• * Fête de l'Épiphanie

    240107 – Liturgie de l’Épiphanie de notre Seigneur

     Fête de l’Épiphanie 

     1er dimanche du Temps ordinaire – Épiphanie de notre Seigneur 

    * Fête de l'Épiphanie

    Introduction :

    Aujourd’hui c’est la fête de l’Épiphanie qu’on appelait autrefois la fête des Rois.

    « Épiphanie » vient d’un mot grec qui veut dire « manifestation » , « révélation ».

    La fête de l'Épiphanie se situe dans la foulée de la manifestation de l’amour de Dieu qui apparaît dans l’Enfant de la crèche à Noël. Elle célèbre l'universalité du salut offert à toutes les nations. Nous célébrons donc aujourd’hui la manifestation ou la révélation du Christ lumière pour toutes les nations.

    Commentaires de Mgr Hermann Giguère P.H.

    Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval

    Quand Dieu se manifeste aux hommes, c’est souvent de manière inattendue, à l’envers de leurs attentes. En saint Luc, les bergers furent les premiers à se présenter devant Jésus nouveau-né. Des gens pauvres et vivant à l’écart, au contact permanent avec les animaux et donc impurs aux yeux de la religion. Ils avaient fait confiance au message inattendu venu du ciel par la voix d’un ange et s’étaient présentés les mains vides, ayant seulement à offrir au nouveau-né dans sa mangeoire, ainsi qu’à Marie et Joseph, leur joie, leur foi et leur présence. Mais est-il plus beau cadeau à offrir à ceux qu’on aime en vérité, qu’une présence débordante de joie et de bienveillance ? Et puis, quelle heureuse surprise pour ces bergers marginaux d’entendre un ange leur annoncer à eux les premiers, la naissance du Messie attendu par tout Israël depuis si longtemps, et surtout de découvrir qu’il se présentait comme étant de leur monde, comme « un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire ».

    Israël attendait un Messie triomphant par qui, pensait-on, Dieu allait accomplir en faveur de son peuple comme une revanche guerrière et politique. En Jésus le nouveau-né de Bethléem, la revanche de Dieu fut spirituelle mais combien réaliste aussi. Le prophète Isaïe l’avait annoncé. L’épreuve qu’Israël venait de traverser devait lui révéler sa vraie vocation, celle d’être une lumière pour toutes les nations que recouvrent les ténèbres et qui ne connaissaient pas encore le Seigneur de l’univers, le Dieu de la paix et de la justice. Ce furent les peuples païens chez lesquels ils avaient connu l’exil et la servitude, qui se déplacèrent et s’en vinrent vers Jérusalem. Ce furent les peuples païens qui reconnurent dans le nouveau-né de Bethléem le nouveau roi des juifs, qui serait aussi le roi de toutes les nations de la terre. En ces temps qui sont les nôtres, quelle souffrance de voir une nation s’approprier comme capitale Jérusalem, à l’exclusion des peuples voisins et de tous les peuples de la terre. D’entendre trahir le message d’Isaïe par ceux qui prétendent être leurs héritiers !

    Saint Matthieu s’inspire de la prophétie d’Isaïe, et annonce dans un beau récit sa réalisation.

    De leur temps, dans leur pays et leur culture, ces mages étaient considérés comme des savants, des magiciens. Ils pratiquaient la divination, la médecine, l’astrologie et l’interprétation des songes. Ils avaient tout pour être honnis des Israélites, adorateurs du Dieu unique, celui de l’Alliance, qui leur avait donné la Loi et parlé par les prophètes.

    Matthieu parle d’eux dès le commencement de son Évangile, aussitôt après l’annonce à Joseph de la naissance de Jésus. Ce n’est pas un hasard qu’il indique ainsi, que les premiers à se présenter à Jésus nouveau-né furent des païens, et de surcroît, des mages. En effet, en sa communauté se côtoyaient des païens convertis au Christ, mais aussi des juifs qui ne voyaient pas tous d’un bon œil l’ouverture de leurs communautés à des païens aux croyances douteuses et aux coutumes peu compatibles avec ce que prescrivait la Loi.

    Comme les bergers, les mages, eux aussi, avaient fait confiance à un message venu du ciel, non par la voix d’un ange mais par l’apparition d’une étoile annonçant la naissance d’un roi. Déjà, pour la naissance d’Alexandre et de César, on prétendait qu’une étoile était apparue, et même dans le Livre des Nombres (24,17) il était écrit que « de Jacob monterait une étoile », annonçant la naissance de David ou du Messie. Après leur malencontreuse rencontre avec Hérode, ce roi odieux et cruel, jaloux de son pouvoir – au point de faire exécuter certains de ses fils – , rencontre qui ne pouvait que les désorienter, quelle bonne surprise pour ces mages, de retrouver leur étoile perdue ! Quelle plus déroutante surprise encore d’avoir été conduits par elle, non pas dans un palais mais dans une banale maison de Bethléem, et de n’y trouver qu’un enfant et sa mère.

    Tombant à genoux, ils se prosternèrent devant l’enfant. Fidèles à leurs coutumes, les mages sortirent de leurs coffrets des présents symboliques. L’or a-t-on dit, symbolisait la royauté, l’éclat, le rayonnement de la divinité. Le parfum de l’encens montant vers le ciel, évoquait le désir et le goût de l’infini. La myrrhe était une plante médicinale qui soignait les blessures de la vie, du corps et du cœur.

    L’offrande de ces présents exprimaient leurs valeurs et signifiaient en quelque sorte leur allégeance. Elle exprimait aussi de manière étonnante leur foi : eux, des savants, venus de loin reconnaissent en ce nouveau-né non seulement le Roi - Messie d’Israël, mais aussi leur propre roi : « tombant à genoux, ils se prosternent devant lui ».

    Ils regagnèrent leur pays par un autre chemin, écrit l’Évangéliste. Une conclusion qu’il présente comme une clé pour comprendre le message de son récit. Comme saint Luc, saint Matthieu invite le lecteur à se laisser surprendre et dérouter par les chemins de Dieu qui ne sont pas ceux des hommes. Il l’invite aussi à se laisser guider par l’étoile qui ne conduit pas les chercheurs de Dieu vers les « stars », les sages, les savants et les rois de ce monde, mais vers les tout-petits (Mt 11,25). Désormais les messages de Dieu ne viendront plus des anges ou des étoiles du ciel, mais de Jésus, le nouveau-né de Bethléem, le charpentier de Nazareth, le Messie inaugurant la venue du Royaume de Dieu au milieu de toutes les nations, le Fils du Père crucifié sur le Calvaire et le ressuscité vainqueur de la mort.

    Dès le commencement de son Évangile, Matthieu annonce la venue d’un Messie déroutant, qui prend le visage d’un enfant né dans un contexte marginal. Tout au long de son Évangile, il va fustiger les gens de pouvoir et de savoir en Israël qui refuseront de reconnaître en Jésus le Messie, qui signeront sa mort et railleront le «roi des juifs» qu’ils feront crucifier sur le Calvaire. Il va, en revanche, glorifier les païens, les pauvres et les petits, les exclus, qui reconnaîtront en Jésus, Dieu, l’Emmanuel venant lui-même venant visiter et sauver son peuple. Il va aussi multiplier les récits d’Épiphanie, qui rapportent le souci de Jésus d’annoncer qu’il ne vient pas seulement pour les gens d’Israël, mais pour tous les peuples. Matthieu montre le Christ accueillant déjà dans la maison de Bethléem, l’avant-garde des peuples païens, et pour conclure son Évangile, il le montrera donnant à ses disciples un ordre décisif : « De toutes les nations faites des disciples » (Mt 28, 19).

