• * La paix soit avec vous

    240414 – Liturgie du 3ème dimanche de Pâques

     La paix soit avec vous ! 

    3ème dimanche de Pâques

     * La paix soit avec vous

    Introduction :

    «  La paix soit avec vous ! », c’est par ces mots que Jésus commence par parler à ses disciples. C’est la salutation normale pour un juif et en même temps elle signifie aux disciples le sens profond de ce que Jésus vient leur apporter en ce jour de résurrection : la paix.

    Cette paix, c’est celle que recherche un cœur bouleversé par ce qu’il vient de vivre : la mort violente de Jésus, la fin de toutes leurs espérances et de leur foi. Le Messie est un messie de justice et de paix. Par sa mort, Jésus a apporté le jugement et la justice sur la terre et le fruit de ce jugement, c’est cette paix qui doit régner dans nos cœurs.

    La paix est importante, elle est le signe de la présence active de Dieu à l’œuvre en nous. Cette paix vient de la foi en la résurrection, de la certitude que la vie est plus forte que la mort, que la souffrance ne peut jamais être la plus forte, que la croix n’est pas une fin mais un passage.

    Cette paix est le fruit que nous avons à recevoir dans ce temps pascal. Cette paix transforme tout et change le regard. Parce que les disciples ne sont pas dans la paix, qu’ils sont troublés et bouleversés, ils ne peuvent reconnaître Jésus ressuscité. Jésus ressuscité est à la fois le même, il leur montre ses pieds et ses mains, il mange devant eux, et en même temps il est différent, il est transfiguré par la paix qui émane de celui qui est passé par la mort. C’est le mystère de la résurrection à laquelle nous sommes tous appelés par notre baptême : entrer dans la paix de Dieu.

    Cette paix passe par le pardon des péchés explique Jésus à ses apôtres. Ce pardon, Pierre est le premier à le recevoir. La paix passe par le pardon, c’est l’expérience pascale des apôtres. C’est ce qui revient dans chacune des lectures de ce jour. Nous qui avons accédé à la paix de Dieu par le pardon des péchés, nous avons à notre tour à vivre de ce pardon pour vivre dans la vérité et non le mensonge. Ce pardon est au cœur de la seule prière que Jésus a laissé à ses disciples : pardonnes-nous nos péchés comme nous les pardonnons aux autres. Seul le pardon conduit à la paix et permet de vivre de la lumière de la résurrection.

    Nous avons, nous aussi, à recevoir le Christ ressuscité parmi nous. Nous avons à le recevoir avec ce qu’il nous offre : sa paix et le pardon des péchés. Pour cela, il nous suffit de convertir nos cœurs, à ce mystère central de la révélation en Jésus Christ : Dieu a tellement aimé le monde qu’il lui a offert son pardon gratuitement et en plénitude. À nous d’en vivre aujourd’hui et à le faire vivre autour de nous dans toutes les nations.

    Père Damien Stampers du diocèse de Blois

    Rejeter Jésus, le Saint et le Juste, et lui préférer un meurtrier, Barabbas, tel fut le péché des juifs.

    Mais Pierre annonce que Dieu est prêt à le pardonner.

     * La paix soit avec vous

    1ère lecture « Vous avez tué le Prince de la vie, lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts »

    Lecture du Livre des Actes des Apôtres (Ac 3, 13-15.17-19)

    En ces jours-là, devant le peuple, Pierre prit la parole :

    « Hommes d’Israël, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères, a glorifié son serviteur Jésus, alors que vous, vous l’aviez livré, vous l’aviez renié en présence de Pilate qui était décidé à le relâcher.

    Vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier.

    Vous avez tué le Prince de la vie, lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts, nous en sommes témoins.

    D’ailleurs, frères, je sais bien que vous avez agi dans l’ignorance, vous et vos chefs. Mais Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait d’avance annoncé par la bouche de tous les prophètes : que le Christ, son Messie, souffrirait.

    Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu pour que vos péchés soient effacés. »

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

     * La paix soit avec vous

    Commentaire 1 a :

    Il y a quelque chose de tragique dans l’incompréhension que les juifs ont eue du mystère de Jésus. Alors qu’ils plaçaient au-dessus de tout la gloire de Dieu qui s’était révélé à Abraham, Isaac et Jacob, ils n’ont pas su reconnaître que celle-ci reposait sur Jésus. Du parfait serviteur de Dieu, ils ont fait un Serviteur souffrant en le livrant à la mort. Quand Pilate, un païen, reconnaissant son innocence voulut le relâcher, ils l’ont renié, lui le Saint et le Juste, et demandé la grâce d’un meurtrier. Lui, la source de la vie, le premier des vivants, ils l’ont tué, mais le Dieu d’Abraham l’a ressuscité ! Pierre et les apôtres qui sont les témoins de ces faits sont aussi les témoins du pardon que Dieu accorde aux juifs et de l’appel à la conversion qu’il leur adresse.

    La résurrection de Jésus authentifie le pardon qu’il a donné du haut de sa croix et qu’il confie à ses apôtres et à son Église. Recevons-nous avec joie ce sacrement du pardon ?

    Blog de Jackie

     * La paix soit avec vous

    Commentaire 1 b :

    Pierre s'adresse à un public juif : « Hommes d'Israël ». Il leur parle comme à des frères, il dit « frères » d'ailleurs, mais en même temps on voit bien qu'il n'est plus tout à fait du même bord, si l'on peut dire. Il est clair qu'il a pris parti pour Jésus-Christ et il s'adresse à ceux qui sont responsables de sa mort, « responsables mais pas coupables », dirait-on aujourd'hui. Ce public auquel il s'adresse est certainement tout ouïe parce qu'il vient d'assister à quelque chose d'extraordinaire : nous sommes au Temple de Jérusalem, vers trois heures de l'après-midi, l'heure de la prière. A l'une des portes du Temple, celle qu'on appelle la Belle Porte, un infirme tendait la main aux passants, comme chaque jour, depuis des années. Parmi ces passants, se trouvaient Pierre et Jean. Et Pierre a dit au mendiant « De l'or ou de l'argent, je n'en ai pas ; mais ce que j'ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ le Nazaréen, marche ! » Et, raconte Luc, prenant l'infirme par la main droite, Pierre l'a fait lever. A l'instant même l'homme a senti ses pieds et ses chevilles s'affermir. D'un bond, il était debout, lui qui n'avait jamais marché, et il est entré dans le Temple, en marchant, en bondissant plutôt, et en louant Dieu.

