• * Construire son temple intérieur

    Construire son temple intérieur

    Introduction

    • Comment faut-il comprendre ce mot « temple » dans notre univers templier ?
    • Quel est le sens de cette « construction » dans le contexte de la voie spirituelle que nous avons choisie ?
    • Je tenterai ensuite de vous révéler ma conception personnelle de la construction du Temple intérieur et de la manière dont je pense la faire progresser.

    Commençons par un double constat :

    1. Le Temple est omniprésent dans la vie de notre Ordre chevaleresque. Il en est un des arcanes majeurs et son symbolisme est évoqué lors de chacun de nos Chapitres, tant à l’Ouverture qu’à la Clôture de nos Travaux.
    2. Dans les trois religions abrahamiques, c’est-à-dire le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam, le Temple réalisé par Salomon tient une très large place.

    La première signification qu’il faut retenir fait évidemment référence à la légende mythique de la construction du Temple de Salomon, telle qu’elle est décrite dans les livres bibliques des Rois et des Chroniques. Selon la légende biblique, le Temple de Salomon est assimilé à la Jérusalem Céleste annoncée dans l’Apocalypse.

    Dérivé du latin templum, l’origine du mot « temple » est spécifiquement romaine. Ce mot désignait à l’origine le secteur du ciel délimité par l’augure romain à l’aide d’un bâton, dans lequel étaient observés soit des phénomènes naturels, soit le passage d’oiseaux. Plus tard, le mot templum a désigné le lieu ou l’édifice sacré où se pratiquait cette observation du ciel et a donné en français le mot « temple ».

    Le temple pour un Chevalier

    Le symbolisme qui se dégage des textes bibliques a marqué considérablement les constructeurs médiévaux : triangles, équerres, compas, dimensions et proportions, ainsi que les deux colonnes entrent dans la construction des cathédrales médiévales.

    Tout comme le Temple de Jérusalem, notre salle capitulaire doit s’étendre d’est en ouest. C’est un lieu symboliquement orienté, un centre du monde.

    Enceinte fermée sur l’espace profane, à l’abri des rumeurs de la ville, bénéficiant de la pénombre propre à la réflexion, éclairée par des luminaires aux flammes vivantes, cet îlot sensible est symboliquement étranger aux préoccupations du monde et du temps profane.

    Le temple tel que le conçoivent les Templiers possède toutes ces caractéristiques. Il peut être installé en n’importe quel lieu tout en étant sacré. Ce lieu est bien celui de la contemplation, comme le suggère le terme templum. En effet, faut-il le rappeler, le mot latin templum désigna tout d’abord un vaste espace découvert de toutes parts, d’où la vue pouvait observer attentivement tout le champ d’horizon alentour.

    Contempler, c’est viser le Ciel depuis le temple définissant le champ de la vision. Ainsi, l’idée de contemplation introduit celle de consécration. Le terme désigna en effet particulièrement le champ du ciel, l’espace du ciel découvert, où l’on peut observer le vol des oiseaux, pour l’interpréter. Sans doute l’idée du temple cosmique serait-elle à inscrire dans cette perspective ? Ainsi sacralisé, le mot templum a désigné finalement le sanctuaire, l’édifice sacré connu sous le nom de temple, lieu d’une Présence divine et de sa contemplation.

    Dans le contexte des bâtisseurs médiévaux, la salle capitulaire fut considérée, et l’est encore d’une certaine manière, comme un lieu éclairé et régulier où la Lumière divine peut se manifester à l’écart du monde extérieur et chaotique.

    Dieu lui-même n’est-il pas le temple des croyants ? Et réciproquement, les croyants ne sont-ils pas eux-mêmes le temple de Dieu ? C’est tout le motif de l’homme–temple, de la communauté–temple.

    Pour René Guénon, le temple est le lieu de manifestation de la présence réelle de la Divinité. Les passages de l’Ecriture où il en est question sont ceux où il s’agit de l’institution d’un centre spirituel : la construction du Tabernacle, l’édification des temples de Salomon et de Zorobabel. Un tel centre, constitué dans des conditions régulièrement définies, devait être en effet le lieu de la manifestation divine, toujours représentée comme Lumière.