    Ce que saint Paul écrit aux Éphésiens est en plein accord avec le message de Matthieu et exprime au mieux le sens de l’Épiphanie du Seigneur. 

    Père Michel Scouarnec - Fête de l’Épiphanie – 3 janvier 2021

    Les nations païennes marchent vers la lumière de Jérusalem.

    * Fête de l'Épiphanie

    1ère lecture : « La gloire du Seigneur s’est levée sur toi ».

    Lecture du Livre du prophète Isaïe (Is 60, 1-6)

    Debout, Jérusalem, resplendis !

    Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi.

    Voici que les ténèbres couvrent la terre, et la nuée obscure couvre les peuples.

    Mais sur toi se lève le Seigneur, sur toi sa gloire apparaît.

    Les nations marcheront vers ta lumière, et les rois, vers la clarté de ton aurore.

    Lève les yeux alentour, et regarde : tous, ils se rassemblent, ils viennent vers toi ; tes fils reviennent de loin, et tes filles sont portées sur la hanche.

    Alors tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera.

    Les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi, vers toi viendront les richesses des nations.

    En grand nombre, des chameaux t’envahiront, de jeunes chameaux de Madiane et d’Épha.

    Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens ; ils annonceront les exploits du Seigneur.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * Fête de l'Épiphanie

    Commentaire 1 a :

    Isaïe rappelle que Dieu est fidèle et qu’il va réaliser les promesses qu’il a faites à son peuple. Il va en prendre en soin, le protéger de ses ennemis, lui donner la prospérité, faire régner la justice, au sens social du terme, protéger la veuve et l’orphelin… Jérusalem occupe une place centrale chez Isaïe : elle est le lieu où les promesses seront exaucées. La seule inconnue, c’est la date de la réalisation de ces promesses. Au fur et à mesure que leur accomplissement est retardé, les écrits d’Isaïe s’éloignent des considérations matérielles pour annoncer un dessein plus grand encore : les nations convergeront vers Jérusalem et reconnaîtront la gloire de Dieu.

    Éric Morin, enseignant au Collège des Bernardins, directeur du service biblique catholique ‘’Évangile et Vie’’

    * Fête de l'Épiphanie

    Commentaire 1 b :

    Vous avez remarqué toutes les expressions de lumière, tout au long de ce passage : « Resplendis, elle est venue ta lumière... la gloire (le rayonnement) du Seigneur s'est levée sur toi (comme le soleil se lève)... sur toi se lève le Seigneur, sa gloire brille sur toi...ta lumière, la clarté de ton aurore...tu seras radieuse ».

    On peut en déduire tout de suite que l'humeur générale était plutôt sombre ! Je ne dis pas que les prophètes cultivent le paradoxe ! Non ! Ils cultivent l'espérance.

    Alors, pourquoi l'humeur générale était-elle sombre, pour commencer. Ensuite, quel argument le prophète avance-t-il pour inviter son peuple à l'espérance ?

    Pour ce qui est de l'humeur, je vous rappelle le contexte : ce texte fait partie des derniers chapitres du Livre d'Isaïe. Nous sommes dans les années 525-520 av. J.C., c'est-à-dire une quinzaine ou une vingtaine d'années après le retour de l'exil à Babylone. Les déportés sont rentrés au pays, et on a cru que le bonheur allait s'installer. En réalité, ce fameux retour tant espéré n'a pas répondu à toutes les attentes.

    D'abord, il y avait ceux qui étaient restés au pays et qui avaient vécu la période de guerre et d'occupation. Ensuite, il y avait ceux qui revenaient d'Exil et qui comptaient retrouver leur place et leurs biens. Or si l'Exil a duré cinquante ans, cela veut dire que ceux qui sont partis sont morts là-bas... et ceux qui revenaient étaient leurs enfants ou leurs petits-enfants... Cela ne devait pas simplifier les retrouvailles. D'autant plus que ceux qui rentraient ne pouvaient certainement pas prétendre récupérer l'héritage de leurs parents : les biens des absents, des exilés ont été occupés, c'est inévitable, puisque, encore une fois, l'Exil a duré cinquante ans !

    Enfin, il y avait tous les étrangers qui s'étaient installés dans la ville de Jérusalem et dans tout le pays à la faveur de ce bouleversement et qui y avaient introduit d'autres coutumes, d'autres religions... Tout ce monde n'était pas fait pour vivre ensemble...

    La pomme de discorde, ce fut la reconstruction du Temple : car, dès le retour de l'exil, autorisé en 538 par le roi Cyrus, les premiers rentrés au pays (nous les appellerons la communauté du retour) avaient rétabli l'ancien autel du Temple de Jérusalem, et avaient recommencé à célébrer le culte comme par le passé. Et en même temps, ils entreprirent la reconstruction du Temple lui-même.

    Mais voilà que des gens qu'ils considéraient comme hérétiques ont voulu s'en mêler. C'étaient ceux qui avaient habité Jérusalem pendant l'Exil : mélange de juifs restés au pays et de populations étrangères, donc païennes, installées là par l'occupant. Il y avait eu inévitablement des mélanges entre ces deux types de population, et même des mariages, et tout ce monde avait pris des habitudes jugées hérétiques par les Juifs qui rentraient de l'Exil.

    Alors la communauté du retour s'est resserrée et a refusé cette aide dangereuse pour la foi : le Temple du Dieu unique ne peut pas être construit par des gens qui, ensuite, voudront y célébrer d'autres cultes ! Comme on peut s'en douter, ce refus a été très mal pris et désormais ceux qui avaient été éconduits firent obstruction par tous les moyens. Finis les travaux, finis aussi les rêves de rebâtir le Temple !

    Les années ont passé et on s'est installés dans le découragement. Mais la morosité, l'abattement ne sont pas dignes du peuple porteur des promesses de Dieu. Alors, Isaïe et un autre prophète, Aggée, décident de réveiller leurs compatriotes : sur le thème : fini de se lamenter, mettons-nous au travail pour reconstruire le Temple de Jérusalem. Et cela nous vaut le texte d'aujourd'hui.

    Connaissant le contexte difficile, ce langage presque triomphant nous surprend peut-être. Mais c'est un langage assez habituel chez les prophètes. Et nous savons bien que s'ils promettent tant la lumière, c'est parce qu'elle est encore loin d'être aveuglante... et que, moralement, on est dans la nuit. C'est pendant la nuit qu'on guette les signes du lever du jour. Et justement le rôle du prophète est de redonner courage, de rappeler la venue du jour. Un tel langage ne traduit donc pas l'euphorie du peuple, mais au contraire une grande morosité : c'est pour cela qu'il parle tant de lumière !

    Pour relever le moral des troupes, nos deux prophètes n'ont qu'un argument, mais il est de taille : Jérusalem est la Ville Sainte, la ville choisie par Dieu, pour y faire demeurer le signe de sa Présence. C'est parce que Dieu lui-même s'est engagé envers le roi Salomon en décidant « Ici sera Mon Nom », que le prophète Isaïe, des siècles plus tard, peut oser dire à ses compatriotes « Debout, Jérusalem ! Resplendis... ».

    Le message d'Isaïe aujourd'hui, c'est donc : ‘’vous avez l'impression d'être dans le tunnel, mais au bout, il y a la lumière. Rappelez-vous la Promesse : le JOUR vient où tout le monde reconnaîtra en Jérusalem la Ville Sainte’’. Conclusion : ne vous laissez pas abattre, mettez-vous au travail, consacrez toutes vos forces à reconstruire le Temple comme vous l'avez promis.