    Evidemment, après une chose pareille, les spectateurs sont prêts à écouter les explications. Pierre improvise donc un discours : « Israélites, pourquoi vous étonner de ce qui vient d'arriver ? Et pourquoi nous regardez-vous comme des bêtes curieuses ? Ce n'est ni notre piété personnelle ni notre propre puissance qui ont fait ce miracle... C'est Jésus lui-même qui l'a guéri. » Voilà donc le contexte dans lequel Pierre prend la parole : c'est une véritable plaidoirie. Pour lui, il s'agit de faire franchir à ses interlocuteurs une étape capitale dans la foi. Tous partagent la même foi dans le Dieu des Pères, tous attendent le Messie, tous connaissent les prophéties de l'Ancien Testament. Mais comment les convaincre que ces prophéties concernaient Jésus-Christ ? Au fond Pierre essaie d'ouvrir les yeux des Juifs sur ce qu'on peut appeler une « erreur judiciaire ».

    L'erreur, d'après Pierre, c'est d'avoir livré à tort un innocent à la justice, d'avoir fait gracier un meurtrier, Barabbas, et obtenu la peine de mort contre l'innocent, tout cela par ignorance. L'erreur, c'est de n'avoir pas reconnu dans cet homme juste le Messie. Jésus lui-même l'a dit sur la croix : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font » (Luc 23, 34). Il faut reconnaître qu'il y avait de quoi se tromper. Jésus de Nazareth ne ressemblait guère au Messie qu'on attendait. Et sa mort même, sa déchéance plaidait contre lui. Sûrement, si Dieu était comme l'on croyait, il lui aurait évité de souffrir...

    Pierre affirme tranquillement « Dieu avait d'avance annoncé par la bouche de tous les prophètes que son Messie souffrirait ». En fait, on ne trouve nulle part dans l'Ancien Testament une affirmation aussi claire du genre « le Messie de Dieu sera d'abord rejeté, injustement condamné, mais c'est comme cela qu'il sauvera l'humanité ». On trouve beaucoup d'annonces du Messie sous les traits d'un roi qui libérera son peuple, d'un prêtre qui obtiendra le pardon des péchés, d'un prophète qui apportera le salut de Dieu, d'un Fils de l'homme victorieux de toutes les forces du mal. Mais dans toutes ces annonces, on entend surtout un langage de victoire. Restent les fameux chants du Serviteur et en particulier le chant du Serviteur souffrant dans le Livre d'Isaïe, mais, visiblement, ils n'inspiraient guère les chefs des prêtres à l'époque de Jésus. Bien sûr, après coup, pour ceux qui ont été témoins de la résurrection du Christ, pour ceux dont le coeur a été « ouvert à l'intelligence des Écritures », comme dit ailleurs saint Luc, tout est lumineux. Ils relisent les prophéties d'Isaïe et ils redécouvrent ces fameux textes qui présentaient le Messie sous les traits d'un Serviteur innocent mais persécuté et finalement mis à mort avant d'être glorifié par Dieu, et ils les relisent comme une annonce des souffrances et de la glorification de Jésus.

    Le quatrième chant du Serviteur, en particulier, s'applique parfaitement à la Passion du Christ : « Il n'avait ni aspect, ni prestance tels que nous le remarquions, ni apparence telle que nous le recherchions. Il était méprisé, laissé de côté par les hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, tel celui devant qui on cache son visage ; oui, méprisé, nous ne l'estimions nullement. En fait, ce sont nos souffrances qu'il a portées, ce sont nos douleurs qu'il a supportées, et nous, nous l'estimions frappé par Dieu et humilié... Brutalisé, il s'humilie ; il n'ouvre pas la bouche, comme un agneau traîné à l'abattoir, comme une brebis devant ceux qui la tondent : elle est muette ; lui n'ouvre pas la bouche. Sous la contrainte, sous le jugement, il a été enlevé... Il a été retranché de la terre des vivants... » Ce texte dit aussi la glorification du Serviteur souffrant : « Voici que mon Serviteur triomphera, il sera haut placé, exalté, élevé à l'extrême. De même que les foules ont été horrifiées à son sujet, de même à son sujet des foules de nations vont être émerveillées... Sitôt reconnu comme juste, il dispensera la justice, lui, mon Serviteur, au profit des foules... » (Is 53, 2... 11).

    On voit bien l'importance qu'un tel texte a pu prendre pour les premiers chrétiens dans leur méditation sur le mystère du Christ. Et c'est à cette découverte-là que Pierre veut amener les Juifs auxquels il adresse son discours. Et il leur dit « rien n'est jamais perdu ; il est toujours temps de réparer une erreur judiciaire, de réhabiliter un innocent ; et la merveille de la miséricorde de Dieu, c'est qu'elle s'applique à vous, justement, la prière du Christ : Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font. Je sais bien que vous agi dans l'ignorance, vous et vos chefs... Convertissez-vous donc et revenez à Dieu pour que vos péchés soient effacés ».

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Le psaume 4 nous convie à montrer au monde des visages de ressuscités

    puisque la résurrection ne concerne pas uniquement le Christ

    mais s’applique à tous les baptisés car ressusciter signifie

    se lever, s’élever, se réveiller et susciter.

     * La paix soit avec vous

    Psaume : 4, 2, 4.7, 9

    R/ Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage !

    Quand je crie, réponds-moi, Dieu, ma justice !

    Toi qui me libères dans la détresse, pitié pour moi, écoute ma prière !

    Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage !

    Sachez que le Seigneur a mis à part son fidèle,

    le Seigneur entend quand je crie vers lui.

    Beaucoup demandent : « Qui nous fera voir le bonheur ? »

    Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage !

    Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage !

    Dans la paix moi aussi, je me couche et je dors,

    car tu me donnes d’habiter, Seigneur, seul, dans la confiance.

    Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage !

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

     * La paix soit avec vous

    Commentaire 2 :

    l est bien court, ce psaume 4, mais il est riche de toute la foi d'Israël, de toute cette longue histoire d'Alliance entre le peuple élu et son Dieu, pendant des siècles. Confiance et supplication mêlées, fierté et bonheur d'être le peuple élu, découverte du Dieu libérateur, tout y est.

    Premièrement, la prière du peuple d'Israël est faite de confiance et supplication mêlées : « Quand je crie, réponds-moi, Dieu, ma justice ! Toi qui me libères dans la détresse, pitié pour moi, écoute ma prière ! » Et, un peu plus bas, dans un autre verset : « Le Seigneur entend quand je crie vers lui » (verset 4).

    Dans toute prière juive, nous trouvons ce mélange d'action de grâce et de supplication. A tel point que le même mot « Hosanna » est employé pour dire à la fois « Seigneur, tu nous sauves, gloire à toi » ET « S'il te plaît, Seigneur, sauve-nous ». Un autre psaume dit : « Dieu notre Dieu nous bénit, Que notre Dieu nous bénisse ! » C'est logique : quand on adresse une prière à quelqu'un, on reconnaît implicitement qu'il peut et veut notre bien. Sinon, on ne le prierait pas ! Et quand nos enfants nous demandent quelque chose, nous sommes heureux et fiers, car c'est une preuve de confiance qu'ils nous donnent.

    Le peuple d'Israël ne nous a pas attendus pour savoir que le dessein de Dieu n'est que bienveillant et que sa toute puissance est celle de l'amour. Jésus disant à son Père « Je sais bien que tu m'exauces toujours » était bien un fils d'Israël. Au sein même de cette certitude, la prière peut se faire « cri » parce que la foi la plus pure ne dispense pas de souffrir. Et il y a bien dans nos vies des moments où la détresse nous fait non pas « prier » mais « crier »... C'est l'un des cadeaux de la Bible que de nous révéler qu'il est permis de « crier »...

    Deuxième trait de la foi juive, la fierté, le bonheur d'être le peuple élu, mis à part, consacré. C'est le sens du dernier verset : « Tu me donnes d'habiter, Seigneur, seul, dans la confiance » : en réalité, ici, le mot « seul » veut dire « à part ». « Habiter à part, dans la confiance », en langage biblique, cela signifie qu'on sait où est le vrai bonheur : les étrangers nous demandent «qui nous fera voir le bonheur ?» Eh bien, nous, nous savons où réside le bonheur de l'homme, c'est dans l'Alliance avec notre Dieu.

    Toujours dans le verset 4 que nous ne lisons pas ce dimanche, cela est dit encore plus clairement : « Le Seigneur a mis à part son fidèle », et le mot « fidèle », en hébreu, c'est le « hassid », le bien-aimé. Et on sait bien que ce choix, cette élection comme on dit, est pur choix de Dieu, inexplicable, immérité, comme tous les choix d'amour... Ce n'est pas une affaire de mérite : on n'oublie jamais cette phrase du Deutéronome : « Si le Seigneur s'est attaché à vous et s'il vous a choisis, ce n'est pas que vous soyez le plus nombreux de tous les peuples, car vous êtes le moindre de tous les peuples... Ce n'est pas parce que tu es juste ou que tu as le cœur droit que tu vas entrer prendre possession de ce bon pays... car tu es un peuple à la nuque raide » (Dt 7, 7 ; 9, 5...7). On n'en tire donc pas orgueil, c'est un fait, tout simplement. Un fait qui nourrit la confiance éperdue qui ne quitte jamais Israël, même dans les situations les plus dramatiques : « Dans la paix, je me couche et je dors ; car tu me donnes d'habiter, Seigneur, à part, dans la confiance ». Source de bonheur et de fierté, cette élection est source aussi de bien des persécutions, au long des siècles. Cette mise à part signifie aussi isolement, incompréhension : inévitablement, « à part » signifie aussi « différent ».

    Enfin, troisième aspect de la prière d'Israël, la découverte du Dieu libérateur. « Toi qui me libères dans la détresse... », ce n'est pas un effet de style, c'est l'expérience qui parle ! Il ne faut pas oublier que la première expérience qu'Israël a faite de Dieu, c'est l'Exode : Dieu a entendu la souffrance des esclaves, des humiliés et il les a libérés de l'Égypte, la maison de servitude, selon l'expression consacrée. Et si Dieu a libéré son peuple de la domination du Pharaon, ce n'est pas pour lui imposer une autre domination, la sienne. C'est pour lui offrir le bonheur et la liberté. Là, ce psaume consonne très fort encore une fois avec les méditations du Livre du Deutéronome. Notre psaume dit : « Tu as versé la joie dans mon cœur plus qu'au temps où débordent le froment et le vin... tu me donnes d'habiter, à part, dans la confiance » et en écho le Deutéronome : «Confiant, Israël se repose ; elle coule à l'écart, la source de Jacob, vers un pays de blé et de vin nouveau, et le ciel même y répand la rosée» (Dt 33, 28).

    Cette expérience du Dieu libérateur n'appartient pas seulement au passé tel qu'il est raconté dans le Livre de l'Exode : il y a dans nos vies bien d'autres maisons de servitude et Dieu a été découvert comme celui qui accompagne toute entreprise de libération. « Toi qui me libères dans la détresse... », c'est au présent. Il y a là l'expression d'une véritable expérience de foi : l'homme religieux dit « J'aime Dieu », le croyant dit « Dieu m'aime et me libère ».

    Enfin, il faut entendre cette magnifique formule de bénédiction, « Sur nous, Seigneur, que s'illumine ton visage ! » C'est le souhait le plus cher du croyant pour ceux qu'il aime. C'est la formule du Livre des Nombres « Que le Seigneur te bénisse et te garde, qu'il fasse sur toi rayonner son Visage, que le Seigneur te découvre sa Face, qu'il te prenne en grâce et t'apporte la paix. » (Nb 6, 24-26).

