• * Fondement de l’Ordre

    220520 – En Chapitre de Commanderie

    Un exposé de notre Frère Visiteur prieural à la Commanderie de Saint-Léger :

     Fondement de l’Ordre des Chevaliers du Temple 

    A propos des Templiers

    Légendes autour de l’Ordre du Temple

    Il est nécessaire de commencer ce parchemin par un avertissement à nos fidèles lecteurs : les légendes diverses et variées nées autour de l’Ordre du Temple sont apparues après sa dissolution et n’ont pas de rapport avec l’histoire de l’Ordre, mais avec l’histoire des mythes. La confusion des deux pose un problème.

    La bibliographie relative à l’histoire du Temple est surabondante mais scientifiquement douteuse.

    N’oublions pas que les Templiers sont morts et qu’il est facile aujourd’hui de leur attribuer tout et n’importe quoi. Aussi est-il nécessaire d’aborder l’approfondissement de la connaissance de l’Ordre du Temple avec rigueur et en faisant une sélection stricte des ouvrages et de tout support documentaire.

     

    La Première Croisade (1096-1099)

    Nous sommes en 1095, à Clermont-Ferrand en Auvergne, après neuf jours de Concile, qui porte sur la réforme (que les historiens appellent la réforme grégorienne). Le pape Urbain II, s’adresse aux « puissants », détenteurs du pouvoir et des richesses, et à ceux qui les servent en armes, les chevaliers.

    Il leur demande de secourir l’Empire byzantin, assiégé par les Turcs.

    Ce pape-là va plus loin : il exhorte à secourir les chrétiens orientaux, à libérer Jérusalem, la Ville sainte aux mains des musulmans depuis 638. En s’engageant dans ce pèlerinage  guerrier, il promet aux chevaliers, mettant leurs armes au service d’une « cause juste », qu’ils gagneront leur salut « l’heure même », c’est-à-dire le statut de martyrs.

     

    Les prémices de l’Ordre du Temple

    Godefroy de Bouillon refusa le titre et la place de Roi de Jérusalem. Il mit en place l’Ordre des Chanoines du Saint-Sépulcre pour aider à toutes les tâches du Patriarche de Jérusalem et dont un certain nombre d’hommes d’arme issus de la croisade se mirent alors à son service.

    D’autres ordres se mirent en place comme celui des chevaliers de Saint-Pierre créé en occident pour protéger les abbayes et les églises.

    L’Ordre de l’Hôpital est reconnu en 1113, pour s’occuper des pèlerins.

    L’idée naquit de créer une milice du Christ (Militia Christi) qui avait pour mission de protéger la communauté de Chanoines du Saint-Sépulcre, et les pèlerins sur les chemins de la Terre Sainte.

    Les Chanoines s’occupaient des affaires liturgiques, l’Ordre de l’Hôpital des fonctions charitables et la milice du Christ de la fonction purement militaire (la protection des pèlerins).

    Il est fort à penser qu’Hugues de Payns intégra cette institution (Milice du Christ).

    La fondation de l’Ordre du Temple

    La naissance

    C’est vers 1118 (date conventionnellement retenue) que naquit, sous l’impulsion d’Hugues de Payns et Geoffroy de St-Omer, la milice des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon (En latin : pauperes commilitones Christi Templique Solomonici), qui avait pour mission de sécuriser le voyage des pèlerins affluant d’Occident depuis la reconquête de Jérusalem.

    Dans un premier temps, de Payns et de Saint-Omer se concentrèrent sur le défilé d’Athlit, un endroit particulièrement dangereux sur la route empruntée par les pèlerins. Par la suite, l’une des plus grandes places fortes templières en Terre Sainte fut construite à cet endroit : le Château Pèlerin.

    Le nouvel ordre ainsi créé ne pouvait survivre qu’avec l’appui de personnes influentes. Hugues de Payns réussit à convaincre le roi de Jérusalem Baudoin II de l’utilité d’une telle milice, chose assez aisée au vu de l’insécurité régnant dans la région à cette époque.

    Les chevaliers prononcèrent les trois vœux : de pauvreté, de chasteté et d’obéissance. Ils reçurent du patriarche Gormond de Picquigny la mission de « garder voies et chemins contre les brigands, pour le salut des pèlerins » (« ut vias et itinera, ad salutem peregrinorum contra latronum ») pour la rémission de leurs péchés.

    Le roi Baudoin II leur octroya une partie de son palais de Jérusalem, à l’emplacement du Temple de Salomon, qui donna par la suite le nom de « Templiers » ou de « Chevaliers du Temple ».

    Voici donc la liste de ces chevaliers, précurseurs ou « fondateurs » de l’Ordre :

    * Hugues de Payns 
    * Geoffroy de Saint-Omer 
    * André de Montbard 
    * Payen de Montdidier 
    * Geoffroy Bissol 
    * Archambault de Saint-Aignan (ou de Saint-Amand)
    * Hugues Rigaud 
    * Rossal
    * Gondemare

    Dans l’espoir d’obtenir une reconnaissance au-delà de la Terre Sainte, Hugues de Payns et cinq autres chevaliers en 1127, allait porter un message en Occident destiné au pape Honorius II et au moine Bernard de Clairvaux.