    J'ajouterai trois remarques pour terminer :

    1°) Une fois de plus, le prophète nous donne l'exemple : quand on est croyants, la lucidité ne parvient jamais à étouffer l'espérance.

    2°) La promesse ne vise pas un triomphe politique... Le triomphe qui est entrevu ici est celui de Dieu et de l'humanité qui sera un jour enfin réunie dans une harmonie parfaite dans la Cité Sainte. Reprenons les premiers versets : si Jérusalem resplendit, c'est de la lumière et de la gloire du Seigneur : « Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue ta lumière, et la gloire du Seigneur s'est levée sur toi... sur toi se lève le Seigneur, et sa gloire brille sur toi... ».

    3°) Quand Isaïe parlait de Jérusalem, déjà à son époque, ce nom désignait plus le peuple que la ville elle-même. Et l'on savait déjà que le projet de Dieu déborde toute ville, si grande ou belle soit-elle, et tout peuple, il concerne toute l'humanité.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Parmi toutes les nations, Seigneur, on connaîtra ton salut.

    * Fête de l'Épiphanie

    Psaume : 71 (72), 1-2, 7-8, 10-11, 12-13

    R/ Toutes les nations, Seigneur, se prosterneront devant toi.

    Dieu, donne au roi tes pouvoirs, à ce fils de roi ta justice.
    Qu’il gouverne ton peuple avec justice, qu’il fasse droit aux malheureux !

    R/ Toutes les nations, Seigneur, se prosterneront devant toi.

    En ces jours-là, fleurira la justice, grande paix jusqu’à la fin des lunes !
    Qu’il domine de la mer à la mer, et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !

    R/ Toutes les nations, Seigneur, se prosterneront devant toi.

    Les rois de Tarsis et des Îles apporteront des présents.
    Les rois de Saba et de Seba feront leur offrande.

    Tous les rois se prosterneront devant lui, tous les pays le serviront.

    R/ Toutes les nations, Seigneur, se prosterneront devant toi.

    Il délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours.
    Il aura souci du faible et du pauvre, du pauvre dont il sauve la vie.

    R/ Toutes les nations, Seigneur, se prosterneront devant toi.

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * Fête de l'Épiphanie

    Commentaire 2 :

    Imaginons que nous sommes en train d'assister au sacre d'un nouveau roi. Les prêtres expriment à son sujet des prières qui sont tous les souhaits, j'aurais envie de dire tous les rêves que le peuple formule au début de chaque nouveau règne : vœux de grandeur politique pour le roi, mais surtout vœux de paix, de justice pour tous. Les « lendemains qui chantent », en quelque sorte ! C'est un thème qui n'est pas d'aujourd'hui... On en rêve depuis toujours ! Richesse et prospérité pour tous... Justice et Paix... Et cela pour tous... d'un bout de la terre à l'autre...

    La dernière strophe de ce psaume, elle, change de ton (malheureusement, elle ne fait pas partie de la liturgie de cette fête) : il n'est plus question du roi terrestre, il n'est question que de Dieu : « Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, lui seul fait des merveilles ! Béni soit à jamais son nom glorieux, toute la terre soit remplie de sa gloire ! Amen ! Amen ! ». C'est cette dernière strophe qui nous donne la clé de ce psaume : en fait, il a été composé et chanté après l'Exil à Babylone, (donc entre 500 et 100 av. J.C.) c'est-à-dire à une époque où il n'y avait déjà plus de roi en Israël. Ce qui veut dire que ces vœux, ces prières ne concernent pas un roi en chair et en os... ils concernent le roi qu'on attend, que Dieu a promis, le Roi - Messie. Et puisqu'il s'agit d'une promesse de Dieu, on peut être certain qu'elle se réalisera.

    La Bible tout entière est traversée par cette espérance indestructible : l'histoire humaine a un but, un sens. Et le mot « sens » veut dire deux choses : à la fois «signification» et « direction ». Dieu a un projet. Ce projet inspire toutes les lignes de la Bible, Ancien Testament et Nouveau Testament : il porte des noms différents selon les auteurs. Par exemple, c'est le JOUR de Dieu pour les prophètes, le Royaume des cieux pour saint Matthieu, le dessein bienveillant pour saint Paul, mais c'est toujours du même projet qu'il s'agit. Comme un amoureux répète inlassablement des mots d'amour, Dieu propose inlassablement son projet de bonheur à l'humanité. Ce projet sera réalisé par le messie et c'est ce messie que les croyants appellent de tous leurs vœux lorsqu'ils chantent les psaumes au Temple de Jérusalem .

    Ce psaume 71, particulièrement, est vraiment la description du roi idéal, celui qu'Israël attend depuis des siècles : quand Jésus naît, il y a 1000 ans à peu près que le prophète Nathan est allé trouver le roi David de la part de Dieu et lui a fait cette promesse dont parle notre psaume. Je vous redis les paroles du prophète Nathan à David : « Quand tes jours seront accomplis et que tu seras couché avec tes pères, je maintiendrai après toi le lignage issu de tes entrailles et j'affermirai sa royauté... Je serai pour lui un père et il sera pour moi un fils... Ta maison et ta royauté subsisteront à jamais devant moi, ton trône sera affermi à jamais » (2 S 7, 12 - 16)1.

    1 Quand le chant « Il est né le divin enfant » nous fait dire « Depuis plus de 4000 ans nous le promettaient les prophètes », le compte n'est pas tout à fait exact, peut-être le nombre 4000 n'a-t-il été retenu que pour les nécessités de la mélodie.

    De siècle en siècle, cette promesse a été répétée, répercutée, précisée. La certitude de la fidélité de Dieu à ses promesses en a fait découvrir peu à peu toute la richesse et les conséquences. Si ce roi méritait vraiment le titre de fils de Dieu, alors il serait à l'image de Dieu, un roi de justice et de paix.

    A chaque sacre d'un nouveau roi, la promesse était redite sur lui et on se reprenait à rêver... Depuis David, on attendait, et le peuple juif attend toujours... et il faut bien reconnaître que le règne idéal n'a encore pas vu le jour sur notre terre. On finirait presque par croire que ce n'est qu'une utopie...

    Mais les croyants savent qu'il ne s'agit pas d'une utopie : il s'agit d'une promesse de Dieu, donc d'une certitude. Et la Bible tout entière est traversée par cette certitude, cette espérance invincible : le projet de Dieu se réalisera, nous avançons lentement mais sûrement vers lui. C'est le miracle de la foi : devant cette promesse à chaque fois déçue, il y a deux attitudes possibles : le non-croyant dit « je vous l'avais bien dit, cela n'arrivera jamais ». Mais le croyant affirme tranquillement « patience, puisque Dieu l'a promis, il ne saurait se renier lui-même », comme dit saint Paul (1 Tm 2, 13).

    Ce psaume dit bien quelques aspects de cette attente du roi idéal : par exemple «pouvoir» et « justice » seront enfin synonymes. C'est déjà tout un programme : de nombreux pouvoirs humains tentent loyalement d'instaurer la justice et d'enrayer la misère mais n'y parviennent pas. Ailleurs, malheureusement, « pouvoir » rime parfois avec avantages de toute sorte et autres passe-droits. Parce que nous ne sommes que des hommes.

    En Dieu seul le pouvoir n'est qu'amour : ce psaume le sait bien puisqu'il précise «Dieu, donne au roi tes pouvoirs, à ce fils de roi ta justice».

