• * 41 - Dans la paix et la joie

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    Rubrique « Regard sur la liturgie » – 41

    Dans la paix et la joie

     * 41 - Dans la paix et la joie

    1. Paix et joie au matin de Pâques !

    Depuis la grande Vigile de Pâques jusqu’en la solennité de la Pentecôte, la joie de Pâques se répand durant cinquante jours en une « Pentecôte d’allégresse » ! Cette joie présente de multiples visages : celle du tombeau vide au matin de Pâques ou celle d’Emmaüs au soir de Pâques ; sur le rivage du Lac de Tibériade ou dans l’enceinte du Cénacle ; dans le triomphe de l’Ascension ou l’élan missionnaire de la Pentecôte…

    Quand Jésus ressuscité apparaît à ses disciples, il leur dit :

    « La paix soit avec vous ! » (Jn 20,19) ...

    … et aussitôt la joie renaît dans le cœur des Apôtres jusqu’ici écrasés par la peur !

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    Oui, paix et joie sont les dons qui nous sont offerts lors de la fête de Pâques. Accueillons-les ! Et laissons-les grandir dans notre cœur durant tout le temps pascal, cette « Pentecôte d’allégresse » (Tertullien) que l’Église nous propose de vivre comme « un grand dimanche ». (Saint Athanase).

    Paix et joie d’un cœur qui a reconnu l’amour de Dieu pour lui au soir du Jeudi Saint, qui s’est laissé aimer par Jésus dans le sacrement de l’Eucharistie et qui peut à présent rayonner cet amour autour de lui !

    Paix et joie de celui qui a croisé le regard de miséricorde de Jésus portant sa croix au jour du Vendredi Saint, qui s’est laissé visiter dans sa misère et son péché et qui se sait à présent lavé, purifié et pardonné !

    Paix et joie d’un cœur qui a vécu l’attente et le silence du Samedi Saint et qui se laisse à présent combler par la présence de Jésus ressuscité !

    Paix et joie qui découlent de la victoire de Jésus sur la mort, le mal et la souffrance. Christ est vivant, il est ressuscité ! Sur lui la mort n’a plus aucun pouvoir !

    Paix et joie aux multiples visages :

    • celles des disciples d’Emmaüs au soir de Pâques !

    « Et ils se dirent l'un à l'autre : " Notre cœur n'était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Écritures ?" » (Lc 24,32-33).

    • celles de saint Thomas quand il reconnaît son Seigneur ! (2ème dimanche de Pâques)

    « Jésus dit à Thomas : " Porte ton doigt ici : voici mes mains ; avance ta main et mets-la dans mon côté, et ne deviens pas incrédule, mais croyant. "

    Thomas lui répondit : " Mon Seigneur et mon Dieu ! " » (Jn 20,27-28).

    • celles des retrouvailles dans la chambre haute du cénacle ou sur le rivage au bord du lac ! (3ème dimanche de Pâques)

    « Le premier jour de la semaine, (…) Jésus vint et se tint au milieu d’eux et il leur dit : "Paix à vous !" (…). Les disciples furent remplis de joie à la vue du Seigneur » (Jn 20,19-20).

    Paix et joie qui prennent un nouvel éclat en la fête de l’Ascension, 40 jours après Pâques, où nous célébrons le triomphe de Jésus qui monte au ciel en présence de ses disciples ! En entrant le premier dans le Royaume, Jésus nous donne l’espérance de le rejoindre un jour.

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    Enfin, paix et joie renouvelées au terme du Temps Pascal, au jour de la Pentecôte où nous honorons la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres et la naissance de l’Église qui déploie aussitôt son essor missionnaire !

    Cette fête nous donne force et élan pour vivre en ressuscité dans notre monde et témoigner de la victoire de Jésus.

    Pour nous préparer à ce grand jour où l’amour de Dieu sera répandu à flots dans nos cœurs par son Esprit qui habite en nous (cf. Rm 5,5), nous pouvons nous unir à l’Église en priant la belle séquence de la Pentecôte.

    Extraits du site « Aidons les prêtres » - Catéchèse Paix et joie au matin de Pâques

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    2. La paix

    Le rite de la paix se situe, à la messe, entre la doxologie qui suit l’embolisme du Pater et la prière silencieuse du prêtre avant la communion. Il comporte la prière pour la paix, seule oraison publique de l’Ordinaire de la messe adressée au Christ, le souhait de paix échangé entre le prêtre et les fidèles, le geste de paix, et le chant de l’Agnus Dei qui se termine par la demande : « Donne-nous la paix ».

    Réconciliés avec Dieu et entre eux, par le renouvellement du sacrifice du Christ, ayant récité ensemble le « Notre Père », les fidèles peuvent se donner la paix avant de sceller leur lien dans la communion. La paix n’est-elle pas le fruit par excellence du Mystère pascal ? (Jn 14, 27 ; 20, 19.20.26 ; cf. Ga 5, 22).

    Traditionnellement, le geste ou le signe de la paix est le « baiser de paix », qui, en soi, est le plus expressif. Comme un tel geste n’est pas possible avec tout le monde, d’autres signes de paix sont en usage. En ce domaine, une grande discrétion et un respect des habitudes d’autrui constituent le premier signe de paix à offrir.

    Extraits du Dictionnaire de Liturgie de Dom Robert Le Gall

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    3. Le geste de paix

    Lorsque des participants peu habitués à la liturgie entendent l’invitation : « Dans la charité du Christ, donnez-vous la paix ! », certains sont surpris. Ils ne savent ni la raison du geste, ni la manière de le poser. Peut-on les aider à en saisir la portée ?

    « L’Église implore la paix et l’unité pour elle-même et toute la famille humaine et les fidèles expriment leur communion dans l’Église ainsi que leur amour mutuel avant de communier au sacrement ».

    Présentation générale du Missel romain n° 82

    Quel est le sens de ce rite ?

    Situé entre le Notre Père et la communion, le geste de paix est la conséquence immédiate de la prière qui l’a précédé. Grâce au Christ, nous sommes les fils d’un même Père, membres d’une fraternité fondée sur le Frère aîné. Voilà le fondement théologique de ce geste. Dans le Nouveau Testament, la paix est liée au Mystère du Christ et à l’annonce du salut. L’œuvre du Christ est une œuvre de paix qui s’inaugure à Noël (« Gloire à Dieu et paix aux hommes »), se poursuit dans la passion (« Je vous laisse la paix, je vous donne la paix »), et s’inscrit dans la permanence de la résurrection (« La paix soit avec vous »). La paix du Christ englobe tout le Mystère pascal et nous engage, au cœur de notre foi. Comme le Credo est le texte-symbole de la foi, le geste de paix est le geste-symbole qui nous rappelle la nécessité de mettre en œuvre, dans nos vies et dans l’humanité, la Pâque du Christ que nous célébrons.

