n’ont pas les moyens de faire la fête. Des messes sont célébrées dans les prisons et les hôpitaux. Le Christ rejoint tous ceux et celles qui sont accablés par la souffrance, la maladie, le deuil, le chômage, les conflits familiaux. Bien sûr, il ne va pas faire un miracle pour résoudre tous nos problèmes. Mais il marche avec nous. Parfois même, il nous porte. Il nous ouvre un chemin d’espérance.

    Fêter Noël, c’est accueillir cette bonne nouvelle qui vient changer notre vie et celle du monde. Ce Jésus dont nous fêtons la naissance continue à venir. Il frappe à notre porte. Dieu continue à nous envoyer son Fils. En cette nuit de Noël, nous sommes donc invités à l’accueillir, lui donner la première place dans notre vie et faire « tout ce qu’il nous dira ». Avec lui, c’est la joie et l’amour qui entrent dans notre vie. Il veut habiter le cœur des hommes. Alors oui, soyons dans la joie et l’allégresse. Un enfant a dit que « Jésus est le plus beau cadeau de Noël ». Il avait tout compris. Ils sont nombreux dans notre monde ceux et celles qui vont fêter Noël sans penser à cette bonne nouvelle. Tout est prévu, le sapin, les décorations, les cadeaux, le réveillon, mais n’oublions pas Celui qui est à l’origine de ces festivités.

    L’Eucharistie qui nous rassemble en cette fête de Noël nous rappelle que le Christ ne cesse de vouloir nous rejoindre. Il continue à vouloir venir chez les siens. C’est un cadeau extraordinaire qui nous est offert à tous, gratuitement et sans mérite de notre part. Avant la communion, nous entendons le prêtre nous dire : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Ces paroles ne sont pas que pour l’assemblée qui est présente à l’église. Elles sont pour le monde entier. Le Christ ne demande qu’à se donner à tous. Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre pour laisser le Christ entrer dans leur vie. En ce temps de Noël, nous le supplions : « Toi qui es Lumière, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour ». Amen.

    Abbé Jean Compazieu – Le 14 décembre 2020

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    * Nativité du Seigneur

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS :

    Seigneur Dieu, tu as merveilleusement créé l’être humain dans sa dignité, et tu l’as rétabli  plus merveilleusement encore : accorde-nous d’être unis à la divinité de ton fils, qui a voulu prendre notre humanité.

    Références :

    http://www.gcatholic.org/calendar/2022/General-D-fr.htm

    https://www.oeuvre-fso.org/foi-et-vie/la-naissance-de-jesus-a-bethleem

    https://www.aularge.eu/blog/2021/11/09/nativite-de-jesus-a-bethleem-lc-21-21/

    https://whc.unesco.org/fr/list/1433/

    https://www.dominicains.be/fr/celebrer/eucharistie/2044-noel-messe-de-minuit-1026

    https://www.aelf.org/2023-12-25/romain/messe

    https://www.catholique-blois.net/actualite/commentaires-evangile/annee-2017/messe-de-la-nuit-24-decembre-2017

    https://paroisse-colomiers.over-blog.com/tite-2-11-14-3-4-7.html

    https://jardinierdedieu.fr/article-luc-2-1-14-63659810.html

    https://www.paroissesaintmaxime.org/commentairesPourSite/24-12-2011.pdf

    https://www.scourmont.be/publications/pages-de-dom-armand-veilleux/homelies-de-dom-armand-veilleux/2414-homelie-pour-la-messe-de-la-nuit-de-noel-2020.html

    https://www.prieraucoeurdumonde.net/priere-universelle-messe-de-la-nuit-de-noel/

    https://dimancheprochain.org/8968-homelies-de-noel/

    Magnificat du lundi 25 décembre 2023 page 329


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