    La tournée débutera en Anjou, passa ensuite par le Poitou, la Normandie, l’Angleterre (ou ils reçurent de nombreux dons), la Flandre et enfin la Champagne.

    Fort du soutien du roi Baudoin de Jérusalem, Hugues de Payns avait les trois objectifs suivants :

    • faire reconnaître l’Ordre par l’Église et lui donner une règle : rattachés aux chanoines du Saint-Sépulcre, les chevaliers suivaient comme eux la règle de Saint-Augustin ;
    • donner une légitimité à l’action des Templiers puisque la dénomination de moine-chevalier, un amalgame d’une nouveauté absolue, pouvait être en contradiction avec les règles de l’Église et de la société en général ;
    • recruter de nouveaux chevaliers et obtenir des dons qui feraient vivre l’Ordre en Terre Sainte.

     

    Le concile de Troyes (13 janvier 1129)

    Arrivant à la fin de sa tournée en Occident et après avoir porté le message du roi de Jérusalem à Bernard de Clairvaux afin qu’il aide les Templiers à obtenir l’accord et le soutien du pape, Hugues de Payns participa au concile de Troyes (ainsi nommé parce qu’il s’est déroulé dans la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Troyes). Le 13 janvier 1129, le concile s’ouvrit en présence de nombreuses personnalités religieuses.

    En plus des religieux, se trouvaient des personnages laïcs.

    Le concile mena à la création d’une règle propre à l’Ordre du Temple, laquelle fut de forte inspiration cistercienne (présence de saint Bernard et d’Étienne Harding, fondateur de Cîteaux), en contradiction avec les Clunisiens qui suivaient la règle de Saint-Benoît. Une fois la règle adoptée, elle devait encore être soumise à Étienne de Chartres, patriarche de Jérusalem.

     

    Règle et statuts de l’Ordre du Temple

    Avant la fondation de l’Ordre du Temple, les Pauvres Chevaliers du Christ, futurs Templiers, vivaient à Jérusalem sous la coupe des chanoines de l’Ordre du Saint-Sépulcre. Ces chanoines respectaient la règle de Saint-Augustin.

    La règle de l’Ordre du Temple faisait quelques emprunts à la règle de Saint-Augustin mais s’inspirait en majeure partie de la règle de Saint-Benoît suivie par les moines bénédictins. Elle fut également adaptée au genre de vie active, principalement militaire, que menaient les frères Templiers. Par exemple, les jeûnes étaient moins sévères que pour les moines bénédictins, de manière à ne pas affaiblir les Templiers appelés à combattre. Par ailleurs, la règle était adaptée à la bipolarité de l’Ordre, ainsi certains articles concernaient aussi bien la vie en Occident (conventuelle) que la vie en Orient (militaire).

    • La règle primitive (ou latine car écrite en latin), écrite en 1128, fut annexée au procès-verbal du concile de Troyes en 1129. Elle contenait soixante-douze articles.
    • Vers 1138, sous la maîtrise de Robert de Craon, deuxième maître de l’Ordre du Temple (1136-1149), la règle primitive fut traduite en français et modifiée.
    • Par la suite, à différentes dates, la règle fut étoffée par l’ajout de six cent neuf retraits ou articles statutaires, notamment à propos de la hiérarchie et de la justice au sein de l’Ordre.

     

    La reconnaissance

    Pour exister pleinement, un ordre monastique a besoin de la reconnaissance du pape. Pour l’accorder, le souverain pontife se base sur une règle, un nom et un habit. Après le concile de Troyes, où l’idée d’une règle propre à l’Ordre du Temple a été acceptée, la tâche de la rédiger fut confiée à Bernard de Clairvaux, qui lui-même la fit écrire par un clerc, Jean Michel (Jehan Michiel), sur des propositions faites par Hugues de Payns.

    On peut donc affirmer que l’Ordre du Temple naquit officiellement le 13 janvier 1129, suite à l’approbation du concile. Son développement s’effectua en plusieurs étapes.

    1°) l’ordre naîtra de l’engouement de Chevaliers qui ont été frappés par une prise de conscience qui les a appelés à créer au grand jour une structure novatrice imprégnée de la tradition, après avoir constaté les dégâts de leur temps et découvert un autre monde.

    2°) les initiateurs originaires seront parvenus à jouer le jeu envers les autorités tout en bâtissant leur propre projet avec intelligence, comme le démontre l’Histoire.

    3°) leurs connaissances acquises et leurs liens en Orient leur permettront de tenter de laisser croire qu’ils servent exclusivement l’Occident, bien que leur projet se situe bien au-delà de cette vision.

    4°) les Templiers sauront sauver l’essence de leur création, de leurs innovations et de leurs découvertes, même au prix du sacrifice de l’Ordre et du leur. Ils sont restés assez présent à travers les siècles, d’une certaine manière.

    Messire Jean-Paul VS, Visiteur Prieural

    Bibliographie :

    Philippe Liénard

    Les Templiers

    Les origines inconnues du plus mystérieux des Ordres de Chevalerie

    Editions Jourdan, 2022

    Sitographie :

    https://www.histoiredumonde.net/Les-Templiers.html

    https://www.france.tv/documentaires/histoire/507535-les-templiers-un-scandale-medieval.html


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