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    Comment poser le geste ?

    Le geste de paix ne saurait être un geste ordinaire. Il ne s’agit ni de saluer ses voisins ni de saluer l’assemblée. Il s’agit de se transmettre le Christ, notre paix, celui qui nous fait dire « Père » » à Dieu et qui fait de nous un même corps dans le pain partagé. Le geste de paix préfigure la communion eucharistique. De ce fait, dans l’invitatoire, le prêtre ou le diacre disent : «Dans la charité du Christ, donnez-vous la paix !» et non pas « Donnez-vous un geste de paix » car ce n’est pas le geste qui est en jeu mais la source du geste, le Christ, Prince de la paix, modèle de charité.

    Il convient donc de trouver un geste qui ne soit ni banal, ni habituel, par exemple en se prenant les deux mains, et d’accompagner le geste des paroles qui en donnent le sens : « La paix du Christ ».

    Où trouve-t-il son origine ?

    Reçue du Christ qui préside à l’assemblée, c’est de l’autel que part la paix à répandre dans l’assemblée. Nos manières de faire ont souvent nui à la perception de cette origine. Il serait possible de mieux la manifester en les modifiant. Le prêtre et le diacre donnent la paix à quelques personnes qui, ensuite seulement, transmettent la paix à leurs proches voisins, ainsi de suite. Le geste, partant de l’autel, se transmet alors comme une traînée de poudre. Cela éviterait sans doute que ce moment certes sympathique de nos célébrations ne se transforme en une joyeuse kermesse qui n’aide pas à se préparer intérieurement à la communion. Alors…

    Comment le poser avec justesse ?

    Il convient que ce geste soit vrai, dépourvu de tout automatisme, habité par le désir intérieur de construire la paix. Même si la liturgie prévoit ce geste, il nous faut veiller à ce qu’il ne devienne pas une simple routine. La Présentation générale du Missel romain rappelle que le prêtre ou le diacre invitent à la paix « si cela est opportun » (n° 154). Le geste de paix peut retrouver une grande portée à condition que la routine n’en affaiblisse pas le sens et que son usage permanent ne le banalise pas. On en usera donc avec justesse et modération.

    Ce geste exige aussi de faire la vérité sur nos relations quotidiennes de fraternité et de justice qu’implique l’Eucharistie. Il nous alerte sur les mensonges de nos vies, nos incapacités de réconciliation. Comment pouvons-nous êtres corps du Christ si, d’abord, nous ne sommes pas corps fraternel ? Enfin, ce geste nous rappelle que la paix n’est pas encore arrivée en ce monde. La paix que nous nous donnons préfigure la paix à venir, celle que nous avons à construire. Nous échangeons, dans ce geste, ce que nous sommes appelés à devenir : des artisans de paix.

    Si nous apprenons à faire le geste de paix en vérité, alors, dans la charité du Christ, nous nous donnerons vraiment la paix.

    Cet article est paru dans la revue « Célébrer » n° 401.

    4. Évocation de la paix au cours de la messe

    La paix est évoquée à plusieurs reprises au cours de la messe. Pourquoi, et de quelle paix s’agit-il ?

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    La célébration de la messe s’achève non pas par un « Amen » mais par ce court dialogue : « Allez dans la paix du Christ. – Nous rendons grâce à Dieu. » La fin de la messe, c’est un remerciement, une « eucharistie », une action de grâce pour la paix reçue, comme un élan pour vivre. Quelle est cette paix ?

    La paix, un déplacement

    L’hébreu « shalom » est une formule de salutation : « Sois le bienvenu » ou encore  « Reste en paix, sois tranquille ». Il vient de la racine « shalem » qui signifie « être sain », « intègre ». Il y a une dimension d’achèvement, d’harmonie, d’accomplissement dans ce terme. Le roi Salomon porte en son nom la paix. « Shelomoh », c’est « le pacifique ». Enfin, Jérusalem vient de « salem », et évoque l’intégrité, la plénitude et la paix.

    Dans les Évangiles, c’est Luc qui met le plus souvent en avant le mot grec eirénè, la paix. Zacharie, à la naissance de son fils Jean, annonce qu’il sera un prophète du Très Haut, qui marchera à la face du Seigneur, pour « conduire nos pieds aux chemins de la paix » (Luc 1, 79). La nativité est une annonce de paix pour tous les hommes. Le chant des anges proclame : «Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes, qu’Il aime» (Luc 2,14). La paix, souvent, s’accompagne d’un mouvement : il s’agit bien « d’aller en paix ».

    C’est ce que Jésus déclare à la femme, connue pour être une pécheresse, alors qu’elle vient de l’oindre de ses larmes, de ses cheveux et de parfum : « Va en paix » (Luc 7,50). Jésus insiste auprès des siens, afin qu’ils aillent avec la paix, comme une sorte de compagne, dans les maisons qu’ils visiteront. « Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : « Paix à cette maison ». S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous » (Luc 10,5-6). La paix semble personnifiée, comme une colombe peut-être, qui irait, de-ci, de-là, accompagnant les pas de celles et ceux qui travaillent à la concorde.

    Sous la mouvance de l’Esprit

    Lorsqu’il se rend présent aux siens après sa résurrection, c’est encore la paix que le Christ annonce, selon la classique salutation sémitique : « La paix soit avec vous » (Luc 24,36).

    L’Évangéliste Jean, qui utilise moins le mot « paix », l’utilise néanmoins à un moment stratégique. Il en fait un écrin en la nommant à deux reprises, au début et à la fin de son grand discours aux siens, dans les chapitres 14 à 16 de son Évangile. Juste après avoir nommé l’Esprit-Saint, le Défenseur, il dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé » (Jean 14, 27).

    Puis, à la dernière phrase du chapitre 16, il reprend : « Je vous ai parlé ainsi, afin qu’en moi vous ayez la paix. Dans le monde, vous avez à souffrir, mais courage ! Moi, je suis vainqueur du monde » (Jean 16, 33). Cette paix johannique est en même temps un envoi : « ‘‘La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie’’. ». Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : ‘‘Recevez l’Esprit-Saint’’ » (Jean 20, 21-22).

    Cette longue énumération nous invite à comprendre que la vie dans la paix du Christ, c’est la vie sous la mouvance de l’Esprit, y compris à l’heure de l’épreuve. Mais concrètement, comment vivre de cette paix ? Nous pourrions volontiers en rester à un niveau superficiel, une paix de bien-être et de confort, qui résisterait mal aux conflits et aux tensions qui nous habitent nécessairement. À parcourir le texte biblique et ce que dit explicitement notre liturgie, trois traits marquants peuvent être relevés.