    Le Temple de Salomon, depuis longtemps disparu, représente donc le prototype du Temple comme image du Centre suprême dont Jérusalem est, plus largement, l’une des projections majeures.

    Reconstruire le temple, c’est organiser harmonieusement l’humanité. Après la désacralisation c’est, à partir des principes traditionnels, restaurer l’homme dans sa dignité originelle en le faisant participer à une vie collective. Il y a alors régénération tant matérielle que spirituelle. Symboliquement, la destruction du Temple, la perte du Paradis, correspondent à notre entrée dans le monde matériel qui est exil et désacralisation. Or nous avons la nostalgie du Paradis : le Temple représente ce lieu sacré situé dans l’intemporel, dans le vaste espace d’où nous pouvons tout observer, tout ressentir, à la jonction de la terre et du ciel.

    Comment pouvons-nous envisager notre participation à la construction du Temple ?

    Le Temple achevé concrètement est sans doute celui du monde accompli. Mais nous pouvons espérer davantage : rêvons à ce Temple que nous portons en nous et qui ne peut être achevé.

    Mais, entre-temps, tout Chevalier de l’Ordre du Temple de Jérusalem doit participer activement à la construction du temple : tâche spirituelle infinie, écrasante, puisque c’est rechercher le véritable centre de l’union. Le temple du Chevalier Templier s’étend de l’Orient à l’Occident, du Septentrion au Midi, du Nadir au Zénith, ce dont il est déduit que l’Ordre du Temple est universel.

    Cette notion d’universalité ne doit pas être confondue avec l’idée d’une expansion mondiale de l’Ordre ni avec celle de son rayonnement. La référence à l’image de la croix montre davantage en quel sens la Salle capitulaire se déploie dans l’espace suivant les axes et les directions fondamentales qui, à l’échelle du cosmos, procèdent du Point géométrique originel. Ce dernier, que Dante identifie à Dieu lui-même, est donc le centre à l’intérieur duquel notre Chapitre se constitue.

    Ce temple infini et indéfini, qui embrasse l’univers est cependant clos et couvert. C’est un temple qui jamais ne pourra se terminer mais qu’il faut cependant construire un peu plus chaque jour.

    Malgré le fait qu’il s’inscrive dans un espace concret, notre Chapitre n’a en effet de sens que par la rencontre des individualités qui le composent et qui forment une communauté – temple. Etre homme – temple, c’est être soi-même espace de contemplation, et partant, espace consacré.

    Bien qu’elle possède des affinités avec le Temple de Jérusalem, le Chapitre est plutôt une image de l’Homme–Temple virtuellement incarné par les Chevaliers eux-mêmes lorsqu’ils se rassemblent. Mais que viennent-ils faire en Commanderie ?

    Quelle est la raison d’être d’un Chevalier dans sa Commanderie ?

    La Règle de Vie du Templier nous apporte réponse à cette question.

    Le Chevalier doit sans cesse rechercher la Lumière.

    Il doit avoir le sens du sacré dans le plus grand esprit de tolérance ; il aura le culte de l’honneur, mais méprisera les honneurs.

    Il doit tenir la dame en grand respect, pratiquer la charité plus en actes qu’en paroles ; être un instrument de paix, toujours et en tout lieu.

    Sa maison et sa table seront celles de ses Frères.

    Sa vie de tous les jours sera service, jusqu’au moindre de ses actes.

    Il doit considérer le bien de l’homme, ensuite l’affaire ; jamais le seul lucre ne le guidera.

    Il devra respecter la vie sous toutes ses formes car nul n’a le droit d’en disposer à sa guise.

    Demeure de la divinité, le Temple occupe donc une large place dans l’esprit de l’homme. Il appartient cependant à une période récente de notre vie et n’est matérialisé que lorsque commence la sédentarisation, lorsque la tribu, le peuple a commencé à se préoccuper de réaliser une demeure fixe.

    Bien que le Chevalier contemporain ne soit plus un défenseur des chrétiens sur le chemin des lieux de pèlerinage vers Jérusalem, il reste cependant l’héritier de l’esprit chevaleresque du Moyen Age, un  défenseur potentiel des lieux saints, un protecteur du Temple – symbolique – de Jérusalem.