    Et alors puisque notre roi disposera de la puissance même de Dieu, une puissance qui n'est qu'amour et justice, il n'y aura plus de malheureux dans son royaume. « En ces jours-là fleurira la justice, grande paix jusqu'à la fin des lunes !... Il délivrera le pauvre qui appelle et le malheureux sans recours. »

    Ce roi-là, on voudrait bien qu'il règne sur toute la planète ! C'est de bon cœur qu'on lui souhaite un royaume sans limite de temps ou d'espace ! « Qu'il règne jusqu'à la fin des lunes... » et « Qu'il domine de la mer à la mer et du Fleuve jusqu'aux extrémités de la terre ». Pour l'instant, quand on chante ce psaume, les extrémités du monde connu, ce sont l'Arabie et l'Égypte et c'est pourquoi on cite les rois de Saba et de Seba : Saba, c'est au Sud de l'Arabie, Seba, c'est au Sud de l'Égypte... Quant à Tarsis, c'est un pays mythique, qui veut dire « le bout du monde ».

    Aujourd'hui, le peuple juif chante ce psaume dans l'attente du Roi - Messie 2.

    2 De nos jours, encore, dans certaines synagogues, nos frères juifs disent leur impatience de voir arriver le Messie en récitant la profession de foi de Maïmonide, médecin et rabbin à Tolède en Espagne, au douzième siècle : « Je crois d'une foi parfaite en la venue du Messie, et même s'il tarde à venir, en dépit de tout cela, je l'attendrai jusqu'au jour où il viendra. »

    Nous, chrétiens, l'appliquons à Jésus-Christ et il nous semble que les mages venus d'Orient ont commencé à réaliser la promesse « Les rois de Tarsis et des Iles apporteront des présents, les rois de Saba et de Seba feront leur offrande... Tous les rois se prosterneront devant lui, tous les pays le serviront ».

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    L'appel au salut est universel.

    * Fête de l'Épiphanie

    Épître : « Il est maintenant révélé que les nations sont associées au même héritage, au partage de la même promesse ».

    Lecture de la Lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens (Ep 3, 2-3a.5-6)

    Frères,

    vous avez appris, je pense, en quoi consiste la grâce que Dieu m’a donnée pour vous : par révélation, il m’a fait connaître le mystère.

    Ce mystère n’avait pas été porté à la connaissance des hommes des générations passées, comme il a été révélé maintenant à ses saints Apôtres et aux prophètes, dans l’Esprit.

    Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile.

    – Parole du Seigneur –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * Fête de l'Épiphanie

    Commentaire 3 a :

    Le mot mystère, trois fois dans ce court extrait de la Lettre de Paul. Le mystère dans la bible, c'est une réalité de vie, ce n'est pas une chose "mystérieuse", une énigme à déchiffrer, un je ne sais quoi qui nous dépasse. Le mystère, c'est le projet de Dieu sur le monde, son désir de bonheur pour nous, son ambition de salut, de libération. C'est Dieu venant partager ma vie dans le Christ et l'Esprit Saint. C'est l'intimité de Dieu venant se mêler à mon intimité. C'est la vie de Dieu en moi.

    Ce mystère est dit par Paul grâce que Dieu m'a donnée pour vous. Une grâce donnée par révélation, par "enlèvement d'un voile". Une révélation faite à Paul, sur la route de Damas, mais aussi aux saints Apôtres et aux prophètes, c'est-à-dire dans toute l'histoire biblique. Ce temps biblique est un temps de dévoilement progressif du désir de Dieu de partager sa vie intime avec l'humanité. Il a commencé, lentement et pédagogiquement, avec le peuple juif.

    A présent, c'est avec toute l'humanité. Debout, Jérusalem… Les nations marcheront vers ta lumière, prophétise Isaïe (première lecture). Paul écrit : Toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse... Les nations, ce sont les non-juifs, l'ensemble de l'humanité. Tous deviennent membres d'un même Peuple de Dieu renouvelé dans le Christ Jésus. Ceci par l'annonce de l'Évangile, de cette Bonne Nouvelle de Jésus, Jésus Messie et Dieu devenu homme.

    Le psaume chante l'arrivée de tous vers le Roi Messie, riches et pauvres. (Tarsis, les îles, Saba, Seba, tous les pays). L’Évangile met en scène des mages, des païens, venus de l'orient vers l'enfant Dieu.

    Épiphanie signifie manifestation. L'apôtre Paul nous dit sa grâce, sa mission : manifester Jésus Christ à tous, juifs et non-juifs. Comment suis-je une Épiphanie de Jésus ? Je vais peut-être cibler telle ou telle partie de ma vie actuelle ou passée, pour rendre grâce, ou demander pardon, ou décider des ajustements. Je vais aussi examiner comment j'accueille la diversité des personnes, comme les premières communautés chrétiennes de l'apôtre Paul le faisaient, souvent dans la difficulté et le combat. Ai-je le souci des gens qui viennent de loin ? Comment ?

    Seigneur, tu m'invites à approfondir le mystère de ton Église qui se veut ouverte à toutes les nations, à toutes les situations. Notre Pape François nous invite souvent à sortir de nos murs, à aller vers nos « périphéries ». Seigneur, révèle-moi la part que tu souhaites que je prenne dans cette « Épiphanie » de l'Évangile.

    Commentaire rédigé par Paul C. et publié depuis Overblog le 4 janvier 2019

    * Fête de l'Épiphanie

    Commentaire 3 b :

    Ce passage est extrait de la Lettre aux Éphésiens au chapitre 3. Or c'est dans le premier chapitre de cette même lettre que Paul a employé sa fameuse expression «le dessein bienveillant de Dieu». Ici, nous sommes tout à fait dans la même ligne. Je vous rappelle quelques mots du chapitre 1 : « Dieu nous a fait connaître le mystère de sa volonté, le dessein bienveillant qu'il a d'avance arrêté en lui-même pour mener les temps à leur accomplissement, réunir l'univers entier sous un seul chef le Christ, ce qui est dans les cieux et ce qui est sur la terre ».

    Dans le texte d'aujourd'hui, nous retrouvons ce mot de « mystère ». Le « mystère », chez saint Paul, ce n'est pas un secret que Dieu garderait jalousement pour lui. Au contraire, c'est son intimité dans laquelle il nous fait pénétrer. Paul nous dit ici : « Par révélation, Dieu m'a fait connaître le mystère du Christ » : ce mystère, c'est-à-dire son dessein bienveillant, Dieu le révèle progressivement. Tout au long de l'histoire biblique, on découvre toute la longue, lente, patiente pédagogie que Dieu a déployée pour faire entrer son peuple élu dans son mystère. Nous avons cette expérience qu'on ne peut pas, d'un coup, tout apprendre à un enfant : on l'enseigne patiemment au jour le jour et selon les circonstances. On ne fait pas d'avance à un enfant des leçons théoriques sur la vie, la mort, le mariage, la famille... pas plus que sur les saisons ou les fleurs... l'enfant découvre la famille en vivant les bons et les mauvais jours d'une famille bien réelle. Il découvre les fleurs une à une, il traverse avec nous les saisons... quand la famille célèbre un mariage ou une naissance, quand elle traverse un deuil, alors l'enfant vit avec nous ces événements et, peu à peu, nous l'accompagnons dans sa découverte de la vie.