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    A. Faire la paix pour la recevoir

    Tout d’abord, la paix n’est pas un sentiment, mais un don. Elle ne se construit pas d’abord, elle se reçoit et elle s’annonce. «Paix à cette maison». Il me semble que l’on peut parfaitement être un artisan de paix authentique, soucieux d’accueillir les différences et de les faire dialoguer, sans éprouver cette paix. Comme tous les dons de l’Esprit, et en particulier la joie, il est possible de rayonner de joie et d’être ferment de paix, sans soi-même le percevoir. On est bien loin des modèles de coaching qui nous invitent à être d’abord soi-même dans le bien-être avant de s’occuper des autres. Non, l’Évangile c’est l’inverse : porte la paix, elle te sera donnée. Comme elle est un don, la paix est aussi une surprise, un cadeau. On ne l’attendait pas, on ne l’attendait plus et voilà qu’elle est là. Comme le Ressuscité. Comme l’Esprit de consolation. Comme la joie.

    B. Par le sang de la Croix

    Ensuite, la paix naît dans le sang. C’est terrible à écrire, mais tout le Mystère pascal le crie : « Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel » (Colossiens 1, 19-20). En acceptant d’être condamné à mort pour rien, en acceptant de porter le jugement et la malédiction pour nous en délivrer, par amour, sans aucune récrimination ni regret, sans jugement, par amour pur et pur amour, Jésus s’offre comme l’agneau de la Pâque qui porte le péché du monde et le réconcilie une fois pour toutes. La liturgie nous fait chanter « Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde, prends pitié de nous, donne-nous la paix ». Ce chant, dit « de la fraction », se proclame au moment où l’hostie consacrée est rompue, comme est rompu le corps du Seigneur sur la croix, comme est rompue l’Église quand elle est fidèle à son maître. Mais ce faisant, la liturgie proclame que ce sacrifice a eu lieu, et que nous n’avons pas à le vivre de nouveau. Le sacrifice auquel nous sommes conviés pour que la paix soit possible est un sacrifice vivant : c’est de notre vivant que nous devons donner de nos forces, de notre intelligence, de notre temps, de notre amour pour que la paix soit possible, qu’elle soit reçue et concrète.

    Cette paix n’est pas la joyeuse concorde de l’uniformité. Elle est la possibilité de vivre ensemble dans les différences et les conflits en choisissant d’éviter le meurtre. La paix du Christ veut que l’autre, mon ennemi, vive. Pour les premiers chrétiens, c’est la possibilité de former une unique communauté entre les croyants issus du paganisme et les juifs convertis. Il ne faut pas lire beaucoup les Actes des Apôtres et les Lettres de Paul pour comprendre combien ce fut difficile. Elle est la possibilité de voir vivre ensemble Paul, qui a persécuté les premiers chrétiens juifs, et Jacques, qui fonde la communauté de Jérusalem. Cette paix instaure une communion de frères et de sœurs fondée sur l’unité dans les différences : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus » (Galates 3, 28).

    C. Une anticipation de la fin des temps

    Enfin, cette paix est une promesse. Elle a une dimension eschatologique. Lorsqu’elle est là, elle est comme une anticipation de la fin des temps, la marque de la vie éternelle déjà présente à nos vies. Cependant elle n’est jamais acquise mais toujours à recevoir, et à consolider. Le Seigneur veut nous associer à sa construction, et c’est pourquoi si l’Esprit en est le ciment, ce sont nos mains qui doivent s’y atteler. Ce qui nous est promis, c’est qu’elle est possible, dès aujourd’hui.

    « Ainsi, il n’y a plus le païen et le juif, le circoncis et l’incirconcis, il n’y a plus le barbare ou le primitif, l’esclave et l’homme libre ; mais il y a le Christ : il est tout, et en tous. Puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. […] Par-dessus tout cela, ayez l’amour, qui est le lien le plus parfait. Et que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés, vous qui formez un seul corps. Vivez dans l’action de grâce. » (Colossiens 3, 11-15).

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    Voilà ce à quoi nous invite la messe : aller dans la paix, vivre dans l’action de grâce, dans l’eucharistie, remercier les autres, quelles que soient leurs différences, de ce qu’ils nous aident à vivre, devenir pour eux un cadeau.

    Extrait du site « La Croix – Croire » : Anne Lécu, bibliste, médecin en prison, auteur de ‘’Ceci est mon corps’’ (Cerf, 2018).

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    5. Le geste de paix : sa signification rituelle

    1) Pour quelles raisons le Saint-Siège, par la voix de la Congrégation pour le culte divin, s'interroge-t-il aujourd'hui sur la pertinence du geste de paix accompli durant l'eucharistie ?

    En 2005, lors du synode sur l’eucharistie, cette question a marqué les débats entre évêques. Le pape Benoît XVI questionna donc les évêques du monde sur la pertinence du signe de la paix et de sa place rituelle avant la communion. De fait, s’il est accompli de façon excessive, ce rite peut casser la fluidité liturgique et donc « sa noble simplicité » si chère au Concile Vatican II. Après consultation, le signe de paix restera finalement en vigueur et à sa place actuelle. Mais les évêques souhaitent que l’on revisite le sens de ce rite et qu’on l’accomplisse avec une sobriété propre à l’intériorité qui prépare la communion eucharistique.

    2) Quel est le sens spirituel de ce geste ? Qu'entend-il signifier ?

    Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne se base pas sur cette parole de Jésus : « Quand donc tu présentes ton offrande à l'autel, si là tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l'autel, et va d'abord te réconcilier avec ton frère; puis reviens, et alors présente ton offrande. » (Mt 5,23) Cela est en fait évident car il faudrait alors que ce geste soit accompli au plus tard avant de présenter les offrandes (c’est-à-dire après la prière universelle).

    Pour le rite romain, le geste de paix fait partie des rites de la communion et signifie l’accueil du don de la paix que le Christ ressuscité nous donne. Par sa mort et sa résurrection, Jésus nous donne la paix (cf. Col 1,20) en nous rachetant du mal et de la haine (paix avec les autres) mais aussi en dissipant l’angoisse de la mort (paix de la foi) : en effet, l’une des premières paroles du Ressuscité est « la paix soit avec vous » (cf. Jn 20,19.21). Avant de communier au Christ mort et ressuscité, il s’agit d’accueillir la paix qu’il nous donne (cf. Jn 14,27) et qui permet l’édification de la communauté : l’Eucharistie réalise la communion avec Dieu et avec l’Église, c’est tout un (cf. 1 Co 10,15-17).