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    L’amour de Jésus pour les pécheurs que nous sommes

    est la suprême garantie de notre pardon,

    mais elle ne nous dispense pas de lutter pour être fidèles.

     * La paix soit avec vous

    Épître : « C’est lui qui obtient le pardon de nos péchés et de ceux du monde entier »

    Lecture de la Première Lettre de saint Jean (1 Jn 2, 1-5a)

    Mes petits enfants, je vous écris cela pour que vous évitiez le péché.

    Mais si l’un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ, le Juste.

    C’est lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement des nôtres, mais encore de ceux du monde entier.

    Voici comment nous savons que nous le connaissons :si nous gardons ses commandements.

    Celui qui dit : « Je le connais », et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur : la vérité n’est pas en lui.

    Mais en celui qui garde sa parole, l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

     * La paix soit avec vous

    Commentaire 3 a :

    Une certaine habitude des choses de Dieu fait que nous nous installons dans la médiocrité tout en prétextant connaître Dieu. Jean réagit contre cette insouciance. Connaître Dieu, c’est garder ses commandements, c’est-à-dire, d’une manière négative, éviter le péché, et, plus positivement, garder ses commandements dont Jean nous répète inlassablement qu’ils consistent à aimer Dieu et ses frères. Il est vrai que Jésus est notre intercesseur, le pardon des péchés du monde entier, mais ce serait mentir et délaisser la vérité que d’y trouver prétexte à ne pas entendre les exigences de l’amour de Dieu.

    Parce que Jésus est auprès du Père le défenseur et l’avocat de tous ses frères en humanité, nos prières se concluent par la formule : «Par Jésus Christ notre Seigneur». Quelle attention y portons-nous, spécialement lorsqu’il nous est demandé de préparer la prière universelle à la messe ?

    Commentaire extrait du blog de Jackie

     * La paix soit avec vous

    Commentaire 3 b :

    Jean développe ici trois certitudes :

    1°) nous sommes tous pécheurs ;

    2°) nous sommes tous des pécheurs pardonnés ;

    3°) c'est en Jésus que nous sommes pardonnés.

    • Premièrement, nous sommes tous pécheurs : même si le péché n'est pas notre sujet de conversation le plus habituel, nous savons bien et nous disons volontiers que « nul n'est parfait ». Si Jean dit : « Mes petits enfants, je vous écris pour que vous évitiez le péché », cela veut bien dire qu'il considère la vie chrétienne comme un combat. Nous sommes tous des êtres partagés, nous avons tous un côté ombre et un côté lumière. Et chacun de nous peut dire comme Paul : « Je ne comprends rien à ce que je fais : ce que je veux, je ne le fais pas, mais ce que je hais, je le fais » (Rm 7, 15). Isaïe, lui aussi, le grand Isaïe, prenant conscience de la sainteté de Dieu, s'écriait : « Je ne suis qu'un homme aux lèvres impures » (Is 6, 5). Et Jean, dans cette même Première Lettre, constate « le monde tout entier gît sous l'empire du Mauvais » (1 Jn 5, 19). On n'a pas le droit de se voiler la face sur cette vérité-là et de se prendre pour des purs! Quelques lignes avant le passage d'aujourd'hui, Jean a dit crûment : « Si nous disons : Nous n'avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes et la vérité n'est pas en nous » (1 Jn 1, 8).
    • Mais, et voilà la deuxième certitude, la grande nouvelle de la Bible, ce n'est pas que nous sommes pécheurs, c'est que nous sommes pardonnés. L'annonce de Jésus à tous ceux qu'il rencontre dans les Évangiles, c'est « tes péchés sont pardonnés ». Et le Credo nous fait dire non pas « je crois que nous sommes pécheurs », mais « je crois à la rémission des péchés ». La conclusion de cette lettre, c'est « Je vous ai écrit tout cela pour que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui avez la foi au nom du Fils de Dieu »... Un des axes de la pédagogie biblique a certainement été de faire passer l'homme du sentiment de culpabilité à l'accueil humble et reconnaissant du pardon de Dieu. On en a un exemple dans le psaume 50/51 qui commence par dire « ma faute est toujours devant moi sans relâche » (voilà le sentiment de culpabilité) et qui ajoute « Contre toi et toi seul j'ai péché, ce qui est mal à tes yeux je l'ai fait » (là s'amorce le repentir, versets 5-6). La véritable attitude pénitentielle, ce n'est pas de faire le compte de nos péchés, c'est d'accueillir le pardon de Dieu qui nous précède toujours. De l'accueil de l'enfant prodigue par le Père à la phrase de Jésus à la femme adultère, l'Évangile répète ce que l'Ancien Testament avait déjà dit, à savoir que le pardon de Dieu est toujours offert. Le sentiment de culpabilité nous emprisonne, on peut même dire nous « empoisonne ». La vérité nous libère : cette vérité, c'est à la fois nous sommes pécheurs, et Dieu est Amour et Pardon, nous sommes pardonnés.

    C'est bien le sens des affirmations de Jean : « Si nous disons : Nous n'avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes et la vérité n'est pas en nous » (1 Jn 1, 8)... « Si nous confessons nos péchés, fidèle et juste comme il est, il nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute iniquité » (1 Jn 1, 9).

    • Enfin, troisième certitude exprimée par Jean dans le texte d'aujourd'hui, c'est en Jésus que nous sommes pardonnés : « Si l'un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus-Christ, le Juste. Il est la victime offerte pour nos péchés... » L'expression « victime offerte pour nos péchés » n'est pas compréhensible dans notre mentalité d'aujourd'hui. Pour la comprendre, il faut nous reporter à la liturgie juive des contemporains de Jean. Tout au long de l'Ancien Testament, le peuple juif avait conscience d'être pécheur, d'être infidèle à l'Alliance et, pour renouer cette Alliance, il offrait des sacrifices, des victimes, au temple de Jérusalem. Désormais, dit Jean, ce culte-là est révolu. Jésus s'offre lui-même pour rétablir définitivement l'Alliance entre Dieu et les hommes. Quand Jean, dans son évangile, désigne Jésus comme « l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », c'est exactement la même chose.