    Dieu a déployé la même pédagogie d'accompagnement avec son peuple et s'est révélé à lui progressivement. Pour saint Paul, il est clair que cette révélation a franchi une étape décisive avec le Christ : l'histoire de l'humanité se divise nettement en deux périodes : avant le Christ et depuis le Christ. « Ce mystère, Dieu ne l'avait pas fait connaître aux hommes des générations passées, comme il l'a révélé maintenant par l'Esprit à ses saints apôtres et à ses prophètes ». A ce titre, on peut se réjouir que nos calendriers occidentaux décomptent les années en deux périodes, les années avant J.C. et les années après J.C..

    Ce mystère, ici, Paul l'appelle simplement « le mystère du Christ », mais on sait ce qu'il entend par là : à savoir que le Christ est le centre du monde et de l'histoire, que l'univers entier sera un jour réuni en lui, comme les membres le sont à la tête. D'ailleurs, dans la phrase « réunir l'univers entier sous un seul chef le Christ », le mot grec que nous traduisons « chef » veut dire tête.

    Il s'agit bien de « l'univers entier » et ici Paul précise : « Dans le Christ Jésus, les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse ». On pourrait dire encore autrement : l'Héritage, c'est Jésus-Christ... la Promesse, c'est Jésus-Christ... le Corps, c'est Jésus-Christ... Le dessein bienveillant de Dieu, c'est que Jésus-Christ soit le centre du monde, que l'univers entier soit réuni en lui. Dans le Notre Père, quand nous disons « Que ta volonté soit faite », c'est de ce projet de Dieu que nous parlons et, peu à peu, à force de répéter cette phrase, nous nous imprégnons du désir de ce Jour où enfin ce projet sera totalement réalisé.

    Donc le projet de Dieu concerne l'humanité tout entière, et non pas seulement les Juifs : c'est ce qu'on appelle l'universalisme du plan de Dieu. Cette dimension universelle du plan de Dieu fut l'objet d'une découverte progressive par les hommes de la Bible, mais à la fin de l'histoire biblique, c'était une conviction bien établie dans le peuple d'Israël, puisqu'on fait remonter à Abraham la promesse de la bénédiction de toute l'humanité : « En toi seront bénies toutes les familles de la terre » (Gn 12, 3). Et le passage d'Isaïe que nous lisons en première lecture de cette fête de l'Épiphanie est exactement dans cette ligne. Bien sûr, si un prophète comme Isaïe a cru bon d'y insister, c'est qu'on avait tendance à l'oublier.

    De la même manière, au temps du Christ, si Paul précise : « Dans le Christ Jésus, les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse », c'est que cela n'allait pas de soi. Et là, nous avons un petit effort d'imagination à faire : nous ne sommes pas du tout dans la même situation que les contemporains de Paul. Pour nous, au vingt et unième siècle, c'est une évidence : beaucoup d'entre nous ne sont pas juifs d'origine et trouvent normal d'avoir part au salut apporté par le Messie. Pour un peu, même, après deux mille ans de christianisme, nous aurions peut-être tendance à oublier qu'Israël reste le peuple élu parce que, comme dit ailleurs saint Paul, « Dieu ne peut pas se renier lui-même ». Aujourd'hui, nous avons un peu tendance à croire que nous sommes les seuls témoins de Dieu dans le monde.

    Mais au temps du Christ, c'était la situation inverse : c'est le peuple juif qui, le premier, a reçu la révélation du Messie. Jésus est né au sein du peuple juif : c'était la logique du plan de Dieu et de l'élection d'Israël. Les Juifs étaient le peuple élu. Ils étaient choisis par Dieu pour être les apôtres, les témoins et l'instrument du salut de toute l'humanité. Et on sait que les Juifs devenus chrétiens ont eu parfois du mal à tolérer l'admission d'anciens païens dans leurs communautés. Saint Paul vient leur dire « Attention... les païens, désormais, peuvent aussi être des apôtres et des témoins du salut »... Au fait, je remarque que Matthieu, dans l'évangile de la visite des mages, qui est lu également pour l'Épiphanie, nous dit exactement la même chose.

    Les derniers mots de ce texte résonnent comme un appel : « Dans le Christ Jésus, les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, par l'annonce de l'évangile » : si je comprends bien, Dieu attend notre collaboration à son dessein bienveillant : les mages ont aperçu une étoile, pour laquelle ils se sont mis en route. Pour beaucoup de nos contemporains, il n'y aura pas d'étoile dans le ciel, mais il faudra des témoins de la Bonne Nouvelle.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    Alléluia. Alléluia.

    Nous avons vu son étoile à l’orient,

    et nous sommes venus adorer le Seigneur.

    Alléluia.

    Les mages païens viennent se prosterner devant Jésus.

    * Fête de l'Épiphanie

    L'Adoration des mages peint par Matthias Stom, vers 1600-1650.

    Évangile : « Nous sommes venus d’Orient adorer le roi ».

    Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 2, 1-12)

    Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand.

    Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent :

    « Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son étoile à l’orient et nous sommes venus nous prosterner devant lui. »

    En apprenant cela, le roi Hérode fut bouleversé, et tout Jérusalem avec lui.

    Il réunit tous les grands prêtres et les scribes du peuple, pour leur demander où devait naître le Christ.

    Ils lui répondirent : « À Bethléem en Judée, car voici ce qui est écrit par le prophète :

    Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es certes pas le dernier parmi les chefs-lieux de Juda, car de toi sortira un chef, qui sera le berger de mon peuple Israël. »

    Alors Hérode convoqua les mages en secret pour leur faire préciser à quelle date l’étoile était apparue ; puis il les envoya à Bethléem, en leur disant :

    « Allez vous renseigner avec précision sur l’enfant. Et quand vous l’aurez trouvé, venez me l’annoncer pour que j’aille, moi aussi, me prosterner devant lui. »

    Après avoir entendu le roi, ils partirent.

    Et voici que l’étoile qu’ils avaient vue à l’orient les précédait, jusqu’à ce qu’elle vienne s’arrêter au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant.

    Quand ils virent l’étoile, ils se réjouirent d’une très grande joie.

    Ils entrèrent dans la maison, ils virent l’enfant avec Marie sa mère ; et, tombant à ses pieds, ils se prosternèrent devant lui.

    Ils ouvrirent leurs coffrets, et lui offrirent leurs présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

    Mais, avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

    – Acclamons la Parole de Dieu –

    Texte fourni par l’Association Episcopale Liturgique pour les pays francophones

    * Fête de l'Épiphanie

    Commentaire 4 a :

    Jésus est le Messie longtemps attendu par le peuple d'Israël. Les mages venus d'Orient représentent tous les peuples de la terre. Aussi, Jésus se révèle non seulement comme « roi des Juifs qui vient de naître » mais comme le Seigneur de toute la terre. Les mages tombent à genoux et lui offre un royal tribu.

    Les acteurs de cette scène sont le Roi et sa cour, les Mages, l’enfant et sa mère. En ce jour, les types de protagonistes du drame de la Passion, font leur entrée. Je peux aussi les considérer comme les divers aspects de ce qui se vit en moi.

    Il y a le Roi qui cherche à garder la maitrise des choses, choses qui ne cessent de lui échapper. Il est fermé sur lui-même, sur sa vision, son pouvoir. Il ne cesse de sentir menacé. Aussi pour se maintenir, il se rapporte faussement aux données. Il cherche à bricoler. Il fait preuve de manipulation. Il rencontre dans le secret, il fait preuve de duplicité, il ne manquera pas d’être violent...