    3) Pour quelles raisons précises ce geste de paix a-t-il été introduit dans la liturgie ?

    La genèse des rites liturgiques est quelque chose de très complexe : cela dépend des lieux et des époques. Au 4ème siècle, le rite de la paix existe vraisemblablement partout. Mais les Constitutions apostoliques font état d’un baiser de paix au début de l’Eucharistie alors que d’autres traditions l’accomplissent avant la communion. Cela donne donc deux significations possibles pour un même rite suivant sa place dans le déroulement liturgique : dans le premier cas il s’agit d’un baiser de réconciliation (cf. Mt 5,23), dans le second il s’agit d’un baiser de paix dont la source est le Christ ressuscité lui-même (cf. Jn 20,19).

    4) Un effort pédagogique suffisant a-t-il été fait pour rendre conscients de la signification de ce geste celles et ceux qui participent à l'Eucharistie ?

    Les fidèles attendent beaucoup de la signification spirituelle de nos rites. Nous avons là un réel trésor et la participation active à la liturgie se joue ici, dans une profondeur de prière et une authenticité réelle : que les paroles s’accordent aux gestes et à la disposition intérieure. Donc, non seulement le baiser de paix mais aussi tous les rites doivent être éclairés pour être mieux habités. Les réajustements que les évêques souhaitent par rapport au baiser de paix sera donc une bonne occasion de redécouvrir sa signification grâce à des formations ou déjà la prédication dominicale.

    5) Finalement, le geste de paix demeure mais, de façon très pratique, quels sont les écueils à éviter afin qu'il garde bien sa signification profonde ?

    Par l’intermédiaire de la congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, les évêques souhaitent nous rappeler que ce geste n’est pas à faire à chaque messe (pas automatique) et aussi nous préserver des excès qui peuvent avoir lieu : l’introduction d’un chant pour la paix, faire de grands déplacements pour serrer le maximum de mains, pour le prêtre quitter l’autel, etc... Ces excès cassent la dynamique liturgique, cette convergence vers la communion avec le Christ.

    Comme prêtre, cela n’est-il pas un peu gênant de quitter l’autel pour aller donner la paix alors qu’il y a cette dynamique de convergence vers l’autel ? C’est pourquoi de nombreux prêtres ne se privent jamais de serrer les mains à la sortie de la messe ! Comme souvent, il faut aller voir dans les monastères : ils sont les creusets où se sont lentement façonnées nos pratiques liturgiques. La manière de se donner la paix est aussi sobre qu’intense : il y a une sorte d’accolade très paisible à chacun(e) des deux voisin(e)s. Le geste ne casse pas la dynamique et l’on sent bien qu’il s’agit de la Paix du Ressuscité. À nous, dans nos paroisses, de vivre cette douceur, cette sobriété qui caractérise la Paix que Jésus nous offre pour la communion : « pour que ta volonté s’accomplisse, donne-lui toujours cette paix… ».

    Père Patrick Gorce, prêtre référent pour le Service diocésain de la Pastorale Liturgique et Sacramentelle.

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    6. Instruction sur le rite de paix

    Avec la fraction du pain, le geste de la paix appartient aux rites les plus anciens rapportés dans les textes décrivant la célébration eucharistique à l’époque de l’Église primitive. La restauration de ce rite, à l’issue du concile Vatican II, correspond à coup sûr à la fois à une plus grande fidélité à la Tradition et à un enrichissement heureux de l’art de célébrer. Il convient de bien comprendre que ce geste est d’une grande richesse de signification. En premier lieu, il est une réponse à l’invitation du Seigneur : « Lorsque tu vas présenter ton offrande à l’autel, si, là, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse ton offrande, là, devant l’autel, va d’abord te réconcilier avec ton frère et ensuite viens présenter ton offrande » (Mt 5, 23-24).

    C’est pourquoi dans certains rites le geste de paix est effectué avant la préparation des dons, c’est-à-dire avant l’offertoire, immédiatement après que l’assemblée ait professé la foi de l’Église et que chaque croyant ait pu ainsi se reconnaître frère et sœur dans la même foi.

    Par ailleurs, au soir du premier jour de la semaine, le Christ ressuscité, lors de sa première apparition à ses disciples, dit aux onze remplis de joie à la vue du Seigneur : « Paix à vous » (Jn 20, 21). À ce moment précis Jésus réalise ce qu’il avait annoncé aux siens après la Cène : « C’est ma paix que je vous donne ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne » (Jn 14, 27).

    Dans la liturgie romaine le geste de paix trouve sa place après la prière eucharistique pour bien signifier, en geste et en parole, cette réalité incontournable : la paix vient toujours du Christ. « La paix que l’on est alors invité à échanger n’est pas n’importe quelle paix, mais la paix du Christ ressuscité qu’il a promise avant d’entrer dans sa passion. C’est donc beaucoup plus qu’un geste de fraternité ». Il s’agit moins d’échanger un geste de paix, que de recevoir « ” le baiser pascal ” du Christ ressuscité qui est présent sur l’autel ». « Offerte vobis pacem » est la formule latine officielle qui pourrait être traduite ainsi : «donnez-vous sa paix». De plus, cette paix donnée et reçue dans l’assemblée liturgique est appelée à s’étendre à la vie non seulement des chrétiens, mais aussi à favoriser l’avènement d’un monde plus juste et pacifique, grâce à un engagement sérieux des catholiques parmi les artisans de paix.

    Il serait extrêmement dommage et très regrettable qu’en raison de certains abus, qui donnent lieu à des débordements excessifs et qui troublent le recueillement nécessaire au moment où les fidèles se préparent à communier, le rite de la paix disparaisse à nouveau de la liturgie latine ou soit réservé, comme dans le passé, aux seuls clercs. Le rite de la paix, si riche en significations, contribue à la participation active et profonde des fidèles aux mystères célébrés, selon le vœu du concile Vatican II. Le récent document romain invite à la fois à tenir compte de l’expérience de ces dernières années et à remplacer par des gestes appropriés les gestes familiers et les salutations profanes auxquels d’aucuns ont recours. […]

    Quelle est finalement la portée de ce beau rite ?

    La paix est le don par excellence du Christ ressuscité à l’Église, son épouse. Elle réalise son unité. Les croyants sont invités à la porter à tous les hommes de ce temps si troublé par toutes sortes de violences et de divisions.