    Et la Lettre aux Hébreux affirme que « Jésus supprime le premier culte pour établir le second » : « En entrant dans le monde, le Christ dit : de sacrifice et d'offrande, tu n'as pas voulu. Mais tu m'as façonné un corps. Holocaustes et sacrifices pour le péché ne t'ont pas plu. Alors j'ai dit me voici... je suis venu, ô Dieu, pour faire ta volonté. » (He 10). En Jésus une étape décisive de l'histoire de l'humanité a été franchie : ce n'est plus au Temple de Jérusalem que nous recevons le pardon de Dieu, c'est dans l'union au Christ mort et ressuscité1.

    1 De manière imagée, Jean disait la même chose dans l'épisode de la Purification du Temple : lorsque Jésus proclamait « Détruisez ce Temple et en trois jours je le rebâtirai », Jean commentait « Le Temple dont il parlait c'était son corps. » 

    Une union offerte à tous les hommes : « Il est la victime offerte pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais encore pour ceux du monde entier. » Jésus l'a précisé lui-même à plusieurs reprises, en particulier dans l'institution de l'Eucharistie : « Ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, versé pour la multitude. » (Mc 14, 24).

    Mais l'expression « victime offerte » peut prêter à contresens ! Si nous relisons bien la Lettre aux Hébreux, elle nous dit que, avec Jésus-Christ, cette formule « victime offerte » a complètement changé de sens. Ce n'est pas par des actions que Jésus nous sauve du péché, c'est par son être même : lui qui est sans péché, c'est-à-dire qu'il ne quitte pas la présence du Père, qu'il est sans cesse « tourné vers le Père » (comme dit le Prologue de l'évangile de Jean), c'est-à-dire en perpétuel dialogue d'amour avec Dieu, avec le Père. Il est en même temps auprès de nous pour nous réconforter, nous assister. Jean emploie le mot « Défenseur » pour désigner ce lien désormais tissé entre Dieu et l'humanité : « Nous avons un Défenseur devant le Père ». Comme dit magnifiquement la première prière eucharistique pour la réconciliation, désormais « ses bras étendus dessinent entre ciel et terre le signe indélébile de l'Alliance ».

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Alléluia. Alléluia.

    Seigneur Jésus, ouvre-nous les Écritures !

    Que notre cœur devienne brûlant tandis que tu nous parles.

    Alléluia.

    Une curieuse apparition

     * La paix soit avec vous

    Évangile « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour ».

    Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 24, 35-48)

    En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

    Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit :

    « La paix soit avec vous ! »

    Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit.

    Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. »

    Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds.

    Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement.

    Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? »

    Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux.

    Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : “Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes.” »

    Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit :

    « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. »

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

     * La paix soit avec vous

    Commentaire 4 a :

    L’Évangéliste Luc ne raconte qu’une seule apparition de Jésus ressuscité à ses apôtres mais il a rassemblé dans cet unique récit le sens et la portée des manifestations pascales.

    L’accent est d’abord mis sur l’initiative de Jésus. C’est lui qui se donne à voir alors que les disciples n’attendaient rien. Pour eux, tout était fini.

    La réaction des disciples à la vue de Jésus va dans le même sens. Il ne s’agit pas d’autosuggestion. La surprise est totale : ils croyaient voir un esprit.

    Les disciples ne pouvaient pas imaginer la nouveauté radicale dont ils deviennent les témoins : Jésus n’est pas revenu en arrière comme si la mort ne l’avait pas atteint. La présence du ressuscité est d’un autre ordre.

    Mais en même temps, si le ressuscité est dans son humanité même transfiguré, glorifié, transformé, il est pourtant ce même Jésus avec toute sa personne. Il n’est ni un esprit ni un ange. S’il montre à ses disciples ses mains et ses pieds, c’est qu’ils portent la marque des clous. Le ressuscité est bien le crucifié. La Passion n’est pas effacée par la résurrection. Jésus est à jamais le Messie crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païens comme le dit saint Paul.

    Que la résurrection concerne la totalité de la personne de Jésus et pas seulement son âme est clairement signifié par le fait que Jésus se propose de manger devant ses disciples.

    La Passion et la Résurrection de Jésus sont à comprendre à la lumière des Écritures : l’amour de Dieu pour les hommes, sa fidélité malgré leurs infidélités se trouvent portés à leur perfection dans la mort et la résurrection de Jésus. Celui-ci ne s’est pas contenté de commenter les Écritures à la manière des scribes, il les a mises en œuvre, réalisée et portées à leur perfection.

    Cette bonne nouvelle est destinée à tous les hommes. Les disciples en seront les témoins.

    Commentaires du Père François Brossier – Diocèse de Blois

     * La paix soit avec vous

    Commentaire 4 b :

    La phrase qui est au coeur de ce texte nous parle d'accomplissement : « Il fallait que s'accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse, les prophètes et les psaumes. » Le thème de l'accomplissement court dans toute la Bible. On pourrait comparer Dieu à un artiste qui a conçu une œuvre d'art. […] 

    Le dessein bienveillant de Dieu qui se réalise dès « avant la fondation du monde », est bien plus grandiose qu'une œuvre d'art, si belle soit-elle ! Et on peut lire tout au long de la Bible, l'histoire de ce projet en marche : la longue patience de Dieu à travers le temps, les étapes et les débuts de réalisation, les échecs et les recommencements, les collaborations. Dire que le dessein bienveillant de Dieu s'accomplit dans l'Histoire des Hommes, c'est dire que l'Histoire de l'Humanité a un «SENS», c'est-à-dire à la fois une « signification » et une « direction ». C'est un article de notre foi. Ce qui veut dire que nous n'avons jamais le droit de céder à la morosité ambiante ! Les croyants sont tournés vers l'avenir (l'à-venir) et non vers le passé ! Dans le Notre Père, ils disent : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », en d'autres termes, « que s'accomplisse ton projet ».