    Sous toutes les latitudes, un temple représente un lieu de jonction entre le ciel et la terre. Projection du ciel sur la terre, le temple matérialise ce qui est invisible. Qu’il soit maya, égyptien, hindou ou gothique, le temple émerge des plans subtils et se manifeste sur un plan concret mais il est en parfaite correspondance avec l’homme.

    Tout temple, reflet de l’univers et du monde divin, est aussi conçu à notre image, selon nos proportions. Il reproduit la création du monde et se trouve donc lié à la cosmogonie, le système de formation de l’univers. Il devient la porte d’un autre monde. En quelque sorte image synthétique du macrocosme, le temple est aussi l’image du microcosme, car il est à la fois le Monde et l’Homme.

    En effet, par extension symbolique, le temple, c’est aussi l’Homme. Telle pourrait être une deuxième acception du terme. Lorsqu’il entre en Chevalerie, l’homme s’engage à construire son propre temple intérieur. Il peut également appliquer cette dynamique d’enrichissement profond à la société dans laquelle il vit. Il vise alors à améliorer celle-ci et nous pouvons alors parler de « Temple de la Fraternité ».

    Venons-en à la question essentielle !

    Comment pouvons-nous construire notre temple intérieur ?

    Dans notre Ordre traditionnel, régulier et de stricte observance, tout Novice est devenu symboliquement la pierre brute qu’il faut tailler pour qu’elle s’insère harmonieusement dans le temple extérieur que l’humanité est censée devenir et dans le temple intérieur qui demeure à construire en chaque homme avec toutes les pierres dont il doit reconnaître en lui-même la qualité et les défauts.

    La construction symbolique du Temple intérieur est en réalité l’unique objectif. Cette construction n’est jamais finie. Le Temple ne compte pas mais chaque Frère doit être conscient que, responsable de l’héritage initiatique qu’il a reçu, il doit le faire fructifier et le transmettre sans perdre de temps.

    L’enseignement traditionnel qui se rattache à l’étude du Temple n’est pas archéologiquement parfait mais il ne doit pas pour autant être censuré car c’est la nature de cet enseignement qui fait la Chevalerie d’aujourd’hui et dont nous avons héritée de nos prédécesseurs du Moyen Age.

    Pour moi, construire son temple intérieur, c’est vivre pleinement son Initiation au grade de Novice, remplir ses devoirs d’Écuyer puis de Chevalier. Etre Chevalier de l’Ordre du Temple est un privilège ; participer aux réunions – nos Chapitres – et  aux séminaires de sa commanderie est un devoir. Le mot « devoir » est une fois de plus prononcé !

    Au sein de l’Ordre du Temple de Jérusalem, en tant que Novices, Écuyers et Chevaliers, nous avons tous le droit de participer aux meilleurs chapitres possibles chaque fois que notre Commanderie ou notre Prieuré se réunit. En tant que Novices, Écuyers et Chevaliers, nous avons aussi droit à l’organisation de séminaires de qualité. Tout le reste n’est qu’une longue liste de devoirs.

    Je pense qu’un de nos premiers devoirs, c’est de méditer les enseignements de nos rituels afin d’y conformer notre conduite. C’est là notre devoir par excellence. Ce seul devoir comprend tous les autres. Mais quels sont-ils ?

    Rappelons-nous tout d’abord les prescriptions contenues dans l’obligation que nous avons prêtée comme Novice.

    Bien décidé à nous engager sous la bannière de l’Ordre Souverain et Militaire du Temple de Jérusalem, nous avons promis de taire aux profanes tout ce qui se dit ou se fait dans l’Ordre. Nous avons promis de chercher la Vérité sans désemparer ; de vouloir la justice et l’équité ; d’aimer et de venir en aide à nos Frères et Sœurs ; de nous soumettre entièrement aux constitutions de notre Ordre et obéissance à ses représentants.

    Et nous savons, depuis notre prestation de serment, que dans l’Ordre du Temple, tout engagement est sacré. Nous nous sommes engagés à respecter toutes les promesses formulées au cours de la cérémonie de notre Réception et nous nous sommes engagés solennellement sur l’Évangile de Jean et le Sceau du Temple, devant Dieu et devant l’assemblée présente. Nous avons même invoqué l’Éternel afin qu’Il nous vienne en aide pour accomplir toutes nos promesses tout au long de notre vie !