    Il y a les Mages qui se sont mis en route. Ils suivent l’Etoile, ils ne savent pas, ils rencontrent, questionnent, sont ouverts et ouvrent, ils savent quitter, rencontrer, avancer, prendre des risques, ils connaissent la joie, ils donnent, ils adorent. Ils ne seront pas retenus, ils retourneront chez eux. Ils respectent le cadre établi pour ce qui leur apparaît être le bien de l'humanité.

    Il y a l’enfant qui ne parle pas, qui demeure emmailloté, disponible et vulnérable. Il deviendra Roi, le Roi des Juifs, reconnu, lors de sa Passion. Il pourra alors attirer tout homme et être reconnu par lui et vivre en lien avec lui. Aujourd’hui, il est en croissance, il ne retient pas les Mages qui reviendront avec beaucoup d’autres vers ce Roi, ce Serviteur...

    Il y a aussi Marie qui est là et qui reçoit ce qui arrive. Elle en fera, plus tard, le récit. Pour le moment, elle attend, elle laisse venir, elle reçoit sans jugement particulier. Elle ne cherche pas à être actrice mais elle sait que ce qui se vit ainsi est porteur d’un sens profond à recevoir, à déchiffrer, à évoquer un jour.

    Commentaires du Père jésuite Jean-Luc Fabre

    * Fête de l'Épiphanie

    Commentaire 4 b :

    On sait à quel point l'attente du Messie était vive au temps de Jésus. Tout le monde en parlait, tout le monde priait Dieu de hâter sa venue. La majorité des Juifs pensait que ce serait un roi : ce serait un descendant de David, il règnerait sur le trône de Jérusalem, il chasserait les Romains, et il établirait définitivement la paix, la justice et la fraternité en Israël. Et les plus optimistes allaient même jusqu'à dire que tout ce bonheur s'installerait dans le monde entier.

    Dans ce sens, on citait plusieurs prophéties convergentes de l'Ancien Testament : d'abord celle de Balaam dans le Livre des Nombres. Je vous la rappelle : au moment où les tribus d'Israël s'approchaient de la terre promise sous la conduite de Moïse, et traversaient les plaines de Moab (aujourd'hui en Jordanie), le roi de Moab, Balaq, avait convoqué Balaam pour qu'il maudisse ces importuns. Mais, au lieu de maudire, Balaam, inspiré par Dieu avait prononcé des prophéties de bonheur et de gloire pour Israël. Et, en particulier, il avait osé dire : « Je le vois, je l'observe, de Jacob monte une étoile, d'Israël jaillit un sceptre ... » (Nb 24, 17). Le roi de Moab avait été furieux, bien sûr, car, sur l'instant, il y avait entendu l'annonce de sa future défaite face à Israël. Mais en Israël, dans les siècles suivants, on se répétait soigneusement cette belle promesse. Et peu à peu on en était venu à penser que le règne du Messie serait signalé par l'apparition d'une étoile. C'est pour cela que le roi Hérode, consulté par les mages au sujet d'une étoile, prend l'affaire très au sérieux.

    Autre prophétie concernant le Messie : celle de Michée : « Toi, Bethléem, trop petite pour compter parmi les clans de Juda, c'est de toi que sortira le Messie », prophétie tout à fait dans la ligne de la promesse faite par Dieu à David : que sa dynastie ne s'éteindrait pas et qu'elle apporterait au pays le bonheur attendu.

    Les mages n'en savent pas tant : ce sont des astrologues et ils ne partagent certainement pas la foi et l'espérance d'Israël. Ils se sont mis en marche tout simplement parce qu'une nouvelle étoile s'est levée. Et, spontanément, en arrivant à Jérusalem, ils vont se renseigner auprès des autorités. Et c'est là, peut-être, la première surprise de ce récit de Matthieu : il y a d'un côté, les mages qui n'ont pas d'idées préconçues. Ils sont à la recherche du Messie et ils finiront par le trouver. De l'autre, il y a ceux qui savent, qui peuvent citer les Écritures sans faute, mais qui ne bougeront pas le petit doigt. Ils ne feront même pas le déplacement de Jérusalem à Bethléem. Evidemment, ils ne rencontreront pas l'enfant de la crèche.

    Quant à Hérode, c'est une autre histoire. Mettons-nous à sa place : il est le roi des Juifs, reconnu comme roi par le pouvoir romain, et lui seul... Il est assez fier de son titre et férocement jaloux de tout ce qui peut lui faire de l'ombre ... Il a fait assassiner plusieurs membres de sa famille, y compris ses propres fils, il ne faut pas l'oublier. Car dès que quelqu'un devient un petit peu populaire... Hérode le fait tuer par jalousie. Et voilà qu'on lui rapporte une rumeur qui court dans la ville : des astrologues étrangers ont fait un long voyage jusqu'ici et il paraît qu'ils disent : «Nous avons vu se lever une étoile tout à fait exceptionnelle, nous savons qu'elle annonce la naissance d'un enfant - roi... tout aussi exceptionnel... Le vrai roi des juifs vient sûrement de naître ! ...» On imagine un peu la fureur, l'extrême angoisse d'Hérode !

    Donc, quand saint Matthieu nous dit : « Hérode fut pris d'inquiétude et tout Jérusalem avec lui », c'est certainement une manière bien douce de dire les choses ! Evidemment, Hérode ne va pas montrer sa rage, il faut savoir manœuvrer : il a tout avantage à extorquer quelques renseignements sur cet enfant, ce rival potentiel... Alors il se renseigne.

    D'abord sur le lieu : Matthieu nous dit qu'il a convoqué les chefs des prêtres et les scribes et qu'il leur a demandé où devait naître le Messie. Et c'est là qu'intervient la prophétie de Michée : le Messie naîtra à Bethléem.

    Ensuite, Hérode se renseigne sur l'âge de l'enfant car il a déjà son idée derrière la tête pour s'en débarrasser. Il convoque les mages pour leur demander à quelle date au juste l'étoile est apparue. On ne connaît pas la réponse mais la suite nous la fait deviner : puisque, en prenant une grande marge, Hérode fera supprimer tous les enfants de moins de deux ans.

    Très probablement, dans le récit de la venue des mages, Matthieu nous donne déjà un résumé de toute la vie de Jésus : dès le début, à Bethléem, il a rencontré l'hostilité et la colère des autorités politiques et religieuses. Jamais, ils ne l'ont reconnu comme le Messie, ils l'ont traité d'imposteur... Ils l'ont même supprimé, éliminé. Et pourtant, il était bien le Messie : tous ceux qui le cherchent peuvent, comme les mages, entrer dans le salut de Dieu.

    Complément :

    Au passage, on notera que c'est l'un des rares indices que nous ayons de la date de naissance exacte de Jésus ! On connaît avec certitude la date de la mort d'Hérode le Grand : 4 av. J.C. (il a vécu de 73 à 4 av JC)... or il a fait tuer tous les enfants de moins de 2 ans : c'est-à-dire des enfants nés entre 6 et 4 (av. J.C.). Donc Jésus est probablement né entre 6 et 4 ! Probablement en 6 ou 5... C'est quand au sixième siècle on a voulu – à juste titre – compter les années à partir de la naissance de Jésus, (et non plus à partir de la fondation de Rome) qu'il y a eu tout simplement une erreur de comptage.

    Commentaires de Marie-Noëlle Thabut

    * Fête de l'Épiphanie

    Adoration des mages par Rogier van der Weyden, panneau central du Retable de sainte Colombe1444, Munich, Altepinakothek

    Homélie :

    Nous célébrons donc aujourd’hui la manifestation ou la révélation du Christ lumière pour toutes les nations.