    Dieu cherche des partenaires pour son projet : la Bible nous dit que, depuis toujours Dieu propose à l'humanité de collaborer à son grand projet : il y a eu Adam, Noé, Abraham... et le choix du peuple d'Israël pour être le partenaire de Dieu au service de l'humanité tout entière. Ce choix de Dieu qu'on appelle l'élection d'Israël reste valable encore aujourd'hui : cette Alliance proposée à Israël n'a jamais été dénoncée par Dieu ! Israël est encore le peuple élu, car « Dieu ne peut se renier lui-même » (2 Tm 2, 13). Puis le Christ a pris chair au sein de ce peuple élu, et enfin, il a transmis la mission à tous ceux qui veulent bien entrer dans son Église. « Comme le Père m'a envoyé, moi aussi, je vous envoie », dit-il dans l'Évangile de Jean (Jn 20, 21).

    Bien sûr, à force de parler de projet de Dieu, on peut se demander ce que devient notre Liberté. Or, l'une des découvertes d'Israël, c'est que Dieu ne tire pas toutes les ficelles, l'homme a une responsabilité dans son histoire. Il n'y a pas un scénario écrit d'avance. Au contraire, Dieu respecte la liberté de l'homme. Et, d'après saint Pierre, c'est justement parce que Dieu respecte la liberté de l'homme que le projet n'avance pas plus vite ! « Le Seigneur ne tarde pas à accomplir sa promesse, alors que certains prétendent qu'il a du retard, mais il fait preuve de patience envers vous, ne voulant pas que quelques-uns périssent mais que tous parviennent à la conversion. » (2 P 3, 9). Quand les croyants relisent les Écritures, ils y déchiffrent cette longue patience de Dieu. Pierre dit encore : « Il y a une chose en tout cas, mes amis que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans et mille ans comme un jour » (2 P 3, 8).

    Quand le Christ dit à ses apôtres « Il fallait », il leur apprend justement à reconnaître sous la surface des jours et des millénaires la lente mais sûre maturation de l'humanité nouvelle qui sera un jour réunie en lui. C'est cela « l'intelligence des Écritures ». Non pas « c'était écrit, programmé », mais c'est dans la ligne de l'œuvre de Dieu. Alors, pour les disciples, tout est devenu lumineux : bien sûr, le Dieu d'amour et de pardon ne pouvait qu'aller jusqu'au bout de l'amour et du pardon. Bien sûr, l'Alliance d'amour parfaite entre Dieu et l'humanité ne pouvait être scellée que dans l'homme-Dieu, celui qui est l'amour même. Bien sûr, pour nous entraîner au-delà de la mort, dans la lumière de la Résurrection, il fallait qu'il traverse lui-même la mort. Bien sûr, pour nous apprendre à surmonter la haine avec la seule force de l'amour, il fallait qu'il affronte lui-même la haine et la dérision. Bien sûr, pour inaugurer l'humanité qui connaît le Père, il fallait qu'il vienne nous révéler le vrai visage de Dieu sur un visage d'homme : « Qui m'a vu a vu le Père » ; ce « il fallait », Jésus lui-même l'a expliqué à Pilate au cours de la Passion (Jn 18, 37) : « Je suis né, je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité... »

    Complément :

    Notre mission de collaboration au projet de Dieu, c'est d'annoncer à notre tour (et de vivre le mieux possible) le dessein bienveillant de Dieu. C'est ce que Paul appelle « achever dans notre chair ce qui manque à l'œuvre du Christ ». « Achever dans notre chair » voulant dire tout simplement mettre notre vie quotidienne au service de ce grand projet. […]

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

     * La paix soit avec vous

    Homélie : « À vous d'en être témoins »

    C’est la Résurrection de Jésus qui illumine encore notre rassemblement de ce matin. Elle est le fil conducteur de ce temps de Pâques. Ce mystère au cœur de notre foi est un événement incroyable, un événement fondateur. Les témoins nous le racontent. Mais la Résurrection de Jésus est aussi remplie de fruits de toutes sortes qu’on n’a pas fini de découvrir. Ce matin, l’Évangile nous permet d’en goûter trois en particulier.

    I – Une présence dans la vie ordinaire

    Le premier fruit qui nous est montré dans l’Évangile d’aujourd’hui est celui de pouvoir partager autour de soi sa rencontre de Jésus-Christ. Cela se voit dans l’attitude des deux disciples d’Emmaüs qui ont croisé Jésus sur leur chemin sans le reconnaître d’abord, puis qui furent gagnés, par la suite, par ses paroles et ses gestes : partage de l’Écriture et partage du Pain. Tout brulants, ils le rencontrent dans la foi.

    C’est cette foi en Lui qu’ils viennent partager avec les autres disciples. Ils racontent cette rencontre inouïe. Les mots leur manquent, et pourtant ils l’affirment avec assurance que Jésus était là bien vivant cheminant avec eux et partageant le pain rompu.

    Cette foi n’est pas une foi commandée. C’est Jésus qui s’est révélé à eux. Il a fait irruption dans leur vie. Ils le disent simplement aux autres disciples. Vous voyez ici un témoignage au ras de la vie ordinaire. Ils retournent d’où ils sont venus. Ils revoient leurs proches et ils leur partagent leur rencontre.

    N’est-ce pas une mission qui est accessible à chacune et à chacun de nous : dans nos milieux de travail, dans nos familles, dans les engagements de toutes sortes, dans les loisirs ?

    Pourquoi, lorsqu’une occasion se présente dans la vie de chaque jour, ne pas dire ce qui nous fait vivre comme les disciples d’Emmaüs, car nous aussi nous rencontrons le Seigneur Ressuscité dans les sacrements, dans l’eucharistie, dans la prière, dans le service ?

    Pourquoi ne pas le nommer à ceux et à celles que nous côtoyons au jour le jour ? C’est à la portée de tous et de toutes. On pense qu’il faut être inspiré ou qu’il faut avoir une situation spéciale comme celle des prêtres ou des évêques pour parler de Jésus, mais nous, comme les disciples d’Emmaüs, nous l’avons rencontré dans notre vie à diverses occasions et il est bon de le faire connaître autour de nous sans fanfaronnade et sans peur, simplement comme nous l’expérimentons.