    Nos Frères Novices n’ont-ils pas des devoirs spécifiques ?

    Certes ! Les principaux et très nombreux devoirs des Frères Novices sont pour moi les suivants :

    • Etre sincère.

    La sincérité qui nous est demandée implicitement à nous montrer tels que nous sommes, est une des conditions primordiales qui rendront valable ou non notre Initiation.

    • Etre discret.

    La discrétion implique un devoir de réserve et de silence mais surtout de ne pas dévoiler nos Frères, de ne pas révéler les détails de nos rituels et encore moins le caractère sacré de nos Chapitres.

    • Pratiquer la tolérance.

    Ne cherchons pas à imposer notre manière de voir mais amenons les autres à découvrir ce que nous avons trouvé nous-mêmes. Pensons et faisons penser.

    • Etre à la recherche du Vrai.

    En conséquence, si nous voulons tirer le meilleur profit du symbolisme, il me semble que nous devrions collectionner des réponses et les comparer car c’est la comparaison qui nous permet de construire du sens.

    • Etre assidu.

    On fait souvent de l’assiduité une obligation. Mieux, c’est une discipline, tout comme notre mise à l’ordre et nos prises de parole. L’assiduité, c’est notre présence régulière aux Chapitres comme aux séminaires. Elle est primordiale car, pour progresser, il me paraît indispensable de suivre un rythme de travail et de rencontres. Sans assiduité, le travail à opérer sur soi-même me semble difficile car il implique le concours et l’aide de nos Frères et Sœurs.

    Le travail en Chapitre réuni dans la Salle capitulaire, c’est l’intériorisation des pratiques, des actes accomplis en Chapitre ; c’est la méditation sur les symboles et le rituel.

    Le « travail » ainsi annoncé est en réalité cette transformation qui s’accomplit en chacun d’entre nous par la recherche de l’équilibre entre l’individu et le groupe que constitue la Commanderie.

    Le travail symbolique a une grande importance, sans doute, mais il ne serait qu’une lettre morte s’il n’avait pas pour effet de faire travailler l’esprit des Templiers en dehors de leurs réunions périodiques. Le travail, tel que nous le concevons au sein de l’Ordre du Temple, est en fait l’activité de l’homme en soi, la conquête de son identité, la maîtrise de ses passions, la reconnaissance de ses faiblesses et de ses vertus.

    • Participer aux travaux opératifs.

    La participation aux travaux opératifs est une phase très importante dans le parcours du Templier. Elle rappelle les conditions des Novices dans le contexte de l’Ordre du Temple au Moyen Age. Elle contribue grandement à l’apprentissage de l’humilité et à la concrétisation de la fraternité.

    • Pratiquer la bienfaisance et être bienveillant.

    Tous, nous pouvons être utiles les uns aux autres. Chacun a besoin de tous. Il me semble que celui qui refuserait de secourir son semblable s’exclurait lui-même de la communion des Initiés par ce seul fait.

    • Réagir, devenir homme « libre ».

    L’homme libre est l’idéal du moi proposé par la voie « initiatique ». Celle-ci associe l’introspection à la pédagogie. Elle conduit en principe à une transformation de l’être. Pour y parvenir, celui qui s’engage dans cette voie pratique le symbolisme. Et pratiquer le symbolisme est aussi un de nos devoirs. C’est regarder tout ce qui existe comme une grande écriture chiffrée. C’est penser la pensée et parler du langage.

    • Etudier les symboles.

    L’enjeu de l’approche du symbole est l’éveil de facultés endormies justement par l’apprentissage de la conformité dans le monde profane.

    • Rechercher la Vérité.

    La recherche de la Vérité implique une remise en question régulière de ce qui semble acquis, une interrogation sur le processus de la pensée, une révision des outils de la pensée.

    • Tirer profit de la taille de la pierre brute.

    Pour tirer profit de la taille de la Pierre brute, il nous faut adopter un comportement à la fois critique et bienveillant. En quelque circonstance que ce soit, un Templier se doit à lui-même de ne pratiquer que la tolérance, de ne priser que la vertu et de ne respecter que l’intelligence et le talent.