    Maximilien Bernard – Le 12 juin 2015

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    7. Manifestations de la joie dans la liturgie

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    a) La joie de Pâques

    Comment ne pas être dans la joie en réalisant que nous sommes appelés, qui que nous soyons, à suivre le Christ dans ce chemin nouveau et à entrer avec lui dans la vie en plénitude qu’il reçoit de Dieu et qu’il nous communique ?

    Les textes liturgiques laissent éclater cette joie avec emphase en reprenant à tout moment des alléluias répétés, cette exclamation typique du temps de Pâques qui exprime la joie de fils et filles de Dieu « renés » de l’eau et de l’Esprit.

    « Le Christ est vivant, alléluia, Il est parmi nous, alléluia

    Béni soit Son Nom dans tout l’univers, alléluia, alléluia. »

    La joie de Pâques est une joie profonde qui touche tout l’être. Elle ne s’entend pas seulement d’une émotion passagère. Elle est une façon d’être, on pourrait dire un « état de joie ». La joie de Pâques irradie la vie des personnes baptisées d'une lumière qui rayonne autour d’elles. C’est une joie qui a vaincu le doute et qui se vit sans crainte car elle a trouvé la base où s’appuyer fermement : la résurrection de Jésus.

    En effet, le Christ ressuscité envoie le message que la vie vaut la peine d’être vécue et que la mort n’est qu’un passage, car la vie à la suite de Jésus débouche sur la vie éternelle. Mort avec le Christ nous vivons en lui. Saint Paul l’écrit aux chrétiens de Rome lorsqu’il leur dit « Pensez que vous êtes morts au péché, mais vivants pour Dieu en Jésus-Christ » (Romains 10, 11).

    Extrait de l’homélie du dimanche de Pâques prononcée par Mgr Hermann Giguère le 27 mars 2018

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    La joie de célébrer la messe

    b) La joie de célébrer

    Le dimanche et les jours de fête, les fidèles se rassemblent dans la joie de célébrer, comme autrefois les premiers baptisés « assidus à l’enseignement des apôtres et à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières ».

    Saint Pierre, poussé par l’Esprit, dit sa joie et son allégresse de proclamer sa foi en la résurrection du Seigneur. La foi et l’amour du Seigneur lui procurent « une joie indescriptible et glorieuse ».

    A sa suite, le peuple fidèle est invité aux fêtes chrétiennes qui sont l’occasion de se réjouir à commencer par les prêtres et les religieux qui associent la communauté à leur joie de célébrer.

    c) Dans l’Évangile de Jean, la joie est inséparable de la personne de Jésus, qui inaugure une période de réjouissance pour toutes et tous. Cette joie trouve sa source dans la communion d’amour qui unit le Père et le Fils dans l’Esprit. Pour recevoir la joie véritable, le disciple est invité à entretenir une relation vivante avec Jésus.

     * 41 - Dans la paix et la joie

    d) Gaudete, le dimanche de la joie

    Le Gaudete est le premier terme (l'incipit) latin de l'introït du troisième dimanche de l'Avent. Ce mot, signifiant « Réjouissez-vous » (impératif, deuxième personne du pluriel), se distingue en raison d'une caractéristique particulière de ce dimanche dans la période de l'Avent. Celui-ci donnait naissance à de nombreuses œuvres.

    Le mot correspond au terme « Laetare » du quatrième dimanche de Carême mettant le même sens ainsi que la même fonction.

    En tant que pause au milieu de l'Avent, ce dimanche de Gaudete se distingue par sa caractéristique joyeuse. Il s'agit d'une anticipation partielle de Noël.

    D’après le site « Wikipédia »

    Ce dimanche est comme une pause au milieu de l’Avent et comme une anticipation de la joie de Noël.

    Le 3ème dimanche de l’Avent est appelé « le dimanche de la joie » en raison du caractère particulier ce dimanche dans la période de l’Avent. Il faut remonter à la tradition latine pour comprendre le mot « Gaudete » qui veut dire « Réjouissez-vous ». En effet, les textes de la liturgie de ce jour sont suggérés comme un appel à la joie ou l’allégresse.

    « Savoir que Dieu est proche, attentif et plein de compassion, (...), qu'il est un père miséricordieux qui s'intéresse à nous dans le respect de notre liberté, est motif d'une joie profonde » (saint Jean-Paul II).

    Dans la méditation ci-dessous, nous allons savoir quel est donc le motif de cette joie.

    D’abord, pour commencer, dans la Lettre aux Thessaloniciens, l’apôtre Paul ne manque pas à insister lourdement sur l’appel à la joie : « Frères, soyez toujours dans la joie, priez sans cesse, rendez grâce en toute circonstance » (1 Th 5,16-24).

    Ensuite, dans la première lecture, le Livre du prophète Isaïe (Is 61, 1-29,10-11) nous dit en mots bien clairs la raison de cette exultation de joie. «Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu car il m’a vêtue des vêtements du salut». Ce texte est très expressif et à la fois surprenant quant à la description des détails. Son contenu est très prophétique lorsqu’il écrit : « L’Esprit du Seigneur est sur moi. Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération, proclamer une année de bienfaits accordées par le Seigneur ».

    Pour le prophète Isaïe, cette joie est source d’une consécration par l’onction de la part de Dieu lui-même. Non moins étonnant que cette consécration divine soit accompagnée d’une mission prophétique.

    En revanche, le cantique de Marie, que nous connaissons sous le nom de « Magnificat » est également une merveilleuse reprise par la Vierge Marie de cette consécration divine : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur. Le Puissant fit pour moi des merveilles. Saint est son nom » (Lc 1,46b-48,49-50). Marie nous enseigne à proclamer avec joie les merveilles que Dieu accomplit dans notre existence. Tout ceci doit susciter en nous la joie et le désir d’accueillir la venue du Sauveur.

    Dans l’Évangile de Jean (Jn 1, 6-8.19-28), à la question posée à Jean le Baptiste par les prêtres et lévites envoyés par les juifs : « Qui es-tu ? Que dis-tu de toi-même ? » Jean le Baptiste donne une réponse à tous ceux qui doutent de cette venue messianique du Christ. Il les invite à accueillir avec sérénité et joie le Christ qui est déjà parmi nous« Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ; c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa sandale ».

    Quelle est donc la leçon théologique de cette médiation ? 

    Les lectures du 3ème dimanche de l’Avent nous posent une question fondamentale : Quel messie attendons-nous ?

    D’abord, nous devons prendre conscience que le salut, la libération et tous les bienfaits que le Seigneur nous accorde, doivent être le motif essentiel de notre joie.

    Ensuite, en Jésus-Christ, le salut est déjà donné à toute l’humanité par Dieu lui-même. Il est « Celui qui se tient au milieu de nous » mais que nous ne connaissons pas. Pour le connaître, nous devons disposer nos cœurs à l’accueillir, préparer son chemin dans nos cœurs car c’est lui la source de notre joie.