    II – Le Ressuscité est là : une présence à nulle autre pareille

    Dans la deuxième partie de l’Évangile, saint Luc revient sur la présence de Jésus qui se manifeste aux disciples. C’est le deuxième fruit de la Résurrection : une présence à nulle autre pareille. Jésus arrive à l’improviste, au moment où les disciples ne s’y attendaient pas : « Il fut présent au milieu d’eux ». C’est souvent comme cela dans notre vie. Il est là. Son souhait retentit : « La paix soit avec vous ! ». Il s’agit d’une présence qui n’est pas destinée à inquiéter ou à écraser.

    C’est pourquoi, ici saint Luc insiste – peut-être trop même – pour nous en convaincre : Jésus se laisse toucher, regarder. Il montre ses mains et ses pieds. Il en rajoute en mangeant un poisson devant le disciples. Ces détails s’adressent à nous, mais surtout à ceux et celles qui sont tentés de voir Jésus Ressuscité comme une autre personne que celle qui est morte sur la Croix.

    Saint Luc est très clair là-dessus, Jésus Ressuscité est bien le même qui a souffert sur la croix et qui y est mort. C’est ce que les disciples ont compris très tôt. C’est ce qu’ils ont annoncé comme nous le dit le texte des Actes des Apôtres que nous avons lu. À ses auditeurs juifs, Pierre proclame : « Vous avez tué le Prince la vie, lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts nous en sommes témoins. D'ailleurs, frères je sais bien que vous avec agi dans l’ignorance, vous et vos chefs. Mais Dieu a ainsi accompli ce qu’’il avait d’avance annoncé par la voix de tous les prophètes que le Christ, son Messie, souffrirait ».

    La suite de cette annonce que font les disciples ( qu’on appelle le « kérygme » ) est interpellante pour eux et pour nous encore aujourd’hui : « Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu pour que vos péchés soient effacés ».

    III – Témoins de la Parole

    Le troisième fruit de la Résurrection de Jésus est lié à l’écoute de la Parole de Dieu pour en être des témoins.

    À la fin de l’Évangile lu, Jésus, avant d’envoyer ses disciples comme témoins, leur enjoint de se laisser pénétrer de la Parole de Dieu. Il le fait lui-même avec eux : «Alors, il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures»  écrit saint Luc. Puis, il rappelle en quelque mots l’essentiel de son message (le « kérigme ») à savoir que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour et que la conversion serait proclamée en son nom pour le pardon des péchés à toutes les nations en commençant par Jérusalem. La Parole de Dieu n’a pas perdu sa force. Elle est toujours là pour nous comme pour les disciples auxquels Jésus s'adresse.

    « À vous d’en être témoins » conclut Jésus. Cette mission n’est pas réservée aux disciples qui ont rencontré Jésus après sa Résurrection. Elle s’est transmise à tous ceux et celles qui l’ont rencontré, comme vous et moi, dans la foi. Notre monde a besoin d’entendre une parole qui libère et qui lui donne espoir. Soyons convaincus que la rencontre de Jésus Ressuscité est possible pour ceux et celles qui en entendent parler. C’est en devenant témoins de Jésus Ressuscité que nous pouvons ouvrir de nouvelles avenues dans un monde écrasé par les guerres, les divisions et la corruption. Dans la Lettre de saint Jean que nous avons lue dans la deuxième lecture il est écrit : « Par son sacrifice, Jésus obtient la pardon de nos péchés, non seulement des nôtres, mais encore de ceux du monde entier ».

    Conclusion

    Que cette méditation qui nous a fait entrer dans la lumière de Jésus Ressuscité nous entraîne derrière Lui dans la vie de tous les jours. Que notre vie soit remplie de la lumière du Christ et que nous en soyons des témoins pour ceux et celles qui nous entourent.

    Notre foi en la Résurrection de Jésus n’est pas une fuite dans les nuages. Elle est, au contraire, une option pour la vie dès maintenant. Confortés et soutenus par sa présence, nous proclamons notre foi lorsque nous le célébrons dans le Pain et Vin partagés pour le salut du monde comme nous le faisons actuellement avec nos frères et sœurs chrétiens réunis aux quatre coins du monde en ce dimanche, jour de la Résurrection du Seigneur.

    Commentaires de Mgr Hermann Giguère P.H.

    Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval – Séminaire de Québec – Le 10 avril 2018

     * La paix soit avec vous

    Prières :

    1. Nous te prions, Seigneur, ouvre-nous à cette joie de l’Évangile. Que ta Parole soit notre nourriture et notre trésor chaque jour. A qui irions-nous, Seigneur, tu as les paroles de la Vie éternelle.

    Abbé Jean Compazieu

    2. Dieu, Père, pour l’Église qui existe par l'écoute de ta Parole, qu'elle soit toujours bien guidée par ton Esprit afin que le message de ton Fils, le Christ Ressuscité, parvienne aux 4 coins du monde.

    3. Seigneur Dieu, reçois toutes les demandes de tes enfants ainsi que celles murmurées au fond du cœur de chacun. Aide-nous à devenir les témoins vivants du Christ Ressuscité. Amen.

    Jardinier de Dieu – Prière universelle du 15 avril 2018

     * La paix soit avec vous

    Conclusion : Appelés pour témoigner

    Ce dimanche pourrait être appelé le “dimanche du témoignage”. Le Livre des Actes des apôtres (1ère lecture) nous rapporte le discours de Pierre : il y témoigne de ce qu’il a vu. Il vient de guérir un homme paralysé qui mendiait à la porte du temple. Il s’adresse à la foule stupéfaite à cause de ce qui vient de se passer. Il leur explique que ce n’est pas par ses propres forces qu’il a pu opérer cette guérison. C’est Jésus mort et ressuscité qui en est le principal acteur. Ce Jésus qu’ils ont renié est ressuscité. Pierre et ses amis en sont témoins. La première urgence c’est que chacun se convertisse et se tourne vers Dieu.