    Tels sont les devoirs rigoureux que nous devrions assumer vis-à-vis de nous-mêmes pour nous rendre dignes de la confiance que nos Frères ont mise en nous… pour finalement, découvrir le sens de notre Réception dans l’Ordre du Temple, le sens de notre Initiation.

    Ce n’est qu’à la faveur du long silence qui nous est suggéré tout au long de notre apprentissage que nous pourrons faire cet indispensable retour sur nous-mêmes qui nous affranchira définitivement de l’influence pernicieuse de notre existence antérieure et nous fera découvrir, en même temps, que la Lumière que nous sommes venus chercher dans le Temple se trouve déjà en nous.

    De nos jours, le but de la profession spirituelle de l’Écuyer est de lui permettre de faire le point sur les fondements personnels de son parcours initiatique et sur la démarche spirituelle qu’il souhaite poursuivre au sein de notre Ordre. La tâche de l’Écuyer est de se préparer spirituellement pour un évènement très important : celui de son armement en tant que Chevalier de l’Ordre du Temple. C’est par un long travail de réflexion qu’il s’y préparera.

    Il ne s’agit pas d’une simple démarche administrative, mais d’un travail longuement mûri dont l’aboutissement sera l’apparition des motivations de cette noble quête, en révélant de manière intrinsèque la voie empruntée.

    Quels sont les devoirs des Écuyers ?

    Tout au long de ce temps de préparation, il lui faut aussi concevoir et soumettre son projet strictement personnel comportant ses armes, sa devise et son nom « in ordine » qui lui appartiendront et qui le désigneront à partir du moment où il deviendra Chevalier de l’Ordre du Temple.

    Comme je l’ai mis en évidence pour les Novices et tout membre de l’Ordre du Temple qui se respecte, il me semble que les Écuyers ont des devoirs encore plus importants : l’assiduité et la ponctualité, le travail, la tolérance, le silence, la domination de soi-même, le devoir d’étudier l’héraldisme, de constituer ses armes (réaliser son blason), de se choisir un nom et une devise.

    A propos de silence, dans notre salle capitulaire, les Écuyers ont le droit de parler, pour s’exercer à l’expression juste et à l’échange courtois, tout en poursuivant le silence intérieur. Mais la parole est si précieuse qu’il vaut mieux ne pas la gaspiller ! Le silence de l’Écuyer est une nécessité pour assurer la confiance que l’on peut avoir en lui.

    Quels sont enfin les devoirs des Chevaliers ?

    Rappelons-nous tout d’abord que la Chevalerie templière est une forme de pensée orientée par une certaine tradition dont le but premier est l’élévation de la conscience vers une spiritualité toujours plus grande et dont l’option fondamentale est le respect de la personne humaine.

    Lors de son Armement, le Chevalier  déclare sur l’honneur qu’il n’appartient à aucun autre Ordre chevaleresque si ce n’est à titre purement honorifique et non actif.

    Il s’engage à ne participer à aucun schisme, dissidence ou cabale au sein du Grand Prieuré de Belgique des Chevaliers Templiers et de la Commanderie à laquelle il s’est affilié, pour le présent et l’avenir. Il promet obéissance au Grand Prieur, chef suprême du Prieuré, et à ses supérieurs hiérarchiques pour tout ce qui concerne le Prieuré.

    Il s’engage à n’adhérer à aucune organisation se qualifiant de templière autre que le Grand Prieuré de Belgique et les Commanderies régulières qui le composent. Il déclare enfin ne pas ignorer que tout manquement entraînerait des sanctions à son égard y compris, éventuellement, son exclusion de l’Ordre et de notre association.

    Celui qui devient Chevalier se souviendra toujours qu’il a pour obligation de s’insérer dans le plan divin, conçu pour l’homme par le Créateur, en suivant la loi morale des dix commandements et surtout la Loi d’Amour révélée par le Christ, tout premier Grand Maître du Temple. Le Chevalier aura, de plus, une sincère dévotion envers Notre Dame, la Vierge Marie, mère du Christ, ainsi nommée par saint Bernard de Clairvaux, père spirituel de l’Ordre.