    Malheureusement, aujourd’hui encore, « nous vivons dans une culture qui n’est pas joyeuse ou qui offre partout des petits morceaux de dolce vita », bref des lambeaux des joies éphémères. Et, comme les pharisiens, les prêtres et lévites, nous avons souvent des doutes. Nous cherchons quelqu’un qui peut nous indiquer le chemin du Seigneur. Nous sentons en nous le besoin de poser la vraie question qui nous apportera la vraie réponse. Nous voulons savoir si Jésus que nous attendons correspond vraiment au messie qu’on s’était imaginé. Que faire alors ?

    Il faudrait que le Temps de l’Avent soit pour nous le temps où le désir de voir Dieu est ravivé par la joie de l’entendre, de contempler ses œuvres et ses merveilles au milieu de tout un chacun. Mais si nous oublions ce qu’a fait le Seigneur pour nous (la vie, la libération, la délivrance etc.), si nous n’avons pas de mémoire de ce que le Seigneur fait pour nous aujourd’hui, alors, nous ne pouvons pas trouver la joie ni l’allégresse dont parlent les textes d’aujourd’hui. L’expression de l’Apôtre saint Paul est très forte « Frères, soyez toujours dans la joie ». C’est pourquoi, « la joie, la consolation » sont « notre souffle de chrétien » nous dit le Pape François. Ainsi, prions donc pour que notre marche qui nous mène avec joie à la rencontre de ce Dieu « qui se tient toujours au milieu de nous : l’Emmanuel, Dieu-avec nous ». Amen !

    Père jésuite Michel N’Tangu - Méditation des lectures du 3ème dimanche de l’Avent – Vatican New

     * 41 - Dans la paix et la joie

    e) Hymne à la joie

    « La carte d’identité du chrétien est la joie » : l’« étonnement » face à la « grandeur de Dieu », à son « amour », au « salut » qu’il a donnés à l’humanité, ne peut que conduire le croyant à une joie que même les croix de la vie ne peuvent érafler, car dans l’épreuve aussi existe « la certitude que Jésus est avec nous ».

    La méditation du Pape François a été un véritable hymne à la joie. L’inspiration est venue de la liturgie du jour. Le Souverain Pontife a en particulier voulu relire l’incipit du passage de la première Lettre de Pierre (1, 3-9) qui — a-t-il dit — en raison de son « ton d’exultation », de sa « joie », de la manière de l’apôtre d’intervenir « de toute sa force » rappelle le début « de l’Oratorio de Noël de Bach ». Ce sont des mots dans lesquels on perçoit « l’étonnement devant la grandeur de Dieu », devant la « régénération que le Seigneur — “en Jésus-Christ et pour Jésus-Christ” — a faite en nous ». Et c’est « un étonnement plein d’allégresse, de joie » : immédiatement après, on trouve le mot-clé dans le texte de la lettre, c’est-à-dire : « C’est pourquoi vous êtes comblés de joie ». La joie dont parle l’apôtre est durable. Voilà pourquoi il ajoute dans l’épître que, même si pendant quelques temps, on est obligé d’être « affligés par les épreuves », cette joie du début « ne sera pas ôtée ». En effet, celle-ci naît de « ce que Dieu a fait en nous : il nous a régénérés dans le Christ et nous a donné une espérance ». À partir de tout cela, on comprend que la joie est vraiment la « vertu du chrétien ». Un chrétien « est un homme ou une femme qui a la joie dans son cœur ». Encore plus : « Il n’existe pas de chrétien sans joie ». C’est pourquoi « la carte d’identité du chrétien est la joie, la joie de l’Évangile, la joie d’avoir été élus par Jésus, sauvés par Jésus, régénérés par Jésus ; la joie de cette espérance que Jésus nous attend ». Et également « dans les croix et les souffrances de cette vie », le chrétien vit cette joie, en l’exprimant d’une autre manière, c’est-à-dire avec la « paix » qui vient de la « certitude que Jésus nous accompagne, qu’il est avec nous ».

    Servant de contrepoint à cet hymne à la joie, la liturgie du jour propose « un autre mot », celui qui est lié à l’épisode de l’Évangile de Marc (10, 17-27) dans lequel on raconte l’histoire du jeune « qui s’était approché de Jésus pour le suivre ». Jésus fait la proposition suivante à ce jeune : « Une seule chose te manque : va, ce que tu as, vends-le et donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; puis, viens, suis-moi ». Mais à ces mots, il « s’assombrit et il s’en alla contristé ». Ce jeune « n’a pas été capable d’ouvrir son cœur à la joie et il a choisi la tristesse ».

    Mais pourquoi ? La réponse est claire : « Car il avait de grands biens. Il était attaché à ses biens ». Du reste, Jésus avait averti « que l’on ne peut pas servir deux maîtres : ou tu sers le Seigneur ou tu sers les richesses ». En revenant sur ce thème, le Pape a expliqué : « Les richesses ne sont pas mauvaises en elles-mêmes », ce qui est mauvais, c’est de « servir la richesse ». Et la tâche de chacun est d’aider les gens « à trouver Jésus, à ôter cette tristesse, afin qu’ils puissent se réjouir de l’Évangile, qu’ils puissent avoir cette joie qui est propre à l’Évangile ». François a encore voulu approfondir ce concept central et lier la joie à l’étonnement qui naît — comme le rappelle saint Pierre dans sa lettre — « devant la révélation, devant l’amour de Dieu, devant les émotions de l’Esprit-Saint ». C’est pourquoi on peut bien dire que « le chrétien est un homme, une femme d’étonnement ». C’est pourquoi «nous demandons aujourd’hui au Seigneur qu’il nous donne d’être étonnés devant lui, devant les nombreuses richesses spirituelles qu’il nous a données ; et qu’avec cet étonnement, il nous donne la joie, la joie de notre vie et de vivre avec la paix dans notre cœur les nombreuses difficultés ; et qu’il nous garde de rechercher le bonheur dans tant de choses qui, à la fin, nous attristent : elles promettent beaucoup, mais elles ne nous donneront rien ! ».

    Voilà la conclusion : « Rappelez-vous bien : un chrétien est un homme ou une femme de joie dans le Seigneur, un homme ou une femme d’étonnement ».

    Pape François - Méditation matinale en la chapelle de la maison Sainte-Marthe - Lundi 23 mai 2016

    Publiée dans l'Osservatore Romano, Édition hebdomadaire n° 22 du 2 juin 2016

    f) Autre dimanche de la joie : « Lætare ».