    I – Épiphanie : une manifestation de la Lumière

    Cette vérité nous est présentée dans un merveilleux récit qui dit tout avec des symboles qui ont traversé les âges : les présents (l’or, l’encens et la myrrhe), les chameaux, les vêtements précieux, la prosternation devant la mangeoire où se trouve l’Enfant Jésus à côté de Marie et Joseph. De superbes tableaux de maîtres flamands en particulier nous ont transmis ces images.

    Les mages – c'est le mot de l'évangile, la dévotion populaire en a fait des rois par la suite – venus d’on ne sait où représentent l'humanité entière. Avec le temps on leur a donné des noms : Balthasar, Melchior et Gaspard et on a marqué leurs origines diverses en mettant un noir parmi eux. Il n’y a pas de limites au salut de Dieu. Son amour n’a pas de frontières. Sa lumière luit pour toutes les nations.

    Les textes des lectures y insistent. « Toutes les nations, Seigneur, se prosterneront devant toi » avons-nous entendu dans la première lecture du prophète Isaïe. Et dans sa Lettre aux Éphésiens dont nous avons lu un extrait dans la deuxième lecture saint Paul dit : « Ce mystère, c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps ».

    II – La gloire de Dieu

    La belle fête de l’Épiphanie, de la manifestation de Dieu au monde, est pour nous l'occasion aujourd'hui de chanter la gloire de Dieu qui resplendit partout et pour tous. C'est ce à quoi nous invite le prophète Isaïe dans la première lecture s’adressant à Jérusalem qui représente l’Église dont nous sommes les membres : « Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi… sur toi se lève le Seigneur, sur toi sa gloire apparaît. Les nations marcheront vers ta lumière ».

    Pour nous, nouvelle Jérusalem, la gloire de Dieu prend sa source dans une mangeoire où repose un tout petit enfant. C'est le paradoxe de la présence de Dieu parmi nous. Sa gloire n'est pas faite d'éclats passagers à la manière d'un gala ou d'un festival où les divas et les stars déambulent. Elle est au creux de la vie du monde, dans les situations les plus humbles et dans les personnes quelles qu’elles soient. Elle est à la portée de toutes et de tous. Un grand évêque – saint Irénée – l'avait bien compris et il nous a laissé une formule célèbre qui le dit bien « La gloire de Dieu c'est l'homme vivant ». Sa gloire rayonne dans l'humanité rachetée où luit sa Lumière faite chair dans cet enfant devant qui se prosternent les mages.

    III – Application

    Comment recevoir cette manifestation, cette révélation de la lumière de Dieu en Jésus que les mages ont découvert ? Les mages peuvent nous servir de modèles. Comme eux nous sommes invités à marcher, à nous prosterner et à repartir.

    Marcher : c'est en marchant que se fait le chemin. Le chemin c’est la marche elle-même. Nous sommes des voyageurs en marche vers la patrie céleste (cf. Hébreux 11, 13). Nous avançons péniblement parfois, mais nous pouvons toujours, comme les mages, faire confiance à l'étoile de la présence du Seigneur qui guide nos vies.

    Se prosterner : c’est un attitude que nous avons à redécouvrir car, malgré sa proximité que nous révèle la naissance de Jésus à Bethléem, notre Dieu est toujours le Tout Autre, Il est le Tout. Nous ne pouvons nous en approcher que dans l’humilité et la révérence. Cela ne l’éloigne pas de nous, au contraire. En nous prosternant devant lui nous reconnaissons au plus profond de nous sa présence qui donne la vie et l’être.

    Repartir : le chrétien croyant ne vit pas refermé sur lui-même car il sait que son Dieu remplit l’univers et que toute créature lui appartient. Il se sent envoyé pour proclamer sa foi en Lui à l’exemple des mages qui avaient rencontré le Dieu de leurs attentes dans l’Enfant de la mangeoire et qui s’en allèrent d’où ils étaient venus remplis d’une lumière nouvelle qui irradiait autour d’eux. Ils sont les premiers apôtres et les premiers évangélisateurs.

    Voilà pour nous des modèles pour vivre notre foi aujourd’hui. Comme eux, nous marchons, nous nous prosternons et nous repartons.

    Conclusion

    Dans ces gestes nous sommes soutenus par l’assurance que nous sommes précédés par Celui que nous vénérons : Jésus le Fils du Père dont nous attendons le Retour. Il est au ciel dans la gloire du Père priant sans cesse pour nous et avec nous (cf. Hébreux 7, 25). Par cette Eucharistie, nous nous associons à lui et nous devenons les mages des temps modernes pour la plus grande gloire de Dieu.

    Amen !

    Le 3 janvier 2021 – Commentaires de Mgr Hermann Giguère P.H.

    Faculté de théologie et de sciences religieuses de l'Université Laval – Séminaire de Québec

    * Fête de l'Épiphanie

    Prières :

    1. En cette fête de l’Epiphanie, fête des chercheurs de Dieu, prions Jésus l’Emmanuel, pour tous les hommes, peuples et nations.

    Prière universelle – Épiphanie 2021

    2. Demandons la grâce pour chacun de nous et pour l’Église tout entière, d’apprendre à adorer, de continuer à adorer, de pratiquer beaucoup cette prière d’adoration, parce que Dieu seul est adoré.

    Pape François – Homélie du 6 janvier 2021

    3. Par sa parole, Dieu nous guide et nous mène à sa rencontre. Demandons-lui de continuer à répandre sur nous sa lumière afin qu’à notre tour nous devenions des reflets de sa gloire en ce monde.

    Seigneur, sois notre lumière.

    Dieu notre Père, avec ton Fils Jésus,

    nous marchons en toute confiance à la lumière de ta parole.

    Fais-nous voir ton salut et exauce nos prières.

    Par ton Fils Jésus, notre Seigneur, qui vit et règne avec toi et l’Esprit Saint,

    maintenant et pour les siècles des siècles. Amen.

    Vie liturgique, revue de pastorale liturgique publiée par Novalis

    * Fête de l'Épiphanie

    Conclusion :

    L’Évangile de Matthieu est d’une extrême sobriété au sujet de la naissance de Jésus. Dans son premier chapitre, il trace tout d’abord l’arbre généalogique de Joseph et donc aussi de Marie, puisqu’ils appartenaient évidemment à la même tribu et à la même famille élargie. Puis vient le récit de l’apparition de l’ange Gabriel à Joseph lui disant de ne pas hésiter à prendre Marie pour épouse. Ensuite, dès le chapitre suivant, le deuxième, Jésus est « découvert » par les Mages venus d’Orient, qui lui offrent des présents royaux avant de retourner chez eux. De ces personnages, l’Évangile ne dit rien d’autre. Aussi, la piété populaire n’a cessé au cours des siècles de broder et d’ajouter des détails à leur sujet.

    Essayons de voir ce qui est l’essentiel de ce récit de l’Évangéliste Matthieu. Au cœur du récit il y a l’enfant, avec Marie sa mère. Les deux sont inséparables, par le sang aussi bien que par la mission. Joseph n’est même pas mentionné. Son rôle tout humble et sa propre mission ont été décrits au chapitre précédent. Il a la garde et la charge de l’enfant et de la mère, rien de plus. Cet enfant, qui est le Messie que des générations attendaient, il n’est pas reconnu par les chefs des prêtres et les scribes du peuple qui l’attendait. Le roi Hérode, qui exerce le pouvoir civil de l’oppresseur, veut tuer cet enfant qui risque de lui faire ombrage si les élucubrations des mages avaient un fondement. Cet enfant, les mages, sans noms et venus de pays lointains, l’adorent puis repartent chez eux. Ils ne sont pourtant pas naïfs, car ils sont capables de percevoir la ruse d’Hérode et évitent de tomber dans son piège.