    C’est aussi cet appel que nous adresse saint Jean dans la 2ème lecture : « Je vous écris pour que vous évitiez le péché ». C’est donc un appel à ne pas nous détourner de l’amour de Dieu et de nos frères. « Mais si l’un de vous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père, Jésus le Juste ». Dans son Évangile, saint Jean rappelle que Jésus avait promis à ses apôtres de leur envoyer « un autre défenseur » (Jn 14, 16). Pourquoi un autre défenseur ? Parce que Jésus est notre premier défenseur auprès du Père, notre premier avocat. L’Esprit Saint est notre défenseur parce qu’il nous conduit à plénitude d’une telle vérité. Voilà une bonne nouvelle de la plus haute importance. Il nous faut tout faire pour qu’elle soit proclamée partout dans le monde. Le Christ ressuscité n’a jamais cessé de vouloir ramener tous les hommes à Dieu.

    L’Évangile nous montre comment Jésus rejoint les siens au moment où ils parlent de lui. C’est ce qui s’est passé avec les disciples d’Emmaüs. Saint Luc nous dit qu’après l’avoir reconnu à la fraction du pain, ils sont repartis à Jérusalem pour annoncer la bonne nouvelle aux disciples : c’est là que Jésus les rejoints. Il est là au milieu d’eux. Il se fait reconnaître. Non, ce n’est pas un esprit. Il est celui-là même qui a subit la Passion. Ses mains et ses pieds en gardent la trace. C’est bien le Crucifié qui est revenu à la vie. Il leur fait constater qu’il est vraiment ressuscité. Il est avec eux pour toujours.

    Cette rencontre extraordinaire a été un bouleversement pour les apôtres. Avec amour et patience, Jésus leur explique tout ce qui était écrit dans la loi de Moïse, les prophètes et les psaumes. Et c’est ce qu’il continue à faire le dimanche : quand nous nous rassemblons à l’église, il est là bien présent au milieu de nous. Il vient raviver notre foi. Il nous nourrit de sa Parole et de son Corps. Puis il nous envoie en mission pour témoigner de la foi qui nous anime. Ce qui nous est demandé, ce n’est pas de rester entre chrétiens à l’intérieur de l’Église. Notre témoignage doit rejoindre tous les hommes, en particulier ceux qui sont dans les quartiers « défavorisés », ceux qui ne connaissent pas le Christ, ceux qui n’ont pas célébré Pâques.

    Annoncer l’Évangile, ce n’est pas seulement proclamer des formules. Nous ne pouvons pas nous contenter de belles paroles. Jésus ne nous a pas envoyés pour cela. Le plus important c’est de tout faire pour que ces paroles se traduisent en actes dans nos vies. Il faut que nous soyons de plus en plus ajustés à cet amour qui est en Dieu. En y regardant de près, nous reconnaissons que nous sommes loin du compte. Mais le Seigneur n’a jamais cessé de nous aimer. S’il nous offre son pardon, c’est pour que nous puissions devenir de vrais témoins de la foi.

    Pour être de vrais messagers du Christ, nous avons besoin d’être complètement imprégnés et habités par sa présence. C’est SA lumière, SON amour que nous avons à communiquer au monde d’aujourd’hui. Si nous ne prenons pas le temps de l’accueillir dans notre vie, rien ne se passera. Nous serons comme le sel affadi qui n’est plus bon à rien. L’Évangile de ce dimanche nous rappelle que les disciples d’Emmaüs ont vécu deux moments importants : l’accueil de la Parole (Moïse et les prophètes), puis la Fraction du Pain (C’est le nom qui était donné à l’Eucharistie). C’est là que nous sommes invités à puiser en vue de la mission que le Seigneur nous confie.

    Lire les Écritures, prier les psaumes, prendre le temps d’approfondir sa foi, c’est entrer dans le plan de Dieu. C’est se préparer à recevoir le Christ. Dans certains pays, les chrétiens sont obligés de se cacher pour lire la Bible. À travers l’histoire, certains ont voulu la détruire en la brûlant, d’autres entraient dans les maisons pour la confisquer et la détruire. Mais dans sa fidélité Dieu veillait sur sa Parole de sorte que nous l’avons encore aujourd’hui ! Profitons de cette chance qui nous est offerte. Le pape François nous dit que « La joie de l’Évangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus. Ceux qui se laissent sauver par lui sont libérés du péché, de la tristesse, du vide intérieur, de l’isolement. Avec Jésus Christ la joie naît et renaît toujours ».

    Nous te prions, Seigneur, ouvre-nous à cette joie de l’Évangile. Que ta Parole soit notre nourriture et notre trésor chaque jour. A qui irions-nous, Seigneur, tu as les paroles de la Vie éternelle.

    Abbé Jean Compazieu – Le 11 avril 2021

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

     * La paix soit avec vous

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS

    Garde à ton peuple sa joie, Seigneur Dieu, car tu renouvelles la jeunesse de son âme. Il se réjouit d’avoir retrouvé la gloire de l’adoption filiale : qu’il attente désormais le jour de la résurrection, dans la ferme espérance du bonheur que tu donnes.

    Références :

    http://www.gcatholic.org/calendar/2022/General-D-fr.htm

    https://www.catholique-blois.net/actualite/commentaires-evangile/annee-2021/3e-dimanche-de-paques-18-avril-2021

    https://www.aelf.org/2024-04-14/romain/messe

    http://laviedesparoisses.over-blog.com/article-3eme-dimanche-de-paques-devenir-temoins-103674513.html

    https://www.catholique-blois.net/actualite/commentaires-evangile/annee-2018/3eme-dimanche-de-pasues-15-avril-2018

    http://thierry-jallas.over-blog.com/article-commentaires-de-marie-noelle-thabut-annee-liturgique-b-3e-dimanche-de-paques-22-avril-2012-103543778.html

    https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-le-3e-dimanche-de-Paques-Annee-B-A-vous-d-en-etre-temoins_a827.html

    https://jardinierdedieu.fr/priere-universelle-3e-dimanche-de-paques.html#:~:text=Seigneur%20Dieu%2C%20re%C3%A7ois%20toutes%20les,Amen.

    https://dimancheprochain.org/9198-homelie-du-3eme-dimanche-de-paques-6/

    Magnificat du dimanche 14 avril 2024 page 170


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