     * 41 - Dans la paix et la joie

    Le 4ème dimanche de Carême, appelé aussi, « dimanche de Laetare » (du latin ‘’réjouis-toi’’), est une petite lucarne dans ce temps de pénitence pour entrevoir la joie de Pâques.

    « Laetare » doit son nom aux premières paroles (incipit) du chant grégorien d’entrée (introït) de la messe du 4ème dimanche de Carême. Le texte « Laetare Jerusalem » est tiré du Livre d’Isaïe (Is 66, 10-11), dont voici la traduction liturgique :

    « Réjouissez-vous avec Jérusalem, exultez à cause d’elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle, soyez pleins d’allégresse, vous tous qui portiez son deuil ! Ainsi vous serez nourris et rassasiés du lait de ses consolations, et vous puiserez avec délices à l’abondance de sa gloire ».

    C’est ce caractère de réjouissance qui traverse la liturgie de ce 4ème dimanche de Carême. La réjouissance du but ultime : la Résurrection. Celle que l’on vit en plénitude à Pâques, mais également chaque dimanche de l’année ».

    « Tournés vers Pâques »

    A cette date, une grande partie du chemin est déjà faite. « Nous sommes toujours en Carême, mais déjà tournés vers Pâques. Nous nous réjouissons de pouvoir bientôt célébrer la Résurrection du Christ ».

    Les vêtements liturgiques de ce dimanche sont de couleur rose. Il s’agit du violet de Carême mêlé au blanc de la Résurrection. Mais ce n’est pas une nouvelle couleur. D’ailleurs, il est faux de dire que le dimanche de Laetare est un dimanche en rose. Beaucoup d’églises ne sont pas équipées d’habits roses et les célébrants se vêtent de violet, comme pour les quatre autres dimanches de Carême.

    D’après les propos de l’abbé François Roten, curé et musicien - Paroisses-sion.ch

    Tout comme le troisième dimanche de l’Avent, dit de « Gaudete », le quatrième dimanche du Carême, dit de « Lætare », marque une pause joyeuse dans le temps liturgique. L’antienne d’ouverture de la messe de ce dimanche commence en effet par la phrase latine : « Lætare Jerusalem : et conventum facite omnes qui diligitis eam : gaudete cum laetitia ». « Réjouis-toi, Jérusalem, et rassemblez-vous, vous tous qui l’aimez. Soyez dans la joie et l’allégresse, vous qui étiez dans la tristesse, afin d’exulter et d’être rassasiés aux mamelles de votre consolation ». Cette phrase, tirée du livre d’Isaïe (Is 66,10-11), nous rappelle que nous approchons de l’exultation de la joie pascale, que nous chanterons lors de la nuit de Pâques dans l’Exultet : «Exultez de joie voici la lumière, exultez de joie Christ est ressuscité !».

    Du Mystère joyeux de l’Incarnation du Sauveur, au Mystère glorieux de sa Résurrection, l’ensemble du message chrétien est un Mystère de joie et d’allégresse. Dieu vient sauver son peuple et lui offrir sa joie éternelle ! Pour cela, nous savons bien cependant qu’il nous faut passer d’abord par le Mystère douloureux de la Passion. Ce Temps de Carême nous y prépare. Résolument, avec et dans le Christ, nous montons à Jérusalem et nous nous préparons à célébrer la Pâques du Seigneur. Nous passerons certes par la douleur du Golgotha, mais ce dimanche de Lætare nous oriente déjà vers la joie du tombeau vide !

    « Soyez dans la joie et l’allégresse, vous qui étiez dans la tristesse ! » (Is 66,10)

    Père Paul-Marie de Brunhoff – Paroisse Saint-Nicolas des Champs

     * 41 - Dans la paix et la joie

    8. Dans la paix et la joie

    Le jour où nous avons été présentés au baptême, nous avons entendu : « L’Église de Dieu t’accueille avec grande joie ». Il s’agissait pas simplement de nous recevoir poliment dans une sorte de club de chrétiens, mais bien de nous agréger à cette Église née au pied de la Croix dans l’effusion du sang et de l’eau qui coulèrent du côté ouvert du Christ, recevant sa mission de lui sur la montagne de l’Ascension, envoyée par l’Esprit-Saint depuis le cénacle de l’eucharistie au jour de Pentecôte. Autrement dit, les deux fêtes qui concluent le Temps pascal et que nous célébrons ce mois-ci nous font approfondir la signification de notre consécration baptismale.

    Dans le monde, mais pas du monde

    Si c’est bien au milieu de ce monde que se déroule notre existence, nous n’oublions pas que nous n’appartenons pas au monde et voilà pourquoi, à la veille de sa Passion, Jésus se tourne vers son père : « Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du mauvais. » (Jn 17,15, 17ème dimanche de Pâques, B). Lui-même a fait l’expérience concrète de la puissance du diable qui l’a conduit à la mort, mais toute sa vie et tout son enseignement montrent qu’il est possible à qui se confie au Seigneur de ne pas se laisser submerger par le mal. Voilà bien la source de l’espérance chrétienne, de sorte que, partageant «  les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps » (Concile Vatican II, Gaudium et spes, n°1), nous pouvons demeurer dans la paix et la joie qui sont le fruit de l’Esprit, comme l’écrit saint Paul (Ga 5,22), jour de la pentecôte, B).

    Au IIème siècle, l’auteur de la Lettre à Diognète faisait pareil constat, en reprenant justement un langage  paulinien : « les chrétiens sont dans la chair, mais ils ne vivent pas selon la chair » et il ajoutait : « En un mot, ce que l’âme est dans le corps, les chrétiens le sont dans le monde. L’âme est répandue dans les membres du corps comme les chrétiens dans les cités du monde. L’âme habite dans le corps, et pourtant elle n’appartient pas au corps, comme les chrétiens habitent dans le monde, mais n’appartiennent pas au monde » (n° 5-6).

    Cette réalité mystérieuse, c’est-à-dire dont nous n’avons jamais fini de sonder la profondeur, permet de comprendre l’étonnante affirmation des Actes des Apôtres : tandis que manifestement la petite communauté naissante vit dans la crainte des persécutions, l’auteur déclare : « l’Église était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ; elle se construisait et elle marchait dans la crainte du Seigneur ; réconfortée par l’Esprit-Saint, elle se multipliait » (Ac 9,31 5ème dimanche de Pâques B).

    Une telle assurance ne provient évidemment pas de succès humains retentissants, mais du souffle qui envahit l’assemblée pentecostale. Si l’Esprit réconforte, il fait également comprendre les paroles du Christ dont le sens n’avait pas été bien saisi auparavant (cf. Jn 14,26), particulièrement celui du verset suivant : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre Cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé » (Jn 14,27).