    Le Chevalier contracte l’engagement de travailler, surtout pour autrui. Il doit en effet apporter aux Novices et aux Écuyers la lumière indispensable à l’accomplissement de leur tâche.

    Ce n’est donc pas pour nous reposer sur nos lauriers que nous atteignons le grade de Chevalier, encore moins pour nous pavaner dans notre manteau blanc orné de la croix templière !!! A nous de redoubler d’efforts constants afin que rien de ce qui concerne l’Amour divin ne reste obscur pour nous.

    Donnons en permanence l’exemple à suivre car nous sommes tous au service de notre Commanderie, surtout lorsque nous devons y exercer une fonction d’Officier Dignitaire. Mais lorsque nous n’avons aucune fonction particulière à remplir, ce qui est fort rare, soyons toujours à l’écoute de nos Frères et Sœurs, qu’ils soient Novices, Écuyers, Chevaliers ou Dames du Temple.

    Car nous ne sommes tous là que pour travailler, sur nous-mêmes en priorité, pour le bien de notre Commanderie et du Grand Prieuré de Belgique et le développement de notre Ordre, dans la Tradition, la Régularité et la Stricte Observance.

    Plus que quiconque, nous devons être assidus. Mais notre assiduité doit être désirée : c’est une assiduité de conviction. Enfin, outre les devoirs antérieurs du Novice et de l’Écuyer que nous faisons nôtres, nous avons de surcroît le devoir d’être vigilant au recrutement et celui de transmettre aux plus jeunes les éléments de LA Tradition et des traditions templières.

    Comment un Chevalier peut-il construire son temple intérieur ?

    Le rituel d’Ouverture de nos Travaux nous invite à construire tous ensemble notre Temple symbolique !

    Le respect de la personnalité humaine constitue les fondations de notre Temple sur lesquelles nous dressons quatre colonnes : bonté, générosité, compréhension et tolérance.

    Sur ces quatre colonnes, nous posons deux frontons : charité et fraternité, sur lesquels nous plaçons une toiture à deux versants : conviction et prise de conscience.

    Puissions-nous donc respecter toutes les personnalités humaines ! Agissons avec bonté, générosité compréhension et tolérance ! Pratiquons la charité et la fraternité. Agissons avec conviction et prenons conscience car l’objectif initiatique de notre Ordre est précisément l’élévation de la conscience !

    Et lorsque nos travaux se terminent, un quadruple souhait est formulé à notre intention à tous : celui que nos assemblées soient de plus en plus affermies par l’union et notre volonté d’être utiles à nos semblables ; qu’elles soient à jamais un séjour de paix et de vertu si forte que rien ne puisse jamais les ébranler ; que chaque jour nous apportions notre contribution à la construction du Temple ; et enfin que les actes que nous poserons dans les jours à venir soient empreints de bonté, de générosité, de compréhension et de tolérance. Agissons donc avec fraternité et charité afin que notre conviction et notre prise de conscience entraînent celles de nos Frères afin que vive la Chevalerie !

    Pour conclure, du moins provisoirement…

    Pour conclure ce parchemin, du moins provisoirement mais de manière très personnelle… je me dis que, si la Lumière luit effectivement dans les Ténèbres, comme nous le dit saint Jean dans le Prologue de son Évangile, cette Lumière est aussi présente en nous, dans notre cœur.

    L’esprit du Temple, c’est d’abord en soi-même la construction du Temple, celui de la lumière et de l’esprit qui est toujours attaqué par les fils des Ténèbres. C’est un combat incessant car il n’y a pas de valeur acquise dans la voie du Temple.

    Ne pourrions-nous pas penser que dans tout homme luit une parcelle de Lumière, une étincelle de divinité qu’il nous faut protéger ? A nous d’entretenir cette flamme, de protéger cette petite étincelle divine !

    Dès lors notre devoir de Templier ne consiste-t-il pas à rayonner dans le monde profane, à poursuivre l’œuvre toujours inachevée du Créateur de l’Univers ? N’est-ce pas cela, finalement, construire son propre Temple intérieur ?

    Frère André B. Grand Chancelier Prieural


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