    Les Mages demeurent un modèle pour les chercheurs d’aujourd’hui, comme pour ceux de tous les temps. Des chercheurs qui ne s’amusent pas à essayer d’inventer des signes et des symboles, mais qui savent reconnaître la valeur symbolique des choses ordinaires. Des chercheurs assez fous pour abandonner la sécurité et le confort de leurs pays et de leurs palais, pour suivre une étoile sans doute pas tellement différente de toutes les autres.

    Ils ne cherchent pas un signe. Ils cherchent quelqu’un. Quand le signe est visible ils le suivent. Lorsque le signe disparaît, ils s’informent d’une autre manière. Et lorsqu’ils arrivent au but, le signe n’a plus d’importance. À aucun moment ils n’adorent l’étoile. Lorsqu’ils la voient ils éprouvent une grande joie. Lorsqu’elle s’arrête au-dessus d’une maison ils y entrent. Et que trouvent-ils ? Une réalité aussi humble et ordinaire que possible : un enfant et sa mère. Et que font-ils ? Ils s’agenouillent et adorent. Le récit de Matthieu semble prendre ainsi plaisir à souligner le contraste entre le caractère tout à fait extraordinaire du signe qui les a conduits à leur but et le caractère tout ordinaire de la réalité qu’ils découvrent et adorent.

    L’aspiration à la rencontre de Dieu a été placée par le Créateur au cœur de tout être humain. Les religions peuvent servir d’étoiles, rien de plus. Elles n’ont certes pas toutes la même valeur. Mais aucune ne peut être objet de culte et d’adoration. Seul peut être adoré le Dieu qui s’est fait petit enfant pour devenir l’un de nous et nous assumer tous. Vers lui convergent, à travers les âges, des peuples venant de tous les horizons, conduits par des milliards d’étoiles différentes.

    C’est cet aspect du mystère de l’Incarnation que nous célébrons aujourd’hui.

    La dernière phrase de ce récit est mystérieuse et comporte sans doute de nombreuses significations qu’on n’aura jamais fini de découvrir. « Avertis en songe de ne pas retourner chez Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin ». Le songe, dans la Bible, n’est jamais un simple rêve. C’est une expérience spirituelle à travers laquelle quelqu’un découvre la volonté de Dieu sur lui en entrant profondément en lui-même. De même que ce n’est pas en lisant les écrits juifs mais en contemplant le ciel étoilé que les Mages avaient appris la naissance du Sauveur. De même c’est à travers une expérience d’intériorité qu’ils perçoivent la fausseté d’Hérode et poursuivront désormais leur route sans se préoccuper de l’Israël ancien, retournant dans leurs propres pays, leurs propres cultures et leurs propres expériences spirituelles, porteurs de la découverte personnelle qu’ils ont faite du Salut apporté par Dieu à toutes les nations.

    Ces Mages n’étaient pas des membres d’une secte religieuse lancés dans une recherche spirituelle. C’étaient simplement des humains, intéressés aux mystères de la nature, intéressés surtout à la nature humaine. Qui, dans leurs observations des astres, avaient cru percevoir la naissance d’un nouveau roi dans un tout petit peuple, le peuple juif. Ils ne cherchent pas le Messie, dont ils ne savent sans doute rien. Ils cherchent tout simplement un roi nouveau-né. Lorsqu’ils le trouvent, ils lui présentent leurs hommages et repartent. Ce fut sans doute leur unique contact avec Jésus. Ils ne sont pas devenus ses disciples. C’étaient des hommes droits, honnêtes et sincères. Le salut est pour de telles personnes.

    Pour entrer en dialogue avec nous Dieu n’a pas attendu que nous soyons à la hauteur de la situation. Il nous a envoyé son Fils, son Verbe, sa Parole, alors que nous étions pécheurs. De même il nous demande d’aller vers toute personne de notre entourage, qu’elle vienne à nous ou non, qu’elle nous soit sympathique ou non, qu’elle ait les mêmes idées ou non. Il nous demande aussi de respecter tout être humain – tout simplement parce qu’il est humain – qu’il ait une appartenance religieuse différente de la nôtre, ou même qu’il n’en ait pas du tout, et quels que puissent être les crimes qu’il peut avoir commis ou dont il a pu être accusé.

    Avant d’être croyants ou athées, orthodoxes, catholiques ou protestants, chrétiens ou musulmans, sunnites ou shiites, chinois, japonais ou occidentaux, les hommes et les femmes sont tout d’abord des « humains » créés à l’image de Dieu et également dignes du plus profond respect. C’est ce que Dieu a voulu nous enseigner en se faisant l’un de nous.

    Dom Armand Veilleux, abbé de l’Abbaye de Scourmont de 1998 à 2017

    Synthèse de recherches mise en page par le Frère André B.

    * Fête de l'Épiphanie

    Méditation proposée par notre Frère Chapelain Jean-Paul VS :

    Aujourd’hui, Seigneur Dieu, tu as révélé ton Fils unique aux nations, grâce à l’étoile qui les guidait : accorde-nous dans ta bonté, à nous qui connaissons déjà par la foi, d’être conduits jusqu’à la claire vision de ta splendeur.

    Références :

    http://www.gcatholic.org/calendar/2022/General-D-fr.htm

    https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-l-Epiphanie-du-Seigneur-ou-Fete-des-Rois-2021-Annee-B-Marcher-se-prosterner-repartir-comme-les-mages_a988.html

    https://www.diocese-quimper.fr/les-homelies/fete-de-lepiphanie-7-janvier-2018/

    https://www.enmanquedeglise.com/2022/01/le-desir-du-createur-de-l-humanite-est-que-tous-soient-freres.il-n-y-a-qu-un-seul-peuple-reconnaissant-que-dieu-est-l-unique-pere-de

    https://www.aelf.org/2024-01-07/romain/messe

    https://www.la-croix.com/Definitions/Bible/Isaie-prophete-lattente-2020-10-07-1701118096

    https://paroisse-colomiers.over-blog.com/ephesiens-3-2-3a.5-6.html#:~:text=Le%20myst%C3%A8re%2C%20c'est%20le,vie%20de%20Dieu%20en%20moi.

    https://jardinierdedieu.fr/article-mt-2-1-12-la-visite-des-mages-96260716.html

    http://thierry-jallas.over-blog.com/2013/12/commentaires-de-marie-no%C3%ABlle-thabut-ann%C3%A9e-liturgique-a-%C3%89piphanie-du-seigneur-5-janvier-2014.html

    https://www.hgiguere.net/Homelie-pour-l-Epiphanie-du-Seigneur-ou-Fete-des-Rois-2021-Annee-B-Marcher-se-prosterner-repartir-comme-les-mages_a988.html

    https://www.vatican.va/content/francesco/fr/homilies/2021/documents/papa-francesco_20210106_omelia-epifania.html#:~:text=Demandons%20la%20gr%C3%A2ce%20pour%20chacun,que%20Dieu%20seul%20est%20ador%C3%A9.

    https://fr.novalis.ca/blogs/news/dossier-speciaux-priere-universelle

    https://www.scourmont.be/publications/pages-de-dom-armand-veilleux/homelies-de-dom-armand-veilleux/2421-homelie-pour-la-fete-de-l-epiphanie-2021.html

    Magnificat du dimanche 7 janvier 2024 page 80


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