    La tentation de Babel

    Telle est, sans doute aucun, la conviction qui habitait saint Paul (alors qu’il était en prison à cause du Seigneur !) lorsqu’il écrivait aux Ephésiens : « Ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix » (Ep 4,1.3 Ascension, B).

    Observons que la pratique du rite liturgique de la paix durant la messe relève de cette logique spirituelle. La prière prononcée par le prêtre avant d’y inviter cite explicitement le verset de saint Jean que nous venons de relever. Mais de manière plus large, cette unité ecclésiale a été demandée au cours de la prière eucharistique, par exemple : « Humblement (Père), nous te demandons qu’en ayant part au corps et au sang du Christ, nous soyons rassemblés par l’Esprit-Saint en un seul corps. » (P.E. II). Voilà donc qu’avant de s’approcher pour la communion, les fidèles reçoivent depuis le même autel le «  lien de la paix » quelles que soient les circonstances difficiles, crucifiantes parfois, de leur existence dans le monde et qui que soit la personne qui se trouve près d’eux pour cette liturgie.

    Cela explique bien pourquoi  le Missel insiste quant à la manière d’échanger cette paix entre les participants de la messe : « L’Église implore la paix et l’unité pour elle-même et toute la famille humaine et les fidèles expriment leur communion dans l’Église ainsi que leur amour mutuel avant de communier au sacrement. […] Il convient cependant que chacun souhaite la paix de manière sobre et uniquement à ceux qui l’entourent » (PGMR, 82). Ce n’est en rien une banale salutation à la manière du monde : chacun donne à son « prochain » ce qu’il a reçu de plus précieux à savoir la paix du Christ ! Ce ne sont pas nos gestes et nos paroles d’amitiés qui construisent l’Église-corps du Christ, mais c’est le don que accueillons et partageons avec nos frères et sœurs : « Je suis la vigne et vous les sarments dit Jésus. […] En dehors de moi vous ne pouvez rien faire. » (Jn 15,5, 5ème dimanche de Pâques, B) ou encore : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis » (Jn 15,16, 6ème dimanche de Pâques, B).

    Autrement, nous tombons dans la tentation des habitants de Babel : bâtir nous-mêmes notre cité, élever une tour pour atteindre le ciel et cela avec les briques et le mortier que nous produisons, avec nos propres moyens (cf. Gn 11, 1-9 veille de la pentecôte). « S’ils commencent ainsi, dit Dieu, rien ne les empêchera désormais de faire tout ce qu’ils décideront » (v.6). Le danger est bien là : se plier aux lois du monde plutôt que de se laisser modeler par l’Évangile, car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez (Ga 5, 17, jour de la pentecôte) : l’on retrouve ici le risque énoncé à Babel. Et l’Apôtre prévient : « on sait bien à quelles actions mène la chair : inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haine, rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme, envie, beuveries, orgies, et autre choses du même genre » (v. 19-21).

    Si cette liste de dérives est impressionnante, nous n’aurons guère de mal à en retrouver les traces dans l’actualité du monde et dans notre propre existence… Le verdict arrive. Je vous préviens, comme je l’ai déjà fait : ceux qui commettent de telles actions ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu (v.21), c’est-à-dire, comme le stipule le rituel, ce que nous avons pourtant demandé au jour de notre baptême.

    Dans la bienheureuse espérance

    En même temps, le Christ met en garde Pilate : son royaume n’est pas de ce monde (cf. Jn 18,36). De manière plus large saint Paul écrit : « La création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. […] En nous-mêmes, nous gémissons ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit-Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps. Car nous avons été sauvés, mais c’est en espérance » (Rm 8,22…24, veille de la Pentecôte).

    Ce n’est donc pas par inconscience que, poursuivant notre existence dans un monde et une société où tant de guerres déchirent les peuples et les familles, où tant d’événements tragiques plongent les hommes dans la peine et le deuil, nous goûtons les «  arrhes de notre héritage » (cf. Ep 1,14) que sont la paix et la joie, mais c’est bien par cette vertu dite théologale (c’est-à-dire qui se réfère directement à Dieu) qu’est l’espérance (cf. Catéchisme de l’Église catholique, n° 1812-1813)

    Conscient d’être « conduit par l’Esprit-Saint dans leur marche vers le royaume du Père et porteurs d’un message de salut qu’il leur faut proposer à tous » (Gaudium et spes, n°1) les baptisés prient celui  au secours de [leur] faiblesse afin qu’il intercède pour les fidèles (Rm 8, 26.27, veille de la Pentecôte) : « Viens, Esprit-Saint en nos cœurs […]. Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne perverti. […] A tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés » (séquence de la Pentecôte).

    Père Yvon Aybram, prêtre du diocèse de Nanterre, vicaire épiscopale et prélat d’honneur, collaborateur à Magnificat depuis sa création.

    Synthèse de recherches proposées par les Frères André et Jean-Paul, Chevaliers de la Sainte-Croix de Jérusalem

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    Références :

    https://www.aiderpretres.fr/catecheses/liturgique/47-paques/2316-matin-de-paques

    https://liturgie.catholique.fr/lexique/paix/

    https://liturgie.catholique.fr/accueil/la-messe/la-liturgie-eucharistique/298011-abcdaire-liturgique-geste-de-paix/

    https://croire.la-croix.com/Abonnes/Theologie/Allez-paix-Christ-2018-09-03-1700965896

    https://www.eglisejura.com/documents/articles/document204.pdf

    https://www.riposte-catholique.fr/archives/111255

    https://dimancheprochain.org/7878-homelie-du-dimanche-de-paques/

    https://croire.la-croix.com/Definitions/Bible/Saint-Jean-lEvangile-joie-2020-10-15-1701119759

    https://liturgie.catholique.fr/lexique/gaudete/

    https://croire.la-croix.com/Definitions/Fetes-religieuses/Avent/Le-dimanche-de-la-joie

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaudete_(tradition)

    https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2020-12/meditation-du-3e-dimanche-de-l-avent-rejouissez-vous.html

    https://www.vatican.va/content/francesco/fr/cotidie/2016/documents/papa-francesco-cotidie_20160523_hymne-a-la-joie.html

    https://www.cath.ch/newsf/laetare-un-dimanche-de-careme-pour-se-rejouir-de-paques/

    https://www.cath.ch/newsf/laetare-un-dimanche-de-careme-pour-se-rejouir-de-paques/

    https://asaintnicolas.com/2021/03/12/dimanche-de-la-joie-laetare/

    Magnificat de mai 2021 page 2 à 7


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